[pv : Calions] Une sortie au soleil

Finalement, la plaine était l'endroit le plus calme que Calions connaissait, aprés la forêt bien sûr. Cette fois il avait décidé de s'y rendre en début d'aprés-midi. D'aprés ce qu'il avait pu observer les gens préféraient les parcs et les lacs le dimanche, les plaines étaient la zone de pique-nique typique du samedi et il espérait ainsi trouver le repos, personne ne viendrait troubler son sommeil et ses activités artistiques.

Amant de la sieste suite à plusieurs années de travail sans vacances, il se contentait maintenant de vagabonder sans but précis, se contentant d'immortaliser les paysages qu'il voyait et qu'il aimait. Il avait dans sa cabane plusieurs peintures et dessins ainsi que des reccueils écrits de sa main et comptait bien agrandir sa collection. Quoi de mieux que d'afficher aux murs d'une simple cabane en bois des peintures personnelles?

Il se dirigea vers la zone qu'il avait repérée le jour avant: une rivière prés d'un pommier. Il avait cette fois emmené de quoi peindre et de quoi colorier. Il appreçiait le fait d'avoir deux exemplaires de ce qu'il créait: une version à la peinture d'huile et une autre au crayon. Il avait pris une toile et une grande feuille et portait avec lui un chevalet pour pouvoir créer tranquillement.

Une fois arrivé à destination, il installa son chevalet et posa sa toile, encore vierge de toute couleur. Aprés avoir posé ses affaires, il entendit un bruit sur le pommier. Totalement concentré sur le paysage, il n'avait pas remarqué la présence d'une jeune fille sur l'arbre. Elle lisait, perdue dans son univers, elle aussi ne semblait pas avoir remarqué sa présence.

*Il y a quelques années, j'étais beaucoup plus attentif que ça, comme quoi les gens changent.*

Il s'adressa alors à la jeune fille tout en souriant:

"Bonjour, c'est un bel endroit pour se reposer n'est-ce pas?"

La jeune femme s'excusa de ne pas avoir entendu sa question. Il s'approcha de l'arbre tout en pensant que lui aussi avait l'habitude de se couper totalement du monde lorsqu'il lisait. On aurait dit que c'était un point commun aux lecteurs du monde entier.

Il se hissa avec aisance sur une branche, en face de l'inconnue, et répéta sa question.

"Je disais juste que c'est un bel endroit pour se reposer..n'est-ce pas?"

Il avait la sale habitude de prendre un air malicieux lorsqu'il s'adressait à une jeune femme.

*Je devrais changer cette manie. C'est un automatisme qui pourrait me porter préjudice.*

Elle lui demanda s'il comptait dessiner l'endroit qu'ils avaient tous les deux pris pour refuge.
Il acquiesca.

"Je me sens bien ici et le paysage est reposant alors j'ai décidé d'en faire un dessin. Mais il est aussi vrai que c'est l'endroit rêvé pour lire en paix..enfin pas tellement vu que je vous ai dérangée pendant votre lecture."

Il redescendit de l'arbre avec un léger sourire et se dirigea vers son chevalet pour finir de préparer ses affaires, l'endroit serait magnifique quand le soleil se coucherait dans quelques heures. Mais comment faire passer le temps?

Il enleva son T-shirt blanc et le posa sur la toile puis il enleva ses chaussures et ses chaussettes. Son pantalon court lui servirait de maillot. Il n'avait qu'à sortir dans une petite heure pour sécher. Il prit son élan et se jeta à l'eau. Il avait remarqué que l'eau était profonde et heureusement ce jour là il n'y avait pas de courants. Le cours d'eau était assez large, l'eau était fraîche et il faisait chaud, autant en profiter. Il fit la planche, croisa ses bras derrière sa tête, comme il l'aurait fait en étant allongé sur un lit, il ferma les yeux et écouta le silence que pouvait produire une rivière, les cailloux qui roulaient et les poissons qui passaient.

Sur le dos, dans l'eau fraîche, tout en regardant le ciel, Calions rêvassait. Depuis quelques temps déja il essayait de se reposer, de prendre un moment pour profiter du beau temps. Qu'il était agréable de se baigner, de rencontrer des gens dans des conditions normales, sans évènements exterieurs pour troubler ses méditations et son plaisir de la balade, qu'il était agréable de laisser le temps passer sans se préoccuper de choses superflues dont l'importance était aussi éphémère que la vie d'un papillon et enfin, qu'il était agréable de pouvoir se dédier à diverses formes d'art, de pouvoir se sentir libre à travers l'écriture, le dessin, la peinture et autres disciplines artistiques diverses et variées.

