| par Invité Dim 8 Sep - 21:28
| J'avais tué le cerf proprement, et bien que je pouvais sentir l'odeur de son sang à travers les différents trous que j'avais percé dans sa gorge, ce liquide vermeil ne s'écoulait pas au sol. D'un autre côté, Ellie dont les joues étaient joliment rosies par le vent, était assise sur une branche en train d'observer mon travail. Elle avait sembler aimer. J'en fus d'ailleurs ravi. Mais lorsque ses proies à elle se mirent à bouger à cause de moi, elle descendit de sa branche. Tous les humains étaient focalisés sur moi et ignoraient leur plus grand danger. Et je continuais à les distraire en grognant et montrant les dents. Du coin de l'oeil, je vis Ellie avancer lentement vers un des humains, le plus proche de moi, puis apparaître à côté de lui grâce à sa vitesse. Elle était fichtrement rapide, mais j'avais réussi à la suivre un peu tout de même. Mais l'humain, contrairement à moi, n'avait rien vu du tout. Lorsque la magnifique hybride s'empara de lui et pencha sa tête sur le côté, je vis la terreur dans ses yeux, la sentis par tous les pores de sa peau, l'entendit au battement acharné de son coeur. Ce n'était pas moi son prédateur, mais les effluves de sa frayeur étaient tout aussi appétissantes.
Je me léchai les babines lorsque les crocs d'une blancheur immaculée d'Ellie vinrent gracieusement percer la peau du chasseur, répandent le liquide dans la bouche de mon amie. Cela avait quelque chose de sensuel, la manière dont le sang venait affleurer à ses lèvres, s'écoulait sur le sol et les vêtements de la jeune hybride. Quelque chose d'envoûtant. Je sentais sa soif de sang paradoxalement s'intensifier à mesure que le liquide de vie parvenait à elle. Et ma faim ne pouvait que s'accroître avec la délicieuse odeur que la jeune femme dégageait. Après, savoir de quel faim exactement il en retournait, c'était autre chose. Mais la lune ce soir là était bien haute et m'accablait de sa chaleur. Il était minuit passé, mais c'était le début de la nuit pour les prédateurs. Au loin, d'autres loups, des lycans à n'en pas douter, se livraient à l'exquise sauvagerie de la chasse et ne se gênaient pas pour pousser le hurlement mélodieux de la chasse. Un instant me prit l'envie d'hurler avec eux, mais j'étais déjà occupé autre part. Pas le temps de me préoccuper du reste.
Mais alors qu'elle tranchait la gorge de l'humain et savourait sa mort, quelque chose d'étrange se produisit. Les pupilles de ma camarade de chasse virèrent à l'argenté sous l'effet de la lune, comme seules faisaient ceux des lycans. Peut-être était-ce parce qu'elle était en partie lycan malgré la domination de ses gènes vampiriques. Un peu plus loin, un humain pointa son arme vers l'hybride sous l'emprise de la lune. Je ne m'inquiétais pas pour elle, elle aurait tout le loisir d'éviter les balles de l'humain et de le tuer à son tour sans la moindre égratignure. Les humains ne pouvaient presque rien contre nous. Seuls les plus entraînés avaient une chance de s'en tirer. Les plus entraînés ou ceux possédant un don. Mais je doutais que ceux-ci en fassent parti. Mais alors que j'allais bailler pour montrer à l'humain à quel point son geste était ridicule, Ellie se courba et l'odeur de sa douleur explosa dans la clairière. Que se passait-il ? S'était-elle faite toucher ? Non impossible, il n'avait pas tiré. Alors quoi ?
La panique m'envahissait, je ne savais quoi faire. Un filet de sang coula le long des lèvres de la jeune femme et s'écrasa au sol. Son sang, à elle. Faisant abstraction de l'odeur délicieuse de son sang, j'hésitai à m'approcher d'elle, mais reconnaissant les signes je m'abstins. Elle agrippait le sol à quatre pattes, poussaient des gémissements de souffrances, se tordait presque de douleur. Comment ne pas reconnaître ses signes. Lors de ma première transformation, j'avais ressentis ces symptômes, j'avais hurlé, crié à la lune, prié pour que s'achève ce cauchemar, cet enfer. Mes os avaient commencé à craquer, s'allonger, se modifier, comme mes muscles. Comme Ellie à présent. Mais au fur et à mesure, la transformation s'était faite rapide et indolore. Mais moi j'avais des années de pratique. Des années à me transformer quasiment tous les jours. C'en était devenu naturel même. Cependant, ce n'était pas la même chose pour Ellie. C'était sa première transformation à elle. Elle n'en avait pas l'habitude. Elle serait complètement paralysé pendant plusieurs longues et interminables minutes, incapable de bouger, de se défendre; vulnérable. Je gémis à mon tour, compatissant à la douleur que j'avais déjà ressentis, et que je flairais à présent. Puis elle appela à l'aide. De vive voix. A moi. Elle avait prononcé mon prénom, alors que je la croyais muette. Et sa voix était belle, comme une mélodie à elle seule. Elle voulait mon aide. Sa voix me donna un coup de pied aux fesses. Mais avant de l'aider, je devais faire quelque chose.
