(terminé) Que sommes-nous devenus depuis?... (PV Leann)

Enfin le premier objectif qu’il s’était fixé avait été atteint, malgré que cela ne représente qu’une simple fraction de ce qu’il devait accomplir. Beaucoup de choses se sont produites avant d’en arriver là et le parc fut le premier endroit où son périple avait commencé depuis son départ de la forêt. Dire qu’à ce moment-là, lui et Gregor ne représentait pas grand-chose pour le reste de la communauté et dorénavant ils faisaient parties de ceux qui défendaient les droits de leur race respective. Assis sur son banc à contempler la fontaine au centre de la place, le néko sortit de sa poche pour la première fois depuis des mois une cigarette qu’il se mit aux lèvres et l’alluma sans se presser. Pour lui tout allait changer de manière drastique au finale. Un long soupir avait laissé un nuage blanc sortir de sa bouche tandis qu’il se grattait la tête en quête de réponses. Certes, il pouvait aider davantage de gens dans sa position, mais cela ne lui dit pas comment les aider. En devenant la voix de chaque hybride dans la ville, il devait probablement être à l’écoute de chacun et tentait d’améliorer le système pour le meilleur, cependant lui qui avait été entraîné pour tuer toute sa vie pour ensuite se retrouver dans cette position était des plus inhabituelles. Jean allait devoir faire des compromis entre les deux maintenant et c’était certainement le plus difficile à faire. Il avait fermé les yeux un moment, laissant tomber son magot dans le cendrier et voulait simplement faire le vide dans sa tête. Il ne doutait pas que le représentant des humains avait reçu une entrevue avec celle qui figurait autrefois parmi les plus hauts placés du Cercle, mais cela n’avait pas été son cas. Un test physique avec la louve, qui avait été vaincu en disparaissant dans la brèche qu’il avait créé par accident dans la grotte et le voilà devenu ce qu’il est aujourd’hui. Quoi dire d’autre à part le fait que tout s’est passé si vite et qu’il n’avait même pas eu le temps de se préparer. Amélia devait rire dans son dos en ce moment, en fait il le savait déjà.

Des humains passaient dans le coin avec leur enfant pour le laisser jouer un peu tandis qu’ils se mirent dans le sens opposé du néko pour regarder le petit jouer. Ce ne fut que de courte durée, car il s’était trop rapproché de Zefra, resté silencieux jusque-là, pour ensuite retourner rapidement vers ses parents après avoir pris peur. Normal pour un enfant de son âge d’avoir craint quelque chose qu’il ne comprenait pas et c’est pareil chez les adultes encore. Ceux-là ne firent que lancer des regards mauvais à son encontre et prirent le pauvre petit pour continuer leur promenade hors du parc. En effet, il avait beaucoup de chemin à parcourir avant d’en arriver à comprendre les autres même si au fond les tuer serait bien plus aisé. Un autre soupire de sa part avant de prendre une dernière bouffée, pencher la tête vers l’arrière le regard perdu dans le ciel noir. Cette rencontre avec des humains si tard la nuit serait peut-être le plus surprenant pour aujourd’hui puisque d’habitude personne ne vient ici la nuit. Qu’importe, maintenant qu’ils ont vu le vilain chat, surement que leur prochaine destination fût leur demeure et s’était pour le mieux.

Il lui restait  4521 services avant d’être libre…Bref le temps ne lui manquait pas et porter le masque aussi longtemps qu’il le faudra n’était pas vraiment un problème non plus. Comment rendre l’Avventura meilleure tout en étant équitable pour chaque race? C’était impossible, cependant tenter de l’atteindre allait tout de même permettre d’obtenir des résultats qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Les rebelles font aussi partie du lot de problèmes auxquels il devait faire face, mais sa serait plus amusant que de la paperasse de bureau. Une autre question se posait d’elle-même : Le départ d’Amarra allait creuser un énorme vide dans la communauté du Cercle et il leur faudrait quelqu’un qui soit vraiment porter vers la paix des races et non sur ses propres ambitions. Jamais Zefra ne sera en mesure de combler ce rôle, car il aimait beaucoup trop tuer tout ce qui pouvait saigner. Gregorius pouvait-il assumer ce rôle? Si il y avait bien une race qui devait faire des efforts supplémentaire c’était bien celle des humains et donc cela serai d’un stress bien trop élevé pour leur représentant. Il ne voyait pas non plus ce personnage prendre une telle responsabilité. Il allait devoir attendre qu’ils puissent tous se rassembler pour déduire qui serait en mesure de prendre la place d’Amarra. Il allait devoir trouver des gens qui avait les mêmes idéaux que lui. Non faux, il allait devoir trouver des personnes apte à l’aider pour accomplir ce qu’il devait faire pour tenir sa promesse jusqu’au bout.

C’était peut-être sa seule initiative encore valide pour le moment sachant que tout le reste était en attente et que la priorité était la sécurité de tous les citoyens avant de penser à la démocratie. Pourquoi les rebelles s’acharnent-ils sur les plus faibles?...L’hétérochrome n’en savait rien, à moins que cela ne soit dû uniquement de par la loi du plus fort et il était de cet avis si seulement il avait le choix. Mais le monde change et ceux qui ne veulent pas changer avec lui auront la vie difficile, bref tout le monde aura la vie difficile avec ceux-là. Prenant deux pastilles contre la mauvaise haleine, il se mit à tourner autour de la fontaine et s’était arrêter au moment où il voyait son reflet le regarder avec un air décourager.  

« Donc c’est à cela que je ressemble en ce moment? » Dit-il avec un sourire.

Il ne s’était jamais rendu compte de son expression jusqu’à ce moment et c’est bien là ce qui le faisait rire. Pour obtenir ce qu’il voulait, il allait avoir besoin de bien plus de volonté. Le vent s’était levé et avec lui un parfum que le néko avait été capable d’identifier. De tous ceux qu’ils avaient rencontré jusqu’ici c’est certainement celle qui ne pensait croiser en ville ou plutôt c’est elle qui devrait être surprise de le voir ici? Beaucoup c’est passé de son côté, mais que pouvait-il s’être produit de son côté à elle? Il ne cherchait pas à la rejoindre sachant qu’elle allait aisément le trouver si elle le souhaitait et de toute manière il serait partit la chercher pour la ramener ici, alors à quoi bon? Il partit s’asseoir de nouveau sur son banc, le regard toujours aussi perdu, alors que l’une de ses connaissances, la seule à vraiment connaitre son passé était tout près. Jean n’était pas stupide, il savait bien qu’elle pourrait faire partie un jour de ses ennemis, ne sachant guère pour quelle catégorie elle avait craqué, mais pas ce soir. Des envies de meurtre se faisaient sentir dans son dos alors qu’une ombre commençait à prendre forme derrière lui, mais l’homme-chat voulait rester tranquille et surtout que l’on parle d’autre chose que de sa personne. Il avait balayé l’air de son bras pour faire reculer Amélia, qui l’avait fusillé du regard avant de disparaître le laissant seul. Son visage se crispa un instant, puis un craquement se fit entendre sous ses pieds, il venait de fissurer le beau carrelage, qui rendait justement cet endroit si accueillant. Un sourire vint à nouveau se poser sur ses lèvres avant de passer sa main dans ses cheveux et se grattait la tête par la suite, les yeux fermés, la tête qui balançait de gauche à droite, il prenait une grande inspiration pour se calmer et reprendre le contrôle.

« J’ai encore beaucoup à faire avant de me laisser aller… »  

« Non, en fait je ne pensais avoir de compagnie cette nuit. »

Elle lui avait touché les oreilles sans aucune gêne alors que par le passé les choses auraient bien pu être différentes. De par ses faits et geste on pouvait déjà constater un changement dans ses habitudes. Il l’écoutait parler sans dire un mot. Toute son attention avait été portée sur le comportement de la dame qui se trouvait devant lui. Elle semblait plus indépendante et relâché que la dernière fois. Qui a-t-elle bien pu rencontrer pour en arriver là? Lui poser la question lui importait peu en fait. Il était tout simplement satisfait qu’elle est trouvé sa voie même si il y avait des chances que cela ne soit pas à son avantage. Il avait déposé l’arrière de sa tête sur le banc, laissant échapper un rire alors que ses yeux regardaient le ciel étoilé. Ce n’était que le début, il savait déjà qu’elle pourrait devenir davantage avec le temps… Avec ou sans lui.

« Pardon si je ris sans avoir de raisons valables, mais je dois avouer que vous me prenez par surprise très chère louve. Tu sembles avoir changé pour le mieux Leann… »

Lui demander si elle avait avancé avec sa bête? Inutile…Cela se voyait déjà dans ses yeux. Il y discernait une volonté qui n’était pas présente lors de leur première rencontre et il misait sur cette impression pour en mesurer tout le changement émotionnel qui s’est opéré en elle. As-tu finis par prendre goût à tuer? Si elle ne l’avait pas fait, il n’avait aucun doute qu’elle pourrait le faire sans trop de gênes. Il l’enviait qu’elle puisse profiter d’une telle liberté ou du moins c’est ce qu’il pensait ou alors c’est une question qu’il pourrait bien lui demander.

C’est ce qu’il se rappelait de leur conversation au sujet de son amant ou simplement un ami. Jean devait admettre ne pas pouvoir tout ce rappeler. Dire qu’auparavant il s’était épuisé au point de ne pas pouvoir faire durer la conversation sans fermer les yeux et s’assoupir dos à elle. Pouvait-elle encore le faire au juste ou bien elle saurait en mesure de le tuer si on lui avait demandé? À force de vouloir changer le monde, la seule choses dont l’on pouvait être vraiment sûr était de se faire des ennemis. Se pourrait-il qu’elle ait choisi son camp avant même de le rencontrer à nouveau? Ce n’était pas une option à écarter, cependant il n’avait pas réussi à changer grand-chose pour le moment et ne représentait pas vraiment une menace. Son seul et unique avantage contre ses adversaires c’est que personne ne savait qui il était vraiment excepté la personne qu’il avait à ses côtés. La tuer tout de suite ne lui servirai à rien malgré la chance qu’il lui était donné pour l’effet de surprise et de plus il n’avait aucune preuve qu’elle soit avec eux alors à quoi bon? Un œil dont la mélancolie se lisait aisément à travers son iris d’un rouge de sang, regardait longuement la louve sans bouger d’un centime. Il n’avait plus cette confiance qui lui avait confié dans les bois cette journée-là. Il devait maintenant porter le lourd fardeau que représente son nouveau rôle au sein du Cercle et le changement quasi spontané de la belle jeune femme ne l’aidait pas y voir plus claire. Il voulait croire en elle, car le contraire le ferait trop souffrir…C’est pourquoi Jean Dame était nécessaire pour faire l’impossible et la tuer si elle devait s’opposer à lui sans avoir de regret pour le nuire plus tard.

Il secoua frénétiquement la tête en se tapant sur le dessus du crâne pour sortir de ses songes. Le moment n’était pas encore venu et ça ne servait à rien de vouloir la mort d’une amie alors qu’il n’en savait pas plus. Son visage se mit à rougir aussitôt alors qu’il se mit à bredouiller.

« Pardon! Mais je…devrai pas te poser autant de questions…Ouais tu sais à quel point je peux être perdue quand je veux et au final je ne retrouve mes mots que lorsque je suis calme. Hors je veux être calme, mais j’ai…Tu vois, je ne pensais pas te revoir avant bien plus longtemps en fait…Oh! Pas dans le mauvais sens par contre! Je veux juste dire que…et merde! » Alors qu’il se grattait la tête en faisant une grimace.

Autant faire semblant de faire le perdue pour lui excuser le fait de l’avoir fixé aussi intensément pendant un long moment. Comment avoir confiance envers quiconque en fait? Donner sa confiance à quelqu’un c’est presque comme si tu serais prêt à lui donner ta vie. Pouvait-on faire une telle chose même si l’autre savait plus ou moins tout de lui? Non…On ne peut pas…Pas en temps de guerre et il y était jusqu’au cou dorénavant. Sans même en avoir pris compte, Leann venait de lui ouvrir les yeux sur l’un des sujets les plus délicats : la loyauté. Ce terme est si facile à décrire et pourtant si difficile à appliquer au-devant de certaines circonstances. Se détacher complètement d’une personne pour lui faire face était certainement le plus dure à procéder, mais pas pour un monstre. Il lui serait loyal tant qu’elle le sera…Le sujet était clos.

Il avait trop parlé et cela pouvait se retourner contre lui maintenant. Cette personne avait un drôle d’effet sur lui. Non pas par une attirance sexuelle ou bien qu’elle pouvait jouer les confidentes, mais plutôt comme une sœur que l’on que dans de rares occasions? Ah…Tous les tuer serait tellement mieux et pourtant il n’avait pas le droit. Voilà bien là tout le fardeau de sa promesse fait à une darkness… Voir son monde éclater en morceau et devoir les recoller au mieux pour ajuster sa vision des choses au reste du monde et continuer de sauver un certain nombre de vies avant d’être libéré à son tour. Peut-être qu’entendre la voix de sa voisine lui permettrait de se calmer un peu? Tout cela pour dire que jouer les justicier alors que l'on aime être un meurtrier est franchement difficile.

Pas de compagnie pour la nuit ? Cette réponse la fit sourire parce qu’elle lui plu. Cela faisait un moment qu’ils ne s’étaient pas vu et même si elle ne lui faisait plus autant confiance que lors de leur première rencontre. Elle avait tué entre temps, seule ou en compagnie de Bran, comment le dire à cet homme assis à côté d’elle, qui avait promis de faire un nombre incalculable de bonne chose ? Elle savait qu’il y avait maintenant un fossé entre eux, même si elle ne lui disait pas qu’elle faisait parti de l’opposition de cette ville. Mais, une petite partie d’elle espérait pouvoir rester en contact avec Jean-Dame. Leann savait qu’elle lui devait beaucoup. Surement plus qu’il ne pourrait lui-même le penser, et ce grâce à de simples mots. Mais encore une fois, comment lui dire ? C’était une chose devenue impossible. Le rire de son interlocuteur la surprit totalement, parce qu’elle ne voyait pas ce qu’elle aurait pu dire ou faire qui soit à l’origine de cette hilarité. Ou alors, ce n’était pas elle mais une pensée qu’il aurait pu avoir ? La louve tourna la tête pour pouvoir le regarder rire, le regard en direction du ciel et elle ne pu s’empêcher de sourire. C’était qu’il était mignon à rire pour un rien -de son point de vue- mais elle chassa rapidement ce genre de pensées. Cela ne la mènerait strictement à rien. Quand il finit par lui donner un semblant d’explication, la lycanne secoua la tête. Il n’avait pas à s’excuser pour ça ! Il n’avait même aucun compte à lui rendre. Mais elle fut assez contente qu’il lui communique dès maintenant son impression, sur sa personne. Changer pour le mieux ? Bon dans le fond, elle ne savait pas trop si c’était une bonne chose. S’il comprenait qu’elle était maintenant apte à tuer... Elle craignait sa réaction envers elle. Il lui avait assuré qu’il ne lui ferait pas de mal, le temps qu’elle ne s’en prenne pas à lui, mais serait-ce toujours le cas, si elle lui disait qu’elle avait déjà tué ? Et qu’elle aimait ça ? Elle en doutait fortement. Et pour une raison qui lui était propre, elle ne voulait pas que cela se passe mal entre eux. C’était surement naïf de sa part de penser ainsi ? Qu’avoir un ami dans le camp opposé n’était pas chose possible ? La jeune femme faillit hausser les épaules à ces questions. Le temps qu’elle ne trahissait pas Jilan, elle ne voyait pas où était le problème !

« Pas de problème, inutile de vous excusez. Ca fait plaisir de vous voir rire... »

Même si elle savait qu’il n’était pas un homme à être très joyeux. Mais elle garda cette pensée pour elle. Pensant qu’il la prendrait peut-être mal. Cette fois, ce fut à Leann de rire, joyeusement elle, pour la question que lui posa Jean-Dame. Encore envie d’égorger Jilan ? En effet, quand ils s’étaient rencontrés, c’était l’une des envies continuelles de sa bête. Bien du travail avait été fait depuis pour palier à ce petit problème de communication et tout était rentré dans l’ordre. La louve rougit un peu, comme pour commencer à s’excuser d’avoir rit. Elle espérait qu’il ne prenne pas son comportement pour un manque de respect. Elle s’empressa donc de répondre.

« Plus aucun problème de ce côté là. Je suis en parfaitement... Communication avec elle. Et elle n’a plus aucune envie de croquer, qui que ce soit. »

Ce n’était pas tout à fait vrai mais pas tout à fait faux non plus. Certes, elles s’entendaient mieux, chacune laissant à l’autre de l’espace mais si elles s’entendaient aussi bien, c’était surtout parce que Leann avait accepté de laisser totalement libre court à ses envies et pulsions, en plus du fait d’avoir un de ses semblables proches d’elle. Dans le fond, elle pouvait avouer au néko qu’elle chassait les animaux, ce qui était parfaitement vrai. Elle avait plus souvent chassé des êtres quadrupèdes que bipèdes. Mais peut-être qu’il viendrait à penser qu’elle pouvait passer le cap ? Mais, comment pourrait-il le jeter la pierre, avec ce que lui, lui avait raconté ? Le regard qu’il eut ensuite la mit presque mal à l’aise. A quoi pouvait-il penser pour avoir un tel œil ? Encore son passé douloureux, dont il ne pouvait se défaire ? Lui poser la question ? Pour essayer de l’aider ? A quoi bon ? Ils ne devaient plus être aussi proches que lors de leur première rencontre. Chacun d’eux avait changé et surement évolué. Elle le comprenait, même si dans le fond, cela ne lui plaisait pas vraiment. Mais peut-être qu’elle en demandait trop ? Elle avait Jilan et Bran pour elle. Plus le second que le premier, elle le savait. Alors pourquoi vouloir conserver l’amitié qui avait commencé à naitre avec Jean-Dame ? En sachant les risques que celle-ci pouvait lui faire courir ? Envie de risque ou bien... Autre chose ? Le mouvement vif de son interlocuteur la fit violemment sortir de ses pensées. Elle le regarda, sans trop comprendre, se taper sur la tête. Parce qu’il était lui aussi parti dans ses songes ? Cette idée fit sourire la louve. Parce qu’elle trouvait ça amusant. Bon sauf le fait qu’il se frappe pour si peu. Elle écouta ses paroles, avec toujours un sourire amusé sur les lèvres. Il s’excusait encore ? A croire que les rôles étaient échangés, depuis leur rencontre dans la forêt. Ce n’était plus elle qui s’excusait pour un rien mais lui. Leann le laissa terminer de parler avant de s’approcher de lui et de déposer un rapide baiser sur l’une de ses joues, qui avaient prit une belle petite teinte rouge.

« Je sais... » Répondit-elle simplement à voix baisse avant de reprendre sa place sur le banc.

Oui, encore un geste qui montrait qu’elle était davantage sûre d’elle. Mais c’était aussi à cause de ses nombreuses heures passées en compagnie de Bran ! Même si ce n’était en rien sexuel, ils aimaient se toucher, sentir la peau de l’autre contre la sienne. Pour se rassurer, pour communiquer, pour simplement sentir l’autre près de soi. Peut-être qu’elle ne devrait pas agir comme ça avec tout le monde ? Et s’il le prenait mal ? Leann imagina alors que Jean-Dame pouvait être en couple ! Et si c’était le cas ? Ce n’était surement pas des gestes à faire non ? Mais ne lui avait-il pas dit qu’il n’attendait personne, pour la nuit ? Mais peut-être que pour cette nuit ?

« Je... Suis désolée... J’ai... Tendance à être un peu plus... Tactile avec les gens que j’apprécie... »

Ce qui était parfaitement la vérité. Là dessus, il n’y avait aucun doute. Peut-être qu’elle devrait lui en donner la raison ? Ou peut-être la devinerait-il tout seul ? La suite des paroles de Jean-Dame ne lui permit pas de se poser plus de question. Il voulait prendre de ses nouvelles ? Oui mais la façon qu’il eut de le formuler... Dire seulement ce qu’il voudrait qu’il entende ? C’était là un sous-entendu plein de sens. La mettait-il en garde contre ce qu’elle pourrait lui avouer ? Que cela pourrait se retourner contre elle ? C’était malheureusement l’effet que cela lui faisait. Si elle le prenait mal ? Peut-être un peu. Mais comment lui en vouloir ? Après tout, ils n’étaient pas si proches que ça... Leann pesa le pour et le contre de ce qu’elle pourrait lui dire, avant de répondre.

« Eh bien... Comme vous pouvez le voir, je vais beaucoup mieux. Je suis plus sûre de moi et soumise à personne. Grâce à vous. Et... Je protège les personnes qui me sont chères, avec la force que je possède. Rien de bien spectaculaire dans une ville comme celle-ci... »

Laisser sous-entendre qu’il fallait protéger les gens soi-même parce que personne d’autre ne le faisait ? Elle ne savait pas si c’était une si bonne idée que cela, puisqu’il avait dit vouloir faire le bien... Peut-être qu’il le prendrait mal ? Ou alors, il apprécierait qu’elle mette en pratique ce qu’il lui avait dit ? Parce qu’elle venait simplement de dire qu’elle pouvait utiliser la force, mais seulement quand il le fallait. Pour protéger. Ce qui était quand même sa principale motivation.

