"Que ressens un bébé quand il quitte le ventre de sa mère ? Pleure-t-il ce qu'il gagne ou ce qu'il perds ? Et moi que ferais-je quand je verrais de mes yeux l'Univers ? Aurais-je cette même appréhension de la Terre ?"
Je nage dans cet océan de ténèbres. Mon corps flotte, inerte comme dénué de toute substance. Je n'ai pas mal, je n'ai pas faim, je n'ai pas soif. Je ne ressens rien, rien si ce n'est que le vide qui m'entoure. J'aurais pu avoir peur mais je n'ai ni crainte, ni angoisse comme si tout avait été avalé par cette gaze aussi profonde et insondable qu'une nuit noire. Autour de moi je sens le monde onduler lentement comme le ressac incessant des vagues sauf qu'il n'y a aucun clapotis. Et pourtant quand je ferme les yeux je me rappelle ce rêve... Toujours le même. Je rêve de cette fille fragile dans laquelle je vis. Je suis en elle et je ne peux ni agir, ni interagir avec les autres. Je ne suis que la spectatrice impuissante de sa vie et quelle vie mes aïeux ! Cette pauvre fille n'est qu'une victime ! Certes une gentille victime qui semble avoir le coeur gros comme un éléphant mais elle reste néanmoins une victime ! Enfin je ressens aussi ses sentiments et bien souvent je souffre de ses derniers. J'ai tellement pitié d'elle. Elle était attaché à un vampire je crois et ce dernier s'est retourné contre elle à cause d'une blondasse. Enfin bon je me moque mais qui suis-je au fond pour juger cette gamine, ce vampire et sa pétasse ? Moi qui ne suis qu'un corps mort et un esprit en prison ... Et pourtant je me rappelle aussi de cet homme... Un prête ou un truc du genre bien qu'il possède des jouets assez louches en vérité... Il est plutôt pas mal pour un vieux même si un sourire lui donnerait surement un côté plus sexy que son air sérieux. Enfin j'avoue que si je pouvais agir je l'aurais bien titiller ce mâle ! Haaaaa comme j'aimerais vivre. Oui je voudrais tant vivre. Voir vraiment ce que je veux voir ! Oui je veux voir les odeurs et sentir les couleurs ou l'inverse qu'importe ! Je veux courir dans la rue, embrasser les beaux inconnus et pourquoi pas les belles inconnues aussi.... Ce serait si bon de quitter ce monde sombre et de plonger enfin dans ce rêve de plein pieds. Mais je crains que jamais je ne touche ce rêve. Au fond je crois que depuis que je suis "née" je vis ici. J'ignore pourquoi je suis là, ce que j'ai fait pour arriver ici mais tout ce que je sais c'est que j'y suis. Est-ce une punition divine ou un coup du sort ou que sais-je encore je l'ignore et au fond je m'en fous. Les faits sont là et tangibles... enfin façon de parler...
