| par Invité Lun 5 Jan - 19:36
| L’odeur de la sueur demeurait omniprésente dans l’air, masquant les autres pour finir par ne plus irriter que l’odorat de la lycanne, supérieur à la normale. Elle qui adorait fréquenter la salle d’entraînement, seule à donner des coups pour évacuer son trop plein d’énergie ou avec quelques partenaires, histoire de ne pas perdre en technique de combat rapproché, pour le coup, Calypso commençait à regretter de s’y être rendue. Contrairement à d’ordinaire, il y avait beaucoup de monde. La raison ? Avec ce froid, très peu de ses collègues et subordonnés se portaient volontaires pour effectuer des missions de reconnaissance à l’extérieur. Résultat, ils se pressaient davantage dans la salle d’entraînement, sans doute pour convaincre leur hiérarchie qu’ils ne prenaient pas du bon temps pour autant, en plus d’essayer de se donner bonne conscience. Pour une créature dont la température corporelle était plus élevée que la norme, la représentante ne comprenait pas ce type de raisonnement. Si son poste actuel ne l’empêchait pas de prendre part à quelques descentes au cœur du quartier dévasté pour tenter de débusquer d’éventuels rassemblements illégaux de possibles individus appartenant aux rebelles, alors elle se serait fait un véritable plaisir d’y aller ! Non pas que le travail de bureau l’ennuyait, sinon, elle n’aurait pas cherché à travailler dans une entreprise en tant que chef de groupe mais une partie d’elle-même préférait l’action au tri de paperasse. Alors que cette pensée traversait son esprit, Calypso vit arriver le coup de son adversaire du coup de l’œil. Sa réaction fut immédiate et trop vive pour l’autre : bloquant le coup de ce dernier, elle riposta dans la foulée par un crochet droit bien senti. Ce n’est qu’en voyant son adversaire se reculer brusquement, une main en train de frotter sa mâchoire endolorie, que la jeune femme réalisa qu’elle s’était un peu trop emportée. Pas au point d’arracher la mâchoire de son partenaire d’entraînement, fort heureusement pour lui d’ailleurs, mais trop à son goût !
« Excuse-moi Enes… Je ne voulais pas te faire mal… »
L’intéressé continua de se masser le bas du visage pendant quelques minutes supplémentaires, s’assurant par-là que rien n’était cassé ou qu’il n’avait pas perdu de dents au passage. Ce fut avec un sourire qui se voulait rassurant qu’il releva les yeux en direction de son amie de longue date.
« Qu’est-ce que tu racontes ? Tu m’as à peine effleuré ! »
« Oh ? J’en conclus que tu en redemandes ? » répliqua la représentante.
Les grimaces de son interlocuteur visant à lui faire comprendre que, non, il n’était pas spécialement intéressé pour reprendre le combat, achevèrent de lui rendre sa bonne humeur. Enes était le mieux qualifié pour replacer un sourire sincère sur ses lèvres. L’espace d’un instant, ce dernier parvint même à lui faire oublier la raison première de sa présence en ces lieux. Bien sûr qu’elle désirait s’entraîner, ça oui mais…
« Quelque chose te tracasse ? Tu retiens davantage tes coups d’ordinaire… »
Le corps de la jeune femme fut pris d’un tressaillement. Sans le vouloir, l’hybride venait de lui rafraîchir la mémoire. Ce souvenir qu’elle gardait pour elle depuis plusieurs semaines déjà. Le fait qu’elle se soit transformée en pleine ville passait encore à ses yeux mais pour s’en prendre ensuite à une habitante, ça, elle ne se le pardonnait pas. Que penseraient donc les citoyens de l’Avventura s’ils apprenaient que même les représentants, chargés de leur assurer paix et protection, devenaient incontrôlables aussi facilement ?
« Non, ça va aller, je te remercie. » mentit-elle.