« Et vous... Où en êtes-vous, avec ce grand nombre de service que vous devez rendre ? Vous arrivez à gérer ? »

Elle se souvenait qu’il lui avait dit qu’il aimé tuer. Et pour avoir expérimenté la chose, elle pouvait comprendre qu’il était difficile de passer outre ses envies de meurtres. Mais allait-il lui parler ? Ou mettre en pratique ce qu’il lui avait dit, et ne dire que le minimum ? Voir rien du tout ?

L’entendre rire de sa remarque, au sujet de la relation qu’elle avait présentement avec sa seconde-moitié, lui avait tout de même permis de se calmer, se disant qu’il n’avait pas mal commencé la discussion. Savoir que tout allait pour le mieux avec son côté bestial lui fit apparaître un sourire aux coins des lèvres. Peut-être qu’il connaissait celui qui lui avait appris à mieux comprendre sa bête qui sait? Jean avait tenté de discerner une odeur plus particulière sue le corps de la jeune femme, mais en vain. Rien de bien surprenant si elle n’avait pas vu cette personne depuis un moment. Donc il ne pouvait que supposer qu’elle avait rencontré un membre de sa propre race. Cela serait la seule explication possible pour lui en tout cas. Peu de temps par la suite, un baisé s’était posé sur la joue du néko, qui ne semblait pas prendre le geste si mal que ça, mais avait tout de même froncé les sourcils après avoir entendu la suite. Peut-être que chez les humains cela pourrait paraître un peu pousser, cependant pour un être ayant un côté animal, le touché était une forme d’affection plutôt commune. À moins que sa propre philosophie n’était pas considéré comme saine, mais qu’importe puisque qu’ils savaient tous les deux que ce n’était pas ce d’autre pourrait imaginer…Une en particulier.

« La seule que cela peut vraiment déranger est juste derrière toi, cependant elle ne peut pas faire grand-chose sans un corps physique. » dit-il alors qu’Amélia avait ses mains autour du cou de sa cible, mais tout simplement incapable d’accomplir ce qu’elle voulait faire.

Quand le jeune y pensait bien, il n’avait jamais vu la darkness dans cet état face à quelqu’un qui ne pouvait ni la voir, ni l’entendre. Serait-ce de la jalousie de ta part ma tendre? Il souriait dans sa direction, alors qu’elle finit par lâcher prise et disparaître, ne supportant le regard de celui qu’elle avait aimé. Elle reviendra de toute manière…Elle revient toujours. S’il tentait de prendre un peu de recul, Leann avait fait encore bien plus de progrès qu’il ne l’aurait imaginé au départ. C’est qu’elle n’avait pas chômé du tout! Jean avait bien rencontré des gens sympathiques et d’autres un peu moins, cependant rien qui puisse le faire avancer dans son projet. Autant de services à offrir aux gens et le Cercle n’avait pas encore rassemblé son petit monde pour monter sur scène. Rien de plus enrageant que de faire profil bas pour ne pas montrer l’énorme crevasse dans lequel cette communauté s’était elle-même creusée sa tombe. Il n’était pas le chef, ne pouvait pas le devenir et même si c’était possible, agir au plus vite aurait pour conséquence de refroidir les autres et les perdre aussitôt. Si le Cercle avait connu un âge d’or, celui-ci est passé depuis un moment et lui redonner sa gloire serait un nouveau défi qu’il n’avait pas besoin. Accomplir sa promesse dans de telles conditions le mettait tout simplement hors de lui. Tout seul il ne pourrait faire quoi que ce soit et pourtant il le faudra bien si les choses doivent bouger. Bref, en résumé il devait féliciter Leann pour ses efforts alors qu’il allait devoir faire travailler sa matière grise pour trouver une solution à son impasse. Un détail avait attiré toute son attention par contre et il devait admettre de ne pas se souvenir d’une telle chose. Ce qu’elle est devenue ou bien en partie serait grâce à lui? Il ne pouvait pas le croire, certes il l’avait encouragé et donné quelques conseils si l’on peut le dire ainsi, mais rien d’incroyable ou de révélateur. Cette louve avait trouvé sa véritable nature de par sa propre initiative et en était sorti en vainqueur. Son regard était celui d’une femme prête à défendre ses idées et ses principes. Quelqu’un qui ne se laisserai plus marcher dessus pour le plaisir des autres et qui allait démontrer au monde de quoi elle était capable. Il ne pouvait qu’accepter les compliments qu’il ne méritait pas vraiment. Elle avait tracé son chemin avec hargne et détermination et c’est bien ce qui le rendait si fière d’avoir rencontré un battante qui se prenait pour une simple soumise au départ. Ils ne se regarderont plus jamais de la même manière, mais il était heureux qu’elle soit satisfaite avec les choix qu’elle avait décidé de prendre.

« Mes services n’ont pas avancé d’un poil, mais si je peux me permettre, je ne t’ai pas rendu un aussi grand service que te guider vers la personne que tu es aujourd’hui. Tu es devenu bien plus forte, bien, bien plus forte que notre dernière rencontre et je suis sûr que tu n’auras pas finis de nous épater. Tu es attentionné, pleine de vie et tu affirmes ce que tu penses être pour le mieux sa j’en suis sûr. C’est drôle quand je pense au fait que j’aurai pu devenir amoureux de toi. »

C’était sorti tout seul sans aucune touche d’humour. Elle avait ce qu’il fallait pour devenir quelqu’un d’important, mais pour son amant, le néko pensait bien la voir suivre cet homme ou bien cette femme ne sachant pas vraiment ses goûts, pour le protéger de ceux qui voudraient lui faire du mal. Il ne lui restait plus qu’à espérer que cette personne savait la chance qu’on lui donnait à avoir à ses côtés une telle femme. Surtout quand elle parle de défendre ceux qu’elle aime à partir de ses propres moyens. Pourquoi autant d’hésitation à en lui parler? Le Cercle ne pouvait faire le travail pour le moment, car il devait avant tout se reformer. Donc il avait pris là une très bonne initiative. À moins que ce manque de confidence soit dû au fait de ce qu’il avait dit tout à l’heure, à savoir qu’il ne voulait pas entendre toute la vérité. Il savait bien qu’il n’arrivait plus à s’orienter dans toute cette pagaille avec le cercle, son véritable but, les gens qu’ils rencontraient. Tout cela ne cessait de jouer sur ses humeurs et le rendait tout simplement incompréhensible même pour lui. Il devait mettre les choses au claire dans sa tête : Leann n’était pas son ennemi, mais pourrait devenir avec le temps une guerrière expérimentée et dangereuse. Si cela devait arriver et bien il n’aura qu’à la combattre pour la mettre à terre et poursuivre sa route. Nullement besoin de la tuer en fait, puisque sa promesse envers Amélia l’empêchait de tuer quiconque de toute manière. De toute manière le pourquoi qu’il lui avait dit cela était uniquement pour ne pas devoir lui faire de mal…Même si elle était tout aussi bien capable de contre-attaquer. Les choses changent qu’il ne l’aurait bien voulu.

« Je tente de vivre le moment présent et de fermer mes yeux sur le passé. C’est très difficile et je fais de mon mieux pour que cela ne paraisse pas trop mais… » Il regardait la fissure à ses pieds causé par son pouvoir de manière involontaire avant de reposer son regard dans celui de la louve. « Je vais devoir retourner dans la forêt où tu m’as rencontré je pense, car là-bas j’arrive à me calmer et à m’oublier pour mieux me centrer sur les autres. Oh! Mes services n’ont pas avancés d’un poil. Merci tout de même de m’avoir posé la question et ne t'en fais pas, ce n'est pas du sarcasme. »

Devait-il lui raconter ses inquiétudes à propos de son propre camp ou bien laisser tomber? Nah à quoi bon en fait. Ils ne se rencontrent pas tant que sa et aujourd’hui cela n’avait été que le plus pur des hasards. Il est donc inutile de l’inquiéter à son sujet avec ses problèmes…Des problèmes qu’il avait lui-même pris en charge alors que le néko aurait bien pu en rien faire. Comment cela se serait-il passé s’il n’avait pas promis le repos éternel à sa douce? Serait-il heureux? Serait-il davantage malheureux? Jamais il n’aurait la réponse et par conséquent continuer de creuser serait une véritable perte de temps. Par contre il y avait quelqu’un à ses côtés pour qui il ne put s’empêcher de dire « Merci » sans même avoir songer à ce qu’elle pourrait bien en penser. Lui expliquer serait déjà un bon début pour se faire comprendre.

« Je t’ai conté ma vie à ce moment-là dans les bois du début à la fin. N’importe qui d’autre aurait bien finit par partir par manque d’intérêt ou de temps, mais toi tu avais décidé de rester. Même si c’était pour te parler de mes expériences dans le passé, je dois admettre que j’étais tout aussi perdu que toi à cet instant. » Son œil fermé, sa tête adossée au vent, il continuait son discours calmement.« Cela m’avais fait un bien fou de raconter ce qui m’étais arrivé et si je n’ai pas encore craqué sous le poids de mon fardeau c’est uniquement parce que quelqu’un avait tendu l’oreille. Ce n’est pas toi qui me dois des remerciements pour cette fois. Je suis navré de ne pas pouvoir autre chose que merci pour ce que tu as fait pour moi. »

Il était sincère dans ses paroles et il espérait bien ne pas se faire passer en ridicule. Les circonstances ont fait en sorte qu’ils pourraient devenir des ennemis et il devait l’accepter malgré le fait qu’il l’aimait bien. Elle était bien plus forte que lui désormais et il n’en était pas si mécontent voyant bien qu’elle méritait qu’on la félicite pour ses efforts.

« Donc dorénavant j’ai une indépendante devant moi hein? Ça n’a pas dû être facile pour toi d’en être arrivé là, mais je suis content de voir que tu ailles si bien. Tu le mérite quand on y pense. »

La réponse de Jean-Dame à son baiser la surprit plus qu’elle ne voudrait probablement l’avouer. La seule avait-il dit ? Prenant le temps -même si cela se passa rapidement dans son esprit- d’analyser ce qu’il venait de dire, Leann en venait au résultat, que ça ne le dérangeait pas qu’elle agisse ainsi avec lui ? Parce qu’il acceptait qu’elle le touche de la sorte ? La jeune femme n’eut pas le temps de répondre à cette question qu’une autre information lui revient en tête. Il parlait d’une femme qui serait probablement jalouse qu’elle agisse ainsi. Voulait-il parler de celle qui était morte des années auparavant ? Comment elle s’appelait déjà ? La louve avait beau chercher, elle ne s’en souvenait pas. Mais ce n’était pas si important que ça non ? Puisqu’elle ne pouvait plus interagir sur leur monde. A moins que son interlocuteur ne prenne mal sa façon de penser ? Puisque si elle se souvenait bien, il avait également eu des sentiments pour cette femme. Peut-être même qu’il l’aimait encore ? Elle chassa rapidement cette idée de son esprit. D’une, cela ne la regardait pas, c’était la vie de Jean-Dame. De deux, même si c’était le cas, elle n’avait pas son mot à dire là dessus. Mais elle devait reconnaitre, qu’elle appréciait de savoir qu’elle pouvait rendre jalouse. C’était surement un de ses nouveaux traits de personnalité qui avaient fait leur apparition depuis sa transformation ? Elle ne savait pas vraiment et ce n’était pas pour le moment un sujet qui la préoccupait.

« Ravie de l’entendre alors ! » Déclara-t-elle avec un léger sourire aux coins des lèvres.

Ravie que son geste ne le dérangeait pas lui ? C’était un peu ce qu’elle avait voulu faire passer. Même si elle savait qu’elle pouvait s’aventurer dans un domaine dangereux. Jouer sur l’ambigüité de la situation n’était peut-être pas la meilleure chose à faire. Et puis, si elle passait encore du temps avec une personne qui ne refuse pas d’être touché, sa manie du tactile n’allait pas partir de si tôt. Enfin, dans le fond, elle avait conscience qu’elle n’agissait pas comme ça avec n’importe qui. L’hybride chat était seulement le troisième homme à avoir le droit à ce petit traitement. Et quand on savait le travail qu’elle effectuait, c’était quand même un bon chiffre non ? Bien sûr, il lui arrivait d’effleurer des clients, mais ce n’était pas la même chose, ce n’était pas par envie, contrairement à ces trois hommes. Leann se perdit légèrement dans ses pensées en se demandant ce que représentait maintenant Jean-Dame pour elle. Il avait été celui qui avait déclenché tout le processus pour qu’elle devienne ce qu’elle était aujourd’hui, mais il était aussi l’homme qu’elle côtoyait le moins. Jilan avait été là à un moment où elle avait eu besoin d’un support -même si elle le soupçonnait de s’être plus ou moins servi de sa faiblesse pour la faire sienne-, Bran était celui qui l’aidait quotidienne avec sa bête et le combat mais Jean-Dame... ? Elle ne pouvait pas le ranger dans le rang des simples amis... Cela lui paraissait trop... Injuste. De même, qu’il était le seul à savoir -bien qu’il n’en ait peut-être pas conscience- qu’il était le point de départ de la nouvelle vie de la lycanne. Leann sorti de ses pensées, mettant ainsi un terme à ses interrogations, lorsque l’intéressé reprit la parole. Quoi ? Alors, elle avait vu juste, il ne voyait pas en quoi il avait joué un rôle dans sa vie. Dans le fond, elle ne lui en voulait pas. Comment pourrait-il comprendre que de simples paroles aient pu agir sur son être, sur sa façon d’appréhender la vie ? Sa vie à elle ? Le fait qu’il accentue le fait qu’elle était devenue plus forte lui fit bizarre. Il le voyait tant que ça ? En une seule rencontre ? Alors que Jilan, qui partageait sa vie tous les jours, n’en avait pas été capable de voir son changement ? Cette pensée la mit mal à l’aise et elle s’empressa de la faire fuir. Que Jean-Dame poursuive avec des compliments n’arrangea rien. Peut-être qu’elle avait besoin d’entendre ce genre de parole, plus qu’elle ne l’aurait cru ? Puisque ce n’était pas de son amant qu’elle devrait les attendre. Peut-être qu’elle pensait pouvoir se contenter de ce que pourrait lui donner le professeur, mais qu’en fin de compte, ça ne lui suffisait pas ? Non, elle devait arrêter de penser comme ça. Mais la dernière phrase que prononça son interlocuteur la figea sur place. Quoi ? Elle avait bien entendu ? La jeune femme le dévisagea pour être certaine qu’il était sérieux dans ses propos. Et tout comme sa voix, son visage le lui confirmait. Pourquoi une telle déclaration la mettait dans cet état ? Parce qu’elle regrettait de l’entendre de sa bouche et pas de celle d’un autre homme ? Il semblait voir des choses d’elle, que Jilan était incapable ou ne voulait pas se donner la peine de voir. Pourquoi ?

« Ne dites pas ça... » Murmura-t-elle sans même s’en apercevoir. Et quand elle comprit que ces mots avaient franchit ses lèvres, elle se maudit. « Comment pouvez-vous dire une chose pareille ? Et pourquoi ça me perturbe à ce point ? »

Merde. Pourquoi elle avait encore parlé à haute voix ? Il fallait qu’elle se reprenne et vite. Surtout que ça n’aurait pas dû la faire réagir de la sorte. De même qu’elle n’avait pas à comparer Jean-Dame et Jilan. Le premier ignorait ce qu’elle était véritablement devenue : ce qu’il essayait de fuir, lui. Quant au second, même s’il n’y avait aucune trace d’amour, il continuait à la vouloir près de lui non ? Ce qu’elle pouvait détester ce genre de situation ! Les sentiments n’étaient définitivement pas une bonne chose. Ils nous faisaient réagir de façon qu’on ne devrait pas ! Mais elle se savait aussi incapable de les faire taire. Elle n’était pas aussi forte pour cela. Et peut-être qu’elle ne le voulait pas ? Après tout, elle était maso... Mais pour le coup, elle avait presque envie de quitter l’endroit. Ou peut-être que cela allait dépendre de ce que pourrait lui répondre l’hybride ? Mais dans le fond, s’il pouvait ne rien répondre, cela lui allait. Elle n’avait pas vraiment envie de se voir davantage perturbé qu’elle ne l’était déjà. D’ailleurs après quelques minutes, la suite de la conversation l’aida. Et elle se concentra sur les paroles qui sortaient de cette bouche fine et probablement douce. Quoi ? Leann se mordit la langue pour chasser ces pensées. Qu’est-ce qui lui prenait ?! Entendre qu’il avait des difficultés à faire fi de son passé la ramena au moment présent. Pour ça, elle pouvait parfaitement le comprendre. Même si elle n’avait pas vécu son passé, elle pouvait néanmoins imaginer ce que devait être maintenant sa vie. Qu’il lui avoue avoir besoin de la forêt pour s’oublier la peina un peu. Qui pouvait accepter de s’oublier pour autrui ? Surtout pour des personnes qui ne comptait pas à ses yeux ? S’oublier pour un être cher, la jeune femme le comprenait parfaitement mais pas pour des individus qui n’avaient surement pas conscience de notre existence.

« Ne faites pas ça... Ne vous oubliez Jean-Dame... Pas pour des inconnus. Je connais votre but mais... Ce n’est pas une raison pour ne vivre que pour les autres. Je sais que vous ne pouvez pas vivre simplement pour vous mais, vivez au moins pour quelqu’un cher à votre cœur... De vivant. Les morts doivent entrainer avec eux leurs regrets et leurs attentes. Ils n’ont pas le droit de dicter la vie aux vivants. »

Pour le coup, elle s’étonnait elle-même pour avoir parler de la sorte. Elle remettait en doute la promesse que son interlocuteur avait faite à son aimée. De quel droit elle s’était permise une telle chose ? Peut-être parce que dans le fond, ça ne lui plaisait pas de le voir être obligé de changer qui il était ? De gâcher sa vie pour quelqu’un qui n’était plus dans ce monde ? Peut-être qu’il n’allait pas apprécier ses propos ? S’emporterait-il contre elle ? Il en aurait parfaitement le droit, elle en avait conscience. Devait-elle alors s’excuser ? Non. Elle pensait ses paroles et ne le regrettait pas. Mais peut-être que dans ces conditions, ce serait la dernière fois qu’ils ne se verraient ? Ses paroles concernant leur première rencontre étaient lourdes de sens aux oreilles de Leann. S’il ne voyait pas en quoi il l’avait aidé, elle devait reconnaitre qu’elle non plus ne s’était pas vu comme il semblait décrire sa présence.

« Je passerais de nouveau des heures à vous écouter si vous en avez besoin. Mais une chose que j’ai appris depuis notre rencontre, c’est de ne jamais aller contre ses envies... Et c’est ce que vous faites pour de mauvaises raisons... »

Encore une fois, elle n’avait pas pu s’empêcher de parler, de donner son avis alors qu’il ne lui avait rien demandé. Peut-être qu’il allait vraiment finir par s’énerver contre elle ? Leann était prête à cette éventualité et l’accepterait. Mais elle ne se tut pas encore et ajouta en se souvenant de ces dernières paroles.

« Si je mérite de vivre heureuse, à cause de mon passé... Vous ne méritez pas de vivre contre votre nature pour le votre... »

Encore une fois, c’était son point de vue. Et il n’allait pas forcément apprécier qu’elle lui en fasse part. Peut-être allait-il regretter son changement de caractère ? A cause de sa façon de parler ouvertement ? Les quelques minutes qui allaient suivre allaient lui donner la réponse...

« Avez-vous déjà rêvé d’obtenir l’immortalité Leann? Je ne parle pas de ne plus vieillir du tout, mais de ne plus être en mesure de mourir de manière définitive. C’est bien ce que possède Amélia en tout cas et c’est là mon premier argument pour ne pas arrêter ce que je fais. »

L’hybride prit le temps de s’étirer les bras et les jambes avant de se mettre debout pour se diriger vers la fontaine, qui se trouvait au centre du parc. Dès que ses pieds furent de nouveau en contact avec le sol, celui-ci se mit à se fragiliser et à craqueler tout comme si le néko marchait sur une couche de glace à peine assez résistante pour le soutenir. Jean poursuivait sa route sans vraiment se soucier de ce qui se passait autour de lui, car ce n’était pas la première, ni la dernière fois que cela allait se produire. Sa destination atteinte, un moment à contempler derrière lui les dégâts qu’il avait causé pour se rendre compte avec étonnement qu’il en faisait trop sans même se forcer…Ou même le vouloir. Même le gravier dans lequel il avait marché, ne restait rien d’autre qu’un amas de sable grisâtre, tellement il avait soutiré à la roche tout ce qui le rendait solide. Cela allait faire changement pour ceux qui venait faire un tour ici, mais rien de bien dangereux pour le moment. À part cela, le sol avait souffert de quelques fissures ici et là. Le néko finit tout de même par se mordre la joue, légèrement honteux d’avoir montré ceci à la louve et il retira ses chaussures, pour tremper ses pieds et se tranquilliser l’esprit. Il voulait se risquer à constater si cela pourrait l’aider à se calmer en fait, même si le risque que la fontaine se fend en deux par son simple contacte soit assez élevés. Qui sait, peut-être que s’ils se baignaient tous les deux dans l’eau de la fontaine, cela allait vraiment lui permettre de l’apaiser ce soir. Un sourire malicieux vint apparaitre sur son visage alors qu’il savait bien qu’il ne le fera pas. Il ne s’était écoulé qu’une minute peut-être depuis qu’il avait quitté le banc et il n’avait pas fait attention à savoir si Leann se dirigeait vers lui où bien avait de décider de rester sur place.