Alors qu'il se perdait lentement dans ses pensées, il entendit la jeune femme qui lui posait une question.

"Pourquoi dessinez-vous ?"

Pourquoi dessinait-il? il aurait pu en citer des raisons, et un bon nombre en plus, mais il se contenta de répondre en essayant d'englober la totalité des réponses qu'il avait en tête, non pas sans rajouter une petite touche d'humour. Il se rapprocha du bord pour lui répondre et la regarda en souriant, comme à son habitude.

"Et pourquoi pas?"

Réponse simple, courte, sans aucun sens aussi, mais il en était plutôt fier. Il retourna ensuite à sa position initiale toujours en la regardant.

"Vous devriez venir, l'eau est bonne et il fait une chaleur à mourir, autant en profiter non?"

Aprés reflexion, il décida aussi de se présenter.

"Au fait, moi c'est Calions, enchanté."

Sa réponse, énigmatique, me laissa un peu pataude et je trouvai alors ma question idiote. C'était comme si quelqu'un m'avait demandée pourquoi je lisais. Un besoin, un désir, une passion ou une simple envie nous faisait lire, dessiner ou bien écrire... Enfin c'est ce que je pensais vu que je n'avais jamais touché à un pinceau de ma vie, n'ayant pas la fibre d'artiste peintre dans les veines... La manipulation des crayons et des mots me convenaient mieux, laissant le plaisir à mon imaginaire de créer mon monde.

Je sortis de mes pensées pour voir le jeune homme reprendre sa place initiale dans l'eau qu'il avait quitté un peu plus tôt pour me répondre. Il gardais cependant son regard sur moi et je lui fis un sourire quand il me fit la proposition d'une baignade. Non pas que je n'en avais pas envie car l'eau semblait délicieuse sous la chaleur actuelle mais, le soucis était que je n'avais rien pour me baigner hormis mes sous vêtements. De plus, s'il fallait me baigner, j'aurais préféré que ce soit sous une forme plus "adéquate"... Je me redressai alors, quittant à nouveau mes divagations personnelles et me décidai à retirer ma robe pour profiter de l'eau. Me retrouvant dans mes sous vêtements je rougis un peu et plongeai sans hésitation, gênée par ma tenue. L'eau gicla sur ma peau, coulant autour de moi comme un nouvelle univers. On y voyait assez clair et elle était profonde. Je remontai à la surface, repoussant mes cheveux puis regardait le jeune homme qui s'était nommé avant que je plonge.

"Je suis ravie de faire votre connaissance Calions."

Je nageai vers lui puis restai immobile en faisant un peu de sur place, remuant les jambes dans ce puits de fraicheur et de bien être. Le contact de l'eau me détendais et je me sentais plus vivante en son sein comme si sa fraicheur avait effacé ma torpeur et mon désir de tranquillité. J'étais bien, sereine et l'envie de changer de forme me titillait. Pourtant je me retins, histoire de ne pas surprendre ou effrayer le jeune peintre.

Puis une nouvelle question me vint à l'esprit et je lui demandai, le regardant en prenant la même posture que lui

"La peinture, est-ce votre métier ?"

La jeune femme avait accepté sa proposition et s'était elle aussi jetée à l'eau, non pas sans montrer d'abord quelques signes de timidité et de gêne. Sous son air de jeune homme sympathique et désinvolte, Calions était quand même resté le sempiternel observateur qu'il avait été pendant toutes ces années. Certaines habitudes ne se perdaient pas aussi facilement, quoique..porter des masques, se montrer comme il n'était pas, jouer la comédie encore et toujours, être chaque jour une personne autre que lui-même. Avec le temps il craignait de ne s'être perdu, de ne plus savoir qui il était exactement. Toujours à l'affût du moindre geste et de la moindre parole de ses interlocuteurs, toujours méfiant et jamais entièrement confiant. C'était peut-être pour ça qu'il avait décidé de rester à Avventura aprés son accident: pour commençer une nouvelle vie, loin de son passé et de ce qu'il était avant.

Il reporta son attention sur elle, elle semblait être une fille sympathique, rêveuse, seule, du genre à observer plutôt qu'a agir, tout comme lui.

"La peinture, est-ce votre métier ?"

Il aurait voulu, mais ce n'était qu'un hobby, comme tout ce qu'il faisait dernièrement d'ailleurs, il se laissait vivre et profitait de ces "vacances" qu'il n'avait pas eu depuis longtemps.

"Non non, ce n'est pas mon métier, je suis actuellement sans emploi. C'est juste une passion, parmis tant d'autres. Et vous? que faites vous dans la vie?"

