Avventura
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Message par Invité Sam 23 Nov - 20:09

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Cela faisait plus de trois mois que les cours avaient repris, pour les moins chanceux du moins. Si certains avaient eu l'opportunité d'entamer leur nouvelle année scolaire vers la mi-septembre, voir carrément au mois d'octobre, la plupart des étudiants étaient déjà victimes du stress provoqué par leurs premiers partiels à venir, ceux-ci étant déterminants pour la validation du semestre, dont la fin approchait à grands pas. Mais si l'on pouvait se faire la réflexion, qu'il n'y avait pas lieu d'appréhender les résultats de ses examens lorsque l'on avait étudié sérieusement tout au long du semestre, cette théorie n'était pas tout à fait applicable à la section des sciences de l'université de l'Avventura. La raison ? L'un des professeurs de cette filière, que la réputation précédait d'elle-même. Jilan éprouvait un malin plaisir à participer à la création des sujets d'examen, du moment qu'il pouvait rendre ces derniers tellement difficiles, qu'il serait tout simplement impossible pour ses étudiants de pouvoir terminer l'épreuve écrite dans la limite du temps qu'il leur était imparti. Bien que sujet à tout un tas d'avis partagés, il s'agissait là d'un moyen comme un autre de tuer le temps lorsqu'on n'avait pas vocation à enseigner. C'était l'opinion du Lightness et il n'était pas dans ses projets de changer son point de vue sur la question. Car, contre toutes attentes, il arrivait parfois d'un petit génie se démarqua de ses camarades de classe. Loin d'impressionner le jeune professeur, ce genre d'incident ne faisait qu'exacerber son sadisme naturel. Quoi de plus divertissant qu'une tête d'ampoule quand on prenait le temps nécessaire pour lui rappeler sa place ? Aussi intelligente que pouvait l'être une infime minorité d'étudiants, leur savoir ne pesait pas bien lourd comparé aux connaissances acquéries au cours d'une existence longue de plus de trois siècles. Tout être rationnel pourrait aisément le confirmer. Dans la logique des choses, Jilan se trouvait donc chez lui ce soir là, préparant ses cours pour le lendemain. C'était devenue une habitude pour lui, au point qu'il s'étonnait parfois d'y prendre goût. Mais il se rappelait rapidement ce qui le motivait le plus dans ce travail et un sourire cruel étirait alors ses lèvres. Une pile de livres, aux sujets aussi diverses que compliqués à première vue, s'élevait sur la table basse, installée devant le canapé dans lequel il se trouvait. Là encore, il avait pris la manie de travailler dans son canapé, alors que le table du salon aurait également fait l'affaire. L'envie de ne pas se ranger dans le stéréotype du professeur préparant ses cours avec soin, à la seule lumière d'une lampe placée sur son plan de travail ? Peut-être. Ou alors, c'était parce que, de là où il se trouvait, le Lightness pouvait aussi contempler l'extérieur de la ville, grâce à la baie vitrée qui constituait le pan du mur de cette partie du salon. Quoiqu'à cette heure de la journée, la vue n'avait rien d'agréable, en dépit du spectacle des lumières de la ville, s'illuminant les unes après les autres, en même temps que celle du jour déclinait peu à peu. La nuit n'était pas l'alliée de ceux de sa race et chaque fois que les doux rayons de l'astre solaire laissaient la place aux ténèbres, le jeune professeur ne pouvait s'empêcher de se sentir irrité. Une raison supplémentaire de préparer ses cours, la veille au soir. Il était certain d'avoir toute la mauvaise foi nécessaire pour refroidir la soif de savoir de ses étudiants le lendemain. Pourtant, cette fois-ci, son attention n'était pas complètement absorbée par le contenu du livre qui reposait sur ses genoux. En effet, il devait retrouver une possible recrue au cours de la soirée. Malheureusement pour lui, cela faisait également partie de ses attributions en tant que second de la louve. Jilan lui aurait volontiers refilé cette besogne, n'ayant strictement aucune envie de sortir une fois la nuit tombée mais étrangement, ses rencontres avec la lycanne se faisaient de plus en plus rares. Même lorsqu'il passait au repaire, il ne la croisait pas forcément. Le Lightness ne savait pas comment interpréter cette soudaine distance entre eux et il se promit d'interroger la concernée lors de sa prochaine visite à la Grotte. En attendant, il se devait de s'exécuter concernant cette rencontre nocturne, à son grand damne. Malheureusement pour lui, l'heure du rendez-vous arriva plus rapidement que prévu et il dut se résigner à reposer l'ouvrage avec ses congénères sur la table basse. Il espérait que cet entretien prendrait moins de temps que prévu car le jeune professeur n'avait pas du tout envie de devoir consacrer le reste de sa nuit, déjà courte, à la préparation de ses cours.

Ne jugeant pas la situation réellement importante, même si la perspective d'agrandir leurs rangs le réjouissait intérieurement, Jilan se contenta d'une simple veste par-dessus sa chemise noire. Ce n'est qu'en arrivant en bas de l'immeuble, qu'il réalisa que la chute des températures avait accompagné le déclin de la luminosité diurne. Tant pis, il devrait faire avec. Sur le chemin qui menait au lieu du rendez-vous, il fut rejoint par l'un des membres de l'organisation. Un hybride loup que le Lightness avait eu l'opportunité de voir une fois sous sa forme animale, alors que l'homme s'entraînait dans la salle prévue à cet effet dans la Grotte. Même si la taille de son loup n'égalerait jamais celle d'un lycan, le jeune professeur dut reconnaître que l'hybride avait une corpulence toute à fait honorable pour ceux de son espèce. Son loup était impressionnant, au pelage entièrement brun foncé, presque noir, à tel point qu'on pouvait le confondre avec un lycan transformé. C'est d'ailleurs ce qu'avait cru Jilan, avant que l'homme ne revêtisse sa forme humaine, où subsistait encore les oreilles et une queue, de la même couleur que son pelage sous sa forme quadrupède. C'était justement l'individu en question qui l'avait contacté au sujet d'une possible recrue. Lui-même avait été en contact avec la personne intéressée pour rejoindre le groupe armé, ainsi le Lightness avait jugé l'information suffisamment fiable pour se déplacer en personne et surtout, de nuit. Toutefois, il avait préféré se faire accompagner car il lui serait impossible d'utiliser ses pouvoirs, une fois le soleil passé de l'autre côté de la ligne d'horizon. D'où la présence de l'hybride-loup à ses côtés. Contrairement au jeune lycan qui l'avait une fois accompagné en mission, son partenaire de cette nuit semblait calme et réfléchi. Même si une grande partie du trajet se déroula en silence, cela ne dérangea pas Jilan, bien au contraire. Il trouvait plus agréable de se savoir accompagné par un être capable de réflexion lorsque la situation l'exigeait, même si ce dernier n'était rien d'autre qu'une boule de poils à l'apparence faussement humaine. C'était même judicieux de la part de son interlocuteur, que de mesurer le moindre de ses mots avant de parler. Prouvant par là, qu'il savait à quoi s'en tenir en étant en compagnie du second des rebelles, et également son supérieur au sein du groupe armé. Au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient du lieu fixé pour le rendez-vous, l'agacement de devoir sortir en pleine nuit se mua en irritation pour le jeune professeur. En effet, leurs pas les conduisaient tout droit en direction du quartier dévasté, preuve irréfutable des événements sanglants qui avaient agité la ville, bien avant son arrivée à l'Avventura. S'il souhaitait étendre ce spectacle désolant à l'ensemble de la ville sous peu, le Lightness appréciait moins l'aura qui émanait de ce lieu en revanche. Il n'irait pas jusqu'à parier à ce sujet mais cela n'aurait rien de surprenant d'apprendre que la darkness qui avait détruit une bonne partie des bois, était également à l'origine des dégâts visibles dans cette partie de la ville. Pourquoi n'avait-elle pas été reconstruite d'ailleurs ? Est-ce que, par hasard, le Cercle avait les mêmes problèmes financiers que son ennemi direct ? Jilan ne confia pas cette remarque sarcastique à son acolyte et préféra attendre, toujours en silence, l'arrivée du prétendu individu désirant rejoindre leurs rangs. Le jeune professeur avait espéré en vain qu'il ou elle serait en avance à l'heure du rendre-vous, cela lui aurait évité d'attendre dans le froid, sa veste n'empêchant pas que ses membres s'engourdissent d'eux-même en raison de l'absence de chaleur environnante. Combien de temps s'était écoulé depuis ? 5 min ? Le double ? Il n'aurait su le dire. A la simple idée que la future recrue ait pu leur poser un lapin, quelques soient ses raisons d'ailleurs, le Lightness doutait de pouvoir apprécier le fait de s'être déplacé pour rien. Quelqu'un allait devoir subir sa frustration et malgré son silence, cela risquait bien de tomber sur le pauvre bougre à l'origine de ce déplacement nocturne. Mais alors que le jeune professeur se demandait comment pourrait-il passer ses nerfs sur lui sans avoir à le tuer, disons, malencontreusement, l'hybride-loup se mit soudain à grogner. Sans attendre l'autorisation de la part de son supérieur, il revêtit sa forme animale, probablement pour exacerber ses sens, déjà bien aiguisés comparés à ceux de Jilan, à moins que ce ne fut que dans le simple but d'impressionner le nouveau venu et sembla fixer un point derrière un amas de débris de briques. Le fait qu'il ait changé de forme, n'arrangeait pas son interlocuteur car à présent, il ne pouvait pas s'attendre à une réponse claire, même si la question se faisait dans l'urgence. De toutes évidences, ils n'étaient plus seuls et à en juger par l'attitude de son acolyte, ce n'était pas la personne qu'ils attendaient.

