Éclosion d'un bourgeon [Pv Natsume Kageya, Danaliel Lofen, Eleonor Doherty] [Terminé]

Dans un coin isolé de la forêt corrompue, lieu ayant subit les affres des épisodes guerriers de la ville d'Avventura, où les arbres tombaient en morceaux et où les plantes n'étaient plus que cendres, subsistait encore un lopin de terre vivant, parsemé de quelques fleurs et d'arbres dont les racines étaient encore plongées dans le sol. Au centre de cette zone était sur le point de se produire un évènement peu commun, un de ces évènements auquel peu de créatures avaient pu assister: la naissance physique d'un élémentaire.
Deux entités s'y trouvaient, se faisant face et invisibles aux yeux des vivants. La première était l'esprit élémentaire de la zone occupée, qui était en charge de celle-ci depuis des millénaires. Simple source d'énergie liée à la forêt, il avait souffert, ainsi que ses congénères, de l'incendie qui avait ravagé les lieux au cours de la bataille. Bien décidé à sauver sa demeure, il s'était résolu à prendre forme humaine pour pouvoir agir plus directement sur son environnement. Étant cependant à bout de forces il avait décidé de se lier à une âme humaine pour pouvoir acquérir la puissance nécessaire à l'opération. La deuxième entité était l'âme humaine en question, c'était un jeune homme ayant autrefois vécu dans l'agglomération et étant mort lors des affontements. Ayant rencontré l'esprit lors de son errance post-mortem il avait accepté de donner son âme pour le bien de la forêt. Un pacte fut signé par les deux âmes et maintenant était le moment de la fusion de ces dernières, le résultat serait la naissance d'une entité nouvelle faite d'os, de chair et de sang.

Alors que le moment approchait, Calions, le jeune humain désormais fantôme se laissa aller à ses dernières pensées, ce qu'il était sur le point de faire était du domaine sacrificiel, il donnait pour ainsi dire sa force vitale à une autre âme, il ne serait réduit qu'à l'état de simples souvenirs et comportements enfouis profondement. L'idée ne l'effrayait point, il acceptait avec plaisir de sacrifier son être pour une bonne raison. Peut-être n'avait-il pas trouvé les réponses à ses questions pendant sa vie mais au moins il "mourrait" pour une noble cause. Quoi de plus romanesque en effet que de se donner pour sauver la nature, ou tout du moins une partie de celle-ci. Il se dirigea vers l'esprit, le sourire aux lèvres, tout en pensant pour ce qui serait probablement la dernière fois de sa courte existence.

...

Quelque part dans les profondeurs de la forêt sombre, une lumière surgit du néant, l'énergie qui s'en dégage est inhabituelle, étrange, on y sent toutes les odeurs de la forêt ainsi qu'un sentiment de fraicheur revigorant. Autour de celle-ci, même les arbres semblent frisonner et les quelques plantes encore sur pied se plient sous la force du vent qui sort de cette source lumineuse. Soudain le sol semble bouger. Les cendres des plantes incendiées, l'écorce des arbres décapités par les flammes, les fleurs, l'herbe, plusieurs formes de vie du domaine végétal sont attirées vers la lumière et, sous les yeux affolés des animaux, prennent place autour de celle-ci, la cachant, l'enfermant dans ce qui semble désormais être une poupée faite de plantes, avec feuilles et herbe en guise de chevelure, bois en guise de corps et le reste en guise d'organes et d'os. Et ainsi, le miracle commence. On entend à l'intérieur du mannequin de bois des bruits secs, un cassement, un craquement sourd. Par le plus grand des mystères l'intérieur de la poupée se transforme en squelette humain. Alors que les muscles se forment, le sang, chaud, coule par tous les pores du bois. Celui-ci se ramollit et devient peau. Les feuilles deviennent cheveux. Les craquements s'intensifient pour ensuite cesser, les pores se referment, le sang cesse de couler. La tête relevée, les yeux exhorbités, tournés vers la lune désormais pleine et à genoux, un être humain, adulte se tient à présent, souffrant l'agonie, souffrant l'existence.

"..Ghhh...Ga..Gr..Her..Arrgh...GRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA...."

...

Ainsi était né un nouvel être, les pensées de ce dernier n'étaient que chaos, les sentiments incertains. Il savait qui il était, il savait quel était son but, mais d'autres pensées se mêlaient aux siennes, des pensées qui étaient celles d'un autre. Il tenta de se donner contenance.


Son coeur battait comme milles tambours, ses muscles étaient raides, sa tête bourdonnait. Les pensées parasites finirent par s'estomper et par disparaitre. Le jeune homme, épuisé et souffrant le martyre, perdit conscience et s'effondra, nu, dans une marre de sang. Une fleur venait d'éclore.

"Rends toi dans cette forêt..."


"Sors de ma tête démon !!" hurla t-il dans le silence nocturne.


"Ne me flatte pas tant maudit humain et dépêches toi de me céder ton corps. Je me sens d'humeur joueuse en cette belle nuit."

Les secondes passaient, les minutes s'enchaînaient et le jeune homme était toujours étalé dans son propre sang. Ses membres, encore endoloris, étaient secoués de spasmes, le souffle était rauque, le corps poisseux. Pour l'instant incapable de bouger, la nouvelle entité s'était résignée à penser, à sonder sa propre conscience. Le vide habitait cette dernière, à l'instar de sa naissance physique son esprit se formait, se construisait, petit à petit.


Lentement, certains éléments revenaient. Mais pas tous, il y avait comme un..vide, comme si une partie de lui-même n'était pas présente. Il ferma les yeux et tenta de ressentir. Elle était là, cette partie manquante se trouvait tout autour de lui, elle dégageait une sagesse vieille de milliers d'années, une quantité si grande de savoir qu'elle ne pouvait siéger dans une simple enveloppe humaine. Il ne restait à ce nouvel être que le stricte nécessaire. Il savait..qu'il était..Calions et qu'il...non..toujours pas..il était quelque de chose de plus grand, de différent...quelque chose de naturel. Voilà, tout lui revenait, il n'était avant que de l'énergie, de l'être simplement. Il était l'esprit de cette zone de la forêt. Il avait quitté ses bois et avait rencontré l'âme d'un humain..et ce dernier s'était sacrifié pour lui donner assez de puissance pour prendre forme.
Il ouvrit les yeux et put regarder autour de lui, il les sentait bien que faiblement, ses congénères, ils étaient là, ils attendaient. Il devait sauver la forêt. Déboussolé, il se rendit compte qu'il avait un corps, et une conscience plutôt fixe. Il n'était pas habitué à ces sensations d'individualité, lui qui était une partie intégrante de la nature, il n'était pas habitué à "être" de cette façon, à ressentir physiquement. Par chance il n'en souffrait pas comme il aurait dû, le passé humain de Calions l'aidait à supporter ce sentiment, il devait juste reprendre ses habitudes en quelque sorte. Parmi les sensations d'un monde spirituel qui était de moins en moins le sien, il perçu..


Il ressentait la puissance de la démone, celle de cette Darkness, la femme qui avait détruit son royaume. Il pouvait expliquer son incapacité à la percevoir après la bataille par sa faiblesse, mais ses congénères encore en pleine santé, ceux de la forêt saine, comment avaient-ils fait pour ne pas remarquer qu'elle était encore présente? À moins que...à moins qu'elle ne se soit cachée pendant tout ce temps, c'était la seule raison qui lui venait à l'esprit. Une vision le traversa, un des derniers souvenirs de Calions: les bâtiments en flammes, les gens qui hurlaient, les corps s'écrasant au sol, et...elle, dans toute sa..splendeur. Il avait été étrangement fasciné par cette créature, elle dégageait une puissance hors du commun, elle était..l'apocalypse personnifiée. Ce moment d'innatention avait eu le prix lourd de la vie pour Calions, qui n'avait pas remarqué le sommet d'un bâtiment qui s'écrasa ainsi sur lui.
L'être secoua sa tête pour chasser ces funestes pensées et, aux prix de la souffrance, se leva tant bien que mal. Il poussa sur ses jambes et s'appuya sur ses mains puis réussit à se lever. Il trouvait étrange cette sensation de bouger et se sentait faible. Il se regarda, il était nu....et couvert de sang et de sueur.

"Je devrais m'éloigner d'ici, si elle trouve cette zone et qu'elle détruit tout..je ne sais pas quel sera le résultat. Mourrais-je ou pas si cette partie de moi ne survit pas?"

Il marcha lentement dans une direction qui semblait celle de la ville. Après une trentaine de minutes, fatigué, il posa sa main contre un arbre pour se reposer, reprendre son souffle. Quand il releva la tête, en face de lui se tenait une silhouette. Incapable de ressentir la nature de la personne en face de lui à cause de sa faiblesse il pensa:

"Et bien mon mignon, ça ne se fait pas de se promener en tenue d'Adam, même si les chances de rencontrer quelqu'un dans un tel endroit sont rares. Malheureusement pour toi, il a fallut que tu tombes sur moi." attaqua t-elle d'emblée, sans une onde de gêne dans la voix, et ce, malgré ses propos.


"Cela te dirait de t'amuser un peu avec moi ? Je sais me montrer très imaginative parfois... Et puis, j'aurais quelques petites questions à te poser, je ne te laisserais pas filer sans avoir eu mes réponses..." lança t-elle d'une voix suave, presque anormale venant d'une créature comme elle.

Appuyé contre cet arbre et ne sachant que faire, il attendait que la silhouette prenne la parole. Loin d'être paniqué, il se questionnait tout de même sur l'identité de l'ombre qui se dressait devant lui. Il éprouvait ainsi ses toutes premières émotions humaines: l'inquiétude liée à la curiosité. Il ne put s'empêcher de penser que celles-ci étaient probablement prédominantes chez l'être humain. La personne en face de lui ne bougeait pas, elle était là, immobile, semblant l'observer. Les ténèbres environnantes furent alors dispersées par la lune, qui ne manqua pas de l'aveugler, lui qui était encore peu habitué aux stimulis d'une nature dont il faisait pourtant avant partie intégrante, la personne en face de lui sembla chercher du regard quelque chose, était-elle inquiète? après tout se retrouver en présence d'un semblable nu et couvert de sang n'était probablement pas le type d'évènement auquel les humains étaient habitués. De même que l'obscurité avait été brisée, le silence fut rompu par un soupir désappointé. L'être sentait que quelque chose n'allait pas dans ce comportement, il ne comprenait pas et se maudit intérieurement de ne pouvoir ressentir l'aura de cette entité qui l'observait, peut-être était-il nez à nez avec elle.
À cette idée il sentit son corps parcouru de frissons: il ressentait légèrement ce que les humains nommaient communément "peur".