Mais vous devez vous demander qui je suis non ? Enfin vous c'est assez comique de se parler à soit même mais je crois que si vous seriez à ma place vous en feriez de même. Enfin bref, je n'ai pas de nom. Il faut dire que je n'ai pas de parents ... enfin pas que je sache. Mais il y a pleins de prénoms qui me plaisent comme... Elisabeth... Lucie... Mégane... Emilie ou même ce prénom qui vient d'une chanson que j'adore. Miku l'a déjà écouté et je l'ai tout de suite adoré. La fille s'appelle Roxanne je crois. C'est un homme qui la chante en appuyant bien sur son prénom. J'ignore le sens des paroles mais si un jour je prends vie je crois que c'est ainsi que je me ferais appeler. Je ne veux pas porter le nom de cette "Miku". Je ne veux pas sa vie. Au fond je veux vivre la mienne. Oui je le veux ! Mais que puis-je faire contre ce que je suis ? Comment puis-je lutter dans ce vaste océan où je suis née ? Je me mets en boule et imagine un monde, mon monde. J'y vois des murs sombres, des escaliers et des portes, autant de portes que d'entrelacs dans mon esprit. Des carreaux aussi ! Noir et blanc comme pour montrer le contraste entre Miku et moi. J'y vois des portes, certaines minuscule comme les secrets qu'elles cachent et d'autres immenses au point qu'il serait difficile de les ouvrir. Puis étrangement j'y place les souvenirs de Miku qui, je le sais, souffre beaucoup actuellement. Je les range avec précaution derrière certaines portes, plaçant derrière d'autres ma propre vision du monde. Oui je range tout cela comme pour les chasser de mon esprit puis je rouvre les yeux pour me découvrir au coeur d'une pièce sombre au carrelage blanc et noir. Je me pose sur le sol dur et frémit. Je ne ressens rien à ce contact, juste l'illusion du rêve mais qu'importe. Mon univers noir est devenu mon monde à moi. Je m'avance vers un escalier quand soudain mon monde tremble. Je tombe à genoux, inquiète. Non je ne veux pas perdre ce que je viens de créer !
Miku va mal, elle souffre. Elle souffre trop. Je sens mon corps entier me lancer et je tombe complètement sur le sol. Ma vue se superpose à celle de Miku. Je vois la rue, je vois des humains. Puis mes yeux se baisse et je vois du sang. Son sang qui est aussi le mien. Non je ne veux pas mourir ! Relèves-toi ! Bats-toi ! Mais je sais au fond de moi qu'elle est trop faible, trop fragile. Je regarde alors mon monde qui s'étiole, signe du désespoir de ma porteuse. Mais si elle abandonne, moi en revanche je refuse la défaite. Je me relève et tente de chasser Miku de ma tête. Puis je m'imagine une porte. Cette dernière apparaît. Elle est toute simple, joliment orné de gravure en bois. Je m'avance vers elle et l'ouvre. A l'intérieur se trouve une enfant recroquevillée au sol dans une mare de sang. Je m'approche d'elle avec difficulté et m'agenouille. C'est la première fois que je la vois vraiment. Elle a de long cheveux vert-bleu et ses paupières sont closes sur un visage d'enfant malgré des traits marqués par la vie. Je me penche au-dessus d'elle et lui caresse les cheveux.
"Là Miku. Laisse-toi aller. Ne crains rien. Je suis là, maintenant dors."
Puis je me baisse et dépose un baiser sur son front. Je sens alors tout mon univers fondre et je sais que la mort m'attends désormais.
La fille était blessée et en piteux état mais Tommy s'en fichait. Elle était mignonne, le reste n'avait pas d'importance car elle était la victime idéale ! Il la regarda avec un sourire satisfait. Du sang était répandu sur le sol mais bon ce n'était rien de bien incroyable. Un peu de sang perdu n'avait jamais tué personne ! La jeune fille tremblait de peur. Son visage et ses vêtements étaient sales au point où le jeune homme se demanda si elle ne traînait pas dans une histoire louche. Après tout, ça pourrait ajouter de la valeur au prix qu'il pourrait en tirer. Un peu de viande pour les Rebelles ne serait pas de trop. L'humain s'avança vers elle, tenant son arme dans sa main, fier de son trophée. La fille eut un hoquet et un violent sursaut qui figea le garçon de surprise puis soudain elle cessa de trembler. Elle regardait ses mains posait dans son propre sang puis lentement elle leva un visage ébahi vers lui puis tout autour d'elle. Elle semblait tout droit sortie de l’hôpital psychiatrique avec sa tête surprise et son visage étonnée. A croire qu'elle voyait le monde pour la première fois. Mais ce changement soudain le laissait perplexe et notre trafiquant préféra s'arrêter et surveiller cette folle. Elle semblait totalement différente. La peur inscrite sur son visage, son regard fragile et inquiet laissait place à un regard émerveillé, amusé et presque dénué de conscience du danger imminent. La demoiselle se contentait de toucher et de caresser légèrement le sol comme pour s’imprégner de sa texture et elle ne cessait de regarder partout. Puis elle se releva lentement, incertaine comme si elle apprenait à marcher. Ses premiers pas furent hésitant puis finalement son regard se posa sur Tommy qui l'observait, vraiment étonné. La regard de la jeune fille changea comme si elle se souvenait enfin de sa présence. Le jeune homme lui lança un regard noir, s'attendant à la voir fuir et commença à s'avancer vers elle mais c'est alors qu'il comprit qu'il y avait un hic. Car au lieux d'afficher une mine apeurée, la demoiselle lui lança un regard de défi et sa voix claqua dans l'air.
