Avventura
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Message par Invité Mar 26 Aoû - 15:32

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« Vous n'avez pas le droit de faire ça ! »

La voix de l'étudiant rendue aiguë par la peur et l'angoisse résonna de manière irritante à ses oreilles. Arquant un sourcil, plus amusé  dans le fond que réellement perplexe quant aux propos de son interlocuteur, Jilan lui lança un regard en biais, levant les yeux de ses papiers l'espace de quelques secondes. Pour un peu, il regrettait presque d'avoir fait venir ce pathétique humain dans son espace vital. Il lui cassait les oreilles depuis plusieurs minutes, à brailler et à se lamenter sur son sort, comme tous ceux de son espèce. Enfin, ce n'était que l'aspect extérieur du problème. En soi, le Lightness appréciait de tourmenter le malheureux concernant son avenir au sein des murs de l'université. Être professeur présentait certes des inconvénients, notamment le fait de côtoyer la marmaille qui se voulait être la nouvelle génération de la ville et de ses environs. Mais d'un autre côté, il possédait la main-mise sur cette même « marmaille » grouillante. Et le moins que l'on puisse dire, c'était qu'il s'amusait comme un fou à gérer ses étudiants...

 « Pas le droit ? Je vous rappelle la raison de votre présence dans mon bureau ? Vos notes sont médiocres, il est dans votre intérêt de reconsidérer votre orientation professionnelle. Vous ne validerez pas le prochain semestre à venir, inutile de poursuivre dans cette voie. Je ne fais que vous rendre service. » déclara t-il le plus naturellement du monde à l'intention de l'étudiant.

« Mais je peux encore bien faire ! Laissez-moi une autre chance ! »

Un soupir franchit les lèvres du jeune professeur. A cet instant, face à l'insistance de son interlocuteur, les mauvais côtés de son métier lui revenaient en pleine figure. Si cela ne tenait qu'à lui, ce gamin serait en train de suffoquer au beau milieu de son bureau. Mais le Lightness était parvenu à se créer une réputation de parfait humain, tout ce qu'il y a de plus banal en ville, ce n'était pas pour tout foutre en l'air à cause d'un misérable humain un tantinet agaçant. Jilan observa sans les voir, les lèvres de l'étudiant remuer de plus belle, comme pour lui énumérer toutes les raisons possibles et imaginables pour le convaincre de changer d'avis. Comme s'il en avait ce pouvoir... Sa décision était prise bien avant l'arrivée du garçon dans son bureau. Sa plaidoirie, aussi calculée et minutieuse était-elle, n'y changerait strictement rien. N'en avait-il pas conscience ? Ou bien se débattait-il avec désespoir dans les filets du destin ? Typique des humains. Même lorsque la fatalité venait frapper à leurs portes, ils trouvaient encore le moyen de se rendre encore plus pathétiques qu'ils ne l'étaient en temps normal... Cependant, la patience du jeune professeur semblait atteindre ses limites. Il lui fallait mettre un terme à cet entretien inutile. Le regard hétérochrome alla se poser un bref instant sur l'horloge accrochée au-dessus de l'unique porte de la pièce. Dire qu'il avait prévu d'aller jeter un œil du côté des laboratoires, histoire de voir où en était sa petite élève. Mieux valait pour Adélaïde qu'elle ait avancé dans ses recherches, car au vue de l'humeur du Lightness, elle risquait de passer un sale quart d'heure dans le cas contraire.

 « Bien, nous en avons terminé pour aujourd'hui. Vous recevrez votre lettre de renvoi de l'université dans les premiers jours. Vous ne pourrez plus vous réinscrire dans cette licence. Je vous prie de sortir de mon bureau à pré- »

« Espèce d'enflure ! » répliqua l'étudiant sans même lui laisser le temps de finir sa phrase.

Doublement irrité dans le fait d'être coupé par un humain insignifiant puis insulté par le même individu en question, Jilan plongea son regard dans celui de son interlocuteur. Ce dernier eut un mouvement de recul en voyant la lueur au fond des iris de couleur différentes du jeune professeur. Son agacement était monté d'un cran et se rappeler de l'endroit où il se trouvait lui permit de garder la tête froide en apparence seulement. L'envie de lui faire ravaler ses propos le tenaillait méchamment et le Lightness dut se contenir pour ne pas céder à la tentation. Conserver sa couverture de professeur sans problèmes. Ne pas perdre son poste. Son métier. Lorsqu'il reprit la parole pour ne prononcer qu'un seul mot, sa voix était glaciale et ne permettait pas la moindre protestation.

 « Dehors. »

L'étudiant eut un sursaut et ne perdit pas une seconde pour s'exécuter. Le jeune professeur émit un second soupir, de soulagement cette fois-ci. Une minute de plus et son masque serait tombé. C'était déjà limite à travers son regard mais peut-être que son interlocuteur le mettrait sur le compte de la colère d'avoir été insulté. Probablement. Très certainement. Jilan bascula en arrière pour s'enfoncer dans le dossier de son fauteuil. Fermant les yeux quelques instants, il essaya d'améliorer son humeur en songeant à la perspective de progrès de la part de la petite étudiante albinos. Laquelle n'avait pas un caractère facile pour autant... Le Lightness s'immobilisa alors puis donna un violent coup dans la tasse qui se trouvait sur le meuble devant lui avec son avant-bras. Une étudiante lui avait offert l'objet lors de la dernière Saint Valentin et le jeune professeur l'utilisait parfois pour prendre le café tranquillement dans son bureau. La tasse vola à travers la pièce pour aller se fracasser contre l'un des murs, évitant de justesse la première rangée de bibliothèque où il conservait ses précieux livres. Une chance qu'elle était vide au moment du vol plané, seuls des débris de verre opaque se répandirent sur le sol. Et du travail supplémentaire pour la femme de ménage tiens ! Décidant que le moment était venu de partir pour le laboratoire, Jilan prit appui sur le meuble avec ses paumes quand une légère douleur dans sa main gauche le fit tiquer. En baissant les yeux, il découvrit une coupure peu profonde, probablement due au verre brisé de la tasse. Qu'à cela ne tienne, ce n'était pas ce genre de blessure qui avait tué quelqu'un par le passé non ? Le Lightness quitta son bureau sans un regard en arrière. Tous les papiers les plus importants l'attendaient chez lui, il n'avait plus rien à faire dans cet espace restreint qui était le sien. Quelques étudiants flânaient ci et là dans les couloirs. Les cours n'ayant pas encore repris, tous attendaient la finalisation de leurs inscriptions respectives. La fin des vacances était maintenant une réalité pour tous. Le jeune professeur prit machinalement la direction de l'aile réservée aux laboratoires. Ici, le nombre d'individus rencontrés en chemin se réduisait à vue d’œil. Jilan ne prit pas la peine de s'attarder sur ce détail mathématique et frappa à la porte de l'un des laboratoires. Oui, il avait pris la peine de retenir celui dans lequel on autorisait les allées venues de l'étudiante albinos. Sans même attendre une réponse de la part de l'intéressée, il rentra aussitôt après...pour y découvrir un désordre sans nom. Des pages vierges ou gribouillées sur toutes la longueur s'entassaient sur le sol. Des fioles de toutes les formes, contenant des produits aux couleurs variées, se côtoyaient sur les quelques meubles blancs présents dans la petite pièce. Une odeur de renfermé régnait à l'intérieur, si bien que le Lightness plissa le nez. Au moins, Adélaïde semblait utiliser cette pièce à sa juste valeur...

 « Adélaïde ? »

Chose étrange, ses yeux n'avaient pas encore aperçu la silhouette de la petite albinos. S'était-elle absentée pour une durée indéterminée ? Si c'était le cas, le jeune professeur lui ferait remarquer que le laboratoire restait encore la propriétaire de l'université, que si jamais un surveillant ou l'un de ses collègues venait y jeter un œil, les réprimandes lui seraient adressées ! Peu désireux de rester sur place, bloquant l'accès à la porte de la même manière, Jilan se risqua à faire quelques pas à travers la pièce. Il lui fallait ouvrir la fenêtre pour laisser rentrer un peu d'air frais sur place. Ensuite, il s'intéresserait aux expériences en cours...

Message par Invité Mar 26 Aoû - 16:59

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Ce fichu bureau ne mesurait pas plus d'un mètre cinquante de large ! Conclusion hâtivement confirmée, il s'avérait bien trop petit pour les calculs gargantuesques d'Adélaïde qui ne chômait pas. Depuis qu'elle avait quitté le néko, elle n'avait eu de cesse de travailler sur ses nouveaux produits. Cela faisait désormais trois jours qu'elle vivait dans la même pièce. La jeune humaine n'avait quitté le laboratoire que plus tôt dans la matinée pour se doucher et se changer en quelques minutes seulement. Elle n'avait guère plus de temps à accorder à son confort personnel. Ce qui ne semblait d'ailleurs pas être l'avis de tout le monde. La femme de ménage était effectivement passée le premier soir et avait été scandalisée par l'état de la pièce. Restes de repas dans la poubelle, mauvaises odeurs dues tant aux produits chimiques qu'à la fermeture de toutes les fenêtres et paperasse étalée sur toute la surface disponible au sol. La pauvre dame avait à peine eu le temps de mettre un pied dans la pièce que la petite humaine l'avait renvoyée dehors à grand renfort de regards noirs. Le panneau "ne déranger sous AUCUN prétexte" présent sur la porte n'était tout de même pas fait pour les chiens ! Zut à la fin ! Si elle ne pouvait même plus travailler en paix, où allait le monde ? Les pensées d'Adélaïde relevant tout de même de l’extrémisme, la femme de ménage lui avait confié un seau accompagné d'une serpillière et d'un désodorisant. Ces trois ustensiles prenaient désormais la poussière depuis deux jours au fond de la salle. Pas de temps à perdre pour le ménage !

Actuellement penchée sur un énième calcul, la jeune femme fronça les sourcils. Quelque chose clochait. Si elle se fiait aux travaux effectués la veille, ses présents calculs étaient erronés. L'albinos prit son crayon entre ses dents et se mit à la recherche des calculs précédents. Elle les dénicha finalement à l'autre bout de la pièce et s'empressa de revenir à son équation paraissant de plus en plus impossible à résoudre. Se creusant les méninges autant que possible, l'étudiante s'adossa au bureau tout en griffonnant quelques chiffres sur un bout de papier resté miraculeusement vierge. Peut-être qu'en faisant ceci... Adélaïde se retint de pousser un cri de joie. Elle venait enfin de trouver la solution au problème ! Il ne lui restait plus qu'à reprendre les essais pratiques sur sa paillasse. Alors qu'elle achevait sa dernière page de calcul, quelques coups résonnèrent à la porte. A croire que personne ne savait lire dans cet établissement... Elle aurait mieux fait de s'installer dans une faculté littéraire tiens. Mais la voix qui résonna eut tôt fait de réfréner ses ardeurs meurtrières. Tiens, tiens, tiens. Il s'agissait là de la voix de son très cher professeur de sciences. Un fin sourire éclaira le visage de la jeune femme. Puisqu'il était présent, autant en profiter pour lui présenter ses avancements. De toute manière, le professeur ne se trouvait certainement dans son laboratoire que l'unique but d'en apprendre plus sur l'avancée de ses recherches.

-Ici. Annonça t-elle en agitant la main, toujours cachée derrière le bureau.

