| par Invité Mar 6 Juil - 16:01
| Elle ne cherchait pas à l'agacer, c'était lui qui l'agaçait profondément. Cependant, au fond d'elle, elle voulait lui rendre la pareille et rien que de par son attitude elle le provoquait sûrement un peu plus. Un regard, un ton de voix, une mimique. Tout pour lui montrer qu'elle se moquait éperdument de ce qu'il prenait à cœur: sa foutue carcasse -qu'il lui avait piquée - et sa viande. Après tout, s'il ne comprenait pas qu'elle n'avait pas aimé le goût de la viande parce qu'elle n'avait su lui infliger qu'un coup de grâce, cela le regardait. Elle voulait cette proie, c'était tout. Il ne disait rien, mais cela se sentait aisément quand quelqu'un était sujet à des sentiments forts. La colère, la jalousie, l'envie, l'amour, la haine, etc. Dans le cas présent il était sujet à l'un de ces sentiments et elle optait pour la colère plus qu'autre chose. Elle le défiait plus ou moins, non pas sur un niveau physique, car il aurait amplement le dessus et la question aurait été vite réglée. Mais plutôt à un niveau mental, voire psychologique. Il était le plus fort certes, mais elle se jouait tout de même de lui, elle jouait avec lui.
Elle pouvait sentir son regard et bien que flatteur, cela commençait à l'agacer légèrement. Le jeu était à double sens dans tous les cas, il n'allait pas se laisser faire. Étonnée de voir qu'il la laissait partir, elle se redressa lentement, tout en veillant de prendre appui sur la jambe droite afin de ne pas avoir à rester de marbre quand elle sentirait la douleur dans ses côtes. La transformation serait sûrement douloureuse. Enfin, plus douloureuse que d'ordinaire. Malgré ses années d'expérience dans le domaine de la métamorphose, elle n'avait nullement accru sa force physique de manière à pouvoir défier une autre créature que les êtres humaines. Elle avait gagné en force, en souplesse, en rapidité et elle avait aussi réussi à apprendre à gérer sa douleur. Mais elle faisait face à quelque chose d'inconnu et elle ne savait combien de temps elle allait pouvoir continuer à jouer. Chaque transformation lui coûtait un peu plus d'énergie et elle était déjà fatiguée à force de jouer au chat et à la souris.
Ses coups d'œil lancés en coin, ou même le regard rivé sur lui ne lui apprenait rien de plus sur l'homme. Il fermait les yeux à présent. Un sourire malin se dessina sur ses lèvres, ses yeux devinrent rieur. De son point de vue, elle avait un homme qui l'avait contemplée nue, qui l'avait coincée, surplombée même. Il n'était donc pas du genre à détourner le regard, gêné ou humble, non non, sinon il l'aurait fait depuis longtemps. Cela signifiait donc que cette pause qu'il prenait était pour se maîtriser. Il ne semblait pas être en train de maîtriser sa colère, mais de maîtriser plutôt son envie. Le compliment était touchant et lui allait droit au cœur. Il était quand même plus jeune qu'elle de toute apparence. Jusque là, elle avait plus ou moins compris, ce qu'elle ne pouvait comprendre, voir ou interpréter était l'origine même de cette envie. Cette envie certes physique qu'il contrôlait n'était que celle de sa soif de sang. Mais comment l'aurait-elle deviné? Il n'était pour elle qu'un lycanthrope et un homme. Elle ne connaissait rien de lui, ni de ses origine.
Profitant alors de ce compliment, qu'elle pensait, qu'il lui faisait, elle se détourna lentement. Elle allait le narguer un peu plus avant de redevenir louve. Après tout il s'était levé et la laissait partir, donc elle n'avait aucun besoin pressant de partir tant qu'elle sentait ce regard ou qu'elle se savait désirée. Elle préférait le voir comme cela plutôt que d'admettre qu'elle avait affreusement mal et qu'elle était sûrement une petite chochotte qui s'était habituée à la ville qu'elle détestait tant et à ce mode de vie humain qu'elle cherchait à fuir en venait dans la forêt.
Elle réprima un frisson. Était-ce le vent sur sa peau? Était-ce le regard ambré qui balayait son corps? Ou était-ce son imagination?
Avant qu'elle n'eut le temps de faire le choix quelque chose, ou plutôt quelqu'un lui empoigna le poignet, le tordant de manière à lui bloquer le bras et l'empêcher de fuir. Son cœur fit un bond dans la poitrine quand elle comprit qu'il n'y avait qu'une seule chose pour décider de l'empêcher de partir. Elle inspira, cherchant à emplir l'air dans ses poumons, par réflexe, mais sa respiration se bloqua. Tout cela ne faisait que la précipiter vers une chute inévitable: sombrer dans une peur qu'elle ne pouvait contrôler. Mais elle s'y refusait, sa logique, revenait sans cesse à la charge pour dominer l'instinct animal quand il flanchait. L'homme ne pouvait faire qu'une chose pour vouloir la garder à ses côtés. Il gardait très certainement des atouts physiques de sa race même sous forme humaine, mais elle ne se laisserait pas faire. C'était ce qu'elle se disait, mais elle ne pouvait empêcher son cœur de battre plus vite qu'à la normal. Dans ces cas là, on avait toujours l'impression de ne sentir que son cœur, de n'entendre que ses battements. Elle sa cambrait, par réflexe aussi, pour essayer de se défaire de cette poigne, pour éviter la douleur qu'il pouvait lui causer.