« Vous pouvez venir relaxer avec moi si vous voulez profiter de l’eau. Il le disait avec des joues légèrement rougie avec un sourire coquin. Par contre ne tentez pas d’en profiter pour me séduire s’il-vous-plaît, car je ne voudrai pas trop vous attirez de problèmes. »

À quoi jouait-il? S’amusait-il au dépend de cette femme, qui semblait perturbé à chacun de ses compliments, ou bien voulait-il vraiment que cette amitié devienne davantage. Déjà? Mais elle est avec quelqu’un d’autre. Autrefois cela ne lui aurait guère déranger, mais qu’arriverait-il à ce moment-là? Non. Il devait arrêter sa, car il était impossible que cela ne cause aucune problème aussi bien pour l’un que pour l’autre. Par contre, elle lui avait dit auparavant de quel droit avait-il osé faire seulement mention qu’il aurait pu être amoureux d’elle. De plus, comment pouvait-il autant la complimenté sans savoir vraiment ce qu’elle est devenu depuis leur dernière rencontre? C’est vrai, il n’en avait pas la moindre idée et osé lui dire qu’il la connaissait mieux que les autres serait un mensonge de trop. Alors pourquoi s’être autant embarquer dans cette histoire? La réponse était si simple que n’importe qui l’aurai traité de pauvre naïf, mais il s’y accrochait, car il ne l’a voyait pas autrement. Il ne savait pas comment lui dire sans que cela ressemble à une déclaration d’amour, ce qu’il ne pouvait pas se permettre, mais il voulait rester le plus sincère possible malgré tout…Merdre que la vie apporte toujours des imprévus.

« Vous m’avez dit tout à l’heure…Comment je pouvais dire des choses pareilles à votre sujet je crois? Pour être franc avec vous, je ne peux en être certains. Mais s’il y a une que je sais, c’est que je veux croire en vous Leann. Je veux croire en ce que vous serez capable d’accomplir, que cela soit pour le meilleur ou bien pour le pire. Voilà la raison suivante pour moi de ne pas arrêter ma quête, car si je devais le faire…Vous allez mourir. »

Comment dire les choses autrement? Amélia avait tué un nombre incalculable de personne, mais avant de devenir un centre de divertissement, le meurtre était autrefois pour elle une forme de vengeance. Même avec les siècles qui sont passé dans son existence, elle n’avait jamais oublié ce sentiment qui l’avait rongé jusqu’à ne penser à rien d’autre. Dorénavant elle tuait tous ceux qui ne lui plaisait, pas jusqu’à même exterminé l’entourage de sa cible si elle le pouvait et elle n’a pas peur d’échouer puisqu’elle reviendra même après avoir été tué 100 fois. Son seul obstacle était celui qu’elle avait aimé, qui l’avait tué et bu son sang pour qu’ils soient liés…qu’elle ne puisse plus revenir tant qu’il continuait de rendre service pour elle et pour trouver le repos qu’elle se refuse de trouver. Il comprenait la colère qu’elle éprouvait, mais si elle devait revenir jamais plus rien ne sera comme avant et cela ne peut que dégénérer.

« Pour moi, il n’y a pas même à discuter : Que nous soyons allié ou ennemi à l’avenir, je préfère nettement me voir à vos côté ou bien vous combattre moi-même. De cette manière je peux vous épargnez si je suis vainqueur, cependant si c’est elle qui l’emporte, la mort serait une délivrance face à la torture qu’elle a déjà employée par le passé. »

Bien plus par réflexe que par sa volonté, il vint se taper légèrement le front dans la paume de sa main. Il ne voulait pas l’effrayé avec un tel avertissement, mais c’est certainement ce qui allait se passer s’il laissait tomber ce qui semblait déjà être une tâche trop complexe pour un seul mortel. Du moins, la darkness semblait ne plus trop tenté de l’énerver sur le sujet, donc il n’avait pas à dramatiser pour le manque d’optimisme de sa partenaire-fantôme. Rien n’allait vraiment pour lui et c’était pareille pour l’autre…Peut-être le seul point commun qu’ils avaient pour le moment. Leann ne voulait pas non plus qu’il oublie qui il était pour le bonheur des autres et en effet il s’était très mal exprimé à ce moment-là. Le néko avait appris à maîtriser son pouvoir grâce aux nombreux combats il avait dû affronter dans sa vie et maintenant qu’il ne combattait presque plus et bien son pouvoir devenait très instable. Relâcher toute sa frustration dans la forêt avait toujours était le meilleur moyen pour calmer ses ardeurs jusqu’ici et une fois par semaine en plus. Cela lui faisait rappeler la chance que Leann ait reçu pour avoir fait sa rencontre seulement après qu’il se soit épuisé. Sinon les choses auraient pu mal tournés dès cet instant. Un autre craquement se fit entendre au fond de l’eau alors qu’il avait effleuré le sol par manque de concentration…Bordel la fontaine allait tomber devant ses yeux s’il décidait de rester plus longtemps. Même si il devait passer pour un imbécile, Jean fit un bond en direction d’un terrain recouvert d’herbe et s’assit en indien en regardant la louve avec un air timide.

« Désolé, mais j’ai un pouvoir pour le moins aussi instable que moi. Même qu’à bien y penser, il n’y a absolument rien de normal chez moi. Vous pouvez venir vous asseoir si vous voulez et promis je resterai sage cette fois…Du moins tant que je ne démolie pas la place. Je m’étais mal exprimé toute à l’heure en disant que je cherchais à oublier qui j’étais. Veuillez m’excuser sur ce malentendu. Cela se résumait davantage à la maîtrise de mes pulsions pour mieux accomplir mon but et non pas oublier qui je représente vraiment. »

Un soupir vint à franchir ses lèvres alors que tout lui échappait en fait, mais il ne pouvait plus reculer face à ce qu’il venait de dire et c’était à Leann de décider ce qui était le mieux pour elle dans toute cette histoire.

Le fait qu’il se mette à parler de l’immortalité la fit violemment sortir de ses songes. Parce qu’elle ne voyait pas pourquoi il se mettait à parler soudain de ce sujet là. Mais Leann n’eut pas à attendre longtemps, seulement quelques centièmes de secondes pour en connaitre la suite. Amélia ? Oui, cette femme qui obligeait son interlocuteur à rendre un nombre incalculable de service pour elle. C’en était presque injuste qu’il ne puisse pas vivre la vie qu’il souhaitait simplement à cause d’une promesse qu’il avait faite. Mais s’il avait aimé cette femme, peut-être était-ce là tout ce qui lui restait d’elle, pour se sentir encore proche d’elle ? La louve ne saurait le dire et elle devait reconnaitre que ce n’était pas un sujet sur lequel elle avait envie de se pencher. Cela ne la regardait tout bonnement pas, ce n’était pas de ses affaires. La jeune femme le regarda se lever et à chaque nouveau pas qu’il faisait pour s’éloigner d’elle, un son étrange s’échappait du sol. Quand elle porta son attention sur ce dernier, elle fut surprise par ce qu’elle y vit. Le béton n’avait plus le même aspect aux endroits où les pieds de l’hybride chat s’étaient posés. Leann comprit donc que cela venait de lui. En même temps, il fallait reconnaitre que ce n’était pas difficile à comprendre lorsque l’on voyait le phénomène de ses propres yeux. Après un petit temps d’hésitation, elle finit par se lever pour aller le rejoindre. Ils auraient évidemment pu continuer à parler ainsi, lui près de la fontaine et elle assise sur le banc, mais à quoi cela rimerait-il ? Ce n’était pas comme si elle venait de prendre peur pour ce qu’elle venait de voir. Jean-Dame et son passé pouvaient suffire pour provoquer ce sentiment de crainte. Mais ce n’était pas le cas chez Leann. Pour connaitre toute son histoire et être encore en vie à ce jour, c’était qu’il n’allait pas lui faire de mal. Sinon, il l’aurait déjà fais depuis de longues semaines et n’aurait pas pris le risque qu’elle puisse raconter ce qu’il lui avait confié. Elle vient se mettre près de lui. Mais à sa différence, elle s’assit sur le rebord de la fontaine pour faire glisser ses doigts sur la surface de l’eau. Elle ne trouvait rien à répondre à son interlocuteur pour ce qu’il venait de lui dire. Si c’était véritablement son choix, comment pouvait-elle se permettre de lui dire d’arrêter ? La voix de l’homme la fit de nouveau sortir de ses pensées et elle releva presque aussitôt la tête pour le dévisager. Se relaxer avec lui ? Ne pas en profiter pour le séduire ? Comment il pouvait dire des choses pareilles avec ce qu’il lui avait avoué quelques instants auparavant ? S’il y avait quelqu’un ici qui était en train d’essayer de séduire l’autre, ce n’était surement pas elle ! Cependant, la dernière partie de sa phrase l’intrigua.

« M’attirer des problèmes ? Seule la jalousie d’Amélia pourrait réellement m’en causer... Et elle n’est pas en mesure de me toucher, n’est-ce pas ? »

Vraiment ? Seule celle d’Amélia ? Que dirait Jilan s’il apprenait qu’elle fleuretait avec un autre homme ? Alors qu’elle lui avait avoué avoir des sentiments pour lui ? Auquel il ne répondrait sans doute jamais... Pouvait-elle vraiment se permettre, même l’espace d’une seule nuit, chassé son amant de son esprit pour ne plus souffrir de ces sentiments à sens unique ? Mais à quoi cela la mènerait-elle ? Etait-ce vraiment une bonne idée ? De plus, elle ne savait pas si Jean-Dame se montrait sincère avec elle ou s’il ne jouait pas simplement la comédie. Pour une raison qu’elle ignorait, elle était incapable de sentir s’il mentait ou non. Parce qu’elle était trop perturbée pour que ses sens fonctionnent correctement ? Ce n’était définitivement pas une bonne chose ! La louve devait se reprendre et vite pour ne pas risquer de tomber dans ses filets. Si elle le regretterait ? Peut-être un peu. Elle ouvrit la bouche pour s’excuser d’avoir eu de tels propos, quand Jean-Dame reprit la parole. Elle s’était perdue à ce point dans ses réflexions pour avoir perdu la notion du temps ? Elle se maudit d’être ainsi en sa présence. Et encore une fois, les propos qui franchir la bouche fine de cet homme la perturbaient. Il voulait croire en elle ? En d’autres circonstances, de telles paroles lui auraient fait plaisir. Mais maintenant... Les seules choses qu’elle allait accomplir dans son futur, serait de protéger Jilan, de sa vie s’il le fallait et celle de Bran. Le reste, elle devait reconnaitre qu’elle s’en fichait. Certes, elle était du côté des Rebelles, elle avait assez pris goût à la chasse pour cela. Mais dans le fond...

« Je vais mourir ? » Reprit-elle avec un léger sourire amusé sur les lèvres. « Tout le monde meurt un jour, Jean-Dame... Et je suis prête à ça... Mais comme vous l’avez dit, je ne suis plus aussi faible qu’auparavant. Je ne me laisserais pas tuer facilement et sans me battre... Et... J’ai des personnes à protéger. Je ne peux pas me permettre de mourir. »

C’était tellement facile de le dire mais elle savait que ce serait également difficile de ne pas rendre l’âme. Leann avait parfaitement conscience qu’elle pourrait un jour tomber sur quelqu’un de plus fort qu’elle et qu’elle ne pourrait pas faire le poids. Mais elle s’entrainait régulièrement pour se montrer aussi forte qu’elle le pouvait. Peut-être qu’elle pourrait demander à son interlocuteur de l’aider également à devenir plus forte ? Non. Définitivement non. Elle avait déjà conscience qu’elle était en train de jouer avec  le feu en restant en sa compagnie. Que se passerait-il s’il découvrait qu’elle faisait partie de l’opposition de la ville ? Qu’elle avait des sentiments pour le chef des Rebelles ? Qu’elle pourrait mourir pour lui ? Alors même que tout cela n’était que dans un sens ? Peut-être qu’il lui rirait au nez ? Qu’elle avait été stupide de s’attacher à un homme qui ne pourrait pas la rendre véritablement heureuse ? La reprise de parole de Jean-Dame et surtout ce qu’il disait la surprit. Etre à ses côtés ? Comment devait-elle prendre cette déclaration ? Tout comme le fait qu’il voudrait être celui qui se battrait contre elle s’il le devait. Même si c’était quelque chose de dérangeant en soi, cela faisait presque plaisir à la louve qu’il veuille ainsi l’affronter. Elle savait qu’il était un bon combattant, alors qu’il souhaite l’avoir comme adversaire s’il ne pouvait pas faire autrement, elle le prenait comme un honneur. Dommage qu’elle ne puisse pas savoir qui d’eux deux sortirait vainqueur si un véritable combat devait avoir lieu.

« Je préférais ne pas avoir à me battre contre vous. Vous êtes quelqu’un d’important pour moi et j’aimerai ne pas être à l’origine de vos blessures... Alors partons sur le fait que je sois une alliée ? »  Finit-elle avec un sourire aux coins des lèvres.

Evidemment, elle savait que ça ne pourrait pas être le cas, que dès qu’il apprendrait dans quel camp elle se trouvait, ils devraient probablement s’affronter. Mais pour le moment, Leann n’avait pas envie de penser à ça. S’il y avait une chance pour qu’ils ne s’affrontent pas, elle avait envie de la saisir. Parce qu’elle ne mentait pas en disant qu’il était important pour elle. Il était après tout, la seule personne dans cette ville à connaitre vraiment son passé. Un craquement sourd venant du fond de la fontaine la fit légèrement sursauter, juste avant de voir Jean-Dame s’éloigner de là pour aller s’asseoir sur l’herbe. C’était une vraie pile électrique cet homme. Leann sourit à cette pensée tout en se tournant pour mieux lui faire face. Devait-elle quitter l’endroit avant qu’il ne soit trop tard ? Elle n’en savait malheureusement rien. Une partie d’elle lui hurlait qu’elle devait partir maintenant avant qu’il ne se passe quelque chose. Mais une autre, voulait encore un peu de la compagnie de l’hybride. La situation était un peu trop ambigüe pour qu’elle ne veuille réellement partir. Elle le regarda et elle ne pu s’empêcher de le trouver craquant. Il y avait quelque chose chez lui qui était attirant, sans qu’elle ne parvienne à mettre la main dessus. Elle sourit, amusée pour ces propos. Pas normal ? Qui a dit qu’elle aimait la normalité ? On s’ennuie avec les gens normaux ! Leann resta encore un peu assise, à écouter les propos de son ami avant de prendre la décision de se lever pour aller le rejoindre. La jeune femme vient s’asseoir à ses côtés, se collant presque à lui sur sa droite. Sans lui demander son avis, elle lui prit une main pour la serrer dans les siennes et l’embrasser sur une joue. Le contact physique l’aidait à se sentir mieux, peut-être que ça pourrait être aussi le cas avec lui ? Elle ne lâcha pas sa main, il faudrait qu’il la reprenne de lui-même pour ça.

« Vous n’êtes pas obligé de rester sage avec moi, je sais me défendre si besoin... » Le taquina-t-elle un peu avant de reprendre avec un peu plus de sérieux. « Puis-je faire quelque chose pour vous aider à maîtriser vos pulsions ? A part devenir votre proie, bien sûre... Quoi que, ça pourrait être excitant... » Murmura-t-elle sur la fin avec un léger sourire sur les lèvres.

Peut-être qu’elle prenait un risque en agissant ainsi ? Tant pis. Ce soir, elle s’en fichait.

Les dernières paroles qu’elle venait de prononcer lui avait causé un choc plutôt inattendu. Devenir une proie pour lui serait excitant? Aussitôt son cœur se mit à battre à une vitesse alarmante. Hors de question de la laisser partir sans lui donner une soirée inoubliable! Sans même penser à son geste, leur lèvres vinrent faire connaissance, alors qu’il insistait pour que sa langue puisse rencontrer celle de sa tendre, qui devait certainement l’attendre de l’autre côté.  Il se montrait encore plus gourmand en l’emportant au sol, tenant fermement la main contre celle qu’elle lui avait prise au départ, alors qu’il demandait ardemment à conquérir tout le reste de cette femme si unique à ses yeux. Sa main encore valide vint agripper la louve dans le bas du dos pour la rapprocher davantage contre lui. Il ne voulait que peu, voir aucun espace entre eux pour sentir chaque parcelle de peau de son être aimé. Puis le moment où leur langue vint se rencontrer. À ce moment, le monde avait cessé de tourner pour lui. Ses traits avaient commencés à s’adoucirent alors qu’il profitait du moment pour respirer le doux parfum qui émanait de sa douce. Il l’a voulait, rien que pour lui et au diable si cela dérangerait son amant! Il voulait la chérir, lui dire jusqu’à combien il était prêt à tout pour elle…Tout laisser tomber pour être à ses côtés. Oui…Voilà ce qu’il voulait : Rester avec elle jusqu’au moment où il devrait partir dans l’au-delà, alors qu’elle vivrait encore. Ils durent rompre leur long baisé pour reprendre leur souffle, mais il ne pouvait s’empêcher de l’embrasser dans le cou, se frayer un chemin jusqu’à son épaule avec autant de douceur qu’il le pouvait, puis ce fut terminé. Figé contre le corps de sa belle, le néko avait constaté un étrange phénomène : Il ne portait plus son bandeau? Il vint faire le contour de sa paupière avec l’un de ses doigts pour être sûr de ne se tromper et pourtant…Rien! Jean ne l’avait jamais enlevé depuis le début de la journée! Pourquoi et surtout comment l’avait-il perdu? Un bruit de feuille se fit entendre tout près d’eux, non, comment avait-il pu comparer de simples feuilles mortes à des os, qui cédaient sous un poids trop lourd à supporter. Ils ne sont plus dans le parc semblerait-il bien. Pourtant qu’à t-il pu penser ou faire qui ai causé un tel événement?  Les yeux de l’hybride fixaient maintenant ceux d’un véritable monstre, un au pelage aussi blanc que la neige, une musculature sans précédente en plus de sa taille qui en faisait un prédateur alpha. Ce chasseur le regardait sans bouger un poil et pourtant une haine sans borne émanait de ce regard. Amarra peut-être? Non voyons, son loup était noir et semblait davantage vouloir jouer avec ses victimes que de les tuer trop rapidement. Celui-ci était une véritable bombe à retardement et allait exploser dans peu de temps en plus. Le moment fatidique était arrivé, la mort venait le chercher et il savait à ce moment précis l’erreur qu’il avait commise. Ne venait-il pas de souhaiter mettre un terme à son combat? De le faire uniquement pour celle qu’il tenait dans ses bras? Une immense gueule ayant la puissance nécessaire pour broyer jusqu’à même le roc, vint s’abattre sur eux alors qu’il était incapable de bouger. Amélia venait d’obtenir sa vengeance et dans son échec, le néko avait trouvé la mort. Mais même mort, il pouvait rouvrir les yeux, pour se rendre compte qu’il se tenait toujours aux côtés de Leann, dans l’herbe verte du parc encore main dans la main. Oui…Tout était claire maintenant.

« Non. Malgré la tentation. Il n’y a pas grand-chose que l’on peut faire pour calmer mes pulsions. Tout cela est simplement dû à un stress jugé inutile par mon propre corps et tente de s’en débarrasser par lui-même de cette manière. Cela risque de continuer encore un peu avant de se calmer tout seul. »

De cette main qu’il croyait avoir utilisé pour la louve contre lui, maintenant il s’en servait pour se gratter derrière l’oreille. C’est vrai, Amélia ne peut toucher la louve, mais jamais elle n’en aurait eu la chance si le néko n’était pas tombé…Un soupir vint sortir de ses lèvres alors qu’il ne savait pas comment le formuler de manière précise. Il devait au moins l’informer de l’essentiel.

