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Message par Invité Dim 8 Sep - 15:35

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Aujourd'hui c'était dimanche et comme chaque dimanche - ou presque - depuis le début de la saison estivale, l'élémentaire avait décidé de venir se poser près du lac. Dans la chaleur ambiante, qui allait probablement s'étendre jusqu'à la fin du mois de Septembre, il n'était pas réellement à son aise. Bien entendu il n'était pas le seul et avec lui, en bordure de la grande source d'eau, de nombreuses personnes s'occupaient de diverses façons. On trouvait des familles étendues dans les zones d'herbe, goûtant un agréable repas ; ailleurs on pouvait observer de jeunes femmes tentant d'exposer leur peau au soleil, pour prendre les couleurs de la saison - ce qui malheureusement était proche de l'impossible, à cause des nombreux nuages qui couvraient le lac ; près de l'eau on pouvait aussi remarquer des enfants jouant au ballon et des rêveurs, plongés dans leurs mondes, les pieds dans la source fraîche et le regard perdu dans le lointain. La zone sableuse était occupée par ces gens là. D'un autre côté, dans un endroit plus proche des montagnes et plus éloigné du chaos des vacanciers, se trouvait l'élémentaire. Sa serviette posée sur les pierres qui bordaient le lac accompagnait celles d'autres personnes, elles aussi à la recherche d'une once de tranquillité. Les pierres étaient chaudes et agréables ; on entendait que le bruit de quelques pages qu'on tournait, et la rumeur de quelques conversations détendues. En bref, certaines formes de vies étaient encore en vacances et on pouvait le sentir dans l'ambiance générale. Malheureusement aujourd'hui l'élémentaire était seul, et sa serviette tristement droite et bien étendue. On voyait bien que le temps passé sur sa surface était moindre.

Lui de son côté était plus loin, non pas sur la plage elle-même mais dans l'eau. Elle était froide, le soleil étant le grand absent de cette journée. Les nuages épais coloraient le ciel d'un gris inquiétant, mais la pluie n'était pas prévue pour aujourd'hui. Observant la voûte, l'élémentaire faisait la planche et tentait de distinguer un quelconque rayon de l'astre solaire, tout en songeant à Eleonor Doherty, la jeune vampire qui accompagnait son quotidien depuis plusieurs mois. Que faisait-elle en ce moment ? Était-elle encore en train de travailler ? Se reposait-elle de sa longue semaine ? Si elle rentrait de bonne humeur, elle était souvent fatiguée et lui se faisait un plaisir de s'occuper d'elle quand il le pouvait. Ses talents de cuisinier s'étaient améliorés un peu, et il aimait se charger de la maison, pour accueillir la jeune femme qu'il aimait dans un environnement propre où elle pourrait se reposer, sans se prendre la tête. Il ferma les yeux et se concentra sur les bruits autour de lui et sur les sensations éprouvées. Ses cheveux, complètement mouillés, flottaient doucement, lui caressant les oreilles au passage ; sur sa peau le vent soufflait légèrement, imposant à son corps quelques frissons délicats ; quant au son..eh bien c'était celui de la paix. Ses oreilles, complètement plongées dans l'eau, pouvaient se focaliser sans peine sur la vie du fond du lac : les pierres qui y habitaient se cognaient les unes aux autres, probablement poussées par les poissons et, au loin, vers le bord du lac, il lui semblait entendre le son des personnes clapotant doucement. C'était apaisant à souhait.

Il bougea ses jambes, qui commençaient à s'engourdir à cause de la basse température de l'eau, et tourna la tête vers le rivage. Mis à part lui, personne ou presque ne semblait disposé à tâter du froid. Il n'était cependant pas seul au large : quelques hommes luttaient contre la gravité inquiétante qui habitait le lac (en nageant le crawl) et vers la rive des adolescents et adolescentes jouaient au volley-ball. Il remua encore un peu et se retourna, pour ensuite plonger de quelques mètres. Tout en allant vers les profondeurs du lac avec ses quelques réserves d'air, il pensait aux quelques découvertes de ces derniers mois. Parmi celles-ci il comptait son talent inné pour la nage, talent probablement hérité de son côté humain. Quels autres trésors étaient encore à trouver au fond de lui ? Il n'en savait rien. Il se rendait simplement compte, avec le temps, qu'il était capable de choses qu'il ne pensait pas pouvoir réaliser. Après tout sa forme physique était plutôt bonne ; il savait lire et écrire depuis le jour de sa naissance, un an plus tôt ; il savait maintenant compter de multiples façons ; en résumé il était comme beaucoup de personnes. Ce qui était bien quand on envisageait qu'il n'était sur Terre que depuis peu. Faisant des mouvements amples avec ses bras il s'élança vers la surface, constatant que ses poumons se vidaient maintenant dangereusement et que son corps était encore moins chaud qu'avant (merci les profondeurs d'un endroit non éclairé par le soleil). Il remonta et regarda encore une fois autour de lui, de nouvelles personnes étaient sur la plage rocheuse, ailleurs d'autres semblaient s'éloigner de la zone sableuse. Il recula un peu et regarda le ciel, qui était toujours aussi sombre. Non, aujourd'hui le soleil était certain de ne pas venir. Il inspira une nouvelle fois, se décidant à tester ses limites et à aller le plus en profondeur possible. Pouvait-il toucher le fond du lac ? C'était à voir. Après avoir accumulé suffisamment de ce gaz vital qu'était l'oxygène, il s'élança une nouvelle fois sous la surface de l'eau. En quelques instants il se saisissait d'une pierre colorée.

Il la regarda - grâce au peu de vision accordé - puis releva la tête, tout en continuant de bouger. Là-haut le ciel jouait de ses couleurs sur la surface, accompagné de quelques clapotis : des gouttes d'eau commençaient à tomber doucement. Elle n'étaient pas nombreuses et ce n'était pas la première fois de la journée. Elles ne faisaient qu'aller et venir, offrant leur contribution à la lourde humidité des alentours, qui faisait elle-même suer tous les vacanciers. Constatant une nouvelle fois que dans quelques secondes ses poumons seraient vides, il expira doucement. L'apnée, quelle douce science. Il poussa du pied droit dans le but de se propulser, d'atteindre la surface plus rapidement. Mais le destin n'était pas de cet avis. Comme tout un chacun le sait, les algues sommeillent aussi au fond des sources d'eau douce. Manque de chance, l'élémentaire était en plein dans une zone occupée par ces plantes bien particulières. L'une d'elles s'enroula autour de son pied et l'empêcha de remonter. La surprise lui fit lâcher un peu plus d'air que prévu. Il s'agita, en proie à une vague d'inquiétude soudaine, et se pencha un peu pour tenter de la délier. Rien n'y faisait, cette dernière était enroulée de manière étrange autour de sa cheville. À présent dans un état de panique, il ne songea pas à utiliser ses pouvoirs pour ordonner à la plante marine de le laisser tranquille, et continua de bouger comme un forcené pour se libérer. Tirant sur l'algue avec son pied et ses mains pour la déraciner, il perdait de plus en plus d'air. Il ferma les yeux et constata que son cerveau manquait d'oxygène. Comment le savait-il ? Simple fait : il avait une sensation de lourdeur et de confusion désagréable. Tandis que ses poumons brûlaient comme les fourneaux de l'enfer, lui donnant la sensation d'être sur le point d'exploser avec violence, il cherchait du regard autour de lui. Mais sa vue était brouillée et au fond, qui pouvait bien se trouver dans les profondeurs de l'eau avec lui. Le moment arriva bien vite. Il contracta les muscles de sa gorge, porta ses mains vers sa mâchoire pour éviter l'inévitable, continua de frapper dans le vide avec son pied lié. Mais son corps n'était pas d'accord avec sa décision, il avait besoin de ce carburant naturel qui lui manquait. Alors que sa bouche s'ouvrait contre son gré et que l'eau du lac se déversait avec violence dans son gosier, sa vue se brouilla encore plus. Un picotement glacial envahit ses poumons, signalant que ces derniers s'emplissaient d'un poison mortel. Autour de lui il ne voyait que l'obscurité des profondeurs du lac. Dans la zone où il se trouvait, les pierres continuaient de cogner les unes contre les autres, probablement poussées par les poissons et au loin, vers les rives du lac, il lui semblait entendre le son des personnes clapotant doucement. C'était horrifiant à souhait. Sentant que sa conscience le quittait, il regarda une dernière fois au loin, dans un silencieux appel au secours. Il lui sembla entrevoir une silhouette nageant vers lui.

