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Message par Invité Mar 30 Oct - 21:41

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« Je n’ai pas toujours été qu’une seule et unique conscience… »

La curiosité jusqu’à présent chancelante du Lightness se ranima dès qu’il entendit ces mots, comme la flamme d’une bougie le serait avec un soudain apport d’oxygène. L’avis de son interlocuteur vis-à-vis de ce qu’il pensait concernant la vie et la mort était brusquement passé au second plan dans l’esprit de Jilan. Il lui tardait de connaitre la nature réelle de l’être qui trouvait en face de lui. Un simple humain, même avec des pouvoirs magiques ne pouvait pas appréhender la question de l’existence d’une manière aussi détendue. Le jeune professeur supposait qu’il était autre chose mais plutôt que d’émettre des hypothèses qui se révéleraient fausses par la suite, il voulait l’entendre de la bouche même de la personne concernée. Choisissant de taire les réflexions qui se pressaient contre ses lèvres, il fixa les moindres mouvements de Vegeo. Celui-ci lui promettait une explication et Jilan était curieux de la connaitre. Il se retint de protester quand son interlocuteur commença son monologue par l’affirmation de l’existence de différentes strates. Le Lightness n’avait jamais émis une telle chose, il déclarait seulement qu’après la mort, rien de subsistait. De toutes évidences, l’élémentaire ne croyait en aucun Dieu sinon il aurait pu hurler au scandale –les croyants allaient bien imaginer qu’une seconde vie nous attendait de l’autre côté- ou alors il se montrait encore plus patient que le jeune professeur ? Mais très vite, Vegeo lui apporta un premier élément de réponse et pas n’importe lequel. Jilan arqua un sourcil quand le jeune homme prononça le terme. Les esprits de la Nature ? Il était sérieux ? A en juger par son expression et son assurance, plus ou moins. Ce début d’explication laissa le Lightness perplexe. Il ne croyait pas en l’existence de plusieurs strates, marquant par là plusieurs étapes dans la vie d’un individu mais si l’élémentaire disait vrai alors il ne pouvait plus remettre en question ce raisonnement. Ou alors ces mêmes strates n’étaient que différentes niveaux d’existence et rien de plus ? Il doutait qu’un humain, même sous forme d’esprit, avait accès à cette strate réservée aux esprits de la Nature. Chacune d’entres elles serait-elle indépendante des autres ? Encore fallait-il y croire… Tout comme il fallait croire à l’existence de ces prétendus esprits de la Nature…

La suite du monologue lui parut déjà un peu plus concrète, quoique toujours empreinte de naïveté. Pourquoi diable cet homme ne comprenait-il pas le caractère odieux de la vérité ? Un endroit où les âmes semblent patienter ? Elles ne patientent pas ! Elles n’existent plus ! Certes la réincarnation était une possibilité mais les chances exactes que cela survienne étaient quasiment nulles ! A moins de croire en la réincarnation systématique telle qu’elle était présentée dans certaines religions comme le Bouddhisme, il ne fallait pas compter là-dessus. Pourquoi les populations de Lightness et Darkness étaient aussi infimes sinon ? L’agacement revint aussi vite qu’il avait disparu quelques minutes plus tôt. Vegeo marquait un point non négligeable à propos de l’avant et de l’après d’une existence. Peut-être qu’il y avait bien quelque chose après la mort ? Quelque chose que l’esprit humain était incapable de percevoir. Mais quels êtres étaient donc capables de percevoir l’au-delà tel qu’il était vraiment s’il existait ? Des êtres déjà sous forme d’esprit ? Comme ceux de la Nature ? Dans ce cas, il était plus facile de reconnaitre directement que rien ne subsistait dans l’au-delà plutôt que d’émettre des hypothèses fumeuses puisque seule une minorité était capable d’en vérifier l’authenticité. Jilan en revenait à sa première conclusion, celle qu’il avait tiré en faisant lui-même l’expérience. Nos consciences résistaient à la mort mais elles se retrouvaient bloquées quelque part. Un quelque part qui avait tout d’une entrave, quelque soit l’avis de son interlocuteur sur la question. Un espace clôt sans réelle possibilité de s’en échapper… Quel autre mot allait-il apposer dessus si ce n’est prison ? Même si on avait une conscience visuelle ou auditive de l’environnement anormal qui nous entourait, cela ne fait pas de nous des êtres conscient à proprement parler. Cela était contradictoire comme raisonnement, le jeune professeur le savait. Pourtant c’était là son opinion. Il songea alors qu’il aurait l’occasion de l’expliquer à son interlocuteur le moment venu.