« Vous venez de dire que vous n’aviez rien à craindre, car elle vous touchez présentement? Vous avez raison, mais uniquement parce que je ne lui ai pas donné l’occasion jusqu’ici. Il me suffit de… (On pouvait aisément constater qu’il tentait de bien choisir ses mots.) Une erreur de ma part, juste un moment de faiblesse et je vais tout perdre sans pouvoir l’arrêter.  »

Cette femme avait une incroyable force, surtout dans sa poigne. Le néko n’avait vraiment pas l’avantage pour redevenir propriétaire de sa main, encore sous l’étreinte de Leann, qui semblait sourire face à son impuissance. Qu’importe, pour le moment un autre sujet lui trottait derrière la tête. Dans l’une de ses précédentes paroles, la louve avait fait mention de la mort en général. Mais le plus marquant dans ses dires, c’est que toutes races devaient bien passer par là un jour. Là-dessus, il ne pouvait être en accord avec elle. Les vampires ne meurent pas de par les ravages du temps, tout comme les darkness et leurs opposés. Les lycans n’étaient certes pas immunisés, mais amplement le temps de mettre de l’ordre dans leurs affaires avant de quitter ce monde. Les humains devaient passer leurs années de jeunesses à surtout travailler avant de pouvoir reposer leur corps, devenu trop frêle en si peu de temps, avec la mort tout près pour les accueillir par la suite. Les hybrides en tant que tels ne sont pas si éloignés des humains en fait. Tant mieux pour ceux qui pouvaient accepter cette réalité, mais ce n’était pas son cas. Il avait combattu la mort à de nombreuses reprises pour ne pas la rejoindre et il ne pouvait laisser la dégradation constante de son organisme être la cause de sa défaite! Il connaissait le moyen de le stopper, mais cela allait prendre du temps et il pouvait compter le nombre d’années qui lui restait sur le bout de ses doigts. Le temps était son pire ennemi et depuis qu’il avait anéanti son clan il n’avait plus que cela en tête. Par contre, voilà dans quoi il venait de s’embarquer! À devenir amoureux, ses plans allaient tomber à l’eau, mais le plus étonnant dans l’histoire c’est qu’il ne savait plus s’il voulait vivre davantage que celle qui se trouvait à ses côtés. Si elle comptait vraiment pour lui, serait-il prêt à vivre une peine d’amour, alors que le temps lui enlèverait cette personne pour qui il avait des sentiments.

« Vous ne pouvez pas mourir Leann, car nous…Ces gens tiennent à vous tout comme vous semblez tenir à eux. J’espère simplement que ces gens savent la chance qu’ils ont de vous avoir. Malgré qu’il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir un air triste. Surtout que je ne sais dans quel camp ils sont, sinon tout serai claire pour moi depuis déjà un bon moment. Son regard était des plus hostiles au moment où ces mots vinrent sortirent de sa bouche. Si je devais te faire du mal à cause d’eux, je ne pourrai te garantir leur sécurité s’ils n’ont pas fait attention à la tienne. »

Bon c’était dit, maintenant il devait changer de sujet avant de perdre son calme et que son pouvoir ravage la place. C’est qu.il allait devoir tout payer et même s’il était du genre à économiser son argent et bien il ne roulait pas sut l’or le chaton. Peut-être avait-il poussé un peu trop en disant de tels choses, cependant elle savait maintenant à quel point elle comptait pour lui et c’était l’important. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher de se demander quel genre d’homme elle aimait. Attirante comme elle est, impossible de déterminer le cavalier qui l’accompagnait dans sa vie quotidienne. Peut-être aimait-elle les indépendants? Les gens riches et civilisés ou bien…Non attend! L’avait dragué avec ses dernières paroles? Non, impossible qu’ils aient les mêmes sentiments! Surement que pour elle c’était un jeu, cependant il se sentait tellement dans le vrai qu’il ne serait même pas capable de le jouer. Pour finir, elle sortait déjà avec un autre, donc pas de minouches entre eux ou bien il allait le regretter. C’est vrai! Amélia regardait aussi! Son ex sur le dos ainsi que l’heureux élu de la demoiselle…Putain! La vie lui en voulait à ce point!? Être allié? Oui il avait entendu cela il y a peu, mais oui c’est une très bonne idée, même excellente, pourquoi pas.

« Vous m’honorez en disant de telles paroles! Leann pouvait voir à quel point il semblait dans sa bulle. Oui je suis de tout cœur avec vous! De très bons alliés nous serons pour les temps à venir! Il agitait plus ou moins leur main jointe de manière frénétique. Je promets de bien prendre soin de vous lorsque je serai en votre compagnie et vous pourrez faire de même! »

Il n’aurait pas dû dire cela comme ça! Après tant de réflexions sur le sexe avec une femme que l’on aime bien, mais qui est prise et les conséquences qui pourraient s’en suivrent avec son homme ou bien la darkness. Tout était sans dessus dessous dans sa tête. Avant même de penser aux paroles qui allaient sortirent de sa bouche, le néko regardait en tous sens pour voir si Amélia était dans le coin, mais ne la trouvait pas.

« Quand vous aviez dit que vous trouveriez cela excitant, pour mes pulsions et la manière de les calmer, je pensais que vous vouliez parler d’une expérience inoubliable! Mais suis-je bête! Je dois être le seul à penser comme un pervers en ce moment! Oui! Cela me paraît tout à fait logique, en plus de votre relation non? Non? »

Il avait beau chercher des yeux et dire à voix haute, Amélia ne semblait pas vouloir se manifester. Qu’est-ce qui pouvait bien arriver à celle-là? Trop occupé à rire dans sa cachette pour venir lui dire à quel point il était un imbécile? Oh…C’est donc pour ça. En effet, il se sentait tout à fait ridicule, peut-être au-delà de la moyenne.

Leann remarqua aisément que son interlocuteur était parti dans ses pensées, peut-être trop loin pour qu’elle ne puisse l’en tirer. Alors, elle décida d’attendre patiemment, en silence. Après tout, elle savait faire preuve de mutisme quand l’instant le conseillait. Elle n’était pas comme ces femmes qui se sentent mal à l’aise dès l’instant où plus personne ne parle, trouvant le silence trop pesant. La louve, elle, aimait bien ce calme et elle y avait même été habituée. Pourquoi changer maintenant pour devenir chiante et plus présente qu’il ne fallait ? Elle quitta des yeux l’homme qui se trouvait à ses côtés pour porter son regard vers le ciel étoilé. Entre les feuilles de l’arbre, elle pouvait discerner quelques points blancs et elle finit par se perdre elle aussi dans ses songes. Partant dans son passé maintenant révolu. Mais elle ne s’y attarda pas plus qu’elle aurait pu. Si elle commençait sur cette voix, elle savait qu’elle serait encore davantage perturbée qu’elle ne l’était à l’heure actuelle. Et elle ne le voulait pas. Ne pas parvenir à maitriser toute la situation était une chose qu’elle avait finit par ne pas aimer, plus depuis qu’elle avait changé. Elle se mit à caresser le dos de la main de Jean-Dame de son pouce, cette fois, plus pour elle-même que pour tenter de calmer les pulsions de l’homme. Après tout, le contact physique lui faisait du bien et comme il n’avait pas repris sa main... La prise de parole de l’hybride la fit se stopper et reporter son regard droit devant elle. Non ? Pourquoi cette réponse ne l’étonnait pas ? Parce qu’elle ne le voyait pas comme quelqu’un qui acceptait facilement de l’aide d’autrui ? Il ne pouvait tout de même pas être aussi orgueilleux ? Elle n’était pas n’importe qui, n’est-ce pas ? Elle connaissait son passé, surement dans les moindres recoins, alors il n’avait pas à se cacher d’elle. Mais peut-être qu’il pensait s’être déjà beaucoup dévoilé à elle ? Et ne voulait pas en faire plus ? Leann se contenta d’écouter toutes ces paroles. Que répondre à cela ? Si lui-même répondait par la négative, elle n’avait qu’à se plier à ses désirs. La lycanne hocha donc la tête, silencieusement pour lui faire comprendre qu’elle avait compris et qu’elle acceptait sa réponse. Dans le cas contraire, il n’y aurait pas eu grand chose à faire. Elle n’avait pas la moindre envie d’insister pour l’aider s’il pensait que cela ne servait à rien. Le principal, c’était qu’il soit au courant qu’elle était prête et présente au cas où il aurait besoin d’aide. C’était surement le plus important, non ? C’était le cas, du point de vu de la louve en tout cas. La suite de ces paroles l’intéressa davantage et la jeune femme était toute ouïe, parce qu’elle ignorait le fonctionnement de cette Amélia disparue mais qui collait toujours Jean-Dame. Pauvre fille. Suivre l’homme qu’elle avait sans doute aimé sans pouvoir rien faire que le regarder vivre. Pas donner l’occasion ? Qu’est-ce qu’il entendait par là ? Que s’il n’était pas assez concentré, ce fantôme pourrait s’en prendre aux vivants ? Quelle plaie. A la fin des propos de son interlocuteur, Leann serra un peu plus sa prise sur la main qu’elle tenait. Non pas dans l’optique de lui faire mal mais plus pour lui signifier qu’il n’avait pas à s’inquiéter, du moins, pour sa part. Il semblait souffrir de cette condition et elle aurait bien voulu pouvoir faire quelque chose pour lui. Mais quoi ? Etre présente à ses côtés pouvait être une solution, mais n’était-ce pas qu’une mascarade ? Non pas qu’elle jouait un jeu en prétendant être bien en sa compagnie, c’était sincère, mais, ne faisait-elle pas parti des Rebelles et lui, du Cercle ? Même si elle ne se préoccupait pas de ça en sa présence, s’il l’apprenait ou si cela s’apprenait, l’un comme l’autre pourrait avoir des ennuis. Mais d’un autre côté, elle ne souhaitait pas arrêter de le voir. Elle ne mentait pas quand elle disait qu’il était important pour elle.

« Si cela devait arriver maintenant, si elle parvient à toucher, alors, je pourrais en faire autant, non ? » Elle lui laissa le temps d’un hochement de tête pour lui donner raison ou non avant de reprendre. « Alors je serais là pour vous aider et vous soutenir du mieux que je peux. »

Oui, la jeune louve faisait des promesses qu’elle craignait presque de ne pas pouvoir tenir. Ici, à cet instant, elle savait qu’elle les tiendrait. Que si cette femme du passé faisait réellement surface pour s’en prendre à Jean-Dame ou à elle-même, elle se défendrait et défendrait l’homme. Mais que se passerait-il si une situation similaire avait lieu alors qu’ils étaient l’un en fac en l’autre, ennemi ? Leann préféra rejeter cette pensée loin de son esprit. Elle se poserait toutes ces questions plus tard, quand elle serait plus à même de prendre des décisions dans être perturbée par la présence de l’homme à ses côtés. La suite de la conversation se poursuivit, toujours avec ce soupçon de naturel et de réserve mêlé. Si elle savait qu’elle comptait pour ces personnes ? A savoir Jilan et Bran ? Pour le second, c’était une certitude, leur relation était beaucoup trop proche pour que ça ne soit pas le cas. Quant au premier, elle ne savait pas. Le professeur n’avait pas de sentiments pour elle, il pouvait se servir d’elle et de sa force mais elle doutait cruellement qu’elle puisse lui manquer si elle venait à disparaitre. C’était douloureux et pourtant, elle en avait conscience et restait à ses côtés. La suite faillit la mettre mal à l’aise mais elle ne laissa rien paraitre. Il voulait savoir dans quel camp étaient les personnes qu’elle souhaitait protéger ? Leann préférait ne pas lui en faire part. Peut-être que ça réglerait pas mal de chose si elle lui dévoilait maintenant ? Peut-être même qu’ils se battraient ici même ? Pour en finir une fois pour toute ? La louve senti sa gorge se serrer à cette pensée. Non, elle ne voulait pas faire face à Jean-Dame de cette façon. Surtout pas maintenant. Son regard la surprit, réellement mais moins que les propos qui franchirent ensuite les lèvres de son interlocuteur. Faire attention à sa sécurité ? Elle se senti un peu mal suite à ce qu’il venait de dire. Elle était la seconde des Rebelles, la garde du corps de leur chef. Bien sûr que sa sécurité n’était pas assurée, surement moins que toutes les autres. Mais elle l’avait choisi et accepté. Alors pourquoi à cet instant, elle regrettait qu’il puisse lui dire ça ? Pourquoi Diable fallait-il que cet homme soit de l’autre côté ? Pourquoi ne pouvait-il pas être du côté des Rebelles ?! Tout serait tellement plus facile à gérer si c’était le cas ! Leann avait conscience que plus le temps passait, moins elle avait de chance de sortir indemne de cette conversation. Les mots qui franchissaient les lèvres de Jean-Dame la touchaient plus qu’elle ne le voulait et qu’elle ne l’admettrait à haute voix. Elle leva alors la main qui tenait celle de son interlocuteur pour la porter à portée de bouche et vient y déposer un tendre baiser avant de respirer l’odeur de sa peau. Mais elle n’eut pas le temps de répondre qu’il poursuivait. Ce qui était probablement mieux, puisqu’elle était sur le point de lui avouer certaines choses. Bordel. Elle devait se reprendre ! Les paroles qu’il prononça finirent par lui serrer davantage la gorge. De très bons alliés ? Si seulement cela pouvait être le cas ! Quand il lui promit de prendre soin d’elle, la lycanne senti son cœur louper un battement. Il ne pouvait pas lui promettre une telle chose ! Cela la perturbait trop pour qu’elle reste impassible ! Elle ne savait pas quoi répondre, ni comment réagir ! Sa louve intérieure lui hurlait qu’elle devrait tuer cet homme pour éviter toutes fautes, qu’il était un danger pour elle avec ses belles paroles et promesses. Mais Leann ne pouvait décemment pas s’y résoudre. Elle n’avait peut-être même pas la force nécessaire pour cela, ou l’expérience, mais pire, elle ne serait définitivement plus la même si elle devait tuer Jean-Dame. Une partie d’elle se casserait probablement à jamais. Elle n’avait toujours pas reprit la parole depuis plusieurs longues minutes et son interlocuteur pourrait peut-être se poser des questions, surtout en voyant dans ses yeux à quel point cette situation la perturbait. Mais comme pour lui laisser encore un peu plus de temps, il reprit la parole une fois de plus. Une expérience inoubliable ? Pervers ? Se pourrait-il que... ? Elle vint lui lâcher la main qu’elle tenait depuis un moment et se tourna vers lui. Etant encore tous deux assis, elle s’approcha davantage de lui, pivotant dans sa direction alors qu’elle appuyait doucement sur le torse de l’homme pour qu’il s’allonge sur le sol tout en venant s’asseoir à califourchon sur lui. Leann ne le quittait pas des yeux -ou de l’œil puisqu’il portait son cache-œil- alors qu’elle avait l’air parfaitement sérieuse dans les siens. Elle se pencha alors sur lui pour venir l’embrasser, mais pas d’un baiser chaste. Si elle portait des sentiments pour cet homme ci, elle les lui transmettait à travers ses lèvres. Si cela était dangereux ? Et comment ! Mais elle n’en avait cure ! Elle ne jouait pas la comédie à cet instant et Jilan était bien loin de ses pensées. Elle finit par relâcher les lèvres de Jean-Dame après une légère morsure sur ces dernières. Ses bras étaient posés de chaque côté de la tête de l’homme étendu sous elle et la louve le fixait toujours. Avec une lenteur extrême mais totalement contrôlée, la jeune femme se pencha de nouveau vers lui, collant sa poitrine contre le torse de l’hybride et vient lui lécher une oreille. Si elle jouait ? Elle le titillait certes, à un niveau sexuel, mais elle était parfaitement sérieuse dans ses faits et gestes. Tout comme dans ses paroles.

« M’accepterez-vous toujours dans votre vie, si les personnes que je souhaite protéger sont vos ennemis ? Me croirez-vous si je vous dis que je veux réellement être votre alliée ? Que je veux également vous protéger ? » Elle lui lécha une dernière fois l’oreille avant de se redresser un peu pour croiser son regard. « Etes-vous prêt à jouer avec le feu, pour moi, Jean-Dame ? »

Tout se jouait maintenant. Si le devoir de cet homme était plus grand que les sentiments qu’il semblait lui porter, alors un combat entre les deux individus allait avoir lieu. Leann en avait cruellement conscience et même si elle y était plus ou moins préparer, elle ne voulait pas d’une telle chose. Pas avec lui.

Il avait l’impression que son cœur voulait sortir de sa poitrine, alors que son corps était complétement figé par une force qui lui était inconnue. Son œil était sous l’emprise de celle qui l’empêchait de se lever, lui enlevant ainsi la possibilité de détourner le regard et de reprendre ses esprits. Jean était conscient de ses états d’âme envers Leann depuis un long moment, mais jamais il n’avait pensé être pris au piège ainsi. Lui dire non signifierait que tout était terminé et de cet amour qu’il désirait, jamais ne lui sera accordé. S’il acceptait, la mort viendrai aussitôt les prendre tous les deux, il le savait même si la louve tentait de le convaincre du contraire. Ils ne pouvaient pas vaincre Amélia, pas dans son état actuel et même si par chance ils y arrivaient l’ennemi ne ferait que revenir encore et encore. Que faire dans une telle situation? Pourquoi devait-il choisir? Tout ce qu’il voulait était rendre service aux gens pour obtenir quelque chose de la part de la darkness…Quelque chose? Alors il s’était foutu dans la merdre pour une récompense dont il n’en connait même pas la nature? Inconcevable! Il pouvait oublier certains souvenirs lointains, mais pas une info aussi cruciale pour lui-même. Leann était si proche de lui qu’il n’arrivait plus tellement à songer. Cette femme avait depuis longuement rejoins ses rêves les plus beaux. Maintenant qu’elle était sur lui à lui avouer qu’elle travaillait pour ses ennemis, devait-il tout laisser tomber? Combattre toute sa vie pour survivre et nuire à la sécurité de son amante et même plus encore? Ridicule et pourtant il se briserait à refuser. Son iris finit par se détourner du regard de sa belle pour observer un peu plus vers sa droite, où son cœur avait manqué de faire un bond. Amélia s’était enfouie la tête dans le cou de sa compétitrice, son regard sombre posé sur le néko. Elle avait posé ses bras autours de la taille de la lycanne, alors que ses mains faisaient des ronds en douceur au niveau des côtes. Elle n’avait pas de forme physique et donc ne pouvait vraiment la toucher, mais son but semblait n’être que pour agacer l’hybride et rien de plus.

«Leann… »Alors que le regard de Jean était sévère. « Je te supplie de ne pas me prendre pour un fou d’accord. Mais tu n’es pas toute seule sur moi en ce moment.»

«Donc voilà où on en est rendu toi et moi.» Alors qu’elle avait passé ses jambes autour de la louve pour y rester accroché davantage ou du moins en donner l’impression. «Le moment où tu remets tes choix en question, à la recherche d’une réponse  qui pourrait surgir de ta mémoire. Sais-tu seulement pourquoi tu ne peux pas trouver la solution à l’énigme? »

Quelle énigme? Il ne se souvenait pas ce qu’elle lui avait promis en effet, cependant il y aurait quelque chose à comprendre au fait qu’il ne peut pas se souvenir? Mais c’est quoi ce bordel!? Quelqu’un avait la capacité de pratiquer un lavage de cerveau et il en avait été victime? Où voulait-elle en venir avec cette histoire à dormir debout? N’ayant pas une posture vraiment sérieuse pour avoir cette conversation, il se redressa sur ses coudes pour avoir la tête bien droite, le regard fixe dans celui de son ex. Le moment où il remettait ses choix en question hein? Mais pourquoi ne semblait-elle pas aussi surprise ou même contrarié par la tournure des évènements? Se pourrait-il qu’en fait…

«Tu savais déjà que j’allais tomber amoureux?»

«Moi?»  dit-elle avec un sourire amusé. «Faut pas être une lumière pour ça, mais la personne à l’avoir déduit avant le contrat, c’était toi. Du moins si cela était pour arriver, tu as même osé me donner l'ordre de te tuer si la deuxième condition n'était pas prise en compte.»

Et là c’était le blanc total, quelle était cette deuxième condition? Lui-même aurait tenté de mettre un terme à une relation amoureuse avant même qu’elle n’ait commencé? Non ce n’est pas possible, sinon jamais il n’aurai laissé Leann en vie dans la forêt. Cette fille n’avait comme seul but que de lui nuire, alors pourquoi devrait-il la croire? Amélia ne cessait de bouger ses doigts avec délicatesse sur le corps de celle qu’il aimait et voir son ex jouer avec ce qui pourrait devenir sa nouvelle compagne le perturbait. La darkness le savait bien et avait pris une décision qui prit par surprise sa victime.

«J’ai tellement envie de vous donner la mort maintenant, mais cela aussi tu l’avais prévu avant tout ça. Donc tu m’as donné une nouvelle option avant de t’enlever ce fragment de ta mémoire que tu as volontairement laissé entre mes mains. Mais avant je dois m’assurer qu’elle puisse me voir et m’entendre ou bien je perdrai mon temps.»