Message par Invité Dim 8 Sep - 18:53

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La journée avait été longue. Je n'avais rien à faire de précis, alors j'errais comme une âme en peine dans le manoir. J'étais restée au lit jusqu'à minuit, mais ma faim me réveilla. La lumière ne passait pas dans ma chambre, et heureusement ! Je tenais encore à ma vie, et un rayon de soleil m'aurait tuée. Je m'étais levée pétrie de courbatures, ayant mal à la mâchoire, les muscles en feu, et la tête comme un compteur à gaz. Je m'étais ruée au rez-de-chaussée, dans la cuisine, en manquant de m'étaler dans les escaliers avec un manque de classe flagrant. Devant le frigo, je récupérais une poche de sang, que je mis dans le micro-ondes. J'attendis un instant avant de prendre la poche et de la vider d'un trait. C'était ignoble, mais ça fit passer et la douleur, et les courbatures. Jetant la poche à la poubelle, je m'étirais. La nuque, les bras, le dos. Tout répondait à merveille, mais mon esprit restait embrumé. Je me fis un café, en espérant que ça ferait passer mon engourdissement. Le liquide était brûlant, et me fit l'effet de la lave en fusion coulant en moi, compte tenu de ma température corporelle quasi inexistante.

Posant la tasse vide sur ma table de cuisine, je constatais avec dépit que j'étais toujours aussi endormie. M'approchant de la fenêtre par mégarde, je le regrettais aussi tôt : Un rayon de soleil passait malgré les rideaux et le verre teinté, et ma peau brûla instantanément, me mettant à genoux dans l'ombre, hurlant. Mais quelle conne ! Serrant les dents, je m'approchais difficilement du robinet pour passer de l'eau froide sur la plaie. La douleur s'éteignit un moment, mais elle réapparut si tôt. J'allais m'asseoir dans le salon, devant la télé, dans l'idée de me distraire de cette douleur cuisante qui m'irradiait tout le torse, du bout des doigts jusqu'au ventre. Sauf que ça ne marcha pas, et que la cicatrisation mit plus d'une heure. Autrement dit, je dégustais un bon moment. Une fois la plaie refermée, je sortais mon matériel de peinture: une toile, une palette, des pinceaux, de la peinture et des crayons. Je me mis à dessiner un visage de femme, aux longs cheveux et aux yeux un peu bridés. Je lui fis à la gouache de belles boucles bruns, et des prunelles d'un bleu saisissant. Elle avait un teint presque blanc, uniquement coloré avec légèreté de rose sur les pommettes. Elle avait des traits fins et enchanteurs, un cou gracile... Elle avait tout d'un vampire, ou d'une très belle humaine. Un tableau que je mis dans un cadre de bois brut, taillé dans du chêne.

Je l'exposais dans mon bureau, au-dessus de mon ordinateur et de ma table d'écriture. Il était superbe, et le temps que j'y avais passé m'avait emmené jusqu'à la tombée de la nuit. On était dimanche, et j'avais envie de sortir un peu. Surtout que ma poche de sang n'avait pas fait beaucoup d'effet, et que ma soif de sang commençait à me tarauder de nouveau. Habillée en vitesse, je sortis, pris la moto et me rendit au lac. Je n'y avais pas été depuis un bon moment, et j'y retrouvais les déchets des gens qui y étaient venus pour se détendre: des mégots de cigarettes, des papiers de bonbons ou des emballages de sandwiches.. Mais ce qui attira surtout mon attention, ce furent de faibles, très faibles pensées, et des battements de cœur presque morts. Otant ma veste, la laissant sur la rive, je plongeais sans hésiter. Nageant avec volonté, mon souffle temporairement coupé, je tombais sur une tête blonde que je connaissais. Jurant intérieurement, je tirais un couteau de ma botte, après avoir localisé ce qui le retenais au fond de l'eau. Je coupais l'algue d'un coup sec de lame, et le tirais sous les bras, pour le remonter au plus vite à la surface. Je le déposais sur la rive, avant de vérifier son cœur. Seulement, il ne battait plus, et le massage cardiaque s'imposa. Il recracha un flot d'eau peu engageant, ainsi qu'un peu de sang, sur le sable. Je lui mis la tête sur le côté, lui ouvrant la bouche pour qu'il puisse respirer. Repoussant mes cheveux en arrière, trempée, je le regardais, agenouillée à côté de lui:

-Hey... Ca va ?

Je le regardais patiemment. Il avait les yeux clos, et ses cheveux tombaient négligemment sur son front. Il semblait en paix, bien qu'ailleurs, perdu. Mais il respirait calmement, son torse se soulevant régulièrement. Il était beau, juvénile. Mais je savais que tout ceci n'était qu'une façade. Cet air assuré, serein. La dernière fois que je l'avais croisé, il était égaré, ne connaissait rien à ce monde, était mis à l'écart et regardait la vie de loin. Il n'était pas à sa place... Et j'espérais que ça c'était arrangé depuis, qu'il avait trouvé quelqu'un de bien pour l'aider. Il en avait vraiment besoin. Je lui avais proposé mon aide, je lui avais laissé mon numéro, mais j'avais deviné après qu'il ne saurait pas s'en servir, raison pour laquelle je n'avais jamais reçu d'appel. Et aujourd'hui, je le sauvais de la noyade, et d'une mort certaine et stupide dans un lac... Qu'elle idée avait-il eu de plonger là-dedans, a tel point de se retrouver coincé par les algues ? Mais quelle tête de moineau... Enfin, il était vivant, c'était le principal !

Message par Invité Jeu 19 Sep - 12:40

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Une nuée de bulles d'air traversa la source d'eau douce, de bas en haut. Passant à côté des poissons de la zone, elles quittaient presque à regret un jeune homme dont le corps ne bougeait plus, pour ensuite se diriger discrètement vers la surface. Dans l'endroit où l'algue se faisait la geôlière de l'élémentaire, pas un bruit ne se faisait entendre, sinon celui de pensées de plus en plus silencieuses. Sa faible conscience songeait à sa vie, à son histoire, à ses rencontres, d'une manière imprécise et qui ne souffrait aucune clarté. L'âme du prisonnier se teintait de la couleur environnante : celle d'un lieu où la lumière luttait avec hargne mais sans vraie puissance, pour finalement ne s'imposer que sous la forme d'un discret éclaircissement. Quant à l'enveloppe du pauvre jeune homme, celle-ci flottait sans lutter. Si l'envie de vivre était présente, le cerveau n'était plus capable de commander quoi-que-ce-soit et de toute façon sans oxygène, comment pouvait-on faire fonctionner un organisme comme le sien ? C'était comme vouloir faire avancer une voiture sans moteur : improbable. Dehors les gens continuaient de bouger, de parler, de vaquer à leurs occupations, sans se douter qu'une vie était sur le point de s'éteindre non loin. Pourtant une ombre dans l'eau...

*Quelqu'un...vite...*

Le battement déjà faible de son cœur stoppa net ; ses pupilles devinrent plus larges ; ses iris adoptèrent une autre teinte ; sa température corporelle commença à chuter en douceur. L'obscurité arriva dans la conscience et dans l'âme de l'élémentaire, qui était incapable de discerner les choses qui se déroulaient dans le monde externe. On entendait rien autour, on ne voyait rien, on ne sentait rien. Ses pensées, dans un endroit caché de l'univers entier, s'éteignaient lentement. Puis plus rien...la Nature ne semblait plus exister autour de lui, comme tout le reste d'ailleurs ; rien...on ne pouvait plus comprendre le sens des pensées, des émotions ; rien...ce qui était et ce qui devait être n'avait plus la moindre importance ; rien...il s'abandonna au néant, n'opposant plus aucune résistance. Le vide de l'après-vie était une chose singulière.

