| par Invité Mer 13 Fév - 21:22
| La tête toujours entre les mains, le visage à présent perdu sur l'étendu calme de l'eau du lac, je m'apperçus peu de temps après que le garçon avait perdu son sourire. j'avais visiblement abordé un sujet dangereux, sa réaction en montrait l'évidence. Tout compte fait, chercher à vouloir tout apprendre de force n'était peut-être pas une riche idée ! S'il ne voulait pas aborder certains de ses souvenirs, c'était tout simplement parce qu'ils ne lui étaient pas aggréables, et je comprenais ceci mieux que personne. La simple évocation de ma famille, au passé tragique, avait suffit pour me mettre mal à l'aise, alors le juger sur son silence aurait été mal venu de ma part. Mais s'il avait peur de me raconter son histoire parce qu'elle était tâchée de sang, ce n'était pas un problème. Surtout qu'en général, un vampire avait toujours au moins le sang d'une personne sur les mains. Les débuts d'un nouveau né étaient toujours macabre, car leur manque de contrôle sur leurs pulsions et sur leur soif les poussait souvent au meurtre.
D'autre y prenaient même carrément goût, et ne pouvaient plus s'arrêter de tuer, juste pour le plaisir. j'avais longtemps été de ces vampires, trop accros à ce fameux liquide rouge pour stopper les attaques envers les humains, et d'autres, complètement inconscients de ce qu'ils faisaient, ne pouvaient s'empêcher de prendre la vie des humains qu'ils mordaient. Là-dessus, j'avais su me prendre en main, et je ne tuais que très rarement mes victimes. Mais ce n'était venu qu'avec ma soudaine humanité, et je savais que si je replongeais vraiment dans mon vampirisme, je ne pourrais plus me retenir d'arrêter le coeur de mes cibles. J'avais trop longtemps apprécié de sentir, du bout des lèvres, les battements, de plus en plus faibles, du coeur d'un Homme. Je m'étais délectée pendant de nombreuses années de la traque, de la chasse et de la tuerie. J'étais un prédateur, ne laissant aucune chance à mes proie. Une tueuse implaccable, une chasseuse sans failles. Mais l'apparition de ma mère dans cette boite de nuit avait tout changé, me transformant en citoyen vampire quasiment modèle.
-Vous savez, vous n'êtes pas le seul. Un vampire est souvent, surtout au début, soumis à ses pulsions, et ce sont celles-ci qui gouvernent. En général, de nombreuses personnes en payent le prix. Un très lourd tribu sur l'autel de la mort. Un sacrifice que personne ne choisit de faire. Il n'y a pas de bénévoles dans ces innocents.
Sa voix tremblait sous l'effet de la tristesse, et je sentais que sa respiration devenait plus hésitante, moins régulière. Son passé l'avait vraiment marqué, et les erreurs qu'il avait pu faire avaient laissé une marque indélébile au plus profond de lui. Je pouvais comprendre ce qu'il ressentait, car lors de mon changement, quelque peu subit, de personnalité, je m'en étais également beaucoup voulu d'avoir pris autant de vie, des vies de gens qui n'avaient rien demandé à personne. Et pourtant, j'avais répendu leur sang sur les pavés de toutes les villes que j'avais foulées. Le mal avait enraillé ma culpabilité, mes émotions, mais elles étaient revenue en même temps que l'esprit de ma mère. Celà dit, si je venais à replonger, le massacre recommencerait, et je n'aurais de nouveau plus aucun remord. Bien que ça épargne beaucoup de choses, je savais que ce n'était pas une solution. Appuyer sur un bouton pour se débrancher des ses sentiments n'était pas le bon moyen de vivre. mais quand on avait tant de sang et de morts sur la conscience, il vallait peut-être mieux se déconnecter complètement...
-Vous ne m'importunez pas, bien au contraire. Il y a des choses que l'on fait et que l'on ne s'explique pas. Moi aussi j'ai tué, et je m'en veu aujourd'hui, ça n'explique pas mes actes. Pourtant, on ne peut pas effacer ce que l'on est. Mais on peut le changer. C'est ce que vous avez fait, non ?
Quand il passa ses mains sur ses yeux, ce fût pour essuyer les lamres qui s'y trouvaient. Je sentais dans ma tête l'étau se resserrer, broyant de plus en plus fortement mon crâne. La moindre utiliation de mes pouvoirs avait désormais des conséquences non négligeables. Quand une main, plus tiède que ma peau, se posa sur mon front, je savais que ça ne m'aiderait pas. Même un médicament capable d'assommer un éléphant n'aurait pas fait partir la douleur. Il n'y aurait que le temps pour apaiser les choses. En attendant, il était plus sûr de cesser de les utiliser jusqu'à ce que ça aille mieux. Il s'excusa une nouvelle fois, avant de me tourner le dos. Aussitôt je fus sur mes pieds, marchant vite pour le ratrapper:
-Que j'aille quelque part ou que je reste ici ne changera rien à ma migraine et vous murer dans le silence ne vous portera pas secours. Ce n'est pas en se renfermant sur soi-même que l'on réussi à avancer et à aller mieux. Je suis sûre de pouvoir vous aider, mais il faut que vous acceptiez de vous ouvrir. Vous ne pourrez pas effacer votre passé, mais vous pouvez toujours décider de votre avenir, de faire en sorte qu'il soit meilleur et plus léger.
Ma voix était moins dure et moins incisive, et je dois avouer que sur le coup, je ne me reconnaissais plus. Je n'avais jamais sorti à personne ce genre de discours, et encore moins essayé d'aider quelqu'un qui se tapait une déprime. Encore un truc arrivé avec mon humanité et qui repartirait avec mon vampirisme... Restait à espèrer que je ne rebasculerai pas. |
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