Et dire qu'il faut s'inscrire!

Qu'il était bon d'être professeur et non plus élève. Les horaires étaient aménagés de manière à lui convenir et Æsmée en avait profité, elle ne commençait jamais à huit heures du matin et elle ne finissait tard que très rarement. Elle n'était vraiment pas à plaindre. C'était donc de bonne humeur qu'elle prenait le chemin du lycée, elle avait ses cours à préparer, elle avait aussi besoin de se repérer dans ce lieu qu'elle ne connaissait pas encore.

Alors qu'elle s'approchait du bâtiment une petite tâche vint poindre à l'horizon, une sorte de rouge rosé clair.... blond... Elle sourit, il n'y avait vraiment qu'un adolescent pour s'infliger cela. Elle se rappela de son adolescence, elle avait teint ses cheveux, mais lors d'une transformation s'était rendue compte que son poil avait cette couleur par endroits et elle ne commis plus jamais cette erreur.
Elle fronça les sourcils, elle était de bonne humeur, mais pas cruche, les professeurs comme elle n'assuraient peut-être pas leurs cours, mais les élèves étaient sensés être en train de suivre d'autres cours.

** Ma première intervention en tant que professeur.**

Ses pas la guidèrent donc vers le banc, les cheveux de couleur artificielle et des yeux des plus fascinants. Elle aurait pu être jalouse, ce trait noir qu'il avait sous ses yeux les faisait plus ressortir que le trait qu'elle avait sous les siens. Comment devait-elle être? Dure? Il se braquerait sûrement contre elle, il n'avait pas l'air d'un élève ordinaire qui dirait "oui m'dame". Gentille? Tss, il ne la respecterait pas pour autant. Elle allait donc devoir improviser.

"Nouveau?"

Un mot. Pas top, mais bon elle ne pouvait pas improviser quand il n'y avait pas matière à improviser. Elle s'était arrêtée non loin du banc et le regardait. Elle avait posé une simple question avec un seul mot. Elle le regardait d'un air intrigué, car elle l'était vraiment. Ces yeux n'étaient pas des yeux d'humain, que pouvait-il être, qui pouvait-il être?
Elle ne bougeait pas du tout, même sa queue touffue restait immobile, elle attendait voir à qui elle avait affaire avant de lui proposer de l'aide dans le vent.

Un mot, quoi! Elle aurait pu intégrer un sujet et un verbe à cette phrase. Deux syllabes. Pitoyable. Même ce mot contenait plus de nuances. Ce qui est fait, est fait. Elle fit glisser les dossiers qu'elle tenait à son autre main, beaucoup de paperasse qu'elle devait remplir, un cours qu'elle devait peaufiner, un règlement qu'elle devrait lire soigneusement.




[Hrp: Merci Riri pour encore un nouveau lieu à exploiter]

Fenrhir avait entendu quelqu’un approcher, mais n’y avait pas fait spécialement attention. Pour lui, un professeur arrivait avant huit heures pour être installé dans sa classe quand les élèves arrivaient. Il pensait donc que ce n’était qu’un simple promeneur. Ou plutôt, une promeneuse. Sa condition d’hybride lui conférait quelques avantages, dont une ouïe un peu améliorée. Les hommes avaient le pas plus lourd. La femme, donc, s’était arrêtée non loin de lui mais il n’y avait pas prêté attention pour autant. Qu’en avait-il à faire ? Mais ce mot, « nouveau », aiguisa sa curiosité. Pris au dépourvu, il tourna vivement la tête et dévisagea la jeune femme pendant quelques instants.

-Ouais…

Fit-il, simplement, les yeux toujours fixés sur les oreilles de la… prof ? Ca semblerait logique. Sinon, en quoi se soucierait-elle de savoir s’il était nouveau ou non ? Et puis, toute cette paperasse semblait confirmer son hypothèse. Un léger sourire étira ses lèvres, et il se décida à donner un peu plus de détails. Après tout, ce n’était pas parce qu’elle n’avait prononcé un seul mot qu’il devait faire pareil. Il avait été bien éduqué, tout de même ! Déjà que Tamara lui aurait tiré les oreilles pour l’avoir entendu répondre « ouais » au lieu de « oui madame » !

-Je suis pas encore inscrit. Vous êtes prof ? En tout cas, j’vous aime bien.