Adélaïde se releva enfin et grimaça en s'étirant. Elle avait tant de courbatures que la moindre parcelle de son corps la faisait souffrir. La petite albinos ne désirait pas le moins du monde perdre ses précieux calculs dont elle tenait le résultat dans ses mains. Elle se dirigea vers le panneau en liège fixé au mur et s'empressa de punaiser sa feuille sur le panneau, en compagnie de quelques autres documents. Jetant un petit coup d'oeil satisfait à son montage, elle se retourna finalement vers le professeur, un sourire narquois aux lèvres.

-Vous pouvez marcher sur les documents éparpillés par terre, il ne me sont plus d'aucune utilité. Affirma t-elle alors que le professeur aérait la pièce sous le regard moqueur de la jeune femme.

Lorsque l'on désirait des résultats, il fallait savoir faire quelques concessions et le confort de la jeune étudiante en avait fait les frais. Bien que cette dernière ne se plaigne pas du fait de s'être lavée le matin même. Cela faisait tout de même du bien. Se dirigeant vers la paillasse où se trouvaient les fioles les plus importantes, la petite albinos fit signe au professeur d'approcher. Avant de débuter son expérience l'humaine s'empara d'un masque à gaz qu'elle confia à son interlocuteur du moment. Après tout, ils ne possédaient pas les mêmes aptitudes.

-La première fois que nous nous sommes rencontrés vous sembliez très intéressé par ma confection d'une arme chimique, j'ai donc creusé un peu l'idée pour élaborer un produit légèrement plus...évolué. Conclut-elle simplement.

Adélaïde s'empara de quelques fioles et commença son mélange, jetant fréquemment quelques coups d'oeil au panneau de liège. En effet, sur ce très cher panneau, se trouvaient toutes les informations recueillies par l'étudiante aux cours des trois dernières journées, sans parler des nombreux calculs acharnés et des comptes rendus des expériences ratées. Une fois que son mélange fut prêt, la petite albinos attrapa l'une des souris sur lesquelles elle devait tester ses produits. Si tout se passait normalement, le petit animal devrait cracher du sang avant de tomber comme une mouche. Ne resterait plus à l'humaine qu'à tester son antidote. Faire mourir un pauvre animal n'était à ses yeux pas nécessaire -bien qu'elle le fasse souffrir. Très concentrée sur ce qu'elle faisait, la jeune femme ne s'occupa plus de son professeur. Les dosages étaient beaucoup trop importants pour qu'elle se permette la moindre erreur d'inattention. Malgré toute sa concentration et toute sa bonne volonté, le produit n'eut pas les effets escomptés. La souris se mit à agir de manière totalement désordonnée, comme si la folie venait de la frapper. L'étudiante administra l'antidote -qui lui fonctionna- à la souris avant de lancer un regard noir à ses fioles et à ses calculs.
Pourquoi cela ne fonctionnait-il pas ?!

-Bon...si vous désirez une arme chimique il va me falloir plus de précisions. Avancer à l'aveuglette sans réellement savoir quel résultat je désire obtenir ne me conduit qu'à des échecs. Soupira t-elle en se passant la main devant les yeux d'un air légèrement fatigué.

Dire qu'elle avait passé deux nuits blanches pour ça... A tous les coups ses dosages n'avaient pas été les bons. Ou alors elle s'était beaucoup trop centrée sur le cerveau et pas assez sur le métabolisme en lui-même ou alors... Perdue dans ses réflexions, l'étudiante se planta devant le panneau de liège, traçant inlassablement les contours de sa cicatrice du bout des doigts, laissant le professeur à ses propres réflexions.

-N'importe quelle suggestions sera la bienvenue, si vous voyez la moindre incohérence là dedans, n'hésitez pas !S'écria t-elle en désignant ses documents punaisés.

Peut-être qu'un avis extérieur l'aiderait. D'autant plus que le professeur s'y connaissait. En temps normal elle n'aurait jamais accepté d'aide extérieure et elle aurait envoyer balader le professeur sous le coup de la frustration mais présentement, elle semblait trop fatiguée et lasse pour envoyer sur les roses qui que ce soit. Quoi qu'elle ne refuserait pas le fait de se passer les nerfs sur quelqu'un...

Message par Invité Mar 26 Aoû - 17:45

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La voix de son étudiante eut tôt fait de lui faire tourner la tête dans la bonne direction, pour apercevoir une petite main très pâle s'agiter au-dessus de l'un des meubles de la pièce, alors même que les siennes s'activaient pour ouvrir la fenêtre du laboratoire. Sérieusement ? Elle travaillait à même le sol ? A califourchon ou bien assise ? Jilan ne sut pas s'il devait s'en exaspérer ou bien s'en amuser, au contraire. L'avertissement de la principale intéressée par se qui se déroulait dans la pièce arrivait un peu tard, aussi le Lightness le balaya d'un simple haussement d'épaules. Il régnait un tel bazar dans le laboratoire que avec ou sans son autorisation pour marcher sur les divers papiers éparpillés sur le sol, le jeune professeur se serait dirigé vers la fenêtre pour mener à bien sa mission. Et qu'elle ne s'avise pas de lui faire un reproche dans la foulée ou sa patience, déjà mise à rude épreuve risquait de céder. L'air frais sur son visage lui fit du bien, éloignant de lui de bien sombres pensées alors même qu'il allait devoir retrouver toute sa capacité d'analyse pour évaluer au mieux le travail d'Adélaïde. Lorsqu'il eut suffisamment respirer l'atmosphère extérieure, le Lightness daigna se retourner en direction de la jeune fille pour s'apercevoir que cette dernière avait quitté sa précédente position. Elle s'était relevée et diriger vers son cheval de bataille semble t-il. Croisant les bras, Jilan l'observa faire avec un drôle de sourire sur les lèvres.

 « Je suis toujours impressionné de voir que l'on peut travailler dans un tel désordre... » affirma t-il sur un ton légèrement moqueur.

Propos qui ne nécessitaient pas véritablement de réponse de la part de la petite albinos. Arquant un sourcil en la voyant lui faire un signe afin qu'il s'approche, le jeune professeur ne put s'empêcher de s'interroger. La direction que prit Adélaïde par la suite le renseigna un peu sur ce qu'elle projetait de faire ou de lui montrer, aussi le Lightness s'exécuta sans un mot. La vue du masque à gaz ne fit que rendre les choses plus sérieuses encore et Jilan ne protesta pas. Il s'en équipa rapidement, intrigué de voir la suite des événements. Est-ce que son élève avait finalement réussi à lui préparer le produit idéal ? L'utilisation d'un tel équipement ne lui permettait pas de s'exprimer de manière claire et audible pour son interlocutrice, aussi le jeune professeur s'en abstint à grand peine. Il mourrait d'envie de lui poser les questions qui lui brûlaient les lèvres mais il allait devoir attendre encore un peu avant d'être en mesure de le faire, afin de satisfaire sa curiosité. Un produit légèrement plus évolué ? Il ne demandait qu'à le voir pour y croire ! Sans aucun état d'âme pour le sort de la malheureuse souris, le Lightness observa les changements opérant sur l'animal. Il ne savait pas quand la démonstration prendrait fin, aussi attendit-il de voir Adélaïde injecter un second produit, pour constater que la souris retrouvait un comportement normal. Alors que la jeune fille reprenait la parole, avec un ton qui frôlait le reproche à son encontre, Jilan prit le temps d'ôter le masque à gaz de son visage. Une chance que la femme de ménage ne soit pas passée à cet instant...

 « Inutile de me faire des reproches. Je voulais voir ce dont tu étais capable avant de te donner des directives précises. Et malgré le fait que j'aurai préféré voir cette souris se tordre de douleur en agonisant lentement, je suis impressionné par ce que tu es capable de faire. Perturber les sens de nos adversaires pourrait se révéler être une arme encore plus utile que celle de répandre la mort. »

Laissant son interlocutrice au fil de ses pensées devant le tableau punaisé de toutes parts, le jeune professeur reposa doucement le masque sur le bureau, parmi les fioles. Lui faire part de ses suggestions concernant la formule qu'elle venait de créer ? Le Lightness fronça les sourcils à cette idée. Il voulait bien lui rendre ce service mais il doutait que ça soit réellement utile dans le sens où, il ignorait ce que son étudiante cherchait à faire.

 « Tout dépend du résultat que tu veux obtenir. Tu as réussi à détraquer les sens de la souris mais si tu voulais la tuer... » commença t-il en venant combler la distance qui les séparait. Tout en restant dans le dos d'Adélaïde, il tendit le bras droit, frôlant la joue de cette dernière au passage pour venir lui montrer du doigt un élément de la liste.  « ...Il te faudra inverser les quantités de ces deux composants. » Tout en parlant, son doigt glissa en direction du second élément pour que la jeune fille comprenne où il voulait en venir.  « Le mélange est bon, tous ces éléments ensemble peuvent se révéler mortels, mais le dosage n'était pas parfait. Et si tu veux amplifier les symptômes sans pour autant raccourcir le supplice, je supprimerai également ce composant-ci. »

Voilà qu'il venait de beaucoup parler pour une fois. Jilan avait la sensation de refaire un cours sur la manière la plus cruelle de donner la mort par empoisonnement. C'était de loin le cours le plus intéressant qu'il eut l'occasion de donner ! Même si son auditoire se résumait à une seule et unique personne, le jeune professeur n'avait pas l'impression de perdre son temps comme c'était parfois le cas pendant certains de ses cours magistraux. Le Lightness s'écarta alors de son étudiante pour revenir s'appuyer contre l'un des meubles de la pièce, croisant les bras. Son esprit abandonna un moment les calculs de dosage d'Adélaïde et le sort de la souris pour se préoccuper de la raison de sa venue en ses lieux. S'il avait accepté la petite humaine dans ses rangs, c'était parce qu'il plaçait de grands espoirs en elle. Peut-être qu'il était temps de lui confier une mission plus importante encore ?

 « Je pense que cette paix a suffisamment duré. Il faut que les habitants reconnaissent notre existence et pour cela, nous allons frapper fort. Là où ils ne s'y attendront pas. Penses-tu être en mesure de développer un virus capable de se répandre dans les airs ? Dont les conséquences seront la mort, avec le plus de souffrances possibles au cours de l'agonie. »

Et si elle lui rétorquait qu'il était le mieux placé pour créer ce genre de produit mortel ? Compte tenu du fait qu'il venait de l'éclairer sur la liste de composants et le dosage en lui-même de sa précédente formule ? Jilan ignorait depuis combien de temps son étudiante travaillait dessus. Peut-être que la frustration lui ferait baisser les bras ? Le regard hétérochrome ne quittait plus le dos de l'intéressée et même si cette dernière se retournait à ses instants pour le dévisager, les iris aux couleurs différentes se tenaient prêts à se planter dans ceux, sanglants, d'Adélaïde pour attendre sa réponse finale.