Après un bref coup d'oeil entre eux, le loup reçut l'autorisation de s'approcher du tas de briques. Avec un peu de chance, le curieux se trahirait de lui-même ou prendrait la fuite. Quoique... Cela mettrait un peu d'animation en attendant que se manifeste l'autre possible recrue. Intrigué, le Lightness observa comment son acolyte, désormais à quatre pattes, réduisait sensiblement l'écart entre lui et le tas de débris. Malgré sa carrure impressionnante pour ceux de son espèce, son allure, elle, demeurait discrète et silencieuse. Si l'on excluait les grondements qui s'échappaient parfois d'entre ses babines. Avait-il l'autorisation de tuer l'intrus ? Parfaitement. Cela s'était lu dans le regard hétérochrome de son supérieur. D'une, cela l'occuperait. De l'autre, ils n'avaient pas besoin d'un curieux ce soir, encore moins si l'entretien attendu conduisait au recrutement d'un nouveau rebelle. Jilan avait une ligne de conduite et celle-ci s'appliquait à un seul principe : pas de témoins, pas d'ennuis. Cela lui avait toujours réussi et ne changerait pas de sitôt. C'est alors que l'animal passa à l'action. Quand il jugea la distance entre lui et le tas de briques dissimulant l'identité de l'intrus, suffisamment petite, il bondit de l'autre côté, prenant le curieux par surprise. Un cri un peu trop aigu pour être celui d'un homme, se fit alors entendre, presque totalement couvert par le grognement sourd du loup. Le jeune professeur ne put contenir un soupir. Une femme donc ? Elle ne savait pas quels dangers la guettait dans les rues et les alentours, en sortant seule à une heure pareille ? Le Lightness ne pouvait pas croire qu'après les avoir suivis jusqu'ici et peut-être observés en douce, l'inconnue n'avait pas vu l'approche de l'hybride ? Pensait-elle vraiment qu'ils ne lui feraient rien ? Alors même que son partenaire avait changé de forme pour mieux la surprendre ? Conscient que la peur de la jeune femme ne ferait qu'exacerber les envies de chasse de l'animal, ainsi que celles de planter ses crocs dans la chair de sa victime débusquée, Jilan choisit alors de prendre la parole, autant pour faire comprendre à son acolyte de se tenir tranquille, que pour s'adresser directement à son interlocutrice prise au piège.

 « Continue comme ça et bientôt tu auras la gorge arrachée. Pourquoi nous observer en douce ? Tu ferais mieux de parler rapidement, car ni moi, ni lui, ne sommes d'humeur patiente. » déclara t-il sur un ton neutre, mais qui ne témoignait d'aucune sympathie.

Message par Invité Dim 24 Nov - 17:11

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La neige avait commencé à recouvrir le monde par endroit. Elle tomba tardivement cette année, mais dès son arrivée, le froid, comme bousté, repris ces droits et devint implacable. A ce qu'il paraissait, cela faisait cent ans qu'il n'aurait pas été aussi rude. Ayant connu cette dernière intense vague de froid, la femme doutait que cela puisse être aussi terrible qu'on l'annonçait. La Terre avait été victime du réchauffement climatique depuis. Et même si la température baissait là où il faisait le plus chaud, et augmentait là ou la glace était mordante, pour se stabiliser. Elle remettait en cause les prédictions des scientifiques. Tout comme la fin du monde, elle en avait rit au nez de ceux qui y croyaient. Pour s'être cultivée pendant plus de trois siècle, ces bêtises la divertissait plus qu'autre chose. Le summum avait été la prophétie de Nostradamus associée au clip de Gangnam Style. Ce qu'il ne fallait pas entendre, vraiment. Les humains avaient de drôle de façons de se divertir tout de même !
C'est en souriant sur cette dernière pensée qu'Eléanore se dirigea vers l'entrée de sa bibliothèque en ayant l'intention de la fermer un peu plus tôt. Personne n'avait daigné franchir le seuil de son antre, il ne servait à rien de la laisser ouverte. Elle se stoppa net. Sa parole avait été entendue, et un homme franchi les portes. Elle soupira en retournant à sa place. Fallait il vraiment qu'on vienne, et comme par hasard à la minute même ou elle avait décider de fermer le bâtiment. La jeune femme ne comprendra jamais le hasard du sort. La canidé reporta son attention sur le nouveau venu, un homme d'âge mûr. De longs cheveux noirs attachés par un ruban, à la mode de l'ancien temps. C'est habits étaient tout aussi atypiques. Cet homme était il comme elle se questionna t'elle. Un centenaire qui vivait dans le monde présent ? Elle n'en savait rien. Mais il l'intriguait. Dissimulant sa curiosité, elle lui demanda en souriant s'il désirait qu'elle chose. Son interlocuteur la fixait de son œil perçant. Rien n'avait l'air de lui échapper, comme s'il pouvait lire en vous comme un livre ouvert. Eléanore fut gênée de se faire scruter ainsi, et il n'avait pas la décence de baisser son regard infaillible. C'est seulement au bout de quelques secondes qu'ils lui parurent des heures entières. Qu'il daigna répondre mais nullement à sa question.

Connaissez-vous la tragédie mademoiselle ? Une fois que le ressort est bandé..

Elle connaissait cette définition de la tragédie par cœur. La plus belle d'entre toutes. Jean Anouilh avait été un génie. Et c'est en lui coupant la parole qu'elle termina.

Cela n'a plus qu'à se dérouler tout seul. c'est cela qui est commode dans la tragédie. On donne le petit coup de pouce pour que cela démarre, rien, un regard pendant une seconde à une fille qui passe et lève les bras dans la rue, une envie d'honneur un beau matin, au réveil, comme de quelque chose qui se mange, une question de trop qu'on se pose un soir...... C'est tout. Après, on n'a plus qu'à laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul. C'est minutieux, bien huilé depuis toujours. La mort, la trahison, le désespoir sont là, tout prêts, et les éclats, et les orages, et les silences, tous les silences: le silence quand le bras du bourreau se lève à la fin, le silence quand les cris de la foule éclatent autour du vainqueur- et on dirait un film dont le son s'est enrayé, toutes ces bouches ouvertes dont il ne sort rien, toute cette clameur qui n'est qu'une image, et le vainqueur, déjà vaincu, seul au milieu de son silence...
C'est propre, la tragédie. C'est reposant, c'est sûr...Dans le drame, avec ces traîtres, avec ces méchants acharnés, cette innocence persécutée, ces vengeurs, ces terre-neuves, ces lueurs d'espoir, cela devient épouvantable de mourir, comme un accident. On aurait peut-être pu se sauver, le bon jeune homme aurait peut-être pu arriver à temps avec les gendarmes. Dans la tragédie on est tranquille. D'abord, on est entre soi. On est tous innocents en somme! Ce n'est pas parce qu'il y en a un qui tue et l'autre et qui est tué. C'est une question de distribution. Et puis, surtout, c'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir; qu'on est pris, qu'on est enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et qu'on a plus qu'à crier,-pas à gémir, non, pas à se plaindre,- à gueuler à pleine voix ce qu'on avait à dire, qu'on avait jamais dit et qu'on ne savait peut-être même pas encore. Et pour rien: pour se le dire à soi, pour l'apprendre, soi. Dans le drame, on se débat parce qu'on espère en sortir. C'est ignoble, c'est utilitaire. Là, c'est gratuit. Pour les rois. Et il n'y a plus rien à tenter..Enfin..


Un silence magique s'installa. Laissant les mots prendre possession de tout leurs sens. L'étranger ne brisa pas l'instant qui semblait hors du temps. Eléanore vivait pour les mots, et ceux la, la transportaient dans un autre monde. Cependant au bout de quelques instants ou elle se laissait planer , l'inconnu se racla la gorge.Reprenant ses esprits, elle regarda l'homme, comme surprise de sa présence puis redescendit complètement sur Terre. Une moue de déception se dessina sur son visage. Pendant quelques secondes elle s'était cru dans la peau de la frêle petite Antigone. Quant à lui, il lui lança un sourire charmeur. C'est cela même dit-il. Il lui annonça avec une confiance déconcertante qu'il avait besoin d'elle ce soir là. Il lui tendit une carte qu'elle attrapa aussitôt, puis s'en alla sans demander son reste. Laissée seule avec ses questions, Eléanore n'eut pas d'autre choix que de regarder la petite carte.