"Hey ! Toi, le Punk ! A qui penses-tu t'en prendre là ? Retourne chercher du travail au lieu de me prendre la tête sinon tu va morfler !"
Tommy se figea de surprise mais son sang ne fit qu'un tour. Comment cette petite pute osait le traiter ! Non mais et puis quoi encore, il n'allait pas se laisser faire par une petite pétasse lunatique ! Il s'avança vers elle et la poussa contre un mur, lui immobilisant les deux mains et posant sa lame contre la gorge de l'insolente. Pourtant la fille le fixait et aucune peur n'émanait de ses prunelles assombris par la nuit.
"Ferme ta salle petite gueule où je te coupe la langue, poufiasse !"
Un sourire apparut sur le visage de la fille et sa réponse ne se fit pas attendre.
"Allons bon tu oserais me la couper sans savoir de quoi elle est capable ?"
Comme pour le provoquer l'intéressée quitta la bouche de sa propriétaire pour se promener nonchalamment sur ses lèvres en une invitation plus que suggestive. Puis sans prévenir une légère pression passa sur le bassin de l'homme qui baissa les yeux pour découvrir la source de cette caresse. Voyant les hanches de la belle, il sut. Alors là c'était bien la première fois qu'une fille qu'il agressait lui lançait une telle proposition. Il en était tellement surpris qu'il en relâcha inconsciemment sa prise. Erreur fatale car soudain il sentit son bras se tordre pour se glissait dans son dos et sa tête fut envoyé violemment contre le mur. Un craquement sinistre retentit dans la ruelle et le trafiquant s'étala au sol. Il n'était pas mort mais il avait le bras cassé ça c'était sûr. La jeune femme repoussa une de ses mèches et soudain un flocon vint se poser sur son visage. Il faisait froid, elle avait mal partout, elle était fatigué mais, au coeur de tout cela, elle se sentait heureuse et vivante. Enfin.
Lentement elle marcha dans la ville, découvrant tout cela. Elle alla dans des toilettes publiques et se fit un brin de toilette puis saisit d'un pulsion elle alla se teindre les cheveux en noir. Elle ne voulait pas être comme l'autre. Et comme pour se démarquer à part entière elle se fit tatoué un "R" sur la nuque à l'arrière, savourant la brûlure de l'aiguille sur sa peau comme pour s'assurer une nouvelle fois de sa propre existence. Oui elle venait de voir le jour. Elle avait quitter la douce chaleur d'un esprit et était entré de plein pied dans la réalité. Et franchement elle semblait être décidé à ne pas le quitter !
Accueil
Rechercher
S'enregistrer
Connexion
par Invité Sam 19 Jan - 18:52![Perdue dans le labyrinthe [Solo achevé] 1301190624383805510777487](https://nsm08.casimages.com/img/2013/01/19//1301190624383805510777487.png)
![Perdue dans le labyrinthe [Solo achevé] 1301190624383805510777488](https://nsm08.casimages.com/img/2013/01/19//1301190624383805510777488.png)
![Perdue dans le labyrinthe [Solo achevé] 1301190624383805510777489](https://nsm08.casimages.com/img/2013/01/19//1301190624383805510777489.png)