Message par Invité Mer 27 Aoû - 15:45

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Il fallait tout de même avouer qu'un peu d'air frais faisait du bien, tout comme la caresse des rayons du soleil sur sa peau pâle. Adélaïde s'écarta toutefois bien vite de la zone nouvellement ensoleillée, revenant vers l'ombre fraîche environnant le tableau de liège. Bien que la chaleur du soleil soit agréable, la petite albinos ne pouvait se permettre d'y rester exposée trop longtemps. Tirée de ses pensées par la voix du jeune professeur, l'étudiante esquissa un sourire malin en entendant sa remarque sur le désordre de la pièce. Habituée à travailler dans de telles conditions, la jeune femme ne s'apercevait même plus de la pagaille qu'elle semait derrière elle. Finalement désireuse de montrer ses avancées à son interlocuteur, l'humaine lui confia un masque à gaz et s'empressa de débuter son expérience. Expérience qui s'avéra totalement ratée aux yeux de l'étudiante qui, passablement excédée, ne se gêna pas pour le faire remarquer à haute voix. Ce à quoi le professeur répondit aussitôt. Minute. Venait-elle de passer un test sans même s'en rendre compte ? Et si ce qu'elle avait montré à son professeur à l'instant ne lui avait pas plu, que se serait-il passé ? Préférant ne pas s’appesantir sur le sujet pour le moment, Adélaïde note toutefois dans un recoin de sa tête de questionner le jeune homme à ce sujet. Visiblement, ce qu'il avait vu l'avait satisfait bien qu'il eut vraisemblablement préféré quelque chose de plus douloureux. Néanmoins frustrée de son échec, la petite humaine se planta devant le panneau de liège et recommença à l'observer en long, en large et en travers afin de trouver son ou ses erreurs. Ce produit aurait du conduire l'animal aux portes de la mort et non pas de la folie. La jeune femme finit même par demander son avis à son professeur, après tout, peut-être aurait-il une réflexion plus intelligente que la plupart de celles données par ses confrères ? Il fallait dire que la plupart du temps la petite albinos s'avérait capable de faire le cours à la place de l'enseignant.

L'humaine suivit du regard le doigt de son professeur lui indiquant ce qu'elle aurait du faire si elle avait souhaité rendre son produit mortel. Extrêmement attentive aux propos du jeune homme, Adélaïde enregistrait chaque information dans son cerveau afin de pouvoir les réutiliser efficacement plus tard. Éberluée, la petite étudiante fixait avec attention les différents points soulevés par son interlocuteur alors que tout semblait s'assembler avec une logique implacable dans sa tête. Il était vrai que vu sous cet angle...cela changeait automatiquement la donne.

-Et rajoutant ces deux composants ci, nous serions en mesure de ralentir les effets mortels du produit, prolongeant par la même occasion l'agonie. Enchaîna t-elle avant de pousser un sifflement d'admiration.

Adélaïde ne pouvait s'empêcher d'être impressionnée, bien qu'elle ne l'admettrai ô grand jamais de vive voix, par son professeur. Il avait le mérite de savoir de quoi il parlait et de connaître son sujet sur le bout des doigts, semblant même réellement passionné par la confection d'un produit capable de tuer dans d'atroces souffrances. Ce n'était pas la petite albinos qui irait s'en plaindre, elle pouvait au moins s'adresser à quelqu'un qui la comprenait quand elle parlait. Chose par ailleurs plutôt rare au sein de cette université. Très concentrée sur les propos du professeur et de ses propres conclusions, l'humaine se rendit vaguement compte que le jeune homme s'éloignait pour aller s'adosser à l'un des meubles présents dans la pièce. La voix de son interlocuteur la força néanmoins à quitter ses pensées pour se concentrer sur ses propos. Un produit capable de donner la mort tout en causant un maximum de dégât avant que cette dernière ne vienne délivrer la pauvre victime ? Maintenant que son panneau de liège venait de retrouver tout son sens, elle serait certainement capable de créer un tel produit dans de courts délais. Pesant ensuite le pour et le contre de la diffusion aérienne, l'étudiante prit la parole.

-Avec un professeur pareil, je suis en mesure de concocter un tel produit, oui. Commença t-elle avec un sourire en coin avant de reprendre plus sérieusement tout en se tournant vers son professeur, plongeant ses iris pourpre dans le regard hétéro chrome de son interlocuteur. Pour la diffusion par voie aérienne, ce serait plutôt à l'échelle d'un bâtiment ou d'une ville ?Le questionna t-elle finalement.

Compte tenu des propos du jeune homme, il ne fallait pas avoir peur de voir les choses en grand. Le cerveau de l'albinos se mit alors à tourner à toute allure, les différentes solutions s'imposant à elle, créant divers liens, entraînant fatalement des conséquences plus ou moins souhaitables. Adélaïde sortit de ses pensées, s'empara d'une feuille restée miraculeusement immaculée et d'un stylo et commença à prendre des notes aussi rapidement que ses articulations le lui permettaient.

-Je vais avoir besoin besoin d'un maximum de détails, les effets que tu recherches et ceux que tu veux éviter. Annonça t-elle en abandonnant le vouvoiement sans plus de cérémonies. Je suppose que si je te fournis un tel produit, tu ne désireras pas en être victime, dois-je prévoir un antidote et si oui combien de doses environ et par quel moyen de transmission ?

Tant de questions et de raisonnements s'enchaînaient dans l'esprit de la jeune femme qu'elle ne pouvait tout formuler à la fois pour son plus grand agacement. A quoi cela servait-il d'être dotée d'un cerveau performant si le corps ne suivait pas le rythme ?! Un doute étreignit soudain la jeune humaine qui, emportée par le fait de pouvoir mettre au point un produit normalement interdit, n'y avait pas portée la moindre attention plus tôt. Le jeune professeur comptait-il tuer toute la population de l'Avventura ? Car si le virus était transmissible par les airs, il n'y avait aucune garantie qu'il ne s'étende pas plus loin que prévu. Comment, au juste, l'instituteur comptait-il gérer tout ceci ? Tout ceci ne la concernait pas plus que cela mais elle ne pouvait s'empêcher de se poser la question.

-Comment comptes-tu gérer le virus ?

A peine la petite humaine eut-elle le temps de refermer la bouche que la femme de ménage entra dans la pièce. L'albinos ne bougea pas d'un yota mais son regard fut si noir et furieux que la pauvre femme resta sur le pas de la porte avant de tourner les talons en bredouillant quelques excuses incompréhensibles. Ne restait plus qu'à espérer que cette idiote ne vienne pas les déranger une fois de plus ou elle risquait fort de remplacer cette très chère souris. Dardant toujours ses prunelles ensanglantées sur la porte d'un air furieux, la jeune femme replongea aussitôt dans ses pensées. La femme de ménage avait simplement entendu le mot virus, quoi de plus banal dans un laboratoire ? De plus, elle n'avait pas pu être infectée, se trouvant à l'autre bout de la pièce. En additionnant ceci au regard noir de l'humaine, la femme se tairait certainement et ferait profil bas comme à sa bonne vieille habitude.

Message par Invité Mer 27 Aoû - 16:56

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Constater que ses explications n'étaient pas tombées dans l'oreille d'une sourde et qu'Adélaïde voyait parfaitement où il voulait en venir sans même avoir besoin d'exprimer son idée à voix haute, le Lightness ne cessa de sourire. Vraiment... Cette petite avait beau être insolente et extraordinairement désordonnée, il fallait admettre qu'elle avait du plomb dans la cervelle comparée à bon nombre de ses camarades de promo. Si seulement tous ses étudiants pouvaient être aussi perspicaces et appliqués dans leurs travaux... Son monde s'en trouverait plus agréable, vraiment ! Même si les tourmenter un peu ne lui déplaisait pas non plus ! Le silence de son interlocutrice concernant sa requête nécessita toute son attention. Pesait-elle le pour et le contre ? Ou bien cherchait-elle une manière de lui formuler une réponse polie, bien que négative ? Du peu qu'il connaissait de l'intéressée, Jilan doutait que cette dernière prenne vraiment le temps de choisir ses mots avec soin lorsqu'elle avait quelque chose à dire. Cela faisait son charme et la rendait insupportable à la fois. Ce n'était pas déplaisant d'avoir en face de soi une personne avec un peu de répondant de temps en temps mais les manières de la petite albinos agaçaient très rapidement. Le jeune professeur savait qu'il devait prendre du recul suite à tout ce qu'elle pourrait lui rétorquer. Pourtant, les premiers mots qui franchirent les lèvres de son étudiante faillirent lui arracher un rire.

 « J'ignorais que tu faisais dans la flatterie Adélaïde... » rétorqua t-il sur un ton amusé, n'attendant pas vraiment de réponse de la part de son interlocutrice.

La suite en revanche, le fit redevenir plus sérieux que jamais. L'échelle du virus ? A vrai dire, il n'y avait pas vraiment réfléchi pour le moment et même si la perspective de l'étendre sur la ville toute entière lui plaisait terriblement, frapper à des endroits stratégiques pourrait se révéler extrêmement intéressant et perturbant pour leurs adversaires. Le Lightness savait qu'il devait une réponse pertinente à son étudiante, pourtant, à en juger par l'expression de cette dernière, même s'il avait ouvert la bouche à cet instant précis, quelque chose lui disait que l'esprit d'Adélaïde était à des kilomètres de lui. Elle réfléchissait déjà à quel genre de produit elle pourrait lui fournir avant même d'avoir plus d'éléments que le simple terme de « virus transmis par les airs » ? Étonnant à quel point elle pouvait être distraite par le moindre petit indice laissé en suspens... Avant qu'il ne se décide à lui donner une réponse, la jeune fille s'était mise en mouvement pour aller chercher de quoi écrire semble t-il. De nouvelles questions franchirent ses lèvres, à tel point que Jilan dut lever une main dans les airs pour lui signifier de se taire. La personne en face de lui était certes déterminée et un génie dans son domaine de prédilection mais il devait veiller à ce qu'elle ne parte pas dans tous les sens comme il lui semblait à ce moment précis. L'abandon du vouvoiement ne lui plut qu'à moitié et le jeune professeur lui fit comprendre à travers un regard en biais. S'il se permettait de la tutoyer, c'était uniquement parce qu'il était son supérieur direct à bien des points de vue et non un simple camarade de classe. Ce n'était en aucun cas à interpréter comme un manque de respect vis-à-vis de la principale intéressée, quoiqu'en dise. Mais Adélaïde ne devait pas oublier sa position envers lui et si ses capacités n'étaient pas utiles au groupe terroriste, elle aurait pu regretter le changement de personne dans ses phrases. L'intervention de la femme de ménage finit de l'agacer complètement et le Lightness dut prendre sur lui pour ne pas jeter un regard noir à la nouvelle venue. La pauvre paraissait déjà suffisamment embêtée sous le regard menaçant de l'étudiante...

 « On ne tutoie pas son professeur Adélaïde... Bon, reprenons... Le virus que nous allons étudier cette année... »

Certains jugeront que sa prudence était excessive. D'autres prétendront qu'elle se voulait efficace. Aux yeux du jeune professeur, il valait mieux éviter de laisser fuir quelques informations par mégarde et créer un quiproquo qui pourrait leur attirer des ennuis par la suite. En soi, il doutait que cette pauvre femme puisse représenter un jour une quelconque menace mais ce genre d'individus avait tendance à avoir la langue bien pendue. Jilan n'avait pas la moindre envie que les dires de cette femme tombent dans la mauvaise oreille. Il avait suffisamment d'ennuis avec le responsable de sa licence pour en plus s'en rajouter volontairement ! Quand leur interlocutrice eut tôt fait de revenir sur ses pas, le Lightness s'interrompit aussitôt. Sa manœuvre avait-elle fonctionné ? Il espérait que oui, dans le pire des cas, il s'occuperait de cette femme un peu plus tard. Pour l'heure, il avait des choses bien plus intéressantes à faire.