Pensant que Vegeo venait d’en arriver à sa conclusion, il réfléchit à ce qu’il allait lui répondre mais l’autre poursuivit. C’était sans aucun doute la partie la plus intéressante du monologue et elle arrivait à point nommé pour distraire le Lightness. Il l’écouta avec attention pour ne manquer aucun détail. Là encore les propos de l’élémentaire donnait du crédit à l’existence de ces esprits naturels puisqu’il prétendait être né de l’association de l’un d’eux avec une âme humaine. Un mélange un peu difficile à croire et hormis le pouvoir qu’il avait démontré plus tôt, aucune preuve ne pouvait affirmer que ce qu’il disait était la vérité. Tout comme Jilan ne pouvait pas prouver qu’il était immortel. Le Lightness rejetait l’explication de son interlocuteur. Cependant le doute s’insinuait en lui. Et s’il disait la vérité ? Après tout, depuis le départ, lorsqu’il l’avait découvert assis en pleine médiation sur ce tronc d’arbre coupé, le jeune professeur avait perçu quelque chose d’inhabituel chez celui qu’il avait considéré comme un humain. Quelques détails dans sa façon de s’exprimer s’étaient ajoutés à cette première impression. A défaut d’avoir quelque chose pour réfuter sa description, Jilan se dit qu’il n’avait rien à perdre à le croire pour le moment. Après tout, il aurait compris que Vegeo ne le croit pas sur parole quand il avait avoué être un Lightness, chose que l’élémentaire n’avait jamais remis en question. Jilan pouvait bien faire la même chose de son côté, non ?

« Je ne vois pas les choses sous le même angle que vous. Pour moi l’existence se résume à une unique strate puisque c’est le terme que vous employez. Pour ce qui est avant et après la mort… Je sais que rien ne subsiste après la mort, même si vous semblez croire que nous sommes simplement mis en attente pendant ce laps de temps… N’ayant aucun souvenir d’avant ma vie d’humain, je ne peux pas prétendre qu’il y avait quelque chose avant, simplement supposer qu’en écho à la strate d’après la mort, il n’y a rien avant la vie. Pour résumer, nous serions peut-être conscients d’un avant et d’un après mais nous n’existons que dans cette strate réservée aux vivants. Ce serait trop naïf de penser que quelque chose nous attend dans l’au-delà. »

Vu comme ça, les races bénéficiant de l’immortalité se retrouvaient avantagées par rapport aux mortels. Mais comme les Darkness et les Lightness étaient plus rares, ils compensaient par leur nombre d’années, leur faible population. C’était une façon de voir les choses. Ou bien Jilan pouvait se vanter d’être un Lightness parce qu’il avait été choisi pour en incarner un. Pourquoi lui et pas un autre ? Il ne le saurait probablement jamais et ce qui était fait n’était plus à revoir.

« Je dois vous avouer que l’existence d’esprits naturels me laisse sceptique. J’aime à croire uniquement ce que je peux voir et en trois siècles d’existence, je n’en ai jamais rencontré un seul, sans doute parce qu’il n’est pas simple d’en croiser un me direz-vous. Passé ce détail, il y a des choses dans ce monde auxquelles on croit et d’autres non. Cependant, vous paraissez m’avoir cru sur parole quand je vous ai expliqué être un Lightness, il serait impoli de ma part de ne pas vous croire en retour, quelque soit l’origine de votre nature. » termina t-il en souriant.

Il avait obtenu les réponses à ses questions, à lui d’en vérifier l’exactitude mais cela ne se ferait pas aujourd’hui. Jilan remarqua la fatigue de son interlocuteur. Etait-ce le débat qui l’avait épuisé à ce point ? Peut-être bien qu’il ne dormait pas quand il l’avait surpris sur ce tronc d’arbre finalement… Pour la première fois depuis leur rencontre, il commença à sentir ses propres muscles engourdis à force d’être resté immobile à écouter l’élémentaire. Le Lightness s’étira longuement en jetant un regard vers le ciel. Il allait rentrer. Cette journée ne s’était pas déroulée exactement comme il l’aurait souhaité mais elle avait été riche en rebondissements. Si cet homme était né de la fusion entre deux esprits de nature différente alors il lui tardait de le revoir. Ils n’étaient pas pareils, puisque lui avait conservé son esprit d’humain et acquis des capacités qu’il ne possédait pas avant, tandis que Vegeo était un être unique. Ni humain, ni esprit originel. Intéressant sur tous les points. Le jeune professeur détacha enfin son regard du ciel qui se teintait de nuances orangées, marquant la fin de la journée et se dirigea vers l’élémentaire.

« Ce fut intéressant de parler avec vous. J’espère que nous nous rencontrerons à nouveau. Il reste tant de choses dont j’ai envie de débattre avec vous. Mais à votre place je ne tarderai pas trop, les rues ne sont pas sûres la nuit. »

« Même si je n’y suis pas… » ajouta t-il pour lui-même.