Il se plongea entièrement sous l'eau afin de se rafraîchir totalement, en remontant il en profita pour détailler rapidement la jeune femme. Sous l'eau elle ne verrait pas qu'il la regardait. Certains auraient appellé ça du voyeurisme, d'autres l'auraient qualifié de pervers. Mais à toujours voyager, à ne jamais s'arrêter, il n'avait jamais eu le temps d'observer et se socialiser avec la gent féminine. Et la seule experience presque sentimentale qu'il avait eu se resumait à un père armé d'un fusil à sa poursuite. Apparemment la jeune femme de l'époque aimait confronter ses prétendants à son père. Il remonta bien vite tout en notant au passage que sa camarade de baignade était une fille particulièrement belle. Il lui posa une nouvelle question.

"Sinon vous avez un hobby à part la lecture?"

Une passion. Elle eut un sourire en se disant qu'avoir des passions dans la vie c'était de beaux cadeaux. Elle le vis plonger et attendit qu'il remonte pour lui répondre.

"Je suis libraire et je gère ma boutique en ville. c'est modeste mais je m'y plais. Moi j'ai condensé le travail avec la passion."

Je lui fis un sourire joyeux comme j'en avais à chaque fois que je parlais de mon travail. Je trouvais que c'était magnifique d'avoir associer ce que j'aimais par dessus tout dans mon métier et bien que les fin de moi fut rude, je me lassais pas de mon emplois. Il me demanda alors si j'avais d'autre hobby en dehors de la lecture. J'eus un nouveau sourire et répondis :

"Je dois dire que les livres me prennent beaucoup de temps. Mais j'aime particulièrement les sorties en pleine nature et l'art en général. La musique, le dessin, la peinture. Toute les formes d'expression créatives m'intéressent bien que je ne sois pas douée dans une partie de ses domaines. Et vous ? Hormis la peinture, vous avez quelles autres passions ?"

Je fis quelques brasses et me redressai pour l'entendre me répondre. Je le regardai et eut soudain une envie de jouer. J'attendis qu'il eut fini et je frappai l'eau de mes mains, lui en envoyant une giclé en éclatant de rire.
Je m'éloigna de quelques brasses et déclara entre deux éclats de rire

"Désolée, je n'ai pas pu m'en empêcher"

A sa question, la jeune femme répondit qu'elle était libraire et qu'elle avait une boutique en ville. Il avait toujours aimé les livres: que ce soit pendant son enfance ou tout simplement pendant ses nombreux voyages, les livres avaient toujours été des sortes de lieux privilégiés, d'endroits secrets dont lui seul avait la clé.

Il regarda la jeune femme. *Quelle joie de pouvoir mêler travail et passion* pensa-t-il. Il était rare de trouver des gens qui étaient heureux de leur travail. Quoique trouver des gens heureux était déja une performance rare. Elle lui énonça d'autres passions et le questionna sur les siennes. Au cours de ses nombreux déplacements, Calions avait appris de nombreuses choses et s'était découvert de nombreuses passions, cela avait toujours été un plaisir que d'apprendre à jouer d'un instrument, bouger son corps comme seuls les danseurs savent le faire. Créer la musique et la vivre par la danse étaient deux choses qui pouvaient sembler différentes, et pourtant non. La danse aussi était création aprés tout.

"Oui, j'ai d'autres passions. De nombreuses autres passions: je danse, je joue de quelques instruments. Mais si je dois être sincère, ma plus grande passion, c'est tout simplement l'eau. La natation est mon passe temps favoris, j'adorerais pouvoir me transformer en poisson et rester indéfiniment isolé sous l'eau. Que ce soit rivière ou océan."

A peine eu-t-il finit de répondre que la jeune femme l'éclaboussa en riant avant de s'éloigner le sourire aux lèvres. Il lui souria à son tour.

*Elle veut jouer hein?*

Il plongea sous l'eau et fonça vers elle. Il était trés rapide et trés à l'aise sous l'eau. Certains s'étaient même amusé à dire qu'il nageait mieux qu'il ne marchait quelques années auparavant. Il prit sa nouvelle compagne de jeux par les chevilles et l'entraina à son tour sous l'eau. Une fois en dessous, il la prit par la taille et remonta lentement vers la surface avec elle. Ils étaient prés du mur. Sans enlever les mains des hanches de la jeune femme il plongea ses yeux dans les siens tout en souriant et lui posa une question:

"Vous ne vous êtes toujours pas présentée, puis je savoir quel est l'identité de la charmante demoiselle à qui je m'adresse depuis tout à l'heure?"