 « Tu m'as demandé plus tôt quelle serait l'échelle de ce virus : simple bâtiment ou ville toute entière. Et je te réponds que les deux réponses sont correctes. » Sourire malicieux aux lèvres, il marqua une courte pause avant de reprendre, conscient que cette seule information ne contenterait pas Adélaïde.  « Le virus sera lâché à partir de points stratégiques dans le but de perturber les services de police chargés de le neutraliser. Mais sa portée finale sera toute la ville puisqu'il se propagera dans les airs. »

Le silence revint progressivement s'installer au sein du laboratoire, à peine troublé par les mouvements du crayon de la petite albinos sur sa feuille de papier encore blanche quelques secondes auparavant. Elle voulait connaître les moindres détails du virus ? Jilan se perdit dans ses pensées avant de porter son regard vers la fenêtre toujours ouverte. Il savait ce qu'il désirait obtenir à l'aide de ce virus mais pouvait-il se permettre d'y ajouter des effets supplémentaires ? Après tout, rien ne garantissait que son plan naissant se passerait exactement comme il l'avait imaginé. Nul n'était à l'abri d'un contre-temps ou d'une réaction plus rapide de la part de leurs adversaires...

 « La finalité du virus sera de tuer, purement et simplement. Mais j'aimerai faire durer les plaisirs, pour que ces idiots comprennent à qui ils ont affaire. Il sera nécessaire de préparer un antidote afin que nos membres soient tous immunisés contre le virus lui-même. Plutôt que le terme « d'antidote » je lui préférerai celui de « vaccin » mais comme tu veux. Néanmoins, ce sera vital pour nous de l'être puisqu'avec la propagation du virus, nous risquons d'être aussi contaminés au passage. Le but n'a jamais été de décimer nos propres rangs. »

Comment il comptait gérer le virus ? Elle était sérieuse ? Le Lightness sentit une euphorie peu habituelle s'emparer de lui et il alla même jusqu'à rire doucement. Non, il n'était pas hilare à ce point mais la question de son interlocutrice avait de quoi l'amuser plus que prévu. Un sourire sadique vint prendre forme sur les lèvres du jeune professeur alors qu'il se reprenait peu à peu et la réponse ne tarda pas à tomber :

 « Un virus ne se gère pas Adélaïde. Je compte le libérer et admirer le spectacle qu'il m'offrira, rien de plus. »

A en juger par l'expression de la principale intéressée, ce ne devait pas être la réponse qu'elle s'attendait à entendre. Mais venant de la part d'un professeur capable d'apprendre à ses élèves à produire de la mort en fioles, à quoi s'attendait-elle vraiment ? Par la suite, Jilan ajouta que si elle n'avait plus de questions, qu'elle se contente de prendre des notes de tout ce qu'il venait de lui communiquer. Laissant le soin à la jeune fille de s'exécuter, le Lightness se replongea dans ses propres pensées, regardant sans la voir, Adélaïde écrire de plus belle sur la feuille blanche. Celle-ci se remplissait peu à peu. Avait-elle besoin d'autant d'éléments avant de passer à l'acte ? Le jeune professeur se retint de soupirer et son regard se posa sur la souris toujours dans sa cage. Après un court moment d'hésitation, Jilan vint l'attraper par la queue pour la sortir de sa prison et la suspendre devant ses yeux. En soi, les habitants de l'Avventura n'étaient rien de moins que cette souris, attendant docilement qu'on se serve d'eux. A la différence près que ces derniers avaient la parole, non les animaux. Est-ce que cela faisait d'eux des êtres plus intelligents ? Rien n'était moins sûr que cette affirmation déplacée...

Message par Invité Jeu 28 Aoû - 14:21

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Dès que la porte se fut refermée sur la femme de ménage, le jeune professeur reprit la parole. Il prit prenant la peine de formuler ses propos avec un soin tout particulier, sachant que la femme pourrait éprouver une légère envie de parler après cette fâcheuse entrevue. Mieux valait tout de même pour cette très chère dame qu'elle sache garder sa langue dans sa poche encore un certain temps. Revenant aux paroles de l'instituteur, l'étudiante leva les yeux au ciel en poussant un soupir exagéré. Adélaïde finissait toujours par tutoyer tout le monde, trouvant que le vouvoiement n'apportait qu'une perte de temps inutile. Ne désirant toutefois pas perdre ce merveilleux petit laboratoire et tout les moyens dont elle disposait actuellement, la petite albinos lança un sourire aimable sonnant atrocement faux à son interlocuteur.

-Vous siérait-il également que je fasse usage d'un langage moins...digne d'un charretier ? Demanda t-elle en faisant référence aux nombreuses injures qu'elle employait lorsque quelque chose la contrariait.

Il fallait dire que son répertoire dans le domaine était extrêmement diversifié et florissant. Affichant un sourire clairement sarcastique, l'humaine prit néanmoins en note ce que son professeur lui disait, redevenant soudainement bien plus sérieuse. Pas que cet échange de bons procédés accompagnés de si bonnes manières l'ennuie, mais ils avaient mieux à faire pour le moment. La jeune femme releva la tête, interloquée. Les deux réponses étaient correctes ? Il voulait propager le virus à l'échelle d'un bâtiment comme à l'échelle d'une ville ? Alors que l'étudiante commençait à entrevoir la réponse par elle-même, le jeune professeur la formula à haute voix. Le raisonnement de l'instituteur semblait loin d'être stupide. Ainsi il assurait la réussite de son entreprise même si l'un des points de propagation venait à être découvert. Hochant doucement la tête, Adélaïde se replongea dans ses notes afin d'y retranscrire quelques informations supplémentaires. En songeant aux informations...il faudrait impérativement qu'elle réorganise son tableau de liège si elle ne voulait pas perdre le fil de ses raisonnements. Ayant bien trop souvent tendance à s'égarer dans ses pensées pour s'embarquer dans des raisonnements complexes, la jeune humaine passait d'un sujet à l'autre sans plus se soucier du précédent. Seul petit bémol, il lui fallait tout reprendre depuis le début, d'où l'idée du panneau de liège qui lui permettait de s'exiler dans ses pensées sans pour autant perdre ses réflexions précédentes. Ce fut encore une fois la voix du professeur qui tira l'albinos de son petit monde. Se concentrant sur les nouvelles paroles de son interlocuteur, la jeune humaine continuer à survoler la feuille autrefois blanche de la mine de son crayon. Que la finalité du produit soit la mort n'étonna pas plus que cela l'étudiante, il suffisait de voir la passion naître sur le visage du jeune homme lorsqu'il en parlait pour deviner que donner la mort lui procurait une certaine satisfaction. Pas étonnant qu'il se soit forgé une solide réputation de professeur tyrannique au sein de l'établissement. Et en plus il désirait "faire durer les plaisirs"... Si Adélaïde avait été une personne mentalement équilibrée, elle aurait sans nul doute veillé à ne jamais, ô grand jamais se retrouver dans le collimateur du professeur. Mais au lieu de cela, la jeune femme esquissa un léger sourire amusé en repensant à son éternel comportement insupportable. A croire que la seule chose qu'elle souhaitait était de mourir dans d'atroces souffrances. Oh et puis peu lui importait, cela aurait moins le mérite d'amener un tantinet d'animation. D'ailleurs, en parlant d'animation, le plan de son très cher professeur promettait de s'avérer divertissant. D'autant plus qu'elle serait certainement le seul être naturellement immunisé contre un tel virus. Que de perspectives d'amusement...

Revenant rapidement à la réalité, l'étudiante écouta à nouveau son interlocuteur. Bien... La création d'un "vaccin" serait certainement la partie la plus délicate puisqu'elle ne pouvait pas tester les effets sur sa propre personne et que les souris ne seraient pas assez utiles. Tester un virus et un vaccin sur des animaux et sur des êtres humains, vampiriques ou encore sur des lycanthrope ne revenait absolument pas aux même. Elle risquait fort de rencontrer quelques malheureux obstacles et son petit doigt lui affirmait qu'il valait mieux pour elle que les rebelles n'en fassent pas les frais. Adélaïde s'empressa donc de poursuivre son raisonnement à haute voix.

-Si je veux pouvoir créer un "vaccin" efficace, il va me falloir des cobayes et si possible plusieurs représentants de chaque races. Conclut-elle en énumérant mentalement les différentes races, possédant presque toutes des systèmes immunitaires différents. Pensez-vous être en mesure de me fournir de telles personnes ? Je doute qu'il y ait de nombreux volontaires si je poste une petite annonce dans le journal. Lança l'étudiante d'un ton sarcastique.

Que les "volontaires" le soient réellement ou non importait peu à l'étudiante, tant qu'ils ne se révoltaient pas au beau milieu de son laboratoire en brisant toutes ses fioles au passage. Il faudrait certainement que la petite humaine fasse part de ce détail technique au professeur.

-Je peux m'arranger pour faire croire à une conférence sur la virologie pour justifier leur présence sur les lieux. Proposa la jeune femme en haussant les épaules, laissant à son interlocuteur le soin de réfléchir à tout ceci.

Après tout, la recherche de cobayes ne la concernait en aucune façon. Il fallait qu'elle planche dur l'élaboration de ce très cher virus. Une question titilla alors l'esprit d'Adélaïde, commençant à sérieusement la tarauder. Comment comptait-il gérer le virus ? Cette interrogation parut grandement amuser le jeune professeur. Plutôt que de s'embarquer dans une répartie cinglante comme à sa bonne vieille habitude, l'humaine préféra attendre les explications de son interlocuteur. Voir le professeur le plus tyrannique et sérieux, quitte à passer pour un vieux grincheux, de l'établissement rire fit l'effet d'une douche froide à la jeune femme. Son commentaire avait-il été si stupide, idiot et hilarant que cela ?! Peut-être bien qu'elle régressait intellectuellement. Oula, elle n'avait pas le temps de s'embarquer dans des réflexions philosophiques sur ses capacités cérébrales ! D'autant plus que l'instituteur reprenait la parole, un sourire sadique et malsain aux lèvres. Il ne comptait en aucune façon limiter les dégâts.

-Mais si tout le monde meurt excepté les rebelles, il n'y aura plus personne pour s'apercevoir que nous existons et que nous constituons une menace réelle. Objecta aussitôt la jeune femme tout en s'asseyant sur le bureau, écrasant au passage un bon nombre de documents devenu désormais inutiles. Vous avez forcément songé à une échappatoire, à une porte de sortie qui donnerait de l'espoir à la population Avventurienne. On ne "contrôle" les foules que grâce à l'espoir dans ce genre de situation. Fit finalement observer Adélaïde tout en sondant les iris hétéro chromiques de son professeur.

Il était vrai que l'espoir était l'arme la plus cruelle et la douloureuse qui ait jamais existé. La petite albinos le savait d'expérience. La dernière fois qu'elle avait espéré recevoir un amour impossible de la part de ses géniteurs, elle s'en était tirée avec un coup de couteau dans l'abdomen. Oui. L'espoir blessait. Comme il pouvait endurcir. Tout dépendait du sujet au final. L'humaine songea, non sans amusement, que les seuls survivants à cette "épidémie" soudaine seraient certainement les plus forts et les plus intelligents. La loi du plus fort. La jeune femme esquissa un sourire aussi amusé que malsain. Les prochaines périodes promettaient de se révéler agitées. Sortant enfin de ses songes, elle vit le jeune professeur en pleine réflexion, la souris couinant pathétiquement devant son visage, suspendue par la queue dans les airs.

