| par Invité Dim 7 Juil - 12:26
| Elle pleurait comme une enfant. Il faut dire qu'en ce moment elle avait la sensation de ne faire que ça. Il y avait tant de choses qui la touchaient au coeur. Elle avait revu Calions et l'avait ensuite perdu. Elle avait rencontré à nouveau Djenna et lui avait conté son histoire. Et ce soir c'était un vampire qui venait réveillé en elle sa part humaine. Amarra avait mis tant de temps à se construire une carapace à toute épreuve. Elle avait perdu tant que ce soit ceux qui l'entouraient ou même des morceaux d'elle. A chaque mort elle avait eu l'impression de sombrer un peu plus dans un cauchemars et de perdre des lambeaux de son âme. Alors elle s'était reconstruite laissant la louve recouvrir l'humaine comme une peau. Elle pensait que la louve serait assez forte pour tout supporter. Les coups ne lui ferait plus aussi mal qu'avant et les paroles laisseraient alors place à l'action. Mais elle avait oublié cette petite chose si douce et délicate qu'est l'amour. Cela faisait tellement longtemps qu'elle ne l'avait pas ressenti qu'elle l'avait refoulé dans un coin de son âme dans le même temps que ce qu'elle avait ressenti et fait à Nargreige.
Pourtant ce sentiment était revenu quand Kyoshiro lui en avait parlé. Il était revenu doucement, réveillant des souvenirs de ses amours passés. Il lui avait fait battre le coeur plus vite au contact du jeune homme et il lui avait montré que le monde n'était pas que combat et souffrance. Avec toute sa douceur, il venait de lui rappeler que quelque soit l'épaisseur d'une armure, l'amour parvient toujours à trouver le chemin de l'âme si l'on rencontre celui qui est capable de vous atteindre. Et Kyoshiro lui, le pouvait. Après cela faisait-il de lui l'homme de sa vie ou même une personne à aimer, personne ne le savait vraiment... Au fond Kyoshiro n'avait rien connu d'autre que la solitude. Son amour pour la louve pouvait très bien être une simple expression de son besoin d'être avec les autres. S'il faisait d'autres rencontres, peut être que ce sentiment pour elle s'estomperait, comblé par le bonheur obtenus auprès des gens.
Amarra sentit la présence du garçon et se calma quand il arriva. Elle ne voulait pas trop se montrer en position de faiblesse mais malheureusement elle avait du mal à se reprendre. Son corps était parcouru de frissons et elle avait la sensation que l'elfe noir qui fut son amant était là et se riait d'elle. Elle ferma les yeux, cherchant à refouler sa peur et son sentiment de fragilité quand le vampire parla. Sa voix calma un peu la louve, éloignant ses cauchemars. Elle releva la tête, cessant de pleurer à chaudes larmes. Elle regarda le vampire appuyé contre l'entrée qui l'observait et elle lut aisément la tristesse sur ses traits. Amarra s'en voulut d'autant plus qu'elle lui faisait de la peine. Mais quand le jeune homme reprit la parole, la louve ne put que sentir son coeur se serrer devant ses propos. Elle pinça des lèvres et prit alors la parole. Sa voix était cassé à cause de ses pleurs mais il fallait qu'elle parle.
"Ce n'est pas en fuyant les gens que vous résoudrez les problèmes, bien au contraire. Nous sommes tous des êtres humains. Vampire, lycans, humains... Nous avons tous besoin d'aimer et de rencontrer des gens. Vous êtes tombés amoureux de moi car j'ai été là pour vous écoutez et pour parler avec vous. En un sens vous éprouvez de l'affection pour moi car j'ai fait ce que vous voudriez bien faire avec d'autres personnes. Communiquer. Si vous vous ouvrez plus aux autres, certes vous pourrez en souffrir mais vous pourrez aussi aimer et vous faire des amis... Fuir le monde et les autres ne sont pas les remèdes à votre peur d'aimer. Car plus vous vous couperez des autres et plus fort sera vos émotions lors d'une rencontre."
Elle se tut et détacha son regard de celui du vampire, se sentant mal à l'aise d'être ainsi devant lui. Elle prit appuis contre le mur et se releva, reprenant peu à peu contenance. D'un geste elle chassa les larmes qui restaient sur son visage. Elle se massa les paupières puis quand elle les rouvrit, elle tourna son regard vers le jeune vampire qui venait de poser une main sur son coeur et qui parla. La jeune femme esquissa un sourire et répondit :
"Les humains sont plus fort que ce que l'on pense. C'est leur fragilité qui fait qu'ils s'accrochent d'autant plus à la vie. Ils peuvent mourir si aisément que leur coeur lui, est aussi courageux qu'un bateau dans la tempête. Quand j'étais humaine, je sentais sans cesse mon coeur parler. Il chantait dans ma poitrine, heureux de s'exprimer si fort. Je me rappelle de son dernier chant en tant que coeur d'humain. C'était le jour de ma transformation. J'étais poursuivie par un lycan et je courrais avec la force du désespoir. Ce jour-là mon coeur me poussait en avant, m'hurlant qu'il ne voulait pas mourir. Il me disait "pas aujourd'hui ! pas aujourd'hui !" et s'emballait puis d'un coup il en a eu assez de fuir et moi aussi. Nous avons fait tous les deux face au lycan. Et ce jour-là j'ai senti mon coeur me dire adieu. Nous pensions que je mourrais une fois que le lycan serait sur moi. Mais seul lui est mort. Enfin mort est un mot bien dur. Disons que je l'entends moins car si je l'écoute trop je serais sans cesse une louve. Nos émotions influent tellement sur nous, les lycans que nous sommes un danger quand nous éprouvons trop de choses. C'est la vie."
Amarra enviait les humains. Elle aurait voulu pouvoir retrouver ses sentiments si innocent qu'elle avait dans le passé. Mais l'on ne redevient pas que ce l'on a été. La marche arrière dans une vie n'existe pas. On peut refaire des choses mais jamais elle n'effaceront que que l'on a fait par le passé et ça qu'importe nos actions. Le seul pardon qui peut nous apaiser c'est celui que l'on se fait à soit même. Avancer en se respectant et en respectant les autres. Et affronter le destin qui nous fait face avec l'envie de vivre et d'être heureux. Ça doit être ça la base de la vie. La jeune femme regardait le vampire et lui fit un sourire. Elle voulait lui montrer qu'elle allait bien. Qu'il n'avait pas à afficher un regard si triste et ajouta :
"Allons donc ! Cessons de faire nos têtes d'enterrement ! Personne n'est mort n'est-ce-pas et puis il fait si beau ce soir que nous morfondre serait presque une insulte à une telle soirée. Qu'on dit-tu ?"
La jeune femme replaça un peu sa serviette et se dit que pleurer devait ouvrir l'appétit car elle avait faim maintenant. Elle se demanda si le vieil homme avait de quoi manger ici. Elle l'espérait car elle aurait bien croquer un morceau avant d'aller se coucher. Pourtant elle aurait bien voulu continuer de discuter avec Kyoshiro mais elle ne voulait pas lui forcer la main. Après tout si le jeune homme était habituer à la solitude, peut être que ce trop plein d'émotions l'avait suffisamment fatigué pour le reste de la soirée non ? Elle l'ignorait et dans son indécision, elle préférait voir ce qu'il en dirait et ce qu'il comptait bien faire. |
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