Une nuit noire

Je marchais depuis déjà plusieurs jours. J'avais fait quelques arrêt dans des hôtels de seconde zones où j'avais pû profiter des plaisirs d'un repos bien mérité et d'un repas bien chaud de peur et de douleur. Quel délice de savourer la misère des gens surtout quand mes victimes sont un couple d'hôteliers tout juste marié... enfin qui l'était avant mon arrivée chez eux. Aujourd'hui je pense surtout que le mari doit flotter dans la rivière à côté du bâtiment...
Enfin bon en cet instant je savourais surtout la douceur de la nuit tandis que je marchais sur le rebord de la route en direction de l'Aventura. Bélial m'avait parlé de cette ville et je comptais m'y poser pour savourer le malheur qui y régnait. La douceur de l'air me faisait du bien et j'en oublier le froid habituel qui me rongeait les os. Les étoiles scintillaient sur la voute célète mais je préférais l'ignorer de peur de me laisser aller à un espoir vain de liberté.
Je repensais aux miens et à leur mort tout en marchant d'un pas tranquille vêtu uniquement d'une robe simple noire sous ma forme humaine. Aux premiers abords je devais surement ressembler à une folle vampire vu que j'avançais pieds nu et que mes prunelles scintillaient d'un halo rouge mais on peut dire que j'était plus que ça. Les vampires n'étaient à la base qu'une essence du mal alors que moi j'étais les ténèbres incarnées et cette pensée me fit sourire.
Oui je jouissais du sang et du malheur des autres avec un plaisir non dissimulé. La douleur des créatures vivantes m'exultait d'un bonheur divin et la sensation de me venger enfin des autres m'effleurait. Je souris à mon raisonnement et une envie de venger me titilla. Heureusement je venais de pénétrer en ville où bon nombre d'âmes auraient la chance (ou plutôt le malchance) de me connaitre.
Mais pour l'instant je me mis à la lumière d'un réverbère -l'ombre me rendant ma forme semi-humaine- et huma l'air ambiante, remplis d'ondes néfastes qui me remplirent d'exitation. Une nuit noire commençait, anonciatrice d'une ombre sur la ville de paix...

Je fermais les yeux et savourais les délices qui me parvenait à mes narines car contrairement aux humains qui n'avait que des sensation d'atmosphères lourdes ou légères, moi je ressentais d'ou ça provenait et souvent sur plusieurs dizaine de mètre. Ainsi je pouvais repérer les points de malheurs afin de pouvoir aller me nourir plus facilement comme un prédateur reniflant sa proie.
Puis peu à peu, une odeur me parvint. Celle-ci ne dévoilait aucune crainte quelconque ce qui m'agaça quelque peu. Il faut dire que la peur était ce qui me permettait de vivre et si les créatures ne venait à ne plus rien craindre que devrais-je manger...?
Enfin bon je rouvris mes yeux, sentant la créature venir à moi ce qui m'ingriga le plus car en général, c'était moi qui venait aux autres et non l'inverse. Il faut dire que l'aura qui m'entourait avait tendance à créer un mur invible que peu de gens venait briser.
Pourtant ce jeune fou s'aventura dans ma bulle et je releva ma tête tandis qu'il me saluait aimablement malgré son sourire ironique.

Je le fixais de mes yeux de sang et l'observa, le trouvant très décalé pour l'époque actuelle ce qui me fit penser qu'il n'était pas plus humain que moi. De plus sa chevelure blanche et ses prunelles rouges n'avaient rien non plus d'habituel pour les terriens à moins qu'il fut albinos... Mais le pire était l'absence de peur en lui bien que je sentais de la honte en son âme. La simple parfums de ce sentiment fit étinceller mes yeux et un sourire affamé apparu sur mes lèvres.

"Bonsoir monsieur."

Politesse assez ancienne aujourd'hui. Elisabeth avait l'impression de glisser dans son passé, à l'époque où les rois gouvernaient la France et où la guerre se faisait à coup de cheval et d'infanterie. La Darkness s'inclina légèrement sans pour autant quitter des yeux le visage du vampire comme pour y déceler le moindre signe évocateur de sa race. Ses lèvres reprirent leur position initial, redonnant au visage de la démone ses traits de statue.

"Sans vouloir vous offensez, vus semblez bien perturbés emotionnellement... Un soucis vous tracasse...?"

Elle n'avait pû se retenir, déjà avide de toucher les faiblesses des autres pour qu'il s'ouvre à elle et à sa faim sans borne. A croire que le malheur ne la satisfaisait jamais assez... Son sourire réapparut et elle s'appuya sur le lampadère, ravie de pouvoir enfin jouer avec une première victime... à moins qu'il titille sa curiosité...