Surpris, il ne savait quoi répondre. La voix semblait celle d'un mâle humain. Il aurait dû être soulagé de ne pas tomber sur la Darkness mais les derniers propos de ce jeune homme semblaient peu amicaux. Il savait que les humains manifestaient des comportements parfois contraire à l'étique et se faisaient souffrir mutuellement, allant même parfois jusqu'à tuer. Pourrait-il se défendre si jamais il venait à être attaqué? il ne savait même pas comment faire, il n'était avant qu'un simple esprit, neutre, ni la joie ni la peine, ni la paix ni la violence ne faisaient partie de son quotidien. Il savait que Calions avait été une sorte de guerrier humain par le passé mais cela lui n'était d'aucune aide, et il n'avait de toute façon pas la moindre envie de faire volontairement du mal à un être humain, cette simple idée le peinait. Pourquoi donc se détruire mutuellement? la nature elle même se chargeait de trier, pourquoi aller à son encontre et bouleverser les règles? les humains et leur volonté de sans cesse combattre pour se surpasser continuellement, il ne comprenait pas. Quelle était l'utilité de se débattre autant alors que la vie humaine n'est rien comparée à l'immensité de l'univers et au pouvoir du temps qui passe? quoiqu'il arrive ils finiraient tous en poussière.
Cet étrange visiteur nocturne se dirigea soudainement vers lui, allait-il attaquer? comment devait-il bouger? que devait-il faire? pourquoi les choses étaient-elles si compliquées dans le corps et l'âme d'un être humain? une immensité de choix à faire se présentait devant lui, le peuple des hommes était-il confronté à ces tortures depuis toujours? la vie de ces êtres éphémères n'était-elle donc que renoncement? choisir revenait à délaisser une quantité infinie de choses, était-ce là le quotidien d'une âme humaine?
Son interlocuteur apparut soudainement sous la lumière lourde et blafarde, ce qu'il remarqua en premier fut son regard. Les yeux étaient d'un rouge rubis rarement observable chez les humains, les souvenirs de Calions confirmaient l'idée. Il semblait blessé mais ne s'en préoccupait guère et puis..quelque chose n'allait pas dans sa démarche. Il alignait ses pas avec dédain, une certaine animalité se dégageait de sa façon de se mouvoir, insensible à la mort qui reignait il écrasait sans se poser de questions les restes d'une éternité de travail de ses semblables. Les esprits étaient-ils autour d'eux en ce moment? pourrait-il les ressentir?


Imaginative. L'homme avait-il bien prononcé ce mot? oui il l'avait fait. Et si..si cette âme noire était en face de lui, à quelques centimètres de sa nouvelle enveloppe? il ne voyait rien d'autre qui puisse expliquer l'emploi d'un tel mot par un mâle humain.Que devait-il faire?


Soudain dans les bois l'air se fit plus frais et plus léger. Les animaux, attentifs, ne bougeaient plus. Plusieurs esprits étaient autour des deux êtres. Ils sentaient que l'humain était différent de ses semblables. Les sentiments n'étant pas du monde des esprits naturels, ils étaient "indifférents" à la situation de celui qui était encore peu avant l'un d'eux. Après tout il n'était que la manifestation physique d'un élément, d'une zone, et là encore les choses étaient fausses. Son essence avait été corrompue par la fusion avec une âme humaine, bien qu'avant la forêt considérait cette entité comme une partie d'elle même, elle commençait désormais à le ressentir comme un élément externe à elle. Peut-être ne le savait-il pas, mais la partie de lui-même étant restée sur place était devenue sa remplacante, toujours liée à lui, elle n'était cependant plus totalement lui. Il n'était qu'un hybride naturel, impur. Et quels que soient ses agissements, qu'ils soient bons envers la forêt où pas, il ne serait jamais plus un esprit naturel. Condamné à mourir tel l'humain qu'il allait devenir peu à peu après sa fusion malsaine avec un non-naturel. Les hommes appartenaient à une autre partie de la nature qui ne dépendait pas de la forêt. De toute façon, la nature ne se mêlait pas du monde des humains, l'hybride impur se débrouillerait seul. Il se rendrait compte peu à peu, en regagnant ses capacités sensorielles, qu'il était bel et bien seul.


Il frisonna, il avait l'impression qu'autour de lui des choses changeaient. Il regarda l'être qui se tenait en face de lui et manifesta le comportement probablement le moins commun et adapté à ce genre de situation. L'ancien esprit se découvrait à genoux devant la sensation de voir souffrir un être vivant. Visiblement troublé, fronçant les sourcils, ne comprenant ni ses pensées ni la situation présente et regardant ce jeune homme de haut en bas, qui semblait blessé par l'environnement qu'il avait traversé, il se surprit à poser à son interlocuteur une bien étrange question d'une voix essouflée:


La naïveté naissante de cet être était-elle sur le point de le tuer?

"Vous..êtes blessé..est-ce que..vous avez besoin d'aide ?"


"Tu ferais mieux de te soucier de toi que de mon sort, pauvre sot !" clama t-elle avec force avant de parcourir les quelques mètres restants.


"Tu sembles davantage préoccupé par ma santé que la tienne. Dommage pour toi mais tu vas vite te rendre compte que je ne m'en soucies guère..."

Plus il s'approchait, plus le jeune homme semblait intrigué par l'être qui se tenait devant lui. Ce dernier n'avait pas encore eu l'occasion de pouvoir observer le résultat de sa transformation physique. Semblait-il inhumain? était-il déformé? qu'importe, l'important était de trouver un moyen de sauver sa forêt, ses arbres, rien ne passerait devant cet objectif là...et pourtant..en arrière plan, dans sa conscience, il sentait que quelque chose clochait. Il était pourtant dans ce monde pour un but précis, pourquoi doutait-il de lui? quelle était donc cette sensation étrange que des choses se passaient le concernant et qu'il ne pouvait percevoir correctement?
Quand il prononca ses premiers mots à l'encontre d'un être humain, mots qui l'avaient lui-même étonné, l'étranger s'immobilisa, il semblait incrédule. Puis, l'étonnement fit place au rire, non pas un rire qui dégageait la joie, pure et simple, comme il devait normalement le faire, mais un dont émanait une sorte de joie malsaine, inhabituelle pour les humains normaux, les souvenirs qui n'étaient pas les siens lui disaient de se méfier, l'homme représentait un danger pour sa toute nouvelle vie.


Il haussa les sourcils. Il ne comprenait pas pourquoi cette personne lui en voulait. Peut-être était-ce cette méchanceté gratuite que les hommes pouvaient manifester sans aucune raison apparente, ou peut-être la personne en face de lui était-elle malade. Dans ce cas pourquoi ses congénères ne prenaient pas la peine de la soigner?
Approchant d'un pas lent, un sourire malsain et meurtrier sur le visage, ses yeux sanguinaires rivés sur l'être, son interlocuteur lui asséna un coup violent dans l'estomac qui le fit reculer, puis tomber à genoux. C'était donc ça la douleur. Quelle sensation désagréable, son corps souffrait, ses membres étaient en train de le lancer, il avait du mal à bouger. Relevant tant bien que mal la tête, toujours à genoux, il le regarda s'éloigner un instant, qu'allait-il faire?
Alors que ces questions ne trouvaient pas de réponses, il recommenca à considérer l'hypothèse que la Darkness qu'il avait sentie quelques instants auparavant avait élu domicile dans le corps de cet humain. Quoi qu'il en soit, il n'avait pour l'instant ni les moyens ni la force de le ressentir et de savoir. À moins que..

"Tu sembles davantage préoccupé par ma santé que la tienne. Dommage pour toi mais tu vas vite te rendre compte que je ne m'en soucies guère..."

Aux mots succédèrent l'action. Le jeune homme se plongea un pic calciné dans l'avant-bras puis remonta jusqu'à l'épaule. D'un naturel empathique, à la seule vue de la plaie et du sang qui coulait, l'être trembla de tout son corps. Impuissant, il ne pouvait rien faire. Devait-il tenter de le protéger contre lui-même...ou contre elle? il ne savait plus que faire, que penser.
Fixant le jeune homme dans les yeux d'un air triste, il se releva lentement, prenant appui sur l'arbre à côté de lui. Il y avait une seule chose dont il était certain: cette personne, qu'elle soit humaine ou bien possédée par celle qui avait détruit sa demeure, ressentait de la haine. Au cours des milliers d'années où il avait veillé à la prospérité de ses bois, il avait quelques fois rencontré des êtres haineux, il avait souvent pu comprendre que la haine naissait de la souffrance, de la solitude, de l'exclusion. Elle n'était que le produit d'un évènement négatif qui aurait pu être évité.
La personne qui était en face de lui avait donc souffert. Que faisaient les humains pour corriger ces fautes, pour supprimer la souffrance? il chercha au fond des souvenirs de Calions et trouva que les humains se consolaient entre eux par des phrases et des comportements. Peut-être que c'était la situation adaptée à ce conflit? il ne le savait pas. Il ne voulait de toute façon pas combattre, il ne voulait pas faire de mal à un être vivant, qu'il soit fondamentalement mauvais ou pas. Les conflits pouvaient être réglés de manière pacifique. Et puis c'était dans la nature d'un humain de consoler ses semblables, la nature avait toujours fait les choses correctement, pourquoi chercher une autre alternative?

*Je vais tenter ça.*

Il se releva avec difficulté, souffrant encore de chacun de ses muscles et se dirigea d'un pas trainant vers le jeune homme, où la Darkness..peu importait maintenant qu'il savait quoi faire.


Arrivé devant le jeune homme, il plongea son regard au plus profond du sien, cherchant à deviner ce qui se cachait derrière. Il ouvrit ses bras et enlaça l'étranger.

Danaliel n'en pouvait plus de cette journée, il s'était ennuyé à en mourir. Il avait passé la matinée à dormir sur un banc en centre ville, et l'après midi à dormir sur l'herbe en dessous d'un arbre. Lorsque la nuit tomba il s'était retrouvé à marché dans cette forêt que les flammes avaient autres fois consumés. Une désagréable aura se dégageait du lieu, oui quelque chose de presque palpable. Surtout que cette odeur de mort, cette noirceur infâme qui pullulait entre chaque racines. Il l'avait sentit, oui il avait sentit cette chose quelque part il y a quelques temps cette odeur lui rappelait quelque chose sans qu'il puisse y mettre le doigts dessus. Il se cala contre un arbre regardant la lune se découvrir derrière une masse de nuage. Il sentait les rayons de l'astre transperçait son corps, jusqu'à son âme. Oui elle attisait et réveillait en lui un sentiment bestiale et douloureux. Soudainement l'odeur refit surface, il pouvait mettre un visage sur cette odeur. Alors qu'il s'allumait une cigarette au milieu de cette forêt il cru s'étouffer. Un seul nom traversait le fil de ses pensées.

Natsume.

Il se leva subitement tentant de tracer son chemin, l'odeur était bien plus marquée qu'il y a quelques jours. La Lune l'aidait à utiliser ses capacités de loup, mais ce n'était pas suffisant. L'ombre emplissait ce lieu, Danaliel ne pouvait s'empêcher de ce voir en danger. Il marcha dans une direction un peu hasardeuse, trouvant que l'air était plus dense et que l'odeur si désagréable mais en même temps si intéressante était plus présente. Il continuait de fumer sur sa cigarette, essayant de ce concentrer à chaque bouffées. Une nouvelle odeur venait de faire son apparition, une odeur qu'il n'avait jamais flairer autre fois. Pourtant elle semblait être le mélange de plusieurs odeurs commune, une sorte d'odeur de nature vivante mélangée à celle du sang. Ca lui rappelait l'étrange odeur de l'élémentaire de l'eau. Un mélange entre corps et eau, mais ce dernier était beaucoup plus prononcé. Il accéléra sa marche. Trouvant finalement ce qu'il n'arriva pas à comprendre.

