| par Invité Mer 23 Fév - 19:23
| Elle avait vécu sa tendre enfance et sa préadolescence dans cette ville, son adolescence, par contre, elle l'avait passée à une bonne cinquantaine de kilomètres de là, dans la campagne environnante. Elle était revenue il y a peu à cette ville où elle était née et où elle avait grandi. Elle s'était empressée de trouver un boulot et une source de revenu, c'est pour cette raison qu'elle était serveuse à un bar de la ville. Elle ne crachait pas sur le travail et c’était un métier qui était à sa portée. Elle avait également dû emménager à la va vite dans le premier appartement venu et elle se retrouvait donc dans un petit studio de trente-cinq mètres carré, ce qui était déjà pas mal pour un studio en plein centre-ville. En plus d’être petit et pas à son goût, elle trouvait cet appartement cher, néanmoins, elle n’avait pas la moindre chance de trouver mieux en moins de temps. C’est pour cela qu’elle n’avait pas hésité et mis la main à pâte, elle avait épluché les petites annonces et, alors qu’elle ne trouvait rien, une idée lui était venue en tête : pourquoi ne pas postuler directement au journal même ? Après tout, elle aimait écrire ! Et puis elle savait que l’ami de ses parents pour qui elle travaillait bénévolement lui donnerait un petit coup de pouce si nécessaire.
La jeune femme soupira, elle tira de son grand sac-à-main bleu azur un calepin et un stylo, choses, parmi tant d’autres, qu’elle avait toujours sur elle. Elle ouvrit le calepin, tourna à une page vierge et posa la pointe du bic dessus. Elle inscrit un tiret sur la page vierge et commença à énumérer les qualités et motivations dont elle pouvait faire part dans son CV et sa lettre de motivation. Elle n’avait pas fait d’études longues et cela jouerait d’entrée contre elle, surtout dans un domaine comme le journalisme. Mais si elle était convaincante et qu’elle pouvait faire preuve de savoir-faire et de motivation, peut-être qu’elle aurait une chance.
* L’espoir fait vivre. *
Elle se retint de soupirer à nouveau et leva les yeux de son calepin. Le soleil était sorti, mais il faisait encore bien froid en cette période de l’année. Elle replaça sa longue écharpe blanche autour de son cou et se décida qu’il était bien temps de se rendre à un endroit où elle pourrait se réchauffer. Elle passe en revue tous ces endroits où elle se rendait étant jeune et ses souvenirs lui arrachèrent un sourire. L’école primaire et la maternelle, elle n’allait tout de même pas se rendre là. Il y avait bien le parc, mais ce n’était pas là-bas qu’elle se réchaufferait. Elle se rappela soudain d’une boulangerie où elle allait tout le temps acheter des bonbons. Son demi-sourire s’effaça.
* A cette époque on était inséparables tous les deux. *
Elle plongea la main dans son sac sans vraiment s’en rendre compte, et en sortit un portable dernier cri. Elle se moquait pas mal des portables et de la pointe de la technologie, mais elle n’en avait jamais eu besoin avant de revenir à Avventura et donc elle s’était acheté quelque chose qui tiendrait la route et qui ne serait pas dépassé trop vite. Elle avait déjà débloqué le clavier et était rentrée dans le répertoire, il lui suffisait d’appuyer sur la touche avec ce téléphone vert ou d’effleurer l’écran tactile et elle pourrait lui parler. Mais elle ne voulait pas faire dans le cliché et le sentimentalisme, elle retourna en arrière et regarda les entrées de ce répertoire, c’était vraiment très humble. Ses parents n’avaient pas de portable non, il y avait juste un numéro de fixe. En tout, elle avait deux numéros. Il était temps qu’elle sorte la tête de son boulot et qu’elle fasse autre chose que passer ses soirées dans son petit studio. Quitte à rester au bar en dehors des heures de boulot, rien que pour faire des rencontres, elle avait besoin d’amis avec qui parler.
Elle secoua la tête, ce n’était pas en faisant des rencontres dans un bar qu’on trouvait sa meilleure amie, au mieux elle en trouverait un ou deux des amis, au pire, elle passerait son temps à recaler des pots de glu qui voudraient être plus qu’amis. Elle se rendit compte avec effroi qu’elle ne connaissait pas si bien que ça sa ville natale. Elle avait commencé à marcher et ce qui avait été une boulangerie dans sa jeunesse était dorénavant une librairie qui s’appelait Le Chat Noir. Elle s’arrêta face à la vitrine, ne sachant que faire ni où aller. Il lui fallait un temps de réflexion, aller au bar ne l’enchantait guère, mais avait-elle le choix, connaissait-elle d’autres endroits, se risquerait-elle à essayer de découvrir d’autres endroits ? La nuit tombait vite en hiver et elle leva son visage vers le ciel, espérant que de ces nuages, la neige tomberait. * Va pour une autre boulangerie, si jamais j'en trouve une. * Elle n'eut pas besoin de chercher longtemps, non seulement les boulangeries sont assez nombreuses en ville, mais en plus, rares étaient les magasins qui se donnaient la peine de rester ouverts longtemps. Enfin, vous comprendrez bien qu'une boulangerie n'aurait aucun intérêt à rester ouvert toute la nuit, car ce ne sont pas les vampires qui allaient leur acheter à manger... Elle s'engouffra dans le magasin, bénissant la chaleur des fours, ses yeux pétillaient face aux mevreilles qui s'étalaient devant elle. Que choisir? Elle opta en fin de compte pour un pain aux raisins, le paya et sortit à contre-cœur de la boulangerie. Un coup d'œil au panonceau sur la porter lui indiquait que la boutique serait encore ouverte une petite heure. Elle pouvait toujours faire demi-tour et commander une boisson, elle pourrait alors s'attabler et profiter de la chaleur un peu plus longtemps. Mais c'était surtout qu'elle ne savait pas quoi faire de sa personne, ni où aller. Et manger un pain aux raisins seule, sur un banc, dans le noir, ce n'était pas comme cela qu'elle se faisait une idée d'une bonne soirée. Indécise quant à ce qu'elle devait faire, elle se mit à lire les affiches. Il y avait divers annonces du genre "Vend mobylette." "Garde enfants, appelez au..." |
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