Une oeuvre pour la liberté [pv | mission | Terminé]

mission août 2022:

La ruelle était plutôt tranquille pour le moment. Le lampadaire cassé t'offrait un camouflage même si ta tenue sombre te recouvrait déjà bien. Tu avais une casquette sur laquelle tu avais mis la capuche de ton sweet noire où l'on pouvait lire Freedom dans le dos. Un short élimé laissait entrevoir la naissance de tes cuisses recouvert d'un collant résille parsemé de trous et d'une paire de chaussures type doc martens mais sans doute bas de gamme et ayant elles-aussi bien vécus au vu du cuir usé. Tu piochais parfois dans ton sac en bandoulière posé contre ta hanche pour en sortir des bombes de peinture et tu dessinais sur le  mur un motif de colombe avec des effets de lumières et un message

*Soyons libre d'être nous-même !*

Ton visage était couvert d'un foulard et seules quelques mèches bleues et tes yeux étaient visibles. D'ailleurs tu avais l'air concentrée sur ton dessin, ne t'arrêtant par moment que pour écouter les bruits alentours pour éviter de te faire pincer. Il te restait encore un endroit à faire mais pour le moment tu t'échauffais car le prochain serait sans doute le plus chaud de la soirée. A cette pensée, excitation et peur se mêlèrent et tu eus un frisson de plaisir. Ha quoi de mieux qu'être dissident pour se sentir vivant ? Un sourire étira tes lèvres et tu te déhanchas un instant sur une musique que toi seule entendait, marmonnant un :

"Bad boys, bad boys whatcha gonna do whatcha gonna do when they come
for you? Bad boys bad boys whatcha gonna do whatcha gonna do when they
come for you?"

La nuit s'annonçait palpitante et tu regrettais presque d'être seule. Après tout ce genre d'activité était tellement plus fun à plusieurs. Un guetteur n'aurait pas été du luxe en plus et un autre pour mettre l'ambiance. Mais bon, on ne pouvait pas tout avoir et puis tu avais l'habitude de bosser seule, le contact avec les autres n'étant pas trop ton fort, il fallait bien l'admettre.

Un bruit t'arracha à ton travail et tu fis volte face, ta bombe de peinture braqué sur l'origine du bruit. Tu avais la pénombre pour toi mais t'avait-on vu ? Ton téléphone éclairait le mur là où tu dessinais donc il était fort probable que oui. Après ce ne devait pas être un flic vu que la personne n'était pas intervenue, aussi tentas-tu un :

"C'est pas beau de reluquer les gens sans dire bonsoir."

En voyant la fille sortir de l'ombre pour passer sous un réverbère, tu te détendis, prenant une pose plus tranquille, baissant ta bombe de peinture, penchant la tête sur le côté en reluquant la nana des pieds à la tête d'un regard narquois, un sourire caché sous le bandana qui couvrait le bas de ton visage.
La demoiselle dégageait un bonheur étrange comme une enfant à qui on avait accordé une sucrerie. Elle te regardait et te questionna sur ce que tu chantais, l'air enjouée. Qu'y avait-il de si incroyable pour qu'elle soit aussi heureuse ? Avait-elle abusé de l'alcool ? Son oeil semblait encore vif pourtant. La drogue ? Non, tu n'en avais pas l'impression. Il ne restait plus que la folie. Ça t'allait, les gens fous sont les plus amusants.

"Yup, le film c'est bad boys."

Nouvelle question sur son minois rayonnant. Elle avais devant elle une fille au visage couvert et ne semblait clairement pas s'en inquiétée ce qui t'amusait d'autant plus. Tu basculas ton poids sur ton autre pied pour pouvoir te tourner vers ton tag pour y jeter un oeil avant de reporter ton regard sur la nana, penchant à nouveau la tête, plissant des yeux sous un nouveau sourire amusé, un éclat dans tes yeux sombres.

"On peut dire ça. La ville est ma toile pour m'exprimer. Ça ne plait pas à tout le monde mais ça, je m'en fous."

Elle s'approcha et tu ne pipas mot, la laissant faire, en apparence détendue. La fille ne semblait clairement pas hostile et n'avait rien d'une flic sous couverture. Elle observait ton dessin, son bonheur restant palpable. Tu continuais de l'observer, la laissant approcher, immobile pour le moment, l'écoutant se présenter un peu maladroitement. Nouveau sourire de ta part, ton regard se plissant une nouvelle fois sous l'esquisse de tes lèvres et ta voix plutôt grave lui répond comme un ronronnement.