Mais comment allait-elle faire pour faire en sorte qu’elles se…s’embrasser? L’être de ténèbres venait de poser ses lèvres sur ceux de la louve avec une telle fougue qu’elle donnait l’impression de la désirer de toute son âme. Comment est-ce possible alors qu’elle n’était pas censée posséder de corps physique? Le pacte était-il brisé? Venait-il de la libérer en déclarant son amour à une autre? Qu’importe, maintenant qu’elle pouvait se manifester à volonté, jamais ils ne pourraient l’arrêter de faire ce qu’elle voulait. Il se mordit la lèvre en repoussant les deux individus sur lui pour ensuite aider Leann à se relever, laissant Amélia derrière, qui passait sa langue sur ses lèvres l’air songeuse. Amélia avait décidé de revenir dans le monde physique sous sa forme de néko, avec sa longue chevelure rose bonbon sans porter le moindre vêtement. La moins dangereuse en fait de ses vies précédentes. Comme pour prouver qu’elle ne débutera pas la chasse immédiatement. Elle laissa simplement tomber en se relevant.

«Au moins elle ne pue pas de la bouche, elle peut me voir je pense…»

«Très bien, alors dit-moi ce que je suis censé faire maintenant et pourquoi l’inclure?» Son ton était des plus hostiles, mais elle ne bronchait pas. Elle savait qu’il ne pouvait rien contre elle.

«Quand tu étais un meurtrier et non pas le roméo d’aujourd’hui, tu m’es arrivé avec une idée qui m’avait plus au moment du pacte, au moment où tu devrais rompre ta promesse. Jamais tu ne pensais redevenir amoureux, mais que si cela arrivait, ça serait certainement dans des circonstances te menant à une autre personne ayant des goûts semblable à ceux que tu possédais auparavant. Donc voilà ce que tu m’avais proposé :
-Si je n’ai pas le droit de tuer, mais que je ne viens plus à t’aimer, le grand amour qui m’aura comblé, devra aussi subir ce que j’ai sacrifié.-
J’ai tenté de bien faire, mais je pense moi-même manqué de pratique, mais bref, si elle t’aime vraiment, alors elle doit subir le même traitement que toi. Je ne me laisserai pas aussi berner que cet imbécile d’amoureux ma chère. Dit-elle en se tournant vers sa rivale. Un sourire cruel ornait son visage. Je saisis très bien la difficulté que cela représente pour toi…Quel était le terme que tu avais employé dans cette forêt, une soumise je crois non?»

Jean avait baissé la tête vers le sol, honteux de ne pas avoir su s’éloigner de la louve plus tôt. C’est vrai qu’il n’était plus en mesure de la battre et qu’il allait surement en mourir, mais hors de question de la laisser impliquer quelqu’un d’autre dans leur merdier. Surtout que si Amélia avait raison et qu’il était responsable de tels conditions, jamais il ne pourra accepter que cela soit Leann qui en subisse les conséquences. Les deux hybrides regardaient la lycanne avec un regard intense : l’un semblait résigné, alors que l’autre était amusé.

«Je t'accepterai toujours dans ma vie Leann. Mais je crois qu'il va falloir que tu me refuse jusqu'à temps que j'ai réglé mes problèmes. Si tu accepte, tu tombe dans son piège et si tu refuse, la mort est ta seule option. Fuis tandis que je la garde avec moi!»

«Alors ma proie, prête à jouer avec le feu pour moi?» Avec un sourire moqueur sur les lèvres.

Même si l’homme ne prenait pas la parole et ne bougeait pas non plus, la réaction de son corps informait la louve sur ce qu’il devait ressentir dans cette situation. Elle pouvait entendre parfaitement son cœur s’accélérer à certains moments et ne pas redevenir à un rythme normal. Se pourrait-il qu’elle le perturbait tant que cela ? Après, il fallait savoir dans quel sens elle le perturbait vraiment. Si ce n’était que parce que la situation lui déplaisait, il faudrait qu’il le dise rapidement, au risque d’aggraver les choses. Mais Leann ne parvint pas à reprendre la parole et à dire quoi que ce soit de plus. Seule la réponse à sa question devait lui importer ! S’il répondait par la négative, alors ils allaient être dans une impasse et elle devrait tout faire pour ne plus le revoir. Au risque que cela se termine mal. Une partie d’elle espérait qu’il accepte, alors même qu’elle avait conscience qu’il ne devrait pas. La jeune femme sortie de ses pensées lorsque Jean-Dame se mit à regarder à côté d’elle. Comme s’il regardait quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui devait être particulièrement proche d’elle compte tenu de la direction de son regard. C’était assez perturbant, surtout qu’elle ne sentait aucune odeur autour d’elle, seules celle de l’hybride et la sienne étaient présentes. Alors qu’est-ce que cela voulait dire ? Elle voulait poser la question à son interlocuteur mais elle ne savait pas vraiment comment la formuler sans passer pour une paranoïaque. Mais comme s’il avait lu dans ses pensées, Jean-Dame l’appela et il s’assura toute son attention avec son simple prénom. Elle ne devait pas le prendre pour un fou ? Pour un peu, elle aurait presque eu peur de ce qu’il allait lui communiquer. Et elle n’eut pas à attendre longtemps pour que l’information tombe. Quelqu’un d’autre ? C’était donc pour cela qu’il ne la regardait plus mais semblait plutôt attiré vers un autre point ? Bien qu’elle aurait pu se mettre à rire pour se moquer de ces paroles, le regard sévère que lui lança l’homme l’empêcha de faire toute réflexion. Et de toute manière, cela n’avait pas été son attention. Mais elle ne bougea pas plus, ne sachant même pas vraiment comment réagir. Ce n’était pas tous les jours que l’on vous parlait d’une personne qui était là mais pas vraiment. Peut-être qu’elle n’aurait pas prit au sérieux son interlocuteur, s’il s’était agit de quelqu’un d’autre. Mais il était question de Jean-Dame. Pourquoi lui mentirait-il ? Et surtout, pourquoi utiliser ce genre d’argument ? La louve resta à sa place, c’est-à-dire, sur l’homme. Elle attendait presque qu’il lui dise ce qu’elle devait faire. Mais ce fut lui qui bougea en premier, se redressant sur ses coudes alors qu’elle était toujours assise sur lui. Dans cette position, ils étaient encore plus proches et si l’intervention de cette tierce personne n’avait pas eu lieu... Les paroles suivantes de Jean-Dame la surprirent et Leann mit quelques secondes avant de comprendre qu’il ne s’adressait pas à elle. Mais est-ce qu’il parlait d’elle ? En disant qu’il était amoureux ? La lycanthrope avait presque peur de connaitre la réponse. Même si cela pouvait paraitre bizarre au vue de ce qu’elle était devenue et des choix qu’elle avait fais, l’hybride était l’une des rares personnes qu’elle ne voulait pas blesser. Physiquement comme moralement. Alors comment devait-elle réagir s’il lui disait clairement que oui, il avait des sentiments pour elle ? Leann décida de mettre de côté cette interrogation. Elle y penserait réellement le moment venu, s’il venait un jour. Même si elle voulait reprendre la parole et demander ce qui était en train de se passer, l’expression trop sérieuse de Jean-Dame l’en empêchait. C’était comme s’il était en train d’écouter quelqu’un parler. Ce qui était perturbant pour une personne extérieure. C’est alors que des lèvres chaudes se posèrent sur les siennes, dans un baiser qui ne laissait que peu de doute sur les intentions qui pourraient suivre. Avant que les lèvres ne soient trop loin, Leann mordit celle inférieure en guise de petites représailles. Elle n’était pas contre un bon baiser, mais dans ce cas, elle préférait d’abord savoir à qui elle avait affaire. Avant qu’elle n’ait eu le temps de poser une question, Jean-Dame la repoussait pour qu’elle ne soit plus sur lui et se releva. En d’autre circonstance, elle aurait mal pris cette entreprise mais la situation était trop bizarre pour ça, maintenant. En voyant la main tendue de l’homme dans sa direction, Leann hésita un petit instant mais finit par s’en saisir et se relever à son tour. Une fois debout, elle pu -enfin- voir la fouteuse de trouble. Ce qui choqua la louve, ce fut ses cheveux. Même s’il faisait nuit, elle les trouvait un peu trop rose à son goût. Le fait qu’elle soit nue ne lui fit rien, puisqu’elle n’avait aucun problème avec la nudité. Elle nota dans un coin de sa tête, qu’il s’agissait d’une hybride. Et la lumière se fit lentement dans l’esprit de Leann. Amélia ? Cette femme qui obligeait son ami - futur amant ?- d’agir comme il l’entendait ? Leann se retint de ne pas montrer les dents pour le moment. Elle voulait d’abord attendre de savoir ce qu’elle voulait et surtout, pourquoi elle était revenue d’entre les morts. Comment c’était possible ?!

« Ravie de l’entendre. Mais pas vraiment de te voir. » Répliqua la louve alors même qu’on ne s’adressait pas à elle.

Mais Jean-Dame était particulièrement sérieux. Un sérieux qu’elle ne se rappelait pas d’avoir déjà vu quelque part. Pour un peu, elle trouverait ça perturbant. Sauf qu’elle le trouvait juste sexy. Elle avait vraiment un problème... Elle écouta avec attention les paroles de la jeune en face d’eux. Elle ne comprenait pas tout ce qu’elle disait, faisant probablement référence à un passé qu’ils avaient eu à deux. Mais encore une fois, elle parla du sujet de l’amour et elle ne pu s’empêcher de regarder dans la direction de l’homme. Alors, c’était vrai ? La lycanne se sentait un peu bizarre de se dire ça mais elle se reprit rapidement. Elle ne pouvait pas se permettre d’être distraite alors qu’Amélia était en face d’elle. D’après ce que Jean-Dame lui avait dis sur elle, on devait s’en méfier. Quand ce qui semblait être d’anciennes paroles de l’homme fut prononcé, Leann se figea légèrement. Si elle comprenait bien -et elle espérait en partie que non-, si elle avait vu juste, elle devrait sacrifier ce que l’hybride avait sacrifié ? Son désir de tuer ? Ses pulsions de chasseur ? Cette idée ne pouvait pas plaire à la louve. Elle avait mis tellement de temps à accepter ce qu’elle était et ce que ça impliquait, qu’elle ne pouvait pas se permettre de faire marche arrière ! Mais pour Jean-Dame ? Son regard absinthe se posa alors sur le visage de l’homme. Qu’était-elle prête à faire pour lui ? Elle savait déjà -à peu près- ce qu’elle ne voulait pas faire mais dans l’autre sens, cela était plus difficile. Et comment pourrait-elle expliquer à Jilan qu’elle ne chassait plus ? Qu’elle ne voulait plus tuer ? Elle ne le pourrait pas ! Si elle le faisait, il l’a verrait comme quelqu’un d’inutile et il essaierait de se débarrasser d’elle. Et même si elle semblait avoir davantage de sentiment pour Jean-Dame, elle ne voulait pas pour autant perdre Jilan. Etait-ce possible d’aimer deux personnes à la fois ? Chacune pour des traits de caractères différents ? Pour une façon de vivre différente ? Plus elle y pensait, plus elle avait l’impression que c’était ce qui lui arrivait. Pourrait-elle garder les deux ? Devrait-elle choisir l’un ou l’autre ? Ou les perdrait-elle tous deux ? Parce qu’elle n’aura pas été capable de choisir ? La gorge de la jeune femme était en train de se serrer à la suite de toute cette réflexion. Elle ne voulait ni perdre jean-Dame, ni même Jilan. L’un, lui apportait un amour auquel elle n’avait pas eu le droit depuis des mois et qui avait été trop cours la dernière fois. L’autre, personne inaccessible à laquelle elle tenait et qu’elle s’était jurée de protéger, de sa vie s’il le fallait. Entre amour et devoir, elle ne parvenait pas à trancher. Surtout que le jeune professeur n’était pas seulement un devoir, il était également son amant... Leann aurait voulu s’engouffrer dans les profondeurs de la terre pour ne pas avoir à cogiter autant. Si elle t’aime vraiment. Voilà que même Amélia s’y mettait ! Bien sûr qu’elle avait des sentiments pour lui ! Plus qu’on ne pourrait le croire mais renoncer à sa liberté pour lui. Comment pouvait-on demander cela à une personne chère à notre cœur ? Sa liberté, c’était tout ce qui lui restait. Voir du coin de l’œil l’attitude de Jean-Dame face à ces paroles lui serra la gorge et elle vint lui prendre la main dans la sienne, pour essayer de le rassurer. Alors qu’elle ne savait même pas encore quoi répondre à cette garce. Les propos qui franchirent alors les lèvres fines de l’hybride la figèrent de nouveau. Toujours ? Comment Diable pouvait-il être aussi sérieux !? La suite fut également un choc, quant à la fin. Il voulait faire face à son passé seul ? Pour lui permettre de fuir ? De la mettre en sécurité ? Elle ne méritait surement pas d’être aimée par une personne comme lui. Et pourtant, elle serra davantage sa main dans la sienne. Grognant à l’attention d’Amélia suite à ses dires.

« Je ne fuirais pas Jean-Dame... » Et elle était sérieuse dans ses propos, elle voulait rester à ses côtés. Mais la suite n’allait surement pas plaire à l’homme et encore moins à la femme en face d’eux. « Mais je ne me plierais pas à ce qu’elle veut, je suis désolée. Je garde ma liberté. Je peux te donner une partie de ma vie mais pas ma liberté. »

Elle lâcha alors la main de l’homme, pensant qu’il ne voudrait surement plus qu’elle le touche après ses paroles, même si ça lui faisait un peu mal.

« Si tu veux la renvoyer d’où elle vient une bonne fois pour toute, je suis avec toi, Jean-Dame. Je veux me battre pour toi également... »

La louve ne quittait maintenant plus des yeux l’hybride en face d’eux. Prête à se battre si c’était la décision de Jean-Dame, mais elle ne pouvait pas le forcer, après tout, c’était la femme qu’il avait aimé des années auparavant, non ? Et s’il lui disait de partir ? Qu’il ne voulait pas de quelqu’un qui préférait sa liberté à tout autre chose ? Leann sentie sa gorge se serrer à cette pensée. Si tel était le cas, alors tout portait à croire qu’ils ne se reverraient plus en si bons termes... Ce qui meurtrissait la lycanne.

«Pas besoin de me donner une partie de ta vie, si elle est sur le point de te la prendre dans son entièreté.» Avait-il dit en souriant, malgré leur situation qui était dorénavant désastreuse.

***

Amélia semblait réfléchir un instant, mais après un petit moment, finit par pouffer de rire devant la réponse de Leann. Venait-elle de dire «Une partie de sa vie»? Incroyable, même face à la mort, cette louve n’était pas en mesure de décider vers qui elle serait prête à offrir un amour véritable. Comme si ce n’était pas suffisant, elle croyait avoir une chance de retourner l’immortelle dans l’au-delà une fois pour toute. La darkness, qui était descendu dans les abysses pour ensuite revenir parmi les vivants de par sa simple volonté, allait devoir dans le pire des cas dire un petit bonjour aux morts avant de faire demi-tour et prolonger le combat. Gagner serait un jeu d’enfant pour elle, car ses vies étaient illimitées. Après le fou rire qu’elle venait de subir et les quelques larmes qu’elle avait écartés, la néko se demandait bien si celle que Jean Dame avait choisi était bien la bonne. Triste d’avouer qu’elle ne s’attendait pas à ce scénario et son ex qui voulait permettre à celle-ci de s’enfuir. Quel dommage, maintenant ils étaient condamnés à mourir tous les deux. Sans se précipiter sur ses proies, Amélia s’était mise en marche. On pouvait lire sur son visage une certaine excitation par rapport à ce qui allait se passer.

«Je sais que ce n’est pas très adéquat pour quelqu’un qui va mourir dans peu de temps, mais je t’ai plutôt trouvé mignonne lorsque tu disais pouvoir me vaincre. Jean est trop faible pour me vaincre, mais peut-être va-t-il faire la même chose que Micah? J’ai hâte de lire le désespoir dans tes yeux lorsqu’il ce sera mis devant toi pour te défendre de sa vie. Par la suite…Cela va être à moi de terminer ce que l’un de tes clients n’a pas su faire comme il se devait avec une chienne aussi désobéissante que toi. Sans rancune j’espère?» Dit-elle avec un sourire qui en disait long.

Si cette femme était pour se jeter sur la darkness, Amélia remportait la manche. Cependant même si Leann devait suivre les conseils du chaton, ils ne seraient pas plus avancés contre elle. Alors quoi faire? Amélia ne pouvait être battue, peu importe l’adversaire, si une défaite devait arriver elle ne serait que temporaire et rien de plus. La victoire dans la poche, elle préférait les regarder faire leur préparatif devant un combat perdu d’avance plutôt que de les tuer tout de suite. Le représentant du Cercle la fixait un instant avant de soupirer et retirer le bandeau qu’elle lui avait offert. Son autre œil n’avait aucune capacité, c’est juste que Jean Dame par le passé avait toujours survécu à ses combats de cette manière et n’avait jamais connu la défaite…Peu importait la manière dont il s’y prenait. Une phrase toute simple avait franchi les lèvres de cet homme et l’impensable venait de se produire devant elle. Une haine sans nom commençait à se répandre en cet être de ténèbres, qui n’avait pas oublié le moment où tous les deux, il y a plus d’un an de cela, ils avaient donnés leur maximum pour sortir victorieux de leur combat à mort. C’était lui qui était sorti vainqueur, après l’avoir tué cinq fois de suite.

«Mais tu n’es plus celui que j’ai aimé. Elle ne t’aime pas plus qu’il le faut et tu ne veux même pas vraiment te battre pour le Cercle. Notre accord est terminé Jean, même si tu devais réussir ce marché que l’on avait fait ensemble, je ne te donnerai pas ce que tu veux. Alors pourquoi aller aussi loin!?» s’exclamait-elle sans se rendre compte que son corps tremblait sous l'effet de la colère.

Son adversaire ne semblait plus vouloir montrer ses émotions et sa réponse fut des plus simples,  mais surtout des plus stupides qui lui furent permis d’entendre. Mais le combat était terminé avant même de commencer, car elle ne pourrait l’emporter sur celui qui lui avait volé son cœur. Quoi dire à pars que cet énergumène est sans espoir, mais c’est pourquoi elle ne pouvait s’empêcher de l’aimer. Elle avait perdu, mais elle n’en avait pas encore terminé avec Leann. Comment réagirai la louve si elle devait apprendre le plus grand secret de Jean Dame?

«Je suppose qu’il ne t’a pas dit combien de temps il lui restait à vivre n’est-ce pas? L’aimer partiellement ne serait pas un problème si tu savais…Intéresser de l’entendre ma belle?»

***

Peu importe ce qu’ils allaient tenter de faire, rien ne peut vraiment lui imposer de ne jamais revenir. Malgré tout, il savait qu’elle avait encore des sentiments pour lui et que c’était là son unique chance de vivre encore un moment de répit. Devait-il l’utiliser ou bien attendre encore? Le seul combat qu’il avait livré avec la darkness lui avait coûté extrêmement chers et malgré tout elle était là, pour lui rappeler ce qu’il ne pourra jamais récupérer. Le temps lui manquait, alors que son bourreau se rapprochait dangereusement de leur position. Fuir ne servait à rien lorsque son prédateur avait l’éternité, donc inutile d’y penser et de toute manière jamais il n’avait fui devant son ennemi. Il se mit en position de défense, sans vraiment savoir comment il pourrait bien se défendre contre elle et attendait le moment où ils allaient combattre jusqu’à la fin. Contre toute attente, Amélia ne se pressait aucunement à venir les démembrer. Cette femme tentait de jouer plutôt avec les sentiments de sa rivale. Il n’y avait pas vraiment un autre terme à employer ici, vu l’acharnement qu’elle déployait contre la louve pour lui faire perdre la tête. Il était vrai tout de même qu’il serait prêt à mourir le premier si Leann était la cible principale, mais cela voudrait-il dire qu’elle ne se rappelait donc plus de ce qui s’était passé auparavant? Non, elle n’était pas stupide au point d’oublier un tel événement. Peut-être en fait qu’elle ne le pensait plus être capable de s’en servir. L’hybride se rappelait avoir sa main dans celle de la lycanne il y a peu. Pourquoi avait-elle serré sa main aussi fort après lui avoir avoué qu’elle n’écouterait que sa personne et non pas les autres? Avait-elle peur de mourir ou bien c’est de sa réaction qu’elle redoutait? Elle avait le droit de faire son propre choix et au diable ce qu’il pensait! Il s’était attendri et voilà ce qu’il lui en coûtait. Jean Dame n’est pas fait pour avoir des émotions autres que pour le meurtre. Tout le reste ne fait que le ralentir. Sa mortalité le limitait et ce corps n’était pas assez fort pour supporter tout le potentiel que renfermait son pouvoir. Mais tout cela n’avait pas d’importance, car sa spécialité n’était autre que d’obéir aux ordres, peu importait la manière dont il s’y prenait. C’est pourquoi le doute s’était dissipé dans son regard, alors qu’il avait retiré le bandeau qui lui cachait une partie de sa vue. Il savait ce qu’il lui restait à faire.

«Dix ans en échange de dix minutes.»

