| par Invité Jeu 29 Jan - 21:30
| Aline observa d'un œil méfiant, l'homme qui reparait les dégâts qu'il avait causé. Ce brusque changement d'humeur et de situation n'avait rien pour calmer la méfiance de la demoiselle. Bien que cette espèce de tortionnaire semblait avoir finalement décidé de ne plus la faire souffrir, il n'en restait pas moins un inconnu qui la seconde d'avant avait manqué de la faire mourir. Et Aline n'avait confiance en personne, et bien entendu encore moins en les inconnus. Accorder sa confiance trop vite à un sale type qui ne se souciait pas plus d'elle qu'elle ne souciait des malheurs d'autrui, lui avait valu ce qu'elle était aujourd'hui. Sans lui, Aline ne serait peut-être pas devenue une adorable petite folle sanguinaire. Peut-être que sans son apparition dans la vie de la jeune fille innocente qu'elle était jadis, le côté mauvais de la blondinette ne serait jamais ressortit autant. Elle aurait continuait à rendre la vie insupportable à son entourage, mais jamais elle aurait eue la force physique de trucider toute sa famille. Sans lui, elle aurait accepter avec joie d'épouser le jeune homme auquel elle était promise et aurait donné la vie à toute une nichée de marmots bâtis comme elle. Elle aurait perpétué la lignée des Vigu et aurait regardé avec fierté ses enfants devenir des adultes accomplis. Peut-être aussi que sa maladie mentale aurait été détectée à temps, et qu'elle aurait pu vivre confortablement dans une famille qu'elle aurait elle-même construite. Mais tout cela ce n'était que des rêves éveillés, des illusions de petite fille qui jamais ne se réaliseront. Cela ne servait à rien de regretter les erreurs commises, il y a près de 200 ans.
Finalement, elle se reconcentra sur les faits et gestes du secouriste improvisé. Une fois qu'elle eut retrouvé l'usage de son bras, elle l'étira et le fléchit afin de savoir s'il lui serait encore possible de l'utiliser. Elle ne prit d'ailleurs même pas la peine de le remercier de l'avoir soigné.
"- Non je n'ai pas d'autre don. Et oui, je veux bien. Après tout, c'est tout, c'est toi qui m'a mise dans cet état là."
Elle se tut un instant, puis ajouta:
"- Au fait, je pense avoir le droit de te demander ton nom, même si je n'aurai pas recours à la même méthode que toi."
Elle ponctua la fin de sa phrase d'un ton cinglant, pour bien lui faire comprendre qu'elle lui en voulait à mort. Une chose était sûre, ils ne seront pas amis. Aline était bien trop vengeresse et sauvage pour cela. Brusquement, elle se promit de lui faire payer toute la souffrance qu'il lui avait fait endurer. Lorsque l'occasion se présentera, elle la saisira et lui fera mordre la poussière. Peu lui importait qu'il eut été dans l'obligation d'accomplir cette basse besogne sous l'ordre de sa hiérarchie. Peu lui importait qu'il soit plus vieux, plus puissant, plus entrainé ou une autre connerie qui s'y rattache. Elle venait de se jurer de lui faire regretter son acte, et elle tiendra parole, aussi démunie et affaiblie par rapport à lui fût-elle. Elle saura attendre le moment propice aussi longtemps qu'il le faudra. Aline pouvait être très patiente quand elle avait quelque chose en tête. Et puis après tout, n'avait-elle pas l'éternité devant elle?
L'expression de son visage enfantin changea peu à peu. Son air perdu et affaibli la quitta comme par magie, et elle redressa ses épaules voutées avec un air de défi. Le menton haut et un sourcil relevé d'une manière résignée, elle le toisa de son regard dur et froid qui n'avait plus rien à voir avec sa face de chien battu qu'il y a quelques minutes. La Aline qui avait l'air traumatisée par les gestes de violence de cette espèce de gardien de prison brutal, avait disparu en l'espace de quelques instants. Elle ressemblait désormais à une princesse offensée qui se drapait dans sa dignité juste le temps qu'il lui fallait pour ruminer sa vengeance.
"- Si j'ai la chance de sortir de ce trou à rat vivante, je te jure que je te ferai payer par n’importe quel moyen ce que tu m'as fait. Je me contre-fiche éperdument que tu ai agi pour servir une cause, un tyran ou je ne sais pas quoi. Je te le ferez payer et tu peux en être certain !" lui hurla-t-elle au visage.
Elle repoussa brutalement, et se retrouva debout en un instant. Ses blessures protestèrent douloureusement et elle fût sur le point de s'écrouler. Mais son désir de vengeance et sa haine étaient les plus forts. Ils lui donnèrent la force de s'élancer vers la sortie et de dire d'un ton qui ne laissait pas place à la réplique:
"- Et maintenant, laisse moi partir. J'en ai assez entendu pour aujourd'hui ! Et au passage, dis moi où se trouve Aéris. Tu en t'imagines tout de même pas que je vais la laisser croupir dans ce taudis !"
Puis brusquement elle s'arrêta, stupéfaite par ses propres paroles. Comment, elle monstre d'égoïsme, pouvait-elle penser à quelqu'un d'autre qu'à sa précieuse carcasse. Et en plus, elle pensait à cette petite peste qu'elle ne pouvait pas s'encadrer. Enfin, c'est ce qu'elle croyait. Car quelqu'un qu'elle ne pouvait vraiment pas se voir, elle le laisserait crever ici sans le moindre remord. Mais là, ne n'était pas pareil. Bizarrement, ne plus se soucier du destin de cette jeune fille serait manquer à son devoir pour Aline. Même si, jusqu'à maintenant, elle avait trop manqué à son devoir pour s'offusquer d'y manquer aujourd'hui.
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