Et toujours avec son sourire, Fenrhir désigna vaguement les oreilles de la demoiselle. Chien ou loup, il n’aurait pas su dire. Comprendrait-elle qu’il était hybride aussi ? Soudainement un peu rembruni, il regarda ses griffes taillées comme des ongles et vernies de noir. Coup de chance pour lui, elles étaient plutôt plates à cause de ses doigts d’humain. Aussi, le subterfuge était parfait si on n’y prêtait pas attention. Quant à sa queue dissimulée dans son pantalon, elle n’était pas très touffue, une chance ! Même si visiblement, ici, il était permis de ne pas se cacher. Peut-être pourrait-il enfin mettre ces pantalons serrant dont il rêve ?

-Je m’appelle Fenrhir. Enchanté m’dame.

Ben oui… Il avait beau être un adopté et un semi handicapé de la vie sociale, il avait tout de même un minimum de savoir vivre. Un peu hypocrite parfois, c’est vrai, mais après tout, tout le monde l’est un jour. Non ? Le principal était que ça ne se remarque pas trop.

Il se tourna vers elle et la regarda, elle aimait vraiment ces yeux. C'était sur qu'il n 'était pas humain, ses yeux le survolèrent rapidement, yeux, oreilles, queue et ongles dénotaient souvent la race de laquelle les gens étaient issus, mais il y avait parfois d'autres détails plus subtils. Son "ouais" la fit sourire, elle avait bel et bien un élève face à elle et en plus il ne lui répondait pas méchamment, ni insolemment.

-Je suis pas encore inscrit. Vous êtes prof ? En tout cas, j’vous aime bien.

Son sourire ne se défit pas de son visage. Peut-être qu'il exagérait un peu, mais peut-être qu'il appréciait le fait de voir une hybride plus qu'une prof curieuse. Elle scrutait son visage et le vit baisser le regard vers ses ongles. Elle arqua un sourcil l'expression "avoir un air de chien battu" lui irait presque. Comme elle, il mettait peut-être sa condition d'hybride en cause? Elle se rapprocha du banc, elle était maintenant face à lui, un sourire toujours posé sur les lèvres. Sans vraiment prévenir elle fit le tour du banc. Elle pouvait se permettre d'être bizarre, c'était elle le professeur.

- Je t'aimerai mieux si tu ne te sentais pas obligé de cacher cette queue.

La remarque n'avait rien de méchant, ni de menaçant, elle était juste sincère. Elle ne supportait pas de voir quelqu'un dissimuler son identité, cela voulait dire qu'il en avait honte, et il n'y avait vraiment aucune raison d'avoir honte de ses origines.
Elle avait très envie de lui ébouriffer les cheveux pour voir ses oreilles qui étaient sûrement dissimulées elles aussi. Etait-ce pour cela qu'il avait opté pour ce ton de coloration? Les gens feraient sûrement plus attention à la chevelure qu'aux oreilles?

- Je m’appelle Fenrhir. Enchanté m’dame.

Elle finit de faire le tour du banc et posa tous ses papiers sur le banc, ils étaient non seulement encombrants, mais lourds. Elle réajusta son sac à main, puis dégagea ses cheveux, désirant être le plus présentable possible. Son regard se glissa vers le lycée, puis elle jeta un coup d'œil à la montre qu'elle avait au poignet. Elle avait bien fait d'arriver un peu à l'avance après tout.

- Je suis Æsmée Persévérance Duval, professeur de Métamorphose par la même occasion. Enchantée également Fenrhir. Ah, et c'est Mademoiselle.

Madame ... elle allait devoir s'habituer au fait que tous les élèves le lui sortiraient ça. Elle n'avait pas encore vraiment décidé de comment elle allait demander ses élèves de l'appeler. Mademoiselle, ça c'était sur. Mais leur donnerait-elle son nom de famille, ou le Mademoiselle tout court suffirait? Elle n'avait pas tellement la tête à cela, elle avait toujours préféré qu'on l'appelle par son prénom et ce jeune homme l'intriguait.

- Figure-toi que je suis nouvelle également, il me tarde de commencer ma première leçon. Je pense que ça doit se voir non?

Des confidences qui ne le regardaient pas, mais qui faisaient durer un peu plus cette conversation spontanée entre un nouvel élève et un nouveau professeur dans ce nouveau lycée.