Je vous serais gréé de bien vouloir accepter cette invitation.Une vieille connaissance s'y tiendra pour discuter du bon vieux temps.
Ce si petit bout de papier réveillait en elle des sentiments les plus diverses. Et c'est rongée par la curiosité qu'elle ferma la bibliothèque, et se rendit à l'endroit indiqué sur le revers de la carte. La vampire n'était pourtant pas naïve, cela pouvait tout à fait être un piège. De ce fait, elle pris une petite lame avec elle, qu'elle dissimula dans sa botte. Il valait mieux être trop que pas assez prudent.  Ce ne sera pas ce soir là qu'elle mourrait, il en est hors de question. Et si tout ce qu'il disait était vrai ? Si une vieille connaissance était à l'endroit indiqué ? Serait-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Tant de choses avaient changées depuis qu'elle avait décidé de ne plus parler aux autres. Qui cela pourrait bien être ? Passant devant une vitrine, elle se recoiffa et regarda si elle était apprêtée correctement. Puis, se rendant compte de ce qu'elle était en train de faire, elle se maudit intérieurement. Qu'est ce qu'il lui prenait ? Elle allait peut-être se conduire elle même à sa mort. Elle n'était plus une jeune fille de bonne famille qui, à l'idée de rencontrer quelqu'un après toutes les préparations de ses parents, devait se montrer digne de son nom et de la renommée qu'ils avaient construite pour son avenir. C'était fini ce temps là. Se donnant une petite tape sur la tête, elle continua son chemin dignement en évitant soigneusement tout contact avec son reflet.

Elle arriva enfin à l'endroit voulu.Ses sens étaient étirés à l'extrême. Comme par hasard, c'était aux quartiers dévastés. Le lieu, ou évidemment personne ne venait. Elle se sentait prise au piège, quelque chose l'oppressait. Son cadenas la brûlait, lui incitant de courir loin de ces ruines pleines d'énergies négatives. Elle s'assit un instant, reprenant son souffle. La canidé ne voulait pas fuir, elle voulait savoir qui voulait la voir, quelques soit ses intentions. Se sentant mieux, elle allait se relever pour s'en aller. Mais deux présences l'en empêchèrent. Elle ne savait pas si elle devait se montrer ou non. Du coup, elle resta pétrifiée. Ne sachant que faire. Un énorme loup atterrit juste à quelques centimètres d'elle. Elle poussa un cri de surprise. La peur lui vrilla le ventre, la prenant au dépourvu. Puis une voix s'éleva derrière elle.

Continue comme ça et bientôt tu auras la gorge arrachée. Pourquoi nous observer en douce ? Tu ferais mieux de partir rapidement, car ni moi, ni lui, ne sommes d'humeur patiente.


Eléanore Dévisagea le jeune homme bizarrement. Sa voix lui disait quelque chose. Mais ce n'était pas possible, elle ne connaissait pas cet homme. Elle le détailla, espérant trouver une réponse à ses questions dans ses habits. Mais rien n'indiquait qu'il appartenait à  une autre époque. Une chemise noire, une veste toute simple. Rien de bien exceptionnel. Alors pourquoi son cœur battait à tout rompre ? Puis elle se dit que cela devait être dû à la frayeur que le loup lui avait faite. Elle se releva dignement, pris le temps d'enlever la poussière sur sa robe et les regarda hautainement tour à tour en se donnant du courage. Le jeune homme était d'une beauté sans pareil. Mais, à son air autoritaire et trop sûr de lui, elle sut qu'il s'en servait, et que sa beauté était préservée pour faire tomber les gens à sa guise. Soudain, elle eut un flash devant les yeux, elle ne voyait plus les quartiers dévastés, mais un visage bien familier..

Il faisait chaud, l'air était lourd et aucun souffle de vent venait rafraîchir leur peau trempée de sueur. Qu'elle idée aussi de se déplacer à pied dans les rues de cette si grande ville ! Elle essaya de rattraper sa mère adoptive.

Le bruit de ses talons sur les pavés résonnèrent et la vision s'évapora doucement, laissant le paysage dévasté prendre sa place. Lui laissant l'odeur du pain chaud. Elle se reprit bien vite, voyant que ses interlocuteurs, pas le moins du monde patient, la regardaient férocement. Lequel des deux était le plus humain ? Cela restait à voir.

Monsieur, permettez moi de vous dire que votre égocentrisme est un peu trop développé à mon goût. Ne croyez pas que je sois venue pour vous, ou pour espionner qui que se soit. Cela serait plutôt à moi de vous demander ceci. Il se trouve que j'étais présente avant vous. Vous m'en voyez fort déçue d'apprendre que vous pourriez être ceux que j'attendais. La moindre des choses serait d'être un peu plus accueillant.

Elle regarda de nouveau tour à tour le loup et le jeune homme. Ils peuvent me tuer pensa t'elle. Il faut que je joues finement pour ne pas finir en charpie. Puis, elle leur adressa un sourire. Mais ce n'était que façade. Derrière ce masque d'assurance et de regards hautains, elle réfléchissait à toute vitesse. La lame était toujours dans sa botte. Elle pourrait facilement éliminer le loup, mais l'humain..elle n'en était pas certaine. On en peut pas être sûr de soit comme il l'était en ne sachant pas se défendre. La méfiance devait dominer tout autres sentiments. Et cette vision d'ailleurs. Qu'et ce que c'était ? Avait elle une signification.. ? Elle ne se souvenait pas, c'était comme si l'accès à sa mémoire lui était barrée.  Le mal de crâne lui reprit et une voix résonna dans son crâne.

Nice to meet you, Miss..

Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Les mots lui vrillaient le crâne mais elle n'en laissa rien paraître. Aucune démonstration de faiblesse, sinon ils allaient la tuer en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire. C'était vraiment le moment, tiens.. Sa mémoire lui faisait défaut, ses adversaires semblaient vouloir plus que tout la voir mourir et il n'y avait personne pour l'aider. Elle se félicita intérieurement. Qu'elle idiote ! Mais bon cela allait pour le moment, ils ne semblaient pas s'être rendu compte de son trouble. Elle avait encore toute ses chances. Et au pire des cas, elle userait de son pouvoir. Alors reprenant confiance peu à peu, elle fit l'impatiente. Et mit ses mains sur ses anches.

Message par Invité Dim 24 Nov - 20:00

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Comme il s'y attendait, l'inconnue se retourna immédiatement au son de sa voix. Le regard hétérochrome s'était déjà préparé à croiser celui de la jeune femme, pourtant, ce n'était plus de la peur que pouvait lire le Lightness sur le visage de cette dernière, à sa grande surprise d'ailleurs, mais plutôt une sorte ...d'interrogation ? L'agacement revint à la charge dans l'esprit de Jilan. Était-il tombé sur une personne longue à la détente ? Non contente de s'aventurer seule dans la nuit noire, dans un endroit aussi peu sûr que l'était le quartier dévasté, voilà qu'elle feintait de ne pas mesurer la gravité de sa situation ? Alors même que les propos tenus par l'un de ses deux interlocuteurs ne laissaient aucun doute quant à leurs intentions ainsi qu'à la raison de leur présence en ces lieux ? Ne réalisait-elle pas dans quel pétrin elle s'était mise ? Ou alors, elle était du genre à ne rien laisser paraître sur son visage, tandis que son cerveau s'activait à lui trouver un échappatoire. Toutefois, aussi valable et bien pensée qu'était cette attitude, à trop longtemps garder le silence comme l'inconnue le faisait, la patience du jeune professeur allait rapidement passer le seuil critique. Et pourquoi l'observait-elle de la sorte ? C'était là sa manière à elle d'évaluer la dangerosité de ses interlocuteurs ? Ou alors s'imaginait-elle l'avoir déjà rencontré ? A cette idée, l'envie de sourire et de rire au nez de la jeune femme envahit le Lightness. Il se retint de justesse, jugeant la situation peu opportune pour se détendre, en apparence seulement. Peut-être qu'il pourrait s'autoriser un sourire charmeur, une fois qu'il aurait réglé la question du pourquoi cette personne se trouvait-elle ici, sur leur lieu de rendez-vous. Alors que Jilan allait de nouveau jeter un coup d'oeil en direction de son complice, pour s'assurer sur un simple échange de regards, qu'il ne s'agissait pas de la personne qu'ils étaient sensés retrouver, une autre idée germa soudain dans son esprit. Dire qu'il s'était moqué de la confusion de leur interlocutrice quant à son identité. Mais à bien y regarder... Il éprouvait une sensation de déjà-vue en contemplant ces yeux noirs. Ces yeux noirs aux délicieux reflets rouges, rappelant la couleur du sang... Pourquoi avait-il l'impression de la connaître, sans même avoir entendu le son de sa voix ou d'apprendre son prénom ? Tout comme celui de l'inconnue, le cerveau du jeune professeur s'activa alors, pour fouiller dans ses souvenirs les plus récents comme ceux qui l'étaient moins. Des femmes, il en avait connu et pas seulement au sein de cette ville aux mœurs étroites. La confusion était possible. Peut-être s'agissait-il simplement d'une ancienne amante, perdue de vue depuis des années, des siècles qui sait ? Ou carrément l'une de ses étudiantes ? Après tout, il ne rechignait jamais à passer du temps avec l'une d'entre elles, lorsque ces petites sottes se montraient consentantes sous tous les points de vue. Oui, c'était possible, cependant, son cerveau rencontra rapidement un problème. Si effectivement cette femme se rangeait dans l'une ou l'autre des catégories, pourquoi ne réagissait-elle pas plus en l'ayant en face d'elle ? Jilan espérait bien avoir comblé chacune de ses conquêtes d'un soir, elles ne pouvaient pas l'avoir oublié. Ou même faire semblant. Les traits de leurs visages, la moindre lueur dans leurs yeux, les auraient trahi. Ce n'était pas le cas avec cette femme. Et puis, pourquoi lui ne parvenait-il pas à se souvenir de leur nuit, si celle-ci avait bien eu lieu ? Voilà, à trop se poser des questions inutiles, il allait être de mauvaise humeur pour le reste de la nuit. Une voix féminine l'interrompit dans ses réflexions, le ramenant au moment présent par la même occasion.