Ce qui avait engendré aussitôt l’effet qu’il avait espéré. Son adversaire avait arrêté sa marche et le regardait maintenant dans les yeux avec un regard des plus noirs. Elle n’avait pas peur pour elle, mais bien pour lui et il savait aussi que cet être magique ne voulait pas être directement la cause de sa mort. Elle voulait lui faire peur, le forcer à continuer sa quête en le menaçant de tuer ce qu’il avait appris à aimer. Non, en toute franchise, elle n’avait fait cela que pour le garder au près d’elle. Jamais il n’avait donné l’ordre à cette femme de nuire à qui que ce soit à pars lui-même. Il se connaissait assez pour le déduire. Malgré qu’il avait tué cette guerrière cinq fois, elle ne pouvait s’empêcher de l’aimer et cela lui avait pris du temps avant de comprendre pourquoi. Pourquoi devait-il encore se battre pour une cause perdu, alors que leur accord était terminé, lui qui n’avait même pas conscience de ce qui venait de lui échapper? La réponse était toute simple. Ce soldat en peine, qu’il avait rencontré dans la caverne durant son test avec Amarra et Gregor, ce soldat dont il avait tué le fils avait raison de vouloir sa mort. Le village qu’il avait défendu de sa vie, que les résidents avaient décidés de se débarrasser à cause des atrocités qu’il avait commises, pour au final être éradiqués par celui qui les avait protégés. Puis finalement celle qu’il avait aimé pour la première fois de sa vie, la tuer sans aucun remord à la toute fin. La réponse était si simple et voilà ce qui faisait de lui un monstre.

«On m’ordonne de tuer pour survivre, alors j’obéis. On m’ordonne de tuer pour vous défendre, alors j’obéis. Toi, qui faisait partie de la plus haute caste, m’a ordonné de tuer pour survivre face à tous ceux qui voudrait me faire du mal, alors j’obéis. Ton père, dans son dernier soupir, m’a demandé de tuer ce que j’aimais le plus au monde…alors j’obéis, plus d’une fois même. Puis tu m’as ordonné en échange d’un cadeau dont je ne mérite en aucun cas, non pas de tuer, mais de sauver des vies…Celle de toute une ville. Je ne désobéirais pas, peu importe la manière que je dois m’y prendre, même si je dois te combattre avec tout ce que j’ai pour y arriver.»

C’est ainsi qu’il fût et c’est ainsi qu’il doit être. Tout ce qu’il est n’ait basé sur rien d’autre que des directives prodiguées par ses supérieurs, ceux qui lui apprirent à prendre goût au meurtre. Il ne sait comment vivre autrement et c’est Amélia qui lui avait donné le dernier service qu’il devait rendre en échange d’un présent. Ce qui arrivera ensuite, il ne le savait pas et n’y pensait guère, car cela ne ferait que le ralentir. La darkness avait levé les yeux au ciel, pour signifier à quel point il était décourageant, mais en même temps, sa colère semblait ne plus être aussi intense et un sourire avait illuminé son visage pendant un court instant. Puis ce fut le moment où la néko avait décidé de jouer encore sur les sentiments de Leann. Il n’avait pas eu à l’utiliser et c’était tant mieux, cependant Jean Dame ne pourrait éternellement lui cacher la signification à ce qu’il avait mentionné plus tôt. Il posa son regard sur la concernée en lui faisant en sourire franc, lui tapotant l’épaule avant de faire plusieurs pas vers l’arrière.

«On ne m’a jamais dit par contre de ne jamais tomber amoureux. C’est peut-être la seule initiative que j’ai pris dans ma vie. Je ne pense plus qu’elle va te mordre, mais fait attention tout de même. Tu ne retrouveras jamais personne qui possède la faculté de se réincarner dans ses précédentes vies et par conséquent, qui possède autant de capacités magique qu’elle.»

Il ne lui restait plus qu’à attendre et voir si elle voulait connaitre un secret que lui-même n’aurait pas voulu connaître si le choix lui avait été accordé.

La réplique de Jean-Dame lui fit froncer les sourcils. C’était quoi ce sentiment défaitiste qui semblait presque planer dans l’air. Ils étaient deux face à une seule adversaire. Leann ne pouvait pas croire qu’ils n’avaient un avantage. Et même si elle n’avait jamais fais face à l’hybride, l’homme lui oui, alors il devait savoir comment elle se battait et se défendait... Même si cela valait également de l’autre sens. Merde. Alors quoi ? Il voulait vraiment qu’elle fuit pour le laisser seul ? Elle lui avait pourtant déjà dis que ce n’était pas possible. Même si elle n’arrivait pas à faire le tri dans ses pensées et émotions, elle savait quand même qu’elle ne le laisserait pas seule. Quitte à y perdre la vie. Et après, on osait lui reprocher qu’elle ne tenait pas à cet homme ? Elle ne voyait pas ce qu’elle pouvait faire de plus ! Le rire de la femme lui passa au dessus de la tête, trop concentrée sur ce qui allait suivre et essayer de réagir en conséquence. Oui, sauf que la lycanne se serait attendue à n’importe quelle attaque physique ou mentale de la part de son adversaire... Sauf celle qu’elle venait de lancer. A ses yeux Jean-Dame n’était pas faible, loin de là mais dès qu’elle se mit à parler de Micah, Leann se mit à trembler. Qu’elle lui rappelle comment était morte la première personne chère à son cœur, la seule qui ait voulu prendre soin d’elle, déstabilisa totalement la louve. Si Amélia voulait l’attaquer, elle avait parfaitement le champ libre à cet instant. Elle était trop perturbée pour réagir assez vite. Et imaginer que l’hybride puisse faire la même chose... Son cœur manqua plusieurs battements à cette vision. Non ! Elle ne voulait plus que les gens qu’elle aimait meurent pour elle. C’était à elle de se sacrifier, et non l’inverse. Elle ne le méritait aucunement. Mais pour le moment, elle n’arrivait même plus à bouger un centimètre de son corps. Leann était comme pétrifiée à l’idée de perdre de nouveau quelqu’un qui faisait parti de sa vie. Oui, même s’ils ne s’étaient pas vus depuis des mois, de son point de vue, Jean-Dame faisait bel et bien parti de sa vie. « La ferme. » Cracha-t-elle alors que l’autre continuait sur sa lancée, lui remémorant alors l’épisode de sa vie où tout avait de nouveau basculé. Mais se souvenir de cette attaque n’était en rien traumatisant, au contraire, l’ex-compagne de Jean-Dame venait tout simplement de l’énerver et de faire disparaitre -momentanément- sa peur. Il fallait qu’elle se raccroche à ce sentiment de colère, pour ne pas se mettre de nouveau dans cet état. Elle ne voulait pas être un poids pour qui que ce soit, et encore moins pour cet homme. Elle jeta un regard à ce dernier, espérant croiser son regard pour essayer de voir qu’elle était sa réaction à lui. Elle espérait intérieurement qu’Amélia ne disait ces paroles seulement pour la perturber -ce qui marchait- et non pas parce qu’elle voyait juste sur ce que pourrait être la réaction de l’hybride. Mais Leann était restée trop longtemps perdue dans ses pensées, assez pour mourir plusieurs fois, et une conversation s’était engagée entre les deux hybrides. Ils semblaient avoir tellement de souvenirs, de choses en commun que la louve en baissa les yeux. C’était toujours la même chose, lorsqu’elle pensait s’attacher à quelqu’un, il y avait toujours quelque chose pour lui rappeler qu’elle ne connaitrait jamais autant cette personne. Cela avait été le cas avec Eleanore et Jilan. Et voila que cela recommençait avec Amélia et Jean-Dame. Oui, la rebelle était jalouse de ces passés en commun, de n’être toujours que la suivante, celle qui arrivait bien trop tard. Peut-être qu’elle devrait arrêter de vouloir s’attacher à quelqu’un si c’était pour toujours ressentir cette déception. Oui, c’était puéril de sa part de réagir comme ça, de penser qu’elle pourrait avoir quelque chose de spéciale pour un de ces hommes. Elle ne serait jamais que celle d’après... Sa colère était toute retombée et sa gorge ne faisait que se serrer davantage sous ses propres pensées. Entre ce que lui disait Amélia et ce qu’elle pouvait se dire, Leann était complètement au fond. Et pour un peu, elle laisserait presque cette femme lui faire ce qu’elle voulait. Elle avait abandonné ? Oui, c’était presque le cas. Sauf qu’une phrase de l’homme la tira de cet état. « Dix ans en échange de dix minutes. » Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Le pacte dont l’ancien couple avait passé ? Avait-elle seulement le droit de savoir de quoi il en retournait ? « Je suppose qu’il ne t’a pas dit combien de temps il lui restait à vivre n’est-ce pas ? » Quoi ?! La louve tourna aussitôt le regard surprit et troublé vers le concerné. Ca voulait dire quoi ça ? Qu’il avait un temps définis à vivre ? Non ! Ca ne pouvait pas être le cas ! C’était quoi ce sourire qu’il lui lançait ? Cela voulait dire qu’elle avait raison ? Qu’il allait mourir à un moment précis et donné ? Son geste sur son épaule la fit sursauter mais elle fut incapable de réagir autrement. Cette soirée était définitivement trop riche en émotions et la perturbait à un point qu’elle n’aurait jamais voulu atteindre. Il fallait que cela s’arrête et vite... La suite des propos de Jean-Dame ne l’aida pas le moins du monde. Tomber amoureux qu’il disait ? Mais de qui ? Elle ou Amélia ? Vu l’état d’esprit dans lequel était maintenant plongé Leann, cette dernière ne voyait que la seconde option possible. Pourquoi parlerait-il d'elle de toute manière ? Il lui rappelait donc qu’il était tombé amoureux de l’hybride en face d’eux ? C'était cruel... Non... Elle secoua la tête et serra les poings, se plantant les ongles dans la paume de ses mains. Elle devait se reprendre et ne pas tirer de conclusions hâtives. Dans le pire des cas, elle ne verrait tout simplement pas le jour se lever. Qu’il aille se placer derrière elle pour la laisser seule face à Amélia lui permit de faire revenir sa bête intérieure plus proche de la surface que jamais. Si l’autre tentait quoique ce soit envers elle, la bête intérieure prendrait tous les droits sur le corps de Leann pour la défendre. Ses yeux ayant déjà commencés à changer légèrement.

« Alors quoi ? Qu’est-ce qui va se passer maintenant ? Tu vas me dire ce qui arrive à Jean-Dame pour me tester une fois de plus ? Vas-y, je t’écoute. »

Sa voix était plus froide que jamais. Leann voulait cacher du mieux qu’elle le pouvait ce foutoir de sentiments à l’intérieur d’elle. Elle ne voulait pas donner satisfaction à sa rivale de voir que tout ce qu’elle avait fais ou dis l’avait réellement atteinte. Mais à cet instant, la louve se sentait totalement seule et démunie face à Amélia. Elle détestait ce sentiment mais c’était bien ce qui arrivait. Si elle avait peur de la suite des évènements ? Oui, cruellement et elle s’en voulait de ne pas être plus forte que ça. Elle n'avait pas peur de mourir, mais de ce que l'autre allait pouvoir lui dire.

«Te tester n’ai plus nécessaire en fait. Tu sembles tellement vouloir l’aimer que tu te mets dans tous tes états à chaque fois qu’une mauvaise nouvelle se pointe. Essai de ne pas t’évanouir sur celle-ci.»

Elle-même n’était pas très encline à revenir sur un sujet qui l’avait perturbé au départ, cependant il était possible d’en tirer un certain profit à voir la réaction de sa rivale, qui semblait avoir pris le temps de retrouver ses esprits. Peut-être son imagination qui lui jouait un tour, mais la couleur des yeux de son adversaire avait changé. Son loup voulait sortir? Déjà? La partie était presque terminé, alors autant pour lui de se calmer avant de se rendre compte de son erreur à se mesurer à elle. Curieuse tout de même de constater s’il allait surgir, la darkness marchait sans empressement vers Leann pour la provoquer. À savoir si cela lui vaudrait une vilaine morsure, cela ne lui dérangeait guère. Ce qu’elle voulait surtout c’était voir l’apparence du monstre qui se cachait derrière cet être fragile et si désemparé. Amélia allait devoir trouver un collier assez énorme pour lui faire porter un jour, car cela faisait en effet partie de ses plans que de la capturer et lui apprendre à être docile. Jean n’avait même pas idée à quel point cette femme avait un penchant pour écraser toute volonté de son adversaire avant d’en faire son jouet personnel en fait. C’est bien pourquoi il ne comprenait le sourire qu’elle portait, alors que la distance entre ces deux créatures ne cessait de décroître. Mais lui ne pouvait plus rien faire. Il avait misé sur un pari dangereux et l’avait emporté de peu. Maintenant tout ce qu’il espérait c’est que la louve soit en mesure d’accepter la triste réalité et qu’elle veuille bien l’excuser pour ce qui allait être entendu. Le jour était sur le point de se lever et si cela se passait comme autrefois l’être de ténèbres ne pourrait pas rester avec eux plus longtemps. Ce qui leur donnerait une journée de plus à vivre si Amélia n’avait pas changé d’avis à leur prochaine rencontre. Tout se trouvait entre leurs mains, à présent.

Trois pas étaient maintenant tout ce qui les séparaient l’un de l’autre. La revenante serait même presque en mesure de la toucher si elle le souhaitait. Ses lèvres s’ouvrirent sans laisser sortir un mot, puis se refermèrent aussitôt. Ce moment où elle avait pris conscience de son erreur en sauvant la vie du néko lui avait coûté diablement chers et elle en payait encore les frais aujourd’hui. Si on lui avait dit, plusieurs années en arrière, que même son espèce pourrait se retrouver en possession d’un cœur, la darkness lui aurait ris au nez avant de le tuer. Dommage que les choses avaient mal tourné pour elle au moment où Jean Dame était véritablement devenu un monstre. Il était temps d’avouer un secret que seul les deux hybrides étaient au courant et qui pesait aussi lourd que le monde sur leurs épaules. Son sourire avait complétement disparu, inutile de se centrer sur les provocations si elle n’était pas en mesure de ne pas perdre la face avec ce qui allait suivre. Après un moment de contemplation dans les yeux de son ennemi, les mots finirent par sortirent tout seul.

«En réalité, le Jean Dame Zefra que tu connais n’a pas vraiment 25 ans…C’est grâce à moi si il est encore en mesure de se déplacer aussi aisément, tout comme s’il avait gardé sa jeunesse.»

Putain, pourquoi maintenant!? Pourquoi ne pouvait-elle pas le dire simplement? Au départ, cela paraissait si simple, mais dorénavant elle semblait victime de son propre divertissement. Serait-ce parce qu’il l’a regardait pendant qu’elle discutait? Peut-être. Après tout, Jean possédait le même regard que la fois où elle l’avait combattu : Celui d’une personne prête à rencontrer la mort à chaque seconde qui passe. Il était si jeune à ce moment-là et à présent ce qui semblait lui rester comme humanité la déchirait de l’intérieur, sachant qu’elle ne pouvait plus rien arrêter. C’était si simple et complexe à la fois. Elle aimait bien le taquiner un peu, mais il avait traversé le point de non-retour pour survivre encore un moment…Par sa faute.

«Son âge véritable est…»Son regard était complétement vide, alors qu’elle semblait déjà partir vers un passé qui allait lui rester inaccessible pour l’éternité. «Jean Dame est âgé de 86 ans et selon moi…Selon moi, il ne lui reste que 6 mois s’il n’abuse pas plus de ses pouvoirs.»

Sa bonne humeur venait de disparaître pour laisser place à une vieille blessure, dont elle ne se rappelait plus l’existence, s’ouvrir peu à peu. Cette douleur qu’elle avait ressenti à la fin de leur duel, un néko ayant les cheveux qui lui tombait jusqu’au sol, aussi blanc que la neige. La peau qui s’était fané à une incroyable vitesse, ainsi que tous ses muscles qui se relâchaient à cause du vieillissement soudain qui l’avait accablé. Pourtant, ses yeux étaient resté les mêmes. Il savait qu’il allait mourir et pourtant le chaton l’avait fait sans aucune hésitation, sans aucun regret. Oui, elle pensait bien que c’était à ce moment-là que son cœur se mit à saigner.

Le regard posé en direction du sol, Amélia revoyait en boucle ce moment où sa vie avait basculé, non plus dans le simple plaisir de tuer, mais celui du regret. Voilà le prix à payer quand elle avait décidé de donner son cœur à un être qui ne pouvait même plus tenir debout sans son aide. Quand on y pense, il était normale pour lui de ne pas pouvoir faire les choses comme il le voulait. Elle ne pouvait rien faire d’autre que l’accompagné jusqu’au moment où ils allaient devoir se dire adieu. Le parc était désormais plongé dans le silence complet. Amélia avait bougé son bras en direction de sa rivale pour poser son pouce et son index sur chaque côté du cou de la louve. Même Jean ne pouvait pas dire ce qu’elle allait faire. Peut-être même que Leann allait l’attaquer pour ne pas avoir été prévenu avant que la darkness ne le fasse, cependant aucun mal ne lui avait été fait. La néko avait retiré sa main pour la laissé tomber mollement sur sa hanche, avant de pousser un soupir et reprendre un air moins dépressif. Elle s’était remise à sourire.

«Je crois bien pouvoir trouver la bonne taille dans une animalerie. Je vais te l’acheter mauve, comme tes cheveux. On pourra aller se promener de temps à autre ensemble dans la ville. Toi à quatre pattes tandis que je te promènerais avec la laisse. On se reverra.»

Les toutes premières lueurs du jour venaient d’apparaître dans le ciel, tandis qu’Amélia avait déjà disparu de leur vue. Maintenant que tout avait été dit, Jean Dame regardait Leann sans bouger d’un centime. Curieux, mais surtout inquiet de savoir quelle serait sa réaction face à une telle révélation. Le temps lui était compté, cependant pour elle, il sera prêt à toute la dépenser pour tenter de la réconforter, si cela pouvait être le dernier service qu’il pouvait rendre.

Les propos de cette fille eurent pour réponse un grognement qui s’échappa des lèvres de la louve. Oui, la rebelle avait été perturbée par tout ce qui avait été dis, mais elle ne lui ferait pas le plaisir de perdre tous ses moyens face à Amélia. Elle n’était pas si faible à la fin ! Leann n’aima pas la voir se rapprocher d’elle, même si elle n’allait pas vite et n’avait pas l’air de vouloir l’attaquer. Mais elle ne connaissait pas ses capacités, sa force et encore moins sa rapidité, aussi, la louve était sur ses gardes plus que jamais. Tout comme sa bête. Elle ne quittait plus des yeux le regard de son adversaire, pour y déceler une potentielle attaque de sa part. Mais rien. Ce qui étonna fortement la jeune femme, même si elle en était satisfaite dans le fond. Que la darkness soit aussi proche d’elle la mit presque mal à l’aise, Amélia était beaucoup trop proche d’elle, elle n’aimait pas ça du tout ! Mais elle allait prendre sur elle et lui montrer que qui qu’elle puisse être ou avoir été, elle ne la craignait pas. C’était peut-être stupide et elle s’en mordrait peut-être les doigts dans un futur plus ou moins proche, mais tant pis, elle assumerait ses décisions. Comme toujours. Ce silence qui précéda ce que devait lui annoncer l’ancienne hybride était presque insoutenable et Leann faillit se mettre à hurler pour qu’elle finisse par prendre la parole. Mais encore une fois, elle prit sur elle pour ne rien faire. Ce n’était pas le moment de perdre les pédales alors qu’elle avait réussis à se contenir jusque là. Et quand les premiers mots tombèrent, la lycanne fronça les sourcils. Ne comprenant pas vraiment où son interlocutrice voulait en venir. Il n’avait pas l’âge qu’il faisait physiquement ? Comment cela pouvait être possible alors qu’il était hybride chat et non pas lycan ou vampire ? Amélia ? La responsable de ce miracle ? Y avait-il quelque chose que cette pétasse n’avait pas fais ou n’était pas directement actrice dans la vie de Jean-Dame ? A croire que non. Et même si elle n’avait aucun droit de le ressentir, Leann n’aimait pas ça. C’était presque de la jalousie qu’elle pouvait ressentir envers ce qu’ils avaient pu vivre. Ce qu’elle pouvait être idiote quand elle s’y mettait ! Elle garda le silence, n’ayant rien à dire pour le moment, si ce n’était poser des questions auxquelles elle n’avait pas envie d’entendre de réponses. Mais quand la suite tomba, la louve sentit son visage blêmir. Quatre-vingt-six ans... ? Elle tourna aussitôt la tête en direction de Jean-Dame pour avoir confirmation de cette nouvelle mais face à son visage et son regard, Leann était forcée de constatée que la darkness disait vrai. C’était déjà une annonce importante en soi mais quand vint la suite, elle se figea sur place. Six putains de mois ?! S’il n’utilisait pas trop ses pouvoirs !? C’était quoi cette blague ?! Encore une fois, la rebelle se retourna en direction du concerné pour savoir si l’autre la faisait marcher. Mais... Non ? Comment c’était possible ?! Pourquoi ne pas s’être revue plus tôt en sachant ce genre de chose ?! Elle en voulait presque à Jean-Dame de ne rien lui avoir dis, tout en sachant que cela ne devait pas être un sujet qu’il abordait tous les jours et avec n’importe qui.