"Hel. On me surnomme Hel."

Tout comme elle, tu donnes ton surnom, posant tes yeux dans les siens, passablement amusée par la situation. Elle avait marquée une hésitation lors de sa présentation. Elle ne devait pas être habituée à rencontrer des gens comme toi ou juste à sortir. Pourtant elle n'avait rien de timide en apparence... C'était étrange, amusant certes, mais étrange.

"Ce quartier manque de folie je trouve. Disons que je participe à mettre des couleurs à cette ville de coincés."

Tu t'animes enfin, quittant ton poste d'observation pour passer près de la demoiselle, la frôlant sans la toucher à la manière d'un félin, lui lançant un regard moqueur avant de retourner à ton mur, reprenant ton tag en poursuivant.

"Exprimer son besoin de liberté, de vivre ne fait de mal à personne. Je suis une anarchiste dans l'âme, j'aime dire ce que je ressens et le faire ainsi est plutôt une belle façon de faire je trouve. Qu'en penses-tu ... Vivi ?"

Tu stoppes ton geste et te tourne un peu vers elle, demandant sur un ton plus sérieux.

"Tu n'as jamais ressenti ce besoin viscéral de montrer que tu existes, de prouver que tu es plus que ce qu'on veut faire de toi ?"

Tu reprends ton œuvre tout en l'écoutant, t'arrêtant parfois pour la regarder, finissant les dernières touches de couleurs et les motifs. Puis une fois plutôt satisfaite, tu recules, rejoignant la jeune fille pour regarder de plus loin le dessin et ajoute.

"Moi c'est ma drogue. Faire des trucs fous pour me sentir vivante. On me prive d'un truc, pas grave, je le ferais quand même juste pour te prouver que je fais bien ce que je veux. C'est tellement plaisant de dépasser les limites. Tu te sens vivant."

Tu hochas la tête. En effet, ainsi couverte, la demoiselle devenait discrète et méconnaissable. Parfait. Vous prîtes la route ensemble, Vivi indiquant la route. Tu profitas de cela pour t'allumer une cigarette, tirant dessus tranquillement tout en marchant. La demoiselle semblait heureuse de marcher avec toi et tu repris la discussion l'interrogeant. Sa réponse t'éclairait un peu sur qui elle pouvait être et sa vie. Avait-elle ramené un mec dans sa chambre ? Un coup d'un soir ? Ton regard glissa sur elle et tu eus un doute. Elle rougissait pour des compliments mais était-elle assez sûre d'elle pour oser ramené un mec chez elle et coucher avec ? C'était ambivalent. Mais pourquoi ramener quelqu'un chez elle alors ?

"J'aime bien les histoires. Et on a tout le temps qu'on désire, la nuit est encore jeune."

Une invitation à en savoir plus. Tu étais curieuse quand tu t'y mettais. Tu la laissais continuer à s'étendre, abordant un portrait de sa famille où plus particulièrement de son père. D'ailleurs il avait l'air d'être un homme tout à fait sain et exemplaire de la bouche de sa fille. Enfermer sa fille tout le temps, était-ce vraiment possible ? Et ses études ? A moins d'être une enfant de riche. Après tout ses vêtements neufs et en très bon état et la qualité aussi n'était pas en reste. A côté, tes propres vêtements semblaient avoir fait la guerre. Tu pris une nouvelles bouffée de cigarette et pris la parole.

"Et tu ne sors même pas pour étudier ? Ou alors ton père considère ça inutile ? Perso, j'ai jamais eu ce soucis. Ma famille ou ce qu'il en reste n'est pas contraignante et puis, disons que j'ai plus de bouteille que toi, ça permet aussi d'être plus libre même si à ton âge, je devais sans doute avoir déjà fait les quatre cent coups."

Un léger rire te secoua et tu repensas à ta jeunesse dans les rues, à tes proches et à l'un d'eux en particulier. La belle époque. Tu soufflas un cercle de fumée et repris.

"Après j'ai aussi parfois payé ma volonté de voler de mes propres ailes haha."

Vous vous arrêtâtes au coin d'une rue dans la pénombre et tu vis le panneau qu'elle te désignas. Quelle belle toile que voilà pensas-tu. La belle proposa de briser le lampadaire. Tu observas les alentours, l'air de rien non sans avoir remis ton bandana sur ton nez. Tu t'appuyas contre le mur d'un geste nonchalant, tirant sur ta cigarette, prenant la parole.