 « Monsieur, permettez moi de vous dire que votre égocentrisme est un peu trop développé à mon goût. Ne croyez pas que je sois venue pour vous, ou pour espionner qui que se soit. Cela serait plutôt à moi de vous demander ceci. Il se trouve que j'étais présente avant vous. Vous m'en voyez fort déçue d'apprendre que vous pourriez être ceux que j'attendais. La moindre des choses serait d'être un peu plus accueillant. »

Sérieusement ? Mais pour qui se prenait-elle à la fin ?! Le regard hautain qui accompagna sa prise de parole, renseigna le Lightness sur l'état d'esprit de son interlocutrice. Sa manière de s'exprimer sonnait horriblement  familièrement aux oreilles du jeune professeur. Elle lui rappelait de plus en plus les comportements que l'on se devait d'adopter lors de ces soirées mondaines entre gens de bonnes familles. Non pas que lui et Lily y étaient souvent invités mais... Non, il fallait vraiment qu'il arrêta de se perdre dans ses propres réflexions. Il avait affaire à une petite peste hautaine, soit. Deux optiques s'offraient donc à lui. Ne pas perdre son temps avec elle et l'éliminer aussi vite que possible pour se consacrer à d'autres affaires plus intéressantes. Ou choisir de prolonger ce début de conversation houleuse entre eux et voir ce qu'il pourrait en tirer. Devait-il lui faire remarquer que sa façon de s'exprimer lui collait une étiquette de vierge frigide sur le front ? Une telle approche aurait l'avantage d'être percutante et voir l'expression changer sur le visage prétentieux de l'inconnue serait certainement une chose amusante. Juste avant de la contempler, satisfait de lui-même, tandis qu'elle s'évertuerait à reprendre contenance. C'était peut-être ce qu'il aurait fait s'il s'était retrouvé en tête-à-tête avec la jeune femme mais la présence de l'hybride, toujours sous sa forme animale, changeait la donne. Et puis, ce n'était pas tellement sa manière de procéder face à une potentielle conquête d'une nuit. Jouer le gentleman était plus dans son style habituel. Même en agissant ainsi, on arrivait toujours à ses fins... Et dire que les femmes se prenaient pour le sexe fort... Quelle blague ! Les grognements du grand loup, placé derrière leur interlocutrice commune, de telle sorte que cette dernière se retrouva prise en tenaille, tirèrent une nouvelle fois Jilan de ses pensées. Il se repassa les paroles de l'inconnue dans sa tête, analysant chacun de ses mots. A l'écouter, la raison de sa présence derrière ce tas de briques ne visait pas à les espionner en douce, attendant de voir ce qui se passerait mais le simple fruit du hasard, la jeune femme ayant elle aussi reçu une invitation pour se rendre dans le quartier dévasté ? Et... Elle pensait sérieusement que le Lightness allait la croire sur parole ? Elle aurait dû inventer une autre excuse, plus crédible que celle-ci, si elle disait vraiment la vérité. Le mensonge avait parfois du bon quand on cherchait à se sortir d'une situation difficile. Celle dans laquelle se trouvait l'inconnue, témoignait par elle-même, que mentir nous réussissait mieux que se montrer honnête. Le jeune professeur laissa encore passer quelques minutes, qui purent sembler bien longues du point de vue de son interlocutrice, avant de se décider à lui répondre enfin :

 « La belle affaire que voilà. J'ignorais que vous aviez rendez-vous dans un tel endroit. Vous conviendrez qu'il ne sied guère à une personne de votre qualité, du moins, en ais-je l'intime conviction. Le hasard a voulu que mon collègue et moi-même, ayons prévu de retrouver quelqu'un ici même, à l'abri des regards indiscrets. Je ne crois pas au hasard et à ce que soyez cette même personne très chère. Et la réaction de mon collègue me confirme cette idée. Je crains donc que vous n'ayez pas l'occasion de retrouver votre ami ce soir... My Lady. »

Au fur et à mesure qu'il parlait, un sourire qui ne laissait rien présager de bon venant de lui, s'étira sur ses lèvres. Des deux optiques qu'il avait émis plus tôt dans son esprit, Jilan semblait avoir choisi la première. Cependant, à peine eut-il prononcé les deux derniers mots, qu'il y eut comme un déclic dans sa tête. Un bref flash back défila devant ses yeux, sans qu'il ne puisse le décrire avec précisions. Il en était certain à présent. Ce face-à-face avait déjà eu lieu mais où ? Comment ? Le Lightness se surprit à espérer que son trouble ne se lut pas sur son visage ou dans ses yeux, alors même que les sens aiguisés de son complice pourraient informer celui-ci sur l'état d'esprit du jeune professeur : une raideur soudaine dans les membres et le corps entier, les battements du cœur qui s'affolent... La liste était longue, trop peut-être aux yeux de Jilan, qui n'appréciait pas du tout cette situation. Il avait plus que jamais envie de faire taire à jamais cette femme, qu'importe qui elle était. C'est alors qu'un retour dans le passé s'imposa de lui-même, sans qu'il ne puisse contenir le flot de souvenirs qui l'envahissait.


Les manigances de ses parents avaient finalement porté leurs fruits. Lors d'un repas en famille, chose qui se faisait rare étant donné la dégradation de ses liens avec les membres constituants celle-ci, on lui annonça officiellement qu'il allait rencontrer sous peu, celle qui deviendra son épouse. L'adolescent n'en crut pas ses oreilles. Ils ne pouvaient pas songer à le marier, alors qu'il n'avait même pas d'ambitions à reprendre la suite des affaires paternelles ! C'était davantage le rôle de son frère aîné non ? Le regard hétérochrome passa successivement sur chacun des visages présents autour de cette table, trop longue à son goût. A en juger par leurs expressions satisfaites, une fois encore, son avis n'était pas sollicité sur la conduite à tenir. On ne lui laissait pas le choix, la décision avait été prise de concert entre ses parents et leurs proches. On attendait seulement de lui qu'il s'en tienne à ce qui avait été décidé. Jilan soutint, impassible, les regards de ses parents. A quoi bon s'opposer de toutes manières ? Il savait pertinemment pourquoi ce mariage devait avoir lieu. Une simple histoire d'argent et rien de plus. Et si, en plus, ces géniteurs pouvaient l'envoyer vivre loin d'eux, sans que cela ne leur coûta plus que ce qu'ils allaient récolter... Un bruit métallique les fit tous sursauter. Sa jeune sœur Lily venait de lâcher la fourchette qu'elle tenait à la main. Si l'adolescent ne craignait pas les regards de ses parents, celui de la jeune fille, en revanche, le mettait plus que mal à l'aise. Sans qu'ils aient besoin d'échanger des mots entre eux, il pouvait sentir, rien qu'à son attitude, qu'elle s'opposait à cette décision. Aurait-il seulement le temps et le courage, de s'excuser auprès d'elle... ? Rien ne fut moins certain quand on lui apprit également que la rencontre était prévue pour le jour suivant le lendemain. Il n'aurait pas été surprenant que ses parents aient échangé des lettres en son nom, pour mieux séduire sa prétendante. Las d'apprendre tout ceci au dernier moment, Jilan se dépêcha de finir son repas pour quitter la table plus rapidement. Qu'allait-il pouvoir raconter à cette fille sortie de nulle part ? Dont il ne connaissait même pas le nom, ni les goûts ?...