Le contact de son deuxième bras qui vint renforcer sa position dominante, le torse nu, vint à la rencontre de son dos nu. Tout lui faisait l'effet d'un geste passionné, son cerveau identifiait cela à une expérience déjà vécue, une rencontre tout à faire voulue et partagée. Elle ne bougeait plus, essayant de balayer de son esprit la moindre pensée, essayant de se concentrer pour regagner sa forme lupin. Mais un autre contact au niveau de son cou la désarma une fois de plus, la chaleur qu'elle pouvait sentir contre son dos, la déstabilisait déjà assez, pour ne pas avoir à souffrir il fallait qu'elle accepte ce contact et qu'elle se méfie de ne pas s'y appuyer. Tout son corps avait beau vouloir répondre malgré elle à cette appel, elle était alarmée, la suite des évènements était assez prévisible si elle se laissait ainsi faire. Il fallait non seulement qu'elle se calme, mais qu'elle retrouve ses esprits. Elle ferma les yeux, essayant d'ignorer la chaleur d'un corps nu contre le sien, essayant d'oublier la caresse sensuelle et des sensations qui s'en suivaient d'une langue contre cette peau à des endroits sensibles comme le cou.
Elle amorça alors la métamorphose, elle pouvait déjà sentir ses muscles se tendre, elle cambre encore plus le dos, ses ongles se durcissaient … ne se durcissaient pas? Pourtant la douleur... dans le cou? Elle ouvrit les yeux soudainement, perdue et troublée. Elle venait de localiser la douleur mais ne comprenait pas encore. Et puis pourquoi comprendre après tout? Elle ne cherchait plus tellement à esquiver la douleur dans son bras, trouvant qu'il était très agréable de se laisser bercer dans des bras puissants, d'être soutenue contre un torse fort et musclé. Elle ne sentait à présent rien d'autre que les dents, longues, dures, pénétrer sa chaire. Elle y songeait d'ailleurs à cette pénétration, elle sentait le sang s'échapper de cette endroit où les dents étaient plantées, les battements de son cœur étaient plus rapides, tout comme sa respiration se fit plus lourde. Elle se laissait totalement aller, elle se mordit la lèvre inférieure, la retenant pour retenir elle-même, pour réfréner son envie. Elle ne comprenait toujours pas ce qu'il lui faisait, mais c'était bon. Non, c'était divin. Divin … un mot qu'elle n'employait jamais et qui était bien contradictoire étant donné ce qu'il faisait et ce qu'il était... Mais qui était-il? Ou qu'était-il?
De loin, sa conscience vint lui rappeler qu'elle avait mal, qu'elle était dans une forêt, qu'elle n'avait rien à faire là. Elle ouvrit la bouche pour lui dire qu'elle devait partir pour aller chercher ses vêtements, mais elle n'en avait ni la force, ni l'envie. Elle ne voulait pas que cela s'arrête. Et à peine qu'elle avait formulé cette pensée qu'il se détacha d'elle, la laissant choir, seule, à terre. Elle était encore en plein délirium, son corps et son esprit n'étaient tournés que vers une chose, le désir. Un feu alors insoupçonné brûlait à l'intérieur d'elle, elle voulait, avait besoin qu'il lui apporte sa chaleur. Elle voulait sentir à nouveau quelque chose de chaud contre elle, en elle. Elle voulait sentir à nouveau cette pénétration. Elle se tourna, se ramenant sur elle-même, pour garder ce qu'elle venait de vivre pour elle, rien que pour elle. Elle ferma à nouveau ses yeux, elle avait grand besoin de dormir, de se reposer. A son réveil peut-être qu'elle se serait calmée et qu'elle pourrait partir? Elle serra ses cuisses, comme si cela allait l'aider à réprimer cette envie surnaturelle.
Plus rien ne bougeait dans la forêt si ce n'était les arbres qui dansaient avec le vent, les feuilles qui virevoltaient de ça et de là et peut-être une mèche de ses cheveux de temps à autre. Comme dans un rêve déluré, le temps et l'espace n'avait aucune importance. Elle se moquait de tout et de rien. Tout lui semblait trouble, la tête lui tournait, les ombres et la lumière formait un jeu de couleur des plus intriguant, lui donnant l'impression de vivre dans un tableau de Monet ou de tout autre impressionniste. Elle laissa sa tête tomber au sol, tendant le cou dans la direction inverse de son corps, rompant la position fœtale pour laquelle elle avait opté, quelque chose de grand, droit et de sombre était juste là. Ah oui c'était l'arbre de tout à l'heure! Il avait arrêté sa course si elle se rappelait bien. En plein délire, elle tendit le bras vers l'arbre, le pensant assez proche pour prendre appui dessus, mais elle ne le frôla même pas. Elle sentit le sang couler le long de son cou, depuis la plaie encore ouverte, elle décida alors de replier son bras vers son cou et elle essuya d'un revers de main le sang qu'elle contempla un instant.