"Ne lève pas trop le nez, essaie d'être discrète. A l'angle un peu plus loin, tu as une caméra. Le panneau c'est celui juste au-dessus ? Le lampadaire éclaire la rue, le panneau est dans la pénombre. Je pense que c'est jouable sans avoir besoin de ne rien briser. Si on pète un truc, ça risque d'attirer du monde. Il faut juste esquiver la caméra. Si on contourne, on peut atteindre l'échelle tout en restant hors champs. Cela te convient-il ?"

Tu attendis son assentiment puis fit ce qui devait être fait et tu parvins à monter jusqu'au panneau. Vous n'étiez pas complètement invisibles, vos vêtements noirs ressortant de la toile blanche derrière vous mais il fallait vraiment lever le nez pour vous voir. Tu retiras ton sac de ton épaule et le tendis à la belle blonde, l'ouvrant pour te saisir d'une bombe et  te figea, cherchant quoi faire puis commença à tracer tes traits, esquissant le début tout en reprenant la parole.

"Après j'ai envie de te dire que tu es une grande fille princesse. Que ton daron te tienne par la menace, l'argent, la pression, les coups, que sais-je, tu restes reine de ta vie tu sais ? Après si tu as peur du prix à payer, c'est clair que c'est mieux de rester dans les rangs. Je ne dirais jamais à quelqu'un de foncer vers l'inconnu sans réfléchir... même si c'est plus excitant."

Un sourire qui sembla légèrement se ternir quand ton regard se posa sur elle.

"Car parfois, le prix est cher payé donc prend le temps de peser le poids de tes actes. M'enfin j'dis ça mais perso, je ne suis même pas mes propres conseils haha !"

Ton léger rire s'envola doucement et tu reportas ton regard sur le mur, continuant d'esquisser tes traits rapidement, la main sûre.

L'école à la maison. Sa voix s'était altéré à l'évocation de ce sujet. Cela te suffit avec ses propos pour envisager ce qui s'était passé. Peut-être était-ce parce que la rue n'épargnait pas non plus certaines horreurs. Pourtant tu ne creusas pas plus loin le sujet pour confirmer tes doutes. A quoi bon ? Cela avait toujours existé et existerais encore pour des siècles et des siècles, tu en étais certaine alors à quoi bon évoquer cette réalité que tout le monde préférais ne pas voir...

Tu changea de sujet à moins que ce ne fut elle, continuant d'évoquer sa vie mais sous un autre angle. Tu parlais de liberté, de prix. Tu n'étais pas une grande dame ou une penseuse. C'était ta propre vie et tes expériences qui t'avaient forgés. Tu n'étais pas une belle pierre poli, tu étais une oeuvre brute taillée dans la violence. Tu avais parfois de grands airs mais trompait-il vraiment leur monde ?

Tu écoutais Vivi parler de sa famille. Tiens une mère alcoolique. Ses parents semblaient être des personnes tout à fait charmantes. Ton regard se posa sur elle alors qu'elle cherchait ses mots sur ce qu'elle voulait. Puis vint la vérité, celle d'une enfant cherchant de l'attention en détruisant l'oeuvre de ceux qu'elle avait aimer mais ne comprenait pas. Après tout n'était-ce pas la définition de la haine ? En venir à haïr ce qu'on ne comprend pas. Tu penchas la tête, observant ses traits si jeunes et pourtant cet esprit déjà profondément blessé. Tu restais silencieuse et secoua simplement la tête alors qu'elle s'excusait, sortant enfin de ton mutisme.

"Du tout. Je connais ce sentiment. Passer de l'amour à la haine, la ligne est si fine. On pense que l'autre sera là pour nous et puis on comprends qu'on est seul et que cette plaie qui s'est ouverte est l'oeuvre de cet autre qui nous été si cher. Haha. Cela me fait penser à une vieille chanson. Attends."

Tu sors ton téléphone et tends un écouteur à la demoiselle puis met l'autre et sélectionne la chanson que tu enclenches, ne mettant pas le son trop fort.

"Tu comprends l'anglais ? Au pire sinon je t'explique les paroles..."



Tu enclenches la musique et aussitôt les paroles te pénètrent. Elles s'insinuent dans ton corps, dans ta chair, dans ton sang, dans ton être. Chaque fois que tu l'avais entendu tu avais vibré de cette musique, de ces paroles, de cette voix. Alors que la musique s'écoule de l'écouteur, Vivi reprend la parole, te révélant à qui appartient ce panneau mais aussi qui elle est. Vankov. Ce nom ne t'es pas inconnu, bientôt tu serais chez elle pour un événement de taille. Ton regard se pose sur elle, indéchiffrable.