Par chance, il lui fut autorisé de quitter la demeure familiale, à deux jours de sa rencontre avec la future prétendante. Plus pour éviter de croiser sa sœur que pour réellement profiter du plein air, le garçon se rendit donc à la ville la plus proche. S'il n'appréciait pas sa famille, il éprouvait tout de même un petit pincement au cœur en songeant qu'il allait probablement devoir quitter cette région. L'inconnu était donc si attrayant comparé à ce qu'on connaissait déjà ? Jilan essayait de s'en convaincre. Sans grand succès. Alors qu'il écoutait le bruit de ses pas sur les pavés irréguliers, un cri de surprise, mêlé de douleur interrompit le fil de ses pensées. Il eut tout juste le temps de relever les yeux pour apercevoir une silhouette se pencher dangereusement dans sa direction. Le corps réagit avant même que l'esprit ne comprenne ce qui se passait vraiment et l'adolescent rattrapa la maladroite. En raison de l'inégalité des pavés qui constituaient la chaussée, les accidents n'étaient pas rares. Ne sachant pas trop quoi dire, Jilan attendait que l'inconnue prenne la parole ou se recule d'elle-même après avoir retrouvé son équilibre. Se rappelant soudain du cri que cette dernière avait poussé plus tôt en trébuchant, il se risqua tout de même à poser la question.

 « Est-ce que vous allez bien ? Vous devriez faire attention, on trébuche facilement sur ses pavés... »

En voyant la jeune fille hocher la tête, un sourire amusé s'installa sur les lèvres du garçon alors qu'il la laissait se reprendre. Il attendait qu'elle lui réponde quelque chose puis la regarda s'éloigner, courant de nouveau pour rejoindre une femme d'un âge plus mûr, probablement sa mère ou sa tutrice. Elle ne semblait pas avoir écouté un traître mot de ce qu'il lui avait conseillé, en dépit de sa réponse, jugée sincère par les oreilles de l'adolescent. Sans se défaire de son sourire, ce dernier reprit sa promenade. Voilà. C'était ce genre de rencontre qu'il souhaitait faire. Un cadeau du hasard, non l'expression de l'avidité de ses parents par le biais d'un mariage arrangé...

Le jour J arriva cependant. C'était une chaude journée d'été mais étrangement, on prévoyait de les présenter dans la soirée. Cela eut le mérité d'intriguer légèrement l'adolescent. Pensait-on qu'en absence de lumière, les choses seraient plus faciles ? Que l'on pourrait effacer tous les défauts du monde sans les chauds rayons du soleil ? La famille de Jilan avait convié tous leurs proches et amis pour l'occasion. Le manoir familial avait revêtit son plus bel éclat pour impressionner les invités, signe évident que les affaires financières se portaient bien pour les Ridell. Mais en dépit de la surveillance étroite de ses parents, l'adolescent parvint à leur échapper pour s'isoler loin des festivités bruyantes et des rires gras des convives. Le domaine autour du manoir comportait bien le cimetière familial mais également un immense parc, fait sur mesure pour toute la démesure dont faisait preuve la maîtresse de maison. Ce fut dans ce dédale de végétation que le garçon espérait trouver un peu de tranquillité. Tôt ou tard, on allait bien finir par le retrouver. Mais en attendant, il souhaitait profiter de ces dernières minutes de paix...



 « Qu'est-ce que... ? » marmonna le Lightness, portant une main à sa tête.

Les souvenirs de cette journée refaisaient surface, les uns après les autres, sans lui laisser la possibilité de les refréner. Lui qui pensait les avoir oublié pour de bon... Pourquoi diable revoyait-il les lèvres de cette fille maladroite, remuer sous ses yeux et non son visage ? Le sens de ses paroles lui échappait, alors pourquoi se souvenir de cet épisode précis de sa vie d'avant ? Cela avait-il un lien avec la personne qui se trouvait à présent en face de lui ? Si seulement il pouvait se rappeler avec précision du visage de cette fille... Ou même de la suite de cette journée...

Message par Invité Jeu 28 Nov - 16:33

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« La belle affaire que voilà. J'ignorais que vous aviez rendez-vous dans un tel endroit. Vous conviendrez qu'il ne sied guère à une personne de votre qualité, du moins, en ais-je l'intime conviction. Le hasard a voulu que mon collègue et moi-même, ayons prévu de retrouver quelqu'un ici même, à l'abri des regards indiscrets. Je ne crois pas au hasard et à ce que soyez cette même personne très chère. Et la réaction de mon collègue me confirme cette idée. Je crains donc que vous n'ayez pas l'occasion de retrouver votre ami ce soir... My Lady. »

Un sourire sadique s'étira sur ses lèvres. Elle ne s'était pas trompée, il cachait donc bien son jeu derrière son discours fort aimable. Et le loup qui se mettait à grogner.. ça n'avait rien de bon d'annonciateur. Elle s'était mise dans un pétrin monstre. Et puis ce mal de crâne qui ne cessait d'aller et venir, comme le son d'une sonnerie d'alarme. Pourquoi ? N'avait-elle pas assez payé ses crimes passés ?  Il fallait absolument qu'elle se ressaisisse, sinon ce quartier en ruine, enfin, si on pouvait encore appeler ça un quartier, serait son tombeau. Qu'elle ironie tout de même de commencer au plus haut de la chaîne de la société et de finir, crevée comme une moins que rien. Non, elle ne pouvait s'y résoudre, et son cadenas lui brûlait la peau, la poussant à survivre. Pourtant elle ne pourrait pas fuir, le loup la rattraperai et une fois immobilisée, elle aura la tête déchirée. Rester ? Il lui faudrait donc user de la ruse. L'homme à la chevelure flamboyante la fixait bizarrement. Non, ce n'était pas possible, il la regardait juste férocement. Malgré tout..Il semblait vraiment la fixer. Elle bougea d'un pas pour voir s'il réagissait. Non. Ce fut l'animal qui réagi immédiatement. Un grognement sourd résonna dans sa gorge. Pourtant le jeune homme ne bougea pas, l'air absent. Lui arrivait il les mêmes choses qu'à elle ? Avait il lui aussi des migraines suivies de visions ? Haha, non. Eléanore se ressaisit. Mes des images apparurent d'un seul coup, et la réveillèrent d'un seul coup.

**

Je trébuchais, le bout de ma chaussure, coincée entre deux pavés rebelles. J'aurai pu me rattraper sans  problème, mais une jeune femme de bonne famille se doit d'être faible en toute circonstance. Je voyais le sol se rapprocher, encore quelques fractions de secondes et je pourrai amortir ma chute.Un bras apparu de nul part, me rattrapant de justesse. Je me laissa porter par la poigne de fer en souriant. Grâce à cette personne, j'éviterai quelques bleus inutiles et des heures de coutures mortellement ennuyeuses. Mon ombrelle tombée, je la ramassa en vitesse avant de brûler bêtement sous les rayons cuisants du soleil.


*


Je m'ennuyais fermement. La fête battait son pleins à l'intérieur. Mère jouait son rôle à la perfection. Chaque détail y passait, et elle ne manquait pas de le faire remarquer aux invités. Je ne comprenais pas trop la raison pour laquelle je devais absolument être présente. Et l'attitude euphorique de Madame ne me disait rien qui vaille. Leurs faux rire mondains. Leurs attitudes soit disant irréprochables. Il y avait dans ce monde de pauvres gens qui mourraient de faim, et eux gâchaient la nourriture pour aucune raison. La bêtise n'avait vraiment pas de limite.. J'étais souvent en désaccord sur ce genre de point avec Mère, mais devant les autres, je jouais mon rôle à la perfection. Si bien que quelque fois, j'avais peur de ne pouvoir m'en défaire et devenir l'un d'eux. Un bruit me coupa dans mes pensées. Je relevai la tête, surprise de découvrir le lieux où mes pas m'avaient menés. Le domaine était impressionnant, il fallait se l'avouer. Un magnifique parc s'élevait sous ses yeux. Un oiseau s'éleva dans le ciel. Je lui avait fait peur en m'approchant. Elle admira quelques instant son vol dans la nuit noir. Ah, comme elle rêvait de pouvoir s'envoler elle aussi. Cela lui éviterait de devoir rentrer et de subir les sermons de Mère pour son absence. Elle soupira. La forêt lui tendait les bras, pas question de refuser une proposition si gentiment demandée. Cela ne se fait pas ! Pensa t'elle en souriant. Tant pis pour tout ce beau monde, elle n'était pas l'invitée d'honneur, seulement la fille de celle-ci, elle ne manquerait à personne. Et puis Madame n'avait qu'a me dire la raison pour laquelle je devait être présente. Bien qu'elle m'ait renouvelé ma garde-robe pour cette occasion, ce soir, je n'avais pas envie d'être la petite idiote bien polie que tout le monde dévisageait par ma minceur.  Je pris le temps de regarder derrière moi pour vérifier que bien personne me suivait. Et couru chez mère nature. Le poids de mon personnage trop souvent joué à mon goût s'évaporait à chaque foulée. Qu'il était bon de redevenir soit même. Trop heureuse, je m'arrêta d'un coup, perdue. La fièvre de cette liberté trop souvent enfermée m'avait fait perdre toute orientation. Ce n'est pas grave pensai-je. Et je reparti d'un pas rapide en chantant.