...Bump...bump...bump...bump...

Quelque chose venait de se produire. Le battement de son cœur s'emballa ; ses pupilles devinrent plus petites ; ses iris adoptèrent leur habituelle couleur verte ; sa température corporelle oscilla doucement, avant de décider de repartir de plus belle. Une sensation nouvelle et où se mélangeaient l'agréable et le désagréable s'invita au rendez-vous : bousculant la paroi de ses poumons, l'eau s'échappait pour laisser l'oxygène s’engouffrer et reprendre sa place légitime. Accompagnant le goût étrange du lac, son propre sang s'écoula en petite quantité. De nombreuses sensations physiques s'additionnèrent mais la conscience de l'élémentaire n'était pas encore revenue. Il n'était qu'un corps sans âme, secoué de quelques spasmes toutes les deux secondes, avec un regard vide caché derrière des paupières obstinément fermées. Pourtant une chose stimula l’ouïe du presque-noyé, ce qui changea la donne. Si dans la zone sableuse les vacanciers ne faisaient que regarder d'un air curieux ce qui se passait au loin, sur la zone rocheuse, où se trouvaient Vegeo et sa sauveuse, quelques personnes s'amassaient pour s'assurer que tout allait bien. Aux inquiétudes exprimées de manière bien audible par les humains s'ajouta une touche féminine plus agréable que les autres.

-Hey... Ca va ?

Simple phrase sans aucune intensité que celle-ci, qui aida pourtant l'élémentaire à revenir à lui quelques secondes plus tard. Ses paupières se soulevèrent doucement et il constata - pendant que sa conscience revenait peu à peu - que son corps était dans une position bien précise. Il cligna des yeux et ne bougea pas, se contentant de regarder autour de lui d'un air fatigué et qui avouait bien des choses : il revenait de loin. Oui, revenir de la demeure de la faucheuse n'était pas chose aisée, surtout quand celle-ci tenait à accueillir ses invités de manière ferme et définitive. Barrant sa vue, quelques mèches blondes cachaient une bonne partie du paysage, ce qui ne l'empêcha pas de noter tout un regroupement de personnes, qui s'éloignaient cependant en remarquant que quelqu'un avait la situation bien en main. Quand tout le monde retrouva sa place, il cligna des yeux une nouvelle fois et repoussa ses cheveux d'un geste rapide, pour mieux voir une personne qui était proche de lui depuis le début. Il frissonna et adopta lentement une position assise. Une jeune femme se trouvait devant lui, qu'il observait en clignant des yeux, avec la bouche à peine ouverte. Il commença à parler avec une intonation quelque peu rauque, à cause de l'expérience qu'il venait de vivre.

"Je.." toussa-t-il dans un premier temps "Merci..." ajouta-t-il en retrouvant sa voix normale. "Je pensais que c'était la fin.."

Il détailla sa sauveuse. C'était une belle jeune femme blonde, qui conservait tout de même une allure bien particulière. Son regard profond, sauvage sans être pourtant dangereux, faisait penser à l'élémentaire qu'elle était une personne de caractère, du genre à obtenir ce qu'elle voulait quand elle le voulait. Elle ne semblait pas d'un naturel agressif et derrière son air indépendant et fort, une douceur toute discrète semblait sommeiller, tout du moins c'était la sensation qu'elle dégageait en le regardant. Il remarqua alors qu'elle était trempée et que contrairement à lui, qui tremblait de froid dans son short de bain vert et blanc, elle était vêtue. Il se frotta les yeux et l'invita - tout en lui exprimant sa gratitude une nouvelle fois - à venir avec lui vers sa serviette. Une fois proche de celle-ci, il lui proposa une seconde serviette qu'elle pouvait peut-être utiliser pour éponger un minimum ses vêtements. Après quelques secondes de silence, pendant lesquelles il enfila un t-shirt pour ne pas congeler et rassura quelques personnes venant s'enquérir une nouvelle fois de son état, il s'adressa à sa sauveuse.

"Si vous n'étiez pas venue..." dit-il dans un premier temps.

Puis soudain il pensa à quelque chose. Comment pouvait-elle savoir ? Comment pouvait-elle savoir qu'un homme était sur le point de se noyer ? Après tout les gens n'étaient pas souvent du genre à observer, et d'un autre côté comme elle était vêtue on pouvait mettre de côté l'idée que c'était une plongeuse de passage. Alors que pouvait bien être la réponse à cette étrange question ? Décidant de ne pas s'encombrer d'un mystère de plus dans son existence, il se décida à satisfaire sa curiosité plus tard. Mais pour l'heure il voulait savoir autre chose. Tout en massant ses cheveux avec sa propre serviette - ce qui lui imposa une chevelure bien ébouriffée - il regarda la jeune femme de ses iris verts et se présenta.

"Au fait moi c'est Vegeo. Vous ?"

Message par Invité Sam 12 Oct - 11:44

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J'étais agenouillée à côté du jeune élémentaire, les cheveux dégoulinants et les vêtements trempés. Je le regardais avec une affection partagée d'ironie. Comment un être issu de la nature, fils de cette dernière, pouvait-il bêtement manquer de se noyer ? Dame Nature était visiblement une garce, et Vegeo, que j'avais déjà rencontré une fois, et qui m'avait alors semblé on ne peut plus perdu, était passé à peu de choses de la mort. Il avait du mal à reprendre connaissances, signe d'une minute de plus dans le fond de se lac lui aurait fait voir la lumière au bout du tunnel. J'étais frappé par son air juvénile, et presque serein, malgré l'épreuve qu'il venait de subir. Je repoussais de son front quelques mèches blondes qui lui tombaient dans les yeux. Son corps répondait : il respirait, même si ses yeux restaient obstinément clos. Comme si son esprit était parti très loin, et qu'il lui fallait le temps de revenir habiter cette enveloppe pour l'instant entre l'inertie et le mouvement. Secouant la tête, je balançais mes cheveux dans mon dos, éparpillant un peu partout des gouttes d'eau. Sans m'en rendre compte, j'avais retenu mon souffle. Je savais qu'il allait vivre, parce que j'avais fait juste à temps ce qu'il fallait. Mais le voir ainsi, étendu presque mort à mes pieds, m'angoissais. Une peur sourde s'était tapie en moi, parce que ce garçon ne méritait pas de crever, et surtout pas de cette manière. Pas si tôt ! Aller, Vegeo, ne me fait pas ça... Revient... J'en venais presque à prier pour qu'il soit sain et sauf. Pour le revoir marcher, parler... Sourire et respirer. Je ne l'avais pas vu depuis longtemps, et les circonstances n'étaient pas les meilleures qui soient. Surtout qu'une masse de gens c'était regroupée autour de lui, et que je devais les écarter à grands renforts de : « Il va bien », de « Je gère la situation » et de « Ecartez-vous, laissez-le donc respirer ! ». Passant une main sur mon propre visage, j'écartais l'eau qui me dégoulinait sur les joues. J'avais presque sauté toute habillée dans l'eau pour le tirer de là, et je ne me rendis pas compte tout de suite que ma veste était restée là où je l'avais laissée avant de plonger.

Mais je me réprimandais, me disant que ma veste n'avait aucune importance face à cette vie vacillante entre mes mains. Dieu savait que je me sentirais éternellement coupable si la flemme de vie de cet être s'éteignait devant moi. Pourquoi cet élan de culpabilité ? Je ne m'étais jamais sentie responsable de la vie de qui que ce fut sur cette satanée planète ! Alors pourquoi lui? Et pourquoi maintenant ? J'avais l'impression de le connaître, mais je me mis soudain à me demander si on s'était déjà parlé. Je n'étais plus sûre de rien, et ça m'agaçait prodigieusement. J'arrêtais de me battre avec mes doutes quand le garçons ouvrit doucement les paupières. Posant une main rassurante sur son épaule, je lui parlais avec douceur :


-Allez-y doucement. Vous revenez de loin.