Que pouvais-tu bien penser de cette enfant perdue, blessé. Il serait si facile à prendre au piège, à manipuler. Si facile à tromper. Elle était si sincère, si.... pure. La naïveté de la jeunesse qui serait sans doute bientôt brisé si elle ne prenait pas garde. Nombre de pensées te traversent et tes yeux passent d'elle à la toile, de la toile à elle et tes pensées tournent avec le violon de la musique. Tu lèves le visage et ferme un instant les yeux, inspirant profondément et expirant doucement une légère brume dans l'air frais de la nuit avant de porte enfin ton regard sur la demoiselle.

"Bah, Vivi c'est parfait, va. Quant à ça."

Tu désignas la toile d'un léger signe de tête.

"Je vais m'appliquer d'autant plus à la rendre incroyable. Tu es prête ?"

Ça y est, tu savais ce que tu allais faire. Ton geste se fit plus sûr et décidé. Des mouvements amples, et les couleurs s’enchainaient, laissant deviner dans un premier temps un paysage de nuit d'une ville, des barreau et deux formes. Tu ne faisais pas trop de détails mais juste assez pour faire comprendre la scène, le décor. Une cage brisé d'une côté dans un nuancier sombre et inquiétant et une scène plus clair de l'autre où deux oiseaux volait, l'un blanc et l'autre noir vers la lune, rond et chaleureuse. Briser ses chaines, briser les règles, briser la prison où chacun s'enfermait.

"Tu sais, t'es pas obligé de me dire d'où tu viens. Au fond pour moi tu es Vivi, cette fille joyeuse qui est venue me dire qu'elle aimait ce que je faisais et qui voulait passer un peu de temps avec moi. Ton nom m'importe peu tu sais Princesse."

Tu te tournas vers elle et lui fis un sourire.

"Après si cela compte pour toi, je m'appelle Héléna Verbois. J'ai grandi dans le quartier Marok. Les seuls riches que je croise c'est ceux qui viennent aux putes le soir ... et toi qui n'a pas dû venir en ville pour ça j'imagine...?"

Tu eus un léger rire et repris.

"Bref. Mes parents ne sont pas les meilleurs mais ne sont pas les pires. Ils ont fait ce qu'ils ont pu, j'ai juste eu d'autres aspirations que les leurs. On ne se parlent plus, ça évitent les déceptions et les inquiétudes j'pense."

Tu achevais la toile, les détails se formant doucement. Tu accentuais un trait, la couleur des yeux, le contour du plumage, les étoiles, les lumières. Puis, enfin satisfaite tu te reculas et demandas :

"Alors ? Tu penses qu'il faudrait que je mette un texte ou ça te plait ainsi ?"

« Personnellement, je pense qu’il n’y a aucun parent qui ne ressent pas de déception devant le choix de leur enfants, on peut pas être une copie conforme de leur désirs…. Mais ils le comprennent pas»

Tu n'en étais pas aussi sûre. Après tout, peut être y a-t-il un parent qui n'espère que le bonheur de son enfant avec ses défauts, ses erreurs, ses échecs car ainsi va la vie. On avance en tombant, on se relève et on continue. Tes parents n'étaient pas de mauvaises personnes. Peut être aurais-tu pu être comme eux. Mais on avait su arracher ta part d'ombre et l'étendre à ton être, souffler ta lumière et te révéler à toi-même les horreurs dont tu étais capable. Sans doute le regrettais-tu parfois mais tu avais aussi appris une leçon simple : "Ce qui est déjà mort ne peut souffrir."

Alors que tu dessinais, la musique te rappelait son souvenir, sa voix, ses yeux intenses, ses mains chaudes. Une larme solitaire glissa sur ta joue alors que tu dessinais pour Vivi. On était chacun prisonnier de sa propre cage. Tu te souvenais qu'il t'avait prise pour t'arracher à la tienne avec autant de douceur que de violence. Toi qui avait toujours rêver de voler de tes propres ailes, il t'avait lancé dans la vie sans parachute. Vivi serait-elle aussi libéré de sa cage de la même manière ? Connaitra-t-elle la même chute ? La même douleur ? Cette souffrance qui étreint la poitrine à vouloir mourir ? Que même la douleur physique ne peut atténuer ?