- C'est toi qui m'a fait ça, avoue...
Elle rit doucement, puis toussa légèrement, peinant à prendre son souffle. Elle parlait à l'arbre et riait toute seule, se demandant à quel moment son cou avait pu s'accrocher à une branche basse, car elle ne s'en rappelait pas le moins du monde.
Un flash. La chaleur. L'envie. Un homme. Sa tête lui tournait encore, mais elle se redressa. Elle ne parvenait pas à faire ce qu'elle voulait de son corps, voulant toujours retrouver l'aspect de la louve qu'elle était vraiment, mais n'y arrivant pas. Pourquoi avait-elle mal? Ah non c'était qu'elle ne le voulait plus, elle se sentait trop bien. Elle referma les yeux, essayant de s'enivrer à nouveau de ce plaisir. Elle ouvrit les yeux, frustrée, elle n'arrivait pas à se rappeler, elle n'arrivait pas à retrouver cette sensation. Ses yeux lui jouaient encore des tours, les tâches de couleurs, d'ombre et de lumière changeaient, lui rendant sa vision par moment. Ce n'était pas un arbre c'était un homme qui la fixait. Que faisait-il là la regarde? N'y avait-il rien qu'il ne puisse faire pour l'aider?
Demeurant assise, elle secoua sa tête pour retrouver ses esprits. Elle ne s'était jamais droguée et n'avait jamais prit une cuite même si elle était souvent sortie et appréciait les fêtes avec ses amis. Qu'est-ce qu'il lui avait fait? Et cette morsure au cou?
Un flash. Les animaux éparpillés. Un massacre ensanglanté. Il s'abreuvait au cou d'un de ces cervidés en la contemplant auprès de l'eau... Il s'abreuvait … Ces loups-garous n'avaient nul besoin de sang pour vivre. Les vampires si. Serait-ce donc une créature bâtarde? Elle cligna des yeux, le soleil venait de poindre entre quelques feuilles, le rayon l'aveugla momentanément et lui accru son mal de crâne. Elle plissa des yeux, le scrutant. Elle se rendit compte qu'elle avait reposé sa main sur cou, le sang coulait toujours, mais plus lentement et en quantité minime.
- Avoue!
Elle mit un peu plus de force dans ce dernier mot. Elle le fixait, plus agacée que jamais, pourquoi lui avait-il fait ça? Pourquoi s'était-il arrêté là? Cela faisait partie de son plan ultime pour gagner leur jeu. Mais après tout ... y jouait-il vraiment à ce jeu, n'était-ce après tout pas uniquement des fabulations qu'elle avait imaginé? Elle était douée pour imaginer. Elle était douée pour avoir des impressions, ressentir des choses... Elle était une femme.Elle voulait redevenir louve, mais ne pouvait fournir l'effort nécessaire. Elle voulait s'éloigner de cet hybride et ce le plus vite possible. Elle voulait oublier qu'elle venait de s'abandonner à un plaisir qu'il venait de lui procurer...
Elle posa son regard sur sa main, son bras lui semblait un peu plus blanc, cela venait sans doute du sang qu'il lui manquait. Elle leva à nouveau sa main, son bras tremblait légèrement de l'effort fourni, elle tendit sa main en l'air, et écarta les doigts, perdue dans la contemplation de son sang. Il avait séché sur sa main et lorsqu'elle l'étirait ainsi elle pouvait le sentir craqueler sur sa peau, la tirant légèrement. Sa vue, centrée sur sa main, passe en arrière-plan. Il était toujours là. Elle pencha la tête, la reprochant de son épaule droite, elle abaissa la main qu'elle maintenait encore dans les airs.
Retournant à ce jeu dont les règles évoluaient au fur et à mesure, au gré de son humeur et de ses envies. Elle approcha sa main de son visage et lécha le sang sec qu'elle avait sur sa main. Pour une humaine c'était ridicule, mais la louve savait qu'elle était blessée et voulait panser la blessure. Elle ne le quittait plus des yeux, désireuse maintenant de voir ce qu'il ferait.
Le regard noisette se durcit soudain. Elle ne le jugeait pas, mais elle se demandait si c'était encore juste un de ces hommes, de ces êtres pathétiques qui tiraient ce qu'ils voulaient d'une femme et qui les laissaient seules, démunies, meurtries, là où elles étaient. Il n'était pas un homme ordinaire, mais au final valait-il mieux? Elle laissa sa main retomber sur une de ses cuisses, elle rompit alors le regard avec lui, suivant sa main du regard. Son regard prolongea la courbe que formait la cuisse, et s'arrêta sur la touffe de poils, il se figea et se durcit. Elle n'était pas une femme non plus. Elle ne s'attendait donc à rien de sa part, à vrai dire, elle n'avait jamais rien attendu de personne. D'un geste désinvolte elle lui indiqua qu'il pouvait poursuivre sa route, à présent elle ne voulait plus rien. Son entrain et son engouement de tantôt avaient disparus. |
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