L'humain pointait toujours son arme sur Ellie, prêt à tirer. Mais il était trop surpris par sa transformation et abasourdi par la perte de son ami -tout du moins je le pensais étant donner le chagrin qu'il ressentait. Et je pouvais le comprendre. Il avait vu son pote se faire tuer par un vampire. Et maintenant, ce même vampire se tranformait maintenant en louve à la fourrure noire. Je ne savais pourquoi, je n'avais pas envisagé qu'elle puisse se transformer en loup. Mais je semblais m'être trompé. Cependant même si il n'avait pas encore tiré, cela ne voulait pas dire qu'il n'allait jamais le faire. Je devais réagir. Avec la rapidité qui caractérisait les lycans, je me re-transformai en humain et brisai les bois du cerf que je venais de tuer. Puis d'un geste vif et précis, je le lançai sur l'arme du chasseur qui s'envola. Puis terminant le travail, je me transformai et courus vers l'homme, qui tenta vainement de m'échapper. Je le rattrapai en quelques foulés et déchiquetai sa gorge sans la moindre once de pitié ou de regret. Son sang gicla et il s'écroula.
Je vous avais dit de ne pas essayer de toucher à mes amis.
Puis je retournai auprès d'Ellie qui continuait sa transformation. Je repris forme humaine et m'assis non loin d'elle. Je ne devais pas la toucher, avec toute la douleur qu'elle ressentait en ce moment, ça ne ferait qu'empirer les choses. Mais je pouvais lui parler. Je devais lui parler. Me rappelant ce que mon père avait fait pour moi, je pris une voix lente, profonde et solennelle et m'adressai non seulement à elle, mais à sa louve aussi. Je tentais de l'apaiser. Mes pupilles brillaient de l'éclat doré du loup.
-Je ne savais pas que du pouvait parler petite cachottière. Tu es en train de te transformer en louve. Ton corps se modifie. Ça fait mal mais ne résiste pas. Laisse toi emporter. Laisse toi emporter par ma voix.
Et c'est alors que je lui racontai l'histoire que mon père m'avait raconté, la légende du premier lycan.
Un homme qui s'était un jour fait mordre par un loup lors d'une de ses ballades en pleine forêt. Le loup était malade, mais plusieurs jours durant, l'homme appelé Lycaon n'avait pas vu de changement. Puis un beau soir de pleine lune, alors qu'il se promenait à nouveau dans la forêt, il s'écroula de douleur au sol. Se tortillant de toutes les manières possibles, il essaya de résister à la douleur. Mais en vain. Il sombra, et laissa la douleur l'emporter. Mais alors qu'il voyageait sur le long fleuve de l'inconscience, il sentit une énergie nouvelle s'emparer de lui. Il se sentait plus fort, plus vif. Il percevait mieux les sons de la forêt, les odeurs que lui apportaient le vent. Lorsqu'il se réveilla, il était devenu un loup. Un loup immense, ne ressemblant à aucun autre. Lui qui était un chasseur, il était devenu un prédateur. Loin de penser que ce qui lui était arrivé était un malheur, il poussa un hurlement de joie à la lune et s'en alla chasser, majestueusement, toute la nuit. Et c'est ainsi que naquît le premier homme-loup, celui de qui nous venons tous, nous, lycans.
C'était une histoire banale, une légende parmi les nombreuses qui circulaient sur l'origine du premier lycan, mais l'important était qu'elle se focalise sur le son de ma voix, qu'elle laisse la louve à l'intérieur d'elle se frayer un chemin vers l'extérieur. Après cela, je fredonnai un petit air paisible, semblable à une berceuse, afin qu'elle se détende. Il y avait toujours un chasseur humain encore vivant, mais il ne semblait pas vouloir attaquer. Je le surveillais malgré tout grâce à mon nez et mes oreilles, lui donnant l'impression que non. |
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