Message par Invité Jeu 1 Nov - 12:14

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Toujours posé contre le tronc d'arbre, il écoutait paisiblement les propos de son interlocuteur. C'était évidemment là un débat sur lequel on ne pouvait plus avancer réellement, à cause d'un manque d'informations évident des deux partis. D'un côté les précisions fournies par l'élémentaire pouvaient aisément être jugées peu crédibles - cette histoire de strates superposées les unes sur les autres était assez complexe, on ne pouvait qu'émettre des hypothèses, étaient-elles liées, indépendantes, formaient-elles un tout? - d'autre part le débat de l'existence d'esprits naturels, de la nature même de son esprit à lui, n'arrangeaient en rien la situation. Si on y ajoutait que l'élémentaire n'était pas sûr que l'avant-vie et l'après-vie des vivants était la même que la sienne, il était impossible d'établir des certitudes.

Dans la clairière désormais les changements annonciateurs de l'arrivée de la soirée se montraient. L'atmosphère se faisait plus humide, les bruissements provoqués par le vent s'étaient définitivement éteints et par-ci par-là de petits animaux regagnaient leurs terriers pour s'abriter des prédateurs nocturnes qu'étaient les hiboux, les renards et autres bêtes, aériennes ou terrestres et qui rendaient la vie impossible lors de l'absence de l'astre solaire.

Les priorités des deux personnages elles aussi se faisaient sentir. Le Lightness s'étirait à son tour tout en regardant le ciel. C'était probablement l'heure de rentrer, après tout il devait encore marcher un peu pour retourner en ville et arriver chez lui. De son côté l'élémentaire devrait à son tour regagner cette fameuse cabane abandonnée dans laquelle il avait élu domicile et comme ils avaient marché ensemble, c'était probablement une bonne demi-heure de marche qui l'attendait à présent. Il se releva et s'étira, suivant l'exemple de Jilan qui désormais se dirigeait vers lui.

« Ce fut intéressant de parler avec vous. J’espère que nous nous rencontrerons à nouveau. Il reste tant de choses dont j’ai envie de débattre avec vous. Mais à votre place je ne tarderai pas trop, les rues ne sont pas sûres la nuit. »

Vegeo cligna des yeux.

*Les rues?*

Il se souvint de n'avoir pas précisé qu'il n'habitait pas en ville. Peu importait à présent de toute manière, cet endroit dans lequel il vivait depuis son arrivée devait rester secret, c'était son havre de paix et il ne voulait pas que n'importe qui puisse y accéder. Loin de lui était l'idée de se considérer le jeune homme comme une nuisance possible, mais il valait mieux garder ses réserves de temps en temps. Après tout rien n'était prévisible et peut-être un jour, sans raisons bien précises, l'interlocuteur aux iris contraires tenterait de le retrouver pour l'exposer à la vue de tous. C'était improbable mais à considérer. Comme il l'avait si bien dit: il n'était pas simple de croiser des gens de son espèce. Enfin, lui-même n'en savait pas grand chose, des élémentaires existaient probablement en masse quelque part mais pour autant qu'il sache ceux de sa race étaient discrets. Preuve en était que les personnes croisées dans les bois lors de sa naissance semblaient assez peu habituées à voir des personnes liées à la Nature.

"J'ai pris aussi beaucoup de plaisir à comparer nos expériences concernant le sujet. C'était instructif. Nos routes se croiseront sûrement à nouveau un jour ou l'autre."

Il serra la main de Jilan puis s'éloigna tout en le regardant une dernière fois.

"J'ai encore quelques détails à régler dans les bois, je suppose que je ferai simplement attention à emprunter le bon chemin pour rentrer sans dangers." fit-il, conscient qu'il mentait et qu'il avait besoin d'encore un peu de temps pou retourner en ville.

"Prenez soin de vous, au revoir." ajouta-t-il souriant.

Puis il s'enfonça dans les bois. Dans la cabane l'attendaient un lit bien confortable et quelques boîtes à consommer. Il ne savait pas exactement qui avait laissé l'édifice de bois avec autant de provisions mais il avait été bien chanceux de la trouver. D'autant plus qu'il avait pu se fournir de nouveaux vêtements dans la penderie. Tout en zigzaguant à travers les arbres, il se fit aussi la réflexion qu'il devrait repenser à cette orbe un peu plus tard, son effet avait été dévastateur sur sa personnalité. Alors que la lumière se faisait encore plus faible, filtrée par les feuillages encore présents des arbres anciens de la forêt vierge, l'élémentaire se perdait à nouveau dans de profondes pensées concernant le sens de l'existence.
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