Même si au fond, elle se doutait bien que son ami ne serait pas dupe. Ce dernier jugea plus utile de ne pas insister pour le moment, sachant qu’ils n’étaient pas seuls et qu’il serait délicat que d’autres membres des forces du Cercle aient vent de sa mésaventure. Calypso le remercia pour le combat, en s’excusant encore une fois pour le coup qu’elle lui avait porté et s’en alla du côté de ses appartements. Etre une lycanne ne l’empêchait pas de transpirer et elle avait besoin d’une douche. Elle se hâte donc de rejoindre ses quartiers et sitôt la porte refermée sur elle, elle soupira d’aise. Des odeurs familières lui chatouillèrent les narines. C’était bon de se retrouver chez soi ! La jeune femme ne perdit pas une minute et se retrouva sous l’eau chaude. Cela lui fit plus de bien qu’elle ne l’aurait cru, même si elle n’avait pas froid. C’était toujours plus agréable qu’une douche gelée ! Prenant le temps de savourer ce moment, Calypso jugea qu’elle avait suffisamment profité des ressources en eau chaude et sortit de la douche. Après s’être correctement essuyée, elle se rhabilla, n’ayant aucune envie de traîner en pyjama toute la soirée. Un pantalon assorti à ses yeux ainsi qu’un pull au col roulé noir, lui suffirent. Sans compter les sous-vêtements dont la couleur exacte restera secrète chers lecteurs. Et maintenant ? La représentante ne savait pas comment occuper sa fin de journée. Cuisiner un peu ? Elle désirait s’améliorer de ce côté mais avec son humeur vacillante, elle doutait d’en être capable. Cette fois, une odeur doublement familière se fit sentir, peu de temps avant que les coups contre sa porte ne résonnent. L’instant d’après, Lily pénétrait dans son salon. En la voyant avec ce sourire radieux sur le visage, la lycanne ne put s’empêcher de lui sourire en retour. Et ce, malgré son malaise qu’elle voulait dissimuler. L’étreinte de son amie la surprit mais Calypso y répondit avec plaisir. Et si Lily ne l’avait pas reconnue ce jour-là ? Non, elle l’avait clairement entendue prononcer le diminutif de son prénom… Ah, ce qu’elle pouvait détester ses sens améliorés parfois !
« Moi aussi Lily mais que me vaut cet honneur ? » répondit doucement la représentante.
Finalement, sa voix était plus assurée qu’elle ne l’aurait imaginé et elle s’en félicita intérieurement. En guise de réponse, son interlocutrice lui tendit un sachet en plastique dont l’odeur ne laissait aucun doute sur son contenu. Surprise, Calypso baissa les yeux en direction dudit sac. Les explications de son amie lui firent vraiment plaisir et la lycanne ouvrit l’une des boîtes pour découvrir de mignons petits ours en chocolat d’après leur odeur ainsi que leur couleur.
« C’est vraiment très mignon et adorable de ta part Lily, merci beaucoup. » ajouta Calypso en souriant.
L’idée de Lily la touchait vraiment beaucoup. Non contente d’avoir pris le temps de cuisiner pour elle deux, la jeune darkness précisait en plus avoir pensé à confectionner des gâteaux en forme de loups. Spécialement pour elle. Comment ne pas craquer devant tant de gentillesse ?
« Mais tu ne travailles pas ce soir ? »
Tout en écoutant la réponse de son invitée, la lycanne entreprit de la débarrasser de son sac en plastique et l’informa qu’elle pouvait aussi bien jeter son manteau sur le canapé derrière elle, à moins de lui préférer le porte-manteau situé près de la porte d’entrée. Elle avait pris ses congés donc ? C’était tout aussi bien pour elle ! Son amie pourrait enfin souffler un peu, elle travaillait suffisamment dur comme ça ! Polie, Calypso lui demanda si elle voulait boire quelque chose et après avoir obtenu le choix de la jeune darkness, la représentante sortit deux verres ainsi qu’une bouteille de vin. Pour l’occasion autant que le savoureux breuvage servi, la lycanne choisit d’abandonner les verres habituels pour leur sortir deux jolis verres à vin. Lorsqu’elle revint avec les verres en question dans une main et la bouteille dans l’autre, l’expression de son amie lui arracha un rire, suivi d’une petite explication :
« Je ne sais pas cuisiner mais au moins, je sais recevoir ! »
Contournant le canapé pour venir déposer le tout sur la table basse faisant office de défense entre la télévision et le canapé, Calypso s’en retourna vers la cuisine : elle avait oublié le tire-bouchon et pas question de sabrer la bouteille de vin grâce à sa force de lycanne ! Une fois l’ustensile trouvé, elle se rapprocha de la jeune darkness et arrivée à proximité du canapé, elle voulut lâcher ce qu’elle gardait sur le cœur depuis trop longtemps à son goût.
« Lily, à propos de ce qui s’est passé dans cette ruelle… Je suis désolée… »
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