Fenrhir n’avait rien répondu quand le professeur lui avait dit qu’elle l’aimerait mieux s’il ne se sentait pas obligé de cacher sa queue. Ainsi, elle avait compris. C’était une vieille habitude dont il n’avait même pas pensé à se débarrasser, tant elle faisait partie de sa vie. C’était comme un rituel, chaque matin… Sortir les bandages, plaquer sa queue contre sa jambe, fixer solidement le tout avec du papier collant… Bien sûr, ça le gênait souvent. Mais au moins, ainsi, il avait l’air à peu près normal selon les critères humains et, si on le regardait de travers, les choses s’arrêtaient là. Son regard glissa sur le côté, observant quelques instants les papiers qui avaient été déposés là. Sacrée pile… Ah ? Elle était nouvelle aussi ? C’était vrai qu’a bien y regarder, on pouvait déceler quelques traces de nervosité chez elle.

-Un peu. Mais ça va. Vous êtes quoi, au juste, mam’zelle ?

Demanda soudainement le jeune, avec un petit signe de tête vers le haut pour désigner ses jolies oreilles. Et ce faisant, il remit ses cheveux en places, révélant que les siennes étaient humaines. Ah, ça, s’il s’inscrivait à ce cours, il rirait bien. Métamorphose partielle… Il en entendait rarement parler. Ce serait un véritable plaisir de la surprendre. Et aussi, peut-être, de surpasser la majorité de sa classe par la même occasion. Rien qu’à cette idée, il sentit ses canines se faire un peu plus pointues contre sa langue. Bon, il manquait encore de contrôle, il voulait bien l’avouer.

-Z’avez déjà une idée de ce que vous allez faire faire à vos élèves en cours ? Ca m’intéresse pas mal, votre matière. Ce s’ra peut-être même la seule à me plaire, si ça se trouve. J’aime pas trop l’école.

Mais quand allait-il s’arrêter de parler ? Fenrhir, quoique se sachant plus ouvert avec les autres hybrides, ne pensait pas être bavard à ce point. Lassé d’être assis, sans bouger, alors qu’Aesmée était debout devant lui, il se leva, grimpa sur le banc et s’assit sur le dossier. Ce n’était pas très poli, et alors ? Comme il n’était pas inscrit et que, de toute façon, il n’était pas dans l’enceinte du lycée, elle ne pourrait rien faire. Avec une petite moue agacée, il sentit qu’il n’avait pas assez bien fixé le bandage, qui s’était un peu desserré. Là, ça devenait vraiment inconfortable. Alors, à travers son pantalon, il tenta de le remonter un peu, sans succès. Soupirant, il se rappela qu’elle lui avait reproché de cacher sa queue.

-C’est une vieille habitude… Je viens pas d’ici, et j’ai jamais eut de très bon rapport avec les humains.

A commencer par mes parents, songea-t-il. Pourvu qu’elle ne soit pas capable de déchiffrer son expression ou son regard. C’était déjà assez douloureux sans qu’il ait besoin d’en parler.

Son regard poli, intrigué se transforma aussi en un regard amusé. Ce qu'elle était? Il aurait été bien plus simple de le lui monter, mais pas dans ces habits là, non elle ferait craquer son pantalon moulant, elle voulait lui répondre, mais voulait s'amuser aussi aussi. Elle soupira et répondit ne sachant que faire d'autre que parler pour lui répondre:

- Canis lupus arctos. Une louve arctique. Et toi qui es-tu vraiment?

Des loups il y en avait de différentes races et elle se plaisait d'autant plus à être de la race arctique qu'ils étaient plus rares, que leur poil virait au blanc, et qu'elle était simplement fière de ce qu'elle était. Ses yeux brillèrent de curiosité quand il lui montra des oreilles humaines, elle n'avait vu cela qu'une seule et unique fois, les cours allaient promettre! D'ailleurs il le relevait.

-Z’avez déjà une idée de ce que vous allez faire faire à vos élèves en cours ? Ca m’intéresse pas mal, votre matière. Ce s’ra peut-être même la seule à me plaire, si ça se trouve. J’aime pas trop l’école.

Elle avait des idées oui, mais elle savait que tout ne se basait pas sur ces idées, elle devait quand même vérifier le planning avec les autres profs et elle devrait aussi s'adapter aux élèves. Elle décida de relever non pas sa question, mais le reste en premier. D'une certaine manière elle se retrouvait un peu à travers lui. Certes ils étaient loin d'être identiques, mais il lui plaisait et elle avait du temps devant elle.