Une fois qu'elle eut achevé sa prise de note, l'étudiante se dirigea vers le panneau de liège. Elle enleva certaines pages qu'elle laissa voleter jusqu'au sol avant de punaiser ses dernières notes et de s'emparer d'un gros marqueur rouge. La jeune femme commença alors à tracer divers traits, entourant certaines notions clés et inscrivant des commentaires sur certains coins de pages. Bien. Elle paraissait prête. Adélaïde referma son marqueur avant de s'asseoir à même le sol, au centre de la salle, face à son panneau, le marqueur battant furieusement la mesure sur l'une de ses jambes.

-Comptez-vous semer la zizanie au sein du cercle en même temps que le virus sera propagé ?Questionna alors la jeune femme, pourtant très concentrée sur ses réflexions.

Menant deux raisonnements différents de front, elle songeait d'une part à son futur virus et d'autre part à la dernière idée qu'elle venait d'énoncer tout haut. Si le jeune professeur désirait semer une pagaille sans nom, pourquoi ne pas déstabiliser le cercle en son coeur même ? Enfin, cela ne représentait que son opinion personnelle. Après tout, Adélaïde était plus un génie scientifique qu'un puissant stratège militaire.

Message par Invité Jeu 28 Aoû - 19:04

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La moquerie de son interlocutrice concernant son langage pour le moins grossier en sa présence, lui passa royalement au-dessus de la tête. Si le jeune professeur avait pris la peine de répondre quelque chose, il savait qu'il se serait montré désagréable envers Adélaïde. La raison ? Et bien, du peu qu'il connaissait de la principale intéressée, le Lightness doutait qu'elle soit le genre de personne à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. La franchise n'était pas vraiment une qualité dans la situation de la petite albinos mais Jilan devait reconnaître qu'elle lui servait parfois à aller directement au but. La changer sur ce point n'avait jamais été dans ses intentions et même s'il venait d'avoir la possibilité de remettre à sa place l'étudiante concernant sa manière de parler, le jeune professeur savait que l'éducation en était la cause. Sans elle, les personnes devenaient des êtres immoraux et stupides. A ses yeux, il lui paraissait évident que l'humaine et lui n'avaient pas été élevés de la même façon, la politesse devenait une denrée rare chez ses interlocuteurs de nos jours. L'époque jouait peut-être un facteur important, les mœurs avaient quant à elles évoluer depuis. Constatant qu'il était parti un peu trop loin dans ses divagations personnelles, Jilan haussa les épaules en sentant le regard sanglant que la jeune fille dardait sur lui, probablement en attente d'une réponse ou d'un commentaire de sa part. Était-elle déçue de voir qu'il ne prendrait pas la peine de lui rétorquer quelque chose ? Cela lui faisait une belle jambe de le savoir tiens ! Le regard hétérochrome contemplait toujours l'animal qui gesticulait misérablement au bout de sa queue, maintenue entre les doigts du Lightness. Est-ce que dans le cerveau de cette souris, l'instinct lui recommandait la fuite ? Et de combien était le pourcentage de réussite concernant sa fuite ? Les propos de la petite albinos le tirèrent de ses pensées et le même sourire habituel vint reprendre ses droits sur les lèvres de son interlocuteur.

 « Je me disais justement que ce devait être terriblement ennuyeux de tester ses produits sur un animal aussi stupide... »

Se disant, il reposa la malheureuse bête dans sa cage, alors que celle-ci s'empressait d'aller se cacher dans un petit amas de sciure placé dans un coin de sa prison. La proposition de se procurer des cobayes, consentants ou non, pour tester leur virus ainsi que le vaccin qui allait de paire avec, lui plut grandement. Cela aurait le mérite d'occuper un peu ses nouvelles recrues. Enlever une personne ne passait pas inaperçu, même si l'on ciblait bien l'individu en question pour limiter les risques et la propagation de sa disparition chez ses voisins ou amis. Et comme ils semblaient être d'accord sur ce point, Jilan ne voyait rien d'autre à ajouter que la simple acceptation du projet. L'idée soulevée par son étudiante arriva pile à cet instant, lui faisant relever les yeux de la cage, à présent bien tranquille. Organiser une conférence sur le sujet ? Dans le but de rassembler suffisamment d'individus pour se procurer des cobayes de toutes les races ? C'était intéressant et sans doute plus rapide que d'établir une liste de profils adéquats.

 « En effet, cela me semble être une bonne idée. A un détail près : tu n'auras pas la moindre crédibilité si tu organises toi-même cette conférence. Les humains fonctionnent encore sur un système bien stupide reposant sur cette vérité générale qui affirme que les personnes plus âgés possèdent plus de connaissances que les jeunes. Qu'importe l'étendue de tes connaissances, je doute que les journalistes et les scientifiques se déplacent pour ta seule petite langue bien pendue. »

Plutôt satisfait par la légère pique qu'il venait de glisser à l'intention de la jeune fille, le Lightness se mit alors à réfléchir de plus belle. En soi, la solution à ce problème qui n'en était pas véritablement un, s'imposait d'elle-même à son esprit. Si Adélaïde ne pouvait prétendre à ce rôle, et ce, en dépit de son enthousiasme et de ses connaissances approfondies sur le sujet, alors il ne restait plus qu'une seule personne pour assumer ce poste...

 « J'organiserai cette conférence moi-même. Avec mon statut et ma réputation de professeur compétent, cela devrait suffire à convaincre le responsable de l'université de me céder une salle pour l'occasion. En revanche, il nous faudra opérer de telle sorte qu'on ne soupçonne aucun lien entre l'événement, moi et les rebelles. Pour cela, nous répandrons un gaz soporifique dans la pièce, afin d'agir en toute discrétion. Je m'occuperai de répondre aux questions des policiers par la suite. La comédie, c'est dans mon domaine. » conclut-il avec un sourire qui ne trompait personne.  « Voilà qui règle le problème des cobayes je présume ? »

 « Mais si tout le monde meurt excepté les rebelles, il n'y aura plus personne pour s'apercevoir que nous existons et que nous constituons une menace réelle. » objecta alors son interlocutrice.

Stupéfait qu'elle puisse lui faire part d'une interrogation pareille, le jeune professeur la dévisagea, d'abord incrédule puis il se reprit rapidement. Les arguments qu'Adélaïde avança par la suite, eurent le mérite de contenir sa mauvaise humeur naissante. Effectivement, même s'il n'avait pas prévu à la base d'épargner leurs cibles, le fait de leur offrir tout de même une chance de survie permettrait aux plus forts de s'en sortir, au détriment des plus faibles. Mais, cet ordre n'était-il pas déjà établi ? Le maillon de la chaîne était les humains pas vrai ? Alors s'ils visaient également les créatures avec ce virus, cela ne risquait-il pas de remettre en doute cet ordre naturel ? De faire de l'homme, l'élément le plus fort dans la chaîne alimentaire ? C'était absurde !

 « Tu es stupide ou tu le fais exprès ? » Le ton était donné, le sien n'avait plus rien d'aimable.  « L'Avventura n'est que le point de départ de mon plan. Même si sa population entière meurt, que cela soit à cause d'un mystérieux virus ou d'une guerre civile entre les différentes races, je veux que ce conflit se propage au reste de la France. Penses-tu que les conséquences de nos actes resteront sans impacts sur les autres villes alentours ? Il te faut apprendre à voir plus grand Adélaïde. Il en va de ton intérêt. »

Est-ce qu'il fallait prendre sa dernière phrase comme une menace ouverte à l'intention de l'intéressée ? Peut-être. Jilan ne s'attarda pas plus sur le sujet et planta ses iris aux couleurs différentes dans ceux, couleur sang, de son étudiante. Un silence pesant s'était installé entre eux, avant d'être rompu par le bruit des pas de la jeune fille qui retournait devant son tableau pour reprendre ses propres réflexions sur ce qui venait d'être dit entre eux. Ne s'attendant pas vraiment à ce qu'elle reprenne la parole à la suite de sa tirade, le Lightness arqua un sourcil en écoutant la question d'Adélaïde. Semer la zizanie au sein du Cercle ? N'était-ce pas le but de leur virus à la base ? Réveiller les consciences ? Rappeler que la paix n'était qu'un doux mirage pour les naïfs ? Le jeune professeur voyait son plan sous un nouvelle angle grâce aux interventions de son interlocutrice. Pour un peu, il aurait presque regretté de s'être montré aussi désagréable avec elle mais la question de la petite albinos justifiait sa propre réponse, bien que celle-ci fut particulièrement mauvaise à son égard. L'idée était tentante et plus que le virus en lui-même, si Jilan voulait pousser la population avventurienne à se plonger dans une guerre civile, il fallait détruire sa confiance placée dans la politique de ses dirigeants. Et quoi de meilleur que révéler la véritable nature de ces mêmes personnes ? Après tout, s'ils appliquaient la politique qu'ils vantaient à leurs concitoyens, alors leurs dirigeants de cette ville étaient également des créatures. Le Lightness se perdit dans ses pensées, gardant le silence pendant de longues minutes, même si la question de la jeune fille attendait une réponse de sa part. Du mouvement en direction de la cage attira de nouveau l'attention du regard hétérochrome et celui-ci se baissa pour observer la souris. Et si... ? Jilan releva alors la tête pour jeter un œil au contenu de la formule créée par son étudiante. Oui... C'était possible... Quittant l'appui du meuble, il se retourna pour lui faire face, tournant le dos au tableau et à Adélaïde au passage. Le Lightness fouilla dans la sciure pour attraper la souris qui couinait de plus belle et la plaça dans une autre boite, transparent celle-ci. Alors que le pauvre animal découvrait son nouvel environnement, le jeune professeur se saisit de plusieurs fioles, mélangeant le tout dans une autre. Parfois, la manipulation demandait un peu de minutie, alors ses gestes devenaient plus lents. Mais la concentration demeurait la même. Si son interlocutrice s'était rapprochée de lui à cet instant, jamais Jilan n'en aurait pris connaissance, trop absorbé par son expérience. A présent que l'idée venait de germer dans son esprit, il voulait en vérifier la véracité. Et si cela échouait alors... Il s'en remettrait à son cerveau et aux idées d'Adélaïde. Une fois qu'il eut terminé de mélanger les différents composants qui se trouvaient à sa disposition, il versa une infime partie du contenue sur la souris. Reposant la fiole, il ne lui restait plus qu'à attendre. Le comportement de l'animal ne changea pas lors des premières secondes puis devint de plus en plus violent, à mesure que le produit agissait sur elle. La souris vint même se jeter contre les parois de sa prison, cherchant à atteindre et mordre le bipède qu'elle apercevait dans son champs de vision restreint par sa petite taille.