Natsume était en train de parler, mais sa voix était différente. Bien trop différente à son goût, de plus il agissait de façon bien trop anormale pour ne pas attiser la crainte chez Danaliel. Il n'arriva pas à trouver le courage de bouger, sauf quand ce dernier envoya un coup de pied dans les côtes du pauvre homme qui était nue à ses pieds. La scène n'avait aucun sens, à moins que Natsume ne soit un malade atteint de schizophrénie en tout cas il devait l'arrêté. Soudainement la victime se jeta sur Natsume non pas pour l'attaquer, non c'était pour l'enlacer. Un inconscient? Un fou? Ou simplement une victime ayant perdue tout espoir. Le lycan en eu soudainement assez de cette comédie il tira une dernière latte sur sa cigarette avant de la jeter à côté des deux jeunes hommes. Si l'odeur qu'il avait sentit était en fait la seconde personnalité du livreur? Ça n'aurait aucun sens, rien en cette nuit ne semblait avoir de sens de toute façon. Le lycan s'avança il n'était plus qu'a quelques mètres d'eux, et vue le comportement de son ami il fallait mieux l'arrêter:

-Je ne sais pas ce que tu fous là Natsume, mais je te conseille tout de suite de lâcher cette branche. Quant à toi, tu ferais mieux de t'écarter Natsume n'est pas dans son état normale.

Les griffes de Danaliel étaient déjà sorties, quand à ses crocs ils étaient en train de se former. Les yeux du lycan cherchaient ceux de Natsume, il voulait être sûre de savoir qui se tenait en face de lui. Si il devenait violent le sans abris qu'il était ne saurait pas comment stopper le livreur. Frapper Nastume serait peut être quelque chose de trop difficile pour lui.

La nuit. Le moment où Eleonor s'ennuyait le plus. Sa journée de travail était terminée et, puisque, étant une vampire, elle ne dormait pas, elle avait décidé d'aller se promener dans les rues de la ville. Elle sirotait tranquillement une poche de sang qu'elle avait fait chauffé dans une casserole. Le sang chaud lui rappelait davantage le vrai goût du sang humain, et elle était contente de son repas. Les bâtiments de part et d'autre de la rue défilaient sans qu'elle ne rencontre personne dehors à cette heure. Elle jeta sa poche de sang vide dans une corbeille, bifurqua vers l'extérieur de la ville et se dirigea vers la forêt. Elle soupira. Ceux qui se disent malchanceux d'avoir des problèmes devraient revoir leur situation. Au moins ils vivent quelque chose, ils se sentent vivant sans même avoir conscience d'à quel point ce sentiment est précieux. Oui, Eleonor s'ennuyait, particulièrement ce soir puisque tous ses dossiers étaient complétés et qu'elle n'avait procédé à aucune intervention chirurgicale dans la journée. Elle voulait des défis, des cas difficiles à résoudre, mais avait passé sa journée à examiner des patients qui n'avaient pas besoin de chirurgie. Non pas qu'elle souhaitait cela à ses patients, mais il fallait avouer que cela l'occupait et l'éloignait de la routine. Elle songeait à cela lorsqu'elle s'aperçut qu'elle était arrivée à l'orée de la forêt. Mais sur sa droite, une partie de la dite forêt n'était faîte que d'arbres morts ou calcinés. Elle se rappelait alors la bataille qui avait eue lieu. Elle n'avait pas pu la voir, car elle était restée confiné dans une tente à opérer des innocents qui ne pouvaient être sauvés de toute façon, mais on lui avait raconté comment ce qu'on appelait maintenant la forêt corrompue avait été réduite en cendre. Elle allait continuer son chemin dans la forêt saine pour se diriger vers le lac, qui était devenu un de ses endroits préférés malgré ce qu'elle y avait vécu, mais elle se dit qu'il serait plus intéressant de visiter un nouvel endroit. En observant les arbres morts au creux de la noirceur, on se rendait vite compte que cette forêt avait une allure très inquiétante. Elle se demandait si sa décision était réellement prudente. Puis, la curiosité l'emporta. Allons, je suis une vampire, un être de puissance, une sanguinaire, bien plus effrayante que tout ce qu'il peut y avoir dans cette forêt, j'ai pas à avoir peur de quoi que ce soit! Elle s'ennuyait et ce n'était pas aller voir le lac qui allait lui remonter le moral. Et puisque les arbres n'étaient pas fournis de feuilles, elle ne pourrait pas faire sa visite en plein jour de toute façon, car le soleil lui brûlerait la peau. Elle s'avança donc entre les racines et les branches noires et cassantes. Sans qu'elle le veuille ses yeux avaient virés au rouge, afin de voir parfaitement dans l'obscurité et ses crocs s'étaient allongés. Elle essaya de les rentrer, mais rien à faire, tous ses sens étaient en alerte car elle se méfiait de ce qui pouvait se cacher dans cet endroit.

Elle se promenait depuis un petit moment déjà quand soudain un mélange d'odeurs lui secoua les narines. Elle failli éternuer. Qu'est-ce que c'était que cette puanteur immonde? Et il y avait mêlé à cela d'autres odeurs plus curieuse. Elle n'arrivait pas vraiment à identifier d'odeur en particulier, mais puisqu'elle était là, elle était déterminé à en trouver la source. Elle se mit à marcher aussi silencieusement qu'un vampire en est capable, en direction de ces étranges odeurs. C'est peut-être un piège. Elle s'arrêta net. Peut-être, si c'est le cas mieux vaut que ce soit moi qui tombe dedans qu'une créature sans défense. La curiosité l'emportait encore une fois, elle ne s'était tout de même pas aventuré jusqu'ici pour rebrousser chemin dès que quelque chose d'intéressant se passait. Elle vit alors apparaître sous ses yeux le plus curieux spectacle. Un homme nu enlaçant un autre homme, celui-ci habillé. Oh bon sang! Eleonor détourna le regard. Pas que la nudité la mettait mal à l'aise, sinon elle ne pratiquerait déjà plus son métier. Mais elle envisageait que peut-être cet homme nu se sentirait gêné d'être surpris par une femme. Elle vit alors un troisième homme qui se tenait à plusieurs mètres d'eux.

-Je ne sais pas ce que tu fous là Natsume, mais je te conseille tout de suite de lâcher cette branche. Quant à toi, tu ferais mieux de t'écarter Natsume n'est pas dans son état normale.

Donc Natsume était l'homme habillé. La vampire remarqua la blessure à son bras, qu'il s'était manifestement infligé. Cette scène était franchement bizarre. Et l'horrible odeur qu'elle avait senti tout à l'heure était celle de l'homme qui venait de parler. Elle reconnaissait ce relent nauséabonde, c'était celui des lycans. Comme beaucoup de vampires, Eleonor ne pouvait supporter leur odeur. Mais elle avait aussi entendu dire que les lycans pensaient la même chose des vampires. Le dénommé Natsume était quant à lui un humain, mais l'homme nu avait une odeur un peu plus étrange. Elle n'arrivait pas à l'identifier. Elle était cachée derrière un arbre, mais décida de se montrer, car le lycan allait la repérer de toute façon, son odorat étant plus puissant que celui de la vampire. Elle fit alors un effort douloureux pour ranger ses crocs et diminuer la rougeoyance de ses yeux, puis elle marcha vers les trois hommes. Il y eut un moment de silence, car bien que la vampire s'était dévoilé, elle ne savait pas vraiment quoi dire, elle s'introduisait dans une situation qu'elle ne connaissait pas. Puis elle se dit que le mieux était de s'informer de la situation.

-Je passais par là et…je me suis dit que peut-être il y avait un problème.

C'est la seule phrase à laquelle elle pensa. Elle se trouva idiote un moment d'être entrer si abruptement dans une conversation avec laquelle elle n'avait rien à voir. Mais elle n'aurait pas pu rester cachée de toute façon, alors autant prendre les devants et parler la première. Elle observait les trois hommes, se demandant dans quel guêpier elle venait de se fourrer.

"Qu'est-ce qu... ?!" commença t-elle, interloquée.

"Anna..."

"Va-t-en... Vite... Prend cet homme avec toi et va-t-en... Je ne sais pas combi-..." souffla t-il avant de s'interrompre brutalement.


"Je passais par là et... Je me suis dit que peut-être il y avait un problème."

"Humpf. Désolée ma jolie, mais je n'ai aucune attirance pour les femmes, je préfère de loin la compagnie de ces jeunes hommes..."


"Bien... Qui sera le prochain... ?"


"On dirait bien que c'est ton tour mon mignon !" s'exclama t-elle, comme folle d'excitation.

L'amour..le pardon..la rédemption. Ces sentiments humains étaient-ils la réponse aux maux qui agitaient les âmes? nouveau-né, il découvrait avec une pointe d'appréhension la puissance de l'esprit humain, la nature de ce dernier. Si les esprits de la nature étaient grands de par leurs immortels aspects et leurs liens avec tout ce qui a été, tout ce qui est et tout ce qui sera jamais en ce monde, les sentiments humains pouvaient rivaliser grâce à leur intensité phénoménale. Bien que souvent contre-productifs et à tendance instable, ils pouvaient radicalement changer la face de la Terre, là où les esprits se contentaient de la maintenir stable. Il se sentait tout puissant à travers ces simples choses. Pendant qu'il enlaçait l'humain, il ouvrit néanmoins les yeux sur ce qui serait sa plus grande menace si jamais il survivait à cette nuit: la vanité. Là était le défaut des Hommes, là était la faille principale qui déciderait de l'avenir d'un monde. La vanité, ce sentiment de toute puissance, cette sensation de détenir le pouvoir de changer le cours du temps, était celle qui guidait l'humanité en lui faisant croire qu'elle était digne de gouverner à sa guise.
Il sentait son coeur ainsi que celui de l'humain qui battaient à l'unisson, que pensait-il en ce moment, était-il possédé par la Darkness? avait-elle seulement une chance d'être sauvée? elle qui avait tant de haine en elle qu'elle avait dû souffrir les milles tortures de l'enfer? et ce jeune homme, pourrait-il vivre normalement un jour?
Il se sentait si impuissant face à tant de désarroi, pouvait-il faire la différence et les aider tous les deux à retrouver la paix? si tant est qu'il était réellement possédé. Il sentit le coeur de l'autre ralentir, ses muscles se relâchaient, sa souffrance s'apaisait. Alors que les choses semblaient se calmer, un étrange objet fumant fit son apparition aux pieds du nouvel être, quelle était donc cette chose qui sentait si mauvais? on aurait dit que des plantes avaient été mélangées à d'autres choses pour former ce qui semblait être une sorte de poison aérien. Il tourna la tête vers l'endroit dont semblait provenir l'objet.

"Je ne sais pas ce que tu fous là Natsume, mais je te conseille tout de suite de lâcher cette branche. Quant à toi, tu ferais mieux de t'écarter, Natsume n'est pas dans son état normal."

