[Suite d'
un chien, juste un chien.]
Autant la ville pouvait être bondée et bruyante, autant le parc pouvait faire oublier à tout un chacun qu'on venait d'en sortir.
Autant le ciel pouvait être gris en ville, autant il était bleu, dégagé et pur lorsqu'on se retrouvait dans le parc.
Sachant tout cela, qui ne voudrait pas venir au parc se ressourcer?
Laëllyra se retint de courir vers l'herbe et de s'allonger dans l'herbe, repoussant son instinct féérique au plus profond. Elle se tourna vers Seiji, elle arborait un sourire radieux.
- Merci!Jamais un merci n'avait été aussi spontané, heureux et sincère.
Jamais un simple mot ne pouvait contenir autant de gratitude.
Jamais quiconque n'avait vu cette expression sur le visage de la jeune femme qui faisait tout pour être distante, froide, et posée.
Elle tournait la tête dans toutes les directions, elle pouvait sentir l'herbe se plier sous la brise, elle pouvait voir les fleurs se tourner vers le soleil, elle pouvait entendre le bruissement des feuilles du chêne qui se trouvait à une vingtaine de mètres de là. Elle s'immobilisa, ferma les yeux et joint ses mains, elle savourait ce mélange de sentiments et d'impressions, oubliant cet aspect incongru qu'elle devait avoir, ignorant les personnes qui l'entouraient qui auraient pu la prendre pour une folle... oubliant même Seiji qui avait eu la bonté de la guider et de l'accompagner jusqu'ici.
Elle inspira, ouvrit les yeux, ses yeux d'un bleu profond avaient pris une légère teinte violette. Jamais elle ne s'était sentie aussi paisible et sereine depuis qu'elle était arrivée à Avventura.
- J'ai l'impression d'être revenue chez moi, à des années d'ici et il y a bien longtemps.Elle se retourna vers Seiji, elle savait qu'il était, savait qu'il l'avait vue et se moquait éperdument de ce qu'il pouvait penser d'elle. Elle essayait juste d'oublier une chose, ce qui c'était passé et qui avait fait qu'elle avait préféré partir, qu'elle avait voulu se défaire de tout ça. Elle se rendait compte qu'elle ne pouvait renoncer à qui elle était au fond d'elle, mais pour le moment elle voulait l'oublier aussi.
Ses yeux glissèrent vers les bancs, ils étaient tous rapprochés du chemin et d'autres bancs. Des passants bruyants, il y en avait trop à son goût, elle voulait être tranquille. Elle tourna sa tête vers l'herbe, des couples étaient éparpillés ça et là, de jeunes familles profitaient de temps ensemble. Oui, mieux valait partager un bout d'herbe avec des gens qui voulaient une atmosphère rien qu'à eux, qu'un bout de banc partagé avec un petit vieux qui nourrissait des canards et qui n'avait rien d'autre à faire qu'examiner tout ce qui passait.
- Hmm... Elle s'était avancée vers le coin qu'elle trouvait parfait, elle avait naturellement pensé que Seiji allait rester avec elle, mais peut-être que contrairement à elle, le parc ne le ressourçait pas, qu'il ne l'intriguait pas. Peut-être même qu'il n'allait rien dire ou faire avec tous ces gens qui les entourait, les humains avaient des réactions excessives et méchantes quand ils se rendaient compte de l'anormalité des autres.
Elle s'assit tout de même et garda un œil sur Seiji, essayant d'anticiper ce qu'il allait dire, essayant de comprendre ce qu'il pouvait penser dans sa petite tête de chien. Elle tapota la place à côté d'elle, l'invitant à prendre place à côté d'elle.
- On dirait qu'il n'y a pas de marchands ambulants ici... Peut-être qu'en faisant le tour on en trouvera un, mais si tu permets j'aimerai juste m'asseoir un peu et profiter de l'air.Elle avait chuchoté par réflexe, elle était en train de redevenir la femme associable, méfiante, manquant de confiance en elle. Elle ne voulait pas qu'on la pense assez barge pour parler à un chien, mais elle craignait surtout que les gens se rendent compte que ce n'était pas un simple chien qu'elle avait pour interlocuteur.
Elle posa son sac à main et détacha ses cheveux. Elle secoua la tête pour les libérer et s'appuya sur ses deux mains, elle se laissa aller un peu en arrière, leva la tête et se laissa absorber par la danse des feuilles dans le vent. Elle suivait le veut des yeux. Les humains ne pouvaient pas voir le vent, Laëllyra se demandait si d'autres créatures pouvaient le voir. Elle le pouvait parce qu'elle avait son pouvoir, elle suivit des yeux ce bout de vent et son esprit le fit glisser vers elle, elle s'amusait à l'entortiller autour d'elle, comme une gamine qui se déguisait avec une guirlande qu'elle faisait glisser autour de ses bras et de ses épaules. Elle savourait la douce caresse du vent, et ce, sans bouger. Pour les personnes qui l'entourait, du vent faisait souffler ses cheveux noir de jais.