 « J'ai déjà ma petite idée là-dessus... Exploiter la sauvagerie de ceux qui prônent la paix... Après cela, les habitants de l'Avventura ne pourront plus croire en eux et en leurs idéaux...plongeant la ville dans une parfaite guerre civile... »

Dès lors qu'il se tut, seuls les bruits furieux et sauvages de la souris résonnaient dans le laboratoire. Le pelage de la pauvre bête se colorait progressivement en rouge, à force de se jeter à de multiples reprises contre les parois de sa prison. Les blessures s'aggravaient de plus en plus, peut-être même qu'elle finirait par mourir d'un choc crânien trop important ? Le jeune professeur ne se préoccupait déjà plus du sort de l'animal.

Message par Invité Ven 29 Aoû - 19:52

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Toujours assise sur un tapis de feuilles plus ou moins froissées au milieu de la pièce, Adélaïde contemplait son panneau de liège. Elle ne le quittait pas un seul instant des yeux même lorsque son professeur s'adressait à elle, il fallait qu'elle conserve une partie de sa concentration sur ces informations ci. Se concentrant tout de même sur les propos de son interlocuteur, la jeune femme fut bien obligée de réagir à ses paroles. Il était vrai que personne ne se rendrait à ladite conférence si elle l'organisait seule. Une pauvre petite étudiante de dix-neuf ans n'attirerait l'attention de personne, sa langue fut-elle acérée au possible comme le souligna d'ailleurs l'enseignant. Répondant à la pique du jeune homme par un sourire plus amusé qu'autre chose, la petite albinos ne bougea toutefois pas d'un pouce. Parvenant finalement à la même conclusion, le professeur ne fit qu'énoncer à voix haute ce qu'ils songeaient tout bas. La seule personne semblant apte à organiser une telle conférence n'était autre que ce cher monsieur Ridell. L'humaine laissa échapper un léger ricanement en entendant son interlocuteur affirmer que la comédie entrait dans son domaine. Réagissant aussitôt aux idées du jeune homme, elle s'empressa de suggérer deux ou trois autres détails techniques bien que la stratégie lui convienne parfaitement.

-Je n'aurai qu'à me faire passer pour votre assistante ou quelque chose de ce goût là et nous pourrons porter des masques à gaz au moment de faire une "expérience" pour démontrer je ne sais quoi. En même temps, nous pourrions diffuser le gaz soporifique et faire croire à tout le monde que notre manipulation à mal tourné parce que les fioles n'avaient pas été correctement lavées par les précédents utilisateurs. Cela pourrait expliquer pourquoi tout l'auditoire se retrouvera endormi alors que nous serons toujours éveillés. Haussant finalement les épaules, Adélaïde se re-concentra plus intensément sur le panneau de liège. -Enfin, ce ne sont que de pures suggestions.

Toute absorbée qu'elle par ses réflexions, l'albinos émit vraisemblablement quelques questions qui ne parurent pas plaire le moins du monde à son enseignant. Le commentaire de l'interlocuteur eut le mérite de faire réagir la jeune femme qui se retourna vers lui pour lui lancer un regard furibond. Tout ce cirque pour lui faire remarquer qu'apprendre à voir plus grand, à avoir plus d'ambition ne pourrait que lui permettre de survivre plus longtemps ?! Passablement excédée, la petite humaine sentit son mal de crâne revenir en force et maudit aussitôt les médicaments qui ne fonctionnaient pas sur sa personne. Ceci, ajouté à la fatigue engendrée par deux nuits blanches eut tôt fait de balayer la patience et la compréhension de la jeune femme. Elle fit claquer sa langue si bien pendue et ne se garda pas d'en faire la démonstration une énième fois.

-Je remercie le ciel de ne pas m'avoir faite idiote contrairement à certains.  Répliqua t-elle aussitôt en accompagnant sa remarque d'un regard d'une noirceur incomparable. Elle savait pertinemment qu'elle s'aventurait sur un terrain extrêmement glissant mais lorsqu'il s'agissait de son intelligence, l'humaine supportait très mal la critique. Elle ne supportait pas que l'on lui marche ainsi sur les pieds bien qu'elle le fasse avec tout le monde. Cette bande d'écervelés n'avait qu'à répliquer ! Son estime envers eux ne s'en serait retrouvé qu’agrandie. Poursuivant sur sa lancée, la jeune humaine en profita pour éclaircir son point de vue, les remarques suivantes de son professeur n'ayant rien de stupide excepté sa menace voilée. Le dernier imbécile à l'avoir menacée devait désormais se sentir dans une insécurité permanenta tant elle s'était montrée claire et précise sur la manière dont elle comptait raccourcir son espérance de vie. Visez toute la France si cela vous chante mais je persiste à dire qu'il faut des survivants. Suite à une épidémie de la sorte, la population est terrifiée par les rescapés qui vont se retrouver sous le feu des projecteurs. Si nous sommes les seuls survivants je ne suis pas certaine que nous fassions le poids face à tout un gouvernement déchaîné alors que si nous laissons quelques innocents survivre, nous n'auront qu'à les jeter en pâture au gouvernement en guise de coupables avant de montrer à toute la population à quel point le système dans lequel elle évolue est incompétent.

N'ayant pas la moindre envie de se retrouver traquée par toutes les polices de France, Adélaïde le fit parfaitement comprendre à son interlocuteur avant de se retourner vers son panneau, son visage s'adoucissant progressivement pour retrouver un air parfaitement neutre. Que son raisonnement paraisse totalement stupide aux yeux de son instituteur ne lui importait désormais plus le moins du monde. Qu'il en fasse ce qu'il désire et qu'il la traite d'idiote à nouveau, elle n'en avait cure. Tant pis. Un silence pesant et extrêmement inconfortable se mit à régner dans la pièce jusqu'à ce que l'étudiante fasse une autre réflexion. Réflexion qui parut être d'avantage au goût de l’instituteur au vu de sa réaction. Bien qu'elle ne se soit pas retournée vers lui, l'humaine ne l'entendit pas dire qu'elle était stupide et en tira donc cette jolie petite conclusion. Ce furent le silence anormal suivit des couinements répétés de la pauvre souris qui eurent raison de l'attention de la petite humaine. Voyant son professeur commencer à mélanger divers produit, l'albinos se releva aussitôt et se plaça à côté de lui, légèrement en retrait pour ne pas entraver ses mouvements. Ce fut avec une stupéfaction totale que la jeune humaine vit le comportement de la souris changer du tout au tout. A croire qu'elle souffrait de bipolarité. Autrefois craintive et peureuse, elle se jetait désormais contre les parois de verre, folle de rage et prise d'une rage incroyable. Faisant preuve d'une fascination malsaine, Adélaïde croisa ses bras sur le bureau, déposa son menton dans le creux de ces derniers et observa l'animal tout en écoutant ce que son professeur disait. Absolument impressionnant. Ce fut la seule chose qui s'imposa à l'esprit de l'étudiante.

-Il faut trouver un moyen de l'administrer au dirigeants du cercle. Souffla t-elle aussitôt sans quitter la souris des yeux. Si vous avez des espions infiltrés là-bas, ils pourront certainement le faire mais il ne faudra pas se tromper de cible si vous désirez montrer à tout le monde la vraie nature de ces piètres dirigeants.

La petite albinos se releva et plongea la main dans le bocal de verre sans la moindre hésitation, attendant de voir la réaction de la souris. Cette dernière, bien qu'ensanglantée de part ses nombreuses blessures se traîna sur le sol sans la moindre considération pour les os qu'elle venait de se briser. Adélaïde retira sa main avant que l'animal ne puisse l'atteindre et retourna s'asseoir sur le sol en songeant à tout ce que cette nouvelle variable impliquait. La situation promettait de devenir infernale, tout les habitants de la ville allaient voir leur jolie petite vie basculer du jour au lendemain sans la moindre explication.

-Pour quand désirez-vous le virus ?Demanda aussitôt la jeune femme, son regard pourpre perdu dans le vide alors qu'elle émergeait à peine de ses songes. Combien de vaccins environs devrons-nous préparer pour les tests ? Conclut-elle finalement en sortant de sa léthargie.

Message par Invité Ven 29 Aoû - 21:46

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L'étoffement de leur plan vu sous l'angle de son interlocutrice lui plut, à un détail près. L'idée d'effectuer une expérience sous les yeux médusés de leur public et menus de masques à gaz pour éviter de se retrouver assoupi par le gaz en question était plus que tentante. Cela légitimerait l'accident sur bien des points et leur éviterait de longues heures en garde à vue alors que les forces de l'ordre essayeraient de leur tirer les vers du nez... Le jeune professeur attendit toutefois qu'Adélaïde fut allée au bout de sa réflexion avant d'exposer sa propre vision, qui ne permettait pas de suivre le raisonnement de son étudiante.

 « En effet, cela expliquera pourquoi tout l'auditoire se sera subitement endormi sur place mais pourquoi certaines personnes auront mystérieusement disparues au cours de l'incident. Et puisque nous serons vraisemblablement les deux seuls témoins de ce qui sera passé entre temps, je doute que les forces de l'ordre nous laissent tranquillement repartir sans avoir obtenu une version cohérente tu ne crois pas ? »

Par la suite, Jilan se demanda s'il serait judicieux de se laisser lui aussi endormir au cours de la conférence. Ce serait risqué, il en convenait bien volontiers et si sa seconde avait vent de l'idée qui venait de germer dans son esprit, le Lightness serait prêt à mettre sa main au feu qu'elle lui reprocherait ce type de comportement suicidaire. Perdre conscience alors même que des tueurs rôderaient dans les parages et que la louve n'aurait pas toujours l’œil sur lui, puisqu'elle serait ostensiblement chargée du bon déroulement des opérations en l'absence de directives de sa part. D'un autre côté, peu de membres, encore moins les nouvelles recrues, savaient qu'il était le chef légitime de l'organisation, pourquoi perdre son temps à éliminer un simple professeur lors d'une conférence foireuse ? Alors même qu'il serait très certainement le premier accusé de l'incident ? Sans les inquiéter ?

-Je remercie le ciel de ne pas m'avoir faite idiote contrairement à certains.

La voix irritée d'Adélaïde le tira de ses pensées et le jeune professeur rencontra le regard, noir, de son interlocutrice. Alors quoi ? Sa petite pique l'avait atteinte ? Intéressant. On pouvait bien la critiquer sur son insolence, sa taille ou son physique aux caractéristiques si particulières, elle ne broncherait pas mais concernant ce qui se passait à l'intérieur de sa jolie petite tête... Si la réplique de son étudiante avait de quoi le faire tiquer également, le simple fait de la voir à ce point enrager, finit par estomper le début de colère qu'il avait éprouvé, pour être rapidement remplacé par de l'amusement amer.

 « J'espère sincèrement pour toi que tu ne m'inclues pas dans ces même « certains » Adélaïde... »

Avait-il prononcé ces quelques mots trop bas pour qu'elle puisse les entendre ? Ou faisait-elle volontairement la sourde oreille pour une fois ? Quoiqu'il en soit, son interlocutrice changea de sujet lorsqu'elle reprit la parole. Enfin, pas vraiment en fait... Jilan leva les yeux au plafond quand elle se mit à lui reprocher sa folie des grandeurs. Où était le mal à vouloir étendre leur influence et leur réputation sur tout le territoire ? Certes, l'optique de garder quelques survivants, aussi bien en guise de trophées que pour alimenter la peur au sein de la population, consistait en soi une idée géniale et très largement exploitée par les tyrans dans le monde entier. Le Lightness se promit donc de revoir son plan de base, accordant un peu plus d'importance aux arguments mis en avant par la petite albinos.