Il regarda le nouvel arrivant, puis celui qu'il tenait dans ses bras, ne sachant trop comment réagir. Ils semblaient se connaître. Natsume était donc son nom? et il n'était pas dans son état normal? la Darkness était donc vraiment dans ce corps. N'ayant pas le temps de se poser de questions il remarqua que l'intervenant n'était pas humain, ses ongles s'étaient mués en griffes, ses yeux avaient changé d'expression et fixaient ceux de Natsume. Il semblait avoir des doutes concernant la marche à suivre. Quoi qu'il en soit, il ne pourrait rien faire si la Darkness trouvait moyen de se déchaîner, sa puissance était immense, la seule chance serait celle de s'en prendre au porteur, là se trouvait donc le problème général et l'atout de l'âme sombre. Mais la violence n'engendre que violence, il fallait trouver une autre solution, tenter de calmer le jeu, résoudre les choses patiemment.
Soudain il sentit que tout changeait dans l'âme de l'humain, les muscles se contractaient, il n'eut que le temps de tourner les yeux. Natsume le poussa d'un bras tandis que l'autre s'abattait férocement sur lui. Le bout de bois le griffa légèrement.

"Gnnnnnnnn."

Comment une si petite entaille pouvait-elle faire autant de mal? il regarda l'humain, chez lequel il put observer un sourire, un qui était cependant différent des précédents, il semblait soulagé.

"Va-t-en... Vite... Prend cet homme avec toi et va-t-en... Je ne sais pas combi-..."

Il s'adressait au nouveau venu mais n'eut pas l'occasion de terminer sa phrase, il était désormais à genoux, souffrant, luttant contre cette chose à l'intérieur de lui.
Lui pour sa part était troublé, il recula, ne sachant plus trop que faire, il était totalement désemparé. La Darkness était donc réellement dans ce corps? l'envisager l'avait au début effrayé d'une certaine façon, il avait ensuite voulu consoler l'être qui était en face de lui, quelque soit son identité. Mais réaliser que les chances qu'elle était vraiment là étaient grandes...eu un effet étrange de sidération sur lui. La rage qui émanait d'elle, alors qu'elle semblait avoir de nouveau l'ascendant et le contrôle du corps, semblait désormais sans limite. Il comprenait que celle-ci venait de sa souffrance mais ne pouvait rien faire pour l'aider, il était impuissant, il était..faible..il était...simplement inefficace et inutile.

Une nouvelle personne venait d'arriver, celle-ci aussi semblait appartenir à une autre espèce. Les choses prenaient une tournure innatendue. Qu'allait-il se passer? il regarda tour à tour les acteurs de cette sombre pièce, perdu.

*Que devrais-je faire? comment arranger les choses?*

Elle tourna sur elle-même et lança le pic sur l'homme que Natsume connaissait.

*Non...*

Par ce geste, un cercle de violence infinie et inouïe venait de s'ouvrir. Les paroles ne pouvaient plus rien résoudre. Que devait-il faire à présent? combattre? mais...

"On dirait bien que c'est ton tour mon mignon !"

*Je ne veux pas leur faire de mal, comment pourrais-je faire souffrir des êtres vivants?, ce n'est pas..mon rôle, ce n'est..le rôle de personne...*

En effet, comment un être fait pour créer et faire prospérer pouvait-il se résoudre à détruire, quels étaient ses moyens d'action face à la violence pure et simple, animale et meurtrière?


Le pic venait de partir. Prit de vertiges et de nausées, l'être vacilla. Le pic continuait sa route dans les airs. Son état de faiblesse augmentait, il commencait à trembler.

*...Agis...*

Le temps sembla s'arrêter. Quelle était donc cette voix?

*...Agis...*

Elle semblait familière, elle venait du plus profond de son être, comme un souvenir refaisant surface.

*...T'aurais-je donné ma force pour que tu tombes comme un château de cartes au premier coup de vent imposé par la vie?...*

L'humain, c'était la voix de l'humain qui s'était sacrifié pour qu'il puisse naître. C'était comme un petite voix qui s'exprimait au fond de lui. Sacrifié..il ne pouvait nier l'honneur de celui à qui il devait en partie sa vie, il ne pouvait lâcher prise à la première épreuve, il ne pouvait trahir ce qui était désormais une pièce de lui-même...il devait faire quelque chose. Respecter ses principes, mais agir, quelle était sa marge de manoeuvre?

Les secondes qui suivraient seraient déterminantes.

Une vampire qui n'avait pas l'aire très réactive, un Natsume possédé, un nudiste sensible le lycan se demandait vraiment ce qu'il fichait ici. L'odeur de la vampire était perturbante, mais celle de Natsume était vraiment trop forte pour l'ignorer. Il devait les prendre avec lui, les emmener loin d'ici, loin d'elle. Alors que la branche se planta dans l'épaule du lycan il sentit son côté animale se manifester, de brûlante pulsions émanait de son corps. Il ne put s'empêcher de rugir en retirant le bout de bois, lançant un regard meurtrier à Natsume. Il ne devait pas tomber dans son jeu, non il devait résister à la tentation. Il lâcha aux deux autres un simple:

-La vampire tu prends l'autre et tu l’emmène loin d'ici, je te fais confiance lui suce pas le sang.

Après la fin de sa phrase il bondit à toute vitesse sur le livreur, plaquant se dernier au sol, essayant de le maîtriser. L'odeur du sang, mélangé à celle du côté obscure de cette abomination donnait des envies meurtrières à Danaliel. Oui il voulait planter ses crocs dans la chaire de Natsume, il voulait le déchiqueter, affronter cette horreur. Il voulait voire du sang, de la chaire, il voulait un combat. Il était en train de tomber dans le jeu de cette saloperie, il le savait. Lui qui la cherchait il y a de cela quelques jours, lui qui voulait voir cette chose. Il se dégoûtait. Voulant s'assurer que les autres étaient partit il leur hurla:

-Maniez vous de courir!

(Désolé très court...)

D'accord, Natsume était dangereux, ça c'était facile à comprendre. Mais il fallait avouer que le reste de la situation lui échappait. Comment un pauvre petit humain osait-il attaquer un lycan? Ne savait-il pas que c'était la meilleure façon de se faire tuer? Sans compter que le lycan avait reçu la branche dans l'épaule et que cela semblait l'avoir enragé.

-La vampire tu prends l'autre et tu l’emmène loin d'ici, je te fais confiance lui suce pas le sang.

-Quelle drôle d'idée! Comme si je pourrais faire pareille chose.

Eleonor avait dit cela sur un ton de surprise à son interlocuteur, comme si le propos du lycan n'avait aucun sens. Bien que cette réponse puisse sembler déroutante, il serait peut-être utile ici de mentionner que jamais de sa vie Eleonor n'avait mordu un humain, ce qui était très exceptionnel pour une vampire. Depuis sa plus jeune enfance ses parents lui avait appris à ne jamais faire de mal à un humain, et plus tard sa haute éducation n'avait fait que renforcer ses convictions sur le sujet. Il n'était donc pas question qu'elle plante ses crocs dans la chair de qui que ce soit. Aussi se précipita-t-elle vers l'homme nu à une vitesse sidérante pour l'entraîner loin de Natsume en un seul bond, ne serait-ce que par souci de sa sécurité. Or, ses sens olfactifs, durant les courtes secondes qu'on duré cette manoeuvre, ont été de nouveau sollicités. Puisqu'elle s'était retrouvé près de lui, elle avait pu sentir quelque chose d'étrange chez Natsume, quelque chose qu'elle ne pouvait pas définir. Il avait l'odeur caractéristique des humains ça c'était certain, et pourtant en même temps il y avait un je-ne-sais-quoi de différent, de dérangeant. Cette impression ne dura qu'un très court moment et, étant donné la situation, Eleonor n'y interpréta rien de particulier. Elle déposa doucement le pauvre homme qu'elle avait du surprendre de par la rapidité de ses gestes, se disant qu'il semblait vraiment troublé de toute cette violence. La vampire ne comprenait d'ailleurs pas qu'il ait pu enlacer quelqu'un d'aussi malveillant que Natsume. Puis elle se demanda pourquoi le lycan lui avait donné l'ordre d'emmener ''l'autre'' loin d'ici avec elle. Ça n'avait aucun sens, après tout Natsume n'était qu'un humain, mal intentionné ou pas. Il ne serait jamais de taille face à un lycan et une vampire, ainsi ''l'autre'' n'avait rien à craindre. Puis elle cru comprendre le but de l'ordre du lycan lorsqu'elle le vit se jeter sur Natsume, fou de rage. Elle se dit que forcément, c'était pour être seul avec Natsume et le mettre en pièce, puisqu'il l'avait attaqué. Brute! Le lycan était bien trop fort pour son adversaire. D'accord l'humain lui a lancé une brindille, mais ce n'était pas une raison pour riposter avec tant de hargne. Il pourrait le réduire en charpie en quelques coups de dents à peine! Convaincu que le lycan tentait de tuer Natsume, la vampire se précipita sur lui, mit la main sur son épaule blessé pour le tirer à sa hauteur d'un geste brusque, et le jeta à une distance respectable de Natsume.

-Ça va pas non?! Pourquoi t'en prendre avec tant de force à un simple humain? Comme s'il pouvait représenter pour toi la moindre menace! Regarde, ta blessure est déjà en train de cicatriser. Il ne peut rien contre un lycan, alors pas la peine de tenter de le mettre KO.

De nouveau l'odeur étrange fit son apparition, quoiqu'en partie masquée par celle du lycan. Eleonor senti monter en elle un léger sentiment d'angoisse, comme si instinctivement, elle savait que c'était de mauvaise augure. Elle se tenait dos à Natsume, totalement ignorante de ce dont il était capable.

"Ça va pas non?! Pourquoi t'en prendre avec tant de force à un simple humain? Comme s'il pouvait représenter pour toi la moindre menace! Regarde, ta blessure est déjà en train de cicatriser. Il ne peut rien contre un lycan, alors pas la peine de tenter de le mettre KO." lança t-elle de vive voix à l'homme qu'elle venait de balancer comme un vulgaire objet.


"Simple humain ? L'appellation est dénigrante ma jolie, je vais t'apprendre les bonnes manières comme il se doit..."


"Et bien ? Tu ne dis plus un mot depuis tout à l'heure, aurais-tu perdu ta langue ? Ou serait-ce la vue de tout ce sang qui te fait perdre tes moyens ??" attaqua t-elle sans détours.
"Ce monde n'est pas fait pour la paix mon mignon, seuls les plus forts domineront, au détriment des plus faibles. Quant à moi..."


"J'existerai juste pour le plaisir de faire souffrir..." termina t-elle avant de fixer le lycan droit dans les yeux.

"Mais on dirait bien que je ne suis pas la seule ici à jouer à ce petit jeu n'est-ce pas ?" reprit-elle d'un ton perfide avant de revêtir une expression faussement surprise et gênée.

"Oh pardon ! Se pourrait-il que tous ici, y comprit ce cher Natsume, ignorent ta véritable nature ?"

Quelque chose, il devait faire quelque chose, agir, mais quelles étaient les possibilités qui s'offraient à lui? son corps était encore faible et il était à peine capable de se défendre. De plus, les personnes qui se tenaient devant lui étaient un garçon dont une Darkness des plus dangereuses avait prit le contrôle et un homme de musculature et forme contre laquelle il ne faisait pas le poids. Que devait-il faire?
Le pic de bois se planta dans l'épaule de l'homme. Pourquoi les choses prenaient-elles une tournure si violente? pourquoi ne pouvait-il pas bouger? la terreur était-t-elle à ce point ancrée en lui?

