| par Invité Mer 21 Sep - 20:32
| Elle répliqua d’une voix douce :
- Ne t’en fais pas, ce n’est pas un problème.
Lorsque j’eu terminé de parler, elle sourit et donna suite à ma phrase :
- Si superficiels, indifférents et ennuyeux ? Ils se donnent de grands airs sans se douter qu’ils ne sont qu’en bas de la chaîne alimentaire ? C’est ça que tu voulais dire ?
A son sourire s’ajouta un haussement de sourcil que je trouvais tout à fait charmant. Pensait-on tout deux la même chose des humains ? Avais-je enfin trouvé quelqu’un qui comprenait un tant soit peu ma façon de penser ? Seules des discussions futures nous le dirait… Pour ma part, j’avais vraiment du mal à décrire ce que je pensais des humains, comment je les voyais. A peine commençai-je à y penser que tous les pires adjectifs qui existaient se percutaient dans ma tête en une gigantesque vague de haine qui ravageait tout ce à quoi je pensais avant. Inutile de dire que, vu comme j’étais sensible à ce sujet, cela arrivait souvent !
- Peut être… souris-je embarrassé de ne pas savoir moi-même ce que je pense précisément d’eux.
Je plongeai à nouveau dans son regard doré, une fraction de seconde. Etrangement, j’eus l’impression d’y lire comme un point commun avec moi : une vie faite de souffrance causé par les humains. Je ne savais absolument pas ce qui avait bien pu lui arriver, mais cette intuition me sembla tout à fait légitime. Pour la suite j’aurais eu à lui demander, et la question commença à tourner dans ma tête, à me brûler les lèvres. Mais je n’osais pas la poser : après tout ce n’était pas mes oignons ! Et elle n’avait peut être pas envie d’en discuter par ce temps et ce calme aussi agréable ! Je la forçai à se mettre de côté, la frappai pour qu’elle disparaisse.
- A propos je ne me suis pas présentée, je m’appelle Amarra, dit-elle d’une voix douce accompagné d’un sourire.
Amarra… Un prénom à la fois doux et sauvage. Je jugeai simplement aux sonorités : la première partie du nom sonnait avec douceur et beauté et la dernière griffait presque l’oreille avec le son « r », -rra… Comme rage.
Son prénom me tourna pendant quelques secondes dans la tête. Je me le re-prononçais, le répétais infiniment, faisait danser ses sonorités dans ma tête, décomposais ses sonorités, inventais presque un refrain…
Sauf qu’en attendant je ne répondais pas. Ce que je me sentais con !
- Oh, euh… Je m’appelle Filgide. Mais appelle-moi Fil’ souris-je bêtement.
Je la regardai se tourner vers le spectacle naturel et silencieux, discret, de la forêt. La fine pluie faisait remonter nombres d’odeurs des mousses, de la terre, des feuilles et des écorces, embaumait l’air de senteurs si particulières et agréables… Que je me demandais pourquoi je n’étais pas venu ici auparavant.
Mais je notais que la note florale et légèrement fruitée, sous les odeurs de sang, provenait d’Amarra, et de nulle part ailleurs. M’en étonnais-je ?
Etrangement, non…
Les oiseaux chantaient ce chant si spécial, comme réservé pour louer la pluie qui venait laver le sol et l’irriguer, promettant de longues années de vie supplémentaires. Ce chant doux, comme une berceuse naturelle. Je me sentais étrangement bien, enveloppé dans ce feuillage humide et ces sons si cristallins… Sans doute mes pensées animales…
- Puisque tu es en vacances, autant en profiter non ? Ca te dit une petite course dans les bois ?
Comme prise d’une envie de jouer, elle semblait prête détaler, plus vive qu’une biche, plus rapide aussi. Un sourire en coin étira mes lèvres. Je n’avais qu’une exigence avant le top départ…
- Est-ce qu’on pourrait aller laver tes mains couvertes de sang ? L’odeur reste assez forte et me dérange un peu dans cet endroit… Désolée de te faire attendre… Je crois que plus loin, il y a un ruisseau.
Quelque peu embarrassé, j’avouai juste après :
- Et tu serais bien plus belle sans toute cette hémoglobine sur toi !
Immédiatement après, pour dissimuler mes joues rouges, je lui fis dos et commençai à revenir sur mes pas, le trajet inverse à celui que j’avais fait pour venir ici, il m’avait semblé avoir entendu couler un cours d’eau non loin.
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