Un nouveau mouvement de foule me mit les nerfs à vif. Tous se rapprochaient, et ça avait le don de me taper sur le système. Pour effrayer les humains et les inciter à s'éloigner, je fis virer la couleur de mes yeux au rouge, et s'allonger les canines. Étrangement, à cette vue, tout le monde recula. Satisfaite de mon effet, je rangeais ma panoplie de vampire sanguinaire pour me retourner vers le jeune homme. Vegeo... D'ailleurs, si je ne l'avais jamais vu, comment pouvais-je connaître son nom ? Toute cette histoire n'était qu'une incohérence. Malgré mon conseil, il s'assit, et j'eus envie de le rouspéter comme je l'aurais fait avec un gosse. Mais je m'abstins :

-De rien. Et oui, vous n'en êtes pas passé loin, effectivement.

Quand il se leva pour rejoindre sa serviette, je pris la liberté de l'épauler, pour pas qu'il tombe. Il était faible, et tremblait de froid. Il était vrai que, dans le feu de l'action, je n'avais pas pensé à prendre garde au froid. L'eau était gelé, et l'air n'était pas beaucoup plus doux. Cette mégarde aurait pu coûter cher à ce jeune garçon qui avait déjà frôlé la mort. Je me maudis intérieurement de ne pas avoir fait plus attention. Quand il arriva à sa serviette, il eu la gentillesse de m'en tendre une autre. Je la pris en souriant, commençant par essorer mes cheveux. Un long filet d'eau glissa sur le sol, et je me servais ensuite du tissus pour les essuyer rapidement, ainsi que mes vêtements. L'air glacial ne m'affectant pas, je n'eus qu'à faire un peu appel à mon don de pyrokinésie pour les faire sécher presque instantanément. M'absentant un instant, je récupérais ma veste, la jetant sur mes épaules, avant de retrouvé mon miraculé. Je lui rendis gentiment sa serviette et m'assis à côté de lui, l'invitant à faire de même :

-Merci bien pour la serviette, Vegeo. Je m'appelle Catherine. Au risque que la question paraisse bizarre... Ne se serait-on pas déjà vus ?

Je connaissais bel et bien son nom, sans réussir à me souvenir d'où, et la surprise qui me gagna ne fit que croître. J'attendis alors la réponse du jeune homme.

Message par Invité Mer 23 Oct - 22:00

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Elle venait de s'éloigner, pendant un court instant, pour prendre une veste oubliée plus loin. Pendant ce bref moment de solitude, l'élémentaire la regarda en se posant une nouvelle question. Il venait tout juste de lui passer une serviette, pour qu'elle puisse s'occuper de ses vêtements et de ses cheveux (après tout, même si le mois de Septembre venait de débuter, le temps était déjà bien humide et froid ; de plus le soleil était bien loin de vouloir se manifester, elle ne risquait donc pas de sécher de sitôt) et pourtant.

*Pourtant ses vêtements semblent déjà secs ?* songea-t-il en observant la jeune femme revenir vers lui.

Moins de quelques minutes venaient de s'écouler et Vegeo se demandait déjà qui était en réalité sa mystérieuse sauveuse. Les gens de ce monde - les non-élémentaires - possédaient des pouvoirs bien étranges, sans doute était-ce le cas de la jeune femme, qui maintenant revenait doucement vers lui. Ses pas ne faisaient pas beaucoup de bruit, en foulant le sol de la zone rocheuse du lac ; elle se mouvait avec une aisance et une grâce peu commune aux humains ; sa voix était un tantinet bienveillante, rassurante ; son corps était fin, svelte, comme celui de l'ancienne doctoresse qui était à présent sa compagne. Peut-être que son interlocutrice était un membre de la race des vampires ? Non. On ne pouvait vraiment pas s'autoriser à supposer une chose de la sorte, avec seulement quelques informations. Quoi qu'il en soit, songeait l'élémentaire, peu importait quelle était la race de cette belle sauveuse blonde. Chaque être de ce monde avait de bons et de mauvais côtés, ses expériences de vie pouvaient avec aisance prouver la chose. Bien entendu il ne pouvait pas se vanter de tout savoir sur toutes les espèces de cette ville, il ne pouvait pas non plus généraliser ses hypothèses, il ne pouvait pas démontrer ses intuitions ; pourtant le Bien et le Mal étaient des concepts qui se retrouvaient dans toutes les populations de ce monde, alors pourquoi pas dans toutes les races aussi ? Pour mettre fin au parcours de ses pensées, qui venaient de s’additionner en quelques secondes seulement, il se présenta.

-Merci bien pour la serviette, Vegeo. Je m'appelle Catherine. Au risque que la question paraisse bizarre... Ne se serait-on pas déjà vus ?

Il cligna des yeux, tout en observant Catherine qui venait de lui rendre sa serviette. Il se posait lui aussi la question maintenant, était-ce leur première rencontre ou pas ? Sa main glissa sur un galet, qu'il empoigna ensuite délicatement pour s'occuper. Il répondit tout de suite par un bref "Hum..." qui s'accompagna ensuite de brèves secondes de silence. Ne voyant pas le visage de la jeune femme dans ses souvenirs, il se demandait pourquoi elle pensait l'avoir déjà croisé. Il fit donc le compte des endroits visités par le passé. Le premier était la forêt corrompue, le second l'hôpital de l'Avventura, le troisième le parc, le quatrième la forêt vierge ; puis il y avait aussi la rue marchande et les autres nombreuses rues de la ville ; finalement on pouvait aussi songer aux endroits où il travaillait : la librairie du Chat Noir et les sources chaudes. Nul moyen de trouver une quelconque tête blonde comme la sienne dans son passé. L'élémentaire avait une bonne mémoire, il ne pouvait pas avoir oublié le contour délicat du visage de la jeune femme, son sourire, ses mouvements. Peut-être qu'au cours de ses déambulations, il s'était retrouvé proche d'elle sans la voir pour autant ? C'était une possibilité à prendre en compte. Il ajouta finalement, au moins deux secondes après sa première remarque - bien stérile de toute intelligence.

"Je ne me souviens pas vous avoir déjà croisée, mais peut-être que je me trompe."

Il s'était posé dans de nombreux endroits, au cours de ces derniers mois, parfois simplement pour se reposer et penser à de nombreuses choses : son histoire - passée, présente, à venir -, son identité, ses émotions concernant de nombreuses choses et/ou personnes. Son regard se posa sur sa propre main droite, qui faisait rouler le galet avec délicatesse. Non il ne se souvenait pas d'une quelconque rencontre avec Catherine. Même si... peut-être que... lors de ces fameux trois jours. Alors qu'un coup de vent secouait encore plus sa chevelure blonde maintenant ébouriffée, ses mèches de cheveux frisées, il se demanda s'il ne l'avait pas vue lors des trois jours qui avaient suivi sa rencontre avec une certaine darkness du prénom de Saphira. Son errance dans la ville s'était prolongée trois jours durant, après son passage au commissariat - il était alors le suspect n°1 du massacre de la darkness. Au cours de ces trois journées, il s'était retrouvé en présence de nombreuses personnes : des sans-abris, des personnes lui offrant quelques pièces, d'autres lui proposant une aide quelconque. Cette période remontait à presque un an. Comme le temps passait vite. Alors oui, peut-être que Catherine était une des habitantes croisées au détour d'une ruelle, pendant ce trio de journées sombres et vides de sens. Bien entendu l'élémentaire rechigna sur l'instant à évoquer la possibilité d'une rencontre dans ces conditions (pouvait-on vraiment envisager de dire "Oh mais oui, nous nous sommes croisés alors que je vivais dans la rue !" à une personne tout juste rencontrée - ou retrouvée ?). Il adopta une position plus agréable et regarda une nouvelle fois sa sauveuse.