"La vampire tu prends l'autre et tu l’emmène loin d'ici, je te fais confiance lui suce pas le sang."

L'être n'eut pas le temps de réagir que la jeune femme se jetait sur lui pour enchaîner d'un bond de plusieurs mètres qui les éloigna de la scène. La rapidité du mouvement le désarçonna à tel point qu'il en perdit le souffle pendant un instant. Elle le déposa et retourna vers l'endroit où se déroulaient déjà les premices du combat. L'homme avait plaqué la Darkness et semblait vouloir lui faire du mal.
Se posant contre un arbre, il relâcha sa tête et dû fermer les yeux. Que se passait-il donc dans son âme? il avait besoin de se retrouver. Une pulsion battait la mesure en son coeur, il sentait l'envie de se battre pour défendre sa forêt, l'envie d'user de ses poings pour empêcher les hommes de recourir à la violence, il ressentait la profonde envie de taper dans tout ce qui bougeait parce qu'il était impuissant. Pourquoi donc ces sentiments de colère s'agitaient en lui? il devait se recentrer, se souvenir de qui il était, cesser de laisser ces sentiments humains corrompre son jugement et le manipuler comme un pantin, il devait avoir le pouvoir sur ce qu'il ressentait, il avait été un être de création après tout, un être simple et bienveillant. Les voix résonnaient dans son esprit, ils étaient proches mais pourtant si loin maintenant.


Il était à des années lumières de tout ça, il parvenait petit à petit à se retrouver, enfermé dans ce qui serait chez les humains désigné comme étant une forme d'autisme. Il était enfermé dans sa bulle, loin de tout, loin de cette violence, loin de ce mal. Sa tentative de se retrouver s'était transformée en vraie fuite, assumée. Il voulait au fond de lui redevenir ce qu'il était, les humains étaient fous, il n'aurait jamais l'occasion ni la force de redonner vie à ses arbres. Il voulait redevenir une simple entité, éloignée de tout, calme, qui ne serait pas la proie des remous de la conscience humaine, il voulait être loin, loin, loin...
Sa respiration, auparavant saccadée, était désormais paisible, relâchée. Il était comme en plein sommeil. Ses muscles étaient détendus, son corps sans douleur, son esprit sans troubles, à nouveau en contact avec la nature, ses sensations spirituelles étaient de retour.

*Je me sens bien.*

Une phrase fit écho dans son esprit, la voix était basse, les mots soufflés et pourtant elle dépassait tous les sons en intensité.

"Simple humain ? L'appellation est dénigrante ma jolie, je vais t'apprendre les bonnes manières comme il se doit..."

Un bruit de chair déchirée le transperça de toute part. Il ouvrit les yeux, l'enfer recommencait. La jeune femme était aux pieds de Natsume, le flanc ouvert. Le regard horrifié, le souffle halletant, les muscles tremblant, il remarqua la Darkness, tournée vers lui à moitié, recouverte de sang, elle s'adressa à lui, marqua une pause et donna un violent coup de pied à sa victime pour ensuite se retourner vers le lycan.

Une forme d'asthme le prit soudainement, le sentiment surgissait à nouveau, il était la victime de ses pulsions. Il en avait...assez...de toute cette haine gratuite.

*Pourquoi..pourquoi...cette...cette violence.*

Il sentit quelque chose monter en lui, la rage d'une part mais pas seulement, quelque chose d'autre, quelque chose en rapport avec la nature de son esprit, quelque chose lié aux éléments de ce monde.

*Assez..c'en est...assez !*

Il s'appuya sur l'arbre et se releva, la colère l'animait. La sensation s'intensifiait, le sentiment grondait en lui, cela montait, encore et encore. Dans l'obscurité, ses yeux verts s'illuminèrent d'une lueur inquiétante. Il leva les bras.


La terre commenca à bouger, des lopins de celle-ci se soulevaient, le sol s'apparentait maintenant à la mer et à ses vagues. Les arbres tremblaient et les quelques feuilles qui y étaient accrochées entamaient leur lente chute vers la terre, humide et boueuse, mêlée au sang. Les petits animaux des environs, paniqués, s'évadaient de la zone qui avait maintenant toute l'allure d'une entité vivant. Les forces de la nature s'animaient, la forêt vivait. Les pouvoirs de l'élémentaire végétal se manifestaient pour la première fois, guidés par la rage envers la violence des personnes qui se dressaient devant lui. Soudain, la sol se brisa, les racines des arbres en surgirent à l'image de serpents et se projetèrent vers la Darkness et l'homme aux crocs et aux griffes et enroulèrent leurs bras, leurs jambes, bloquaient leurs torses et leurs nuques.

...

Il s'avanca vers eux. La lune désormais à son zénith illumina le corps de l'élémentaire, il était..différent. Les yeux étaient d'un vert intense et unique, brillant, la peau s'était transformée en bois et était recouverte par endroits de mousse végétal et de feuilles [voir signature]. Cet état était la résultante du manque de contrôle de l'être et de son état presque fusionnel avec la nature quelques instants auparavant. L'appel de la mère nature l'avait changé, lui donnant ce qui était son apparence d'élémentaire. Arrivé à leur hauteur, il regarda la Darkness, qu'il sentait maintenant parfaitement et l'homme, qui était un lycan. Il leva les yeux au ciel et inspira l'air frais des bois, il était plein d'une nouvelle énergie. Il s'agenouilla au dessus de la vampire et la regarda, l'air serein. Celle-ci ne saignait pas énormément mais la blessure était bien grande, peut-être que ses cicatrices se refermeraient mais en combien de temps? pouvait-il l'aider?
Il remarqua l'odeur nauséabonde qui se degageait autour d'eux, provenant à la fois de certains des êtres sur place et des bois en déclin. La vampire, elle, sentait bon, elle ne portait pas l'odeur de la mort qui impregnait les deux autres. Des sortes de lianes se formèrent sur les arbres alentours et saisirent la jeune femme pour la porter sur une branche, elle aurait le temps de cicatriser en paix, sans risquer d'autres attaques.
Bien qu'il se sentait légèrement revigoré, sa puissance était déjà en chute libre et il sentait que les racines ne tiendraient pas longtemps. Accompagné des effluves de plusieurs plantes, il s'approcha d'abord du lycan et s'adressa à lui d'une voix calme:

"Calmez vous, vous n'avez pas idée de la puissance de l'être qui se cache derrière ce jeune homme."

Il le laissa ensuite derrière lui et se dirigea vers la Darkness, il plongea ses yeux verts dans les siens sans rien dire, il vit son véritable aspect, celui qui se cachait derrière Natsume, mais il perçut aussi la détresse de ce dernier. Que pouvait-il faire pour qu'il reprenne le contrôle de son corps?

Pourquoi fallait-il encore qu'on perturbe ses plans? Il était à sa mercie, il ne pouvait plus rien faire, ils avaient presque réussis à partir. Non cette vampire symbole de la bien pensence, devait faire preuve de niaiserie! Il aurait préféré tomber sur les membres de son peuple assoifé de sang, ce fichant du sort des autres. Il n'aurait pas d'autres occasions pour pouvoir maîtriser Natsume, il serait obligé de changer de forme ou bien de simplement essayer de fuir. Il se releva, lnçant un regard noir à la vampire, il n'eu pas le temps de dire quoi que ce soit. Une maintraversa le corps de la pauvre femme, peu de sang jaillit de son corps, mais la blessure était trop grande pour laisser Danaliel indiférent. Une fois que Natsume se dirigea vers l'homme nue, le lycan bondit sur la première victime. Pressant sa peaume sur la plaie, en essayant de la garder dans le monde réel il lui parlait sur un ton peiné:

T'inquiète, reste avec moi tu vas t'en sortir si t'es une vampire tu devrais survivre je sui avec vous.

Alors que les coups que le livreur de pizzas donnait au pauvre jeune inconnue raisonnaient dans toute la clairière, Danaliel se levait. Elle parlait de lois du plus fort, de souffrance, des mots que le Sdf conaissait bien. Pour les avoir appliquer, et les avoir subit à tour de rôle ses dernières années. Son regard était noir, cette créature ne pouvait pas espérer survivre en se cachant derrière natsume éternellement. Un sourire mauvais s'allongea sur le visage du lycan, il ne put s'empêcher de rire. Jouant avec ses griffes il avançait doucement vers cette créature. Lâchant quelques mots à cette folle sanguinaire:

Ce petit jeu, ma vraie nature, ils sont liés et je me contre fous de ce qu'en pense les autres. Si il le faut je suis même prêt à jouer avec toi, mais pas sûre que tu puisses gagner.

Alors qu'il s'apprêtait à bondir sur lui, la forêt elle même semblait se déchaîner freinant a course. Des racines jaillirent de la terre bloquant ses gestes, serrant leurs prises autours de ses membres. Une créature s'adressait à lui, ou était passé l'homme fragile de tout à l'heure? Se qui se tenait devant lui n'était rien d'autres qu'un monstre à l'état naturel. Un élémentaire? Il fallait vraimet que Natsume s'en prenne à un élémentaire dans son propre élément ? Quel enmerdeurs. Ca compliquait le jeu, sans pour autant lui enlever du crédits la partie se compliquait. Il parvenait à bouger en usant de sa force, ramenant difficilement ses grifes sur la branche tenant sa nuque il la brisa avec beaucoup de mal. Il pouvait mieux respirer et voir ce qu'il se passait. L'être était en train de s'approcher dangereusement de Natsume. Le lycan n'avait pas la force de se défaire des autres racines sous sa forme humaine. Il ne pouvait qu'être un témoin impuissant du jeu de cette créature pour le moment. Il hurla à la mort avant de répondre à son geolier:

-Vous n'avez pas idée de la puissance qui se cache derrière cet être ? Vous vous fihez de moi? J'ai sentit son odeur dès la première fois, c'est la même que cette forêt morte. Je n'ai pas l'intention de vous laissez m'enlever le plaisir de vaincre cette créature en libérant mon ami de ses griffes!

Il se débatait comme un diable prit d'une nouvelle énergie il se sentait en train de se transformer déchirant ses muscles pour en faire de nouveaux, poussant sa puissance brute au paroxysme/ Le rugissement du lycan ne tarda pas. Ses poils noirs, ses yeux jaune, sa machoire corrigé, ses cheveux formant une crinière. Les racines allaient céder d'une minute à l'autre.

Natsume s'était placé derrière elle. Eleonor l'avait laissé terminer sa phrase, se tenant prête à contrer son attaque et à l'immobiliser, de façon à lui faire comprendre ce que c'était que de s'attaquer à une vampire. Mais elle se rendit vite compte qu'elle avait sous-estimé son adversaire. Elle écarquilla les yeux lorsqu'elle sentit la main de l'homme passer de part en part de son corps. Ses canines sortirent au maximum et ses yeux devinrent écarlate, elle poussa un cri de douleur. C'était sa deuxième rencontre à Avventura et la deuxième fois que quelqu'un lui jouait dans les entrailles. C'est une façon de dire bonjour ici ou quoi? Elle s'effondra au sol, prise d'une douleur intense, regardant Natsume. Ok…ce n'est peut-être pas un humain finalement. Elle aurait dû se fier à son instinct, et comprit maintenant pourquoi le lycan lui avait donné l'ordre de partir loin d'ici. Elle lui adressa un regard désolé lorsqu'il appuya sur sa plaie.