**

La vision s’estompa sur la silhouette d'une personne qu'elle ne connaissait pas. Le premier réflexe qu’eut Eléanore fut de regarder si ils s'étaient rendu compte de son absence. Apparemment non. Elle soupira d'aise. Mais se reprit bien vite.Il ne fallait aucune faille dans son masque. Elle repensa à ce qu'elle avait vu. Elle était si inconsciente auparavant..Mais elle avait su résister à ce monde ignoble, fait de fourberies et d'argent. Et aujourd'hui ? Elle était devenue ce qu'elle ne voulait absolument pas fréquenter. Et elle s'en rendait compte seulement au bout de trois siècle.. Qu'avait elle à prouver aujourd'hui ? Rien. A qui surtout ? A personne. Elle était seule, horriblement.Sa seule raison de vivre était cette clef. Comme elle le détestait ce cadenas. Comme elle détestait cette clef. Comme elle détestait Madame et ses énigmes. Comme elle détestait ses propres manières, ce qu'elle était de devenue. Comme elle détestait cette situation d’oppression. Une rage folle, gardée trop longtemps en elle apparu soudain. L'aveuglant et la guidant dans le moindre de ces gestes. Elle prit la lame dans sa botte, et deux fractions de secondes plus tard la plantait dans le cou du loup. Il se défendit, et la mordit dans la cuisse. Elle vu rouge. Elle ne voyait plus rien. Sa rage agissait pour elle. Pauvre loup. Il n'avait rien demandé. Il suivait sûrement les ordres et rien d'autre. Mais elle n'y pensait déjà plus. La colère était tombée. Sa vision s’éclaircit. Le loup, à ses pieds, mort. Ses mains dégoulinaient de sang. Elle eut le tournis. Le jeune homme la regardait, surpris. Cela ne durera pas. Il fallait qu'elle fuit. Et vite. Il allait la tuer. La vitesse avait été un avantage monstre, mais il se reprenait déjà et commençait à s'avancer, trop sûr de lui. Elle s’affola. Jamais elle ne voulait tuer qui que se soit. Les larmes lui montèrent aux yeux. Un dégoût d'elle même apparent sur ses lèvres. Elle tourna de nouveau. Des voix venaient les unes après les autres dans sa tête. L'odeur du sang se faisait de plus en plus entêtant et la dernière chose qu'elle vu fut le jeune homme se rapprochant toujours plus encore.

**

Du sang. De l'eau coulait plus loin. Un vent souleva doucement mes cheveux. L'odeur d'un jeune homme me parvint. Il était en sueur. Du sang. Je découvris la scène avec effrois. Le gentilhomme était affalé par terre. Il observait le ciel, les étoiles peut-être. Un liquide rubis perlait de ses bras. Du sang. L'odeur affolait mes sens de vampire. J'essayais de me maîtriser. Peine perdue. Je m'approcha avidement. Sans lui laisser le temps de parole, je lui banda les yeux avec un de mes flots. Il ne s'affola nullement. Comme si tout était normal. Très bien, pensais-je, cela m'évitera de l'assommer. En prenant toute fois garde de ne pas planter mes crocs, je commençais me repas.
Un sourire sur son visage.

Je m'appelle Jilan. Et vous mademoiselle ?


**

Je rouvris les yeux. Le visage de l'homme de la vision bien en tête. Il se pencha d'ailleurs vers Eléanore, près à l'attaquer. Elle n'en croyait pas ses yeux. Ainsi c'était cela. Mais pourquoi l'avait-elle croisé dans ses bois ? Et qui était-il ? Elle se reprit, il allait la tuer. Alors, comme pour retenir le coup venant.

« Jilan ? Votre nom serait-il celui ci ? Je ne peux en croire mes yeux.. »

Cela eut l'effet compté. "Jilan" la regardait incrédule. Et vint alors un long silence, pensant sur les épaules d'Eléanore, de plus en plus mal à l'aise.

Message par Invité Dim 1 Déc - 16:49

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La succession d'images défilant devant ses yeux ouverts s'arrêta aussi brusquement qu'elle avait commencé. Seul un léger, quoique persistant mal de tête demeurait. Mais était-ce réellement terminé ? Le Lightness ne savait pas quoi penser de ce qui venait de se passer. Il n'avait jamais été nostalgique alors pourquoi maintenant ? Le jeune professeur ne pouvait pas croire que c'était la seule manière de s'exprimer de l'inconnue, qui avait conduit à ce flot de souvenirs. Alors quel avait été le déclic dans ce cas ? Jamais il n'admettrait que cette situation imprévue l'avait perturbé, trop peut-être pour réaliser que ses deux interlocuteurs venaient d'engager le combat. Se forçant à sortir de ses pensées pour revenir au moment présent, Jilan n'eut que le temps d'ouvrir la bouche à l'intention de son complice pour lui commander de mettre un terme à cet affrontement inutile, soit en immobilisant de force leur jeune invitée, soit en la tuant si elle se débattait de trop. Mais les coups s'enchaînèrent trop rapidement pour qu'il fut en mesure de dire quoique ce soit. Tout débuta lorsque l'inconnue ne trouva rien de mieux à faire que de planter son arme, une sorte de couteau de fortune, caché sur elle, dans le cou de son adversaire poilu. Ainsi donc, elle était armée ? Donc elle n'était pas totalement stupide pour se promener seule, en pleine nuit, dans ce quartier mal famé de la ville. Le Lightness nota ce détail dans un coin de sa tête. Si jamais il s'était montré trop sûr de lui et s'était approché de la demoiselle, qui sait ce qui aurait pu se passer pour lui ? Bien que fort, toute sa puissance se volatilisait une fois la nuit tombée, cela avait également un impact sur ses réflexes. En tant que second des Rebelles, il ne pouvait pas se permettre de perdre la face aussi facilement, contre le premier venu, à fortiori une femme. La réaction du loup quant à elle, fut immédiate. Sur le moment, le jeune professeur crut vraiment que le combat allait dégénérer en faveur de l'hybride. Qu'importe la force de l'inconnue, celle d'un animal blessé et mis en situation de danger se retrouvait décuplée. Cependant, la suite de l'affrontement lui prouva le contraire. Là encore, Jilan dut constater qu'il s'était trompé. Une sorte de folie meurtrière s'empara de leur interlocutrice, qui à cet instant précis, n'avait plus rien d'humain. A commencer par la lueur sauvage brillant au fond de ses yeux, dont l'éclat avait revêtit une couleur plus sanglante que jamais. Quelle était donc cet aura ? Cette violence soudaine ? Était-ce la douleur qui la faisait réagir de la sorte ? La vue du sang ? La panique ? La peur de mourir ? Trop de choses à la fois émanaient de cette silhouette féminine. Même si une partie de lui continuait d'analyser la situation avec soin, notant la défaite de son complice, ce qui allait l'obliger dans le même temps, à revoir sa stratégie d'approche. Lorsque le corps sans vie de l'animal retomba sur le sol, le Lightness comprit qu'il allait dorénavant s'agir d'un duel. Sauf s'il ne perdait plus son temps à réfléchir avant de prendre la moindre initiative et se décidait à passer immédiatement à l'action. A en juger par l'expression de l'inconnue, elle avait réellement perdu la maîtrise d'elle-même lors de ce combat. L'effroi se lisait aisément dans les traits de son visage, alors qu'un liquide sombre recouvrait ses mains et tâchait ses vêtements à certains endroits. S'il voulait agir sans risque de craindre une contre-attaque, c'était le moment ou jamais. A trop attendre, il risquait tout simplement de se mettre en danger. Inutilement. Le rendez-vous qui l'avait contraint à se rendre dans le quartier dévasté en pleine nuit, serait reporté, si toutefois, l'intéressé à l'origine de cette rencontre avait bel et bien prévu d'honorer sa parole en se présentant devant eux. Peut-être que tout ceci n'avait été qu'un piège grossier, une farce de gosse. Si c'était vraiment le cas, autant y mettre un terme rapidement pour s'en retourner à des choses plus concrètes à défaut d'être intéressantes.