- C'est pour ça que t'as changé de lycée? Car tes parents te trouvaient pas assez assidu et ils te permettent de tenter ta chance ailleurs? Enfin, pour le moment seuls deux cours seront obligatoires, L'histoire des créatures et le Sport... D'ailleurs je peux te dire que ce cours t'aidera pour mon cours, on a besoin de souplesse nous autres.

Elle souriait toujours, et fixait l'établissement scolaire, il changea de position, elle aurait peut-être dû lui faire une réflexion, mais elle ne voulait pas jouer à ce jeu là, elle choisit de s'asseoir sur le banc, croisa jambes et bras, elle renversa sa tête en arrière et le pencha légèrement sur le côté pour pouvoir le regarder alors qu'il parlait. Son sourire s'effaça un peu, elle pouvait comprendre le fait qu'il choisisse de cacher sa queue, ce qui l'intriguait c'était qu'il surlignait quand même ses yeux qui eux aussi sortaient de l'ordinaire.

- C'est sur qu'en ville c'est plus facile de ne pas autant attirer le regard... même si on l'attire dans tous les cas. Les humains sont fascinants, ceux qui sont mesquins ne le seront que si on a le dos tourné, comme des petits roquets. Ou alors lorsqu'ils sont en bande. Et nous sommes les animaux.

On pouvait clairement dénoter l'amusement dans sa voix, elle lui jeta un coup d'œil et poursuivit.

- J'ai décidé assez jeune que je prouverai à ces gens là qu'on n'est pas des animaux. Et tu vois, aujourd'hui j'enseigne dans un lycée, lieu d'éducations pour toutes ces jeunes personnes qui vont former la société. Il faut croire que ceux qui crachent dans notre dos ne sont rien d'autres que de pauvres personnes effrayées qui ne comprennent pas et je ne vois pas pourquoi on jouerait leur jeu.

Elle se tourna vers lui, posa son coude sur le dos du banc et posa son menton dans sa main. Elle avait l'impression qu'elle lui faisait déjà cours, ce n'était pas du tout ce qu'elle voulait, mais ce n'était pas grave, au pire ça lui fera juste un prof de plus qui passe son temps à se répéter. Elle enchaîna:

- Alors, toujours autant envie de voir ce que je peux faire en cours? Promis je ne ferai pas que ce genre de leçons. Il y aura de l'écrit, de la théorie bien sur, c'est obligé, la pratique viendra quand même assez vite. Je ne peux pas tellement prédire comment se dérouleront les cours, on verra en fonction du nombre de personnes présentes.

-Un Labrador. On a vu mieux, pas vrai ?

Répondit Fenrhir, quand elle lui demanda qui il était vraiment. C’était une très bonne question. Un chien ou un humain ? Qui était-il, au final ? Il avait déjà plusieurs fois pensé à rester animal. Après tout, les humains ne voyaient en lui qu’un bon gros chien de compagnie. Tandis que là… S’il avait le malheur de laisser voir sa queue ou de garder ses oreilles animales, il était vu comme un monstre.

Pendant quelques secondes, il voulut répliquer quand Aesmée supposa faussement qu’il était là parce qu’il n’était pas assez assidu pour ses parents. Mais les mots ne parvinrent pas à sortir. Juste deux cours obligatoires ? Ca, c’était une bonne nouvelle ! Sport, il aimait bien, mais histoire… Beurk. Trop de blabla et pas assez d’action. Mais bon, c’était toujours mieux ça plutôt qu’un cours de français. Un peu étonné de ne pas avoir de remarque, il pencha un peu la tête vers la jeune prof quand celle-ci vint s’asseoir à côté de lui. Ensuite, elle entama un long monologue sur les humains, et il ne l’écouta que d’une oreille. Pourtant, l’idée de montrer aux humains qu’ils n’étaient pas des animaux était tentante.

-Oui, toujours autant. Bon, la théorie ça va être barbant, mais puisqu’on ne peut pas y échapper…

Fenrhir soupira un peu puis s’étira, faisant craquer quelques articulations. Il manquait d’exercice, à vrai dire. La gorge moins nouée que tout à l’heure, il prit une grande inspiration et se décida à lui raconter pourquoi il était là, même si cela ne la regardait pas.

