| par Invité Ven 31 Mai - 18:29
| La journée était passée vite, pour une fois. Je m'étais levée, d'assez bonne humeur, ce qui était étonnant un jour où je me réveille seule dans mon lit. Je dois avouer que les bribes de rêves érotiques étaient plutôt sympas, bien que dérangeantes, car le souvenir de Néro me tarabustait toujours un peu, et avoir ce genre de fantasmes me ramenait toujours à lui... Le second homme que j'avais vraiment aimé dans ma vie. Il était partie, me laissant seule, en tête à tête avec ma conscience. Sauf que cette garce m'exaspérait au plus haut point, avec ses verres en demies-lunes, sa jupe et son chemisier qui lui donnaient un air prononcé de secrétaire. Elle n'arrêtait pas de me harceler, en me répétant des choses désagréables, tu genre de : " T'aurais pas dû le quitter" ou " T'es vraiment une idiote". En bref, j'avais fini pas lui clouer le bec en lui foutant une droite mentale magistrale, qui raisonna jusqu'au fin fond de mon esprit, encore vaguement embrumé. Je m'étais habillée rapidement, enfilant un survêtement et un t-shirt trop ample à mon goût. Une tenue de fille à rester s'ennuyer chez elle, qui collait si bien avec mon propre quotidien. Car tant que le soleil était maître du ciel, j'étais condamnée à me tourner les pouces au manoir. Pieds nus sur le parquet, je me dirigeais vers la cuisine, descendant au ré de chaussée par les escaliers droits de bois sombre. Arrivant dans une salle à manger plutôt spacieuse, dont les fenêtres étaient masquées par de lourdes tentures bordeaux, je commençais à sentir le tiraillement si désagréable dans mes veines, qui me signifiait qu'il fallait que j'avale quelque chose. Je ne m'étais pas nourrie la veille, et j'en payais le prix aujourd'hui. Je marchais sur les tapis, ressentant avec force le tissus sous la plante de mes pieds. Un contact doux, familier et rassurant. Je me rappelais alors la période où j'avais été très casanière, ne sortant de chez moi que pour chasser et tuer. Tout avant bien changé, depuis. Je sortais pour le plaisir, pour aller bosser aussi et je fréquentais les bars du coin quand l'envie me prenait de boire un verre. Je ne pouvais pas faire de shopping, vu que les magasins fermaient tôt et que, souvent, le soleil n'était pas couché derrière l'horizon. Mais j'appréciais aussi une promenade dans les montagnes, ou dans le square. Mais, e que je préférais le plus, c'est le lac. Parce que, même si ce n'est qu'un lac, ça me rappelle la douce mer de Toscane. Et j'avais toujours, en dépit de mon pouvoir de pyrokinésie, aimé l'eau. Ma naissance ne devait pas y être pour rien, j'avais toujours vécu au bord d'une étendue d'eau. Que ce soit à côté de a piscine de la villa, ou de la splendide côte, qui découpait le littoral et le bordait d'une plage de sable blanc à tomber à la renverse. Nostalgique, et plongée dans mes souvenirs, je me dirigeais presque mécaniquement vers le réfrigérateur, sentant que ce n'est plus du tissu, mais du carrelage sous mes pas. J'en ouvre la porte, et j'en tire une poche de sang humain, volé à l'hôpital récemment. Je n'aime pas devoir me nourrir comme ça, mais le flux de douleur qui m'étire les muscles est un supplice. Je referme la porte du frigo et place la poche dans le micro ondes. Je mets le minuteur et attends patiemment qu'il se décide à m'annoncer la fin de l'opération. Quand le ding ! retentit, j'ouvre l'appareil et tire la poche, doucement chaude dans ma paume. Je fais sauter l'espèce de bouchon en plastique qui retient le liquide de se déverser et le lance avec précision dans la poubelle, où il atterrit sans encombres. Je porte la poche à mes lèvres, et me mets à boire en retenant ma répulsion au goût presque synthétique de mon repas, appuyée contre la table de métal froid de la cuisine. Malgré l'infâme fumet de mon casse dalle, je sens mes muscles de détendre, s'oxygéner, et cesser de m'écarteler dans tous les sens. C'est dégeu, certes, mais ça fait du bien. Je vide le reste d'un trait, et envoie la poche tout à fait sèche dans la poubelle, qui rejoint son bouchon. Je me lèche les lèvres comme un chat pour autant le sang sur les commissures. Je m'étire avec délice, profitant du calme de ma demeure. Je passe un peu maladroitement devant la fenêtre, qui est mal obstruée, et je me brûle la main. Je grimace, me tenant le poignet. La plaie n'est pas belle à voir, et elle met un temps exaspérant à cicatriser. J'ai mal, mais je serre les dents, en attendant que ma blessure se referme. Quand c'est fait, la douleur d'estompe, et je prends garde en refermant tout à fait le rideau. Quelle maladroite je peux faire ! Ma conscience, assise contre son bureau, croise les bas sur sa poitrine en secouant négativement la tête, l'air exaspéré. Je lui lance un regard noir et elle se retient de ricaner. Je lève les yeux au ciel et trace ma route. J'envisage d'aller jouer du piano dans le salon renaissance, maintenant que a faim est apaisée, mais je change d'avis. Je préfère descendre à la cave, toujours pieds nus, pour m'entraîner. Des râteliers couvre la moitié des murs rectangulaires de la pièce, contenant des lames, mais aussi des gants de boxe, des objets lançables et tant d'autres choses. Sur le mur à ma gauche se découpe un puching ball rouge aux pôles noirs. A l'opposé, tout un attirail posé sur un établi permet de fabriquer des armes. En tant qu'ADLM, j'avais un certain savoir, et j'aimais beaucoup les prototypes que je construisais avant de les étrenner sur le terrain. A ma grande surprise parfois, ils étaient plutôt efficaces. Je prends une paire de gants et les passe habilement, avant de me diriger vers le sac. Le sol est couvert d'un moquette, ce qui m'empêche de m'entailler la peau des pieds sur le béton d'origine. Pendant une bonne moitié de la journée, j'éprouve mon endurance, et je donne des coups acharnés sur mon adversaire rempli de billes de polystyrène. L'autre partie de la journée avant le coucher de soleil, je bats du fer, le grave, le monte sur des mécanismes, testant nombre de combinaisons, plus ou moins compatibles. Quand j'en ai marre, la nuit a rempli le ciel d'encre, et j'envisage de me rendre au lac pour me détendre après une rude journée de travail. Je remonte dans ma chambre, m'habille d'un jean moulant noir, d'un t-shirt portant un visage de femme fait de paillettes couleur d'or et une paire de Vans. Je prends mon blouson sur la chaise à côté de l'armoire, l'enfile sans le fermer, et sens le poids familier de mes clefs dans ma poche. Un fin sourire se dessine sur mes lèvres, et une flamme malicieuse fait étinceler mes yeux bleus. Je roule vers le lac, ne me préoccupant que peu des autres usagers. Une fois arrivée près de l'étendue d'eau, je laisse ma bécane rutilante sur la rive et m'approche de la surface saphir, reflétant la lumière des étoiles. Je suis aspirée dans mes pensées, si bien que je mets un certain temps à percevoir l'arrivée d'une autre personne. |
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