 « Je ne veux en aucun cas en faire des martyrs Adélaïde, nous obtiendrons alors l'effet inverse sur la population, qui n'hésiterait pas à se regrouper sous les directives du Cercle pour s'opposer à nous. N'épargner aucun habitant nous éviterait ce risque. Néanmoins, ta théorie est bonne, nous pourrions plus facilement manipuler la population en suscitant la peur, laquelle se propagerait entre les survivants... D'autant que je doute que le gouvernement soit en mesure de se justifier à ce sujet... » Au fil de sa tirade, l'évidence s'imposa à lui et il soupira.  « Je vais reconsidérer l'optique de laisser quelques personnes en vie... Si l'on pousse les gens à lutter pour leur survie, je suis certain que la loi du plus fort primera. Ce ne sera que plus intéressant à observer. »

A la suite de son expérimentation sur la pauvre souris blanche, le jeune professeur fut surpris de découvrir la petite albinos non loin de lui. Dire qu'il ne l'avait même pas senti se rapprocher de lui, trop absorbé comme il l'était ! Les premiers mots qui franchirent les lèvres d'Adélaïde le ravirent au possible. Ainsi, ils étaient au moins d'accord sur une chose. Ce produit devait être administré aux créatures qui composaient les rangs du Cercle. Pour que la population qui avait décidé cette paix se rende compte de la véritable nature de ses dirigeants et prenne également conscience de sa grossière erreur. Oui, le plan parfait ! Ajouté à la panique qui prendra possession des foules dès lors que le virus sera libéré à plusieurs endroits stratégiques de la ville, commençant à y faire des victimes, alors à ce moment là, l'Avventura sera véritablement à eux l'espace de quelques heures. Un pur moment de chaos et de panique dans les rues de la ville ! Des espions infiltrés ? Son étudiante ne lui apprenait rien mais Jilan ne pensait pas en compter parmi ses rangs, il était temps d'y remédier dans la foulée. Observant la petite albinos narguer la pauvre bête mourante, le Lightness réfléchit à tout ce qu'il allait devoir résumer à Leann. S'il omettait le moindre détail, il ne faisait aucun doute que la louve chercherait la faiblesse dans son plan. Tellement absorbé dans ses pensées, il ne réalisa pas immédiatement que son interlocutrice s'était remise à lui parler, pour lui demander des détails importants de surcroît !

 « Pour quand il sera parfait et prêt à l'emploi. J'ignore quels effets tu souhaites y incorporer mais sans tes cobayes, tu ne pourras pas avancer dans tes recherches. Je veillerai à ce que l'on se les procure rapidement. Quant aux vaccins... Tu devras en produire suffisamment pour vacciner l'ensemble de l'organisation alors prévois en un certain nombre. »

Le regard hétérochrome se posa alors sur la personne de la jeune fille et s'intrigua de la voir aussi pensive. Adélaïde savait se montrer soucieuse ou réfléchie lorsqu'il était question d'expériences ou de formules à corriger sans cesse pour les rendre parfaites mais ce regard ci avait quelque chose de différent. Sans un mot, Jilan plaça deux doigts de chacune de ses mains sur les tempes de la petite albinos. Leurs extrémités se réchauffèrent doucement, sans pour autant brûler l'intéressée. Au contraire, ce contact était agréable et c'était voulu ! Le Lightness apaisa le mal de tête de son interlocutrice, soucieux de la qualité du travail qu'il lui demandait de lui fournir. Pour se retrouver dans un état pareil, Adélaïde avait certainement dû passer plusieurs nuits, enfermée dans ce laboratoire, à travailler sans relâche ou presque. Le désordre qui régnait sur place en attestait en partie, silencieusement.

 « Comment comptes-tu prolonger l'agonie de nos cibles ? Je suis curieux d'écouter tes idées, y compris les plus sadiques. » déclara t-il simplement en guise d'explication pour son geste.

Message par Invité Sam 30 Aoû - 15:03

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Adélaïde fut bien obligée de reconnaître que la faille de sa suggestion, évoquée par le professeur, était bien trop importante pour pouvoir être écartée d'un vulgaire geste de la main. Il fallait y réfléchir plus amplement et trouver une autre méthode. Car si inventer une version des faits et la conter devant des policiers de manière à raconter strictement la même chose que l'instituteur ne dérangeait pas le moins du monde l'étudiante, le fait de rester enfermée dans un commissariat pour une durée indéterminée l'enchantait soudainement beaucoup moins. Perte de temps inutile passée en compagnie de toute une panoplie des plus sombres crétins créés par la planète... La jeune femme se remit aussitôt à réfléchir, cherchant comme à son habitude une solution au problème.

-Vous prenez un antidote ou un vaccin, comme vous préférez, contre les gaz soporifiques et nous faisons tous les deux semblants de nous endormir comme l'auditoire ? Cela nous permettrait de nous éviter toutes les questions barbantes des policiers. Supposa t-elle finalement, à court de meilleure option pour l'instant, tiraillée par son mal de tête.

Vinrent ensuite certains reproches sur l'intelligence de l'humaine qui prit extrêmement mal la remarque et ne se garda pas de la faire remarquer à son interlocuteur. Sa réplique acerbe ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd et le jeune professeur murmura quelques mots dont la petite albinos ne put tout comprendre. Mais elle en retint l'essentiel. Il s'agissait là d'une seconde menace sous-entendue à laquelle elle répondit par un sourire sarcastique bien sentit. Revenant finalement à des sujets de conversation plus intéressants et plus subtils que ce petit échange futile, les deux jeunes gens retournèrent à leurs raisonnements respectifs. Adélaïde écouta avec attention le point de vue de son professeur suite aux propos qu'elle venait de dévoiler. La petite humaine fut quelque peu surprise de constater que quelques uns de ses arguments avaient tout de même fait mouche puisque le professeur au regard hétéro chromique revoyait un tantinet son jugement. Il ne paraissait cependant pas motivé par les mêmes raisons de que son étudiante. Si cette dernière considérait le fait de laisser des survivants comme une tactique, le jeune professeur, lui, semblait plutôt considérer cela comme un moyen de se divertir. Un pervers sadique. La petite albinos ne fut pas tellement dérangée par cette constatation et passa rapidement à autre chose sans plus se pencher sur le fait qu'elle travaillait certainement main dans la main avec un sacré psychopathe. Quoi qu'en ce qui la concernait, elle ne valait sans nul doute pas mieux côté équilibre mental. A nouveau perdue dans ses pensées, l'étudiante faillit manquer l'expérience menée par son professeur au même instant sur la petite souris. Le résultat fut époustouflant et les deux laborantins furent aussitôt du même avis quand à l'utilisation de ce nouveau produit. Les hauts membres de la sphère du cercle représentaient visiblement des cibles de choix, quoi que certainement difficiles d'accès. Il faudrait trouver un moyen de leur administrer ce produit sans se faire prendre la main dans le sac ni éveiller le moindre soupçon. Mais avant de développer ces détails-ci, Adélaïde avait besoin de plus de renseignements sur le virus de base qu'elle était censée concocter. Renseignements que lui fournit sans plus tarder le jeune professeur. Le problème des cobayes devrait effectivement être réglé le plus rapidement possible puisque désormais, la jeune femme avait une ou deux idées en tête quand au virus qu'elle allait développer. Quand au nombre de vaccins...elle n'aurait qu'à en produire en quantité quasi industrielle et cela passerait. Mais il fallait tout de même le tester auparavant. Toujours assise en tailleur sur le sol, Adélaïde éprouvait de plus en plus de mal à se concentrer réellement sur quelque chose. Ce fut avec surprise qu'elle vit son professeur se planter devant elle, le plus silencieusement du monde. La jeune femme recula instinctivement en le voyant approcher et tout les muscles de son corps se tendirent lorsqu'il déposa ses doigts sur ses tempes douloureuses. L'attitude de la petite humaine changea toutefois bien vite, à l'image du comportement de la petite souris quelques instants plus tôt. L'albinos se détendit sitôt que son mal de tête commença à se dissiper de part le contact étonnamment agréable du jeune professeur. Là où tout les médicaments échouaient lamentablement, voilà qu'un simple contact suffisait à la remettre d'aplomb. Soit le jeune professeur était un humain doté d'un don médical absolument merveilleux soit il était un lightness. Il n'y avait pas une infinité de solutions possibles. Au lieu de rechercher instantanément quelle réponse était la bonne, comme à sa bonne vieille habitude, Adélaïde se contenta d'exprimer sa gratitude à l'enseignant. Elle se promit toutefois de songer à la race à laquelle appartenait l’instituteur aux étranges prunelles dès qu'elle en aurait l'occasion.

-Merci. Souffla t-elle immédiatement avant de se relever sans plus tarder tandis que son interlocuteur se remettait à lui poser des questions.

Désormais en pleine possession de ses moyens, la jeune albinos ne se fit pas prier pour se creuser la cervelle dans les règles de l'art. De quelle manière ralentir un maximum l'agonie de leurs victimes ? Un fin sourire se dessina sur les lèvres de l'étudiante alors qu'une idée germait dans son esprit. Elle se tourna aussitôt vers le professeur Ridelle, plongeant son regard ensanglanté dans le sien.

-Il me semble que certaines drogues présentes sur le marché conduisent à une paralysie totale sans pour autant affecter les capacités cérébrales. Si nous l'ajoutons à notre formule, la victime se verrait mourir lentement sans pouvoir lutter et tout en restant consciente. Mais si je n'en mets qu'une infime quantité, avec un dosage parfait, nous pourrions simplement entraver la motricité du sujet. Il se débattrai alors contre la paralysie tout en luttant contre le virus, tout en sachant pertinemment que la partie est perdue d'avance. Généralement l'instinct de survie est le plus fort, en jouant là-dessus, nous pourrions obtenir des résultats intéressants. Suggéra t-elle pour commencer avant de reprendre, un sourire malsain et moqueur sur les lèvres. Mais quelque chose me dit que ce n'est pas assez sanglant et douloureux à votre goût, à quoi songez-vous ? Demanda t-elle.

Si Adélaïde aimait jouer sur la résistance mentale de ses victimes, le professeur, lui, semblait avoir un goût plus prononcé pour tester leur seuil de tolérance à la douleur physique. Reconsidérant cette facette ci du problème, l'étudiante jeta un coup d'oeil aux nombreux acides présents sur la paillasse à ses côtés. Trop rapide. Conclut-elle mentalement avant de réfléchir, farfouillant dans toute sa mémoire pour tenter de trouver le ou les produits appropriés. Ce fut tout à coup comme si la jeune humaine avait été frappée par un éclair de lucidité.

-Pourquoi ne pas simplement utiliser un produit hautement toxique à ajouter au virus. J'ai déjà vu, ou plutôt fait quelques expériences pour ma culture générale, et je me suis rapidement aperçue que certains produits, si ils sont inhalés, ont une fâcheuse tendance à brûler les voies respiratoires sans pour autant tuer. Cela semble causer une douleur atroce au sujet à chaque inspiration ou expiration. Conclut-elle en haussant les épaules, un air perplexe sur le visage.