-T'inquiète, reste avec moi tu vas t'en sortir si t'es une vampire tu devrais survivre je suis avec vous.

Elle lui fit un signe affirmatif de la tête. Si les vampires avaient une force, c'était bien leur capacité de guérison, et elle avait bu du sang plus tôt. La cicatrisation de sa blessure devrait être rapide. Elle s'inquiétait plutôt de l'homme à qui Natsume s'adressait, lui disant que seuls les plus forts domineront. Il semblait si…fragile, si pur. Elle ne voulait pas qu'il lui arrive malheur. Natsume commença ensuite une phrase et s'arrêta pour donner un coup de pied aux côtes de la vampire. Il l'avait déjà mise à terre et pourtant continuait de la frapper. C'était de la pure méchanceté, et cela mit Eleonor en colère. Si elle ne souffrait pas autant, elle lui aurait bien arraché son pied!

-J'existerai juste pour le plaisir de faire souffrir… Mais on dirait bien que je ne suis pas la seule ici à jouer à ce petit jeu n'est-ce pas ? Oh pardon ! Se pourrait-il que tous ici, y comprit ce cher Natsume, ignorent ta véritable nature ?

Minute… Venait-il de dire ''je ne suis pas LA seule'' et ''Y comprit ce cher Natsume''? Soudainement, les propos du lycan lorsqu'il disait que Natsume n'était pas dans son état normal resurgirent dans l'esprit d'Eleonor. Il n'était plus lui-même. C'était quelqu'un d'autre qui parlait, manifestement une femme. Le lycan avait compris la situation depuis le début, et elle aurait dû l'écouter. Celui-ci allait attaquer, lorsque la terre se mit à trembler. Que se passait-il? La forêt entière s'était mise en mouvement et l'homme de tout à l'heure s'était transformé. Elle n'en croyait pas ses yeux. Un être de bois se déchaînait, faisait trembler la forêt. Elle savait qu'il n'était pas humain! Il devait être un élémentaire, c'était même certain. L'homme qu'elle avait crû sans défense agrippa Natsume et le lycan et réussit à les immobiliser. Il fallait vraiment qu'elle cesse de sous-estimer tout le monde! Eleonor regardait l'élémentaire, les yeux grands ouverts, le souffle court, se demandant ce qu'il allait faire d'elle. D'une part elle avait peur, car elle ne croyait pas être en mesure de se défendre s'il avait de mauvaises intentions, et d'autre part elle était surprise, car elle n'avait jamais vu d'élémentaire sous sa forme…élémentaire. La cicatrisation de sa plaie était bien entamée, mais la blessure était toujours douloureuse. Elle n'essaya pas de résister lorsque des lianes l'emmenèrent sur une branche. Il l'avait mise à l'écart. Elle pourrait ainsi finir de guérir en paix. Elle était surprise, mais reconnaissante de son geste. L'élémentaire s'adressa ensuite au lycan. Elle les écouta confirmer son hypothèse. Donc l'être qui poussait Natsume à agir ainsi était doté d'une grande puissance… Mais quel était cet être? La vampire se dit qu'il faudrait réfléchir, ne pas agir sur un coup de tête, car bien que son premier raisonnement l'aurait poussé à se jeter sur Natsume pour le cribler de coups, elle réalisa que dans ce cas-ci elle endommagerait le corps d'un innocent et non celui de l'être malfaisant. Ses ouvertures aux flancs s'était entièrement refermée. Elle sauta agilement de sa branche pour atterrir au sol, ce qui lui arracha une légère plainte. La douleur était toujours présente, bien que sa plaie avait arrêté de saigner et était presque guéri. Elle s'approcha du trio et dit:

-Mais comment la vaincre sans risquer de tuer votre ami? Si vous la blessez physiquement, vous blesserez aussi Natsume.

Le lycan avait déjà commencé sa transformation et elle espérait qu'il reste en contrôle, car il fallait garder en tête qu'attaquer la créature occulte, c'était aussi attaquer Natsume. La vampire réfléchit à une solution à ce problème. Peut-être qu'il restait chez Natsume un brin de conscience. Peut-être comprenait-il ce qui se passait. Peut-être pourrait-elle l'aider à reprendre le dessus. Mais comment faire? La situation était plutôt délicate et elle n'était pas certaine du tout que ses suppositions soient juste. Elle préférait ne pas agir sans savoir, car cela lui avait déjà causé suffisamment de problèmes comme ça.

"Impossible..." murmura t-elle d'un ton si bas que personne ne l'entendit.


"Pratiquer la langue de bois te va à merveille mon mignon ! Je suis surprise, je n'aurai jamais cru que tu puisses te montrer si...entreprenant~" lui lança t-elle, un sourire insolence collé aux lèvres.


"Je crois que Natsume a quelque chose à vous dire."

"Ta véritable nature"

"Tue-moi..." supplia t-il.

Tous les facteurs étaient réunis pour que la tension puisse atteindre son paroxysme. Se trouvant dans les bois morts, l'énergie de l'élémentaire ne faisait que baisser, les lianes s'étaient défaites, le lycan s'était transformé et arborait une allure imposante, menaçante et la Darkness était libre. Les mots des acteurs présents résonnaient dans sa tête. L'un voulait vaincre la créature et libérer son ami, l'autre savait que s'attaquer à la Darkness revenait à risquer de blesser le jeune homme et lui voulait que personne ne souffre et ne risque sa vie.
Il ne savait pas vraiment comment s'y prendre, la nature faisait vivre et mourir les gens d'elle même, tuer revenait à bouleverser le cycle naturel de la vie et de la mort et il ne voulait pas que cela se produise..cependant..
Il ne se souvenait que de peu de choses de sa vie d'esprit, de son rapport avec la nature elle même, des choses qu'il avait pu observer au cours de sa longue existence. Sa naissance en tant qu'être humain avait supprimé une bonne partie de son vécu et les sentiments et émotions si propres à la race humaine modifiaient amplement sa propre nature, le transformant en quelque chose de différent d'un simple esprit. Il en était à penser qu'après tout, bien que vie et mort étaient des choses se déroulant d'elles-mêmes dans le temps sans intervention extérieure, tuer et être tué n'était qu'une autre forme de cycle, une sorte de séléction naturelle. Le doute l'empoisonnait, lui qui avait toujours fait vivre devait-il vraiment se résoudre à supprimer une vie? aussi maléfique soit-elle?

"Tue-moi..."

Natsume, qui avait repris le contrôle de son corps, sans doute après "autorisation" de l'entité, venait de prononcer ces mots. L'humain lui-même voulait mourir. Mais le libérer de sa souffrance avait un inconvénient probable, si l'hôte mourrait que deviendrait le parasite? après tout son existence se situait sur un plan qui n'était pas physique, elle reviendrait sans doute à nouveau. D'un autre côté l'hôte ne vivait probablement que dans la souffrance et la peur, le tuer revenait donc à être bon pour lui mais mauvais pour un futur probable porteur. Les pensées de l'élémentaire prenaient une nouvelle direction pour finalement revenir à ses pensées initiales: on ne corrigeait pas la haine avec la haine, la mort n'était pas une solution envisageable pour gérer la Darkness, il fallait que l'Homme se fasse pardonner des misères qu'il avait pu infliger à cette entité démoniaque par le passé, il fallait que l'Homme cherche la rédemption et qu'il l'accepte parmi ses semblables, il fallait qu'il l'aime en tant que partie de son monde. Armé de cette volonté de protéger la Darkness et de lui offrir une seconde chance, il se jeta sur le jeune homme et le bloqua. Puisant dans ses dernières forces il fit appel aux forces de la nature une nouvelle fois.

...

La terre trembla à nouveau. Comme s'ils étaient en vie, les arbres qui entouraient les créatures bougeaient. Les racines surgirent à nouveau et virevoltèrent autour de la Darkness, bloquée par les bras de l'élémentaire, pour former une sorte de cocon autour de ces derniers. L'intérieur semblait lisse, recouvert de mousse, la lumière de la lune filtrait par la seule sortie possible, située au dessus d'eux et qui avait l'apparence d'un simple trou dans le "plafond" de cette minuscule prison. De l'extérieur, plusieurs racines rendaient possible l'accès à l'intérieur, l'architecture était voulue.

...

Il relâcha la Darkness puis, d'une voix puissante, s'adressa aux autres à l'exterieur.


Il se retourna vers sa ou son nouveau partenaire de cellule tout en souriant, son corps de nouveau celui d'un humain.


Les choses devaient normalement se terminer ici, laissant aux autres le temps de réagir, la nature en décida autrement.
L'état de santé de l'élémentaire était déjà faible à cause du manque d'énergie de ce dernier, qui était "venu au monde" moins de deux heures auparavant, mais l'utilisation de pouvoirs empira la situation. Le coeur de l'être s'agita, il tomba à genoux, crachant du sang. Ses pensées se troublaient, il avait une petite idée de la raison de ses maux: la mère nature, créatrice de tout élémentaire, faisait appel à lui, tentait-elle de le bloquer dans son initiative? avait-il trop puisé dans les ressources de la forêt? s'il résistait à l'appel il risquait de perdre la raison. Il tenta de resister, de ne pas répondre à l'appel et il reprit sa forme élémentaire. Sachant au fond de lui qu'il risquait de devenir dangereux s'il jouait ce jeu trop longtemps, il décida finalement de lâcher prise, acceptant sa punition, si c'en était une.
Sous les yeux de la Darkness, le corps de l'être s'immobilisa, l'écorce s'assombrit. Devant-elle se trouvait maintenant ce qui semblait une statue de bois taillée dans un arbre. Ses pensées étaient toujours présentes malgré son aspect. Son libre arbitre n'était finalement rien de plus qu'une apparence, si la mère nature jugeait que ses choix étaient mauvais, elle pouvait l'empêcher de faire. Il pesta intérieurement contre sa condition, lui qui prenait de plus en plus goût à la liberté humaine, il se retrouvait sous la dictature de sa créatrice, obligé de rendre des comptes.

Les minutes passèrent et lui aveugle, ne savait ce qu'il se passait dehors, réduit à la plus simple expression de l'existence. Il prenait le temps de réfléchir à ce qui était sa véritable condition. Nul doute qu'il n'était plus un esprit, mais il n'était pas un humain non plus, il était bloqué entre les deux, il était un élémentaire. Mais pourquoi donc se soumettre à la volonté de la nature concernant ses choix? alors qu'il pensait il se rendit compte d'une chose: en faisant appel à ses pouvoirs, il avait déchaîné la forêt, modifié son paysage, il avait détruit ce qu'elle était avant en arrachant les racines du sol. Peut-être qu'il était dans cet état à cause de ça? en fin de compte la nature était neutre, vierge de tout avis, positif ou négatif, le monde n'aurait jamais évolué si c'était vraiment le cas. Sa subjectivité humaine l'avait poussé à croire que ses choix moraux étaient jugés mais ce n'était pas le cas, c'est son comportement envers ses bois qui était condamné. Alors qu'il se rendait compte de son comportement désinvolte, il sentit son corps s'assouplir, encore quelques minutes et il retrouverait sa forme humaine. Il avait reçu le message.