Sans perdre une seconde, le jeune professeur s'avança en direction de l'inconnue, toujours aux prises avec ses émotions contradictoires. A présent que son unique arme, était plantée dans le corps de l'hybride, elle ne pourrait compter que sur ses techniques de combat à mains nues. Ce qui n'était pas tout à fait le cas de son nouvel adversaire. Jilan se fit soudain la remarque que, malgré son intention de sortir accompagné d'un membre des rebelles, après que le soleil soit passé de l'autre côté de la ligne d'horizon, il avait bien fait de s'armer pour cette promenade nocturne, riche en rebondissements. Sur les conseils de la louve, il avait récemment appris à manier l'équivalent d'une petite dague en argent, forte utile contre les représentants de cette race, à la puissance physique inégalée jusqu'à présent. D'autant qu'ils étaient, pour la plupart, tellement terre-à-terre, que tenter de raisonner avec l'un d'entre eux, ne conduirait à rien. D'où le recours à cette arme, pour convaincre les plus têtus. Son regard déterminé croisa alors celui, perdu, de la jeune femme. S'était-elle reprise plus rapidement que prévu ? Non, car malgré la réduction de la distance qui les séparait et qui garantissait une sécurité approximative à la demoiselle, cette dernière ne fit pas mine de se défendre face à ce nouvel adversaire. Elle devait probablement toujours être sous le choc de l'acte qu'elle avait commis sous la colère. Même si, du point de vue du Lightness, la voir avec autant de sang sur elle n'en était que plus plaisant à regarder. Devait-il le lui confier ? En guise de dernières paroles avant de la tuer de sang froid ? Il y songea très sérieusement mais il se dit qu'il fallait déjà qu'il décida de comment la tuer. L'étrangler à mains nues ? Ou ne pas prendre de risques inutiles et lui trancher rapidement la gorge avec sa propre arme ? Peut-être les deux qui sait ? Il avait retrouvé sa manie joueuse et puis, il ne pouvait pas se débarrasser d'une personne du sexe opposé sans en tirer profit un petit peu tout de même ? L'idée de la manipuler quant au dégoût d'elle-même qui devait certainement l'habiter après l'acte qu'elle avait commis, lui plut. Mais dans quel intérêt ? L'allonger ? Dans cet endroit sinistre ? Ce n'était même pas la peine d'y penser ! Alors quoi ? La convaincre de rejoindre l'organisation criminelle ? Cette idée fit son chemin dans l'esprit du jeune professeur, en même temps qu'il se rapprochait de plus en plus de l'inconnue. Après tout, le spectacle dont il avait été le témoin silencieux, lui avait prouvé deux choses : la première, il préférerait décidément les femmes tâchées de sang, la seconde, que la demoiselle pouvait faire preuve de violence inouïe lorsqu'elle le voulait bien. Peut-être qu'elle pourrait se montrer utile pour le groupe armé ? Même de manière infime ? Du moment qu'elle se contentait d'être un pion docile que l'on pouvait sacrifier lorsque la situation l'exigeait. Mais alors qu'il arrivait finalement à la hauteur de l'inconnue, une main tendue en direction du cou de cette dernière, voilà que son interlocutrice prenait la parole, d'une voix mal assurée :

 « Jilan ? Votre nom serait-il celui ci ? Je ne peux en croire mes yeux.. »

La surprise le cloua sur place, immobilisant chacun de ses membres, y compris le bras tendu vers la silhouette féminine en face de lui. Quoi ? Avait-il bien entendu ? Comment pouvait-elle connaître son nom ? La première réponse qui s'imposa à lui, comme une évidence, était que la jeune femme soit capable de lire dans les pensées ou du moins, de posséder un pouvoir similaire pour en apprendre sur ses interlocuteurs, sans que ces derniers n'aient pas à lui dévoiler quoique ce soit oralement. Oui, cela ne pouvait être que ça ! Il n'y avait pas d'autres hypothèses possibles pour expliquer cette situation ! C'était peut-être là, le moyen le plus efficace qu'elle avait trouvé et employé pile au bon moment, pour le déstabiliser et contre attaquer. A moins qu'elle n'en profita pour s'enfuir sous son nez ? Quand bien même, aucun mouvement n'agita le corps de la demoiselle, cette dernière demeurait comme une statue de cire devant lui. Elle savourait sa stupeur ? Non, ce n'était pas ce que le Lightness pouvait lire dans son regard aux reflets sanglants. Doucement, une autre version apparut dans son esprit, alors même qu'il luttait encore pour la rejeter en bloc : et s'ils s'étaient réellement déjà rencontrés ? Après plus de 300 ans à parcourir cette Terre, il ne faisait aucun doute que Jilan en avait connu des personnes, encore plus de femmes très certainement. Qu'ils puissent se connaître n'aurait pas dû le surprendre autant, puisque c'était possible. Le seul hic étant qu'il ne parvenait pas à mettre un nom sur ce visage... Encore moins à s'en souvenir avec précisions. Cela le mettait dans une situation inconfortable. Cependant, si le contenu en lui-même l'interpellait, son attention se focalisa sur le premier mot qui s'était échappé d'entre les lèvres de la jeune femme, à savoir, son prénom même. Non pas que ce détail avait une réelle importance à ses oreilles, c'était plutôt l'intonation de la voix de l'inconnue qui l'intrigua. Pourquoi diable avait-il l'impression de l'avoir déjà entendue ? Alors même qu'il n'était pas capable de mettre un nom sur ce visage juvénile ?! Tout cette histoire n'avait aucun sens ! Et pourtant...


L'astre solaire avait poursuivi sa course dans le ciel, jusqu'à totalement disparaître derrière l'horizon. Dans l'obscurité grandissante, la demeure familiale des Ridell étincelait de toutes parts, des lumières s'allumant ci-et là. Tout avait été préparé avec soin pour que les convives se sentent à leur aise, quel que soit l'heure. Chacun d'eux, excepté le principal intéressé qu'était l'adolescent ! S'en était tellement risible. Mais à sa grande surprise, nul ne s'était encore lancé à sa recherche. Étrange. La famille de sa prétendante devait être déjà arrivée pourtant, non? Ce n'était pas dans les habitudes de sa mère de le laisser n'en faire qu'à sa tête, lorsque ses actions pouvaient ternir l'honneur familial. Pourquoi y consacrer autant d'attention à ce prétendu honneur d'ailleurs ? Alors même qu'il n'y avait jamais été question de famille au sein des Ridell. Seule la succession paternelle et les affaires comptaient. Un soupir monta dans la gorge du garçon, pour finalement franchir ses lèvres, dans le silence tranquille du parc dans lequel il se trouvait. Éloigné de toute l'animation donnée en son honneur, le moindre son, même très faible, prenait des allures de nuisance sonore. Ses pas l'avaient conduit au cœur d'une petite clairière, nullement recouverte de l'épais feuillage des arbres à cette époque de l'année. La lune, double du soleil, illuminait l'endroit de ses rayons blafards, lui donnant un aspect plus mystérieux qu'en pleine journée. Jilan s'assit à même le sol, puisqu'aucun banc ne semblait se trouver dans les environs. Encore une manie à sa mère : installer des bancs en pierre ci-et là dans le parc mais seulement dans les endroits qu'elle avait l'habitude de fréquenter lorsque l'envie lui prenait de marcher un peu. Femme égoïste que celle-ci. Son regard se porta alors sur le ciel étoilé au-dessus de sa tête. Observer l'apparition des étoiles, les unes après les autres alors que la nuit s'installait pour de bon, lui donner la sensation d'être un peu plus libre de ses actes, qu'il ne l'était en réalité. Ce qui l'attendait réellement, c'était un mariage arrangé avec une parfaite inconnue, dans le simple intérêt de satisfaire les envies financières de ses géniteurs, en lui permettant peut-être de s'éloigner de la demeure familiale. Mais cela reviendrait à laisser Lily derrière lui...

Se savoir ainsi pris au piège, lui serra la gorge. Il ne pouvait, encore une fois, rien faire pour empêcher ce qui allait arriver. Qu'il fuit ou qu'il resta, le résultat serait le même pour lui et sa jeune sœur. La colère s'immisça rapidement dans son cœur et de rage, l'adolescent se saisit d'une branche suffisamment pointue à son extrémité pour s'entailler l'avant-bras sur toute sa longueur. Cela lui arracha une grimace de douleur, d'autant plus que le morceau de bois avait pénétré profondément la chair. Jetant la branche un peu plus loin, le garçon regarda d'un air absent, le sang couler en abondance de son avant-bras. Étrangement, cette vue le calmait un peu. Ou alors c'était simplement sa fascination pour le liquide écarlate qui dissipait son mal être ? Sans chercher une réponse dans son esprit, Jilan bascula en arrière pour s'étendre de tout son long dans l'herbe humide. Diverses odeurs lui assaillaient les narines : celle de l'herbe, de l'humidité mais également du sang qui continuait de s'écouler. Il n'avait pas peur d'en perdre de trop, au risque de ne jamais pouvoir se relever. Ce n'était pas la première fois qu'il se blessait ainsi volontairement, l'adolescent avait appris où se situaient ses limites. Une seule plaie de ce genre suffirait. Alors qu'il se croyait seul dans le parc, il entendit soudain du bruit derrière lui. Fermant les yeux, le garçon prit une profonde inspiration. Il allait bientôt devoir affronter son destin et en particulier, s'expliquer auprès de ses parents pour l'étrange blessure qu'il portait à l'avant-bras. Quelle excuse allait-il encore pouvoir trouver ? Et surtout, comment allait se dérouler la suite des festivités, à présent que sa fascination pour le liquide écarlate apparaîtrait aux yeux des convives réunis. En dépit des efforts de ses parents pour le cacher. Ce serait certainement très amusant si cela horrifiait la famille de sa prétendante. Pourtant, aucune voix ne se fit entendre, ce qui le surprit. Intrigué, Jilan se redressa soudain en position assise, commençant à tourner la tête pour dévisager la personne qui l'avait finalement retrouvé. Mais avant qu'il ne fut en mesure de se retourner complètement une voile noir lui tomba devant les yeux, dans les deux sens du terme. Le contact soyeux de l'objet sur ses yeux, lui confirma son identité. S'il avait peur ? Non, pas vraiment. L'optique de tomber sur un fou prêt à le tuer ne lui avait pas traversé l'esprit. Et ce n'était pas comme s'il redoutait la mort pour l'avoir si souvent frôlée... D'autant plus que le parfum qui accompagna le mouvement du flot était celui d'une femme.