La jeune femme se fit violence pour continuer d’écouter le discours de son interlocutrice, bien qu’elle n’avait qu’une envie : se retourner et se mettre à engueuler l’homme pour lui avoir caché ce genre d’information. Alors même qu’elle savait qu’elle n’avait pas forcément le droit d’agir de la sorte. Elle fut tout de même impressionnée par ce qu’elle entendit par la suite. L’hybride était capable d’une telle chose ? A condition d’user de ses dons et probablement de sa durée de vie ? C’était tellement injuste. Entendre une nouvelle fois que le concerné était toujours en vie, seulement grâce à Amélia déplu à Leann. Oui, elle avait compris ça, c’était pas la peine de lui répéter à longueur de temps que c’était grâce à elle qu’il était là aujourd’hui. Elle n’avait pas besoin ni envie de l’entendre. Mais la darkness le faisait probablement exprès. Et que répondre à ça ? Qu’elle était reconnaissante à l’autre d’avoir fait en sorte qu’il soit toujours en vie à ce jour ? Surement pas ! Aussi, préféra-t-elle garder le silence. Et à vrai dire, face à toutes ces révélations, il y avait de quoi en perdre l’usage de la parole. Les pensées de la louve se mêlaient et s’emmêlaient, sans qu’elle ne parvienne à leur dire stop. Mais ce fut grâce à Amélia qu’elle pu le faire. En effet, le geste de cette dernière, bien que ralenti, lui permit de revenir au moment présent et surtout de ne pas oublier le danger qu’elle pouvait représenter. Mais étrangement, Leann la laissa faire, se préparant tout de même à répliquer. Elle viserait le cœur de son adversaire, à travers ses côtes pour le lui arracher, si elle en avait réellement un. Mais les paroles qui suivirent, firent sourire, amèrement la louve. Un collier ? Pour elle ? Qu’est-ce qu’elle croyait au juste ? Pouvoir faire d’elle son animal de compagnie. Elle aimerait bien voir cela.

« Tu peux toujours tenter ta chance. Amélia. » Répliqua-t-elle froidement avant que l’entité ne disparaisse de ce monde.

Et maintenant ? Elle se retrouvait seule avec Jean-Dame. Avec lui et les révélations qui venaient d’être dites. Leann resta un moment sans bouger, tournant toujours le dos à l’homme. Elle avait beau essayer de réfléchir rapidement, elle ne savait pas comment gérer cette situation. Alors qu’elle se mordait l’intérieur de la joue droite, la jeune femme finit par se retourner en direction de l’hybride. Quand elle croisa son regard, elle serra les poings et fit quelques pas pour arriver à sa hauteur. Elle lui marcha violemment sur le pied, écrasant -plus ou moins- ses orteils en guise de première réaction. Parce que oui, elle n’appréciait pas de savoir qu’il ne lui restait que si peu de temps à vivre. Elle voulait s’attacher à lui et dans quelques mois, elle devrait faire face à sa disparition ? Il le savait et pourtant, cela ne l’avait pas dérangé de lui dire certaines choses ? Voila pourquoi Leann réagissait violemment pour le moment. Oui, sauf que quelques secondes après son geste, elle posa sa main droite sur une joue de Jean-Dame, tendrement face au coup qu’elle venait de lui infliger. Et sans lui demander son avis ou même se préoccuper des conséquences, Leann vint poser ses lèvres sur celles de l’homme, dans un doux baiser.

« Je vous en veux... Six mois... C’est tellement court... » Chuchota-t-elle alors que leurs lèvres étaient à quelques millimètres les unes des autres.

Elle finit par se reculer d’un pas. Et si tout compte fait, il prenait mal son geste ? Même elle, pourquoi vouloir continuer sur cette voie qui finirait mal pour elle dans tous les cas ? Peut-être parce qu’elle avait envie de cette expérience, si courte puisse-t-elle être ? Mais... Ils étaient encore en vie, malgré l’intervention d’Amélia et... Jean-Dame savait maintenant qu’elle travaillait ou du moins, qu’elle connaissait des personnes qui étaient du côté des Rebelles. Est-ce que cette information allait suffire à ce qu’ils arrêtent là une relation qu’ils n’avaient même pas commencé à proprement parler ?

« Je n’ai pas envie de vous tourner le dos, même avec ce qui vient d’être dis... Mais... Qu’en est-il pour vous ? »

Elle voulait définitivement avoir la réponse. Savoir si cette nuit était la dernière qu’ils avaient passé ensemble en tant qu’individus neutres avec des attirances l’une pour l’autre...

Elle n’avait pas mesurer sa force avant de lui enfoncer une partie de son pied dans le sol. Le concerné aurait bien voulu répliquer, mais difficile de le faire lorsque l’on viens vous embrasser sans permission. Malgré la grimace qu’il faisait, Jean était soulagé de savoir que Leann n’avait pas perdu les pédales. Qui sait comment la plupart réagirai en sachant ce qui allait advenir du sort de l’hybride? De l’indifférence certainement, puisque personne ne le connaissait vraiment. Malgré l’incertitude qui se lisait dans le regard de cette femme si unique à ses yeux, le néko ne semblait même attacher une importance quelconque à la raison pour laquelle Leann s’inquiétait, du moins s’il avait vu juste.

«C’est étrange d’envier une personne qui va mourir dans six mois. Si tu parle de ma relation avec Amélia par contre, elle s’est brisé au moment où elle m’a sauvé. Malgré que ma vie soit courte, je pourrai déjà écrire un livre complet sur mon histoire et pourtant elle n’est pas encore terminé et pas besoin de revenir en arrière davantage. Encore une fois, je tente d’accomplir ce que l’on m’a demandé simplement pour mes propres ambitions. Cela s’arrête là dorénavant, car c’est tout ce qu’il me reste à faire avant de fermer les yeux.»

Après tout ce qu’il venait de dire, son premier réflexe fut de poser sa main sur la nuque de son ennemi...Non pas vraiment. Elle était une allié précieuse, qui se battait pour défendre ceux qu’elle aimait, même si la plupart se trouvait dans le camp opposé. Tout ce la pour ses propres ambitions...Tout comme lui. Lui caressant la nuque, le regard perdu dans ceux de sa belle, un sourire confiant se manifestait sur son visage alors que la vérité lui était apparu sous un angle qu’il n’avait pas fait attention auparavant. Elle savait maintenant l’essentiel de sa vie et donc quelqu’un saura qu’il avait laissé une trace quelque part dans ce monde. La mort pouvait venir le chercher si tel était son désire, car grâce à Leann il ne serait pas oublié. C’est tout ce qui comptait, peu importe comment elle le voyait. Maintenant une question lui restait en tête.

«Que tu me tourne le dos ou non ne revient qu’à toi. Je suis satisfais de ce qui a été dit ici et étonnement je me dois de vous remerciée toutes les deux pour m’avoir redonner un peu d’espoir avec le temps qu’il me reste. La question que j’aimerai te poser est la suivante: Leann, le délai risque d’être court, cependant voudrais-tu bien faire partie de mon histoire?»

Ses joues se mirent à rougir sous la gêne, tout cela était presque nouveau pour lui. C’est Amélia qui avait fait les premiers pas avec lui. Maintenant il voulait faire la même chose avec la louve, cependant peut-être que cela avait été trop maladroit de sa part? Il se pinça l’intérieur de la joue avant de continuer sur son élan.

«Peu m’importe le camp dans lequel tu te trouve, cela n’a aucune importance dorénavant. Fais de ton mieux et je ferai de même de mon côté. De plus soyons francs! Un combat contre toi un jour aura certainement pour effet de me rendre impatient et très excité. Nous aurons qu’à le considérer amicale et c’est tout. Je n’ai qu’une condition à tout cela : Cesse de me vouvoyer. Si tu accepte, nous ne saurons plus de simples connaissances, mais davantage des complices d’un jeu dans lequel toi et moi pourrons nous amuser de temps à autres jusqu’au moment de mon dernier souffle.»

Tout avait été dit, plus qu’à attendre la réponse, mais sans même prévenir il vint la prendre contre lui, l’enlaçant tendrement avant de lui souffler à l’oreille une phrase qui prenait tout son sens.

«Peu importe ta réponse, tu es la seule encore vivante à me connaître autant et je ne pense pas avoir le temps ou bien l’envie de partager avec les autres mon secret.»

Il aurait bien aimé clarifier, cependant les mots ne voulaient pas sortirent. Il était là à la tenir contre lui sans savoir quoi faire d’autre. C’était vraiment étrange et pourtant cela ne lui déplaisait guère. Il allait devoir travailler dure et rapidement pour que les services qu’ils devaient rembourser en échange de tout les meurtres qu’ils avaient commis lui et la darkness puisse arriver à terme, mais cela passait en second en cet instant.

L’attente était difficile. Allait-il se mettre à lui crier dessus pour ses gestes ? D’abord son coup de pied, puis son baiser ? Si tel était le cas, alors les choses seraient probablement très claires entre eux : cette nuit serait la dernière qu’ils passeraient ensemble. A son plus grand désespoir. Mais aucun signe de cette réaction n’arriva, ce qui rassura la louve. Plus qu’elle ne l’avait espéré. La louve écouta ses propos, ne pouvant pas faire autrement compte tenu qu’elle devait surement s’excuser un peu. Elle ne pu retenir un sourire amer et triste. Ce qu’il disait la rendait mélancolique et triste pour lui. Surtout la fin de sa phrase. Elle ne voulait plus entendre parler qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre ! C’était incontournable dorénavant, mais pour ce qui restait des heures passées ensemble, elle ne voulait plus l’entendre. L’oublier. Penser que l’hybride resterait des années dans sa vie et non pas quelques misérables mois. Elle devenait égoïste, elle le savait et pourtant, elle s’en fichait. C’était ainsi. Avec tout ce qui venait d’être dit, elle était maintenant claire avec elle-même : elle tenait à Jean-Dame. Plus qu’elle ne l’aurait pensé au départ. Plus qu’elle ne le devrait probablement. Mais oui, la lycanne avait des sentiments pour lui. Et non, elle ne voulait pas les faire taire. Pas s’il y avait une chance pour que cela soit réciproque. Et même si cela ne l’était pas. Elle se battrait pour le lui faire comprendre s’il le fallait et ne pas le laisser seul. Pas en sachant que six mois le séparait d’un sommeil éternel. Il ne méritait pas d’être seul. Elle ne le permettrait pas.

Leann sortie de ses pensées au moment où elle sentit les doigts de son interlocuteur se poser sur la peau de sa nuque. Un léger frisson la prit à ce simple contact et la jeune femme ferma les yeux l’espace de quelques secondes. Simplement pour savourer cette caresse.  Elle les rouvrit pour croiser le regard de l’homme, rêvait-elle ? Cette proximité était-elle réelle ? Le sourire qui apparut sur les lèvres de Jean-Dame lui parut étrange et elle ne parvint pas à savoir ce qu’il voulait dire. Malgré tout, elle se mit à sourire, faiblement. Même si tout cela ne durait pas, elle s’en fichait. Elle profiterait de chaque caresse ou contact qu’elle aurait avec l’hybride. Aussi longtemps qu’on le lui permettait. Et à cet instant, Jilan était bien loin de ses pensées. Et quant bien même elle pouvait penser à lui, il passait en second plan émotionnel à côté de Jean-Dame. Elle se fichait des conséquences, si elle pouvait espérer rendre cet homme heureux, avant de rendre son dernier souffle, alors elle voulait le faire. Et peut-être aussi un peu pour elle. Etre heureuse une toute dernière fois ? Avant de fermer son cœur pour toujours ? C’était envisageable. Leann ne s’était pas rendue compte qu’elle s’était perdue dans ses pensées, que lorsqu’il reprit la parole. Encore une fois, elle l’écouta sans un mot. Il était satisfait ? Pour ce qui venait d’être révéler ? De lui être révéler à elle ? La question qui suivit prit presque de cours la lycanne. Faire partie de sa vie ? Pour ce qu’il lui restait de temps ? Bien sûr qu’elle le voulait ! Mais les joues rougit de Jean-Dame l’empêchèrent de prendre aussitôt la parole. Il se montrait innocent à cet instant, ce qu’elle ne pu s’empêcher de trouver mignon. Et elle fut contente de ne pas avoir parlé, compte tenu de la suite de ses propos. Dernière qui l’enchantait au plus au point. Il se fichait de savoir que les personnes qu’elle souhaitait protéger fassent partis des Rebelles ? Mais le passage qu’elle apprécia le plus, fut celui où il parla de l’affronter. Impatient et excité ? Un large sourire étira les lèvres de la jeune femme à cette révélation. Même si elle ne désirait pas faire de mal à Jean-Dame, elle devait reconnaitre qu’une partie d’elle souhaitait se frotter à lui. Pour découvrir combien elle avait progressé et s’il lui restait encore beaucoup à faire.

Ce fut à son tour de rougir lorsqu’il lui demanda qu’elle ne le vouvoie plus. Et les arguments qui lui donna étaient tous les bienvenus. Plus complices ? Elle appréciait fortement l’idée ! Surtout que le jeu en question ne serait qu’entre eux deux. Cela lui plaisait vraiment et cela devait se voir dans ses yeux et sur son visage. Oui, elle en avait envie. Plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Alors qu’elle ouvrit la bouche, son étreinte lui coupa le souffle. Il signifiait donc qu’il était sérieux dans ses propos. Un sourire sincère et heureux se dessina sur les lèvres de la louve. Elle resta quelques minutes supplémentaires contre lui, prenant même le luxe de poser sa tête contre son épaule, respirant son odeur. S’en imprégnant. Pour ne jamais l’oublier. Après tout, elle était en partie louve. Elle finit par se reculer, légèrement, et lui prendre le visage en coupe, sans le quitter des yeux. Elle déposa une tendre lèche sur les lèvres de l’homme avant de l’embrasser, plus longtemps que précédemment et avec plus d’amour.

« Je veux faire partie de ... Ton histoire... De ce qu’il te reste de vie. Aussi court cela soit-il. Je le veux. » Souffla-t-elle à quelques centimètres de ces lèvres. « Et... Ce serait un honneur de me battre contre toi... J’en serais tout autant excitée je crois... » Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres alors qu’elle reprenait. « Mais j’aimerais que ce temps n’arrive pas immédiatement... Tu veux bien ? Il arrivera bien assez tôt... »

Et maintenant ? Rester à se regarder dans le blanc des yeux ? Elle n’en avait pas envie, tout comme elle ne voulait pas le quitter maintenant, ni même rentrer. La louve contourna la tête de son amant -si elle pouvait le nommé ainsi ?- pour déposer un tendre baiser sur son cou. Suivit rapidement d’une petite morsure. Il n’y avait plus lieu de se cacher n’est-ce pas ? Il avait parlé d’être plus complice non ? Et elle en avait envie. Leann vint se blottir contre lui et passa ses mains sous son haut, pour pouvoir toucher la peau du dos de l’hybride et se mettre à le caresser. Elle avait terriblement envie de le toucher, maintenant qu’elle savait qu’il avait également des sentiments pour elle. Ils pouvaient maintenant aller plus loin non ? Elle montait toujours un peu plus haut le long de sa colonne et descendait toujours plus bas.

« Stoppe-moi... Ou je risque de ne pas m’arrêter. » Lui chuchota-t-elle à l’oreille, avant de lui en lécher l’intérieur.

Elle avait accepté sa demande, ce qui le soulageait vu les évènements qui allaient suivrent très bientôt. Patrouiller dans la forêt à la recherche d’un rebelle imprudent à débusquer, balayer la ville pour entendre toutes les rumeurs qui parcourent les quartiers. Dire qu’il sait maintenant que Leann fait partie de l’autre faction et qu’il avait toujours de léger doutes après sa rencontre avec Adélaïde. Des indices, il en avait trouvé partout, mais à chaque fois il voulait fermer les yeux pour ne pas nuire à ces gens que le néko trouvaient sympathiques. Pourtant, au moment où il allait véritablement rentrer dans cette guerre, Jean allait devoir recourir à des moyens si extrêmes que même ses alliés risquaient de devenir ses ennemis. Il se savait capable de faire quelque chose pour le Cercle, mais le Cercle allait-il accepter son initiative? Qu’importe! Encore une fois ses pensées l’avait privé de la réalité un moment, avant d’être ramener par un baisé empli de tendresse, qui s’était déposé sur ses lèvres. L’hybride ne pu s’empêcher un rire lorsqu’il se rendit compte de l’empressement qu’avait la louve à lui démontrer son envie à vouloir recevoir des caresses plus...intenses? Comment lui en vouloir alors que lui-même en rêvait? Devait-il se laisser aller et profiter de cet instant magique? Ou bien la vitesse à laquelle les aiguilles sur l’horloge avançaient allait lui faire changer d’avis? Le choix était déchirant, cependant les deux avaient leur lot d’importance. Son plus grand désir était de la prendre et se l’approprier, mais cette fois il allait devoir se contenter des préliminaires si ce n’est pas moins, pour passer plus de temps à chercher un moyen de retrouver les rebelles. Quelle frustration, mais tant pis, il ne pouvait pas faire tout ce qu’il voulait. Par contre le défi pour le lui confier était de taille, puisqu’elle avait déjà pris l’initiative pour le faire basculer de son côté. Il se mordit la lèvre pour ne pas flancher et la prit par les épaules pour doucement l’écarter. Impossible de lui parler convenablement alors que les caresses qu’elle lui avait prodigués le rendait incapable de garder son calme. Son visage était tout rouge dû à la chaleur de son corps, qui avait monté d’un cran si ce n’est deux. Il avait rarement fait l’amour et toujours était-il qu’il pensait se retrouver en position de faiblesse à chaque fois que cela se produisait. Non, elle saurait certainement de par son geste pourquoi il avait agi ainsi, par contre il ne devait rien laisser au hasard, de peur de lui faire de la peine sans le vouloir. C’est avec un léger sourire qu’il lui déposa une bise sur le front, alors que le regret avait gagné une partie de son être.

«Il est vrai que je devrai profiter davantage de la vie après tout ce qui va se produire. Cependant cela ne peut être le cas. Je suis désolé de mon manque de finesse avec toi. Tu en avais envie tout autant que moi et même bien plus que moi vu que tu as été la plus rapide de nous deux! Il ne pu s’empêcher de s’exprimer par un rire nerveux avant de continuer. Tu as un amant qui t’attend je suis sûr et moi il y a le Cercle que je vais devoir raisonner...si ce n’est pas eux qui me raisonne du moins. Six mois pour changer tant de choses, tu comprends où je veux en venir n’est ce pas? Je vais commencer mon travail dès maintenant et j’aimerai que toi...tu protège du mieux que tu peux mes ennemis, car lorsque je les aurait trouvés, ils n’auront peut-être pas l’occasion de fuir, ni même de me combattre. Je ne peux t’en dire plus. Et maintenant...»

Il lui prit la visage entre ses mains avant de lui déposer un baiser sur les lèvres, celui dont il ne voudrait jamais défaire le lien, mais ô combien cela serait impossible. Ses sentiments envers elle étaient sincères, cependant sa promesse par rapport à Amélia l’était tout autant. Il ne pouvait se défaire de ses chaînes, juste aller jusqu’au bout pour en être libéré. Un moment comme celui-ci, très peu voudrait y mettre un terme, mais l’hybride n’avait pas le choix ou ne pensait pas l’avoir du moins. Il la prit contre lui pour sentir pleinement son parfum et par la même occasion, lui glisser quelques mots à l’oreille au passage.

«Lorsque j’aurai terminé mon rôle, rejoins-moi ici. Je te promet de n’être qu’à toi.»

Il ne se faisait pas vraiment d’illusion. Mettre un terme à une guerre en 6 mois serait une prouesse qu’il ne possède pas et donc il allait devoir tenter de la contacter d’une manière ou d’une autre pour faire des sorties avec elle en de rares occasions. Pas surprenant que cela soit si difficile d’avoir une relation amoureuse avec un membre du groupe opposé, mais bon décevant tout de même. Maintenant il ne lui fallait plus qu’attendre la réponse de Leann sur le sujet. Qu’elle soit pour ou contre, il ne pouvait pas y faire grand-chose. Par contre une question lui taraudait l’esprit : Comment une lycanne peut bien réagir lorsqu’elle s’offre de son plein gré et se fait dire non par manque de temps? Malgré qu’il avait expliqué pourquoi il ne pouvait pas, il se montrait intéresser de voir s’il ne se ferait pas violer sur place ou bien si elle allait se maitriser. Il avait peut-être commis une erreur, cependant il souriait intérieurement. Venait-il de mettre un terme à sa relation à peine débuter? Comprendrait-elle sa situation au point de le laisser partir ainsi? Allait-il se faire forcer la main malgré qu’il ne tenterait pas de la repousser? Cette dernière pensée lui avait causé des frissons. Vaudrait mieux qu’elle ne sache pas que lui-même devait combattre ses pulsions pour garder son sérieux.