Le fait de laisser ses mains sur les hanches de la jeune femme était un geste plutôt osé. Une baffe était à envisager mais il ne s'inquiétait pas. *De toute façon je ne fais que jouer..on verra bien.*

"Mon identité est un mystère pour tous, même pour moi. Mais je vais vous offrir mon prénom... Je m'appelle Amarra."

Sa réponse le fit sourir. Cette question de problème identitaire est une chose qui l'avait tourmenté pendant quelques temps. A force de se faire passer pour un autre, d'imiter les personnes à qui il s'adressait pour mieux les cerner, bref, à force de n'être plus lui même, Calions s'était perdu en chemin pendant de nombreuses années et ce n'était que recemment qu'il experimentait de nouveaux les joies d'être lui même.
Ainsi donc sa compagne de jeux aquatiques s'appelait Amarra. La chose interessante à noter était le fait qu'amarrer était un verbe en rapport avec le monde des marins, le rapprochement entre le prénom et le verbe était adapté à leur situation, étant donné que Calions s'ammarait volontairement à Amarra par le biais par contre des mains et non de cordes, comme on pourrait faire avec un bateau.

Soudain il sentit quelque chose au niveau des mains. Un changement au niveau du toucher, comme si la peau de la jeune femme était soudain devenue plus..écailleuse??
Il baissa les yeux et découvrit avec stupéfaction une queue de sirène là où quelques instants auparavant se trouvaient les hanches et les jambes. Sa stupeur momentanée lui fit perdre l'équilibre et il lâcha un instant Amarra, il ne cria pas, ne s'effraya pas non plus. Il avait déja rencontré plusieurs créatures étranges. D'ailleurs sa mère avait été tuée par les habitants de son village quand il était enfant, seulement parce qu'elle maniait le feu. La différence ne l'effrayait ni ne provoquait le dégoût en lui.

Il s'approcha d'elle en la regardant dans son ensemble. *Serait-ce possible qu'elle soit une sirène?*, c'était une possibilité, ou alors..
Il reprit sa position initiale: les mains sur ses hanches, ou plutôt sur la partie supèrieure de la queue de sirène et le visage prés du sien.

"Tu es une sirène ou une metamorphe?" demanda-t-il avec curiosité.

Si les vampires existaient, pourquoi pas les sirènes?

Il ajouta en riant: "Heureusement que je n'ai pas emmené ma canne à pêche, tu aurais une mauvaise opinion de moi je suppose."

L'idée de se retrouver devant une métamorphe était étrange. Un humain ou plutôt une humaine qui pouvait changer de forme à volonté. Nul doute que ces talents auraient pû être utiles à une agence de renseignements, même si le talent en question pouvait être utile partout et pour n'importe quoi: mercenaires et voleurs auraient offert des salaires exorbitants à une jeune femme avec ces capacités.

Mais sa vie de mercenaire avait prit fin lors de son arrivée à Avventura. Plus de guerres ni de meurtres sur commande, plus de personnages inventés pour infiltrer des lieux interdits au public. Juste lui. Juste Calions.

Amarra passa par dessus de lui en créant une impulsion avec sa queue et l'éclaboussa en atterrissant de l'autre côté. Elle semblait appreçié le fait de le taquiner avec ses "nouvelles" capacités de nageuse. Il était évident qu'il ne pouvait s'essayer à une course avec elle sans risquer une cuisante défaite. Une nageoire de cette taille lui donnerait une vitesse phénoménale et Calions, lui, n'avait que ses jambes en fin de compte.

*Ou est-elle?*

Il tenta de la trouver sous l'eau mais avant même de pouvoir scruter un peu plus en profondeur, elle l'attrappa et le tira en dessous. Elle l'entraina avec elle et le lâcha pour commençer à nager autour de lui. C'était comme dans une sorte de rêve, ou un film, ou même tout simplement un livre. Se retrouver sous l'eau avec une sirène qui nageait autour de lui semblait la chose la plus improbable au monde, même si elle n'en était pas exactement une. Voyant qu'il manquait d'air, elle le remonta à la surface tout en s'amusant du visage qu'il faisait. Il devait sûrement avoir changé de couleur à cause du manque d'air.

A peine dehors, il prit une grande bouffée d'air.

"Wow. C'est juste hallucinant!!!"

En effet, rien n'exprimait mieux la sensation du moment. Il voyait la situation avec émerveillement, comme avec les yeux d'un enfant.

"C'est..juste..wow!!! c'était fantastique!!! et tu peux te transformer en tout et n'importe quoi?"

C'était fascinant de découvrir une personne avec ce genre de pouvoirs, il était impressioné et voulait en savoir plus. Il attendit sa réponse.