Si elle se rappelait bien de ce qu'elle avait fait subir aux sujets en questions, ils lui avaient tant cassé les oreilles à hurler comme des forcenés qu'elle s'était malheureusement vu contrainte de leur verser une bonne dose d'acide au visage pour les faire taire. Ne restait plus qu'à attendre les idées du jeune professeur concernant l'agonie des futures victimes. D'ailleurs...en attendant son verdict, l'étudiante au teint de craie allait tenter de déterminer si il était humain ou lightness. Enfin...à froid, cela se révélerait certainement cotonneux, il lui fallait plus de renseignements.

Message par Invité Mar 2 Sep - 14:14

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Le contre-argument de la petite albinos eut le mérite de le faire réfléchir plus longuement que prévu. C'était l'idée la plus basique que l'on pouvait lui soumettre concernant l'optique de déporter les soupçons de soi-même face aux forces de l'ordre. Le seul hic aux yeux du jeune professeur, fut que même en admettant qu'ils puissent tous les deux jouer parfaitement la comédie, lorsque l'on avait quelque chose à cacher, avec un peu d'insistance de la part de ses interlocuteurs, ces derniers finissaient par s'apercevoir d'un détail, un simple tic qui nous trahissait. Qu'on se le dise, Jilan n'était pas du tout en train de remettre en doute ses capacités de menteur hors-pair, pas plus que celles de son étudiante. Mais il savait qu'il lui serait plus facile de jouer l'ignorance en l'étant complètement... Moins il connaîtrait de détails précis sur le déroulement de l'enlèvement, moins il n'aurait de risque de se trahir. D'autant que lui et Adélaïde allaient devoir inventer une version crédible et commune à la fois. Plus la vraie version des faits serait compliquée et connue des deux complices, plus il serait difficile de masquer la réalité aux oreilles des forces de l'ordre désignées pour la découvrir.

 « Ton plan est intéressant, j'en prends note pour la suite des événements. » déclara t-il simplement.

Le Lightness n'avait pas la moindre envie d'avouer à son interlocutrice ce qu'il comptait faire. Mieux valait pour lui qu'aucun rebelle, excepté sa seconde, ne sache s'il serait vraiment endormi ou non. De telles sortes que si un traître se cachait parmi eux à ce moment là, il ne pourrait prendre le risque de lui trancher la gorge dans le dos de Leann, ne sachant pas si sa cible serait consciente ou non. Et puisque la principale intéressée, à savoir son étudiante, n'en saurait pas plus que les autres, elle ne risquait pas de répandre l'information autour d'elle. Plus surpris qu'autre chose par ses remerciements, Jilan faillit lui rire au nez. Cette situation n'avait rien de drôle mais c'était plaisant de la voir perdre un peu de son amour propre en sa présence. Même si le fait qu'elle lui demande régulièrement son avis sur les idées qu'elle lui soumettait ou alors celui de démonter ses théories les unes après les autres de manière logique, constituaient déjà en soi, des sources de satisfaction personnelle pour le jeune professeur. De la paralysie ? Avant même qu'Adélaïde n'eut terminé son explication, le Lightness savait déjà qu'il n'accepterait pas cette idée. Cela ne collait pas avec la vision qu'il avait de la ville, une fois que le virus serait libéré. Et peut-être que son étudiante lut-elle dans ses pensées en concluant son idée par un prudent retour en arrière, lequel arracha un sourire entendu à Jilan.

 « En effet. Si je veux plonger la ville dans une guerre civile, je dois faire en sorte de pousser les individus jusque dans leurs derniers retranchements. Si l'on répand la rumeur que des antidotes existent contre ce virus, alors, les contaminés devront se battre, libérer leurs pulsions longtemps enfouies pour se les procurer. Le conflit gagnera alors la ville toute entière. Mais pour cela, il faut qu'ils soient capable d'agir, tout en souffrant pour les motiver davantage. »

Avant qu'il ne soit en mesure d'avancer sa propre idée sur le sujet de l'agonie mentionnée plus tôt, voilà que la petite albinos reprenait la parole. Brûler les voies respiratoires sans pour autant tuer la personne affectée ? C'était bien cruel, exactement comme il le voulait seulement...

 « Et que dis-tu plutôt d'un produit provoquant vomissements sur vomissements jusqu'à ce que la victime se mette à recracher du sang ? On pourrait l'ajouter en guise d'effets secondaires, un de ceux qui se déclencherait plus tard, longtemps après inhalation du virus. »

Tout en parlant, l'attention du jeune professeur passa rapidement du visage de son interlocutrice, au tableau derrière cette dernière avant de balayer progressivement la pièce du regard pour en enfin se poser sur sa main blessée. Dire qu'il n'avait même pas pris le temps de s'en occuper tandis qu'il marchait en direction du laboratoire ou même après, au cours de la conversation. Et pourtant, il se préoccupait d'un banal mal de tête ? C'était risible... Jilan se tut alors, pour laisser le temps à son étudiante de réfléchir au sujet qui venait d'être évoqué entre eux. Portant sa main blessée à la hauteur de son visage, il posa l'autre encore valide sur la plaie visible et tout comme lorsqu'il avait soigné Adélaïde, une chaude lumière se répandit sur la chair entaillée. L'instant d'après, la blessure avait complètement disparue, n'étant plus qu'un mauvais souvenir pour l'intéressé. Écouter les propositions de la petite albinos s'était révélé plus intéressant que prévu. Malheureusement, tous les deux savaient qu'ils ne pourraient guère poursuivre l'expérience sans cobaye pour tester leurs idées respectives. Peut-être étaient-ils en train de parler dans le vide, sans même s'en rendre compte ?

 « Les premiers examens tomberont en novembre, ce qui nous laisse moins de deux mois pour organiser la conférence. Tu ne m'en voudras pas si jamais elle a lieu pendant tes cours, j'aviserai tes professeurs de ton absence. »

Et maintenant ? Le Lightness avait besoin de réfléchir calmement et seul, à tout ce qui venait d'être dit entre eux. Il ne faisait aucun doute qu'une fois sa décision prise, il devrait en toucher un mot à la louve, la seule à être au courant de son choix concernant le gaz soporifique. Le jeune professeur se redressa alors, plantant son regard hétérochrome dans celui d'Adélaïde. Si cette dernière avait d'autres questions ou interrogations, c'était le moment où jamais pour les lui poser. Dans le cas contraire, il allait quitter le laboratoire pour la laisser aux prises avec ses milles idées dans la tête. C'était le message que laissaient transparaître les iris aux couleurs différentes de Jilan à cet instant.

Message par Invité Dim 7 Sep - 15:51

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Adélaïde soumit une proposition à son professeur concernant les produits soporifiques qui seraient potentiellement lancés durant la conférence destinées à leur procurer quelques cobayes. Son interlocuteur en prit note mentalement et parut s'exiler un bref instant dans ses pensées, l'albinos en profita aussitôt pou faire de même. La jeune étudiante n'avait de tout façon pas d'alternative, produit soporifique ou non, elle resterait totalement éveillée. Cette partie du plan ne concernait désormais plus que l'instituteur, après tout c'était à lui de décider de quelle manière il comptait régler ce souci de cobayes. De son côté, la petite humaine espérait simplement obtenir suffisamment de personnes d'origines différentes afin de pouvoir mettre au point LE produit qui servirait leurs intérêts au mieux. Ravie de ne plus être encombrée de cet ignoble mal de tête, elle remercia son professeur sans l'ombre d'une hésitation, ce qui sembla amuser le jeune homme au plus haut point. On voyait bien qu'il n'avait pas l'habitude de subir le moindre rhume ou le plus petit mal de tête avec une violence décuplée... Si il avait des "capacités" concernant la guérison, sans doute ne savait-il même pas ce que cela faisait de tomber malade. Adélaïde, elle, se retrouvait clouée au lit au moindre microbe. Haussant finalement les épaules, elle ignora le regard amusé de son enseignant pour se remettre à réfléchir en silence.
Une fois que les deux jeunes gens furent sortis de leurs réflexions, l'albinos proposa quelques effets pouvant peut-être convenir pour le produit. Mais voyant la tête de son enseignant, elle en conclut rapidement et à haute voix que cela ne lui convenait certainement pas. Chose que le concerné confirma par un sourire malsain. Hochant doucement la tête face aux propos de son interlocuteur, la jeune femme se remit en quête d'une nouvelle suggestion. La seule chose qui semblait réellement satisfaire le professeur n'était autre qu'une agonie lente et douloureuse au possible. L'étudiante proposa aussitôt une seconde solution, coupant presque la parole à son interlocuteur au passage sans même s'en rendre compte, bien trop absorbée par le raisonnement qu'elle poursuivait. Brûler les voies respiratoires des victimes tout en les maintenant en vie. L'idée sembla plaire d'avantage à son interlocuteur qui s'empressa toutefois de proposer une idée de son propre cru. Provoquer des vagues de vomissements chez les sujets jusqu'à ce leurs organes ne le supportent plus, entraînant des crachats sanglants. Il fallait tout de même avouer que l'idée n'avait rien de mauvais ! Elle jouait même sur la résistance mentale des personnes touchées. Comment ces dernières régiraient-elles lorsqu'elles se mettraient à cracher du sang sans la moindre raison ?

-Je peux rajouter cet effet au produit. Conclut-elle sans la moindre hésitation après une courte réflexion.

Elle ne remit pas une seule fois en doute ses aptitudes de laborantine, elle saurait le faire. Point final. Le regard de son interlocuteur dévia sur sa main visiblement blessée, ce qui conduisit l'étudiante à observer le jeune homme soigner sa plaie comme si de rien n'était. Lorsqu'il eut finit, Adélaïde eut tout juste le temps de constater que plus aucune trace de l'ancienne blessure n'était visible. Absolument fascinant. Ainsi il pouvait soigner les blessures des autres tout comme ses propres blessures. Et dire que ce pouvoir était tombé aux mains d'un être au sadisme incomparable. Douce ironie. Le jeune homme reprit alors la parole pour lui communiquer la date approximative de la conférence destinée à récolter ces très chers cobayes. Remerciant son professeur d'un léger signe de tête, elle ne desserra toutefois pas les lèvres, déjà repartie dans ses pensées. Le fait que son enseignant s'occupe de justifier son absence arrangeait grandement Adélaïde. Lorsqu'elle s'occupait de fournir des justifications de son côté, la demeurée qui faisait office de secrétaire se démenait toujours pour la mettre dans de beaux draps. Il fallait dire que les deux femmes s'étaient haïes dès le premier regard. Il faudrait également qu'elle règle se problème. L'albinos esquissa un sourire malin, ayant déjà sa petite idée en tête. Relevant les yeux, elle plongea son regard ensanglanté dans les prunelles de son professeur qui lui indiquaient très clairement que si jamais elle avait quelques questions en tête, c'était le moment ou jamais pour les lui poser. Mais ayant tous les renseignements dont elle avait besoin, la petite humaine se contenta de saluer son enseignant.

-Je vous souhaite une bonne continuation. Lâcha t-elle avant de se retourner et de se diriger vers son tableau de liège sans plus un regard en arrière.

Il fallait désormais qu'elle s'occupe de ce très cher produit, de ses effets secondaires et de tous les petits détails qui s'en suivraient avant que l'enseignant ne lui procure les cobayes. Elle avait deux mois. Elle ferait en sorte de ne pas en prendre plus d'un. Il fallait également qu'elle réalise quelques concoctions de son côté. Autant profiter du laboratoire qu'elle avait à disposition.

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