"Vous savez, j'ai souvent l'habitude de me promener dans la ville. Si c'est aussi le cas pour vous, nous nous sommes sans doute déjà vus... sans vraiment nous voir... "

Il arrangea son t-shirt blanc et passa sa serviette sur son maillot, qui était encore mouillé. Il faisait froid. Après un bref regard vers l'horizon, il lança le galet dans sa main droite vers le lac. Ce dernier ricocha au moins quatre fois avant de sombrer, tout comme lui quelques instants plus tôt, vers les profondeurs du lac. Il regarda autour de lui pour constater que de nombreuses personnes de la zone rocheuse partaient - non sans observer d'un regard un peu angoissé le couple sauveuse/sauvé - et que d'autres, sur la zone sableuse, faisaient de même en voyant les nuages cacher encore plus la lumière d'un jour qui n'en était pas vraiment un. En reportant son visage vers la surface de l'eau une nouvelle fois, il constata que celle-ci remuait doucement, comme en proie à un tremblement causé par le froid. C'était la pluie. En dirigeant son regard vers le ciel, l'élémentaire reçut une goutte en plein dans l'œil. Après une plainte discrète, il essuya l'eau et passa sa main dans ses cheveux, pour ensuite regarder Catherine. Mais alors qu'il était sur le point de reprendre la parole, le déluge s’abattit sur eux ; plus qu'une averse, c'était une véritable douche qui tombait sur leurs têtes blondes. Trempé, Vegeo regarda autour de lui en hâte. Pendant que les autres vacanciers s'éloignaient comme des fourmis en proie à un mauvais temps mortel, il remarqua un grand trou naturel creusé dans la petite falaise qui surplombait le côté rocheux. Il indiqua ce dernier du doigt à la jeune femme et balança en vitesse ses serviettes - maintenant inutiles - dans le sac. Il se leva d'un bond, enroula ses doigts autour de la main droite de Catherine et emmena cette dernière avec lui sous le coin libre, abrité, ancré dans la roche séculaire qui bordait la ville de l'Avventura. Comment savait-il qu'elle était séculaire ? Eh bien... certaines choses sont instinctives chez les élémentaires. Une fois protégé de l’intempérie, il la lâcha et passa ses deux paumes sur son propre visage et ensuite sur ses cheveux, pour se libérer du poids de l'eau.

"Ça valait bien la peine de se sécher..." maugréa-t-il.

Après quelques secondes, dont ils avaient besoin tous les deux pour s'installer plus ou moins confortablement, il s'exprima finalement sur le sujet qui attisait sa curiosité. Haussant un peu le ton de sa voix pour couvrir le bruit de la pluie, il demanda à Catherine :

"Au fait je me demandais, comment saviez-vous que j'étais au fond de ce lac ?"

Vegeo pensait qu'elle l'avait observé pendant qu'il plongeait, pour ensuite ne pas remonter, mais peut-être se fourvoyait-il ?

Message par Invité Jeu 24 Oct - 20:44

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Je m'étirais, remettant en place ma lourde veste en cuir. Le ciel était beau et clair, mais je remarquais que les gens commençaient à s'éloigner, nous regardant bizarrement. Ce n'est qu'après que je me rendis compte que la tension naturelle dans l'air n'était pas bon signe. Les vampires, s'ils n'étaient pas aussi sensibles aux changements climatiques que les élémentaires, pouvaient percevoir une averse, ou un orage. Et là, je sentais qu'on allait de nouveau se faire arroser. Pourtant, je n'avais pas peur d'une météo déchaînée, étant donné que je n'y étais pas sensible. Mais sur le coup, je ne pensais pas au jeune homme que je venais de sauver de la noyade. Bon, c'est vrai que j'étais loin de me douter qu'il ne serait pas spécialement dérangé par ça ! Mettant mes pensées de côté, j'allais le retrouver. Le fait que je sois déjà sèche semblait le perturber. Certes, il n'était pas au courant pour mes dons, et ça pouvait prêter à confusion. De plus, le temps était frais et humide et la nuit faisait fuir pas mal de monde. Sauf des gens dans mon cas, des darkness et quelques humains un peu dérangés. Les loups-garous espéraient devenir maîtres, mais les vampires étaient là pour les rappeler à l'ordre. Ca me faisait toujours sourire quand je voyais des meutes de lycans se retrouver face à de grands groupes de vampires qui se battaient pour le pouvoir. Il était rare de voir mes congénères se rassembler, mais vous pouvez me croire, ça valait le déplacement ! Les affrontements étaient plutôt sanglants, et je préférais m'en tenir loin. Cela dit, ce genre de situations étaient rares. Plus rares que les combats entre Cercle et Rebelles, qui explosaient un peu partout dans la rue. Mais il fallait avoir l'oeil pour s'en rendre compte, et il faut dire qu'on avait plus l'impression d'une simple chamaillerie entre gangs. Il faut dire qu'on en était pas si loin... Si j'étais à présent engagée auprès des Rebelles, ma contribution se limitait à un apport d'armes. Mais bon, tant que ça me permettait de garder mes droits de vampire, je n'en demandais pas plus. En parlant de ça, je me demandais ce que pouvait bien devenir Kyarra. La chef des résistants ne me donnait plus de nouvelles, et je commençais à me poser des questions sur ce qu'il advenait d'elle.

Enfin, toutes ces préoccupations là attendraient. Je détaillais alors le jeune homme qui venait d'éviter la mort de peu, sans sembler insistante pour autant. Il était plutôt beau garçon, les cheveux blonds. Il était svelte et plutôt bien habillé. Sa peau avait un teint apparemment humain, mais quelque chose en lui me faisait croire qu'il ne l'était pas. D'ailleurs, il ne sentait pas comme les mortels, et son rythme cardiaque était différent. Qui plus est, il semblait avoir bien plus vécu que n'importe quel mortel de son âge. C'était plutôt curieux... Je ne connaissais qu'une espèce qui pouvait à peu près coller à la description : les élémentaires. Mais je ne pouvais pas baser tout ça sur de simples hypothèses, et lui demander cash de quelle race il était aurait été purement mal élevé. Je préférais donc attendre qu'il me pose la question pour pouvoir la lui retourner. En tout cas, il semblait un peu secoué, tout de même. Il avait failli mourir, et il semblait complètement vanné. Ca tombait sous le sens, en même temps... Quand je lui demandais si on ne se connaissait pas, il fit une véritable rétrospection, que je pus suivre discrètement avec mon pouvoir de télépathie. Je vis défiler tous les lieux où il avait l'habitude de traîner, mais je ne vis dans ses souvenirs aucun rapport à moi. De toute évidence, j'avais du me tromper :


-Non, ce n'est rien. C'est l'occasion d'apprendre à vous connaître, ce n'est pas plus mal !

Affichant un sourire éclatant, je me laissais porter par ses souvenirs. C'est quand il évoqua une certaine Saphira que je sentis remonter mes propres souvenirs. Néro avait rencontré dans un bar une jeune femme portant ce nom, et je me souvenais très bien d'avoir ressenti une certaine jalousie à son encontre sans même la connaître. Alors comme ça, c'était une darkness.. Il semblerait qu'il ait assisté à un véritable carnage, et qu'il en fut le premier suspect. Ca l'avait profondément ébranlé, et il avait ensuite erré trois longs jours... Voilà une chose intéressante ! En lien avec l'endroit où je l'avais retrouvé ? Non, sûrement pas. Il ne me semblait pas du tout dépressif ou suicidaire. En tout cas, si ça avait été le cas, ce ne l'était plus. Ce qui m'ôtait de la tête que je l'avais sauvé d'une tentative d'en finir avec la vie ! Voilà une chose plutôt rassurante ! Cela relevait donc d'un simple accident qui aurait pu être plus que tragique. Plus d'un an s'était écoulé depuis cette catastrophe. Il paraissait plutôt bien remis en tout cas, ça faisait plaisir à voir :
-Non, le destin ne nous avait jamais réunis auparavant. J'en suis certaine, à présent. Je suis navrée, je vais sans doute passer pour une folle maintenant ! Enfin, j'ai l'habitude !