Elle lui parlait de véritable nature, qui était-elle pour parler de vérité? De nature, il n'était pas sois l'un ou sois l'autre et ça il l'avait compris depuis longtemps. Il était les deux, il était une créature sauvage avide de combat, de sang, et de victoire, ainsi qu'un pauvre homme qui essayait simplement de survivre sans forcément tomber dans le crime organisé. Les yeux de Danaliel n'inspirait que deux choses, la haine, et la sauvagerie. Il avait réussit à se délivrer de l'élémentaire, mais ce dernier semblait avoir lancé un dernier tour. Un cocon naturel enferma son adversaire avec l'élémentaire le lycan ne put s'empêcher d'hurler à la mort n'écoutant même plus les paroles du serviteur de dame nature, elles se brouillaient dans son esprit il ne pensait plus qu'à tuer, sauver Natsume. Même si pour ça il devait l'éliminer, il lui avait fait une requête, et il l'accomplirait après s'être assuré d'une chose!

Sautant de racines en racines, d'arbres en arbres, Danaliel parvint à arriver au dessus du cocon, plantant ses yeux de chasseur dans ceux de Natsume. Il semblait être seul, son ami n'était plus qu'une statue d'écorce. Il rugit à la lune, avant de plonger sur Natsume plantant ses griffes dans l'écorce, calant les bras de son ami entre sa paume et le mur du cocon. Le livreur de pizzas était soulevé de terre, une griffe bloquant son bras, une autre le saisissant par le col. Danaliel planta ses yeux dans les siens et lâcha avec un peu de mal quelques mots:

-Je peux t'obliger à vivre dans la douleur, la dualité, la souffrance, je peux aussi te sauver de cette entité en t'arrachant la tête, mais je peux aussi t'aider à vivre avec jusqu'à ce qu'on trouve un moyen de lui botter le cul.

Son emprise se pressera les crocs étaient de sortient, il avait eu cent fois le temps de lui arracher tout ses membres. Il le fit sortir du cocon le transportant sans précaution, il prit l'arrière de sa tête dans le creux de l'une de ses pattes. Une fois arrivé en haut du cocon il bondit sur la branche d'un arbre solide. Il souleva Natsume le forçant à regarder la Lune, et aussi la ville pendant quelques secondes. Il lui murmura dans le cou:

-Tout ce que tu vois en dessous de la Lune, je le détruirait, mais je ne pourrais pas le faire sans un homme comme toi. Choisit, lutte contre elle, ou fait d'elle nôtre arme, accepte là comme j'ai sus accepter la bête qui est en moi.

Il posa plus doucement Natsume contre le tronc de l’arbre, toujours suspendus en haut de cette branche. Danaliel était prêt, Natsume n'avait qu'une chose à dire et il le tuerait. Mais il fallait faire vite, pendant que le Sdf arrivait encore à contrôler sa forme bestiale, si il passait réellement de l'autre côté il ne pourrait pas vraiment ce dire maître de lui.

Il n'était pas question que qui que ce soit se fasse tuer sous ses yeux, Eleonor s'y refusait. Tuer Natsume n'était pas la solution, il fallait trouver autre chose. L'élémentaire avait transporté Natsume dans un cocon. Il avait raison, la violence ne mènerait à rien, peut-être qu'à trois ils pourraient immobiliser le corps de Natsume suffisamment longtemps pour qu'il en reprenne possession. Pour l'instant, et à cause de son manque de connaissance de la créature occulte, elle ne voyait que cette solution. Elle doutait cependant de pouvoir raisonner la femme qui le possédait, les êtres ne changent que s'ils le veulent bien, et le chemin est long et ardu. Discuter avec elle quelques minutes pourrait ne pas suffire. La vampire avait fait un saut silencieux et rapide sur le toit du cocon, mais ne s'était pas introduite à l'intérieur. Elle observait le lycan de moins en moins maître de sa personne et l'élémentaire qui ne bougeait plus, changé en bois. Son corps semblait recommencer à vivre lentement. Elle ne comprenait pas ce phénomène, et ne pouvait donc rien faire pour l'aider, mais observait ce spectacle bizarre tout en écoutant le lycan, toujours sans intervenir. Il voulait aider Natsume, mais était prêt à le tuer pour ça, le garçon n'avait qu'un mot à dire. La vampire ne le laisserait pas faire.

Il devait bien y avoir un moyen de libérer Natsume, mais le lycan n'aidait en rien avec son agressivité. Elle pensa un instant à son pouvoir. Son pouvoir de persuasion. Et si elle essayait de persuader l'entité de rendre son corps au jeune homme? Mais elle chassa cette pensée de son esprit. Non! Elle n'avait aucune idée des chances de réussite d'une telle manoeuvre, et si elle utilisait son pouvoir, elle allait encore perdre les pédales et devenir un monstre assoiffée de sang. Elle ne voulait même pas y penser. Alors qu'elle réfléchissait, la situation lui échappait des mains. Le lycan entraîna le jeune possédé sur une branche et lui murmura à l'oreille, comme si c'était suffisant pour cacher ses propos à l'ouïe fine de la vampire. Eleonor entendit tout, et ne comprenait plus. Ne disait-il pas vouloir l'aider à vaincre la créature qui le possédait? N'avait-il pas dit plus tôt être son ami? Malheureusement, son comportement semblait devenir de plus en plus violent et incontrôlable. C'était peut-être pour cette raison qu'il parlait de détruire la ville, lui qui avait plus tôt semblé peiné de la blessure que la vampire s'était fait infligé. Cela ne lui ressemblait pas, il cédait à son côté lycan. À moins qu'il soit doté d'un sadisme et d'une cruauté du même genre que cette femme sombre, et qu'il l'ai habilement caché jusqu'à maintenant. Dans un cas comme dans l'autre, il risquait de céder à la demande de Natsume et de le tuer, ami ou pas. Eleonor se dit qu'elle pourrait peut-être le raisonner. Elle devait du moins essayer, sinon elle devrait encore se battre. Et elle détestait ça. La vampire s'adressa d'abord à Natsume.

-Non! Ne l'écoutez pas! Vous ne devez pas le laisser vous mener vers ce chemin. Résistez! Je suis sûre que vous n'êtes pas comme ça.

Elle fit un bond prodigieux vers les deux hommes et agrippa le lycan pour le faire basculer de la branche, mais de façon à ce que leurs pieds restent en axe sur celle-ci. Puis elle poussa sur la dite branche vers le bas de toutes ses forces avec ses jambes, le lycan toujours prit entre ses mains, afin de l'encastrer dans le sol. Le choc lui fit mal, mais elle avait le lycan sous elle, le dos enfoncé dans le sol. Sans relâcher son étreinte, elle lui adressa un regard méprisant de ses yeux écarlates.

-Et toi espèce d'abruti reprends-toi! Ce n'est pas le moment de céder à tes pulsions. Je ne sais pas si tu agis comme ça parce c'est dans ta nature ou parce que tu es sous l'emprise de ton côté lycan, mais sache que je ne te laisserais pas faire. Si tu veux vraiment aider, la violence ne mènera à rien.

À cette phrase, elle desserra sa prise, réalisant qu'elle venait juste d'avoir un comportement violent. Mais cette fois c'était justifié, du moins il lui semblait. Elle lâcha le lycan et se releva. Elle avait été un peu brusque avec lui, mais il pourrait encaisser un tel choc. Pas vrai?

"Vous ne pouvez pas m'aider. Aider cette chose n'est pas la solution, vous devez fuir, vous... !" commença t-il à l'intention de son compagnon de cellule avant de s'interrompre. Ce dernier venait de tomber à genoux et crachait du sang.

"Est-ce que vous allez bien ?! Tenez bon !" s'exclama l'étudiant en s'agenouillant à ses côtés.


"Je vous en supplie ne mourrez pas..."


"Je..."

"Non ! Ne l'écoutez pas ! Vous ne devez pas le laisser vous mener vers ce chemin. Résistez ! Je suis sûre que vous n'êtes pas comme ça."


"Arrêtez ! La violence n'est pas la solution ! Nous devons l'en empêcher de céder à ses pulsions mais pas en l'affrontant !" s'exclama t-il avec fermeté à l'attention de la jeune femme.

Les minutes passèrent, lentement, il ne voyait toujours rien. Il ne sentait que son corps qui, peu à peu, reprenait vie. L'écorce sombre qui le retenait relâchait zone par zone son emprise et il se sentait reprendre le contrôle. Une fois le processus achevé, il tomba à terre, haletant, épuisé. Son corps et son âme n'en pouvaient plus de toute cette pression: les blessures corporelles, le doute lancinant et omniprésent, ces deux fardeaux l'avaient accompagné depuis sa venue en ce monde. Allongé à terre, sa peau plongée dans la boue crasseuse de la forêt, il repensa brièvement aux dernières sensations vécues lors de son "emprisonnement" dans le bois. Il était libre, quel sentiment léger était celui de la liberté, il pouvait faire ce qu'il voulait, cependant..


L'idée s'était insinuée dans son âme petit à petit, son monologue avec lui-même l'avait poussé à se rendre compte que jamais plus il ne pourrait redevenir ce qu'il était avant: un simple esprit, dénué de tout sentiment, de toute opinion, de toute subjectivité en somme. Il était condamné à rester humain, ce qu'il avait laissé de lui dans l'endroit où il était né avait prit sa place, son rôle. Il n'était plus qu'un humain..non, il n'en était même pas un, il était..un élémentaire, en lien fusionnel avec la nature, mais ni naturel ni humain, il était un hybride, un bâtard, un mutant. Il était l'enfant illégitime de l'union entre deux essences qui n'avaient aucune connexion entre elles. Qu'il accomplisse ou pas la "mission" pour laquelle il était là n'avait aucune importance parce que personne n'attendait rien de lui, personne ne serait là pour le remercier. La nature était ce qu'elle était, elle s'adaptait à tout, elle n'avait pas besoin d'aide externe, elle n'attendait rien de personne. À croire qu'il était destiné à ne plus être pure énergie depuis le début, la simple action de se matérialiser sous forme humaine pour aider sa forêt n'était pas naturelle et donc il avait changé. Mais il s'était fait la promesse de sauver ses bois alors il le ferait, de plus une part de lui vivait parmi les arbres, s'il lui arrivait quelque chose qui sait quels seraient les effets sur son existence.
Plongé dans sa méditation il se souvint soudain de la raison pour laquelle il était dans cette position peu avantageuse.


Il ne devait plus détruire ce qui l'entourait et il devait aider les autres. Même s'il ne redeviendrait jamais ce qu'il était, il restait convaincu que l'harmonie entre les deux êtres était la solution à leurs problèmes, si lui pouvait changer sa nature, la Darkness le pourrait aussi sans aucun doute. Il se releva et regarda autour de lui, ses forces étaient moindres et il ne pourrait sans doute pas reprendre sa forme élémentaire, de plus ses pouvoirs étaient limités par sa faiblesse et son corps était douloureux. Il devrait faire attention. Il se concentra, les racines qui formaient le cocon se retirèrent et replongèrent dans le sol pour reprendre leurs places respectives. Lui pour sa part était sous sa forme humaine, toujours nu..et congelé. Ses poils se hérissèrent face aux courants d'air humides des bois. Il observa la scène devant lui. La vampire venait de plaquer le lycan, qui semblait perdre de plus en plus le contrôle de lui même, il chercha alors le jeune Natsume des yeux lorsque sa voix se fit entendre.


