| par Invité Mar 21 Jan - 21:41
| Cassandra faisait partie de cette grande majorité d’élèves qui avaient eu à passer quelques examens après les fêtes de fin d’année. Mais elle venait enfin d’en finir. Pour ce semestre du moins. Il était donc l’heure de passer à autre chose avant la reprise de ses cours. Quelle chance que son dernier examen fut en début de semaine et lui laissait le reste de la semaine devant elle pour faire ce que bon lui souhaitait. Alors qu’elle se dirigeait vers la sortie de l’université, elle examinait les différentes options qui s’offraient à elle. Aller chercher un délicieux café à emporter dans un des magasins de la ville, se rendre directement aux sources chaudes ou chez un masseur, se rendre dans son appartement afin de plonger dans un bain bouillant et profiter pour continuer à lire le roman que son jeune frère lui avait offert. C'était d’un banal, d’un prévisible, rien de cela ne lui faisait envie et l’ennuyait déjà. Elle décida alors qu’elle allait déambuler au hasard dans les rues et se rendre au premier endroit inconnu qui l’intriguerait assez. Elle esquiva les personnes aux k-ways jaunes, ils allaient lui demander soit de l’argent, soit de signer une pétition ou même les deux et elle n’en avait aucune envie.
Une fois dans les rues commerçantes elle ralentit, son regard balayait les vitrines et elle trouvait toujours une excuse ou une autre pour ne pas rentrer dans les établissements. Pas de son goût. Aucun besoin de cartouches d’encre. Un kebab ? Et puis quoi encore !? Son œil fut attiré par la vitrine d’une boutique de lingerie fine. Elle adorait la mode, la finesse, la délicatesse des matières et il se trouvait qu’ils avaient de beaux articles, donc autant se lancer ! Elle se retrouva ainsi sur le pas de la porte et poussait la lourde porte d’entrée de la boutique. Elle était petite, mais bien agencée et lumineuse. La nouvelle collection était sortie, la Saint Valentin était le prochain grand évènement à fêter pour les magasins, donc le manager avait de quoi satisfaire ses clients et clientes. Elle échangea sourire et salutations avec la vendeuse qui était venue droit vers elle. Une jeune femme qui avait une veste sur mesure et un sac-à-main Luis Vuitton était sans nul doute une cliente que l’on ne voulait pas laisser partir les mains vides et la carte de crédit soulagée de quelques euros. N’étant pas du genre à douter, Cassandra lui demanda d’essayer un ensemble bustier et tanga bleu-gris. Ses yeux étaient légèrement plus sombres que cela, mais cela ne pouvait que les faire ressortir et puis dans la lumière tamisée d’un rendez-vous un homme n’y verrait que du feu et il aurait autre chose que la couleur de ses yeux en tête. Elle ignora la petite voix qui lui souffla qu’elle n’avait pas d’homme à qui faire profiter cette tenue, une femme avait aussi le droit de se faire le plaisir d’être belle et présentable.
Lorsqu’elle quitta le magasin un sac de celui-ci dans la main, elle se sentit d’humeur déterminée. Elle ne rentrerait pas tant qu’elle ne serait pas satisfaite ! Elle avait besoin de chaussures et tant mieux on en trouvait à la pelle de ce genre de magasins ! Préoccupée par ses achats et les devantures, elle ne regardait nullement où elle mettait les pieds, se laissant traîner de magasin en magasin elle ressortait l’humeur améliorée. L’air était plus frais, le soleil ne tarderait pas à se coucher, elle fut prise d’un frisson. En sortant du dernier magasin qui l’avait déçue, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas la moindre idée d’où elle se trouvait. Son regard fit le tour des lieux et glissa même sur quelques piétons, elle essayait d’estimer où elle était, dans quel genre de quartier elle était. Mais c’était la sortie des bureaux à cette heure-ci, la sortie des collégiens et lycéens n’était pas bien loin non plus, rien de ce qu’elle voyait ne pouvait l’aider. Malgré elle, elle se mordit le côté droit de sa lèvre inférieure, une manie qui déplaisait hautement à sa grand-mère, une femme n’avait pas à faire de moue, ni montrer quelque signe d’agacement, de stress ou d’émotion quelconque. Mais grand-mère n’était pas là, Cassandra commençait à se sentir fatiguée et son envie d’un café lui reprit d’un coup. N’y tenant plus, elle prit son courage à deux mains, tant pis si une femme n’avait pas à aborder d’inconnus, elle préférait encore se trouver un endroit où se reposer qui lui soit familier que d’errer encore plus longtemps dans les rues.
Elle fit demi-tour, elle allait demander à la prochaine personne qu’elle verrait de l’aide. Un homme. Bon, il avait l’air d’avoir son âge, ce ne pouvait être trop gênant. Elle s’avança vers lui, un sourire poli aux lèvres.
« Bonjour, navrée de vous déranger, je souhaiterai me rendre à… »
Il ne lui accorda pas un regard, ne bifurqua pas de son chemin, l’obligeant à se pousser en vitesse si elle ne voulait pas se faire bousculer. Cette réaction froide, se faire ignorer de la sorte, lui fit perdre tous ses moyens. Elle se mordilla de nouveau le côté droit de sa lèvre inférieure. Elle n’avait plus l’assurance requise pour demander quoique ce fût à qui que ce soit. Elle pivota lentement sur elle-même, jetant de nouveau un coup d’œil aux devantures des différents magasins. Encore troublée, elle les fixait sans les voir et cela n’aurait rien changé car elle ne connaissait pas du tout ce coin de la ville. |
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