C'est alors que le jeune homme balança dans le lac le cailloux avec lequel il jouait quelques instants plus tôt. Quand je vis qu'il frissonnait, je posais doucement ma main sur son bras, et je fis lentement appel à mes dons. La chaleur au fond de moi fit progressivement surface, pour effleurer ma peau, puis la sienne pour le réchauffer. Je dus faire très attention à ne pas le brûler, et ça faisait une éternité que je n'avais pas eu à faire ça. J'aurais donc trop facilement pu perdre le contrôle, et ça aurait été aussi dangereux pour lui que pour moi. Une fois qu'il ne grelottait plus, j'ôtais ma main pour la remettre dans ma poche de jean. Il allait sans doute me demander des explications, et je me contenterais de lui en donner, le plus sommairement possible pour ne pas me mettre dans une mauvaise situation. Aujourd'hui, on devait se méfier de tout et de tout le monde... Je ne fis que le regarder en hochant légèrement les épaules, sans perdre mon sourire amical et bienveillant.  Quand il tourna la tête vers le lac, j'en fis autant, et je constatais sans m'inquiéter plus que ça que la surface était agitée par des gouttes de plus. Je ne le sentis pas outre mesure, étant protégée par mon manteau. Je ne perçus qu'après que la pluie venait s'échouer dans mes cheveux et sur mon visage. Ce n'était pas gênant. Jusqu'à ce que ce soit un torrent qui vienne se déverser sur moi. Alors que tout le monde finissait de déserter, Vegeo m'attira, par la main, sous une cavité rocheuse naturelle. Maintenant à l'abri du déluge, je m'installais le long de la pierre. Assise en tailleur en face de Vegeo, trempée, je souriais. Il était drôle de le voir ainsi ruminer, mais ça pouvait se comprendre : il essayait de se sécher depuis que je l'avais sorti de l'eau, et une fois qu'il y était presque parvenu, il se faisait de nouveau doucher. Le Destin ne devait pas être avec lui ce jour là !

-Je suis vraiment désolée. Vous avez du fâcher un éléments ou deux aujourd'hui ! Enfin.. Nous sommes au sec à présent. Si on trouve un peu de bois sec et quelques pierres, je peux allumer un feu de camp, si vous voulez ? Et pour répondre à votre question... J'ai entendu vos pensées alors que je marchais sur la rive. Elles étaient très faibles, et j'en ai déduis que vous étiez en danger. Je n'ai pas attendu et j'ai plongé. Voilà l'histoire.

Souriante, je m'étirais. Mes muscles étaient un peu endoloris, et je compris que je manquais d'entraînement physique. Il allait falloir que je me remette à la danse, et j'envisageais de commencer le taekwondo.

Message par Invité Sam 26 Oct - 20:45

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Dans la roche était ancrée une bonne odeur. Elle provenait du contact de la paroi rocheuse avec l'eau, qui suintait depuis le sommet de la falaise. De l'extérieur on pouvait voir, on observant attentivement, un mince filet qui vagabondait çà et là sur la façade, pour ensuite se frayer une chemin jusqu'à la cavité où se trouvaient l'élémentaire et sa nouvelle et mystérieuse rencontre : une jeune femme du prénom de Catherine. Ajoutée à l'odeur de l'endroit où ils étaient, on sentait aussi la fraîcheur qui lentement s'installait autour d'eux, grâce (ou à cause) de la pluie qui ne cessait de tomber. L'ambiance n'était pas si complexe à supporter et en regardant le ciel, caché sous une couverture de nuages gris, Vegeo songeait, se perdait dans ses pensées. Il tentait de comprendre si oui ou non, en fin de compte, c'était sa première rencontre avec sa sauveuse. Le questionnement concernant ce point ne dura pas longtemps, car les images d'un autre évènement vinrent à sa mémoire : cet étrange pouvoir de... sécher des vêtements. Bien entendu il n'était pas naïf et se doutait bien que la capacité de sa camarade "de grotte" concernait plus précisément la température. Pouvait-on envisager le fait qu'elle était peut-être une élémentaire de feu ? Optionnellement, mais avec beaucoup de doutes. On pouvait aussi envisager qu'elle était une humaine possédant un don de pyrokinésie (les humains savaient faire des choses comme ça non ?) ou alors une lycanthrope ou une vampire (mais les membres de ces races pouvaient-ils faire des choses de ce genre ?). À bien y penser, de nombreux scénarios étaient envisageables maintenant et, sans aucune surprise, les questions ne pouvaient que s'accumuler sans jamais s'arrêter. Mais le moment n'était pas à l'introspection, aux devinettes. Avec le temps, il avait remarqué qu'être en compagnie de certaines personnes et... tenter de comprendre ces dernières sans même poser de questions, simplement en réfléchissant, sans parler... n'était pas socialement acceptable. D'un certain côté la chose était plus que compréhensible : on ne pouvait s'imaginer, sans gêne, parlant à une personne qui ne faisait que répondre de manière évasive, en semblant plongée dans "son monde". Comportement autistique que celui de Vegeo, lors de ses débuts dans la ville d'Avventura ? Il n'en était pas bien loin.

Terminant ses ruminations, qui faisaient en fait suite à sa plainte concernant le temps et... ses vêtements qui n'en finissaient jamais de se retrouver imbibés d'eau, il reporta son attention sur Catherine. Elle était assise en tailleur en face de lui, trempée comme lui, souriante comme lui. La mauvaise humeur n'était pas une chose dont il usait beaucoup et pour l'occasion, il était heureux de constater que c'était aussi le cas pour sa nouvelle compagne de voyage. Pendant qu'il adoptait une nouvelle position - il décidait en fait tout simplement de s'asseoir en face de son interlocutrice - cette dernière lui parla et, fallait-il le préciser, il s'empêcha à peine de rire. "Fâcher un ou deux éléments" était une citation bien en lien avec sa propre race et il se disait que Mère Nature (sa maman d'amour qui ne cessait de lui faire vivre des aventures toujours plus palpitantes les unes que les autres) était probablement bien encline à l'ironie et à l'humour. Cependant son rire s'éloigna bien rapidement de la cavité quand il entendit la seconde moitié de la phrase. Venait-elle de dire, à tout hasard, qu'elle était capable de lire dans les pensées ? À cet aveu, l'élémentaire dont l'arrière-train était à quelques centimètres du sol tomba littéralement... sur ce dernier en fait. Posé contre le "mur", il afficha un air incrédule : était-il vraiment possible de faire des choses de ce genre ? Bien sûr il était tombé sur de nombreuses personnes dotées de pouvoirs formidables, de forces surhumaines, de sens... tout aussi surhumains ; mais c'était bien la première fois (d'après ses souvenirs) qu'il entendait parler de la capacité de lecture de pensées. C'était un don incroyable et plus que pratique, à plus d'un titre !

