| par Invité Mer 25 Déc - 16:46
| « Silence.
Eléanore releva la tête, surprise. La réponse n'était pas celle attendue. Pourtant, elle ne dit rien. Respectant son exigence. Il est vrai que le silence était beau, sous tous les points. Il permettait des regards qu'on aurait jamais osé lancer sous les bruits du quotidien. C'est sous le silence que les émotions les plus fortes passaient. Que ce soit l'amour, la désolation, le déchirement, et bien d'autres encore. Chaque personne avait sa propre raison d'exiger celui-ci, et généralement, la meilleure chose qu'on puisse faire était de justement ce taire. C'est pourquoi, la jeune femme n'osa pas poser de question face à cet ordre non méchamment incité. Quelque soit sa raison, étant symbolique ou non. La canidé se contenta de frotter, lustrer et rendre la beauté d'antan au tombeau. Les tâches de sang repérées plus tôt, s'estompaient peu à peu sous le passage méthodique du chiffon. Elle sourit, fière de son œuvre. De plus, les rayons de l'astre lunaire mettait merveilleusement bien en valeur la pureté de la pierre. Relevant la tête, elle vit que son compagnon avait lui aussi terminé et la fixait. Sans la prévenir, il lui prit le bras délicatement, mais toute fois assez fermement pour qu'elle le suive sans, encore une fois, poser de question. Elle se laissa faire, confiante. Il lui expliqua la raison de son silence, en dehors de la demeure des morts.
-Ne vous en faîtes pas pour mon intimité, j'aimerais si vous désirez réellement m'aider que vous gardiez le silence lorsque on nettoie les tombes. Les morts ont dû suffisamment entendre d’absurdités au cours de leurs vie, sans que l'on soit obligé de leurs imposer les nôtres. Donc si vous avez quelque chose à ajouter, faisons le plus tard où maintenant s'il vous plais.
Décidément, il était vraiment un personnage atypique. Ce n'était pas tous les jours qu'on rencontrait ce genre de personne. La jeune femme lui sourit gentiment. Que pouvait-elle ajouter à ses dires ? Elle était plus que d'accord avec lui. La vie coûtait assez cher pour qu'on nous importune dans notre dernier sommeil, mortel. Pourtant, il l'intriguait, elle ne savait pourquoi, mais elle avait envie de parler. De tout et de rien. Cela ne lui arrivait pas souvent, et d'habitude elle était seule quand ce genre de spasme arrivait, de ce fait, elle se mettait à écrire pour dérouler le fil de sa pensée. Mais ce soir là, pour la première fois, quelqu'un était présent. Un jeune homme qui plus est. Mais elle allait paraître ridicule, déballer ce flot de paroles risquait de la faire passer pour une idiote. Oui, le silence était vraiment d'or. Alors elle ce contenta de sourire, pas bêtement, mais un sourire doux, sans aucune trace de moquerie envers les paroles qu'ils venait de prononcer. Elle finit toute fois par briser le silence.
-Très bien. Et quelle est la suite du programme jeune monsieur ? Continuons-nous de laver méthodiquement chaque tombeau ? A moins.. oui, à moins que vous n’ayez une autre idée en tête ? La lune est si belle ce soir, cela serait dommage de ne pas admirer sa beauté. Enfin, nettoyer les demeures des anciens ne me dérange nullement.
La canidé ne savait quoi faire, un lourd silence s'installa, et pour le coup, elle aurait préféré que quelqu'un parle sans s'arrêter pour combler le vide. La malaise emplit la jeune femme, son interlocuteur la fixait, mais ne parlait pas pour autant. Qu'est ce qu'il pouvait penser ? Qu'est ce qui pouvait se passer dans sa tête ? Elle fut tentée d'user de son pouvoir, étant donné que personne ne se trouvait aux alentours, elle ne risquait pas de se mélanger avec les différentes pensées de chacun. Pourtant, cela la fatiguait énormément. Elle se résigna. Alors, pour calmer ses questions qui la stressait inutilement sur son interlocuteur, elle fit comme à chaque fois qu'elle ne pouvait supporter cette gêne qui lui emplissait le ventre. Elle fredonna. Pour éviter que son interlocuteur ne l'entende trop, elle lui tourna le dos et s'avança de quelque pas. Elle regarda le ciel, encore noir à cette heure là de la nuit, mais parsemé d'étoiles. Le vent sur son visage la calma quelque peu. Soupirant, elle se retourna pour se trouver nez-à-nez avec Stan.
-Pardon.. Je suis confuse, je ne voulais pas.. Enfin..»
Elle se retira d'un seul coup, le rouge lui montant aux joues. Bon sang, qu'est-ce qu'il faisait si proche d'elle ? Elle avait l'air d'une greluche maintenant. Elle allait encore s'éloigner de quelques pas, pour que cela ne se reproduise plus, quand quelque chose la retînt. |
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