L'élémentaire écarquilla grand les yeux, les souvenirs de Calions lui murmuraient quelle était la nature de l'impression qu'il avait en ce moment: celle de sortir du sommeil. Rien ne semblait logique. L'humain était perché sur une branche et semblait avoir repris le contrôle de lui-même, les rôles s'étaient totalement inversés. Il s'interrogea sur la Darkness, pourquoi était-elle partie, allait-elle bien? ces questions trouvereraient leurs réponses plus tard. Il fallait semblait-il s'occuper maintenant du lycan qui risquait de perdre son emprise et, effectivement, comme le disait Natsume, l'affronter n'aiderait en rien.

*D'autant plus que tu risques d'y laisser des branches."

Il ne put s'empêcher de lâcher un rire discret à cette remarque originale, jusqu'au moment où il se rendit compte que cette phrase n'était pas née de son propre esprit. La voix venait encore une fois du plus prodond de sa conscience. S'il était la fusion de deux âmes il n'était censé être ni l'esprit ni l'humain mais les deux simultanément, ce qui ne semblait pas être le cas. Par moment la partie de l'esprit qui le composait se manifestait sous forme d'instinct, de sentiment, d'impression alors que la partie humaine, celle de Calions, se manifestait sous forme de phrases sorties de nulle part. La fusion était pourtant parfaite étant donné qu'il s'acclimatait de plus en plus à son statut actuel, alors pourquoi cette fissure en lui? son état de fatigue intense lui répondit: quand il était faible, physiquement mais surtout mentalement, son esprit se scindait en quelque sorte en deux, il restait lui mais les origines de son esprit se manifestaient plus ou moins l'une et l'autre. Encore un imprévu étrange de son existence loin des limites du naturel.

Quoi qu'il en soit ils devaient maintenant tous s'allier pour discuter avec le lycan. La situation était moins dramatique mais restait tendue. Il invoqua des sortes de lianes qui saisirent l'humain pour le déposer délicatement sur le sol avant de retourner se lier aux arbres. Il s'adressa à lui tout en souriant, encore une fois, comme pour faire comprendre qu'il s'adressait aussi à l'entité qui habitait le corps.


Il se dirigea ensuite vers le lycan, toujours à terre, pour s'adresser à lui comme un humain pourrait s'adresser à une connaissance dans la rue. Il se pencha et le regarda à la manière d'un enfant exposé à une situation nouvelle et amusante. Les lycans avaient vraiment des capacités surprenantes. Il lui parla d'un ton bien étrangement détendu, la remarque de son côté humain l'avais mis de bonne humeur, l'humour était un comportement étonnant de la part des Hommes dans certaines situations. Sans doute manifestait-il cette attitude parce qu'il pensait que le lycan était grandement capable de se contrôler maintenant que tout le monde avait un comportement relativement posé et non agressif.

"Vous allez bien? vous pouvez vous calmer maintenant, Natsume va mieux !"

Il tendit naïvement sa main pour l'aider à se relever, la situation devait-elle encore dégéner ou pas?

Danaliel était devenue comme fous depuis que la vampire avait osé l’interrompre, contredire ce qu'il affirmait, sa seule et unique vérité. La voix de ceux qui marchaient dans la nuit, la voix de la force, faire de sa faiblesse unearme pour devenir intouchable. L'envie de lui arracher la tête lui traversa l'esprit, mais sans qu'il ne puisse agir elle le plaqua au sol, le projetant de la branche ou il se tenait. La douleur qui traversa son dos fut brève mais forte, il croisa le regard de la vampire un bref instant, avant de la repousser d'un geste de la patte.

Elle était forte, mais aucun être ne pouvait surpasser physiquement un lycan en colère. Il n'avait plus envie de tuer, il se rendit simplement compte que la darknesse se jouait de lui. Utilisant sa haine et sa bestialité pour transformer cette nuit en un drame sanglant. Cette idée, cette chose lui traversa l'esprit apaisant sa haine relativement vite. Ses yeux se perdirent dans le ciel étoilé, ou les branches se lamentaient dans de fin craquements. Peu à peu il redevenue un être humain, du moins en apparence. Son pantalon était déchiré, son caleçon explosé, ses chaussures troués et son corps humide par la transpiration du à l'effort. On pouvait l'entendre respirer rapidement, on sentait en lui le souffle du désespoir. tout ce qu'il avait dit à Natsume était vrai, il voulait voir ce monde succomber aux flammes pour voir renaître des cendres un monde encore meilleur. Un monde à son image, un monde qui n'aurait que pour seule règle la survie, qu'importe la méthode, vivre part tout les moyens comme on l'entendait. Un sourire fatigué se dessina sur son visage, il voyait une main tendue vers lui, il ne put s'empêcher de lâcher:

-Je peux me relever seul, en revanche je vous tiens tous responsable de l'état de mes frusques bandes de dégénérés!

Il se releva s'aidant de la main qu'on lui tendait. Il s'approcha de la vampire qu'il avait repoussé sous sa forme lycanne. Il s'en voulait, mais en même temps, s'en prendre à un lycan dans tout ses états n'été pas la chose la plus judicieuse à faire. Surtout quand ce dernier voulait tuer quelqu'un qui plus est un ami! Du moins quelqu'un qu'il considérait comme tel. Il s'approcha, toujours torse nue, les vêtements en lambeaux, demandant à la vampire:

-Vôtre témérité aurait pu vous coûter chère très chère, faites plus attention à vous dame vampire.

Il essaya de l'aider à se relever la prenant par la main le plus gentiment possible. Mais ses yeux trouvèrent très vite ceux de Natsume, l'échange de regard sembla durer un certain temps, le sourire avait disparut pendant tout l'échange. Laissant place à une mine rassemblant, amertume, excuses, amitié, amusement, peur, puissance, vérité, le fait que les masques étaient tombés et surtout joie de le voir encore en vie. Une fois la vampire sur pieds, il prit la direction de la ville, ramassant son manteau de cuir sur l'herbe calciné. S'adressant en souriant de plus bel au groupe:

-Cette nuit été amusante, au plaisir de vous revoir! Enfin, si vous êtes encore en vie après que le soleil ce soit levé bien sûre...

La précédente scène avait du paraître étrange aux yeux du garçon possédé. Chacun des trois l'avait prit à part un instant afin de le raisonner, de s'en faire un allié pour la destruction ou de l'empêcher de céder à la violence. Aucun des trois être ne s'était concerté sur la meilleure façon d'agir, chacun avait essayé quelque chose, mais que ce soit parce que l'une de ces tentatives avait fonctionné ou non, l'homme semblait revenu à lui. La vampire avait toujours un regard posé sur le lycan, se demandant si elle avait agit correctement. D'un côté elle se disait qu'elle aurait pu être moins brusque, mais de l'autre il était évident qu'il aurait suffit d'un mot de Natsume et ce carnassier en aurait fait de la chair à pâté! Au fond, l'éloigner en vitesse n'avait été qu'une mesure de sécurité. Du moins, c'est ce qu'elle se disait. La vérité étant qu'Eleonor, dont la haine pour les lycans était viscérale, bien que refoulée, aurait bien aimé le frapper davantage. D'autant plus que la créature appelé darkness, bien qu'elle en ignorait alors le nom, avait le pouvoir de semer le chaos et la dissension autour d'elle, et la vampire en avait bêtement été victime.

Lorsque la vampire vit l'élémentaire tendre la main vers le lycan, elle eut une légère inquiétude pour lui. Le lycan paraissait s'être calmé, mais jusqu'à quel point? L'homme lui parlait si doucement, et avec un sourire en plus! Pourquoi agissait-il de façon si…gentille avec tout le monde, même ceux qui lui ont fait du mal? Comment pouvait-il rester si tendre sans céder à la colère ou du moins à l'amertume face à tant de violence? C'était non sans tristesse qu'Eleonor se dit que si le pauvre homme agissait comme ça, il devait prendre des coups souvent. Heureusement pour lui, le lycan semblait avoir perdu de son agressivité et revint à sa forme humaine, ses vêtements devenus des haillons à travers lesquels on pouvait aisément voir. Bien dites donc, personne n'a de pudeur ici. Le lycan lui adressa un commentaire quelque peu menaçant, auquel Eleonor ne comptait pas répondre. Malgré la tension qu'il y avait entre les deux êtres, elle se laissa gentiment tirer à lui alors qu'il l'aidait à se relever, une expression neutre sur son visage, bien qu'en le regardant, elle eut un tremblement de la lèvre supérieure, un seul, qu'elle ne pu cacher, et qui disait tout. Elle ressentait un étrange mélange de mépris, de colère et de dégoût face à cet être répugnant et insolent, habillé de loques. C'était instinctif, mais malgré ses envies belliqueuses, elle se contrôlait bien. Elle lui dit tout de même.

-Si j'ai survécu jusqu'à maintenant, c'est que je connais les risques que je prends.

Sa voix était tout aussi neutre que son visage. Elle aurait voulu ajouter une réponse cinglante, mais se retint, car ce n'était pas le moment, maintenant que l'ambiance était redevenu relativement calme, de s'insulter. Puis elle vit le lycan prendre ses affaires et partir, tout simplement. Elle le regardait sans trop comprendre, il quittait d'une façon si abrupte que cela rompait totalement avec ce qui était en train de se passer. Mais au fond, son départ ne faisait que diminuer les chances de conflit.

-Hé bien, nous voilà seuls maintenant.

Elle avait pensé remplacer ''seul'' par ''débarrassé'', mais cette envie ne passa pas ses lèvres. Elle observa les deux hommes restant. Le garçon semblait revenu à lui, d'ailleurs tous trois semblaient aller bien. Y avait-il pour elle une raison de rester? Elle pensa un instant s'excuser pour partir également, mais elle n'en avait pas envie, et il lui semblait que ce n'était pas finit. Elle voulait comprendre ce qui s'était passé, et qui était cette femme qui aurait pu la tuer. Elle savait que ces questions concernant cette étrange créature occulte la dévorerait si elle ne les posaient pas. Et la vampire aurait également voulu savoir pourquoi l'autre homme était nu, question beaucoup moins essentielle, mais qui titillait sa curiosité et ce, bien qu'elle savait qu'elle n'oserait pas le lui demander. La bataille était manifestement finie, du moins la vampire l'espérait, et elle se demandait maintenant ce qui allait se passer. D'un naturel taciturne, elle fit tout de même un effort et posa une question qui la démangeait, à l'intention de Natsume.

-Hum, Natsume, c'est bien ça? Alors, puisque maintenant vous êtes manifestement revenu à vous, puis-je vous demander: qui était cette femme qui m'a attaqué?

Eleonor regarda le trou de la grosseur d'un poing dans son chandail au niveau du flanc, taché de sang, et mit une main dessus, bien que la douleur s'était résorbé. Elle ajouta, afin d'éviter d'être mal comprise.

-Rassurez-vous, je ne vous en veux pas, car je sais que ce n'était pas vous. Je suis juste curieuse.

Elle eut un sourire pour la première fois de la soirée, joli et franc, typique de sa race, qui souvent mettait les gens en confiance.