Toute souriante et pimpante, Catherine s'étira l'air de rien pendant que l'élémentaire regardait dehors : avec sa révélation elle venait aussi de proposer de faire du feu avec du bois mais... la cavité dans laquelle ils se trouvaient tous les deux était minuscule et la zone la plus boisée était éloignée. À ce rythme là, il était plus logique de prier pour la fin du déluge. Reportant son attention sur son étrange camarade, l'élémentaire l'observa un peu plus attentivement. Elle avait deux beaux yeux aux couleurs du lac (quand le soleil daignait pointer le bout de ses rayons sur celui-ci) et ses cheveux blonds, trempés, encadrait son visage en lui conférant une beauté toute singulière. Il se demanda une nouvelle fois si cette dernière n'était pas une vampire, pour la simple raison que la seule fille lui venant en mémoire, dégageant cette même aura, était Eleonor Doherty, celle qu'il aimait. Mais il cessa bien vite de penser à elle, en se souvenant du don de celle qui était à moins de trois mètres de lui. Ce n'était pas qu'il manquait de confiance en elle (même si à vrai dire, il ne savait rien d'elle et pouvait à juste titre se munir de quelques doutes) mais l'idée de tout livrer de lui par la pensée était dérangeante. Pour combler rapidement ce vide soudain d'images dans sa tête et pour remplacer le visage de sa compagne de vie, l'élémentaire songea à... une brique, qui bien vite laissa sa place à une invasion de souvenirs composée des couleurs de la forêt vierge, dans laquelle il s'était isolé pendant un bon moment, avant de revenir en ville. Dans ces réminiscences on voyait les arbres, les prairies, les fleurs qui composaient le cadre quotidien de l'élémentaire pendant son isolement, pour ne pas dire son ermitage loin de la ville, qu'il nommait souvent lui-même, par amusement, "la forêt de pierres".

"C'est un... c'est quand même un don particulier" prononça-t-il en souriant, avant d'ajouter "mais pas que : il est dérangeant ! Maintenant je vais devoir faire attention à ce que je pense, sinon vous saurez tout de ma vie en quelques minutes seulement !"

Son visage adopta un air faussement dérangé qui laissa bien vite s'inviter un sourire, accompagné d'un rire. Même s'il décidait de "rester sur ses gardes", il ne voyait pas vraiment Catherine d'un mauvais œil (une personne mauvaise ne serait pas venue pour le sauver si ?) et considérait plutôt qu'elle était une bonne personne. Il n'était pas naïf pour autant, car même Saphira s'était montrée sous un jour agréable avant de tenter de le tuer, mais pour l'instant il ne doutait de sa camarade en tout cas. Il s'emboîta donc un peu plus contre la paroi de la cavité, qui était plus ou moins confortable et ouvrit son sac, pour en sortir une serviette (mouillée bien entendu) qu'il utilisa pour sécher un maximum ses cheveux. Le résultat avait quelque chose d'amusant car sur la tête de l'élémentaire ne vivait plus une chevelure simple : ses mèches blondes, soumises à l'humidité de l'endroit, partaient presque littéralement dans tous les sens. Il fit donc la moue et empoigna plusieurs autres objets : un thermos et deux gobelets - dont un qu'il lança à la jeune femme.

"Mais bon, vous venez de me sauver la vie, je suppose que je peux vous accorder un peu de ma confiance. Plutôt, ça vous tente un thé à la pêche ?"

Il remplit son propre gobelet et s'abreuva de quelques gorgées.

"Je vous proposerais du chaud avec plaisir mais... nous ne sommes qu'en Septembre, je n'envisageais pas un mauvais temps de ce genre. Surtout qu'il faisait une chaleur à mourir avant que le temps ne se couvre."

Message par Invité Jeu 7 Nov - 13:47

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Le temps n’avait pas changé depuis que je m’étais installée sous la grotte avec le jeune homme blond du nom de Vegeo. Il pleuvait, encore et toujours, et l’eau ruisselait sur la paroi de pierre qui nous servait d’abri. L’odeur de la végétation humide qui nous entourait, et la fraîcheur que dégageait la pluie me mettait mal à l’aise. Mon âme de pyromane protestait contre tant d’eau, et je sentais mes pouvoirs refluer tout au fond de moi, là où c’était vraiment difficile, voire parfois même impossible, de les atteindre.  Je me sentais soudain faible, vulnérable…  Certes, j’avais toujours pour moi ma force et ma rapidité de vampire, mais mon don était mon petit plus, cette chose qui faisait que je me sentais entière. Un temps pareille m’ôtait un de mes moyens de défense le plus efficace, même si mon pouvoir sur le feu avait soudainement diminué sans que j’arrive à savoir d’où cette soudaine faiblesse pouvait bien venir. A part allumer quelques bougies, ou un feu de camp, je n’arrivais plus à rien. Je me souvenais encore de cette époque où je pouvais faire à peu près n’importe quoi de cet élément. Mais ça… C’était avant. J’avais eu du mal à tourner la page sur cette puissance disparue, mais j’avais fini par y parvenir. Je me reposais surtout sur mon pouvoir de télépathie, et sur la suggestion, pour me protéger. Cependant, une trop longue utilisation de ma force mentale pouvait me coûter cher, je me voyais donc contrainte à une utilisation modérée et restreinte de ma faculté.  Chose très handicapante pour une femme vampire, surtout aussi assoiffée de pouvoir et d’importance que moi.  Pourtant, si le surnaturel m’avait déserté, l’achat prévu de la boite de nuit de la ville, qui appartenait à Danaliel fut un temps, m’assurait de nouveau un quasi-omniscience sur le monde des mortels. Je dois dire que j’avais appris la disparition du loup avec une certaine satisfaction. Je n’avais jamais su qui l’avait supprimé du paysage, mais toujours était-il que ça m’avait fait grand plaisir. Je m’étais longtemps demandé si c’était Néro qui avait fini par le supprimer, ou si cet ivrogne d’animal était finalement tombé sur plus gros et plus fort que lui et qu’il s’était finalement fait écraser.

Je m’étais une fois encore perdue dans mes pensées, et je ne me rendis donc pas compte que je n’étais pas la seule. J’avais oublié l’esprit de Vegeo pour pouvoir à loisir plonger dans mon propre subconscient. J’affectionnais particulièrement ces rétrospections.  Elles me permettaient de me relaxer, de m’éloigner de ce monde vide et sans réel intérêt, pour me remémorer cette époque vive, et riche en souvenir, qu’avait été pour moi le siècle précédant. Ces robes, ces bals, ces fêtes… Ces gens que j’avais rencontrés et aimés, puis perdus. Je ne savais pas où j’irai à présent, mais j’étais sûre d’une chose : je finirais par retrouver mon chemin, comme toujours. J’avais beaucoup changé au cours de ces dernières années. Sans compter que j’allais m’approprier ce club, et qu’il y avait Aliana maintenant… Je ne savais pas, une fois encore, où cette histoire naissante mais déjà pleine de promesses nous guiderait. Tout ce que je savais, c’est que j’avais envie de la connaître, de la chérir et de ne pas la perdre pour des broutilles. J’avais une envie, une passion sans limite pour cette mystérieuse vampire, qui m’avait vue sous mes pires jours, et suivie pendant plus d’un siècle.  Je ne savais rien d’elle que ce que j’aurais pu apprendre dans un livre. Puisqu’on ne parlait d’elle nulle part. On n’évoquait qu’ici et là une créature pire encore que moi, qui tuait et qui tue encore à peu près n’importe qui, comme dans un jeu sadique et mortel dont elle seule connaissait les règles. Seul l’avenir nous dira ce qu’il adviendra. Mais je voulais absolument me donner à elle corps et âme. L’histoire que j’avais vécue avec Néro m’avait bouleversée. Mais ce que je ressentais pour la belle immortelle était tellement différent… Tellement destructeur, aussi. Je risquais de m’y brûler les ailes, j’en étais consciente. Et pourtant, je courais volontairement à la catastrophe.