Le rire qui franchit les lèvres de son interlocuteur suite à son geste laissa la louve dubitative. Elle ne comprenait pas ce qu’il y avait de drôle dans cette situation. A moins... Qu’il ne se soit joué d’elle, dès le départ ? Et qu’il se moquait tout simplement de son comportement présent ? Cette simple pensée lui noua l’estomac. Ca ne pouvait être cela. Plutôt, elle ne voulait pas le croire, pas maintenant du moins. Alors elle ne dit rien et ne montra rien non plus, si ce n’était qu’une lueur d’interrogation dans ses iris couleur absinthe. Allait-il lui donner la raison de cette soudaine et brève hilarité qui lui avait échappé ? Dans le fond, la jeune femme n’était pas certaine de vouloir le savoir. Si c’était pour la faire souffrir, peut-être valait-il mieux qu’il le garde pour lui, pour cette fois. La suite, lorsqu’elle sentit ses mains se poser sur ses épaules, Leann se laissa faire mais l’interrogation se lisait clairement sur les traits de son visage. Ainsi, il l’a stoppait réellement ? Pourquoi ça ne l’étonnait presque pas ? Parce qu’elle n’était pas aussi naïve qu’elle le pensait ? Parce qu’il était obligé que cela se passe ainsi ? Pourquoi aurait-elle droit, aujourd’hui, à un peu de bonheur, depuis tout ce temps ? C’était ridicule et tellement risible, même à ses yeux. Pourtant, elle continua de garder le silence et de le fixer. Son baiser sur le front faillit la faire reculer. C’était presque trop doux pour la situation. Elle fit tout de même ce qui ressemblait à un pas de recule, juste pour ne plus le toucher, puisque c’était ce qu’il semblait vouloir. Très bien, elle ne le toucherait donc plus. Aussi douloureux que cette décision puisse être à cet instant. Elle l’écouta et qu’il lui rappelle qu’elle venait plus ou moins de lui sauter dessus ne lui plus pas, encore plus lorsqu’elle se faisait repousser. Et il osait prétendre avoir des sentiments ? Elle le foudroya du regard à la fin de sa tirade et en entendant le second rire qui franchit ses douces lèvres. Il se fichait donc réellement d’elle ?  Une pointe de colère commençait à pointer son nez dans son être, alimentant ainsi la bête tapie à l’intérieur de son corps. Mettre en colère un loup n’était surement pas la meilleure idée qu’il ait pu avoir de la soirée. Malgré tout, en voyant ses lèvres recommencer à bouger, Leann garda le silence et fit l’effort de l’écouter. Peut-être dans l’espoir de se calmer, d’entendre une explication quant à son geste ? Un petit quelque chose qui n’allait pas tout simplement lui faire mal au point de laisser sortir sa bête ? Elle l’espérait. L’incompréhension suivit d’une pointe d’amertume fit son apparition chez la louve. Il refusait d’aller plus loin, sous prétexte qu’il devait mener à bien sa promesse, faite à cette femme ? Un sourire qui n’avait rien d’avenant prit place sur les lèvres de Leann. C’était donc ainsi ? Elle passait tout de même après son ex, morte depuis elle-ne-savait-combien d’année ? S’il n’avait pas posé ses propres lèvres sur les siennes pour l’embrasser, la rebelle aurait éclaté de rire à son tour. Le baiser semblait sincère, il en donnant l’impression tout du moins. Tout comme l’étreinte qui le suivit. Oui, sauf que les mots qu’il avait prononcés avaient un arrière goût trop amer pour qu’elle puisse pleinement l’apprécier. A son plus mécontentement. Mais la dernière phrase qu’il prononça... Ce fut la goutte d’eau de trop.

Leann se mit à rire entre ses bras, un rire qui n’avait pourtant rien de joyeux et tout de l’amertume qu’elle ressentait à cet instant. Il disait n’être qu’à elle, après avoir tenu sa promesse ? Après avoir mit à terre ses ennemis et apporter une paix durable à cette ville ? Et pendant tout ce temps, ils ne se verraient pas ? La situation présentée était tellement douloureuse que la jeune femme préférait en rire. Sinon, elle aurait réagis beaucoup plus violemment que ça. Elle finit par s’extraire de son câlin et aussi rapidement que lui permettait sa race, elle l’attrapa aux épaules et le plaqua violement sur le sol, lui coupant peut-être le souffle sous sa brutalité soudaine. La louve le surplombait et toute trace de son hilarité passée avait disparut de son visage. Il ne restait qu’un sérieux.

« N’être qu’à moi ? Cette douce promesse ne pourra pas être tenue Jean-Dame... Et tu sais pourquoi ? » Elle marqua une courte pause, juste le temps de faire naitre un peu de doute en lui avant de reprendre.  « Parce qu’une fois que tu passeras réellement à l’action, que tu attaqueras et essayeras de tuer les personnes que j’ai juré de protéger... Tes ennemis... Ce sera toi ou moi, Jean-Dame. Tu as dis tout à l’heure que tu serais excité à l’idée que l’on s’affronte... Crois-tu vraiment qu’aucun de nous ne mourra ? Tu as tes convictions, j’ai les miennes. Tu as fais tes promesses, j’ai fais les miennes... N’essayes pas de me promettre quelque chose qui n’aura pas lieu après la guerre, parce que tu sais pertinemment qu’un de nous ne sera plus de ce monde. »

Sa voix était maintenant presque froide et cassante. Parce qu’elle détestait parler ainsi, dire à voix haute ce qui se cachait derrière leur discussion. Les sous-entendus laissés de côté. La louve le maintenait toujours au sol, à califourchon sur lui sans détacher son regard de lui. Le doute était installé en elle. Devait-elle tout simplement partir, sans se retourner ? Ne rien espérer de cette relation vouée à la mort de l’un d’entre eux ? Elle le devrait. Quitter ce parc et mettre un terme à tout ce cirque de sentiment. Oui, mais peut-être qu’elle le regretterait. Elle se pencha alors sur lui, ne laissant aucun espace entre eux. Peut-être devrait-il user de son pouvoir pour la dégager de là, sinon sa seule force physique ne suffirait pas. Elle se mit à lui mordiller le lobe de l’oreille gauche et reprit la parole.

« Si tu veux réellement n’être qu’à moi... Au moins une fois dans ta vie, c’est le moment... Nous savons tous les deux que les moments comme celui-ci seront rares voir impossibles par cette nuit. Et ce n’est pas une fois que tu seras sur le point de mourir, ou moi, qu’il faudra te rappeler de ta promesse ! »

Elle s’était légèrement redresser, ses mains avaient glissé et s’étaient posées sur le sol, de chaque côté de la tête de l’hybride. S’il voulait réellement la repousser, faire passer une promesse qui ne perdrait rien à attendre quelques heures de plus, alors elle se relèverait et partirait. Elle saurait que l’amour qu’elle lui porte serait voué à l’échec et qu’elle ne devrait pas continuer sur ce chemin.

« La décision t’appartient Jean-Dame... » Murmura-t-elle la gorge serrée.

Elle avait dis vouloir se battre pour lui, elle le voulait sincèrement mais si de son côté, passer quelques heures de plus avec elle étaient vu comme une perte de temps alors... Pourquoi ? Pourquoi se battre quand l’autre n’essaye pas ?

Elle s’était mise à rire? Alors c’est qu’elle n’avait pas compris ce que le néko tentait de lui expliquer. Ou peut-être est-ce lui qui s’y était pris de manière maladroite? Oui cela ne serait pas illogique d’y aller dans ce sens. N’importe qui agirait de la sorte après s’être fait rejeter ainsi. Un non aurait certainement fait moins d’effet que ce qu’il venait de déclencher avec ses belles paroles. Le résultat était le suivant : Plaqué au sol, le souffle coupé, devant lui se trouvait une personne différente, plus agressive, mais surtout blessée de l’intérieur. L’hybride ne pouvait pas lui en vouloir de l’avoir malmené, car malgré qu’il avait tenté d’être doux dans ses dires, il y avait trop de contradictions avec la situation présente. Cependant, malgré l’humeur de cette femme, qui pourrait bien mettre fin à la vie d’un chaton comme lui, il se mit à rire à son tour, comme si on lui avait conté une blague qu’il n’avait jamais entendu parler. Puis son sérieux était revenu aussitôt et le silence avec lui.

« Depuis le tout début Leann, il n’y avait rien. Nous avons partagés nos histoires, énoncer nos objectif et donc dans quel camp nous nous trouvons. Mon temps est compté, je dois avoir des résultats au plus vite. Je ne... » Il hésitait lui-même à poursuivre sachant que cela pouvait être sa fin. « Je ne peux pas être amoureux de toi...Pas dans cette vie! Tout ce que je peux faire c’est accumuler le plus d’information possible sur l’ennemi pour pouvoir le débusquer et le tuer...même aux dépends d’une aussi belle louve que toi. »

Elle avait toutes les raisons du monde de le tuer maintenant. Il avait joué avec elle, soutiré peu, mais des informations tout de mêmes importantes et il avait promis la mort de chaque personne qu’elle défendrait dans le camp opposé. Cependant, autant que Leann sache vraiment à quoi elle aurait dû s’attendre si elle était vraiment amoureuse de lui. Il n’arrivait plus à la regarder dans les yeux, non pas par regret de mettre un terme à une relation qui aurait pu devenir officiel, mais plutôt la torture qu’elle encaissait à cause de lui. Un claquement de doigts était suffisant et il avait temporairement rompue son lien avec Amélia. Cela ne prit qu’une minute tout au plus, alors que dorénavant en-dessous de Leann se trouvait un vieil homme, dont les cheveux d’un blanc comme la neige lui recouvrait le haut du corps. Des oreilles de chat trop fatigués pour rester debout. Elle pouvait sentir avec aisance les os en-dessous de la chair et ses vêtements devenus trop grands pour lui. Un sourire forcé sur les lèvres alors qu’il avait tenté un rire, mais n’avait réussi qu’à s’étouffer. Il devait murmurer puisque son souffle était maintenant trop court.

« Maintenant tu sais comment je suis... » Il reprenait de nouveau son souffle. « ...Après que j’ai détruit tout ce qui faisait partie de mon passé autrefois. » Un autre souffle. « Ose me dire que tu pouvais vraiment tomber amoureuse de quelque chose d’aussi horrible! »

Il espérait ainsi l’avoir surprise assez pour la repousser au moment où il reprendrait contact avec la darkness pour recouvrer sa force. Ce qu’il fit peu de temps avant de redevenir la personne qui l’était dans la vingtaine. Ce ne fut pas très compliqué à ce moment-là, par contre il ne pouvait s’empêcher de poser son regard une dernière fois sur celle dont il venait de couper tous les liens. Son sourire n’avait rien de joyeux, au contraire. Cela n’arrivait pas à cacher le peu d’amertume qu’il ressentait face à ce qui pourrait être son seul instant de bonheur...Un bonheur sans violence. Puis c’est en lui tournant le dos qui lui dit d’un ton qui se voulait calme.

« Retourne au près de celui qui t’attend vraiment, vers ceux que tu aime. Car lorsque je les aurai trouvés, je me délecterai de chacun de vos cries et de vos pleurs. Tant que je serai debout, l’un d’entre vous tombera et ce pour mon plaisir...Tant que cette vie perdure. »

Cela devrait suffire à alimenter la haine que son côté animal lui exprimerait à leur prochaine rencontre. Inutile de rester plus longtemps. Elle finirait par lui bondir dessus pour le déchiqueter tout de suite, du moins si la douleur n’était pas trop intense. Ses propres émotions avaient complétement disparues. Cela ne lui servait plus à rien maintenant qu’il avait eu ce qu’il voulait. Mais une dernière citation avant de disparaître de sa vie. Quelque chose qui pourrait peut-être aider la louve pour ce qui allait certainement suivre. Dénoué d’émotions, il se mit à parler sur un ton neutre.

« Pourquoi tu veux devenir comme nous Leann? Te souviens-tu de ma question par le passé? Je crois connaître la réponse : Tu ne veux plus souffrir. Tu es toujours soumise à la souffrance que tu endure, peu importe ce qu’elle est ou sera. Si tu es venu vers moi, alors que tu avais déjà quelqu’un dans ta vie, c’est que peut-être qu’il ne t’apprécie pas autant que tu le souhaiterai non? Pathétique. Déteste-moi pour t’avoir rejeter. Haïs-le pour ne pas t’accepter comme tu le voudrai. Maudit-nous pour ne pas avoir reconnu ta force et renforce toi pour t’affirmer. Tu en as le pouvoir, mais tu souffre trop pour l’utiliser. Pense à moi à chaque fois que tu croiseras son regard et deviens beaucoup, beaucoup plus forte! »

Puis il disparu dans les ruelles, emportant avec lui le parfum de cette personne qu’il venait de rejeter, comme si cela n’avait été qu’une mascarade depuis le début. Amélia était derrière lui, cependant elle ne semblait pas du tout s’être amusé.

« Moi la première et maintenant Leann en deuxième. Comment on a fait pour tomber amoureux d’un salaud tel que toi. »

« J’ai mes infos, c’est tout ce qui compte. Avec ceux récupérer chez Adélaïde, je crois bien pouvoir m’en servir lorsque l’occasion se présentera. »

« Tu n’as vraiment aucun regret...J’aurai dû te laisser mourir si j’avais pu savoir. »

« Oh que non! Tu aurais rendu un trop grand service à toutes les race existantes. Aussi mince soit-il, j’ai encore un rôle à jouer et c’est pareille pour Leann. » Il semblait avoir repris de sa bonne humeur. « Avec de la chance, c’est elle qui viendra mettre fin à mes jours! J’ai hâte de pouvoir la combattre. »

« Putain...J’ai sauvé un coureur de jupon manipulateur, meurtrier, masochiste et suicidaire. Tu ne survivras pas 6 mois comme sa. Peut-être deux avec de la chance. »

Son rire lui indiqua qu’il allait répondre quelque chose. Dans le cas contraire, elle ne l’aurait pas laissé partir et il lui aurait fallut beaucoup de force pour rivaliser avec celle d’une lycanne. Mais elle aurait préféré qu’il ferme sa bouche pour ce qui allait suivre. Quoi qu’elle le laissait parler, sans l’interrompre. Il avait joué le jeu ? Pour avoir des informations sur les rebelles ? Et quelles informations auraient-ils bien pu obtenir d’elle ? Qu’elle voulait protéger des criminels ? Ou des criminels en devenir ? Cette blague. Il ne connaissait rien de ces personnes, de leur identité ou de leur implication dans le groupe d’opposant au Cercle. Elle était la seule en première ligne et elle acceptait cela. Elle avait accepté de donner sa vie pour protéger Jilan, elle ne reviendrait pas là dessus. Que Jean Dame s’en prenne à elle ne lui faisait rien, ils avaient déjà parlé de se combattre non ? C’était déjà un fait abordé et accepté de tous les deux. Leann sourit amèrement à sa tentative de flatterie. Il était maintenant inutile de jouer à ça avec elle. Il l’avait manipulé depuis le début ? Là, elle ne pouvait que douter. Jamais il n’aurait pu savoir qu’elle allait virée dans ce camp, alors même qu’avant la mort de Danaliel, elle se prédestinait au Cercle. Il y avait eu trop d’imprévus dans sa vie pour qu’il puisse avoir prédit une telle tournure. Qu’il refuse maintenant de soutenir son regard le rendait lâche. Qu’il aille jusqu’au bout des choses au lieu de les fuir. La louve lui attrapa sans douceur la mâchoire pour qu’il puisse la regarder en face, qu’il puisse voir la lueur bestiale qui était présente dans ses iris absinthe. Qu’il comprenne qu’il avait réveillé l’animal en elle et qu’il serait maintenant difficile à faire taire. Elle aurait certainement pu le tuer dès l’instant. Lui tordre le cou ne serait pas quelque chose hors de sa portée, au contraire. Mais elle n’en fit rien. Le tuer maintenant ne serait pas drôle, ni excitant. Dangereux certes, mais elle prenait le risque. Encore une fois, il ne savait rien des deux hommes qu’elle avait juré de protéger.

Mais elle n’avait pas prévu ce qui suivit. Elle senti les os de cet homme, à la fois familier et différent qu’elle avait sous elle, craquer légèrement. Comme si le poids qu’elle ne mettait pourtant pas, ne la supportait pas. La louve ne détourna pas le regard sous ce spectacle. Elle était surprise de le voir ainsi mais... Il lui montrait son vrai visage ? Celui qu’il était vraiment sans l’aide d’Amélia ? Elle le prenait davantage comme un honneur que comme une tentative de la faire fuir. Même si c’était surement là son intention. Leann ne pu s’empêcher de caresser l’une de ses joues ridées, glissant le don de ses doigts délicatement. Un sourire presque triste se dessina sur ses lèvres face aux paroles qu’il employa sur la fin. Il était différent, certes, mais pas totalement. Un nouveau rire retentit dans le Parc, cette fois, celui de la jeune femme. Amer et blessé.

« A quoi bon répondre à cette question, Jean Dame ? Cela changerait-il quelque chose à la suite des évènements ? Non. Ta décision est prise et tu continueras de jouer ton rôle de salopard jusqu’au bout, qu’importe les personnes que tu blesses... » Répondit-elle sur une voix parfaitement calme et mesurée, bien qu’à l’intérieur, c’était l’anarchie totale.

Elle se releva et se recula de lui. Il n’y avait plus aucune raison pour elle de rester ainsi. L’espace d’un instant, elle faillit le prendre dans ses bras, lui demander de rester dans sa vie même s’ils devaient se combattre. Mais elle n’en fit rien et resta droite à le regarder, à le fixer. Des propos anciennement prononcés par Jilan lui revenaient en tête. Pas très précisément, mais l’essentiel était présent : l’inutilité des sentiments. Après tout, depuis le tout début, elle n’avait eu de cesse de souffrir parce qu’elle s’était attachée à quelqu’un. D’abord son frère qu’elle avait aimé : mort. Danaliel, le premier homme et probablement le seul qu’elle avait réellement aimé : mort. Jilan et Jean Dame, deux hommes avec qui elle aurait espéré quelque chose : la rejetaient, chacun à leur façon. Le professeur avait raison : le mieux était de ne pas s’attacher.

La suite des provocations de Jean Dame la firent tout simplement sourire. Mais cela n’avait rien à voir avec un sourire heureux ou amer. Non, il était presque vide. S’il venait réellement à trouver les deux êtres qu’elle voulait protéger, alors elle le tuerait. Purement et simplement. Ou elle essaierait. Mais une chose était sûre : elle ne le laisserait pas leur faire de mal. Elle devrait probablement le tuer immédiatement, c’était encore une fois ce qu’elle se disait. Pourtant, grâce à ce qui venait de se passer dans ce Parc, en l’espace de quelques heures, la louve avait changé. Une partie à laquelle elle s’était accrochée tous ces mois se disloquait au fil des minutes qui passaient à regarder cet hybride qui venait de la détruire une fois pour toute. Finit son envie d’être à quelqu’un. Finit sa peur de la solitude. Leann venait de prendre dans la figure cette dure réalité : on est toujours seul, quoi que l’on cherche et que l’on fasse. Pourquoi ne pas l’avoir accepté plus tôt ? Pourquoi s’être accrochée à cette envie ? Pathétique.

« Touches-les et tu es mort Jean-Dame. Touches-les et je te jure que tu regretteras d’avoir passé ce pacte avec Amélia. » Répliqua-t-elle froidement.

Leann n’était pas -encore- dans la torture et le sadisme. Mais elle avait parfaitement conscience que s’il touchait à Jilan ou Bran, elle lui ferait sincèrement regretter d’être né. Le fait même de l’imaginer ne lui faisait rien. Ni chaud, ni froid. Il n’y avait qu’un grand vide à cet instant. Elle avait donc tout perdu ? A croire naïvement les dires de cet homme ? Une erreur qu’elle ne referait plus à l’avenir. L’hybride avait mal joué, il aurait surement du continuer ce jeu plus longtemps. Il aurait du la manipuler plus longtemps. Tant pis pour lui. Elle écouta la suite de ces propos et un autre sourire vide se dessina sur ses lèvres.

« Te détester ? N’y comptes pas. Ce serait trop facile. Je te remercie plutôt. Pour m’avoir permit de changer, une fois de plus. Pour ça, je te laisse partir, mais la prochaine fois que nous nous rencontrerons, je te tuerais Jean-Dame. Sois prêt. »

Lui lança-t-elle alors qu’elle le voyait tourner les talons et partir. Une larme coula tout de même le long de sa joue. Unique. Et avec elle, l’ensemble des choses qu’elle aurait voulu faire ou dire, si elle avait été amoureuse. Mais c’était terminé, elle ne se ferait plus avoir. Elle ne s’accrocherait plus à personne, comme une nouée. Elle était seule. Avec sa bête. Cela lui suffirait à partir de cet instant.