C'était Lui qui t'avait appris la douleur de l'abandon, la souffrance de l'ignorance, le chagrin qu'on pense éternel, la haine d'autrui, le désir de la vengeance. Tu serres les dents un instant, ton geste se faisant plus rageur puis enfin tu t'arrêtes, ton oeuvre finis et tu comprends. Tu as dessiné pour Vivi mais aussi pour Lui. Malgré les années, il ne t'a pas quitté. Mais l'admettre ? Jamais.

Tu regardes Vivi et l'écoutes te répondre. Tu souris, sincèrement, la regardant se reculer un peu mieux en oubliant où elle est. Tu fais un mouvement dans sa direction avec l'intention de la prévenir mais la demoiselle te devance et se saisit de ton bras, manquant de vous entrainer toute deux en bas. Tu la retiens et la tires à toi, la réceptionnant contre ton buste, l'enlaçant par réflexe. Le temps semble se figer, tu retiens ton souffle, immobile alors qu'elle prend la parole sans bouger. Étrange sensation. Cela faisait tellement longtemps. Ton regard se baisse sur elle et tu te détends, reprenant ton souffle, humant son parfum fugace. Est-ce son shampoing ? Tu souris à cette pensée stupide et lâche à son intention :

"Pas sûre que tu ais choisi la voie la plus sûre. La chute aurait sans doute été plus prudente..."

Un léger sourire aux lèvres tu la fixes, ton visage à quelques centimètres du sien. Tu la tiens toujours sans force et d'un geste, ta main lui effleure la joue que tes yeux suivent avant de revenir se plonger dans ses prunelles.

"HE ! Descendez !"

Tu sursautes et jettes un regard en bas. Un badaud vous regarde et vous pointes du doigt sans doute au pire (ou au meilleur ?) moment, interrompant cet interlude. Tu libères Princesse, récupères vite fait ton sac que tu balances sur tes épaules et jauge les environs, trouvant ce que tu veux. Un regard vers ta compagne et tu demandes :

"Me fais-tu confiance ?"

Ta main s'empare de la sienne et une fois sa réponse donné, tu ajoutes :

"Alors viens, on va s'envoler."

Tu cours vers le bout de la passerelle et bondit sans lâcher Vivi. Vous atterrissez sur un échafaud et tu te relèves et aide ta compagne puis l'entraine vers l'échelle que tu gravis en première alors qu'en bas, tu aperçois deux agents qui vous ordonne de descendre. Tu souris et poursuis ton ascension, arrivant sur le toit. Tu aides la jeune fille et reprends sa main pour l'entrainer à ta suite vers le bout du toit pour sauter sur l'autre. Un faux pas et c'est la chute, un seul faux pas...


Vous sautez, l'air froid te gifle mais tu pousses un cri bref, heureux et roule sur le toit de l'immeuble, heureusement plat. Tu ris mais tu ne traines pas et te relève pour conduire Vivi vers la suite. Vous passez encore quelques toits mais tu ralentis l'allure, rejoignant le quartier Marok que tu connais mieux que celui d'Eléonore. Tu passes sur un toit d'un immeuble abandonné, descend par l'escalier de secours qui grince affreusement, tremblant pour vous prévenir qu'il est proche de lâcher, te faufile par une fenêtre et tends la main à la jeune fille pour l'aider à se hisser par cette dernière dont les vitres brisées crochent sur les vêtements.

Tu reprends ton souffle, le coeur tambourinant ta poitrine et souris simplement à la demoiselle. Dehors, des sirènes lointaines résonnent. Est-ce pour vous ? Tu n'as rien à craindre, les deux agents n'ont pu vous suivre, le temps de monter sur les toits, vous étiez déjà loin. Heureusement d'ailleurs. Sans lâcher la main de la blonde, tu la conduis jusqu'à une pièce où se trouve un matelas et des couvertures. L'endroit n'est pas reluisant mais il semble néanmoins sec. Il y a de la poussière mais pas assez pour considéré l'endroit comme abandonné. Quelques traces tachent le sol et certains pourraient même dire qu'il s'agit de sang, à moins que ce ne fut autre chose... Un évier est contre un des mur et une porte à demi ouverte sur les ténèbres fait face au matelas dans un angle. Libérant enfin Vivi de ta prise, tu t'assoies sur le vieux matelas, appuyant ton dos contre le mur sans te départir de ton sourire, fermant les yeux en continuant de respirer rapidement, le coeur encore affolé par l'effort. Pourtant c'est sur un ton posé que tu prends la parole :

"Va falloir sans doute attendre un peu avant de ressortir. Tu as des fringues de rechange ?"

Tu rouvres les yeux et pose ton regard sur la belle. Que pouvait-elle penser en cet instant ?