| par Invité Sam 15 Déc - 22:22
| La réaction de Néro face à l'animal me fit sourrire. Il pensait la jument têtue, et c'était légitime, quand on voyait que la jeune femelle refusait de plier les jarrets devant un maître trop faible. En effet, s'il n'était pas confiant, détendu et totalement respectueux, l'animal ne déhotait pas d'un yota, ce qui était plutôt comique. Sauf pour l'intéressé, évidemment... Le tout, c'était qu'il ne s'énerve pas. Sinon, il n'aggraverait que les choses, et risquait d'être désarçonné par sa monture. Un cas de figure envisageable, mais difficilement tolérable.
Alors qu'il suivait parfaitement mes conseils, il était trop figé et trop raide et la jument ne dégnait pas avancer. Après avoir respiré un grand coup, il répéta la manoeuvre, mais pas en vain cette fois. Je manquais d'éclater de rire quand, de manière significative, l'animal s'arrêta net au bout d'un seul et unique pas. Les penses de Néro à ce moment là, par contre, étaient tellement drôles que je ne pus m'empêcher d'éclater franchement de rire. Les chevaux ne trésaillirent pas, curieusement, si ce n'est que Flamme ne tenait plus en place et qu'il avait vraiment envie de partir. Un petit pas pour le cheval, un grand pas pour le cavalier. C'était le moins qu'on puisse dire.
Je le voyai alors flatter l'encolure de son cheval, se dernier laissant échapper un élégant hennisement de plaisir. S'il continuait comme ça, Néro en viendrait à former un vrai couple avec son cheval, et c'était exactement ce que j'attendais de lui. Ridicule aurait été celle qui aurait pensé se faire prendre sa place par un cheval, mais Néro ne manqua pas de le signifier involontairement par pensées, que j'interceptais bien sûr, mais je me passais de commentaires.
-Ne te pose pas tant de questions. Tu verras, le trop et le galop, c'est simple quand on a les bases, mais ces étapes viendront en temps voulu. Tu ne te rendras pas compte du changement d'allure. Tâche déjà d'être détendu et de ne pas être aussi nerveux. Ce n'est pas l'animal qui est une bourrique, c'est le cavalier qui n'est pas dans le bon état d'esprit. Mais ça peut se comprendre. En attendant, ta monture te le fait remarquer. Et ça sera toujours comme ça. Mais tu as réussi à la faire avancer, c'est déjà ça.
Le fait qu'il s'inquiète autant pour quelque chose de si lointain était encourageant: c'était signe de son investissement, et il n'y avait qu'en étant parfaitement appliqué qu'on parvenait à progresser. Par contre, ce qui allait poser problème, c'était le fait qu'il n'était jamais certain de l'attitude de son partenaire. Il était toujours convaincu que l'animal pouvait partir au galop sans prévenir. Alors que ce n'était pas le cas, si le cavalier était ferme sur ses rennes, et s'il restait vigilent et concentré. Je le détrompais alors mentalement, le maurigénant un peu au passage. Rien de bien méchant, mais si je ne le gardai pas dans la bonne voie, il n'aurait qu'une envie: arrêter l'équitation. Autant dire que ce n'étaait pas du tout, mais alors pas du tout, le but de la manoeuvre.
Mal à l'aise d'être au centre de l'attention, il changea de sujet en reportant la conversation sur moi, et sur mon éternel passé. J'allais, aujourd'hui, lui dévoiler une nouvelle page de mon histoire, mais je m'y attendais. Parler de ce que j'avais vécu ne me dérangeait pas, je n'avais pas honte de mon passé, malgré les nombreux écarts que j'avais pu faire au court de ma vie.
-A mon époque, l'équitation était un sport réservé aux nobles, aux riches citoyens. Tout héritier de famille royale ou princière se devait de savoir monter à cheval, et c'était le père qui était chargé de l'apprentissage équestre de ses enfants. Les hommes passaient en concours, tandis que les femmes frimaient en ville. C'était un outil de séduction que d'être cavalière. J'ai donc appris dès mes dix ans à monter. Je mettais toujours sentie aussi bien dans une écurie, auprès des chevaux, que sur une scène, devant des pairs d'yeux inquisitrices de clients bourrés ou obsédés sexuels. Les deux ont toujours fait partie intégrante de ma vie. Depuis que j'ai su monté jusqu'à maintenant, je n'ai jamais cessé de pratiquer, directement ou indirectement, ce sport qui me passionne.
Je notais le compliment dans sa phrase ( je n'auraais pas manqué de rougir si j'en étais capable), mais aussi l'insatiable curiosité qu'il avait à me connapitre dans mes moindres détails, ce qui était très flatteur. D'ailleurs, j'appréciais qu'il mette autant d'énergie, mais sans me forcer la main, à connaître ma déjà très longue histoire dans son intégralité. Et encore, il ne savait rien de ma période lesbienne, mais le jour où il me demanderait de raconter ma vie sentimentale, j'avais hâte de voir la tête qu'il allait faire. L'amour qu'il me portait le forçait à respecter mes choix, de me taire ou de partager avec lui mon histoire. Il n'y avait pourtant pas de passages que je cherchaient particulièrement à cacher, par honte ou paar pudeur, mais il y avait certains souvenirs, chers à mes yeux, que j'avais du mal à partager. Il respectait ça, et c'est ce que j'aimais. Il l'apprendrait un jour où l'autre de toute manière, mais quand je l'aurai décidé, et pas avant.
Je voulais à tout pris l'empêcher de retomber dans ce remord despotique du au fait qu'il m'avait levé la main dessus un peu plus tôt. Je faisais alors progresser la leçon, avant qu'il ne se mette à trop culpabiliser et que ça ne devienne ingérable.:
-Tu te sens prêt à partir du manoir pour aller dans la plaine ? Pour l'instant, on y va au pas. Si ça peut te rassurer, il y a de grandes chances pour que ta jument suive Flamme, dans l'allure et la direction, ce qui devrait te faciliter la tâche. Mais reste toujours vigilent: à ton cheval, mais aussi à ce qui t'entoure. Il suffit de peu pour que ton cheval soit distrait, effrayé ou je ne sais quoid 'autre? C'est au cavalier de retenir sa monture s'il y a un problème. Si le cavalier et négligent, le couple complet peut le payer cher. |
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