C’est en revenant à la réalité que je vis Vegeo tomber lourdement sur le sol. Mon aveu sur mon don de télépathie l’avait visiblement chamboulé, et il s’était écrasé un peu plus violemment que prévu contre le mur de la cavité, en face de moi.  Mon sourire ne me quittait plus, et je ne pus retenir un rire à sa réaction. Certes, je pouvais lire dans les pensées. Mais je n’étais quand même pas un décodeur ambulant. Je ne pouvais lire ses pensées que temporairement, et j’avais arrêté depuis un moment maintenant. C’est une bribe de pensée, un brève évocation d’une personne, qui me redonna envie de rire et de ne jamais m’arrêter : Il sortait avec Eleonor ? LA Eleonor ? Cette vampire toute fragile et végétarienne, que j’avais eu envie de tuer au bord de ce même lac, presque un an auparavant ? Celle que j’avais croisée quand je chassais dans les bois,  alors que Néro était là, lui aussi ? Je me souvenais de ce combat comme s’il avait eu lieu hier.  Nous avions presque faillit nous entretuer ce jour là.  Ce fut ensuite une série d’images brouillée de la forêt qui apparut dans sa tête, et je m’en tirais bien vite. Elles défilaient tellement vite qu’elles m’en donnaient mal au crâne. Il essayait visiblement de noyer des souvenirs très intéressants avec des images un peu confuses. Cela dit, j’eus l’impression qu’elles avaient un sens. Peut-être qu’il était un élémentaire, et qu’au final, cette forêt était sa maison ? Ca expliquerait qu’il se sente aussi bien par ce temps pourri, et dans cette grotte miteuse, alors que la partie boisée de la ville la plus proche se trouvait à au moins un quart d’heure à pied. C’est aussi là que je compris que si je voulais faire un feu, il faudrait que je me débrouille sans branches.


-Nan, tu ne risques rien, ne t’en fais pas. Je ne peux lire les pensées des gens que temporairement : Ca demande beaucoup d’énergie et ça me fatigue très vite. Je devrais aller chasser très vite après, et je risquerais de tuer quelqu’un.  C’est certes dans ma nature, mais je préfère éviter le plus possible. Toujours est-il que je connais un peu celle avec qui tu vis, jeune homme ! C’est une vampire, c’est ça ? Et elle ne boit pas de sang humain, que du sang animal ?

Dehors, de la vapeur s’échappait du sol. La chaleur qu’il avait emmagasinée  s’échappait grâce à la pluie, et la vue du lac était donc brouillée par ces nuages blanchâtres. La mine faussement désappointé du jeune homme me tira un nouveau rire, et quand il essaya tant bien que mal de remettre sa chevelure en ordre avec sa serviette mouillée, ce ne fut que pire, et je ris de nouveau. Il avait la tignasse en bataille, et ses mèches blondes étaient encore plus rebelles qu’après que je l’ai tiré du lac.  Il tira aussi de son sac un thermos et deux gobelets, dont un qu’il m’envoya, et que je rattrapais avec une souplesse qui n’était pas franchement humaine. De toute façon, je n’en avais que faire qu’il sache que j’étais un vampire : si l’une de mes congénères partageait sa vie, je ne l’effrayerai pas.

-Tu sais, je sauve rarement les gens pour avoir le plaisir de les tuer. Je ne suis pas un darkness, et je ne suis plus la cruelle demoiselle que j’étais. J’ai beaucoup changé. Qui plus est, tu n’as pas le goût d’un humain, et je ne me nourris que de ça. Autrement dit : tu ne crains rien en ma présence. Et oui, je veux bien un thé glacé.  Mais si tu le veux chaud, ton thé, je dois pouvoir arranger ça.

Je posais la main sur le gobelet du jeune homme, et me concentrais intensément. Ce fut long et difficile, mais je finis par parvenir à cerner l’étincelle de pouvoir cachée en moi. Une fois que j’eus mis la main dessus, je transférais la chaleur qui montait en moi au verre, et le liquide qu’il contenait se réchauffe petit à petit. Je ne le fis pas trop chaud, pour éviter que Vegeo ne le lâche par terre. Ca devrait lui faire du bien de boire ça par ce temps pourri :
-Ouais, je comprends. C’est mieux là ?

Je bus une gorgée de mon propre thé, attendant sa réaction avec un amusement non dissimulé.

Message par Invité Dim 26 Jan - 21:39

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"...Toujours est-il que je connais un peu celle avec qui tu vis, jeune homme ! C’est une vampire, c’est ça ? Et elle ne boit pas de sang humain, que du sang animal ?"

L'élémentaire observa de l'autre côté de la rive. L'écho du vent tentait un appel délicat depuis la bordure de la source d'eau. Sous l'influence de l'air, les brindilles les plus faibles pliaient et les feuilles mortes s'envolaient. Au loin on pouvait aussi discerner l'envol d'un groupe d'oiseaux, dont la race échappa à l'observateur indiscret. Reportant son attention sur son interlocutrice il constata que son pouvoir était de qualité et probablement employé depuis un moment : sa précédente tentative était stérile d'intérêt et Catherine semblait déjà au courant d'une partie de sa vie privée. Peu enclin à dévoiler des informations sur sa compagne de vie, il axa son âme vers un autre sentiment que l'amour et sa logique dans une autre direction, pour ne pas risquer de dévoiler aussi sa propre race. Après tout la vérité était une demoiselle joueuse qui aimait prendre le problème pour compagnon. Aussi il adopta un visage souriant et répondit d'un ton qui tenait plus de la malice que de la complainte.

"Surtout ne le prenez pas mal Catherine, mais je dois avouer être peu enclin à parler des choses que vous piochez dans ma tête."

L'œil à présent un peu plus observateur, l'élémentaire nota que la jeune femme était assez rapide. Son mouvement quand elle saisit le gobelet n'était pas, encore une fois, sans lui faire penser à la race vampirique. Mais il était toujours malavisé de sauter aux conclusions de manière trop hâtive : elle pouvait tout aussi bien avoir le réflexe facile. Sa sauveuse continua de parler, en ajoutant encore plus de lourdeur à la question qui toquait dans le crâne du maître des plantes (que sait-elle à mon sujet au juste ?) de manière répétitive. S'il éprouvait une certaine sympathie pour la jeune femme, il avait tout de même l'intention de rester sur la défensive pendant un moment. En effet il était peu, voir pas du tout productif de trop parler de son quotidien dans la ville d'Avventura. Sa vie n'était pas fascinante et ses journées étaient souvent composées des mêmes tâches, mais sa routine incarnait encore ce petit quelque chose qui n'était qu'à lui, son train train habituel, son jardin secret. Et ses pensées, ses idées, ses rêves, étaient une présence invisible aux yeux du monde, dont lui seul était conscient, ce qui expliquait sa réticence à livrer quoi que ce soit à la télépathe, aussi amicale soit-elle. Après qu'elle eut utilisé son pouvoir sur la tasse, transformant ainsi le plomb en or, l'eau en ambroisie, le thé froid en thé chaud, l'élémentaire s'enveloppa dans un silence délicat, avant de se poser contre la roche froide de la cavité.

"C'est beaucoup mieux oui" répondit-il en souriant. "Vous êtes capable de prouesses avec des pouvoirs de ce genre !" ajouta-t-il en riant doucement, sincèrement.

Puis la quiétude s'installa, le dialogue s'orienta vers un thème plus banal et exempt de tout thème sensible. Pendant au moins une heure la pluie continua son attaque sur le sol de la zone, pendant que sur le lac une nouvelle image s'invitait toutes les cinq minutes, sous la main créatrice et artistique de la brise de Septembre. De temps en temps - et la chose était rare - on voyait un poisson bondir hors de l'eau comme pour tâter de la température externe, pour ensuite replonger hâtivement et s'éloigner de l'environnement hostile composé d'oxygène. Sur la bordure de la source d'eau rien ne bougeait, mais on entendait distinctement le hurlement du vent qui slalomait entre chaque tronc d'arbre, chaque brindille d'herbe, chaque pierre du périmètre. Finalement le ciel se calma et dans le bleu de la nuit, qui semblait surgir du néant, seule la lumière de la lune et quelques nuages grisâtres bougeaient de-ci de-là, comme pour s'éclipser discrètement après tout le grabuge provoqué. L'élémentaire rangea alors tranquillement son paquetage et, après une salutation sincère à sa nouvelle rencontre, sa compagne d'aventure, sa sauveuse, il s'éloigna dans l'obscurité à la recherche d'un moyen de transport pour rentrer chez lui.

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