-J’avais des résultats corrects dans mon ancienne école. Mais c’était une école d’humains. J’ai toujours fait croire que je portais des lentilles. Mes parents biologiques étaient humains. Ils m’ont refilé à un couple d’Inus, comme moi. Quand ma mère adoptive est tombée enceinte, j’ai finit par apprendre que, pour eux, je n’étais pas vraiment un fils mais plutôt une obligation. Alors je suis parti. Si je suis venu ici, c’est uniquement parce que j’avais entendu d’une ville où nous n’avons plus besoin de nous cacher.

Quelques secondes après qu’il aie fini sa phrase, un homme d’une quarantaine d’années, humain, passa devant eux et leur jeta un regard dégouté. Aussitôt, Fenrhir crispa ses mains sur le banc et montra les crocs, alors que les petits poils de ses bras se hérissaient. Heureusement pour lui, l’inconnu passa son chemin, sans rien dire ni plus les regarder. Mais le jeune hybride demeurait dans le même état.

-Je ne peux pas suporter qu’ils se croient meilleurs que nous ! Ils nous traitent de monstres, mais ils ne sont pas mieux ! Nous, on ne tue pas des centaines d’animaux pour rien ! On ne tue que pour se nourrir, on ne tue pas ceux de notre espèce sans avoir une bonne raison de le faire ! Ils détruisent même leur environnement, au lieu de s’y adapter ! C’est EUX que l’on devrait pourchasser !

Voilà, c’était dit. Mais n’allez pas croire qu’il tenait tout le temps ce genre de discours. Car habituellement, il était plutôt modéré dans ses propos. Une fois énervé, comme c’est le cas maintenant, il devenait plutôt extrémiste. Le fait qu’il soie encore adolescent et ses antécédents devaient jouer là-dessus.

Inspirant et expirant profondément plusieurs fois d’affilée, Fenrhir réussit à se calmer un peu. Il restait contrarié, mais son corps s’était détendu et il avait réussi à reprendre une expression presque neutre. C’est à ce moment-là qu’il se rendit compte qu’il n’avait pas répondu à la question d’Aesmée sur ses parents adoptifs. Il y reviendrait plus tard, parce ce qu’elle avait dit sur le Cercle l’intéressait.

-Beaucoup d’entre nous commencent à se comporter comme eux. Je veux dire… Pas seulement les hybrides. Depuis que nous vivons au grand jour, il est de moins en moins facile de faire la différence entre les comportements qui sont humains et ceux qui ne le sont pas. Nous avons des choses en commun avec eux, bien sûr, mais… Je ne sais pas si c’est une bonne chose que tout cela change.

Le jeune homme était de nouveau renfrogné. Du coin de l’œil, il vit sa future prof s’étirer et regarder sa montre. Elle devait s’en aller bientôt ? C’est alors qu’elle lui demanda s’il s’était déjà inscrit.

-Non… Faudrait que j’y pense… Tamara a menacé de me couper les vivres si je retourne pas en cours. Vous en faites pas pour ça, ils me donnent de quoi vivre. Et je sais bien qu’elle en arrivera jamais là. Elle risque juste de débarquer en ville pour me botter le cul et aller m’inscrire de force.

En fait, il n’en était pas si sûr, mais la jeune prof semblait se faire du soucis pour lui. Alors il cherchait à la rassurer, rien de plus. S’étirant a son tour, il tendit les bras vers le ciel et fit craquer ses épaules. Mouais, le sport à l’école lui ferait du bien. Et, ma foi, deux cours obligatoires et un de métamorphose, ça ne devrait pas être trop pénible.

-J’hésite à attendre la fin de la période… Vous feriez quoi, vous ?

Parce que bon… Comme elle était prof, elle devait bien avoir une idée de la meilleure chose à faire ?

[HS : Pense à aller postuler pour le poste de prof de mé

Elle hocha tristement la tête, oui, à force de se côtoyer les gens mélangeaient meurs et habitudes et elle trouvait cela triste, si ce n'était pitoyable même. Mais les gens faisaient des choix, bons ou mauvais, qu'ils ne s'étonnent pas après de ce qu'il leur arriverait. Elle lança un regard en coin à l'élève, étudiant ses traits, il semblait quand même assez posé et réfléchi pour un lycéen, chose qu'elle appréciait. Elle ne supportait pas la mentalité qui faisait des élève des moutons à la merci des plus populaires, se plier à la norme que les autres avaient établis. A bien y réfléchir, c'était aussi cette loi à moutons qui faisaient que la moitié des gens des nouvelles races jouaient le jeu des humains.