Je souris devant les commentaires du jeune humain et ne put me retenir de rougir devant ses compliments. Je m'approchais de lui, amusé par sa tête et par ses yeux brillant puis je lui répondis simplement.

"Je peux devenir n'importe quel humain ou animal. Parfois j'arrive même à croiser des animaux entre eux mais le résultat est souvent moyen. Cependant je peux devenir une elfe, une hybride ou avoir les dents aussi longue que les vampires. Je peux aussi créer un vêtement sur moi mais je ne peux les enlever. Je peux aussi devenir un homme... J'ai une multitude de choix en somme."

J'eus un nouveau sourire puis je me mis à nager vers le bord et je sortie de l'eau pour m'assoir sur la rive tout en conservant ma queue de poisson mais en enlevant mes branchies afin de pouvoir respirer correctement. J'observais l'humain et mon sourire s'agrandit.

"Que voudrais-tu voir ?"

Je me demandais s'il aurait envie de voir mes capacités et je me demandais surtout ce qu'il voudrais voir en premier. Les humains étaient si imprévisibles que la jeune femme penchait légèrement la tête sur le côté, attendant de voir ce que ferait Calions.

[désolée un peu court mais j'ai pas trop d'idée]

"Que voudrais-tu voir ?"

Calions avait l'impression d'être un enfant à qui on proposait de choisir un cadeau. Il était impressioné par les capacités d'Amarra. Il ne savait pas trop ce qu'il pouvait lui demander. Il prit la pause, pour réfléchir, et se décida enfin: il sortit de l'eau et s'approcha de la toile.

"Tu sais ce qu'on va faire? tu vas te tranformer en ce que tu aimes le plus, en ce que tu trouve le plus beau, et moi je vais te peindre!!!"

Il prépara les pinceaux puis pensa soudainement à quelque chose. Il pencha la tête et s'adressa à celle qui serait peut-être son modèle.

"Enfin si tu veux bien sûr."

Toutes les personnes n'aimaient pas forcément se faire peindre, peut-être la situation l'indisposait qui sait?

Il attendit la réponse tout en réfléchisant aux couleurs à utiliser, dans le cas où la réponse serait négative.

Amarra s'était transformée en biche, il était surprenant de trouver un être humain capable de telles choses: se tranformer à volonté. Tout devenait possible; voler haut dans le ciel, explorer les abysses, courir dans la savane. Il songea aussi, bien que trés rapidement, à son passé. Dans ses nombreuses "activités", ce type de capacité était tout simplement l'"outil" rêvé.
Il la regarda encore une fois et plongea sur sa toile tout en décidant de rendre les couleurs plus chatoyantes, la plaine était déja magnifique, le cadre était parfait, mais rendre les choses plus lumineuses aurait donné à la toile un souffle particulier, aurait reussi à captiver l'observateur. Il commença tout d'abord par la biche elle même, pendant qu'elle se nourrissait pour ensuite s'attaquer à l'arrière plan que constituaient la plaine et l'arbre sur lequel Amarra lisait plus tôt, puis il eut une nouvelle idée: il modifia la toile et le résultat final était visible au bout d'une quarantaine de minutes, pendant lesquelles la biche avait gambadé, l'air de rien, sans s'ennuyer, du moins il en avait l'impression.
La peinture était visible sous cette forme: au premier plan, la biche était en train de se nourrir en regardant en direction de l'observateur, Calions avait bien détaillé les yeux de façon à les faire ressortir, dans le but de captiver l'attention dans un premier temps. À sa gauche, quelques mètres derrière elle, se trouvait le pommier, sur lequel il avait ajouté une de ses nouvelles idées: Amarra dans sa forme humaine était sur une branche, dos contre le tronc et croquait une pomme tout en regardant la biche. A la droite se l'arbre, sachant parfaitement qu'il avait truqué le paysage mais trouvant le décor plus satisfaisant, il avait ajouté la rivère dont Amarra, dans sa forme de sirène, sortait tel un dauphin, en sautant, et dont les écailles ressortaient, plus brillantes que jamais, grâce à la lueur du soleil. Le reste n'était constitué que du ciel bleu et de ses nuages, de la plaine, et du soleil lui même.
L'idée d'Amarra sous ses trois formes semblait bonne, et puis voir trois versions différentes d'elle même reunis dans le tableau pourrait être une belle chose.
Il se pencha et s'adressa à sa "triple muse".

"Voilà c'est fini ! cela prendra sûrement quelques heures pour sécher mais si tu veux tu peux voir le résultat tout de suite !"