- Pour moi le principe même, l'idéal est peut-être bon en soi, digne et sincère. Mais une utopie ne peut fonctionner car il faudrait que le cœur même de toute personne soit aussi pur et idéaliste que le principe qu'ils veulent faire appliquer. Prend les lycéens en exemple, la mode, les fumeurs, ceux qui sont leaders et populaires ... Ils n'en ont rien à faire du règlement du lycée, ils obéissent à leur règlement et font les hypocrites devant les profs. Les autres lycéens préfèrent être amis avec eux, et vont jusqu'à imiter certaines de leurs habitudes que ce soit fumer, écouter la même musique, aimer le même genre de personnes.

Elle sourit, l'exemple était assez pratique en soi les jeunes en général étaient les personnes les plus faciles à manipuler surtout parce qu'ils s'enflammaient vite et cherchaient toujours à contredire les règles et l'autorité, que ce soit parental ou professoral. Son sourire, était quelque peu ironique, elle-même fumait parfois, elle aussi avait été sujette à ce qu'elle dénonçait.

- Ce que le Cercle veut c'est nous mettre au même rang que les humains. Ce que les humains veulent c'est de continuer à vivre comme avant, ils étaient toujours les seuls et ne comptent pas laisser émerger d'autres gens, donc que font-ils? Ils nous disent de faire comme eux, de leur ressembler. La peur, la jalousie, tous ces sentiments qu'ils ressentent ils les cachent, ils attendent juste qu'on soit la bande d'animaux, que certains extrémistes clament que nous sommes, remuent docilement la queue et donnent la papatte. Ils feront tout pour qu'on se sente bien, pour qu'on se sente humain, et on ne sera plus que de gentils petits moutons inoffensifs qui auront l'impression de penser par nous-mêmes.

Elle y allait fort, mais voilà ce qu'il en était pour elle. Le Cercle avait du bon, oui. Les humains qui manipulaient vraiment les politiciens et les médias n'en avaient pas, eux. Et c'était pas le Cercle qui allait les aider. Les gens au fond d'eux étaient violents et belliqueux, plus prônent la guerre que la paix, ainsi, ils seraient moins nombreux du côté de ce Cercle qui faisait tout ce qui était en leur pouvoir.
Encore une fois tout un discours pour une simple question, c'est qu'elle avait vraiment trouvé sa voie. Elle se détendit un peu et l'écouta la rassurer. Elle avait été jeune avant lui et elle avait l'impression qu'il hésitait quelque peu, mais elle n'avait pas le droit et ne voulait pas non plus l'assaillir de questions. Elle hocha la tête et lui fit un grand sourire qui dévoila deux canines plus longues que l'ordinaire.

Une nouvelle question? Son sourire s'étira ce qu'elle ferait? Eh bien elle aurait dû, en réalité, se trouver à l'accueil en ce moment même pour régler des banalités dû à son arrivée. Elle aurait dû. Elle s'éclaircit la gorge et répondit.

- Ce que je ferai serait d'y aller avant le début du prochain cours mais juste cinq minutes avant, pour montrer ma bonne volonté, celle d'arriver plus tôt. Les administrations étant les mêmes partout, je suis sûre qu'ils seront perdus ou débordés et ainsi ils s'étaleront sur le début de la période suivante et vu que tu ne peux ainsi débarquer en plein milieu d'un nouveau cours tu prendrais ton temps pour faire le tour du lycée et prendre tes repères. Oh et puis, il faut aussi que j'aille régler deux trois choses donc tu seras sûrement obligé d'attendre que j'ai fini dans tous les cas.

Elle fit un geste en direction de la paperasse qu'elle avait posé à côté d'elle sur le banc. Elle pencha la tête en arrière, un gros nuage blanc traversait le ciel, rien ne semblait vouloir perturber cette magnifique journée et tant mieux, car elle serait après tout la première journée de travail, sa première journée dans ce lycée.



[Ben j'ai eu le poste dans ma présentation, je pense juste que les admins n'ont pas mis à jour le message dans Points Importants]