L'adolescent n'osait plus bouger, de plus en plus intrigué par ce qui se passait. Était-ce l'oeuvre d'une convive ayant un peu trop forcé sur l'alcool ? Ce qui expliquait cet étrange comportement, de même que l'absence de peur quant à la blessure sur l'avant-bras du garçon. En parlant de celui-ci... Il sentit qu'on lui relevait le bras, sans qu'il chercha à se débattre. Avait-on finalement remarqué la plaie ? La sensation d'un souffle chaud sur la chair à vif lui arracha un frisson puis en vint une autre, totalement inconnue de Jilan. Quelque chose de chaud était pressé sur sa blessure et il pouvait sentir le sang être aspiré. Il comprenait de moins en moins ce qui se passait mais toujours aucune crainte ne l'envahissait. Au contraire, un drôle de sourire étira ses lèvres alors qu'il essayait d'engager la conversation avec la mystérieuse inconnue.

 « Je m'appelle Jilan. Et vous mademoiselle ? »

Le bruit de suçon qui avait commencé à se faire entendre, sitôt cette étrange sensation contre son avant-bras, s'arrêta net, à la grande surprise de l'adolescent. Pour être totalement franc, jamais il n'aurait pensé que sa tentative fonctionnerait, encore moins qu'on lui prêterait attention. Pour avoir agi ainsi avec lui, prenant soin qu'il ne vit pas son visage, l'inconnue devait craindre sa réaction. Ou simplement ne pas avoir d'ennuis avec lui. Alors pourquoi est-ce qu'elle écouterait ce qu'il avait à lui dire ? C'était du moins ce que pensait le garçon.

 « Jilan ? Voilà un bien étrange nom que le votre... »

Passé ce commentaire, résonnant de manière un brin hautaine dans la bouche de son interlocutrice, cette dernière ajouta après une courte hésitation.

 « Je m'appelle... »



 « … Eléanor... »

Cela lui était subitement revenu et le prénom lui avait échappé avant même qu'il ne puisse le retenir derrière ses lèvres. Le Lightness dévisageait, incrédule, la jeune femme, alors qu'il n'avait pas pu empêché le nouveau flot de souvenirs de l'envahir. Il se souvenait de tout, de ce jour là et des circonstances de leur rencontre. Mais il ne parvenait pas à croire que cette personne en face de lui, pouvait être la même qu'il avait croisée par hasard dans le parc familial, il y a plus de 300 ans. Son hypothèse sur la véritable identité de cette jeune fille, aux goûts bien plus étranges que les siens pour boire le sang d'autrui... Serait-elle vraie ? S'agissait-il d'une vampire ? C'était possible mais... Elle n'avait pas du tout changé, ayant conservé le même visage enfantin que cette fois-là lorsqu'il lui avait évité une mauvaise chute sur les pavés inégaux de la ville. Et même après qu'ils aient été découverts ensemble dans les bois... Jamais il n'avait été question de vampires... Jilan mit du temps avant de se reprendre, tant les questions affluaient dans sa tête. Il savait que cela devait être probablement la même chose pour son interlocutrice, d'où leurs nombreux moments d'absence depuis qu'ils s'étaient retrouvés face-à-face, dans ce quartier désolé, au milieu des ruines.

 « Ce n'est pas possible... Tu ne peux pas être ici et encore...vivante... »

Abandonnés le vouvoiement et le dédain que le jeune professeur lui portait plus tôt dans la soirée. Il n'en revenait toujours pas qu'il pouvait s'agir de la même personne, à environ 300 années près. Dire qu'il avait toujours été fasciné par ces créatures de la nuit lorsqu'il était plus jeune, bien avant de se retrouver lui-même confronté au double tranchant de l'immortalité. Depuis, même s'il appréciait toujours leur compagnie, le Lightness savait qu'il n'en devait pas moins se montrer prudent envers eux. D'une, parce qu'ils étaient de parfaits opposés, l'un vivant le jour, les autres la nuit. Et aussi, parce qu'aussi intéressants étaient-ils dans leurs conversations, ils n'en restaient pas moins des tueurs. Se faire vider de son sang par l'un d'entre eux ne le tentait pas spécialement. Sa première expérience avec l'une de ces créatures s'était bien déroulée, Jilan préférait en rester là pour le moment. Qu'allait penser Eléanor de ses propos ? Après tout, ce serait sans aucun doute risible pour elle, si elle était véritablement une vampire, le temps n'ayant pas d'emprise sur elle, tout comme sur ceux de sa race. Mais puisqu'elle l'avait rencontré humain, ne se poserait-elle pas plus de questions à son sujet que l'inverse ?

Message par Invité Mer 4 Déc - 22:20

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Elle attendait le coup. Se préparant au pire.Le moment d'hésitation n'était peut-être qu'une feinte, pour mieux la tuer, jouissant d'être le maître de sa vie, chaque lueur d'espoir dans les yeux de sa victime faisant apparaître un sourire sadique sur ses lèvres. Et un plaisir intense quand la lame, s'enfonçant dans le corps frêle de sa proie, libérerait  l'afflux sanguin de sa cage thoracique. Mais non, le geste fut définitivement interrompu par la tache d'incrédulité envahissant ses yeux hétérochromes. Une sorte de soulagement mêlé à la surprise du choc de cette révélation envahit et réchauffa peu à peu le corps transi de la jeune femme. Soudain, tout lui revînt enfin, et d ans le bon ordre cette fois-ci. La prétendue visite de Londres, la soirée mondaine, l'épisode dans la forêt, l'annonce du mariage arrangé qui n'eut jamais suite, la dispute avec Madame sur la raison de sa folie aux retours riches de parures. Bien que le jeune homme semblait fort aimable et bien courtois, elle était immortelle bon sang! Revenant au présent, elle dévisagea celui-ci quand il prononça son nom, ainsi, elle ne s'était pas trompée, il était bien le fantôme du passé. Comment cela pouvait-il avoir lieu ? Ce n'était qu'un simple humain quand ils s'étaient quittés. Serait-il, lui aussi, devenu un vampire pour affronter ces trois longs siècles ? En tout cas, ce n'était pas elle qui l'avait transformé, il avait du prendre quelques années avant de devenir immortel. Que lui était-il arrivé ? Eléanore avait tellement de questions à lui poser, et tellement de choses à lui conter. Mais elle se retînt, il avait changé, il n'était plus le Jilan d'antan, cela allait de soit. A moins que.. Oui, cela avait été furtif, mais pendant une fraction de seconde, ses yeux le trahirent. Il était toujours là, seulement, comme elle, le poids du temps les avaient changé, ensevelit leur véritable personnalité par de faux rôles modelés pour survivre dans ce monde toujours plus cruel mais de façon toujours plus 'Humaine' comme ils aimaient ainsi l'appeler. Elle n'en revenait pas. Pourtant ses visions auraient dut l'aider à amortir le choc de la réponse. Mais non, il avait fallu que sa mémoire n'en fasse qu'à sa tête. Elle se maudit intérieurement. Et puis, l'homme au ruban était venu plus tôt dans sa boutique pour la prévenir. Ce n'était donc pas une farce. Tout cela semblait tellement bizarre. Mais cela voudrait dire aussi que ce mystérieux inconnu soit au courant pour sa nature et son âge, ainsi que son histoire ? Il faudrait qu'elle le retrouve un jour pour lui en toucher deux mots. Une question s'imposa alors, pourquoi les avoir réunis en sachant ce qu'ils avaient vécu ensemble ? Dans quel but surtout ? Ah ! Le mystère restera entier pensa t'elle. Son intention se reporta sur la réalité quand Jilan ouvrit la bouche pour parler, il semblait vraiment décontenancer.

« Ce n'est pas possible.. Tu ne peux pas être ici et encore.. vivante... »

Alors lui non plus n 'y croyait pas. Mais cela confirmait et balayait ses derniers doutes, il était bien Jilan. Son fiancé d'antan. Il leur avait fallut trois siècles pour se retrouver. Un sourire se profila sur son visage, mais celui-ci n'avait plus rien d'hypocrite ni de hautain. Il était doux. Elle était heureuse de retrouver quelqu'un qui avait partagé sa vie d'autrefois, aussi court fut leurs moments passé ensemble. Cela lui donnait un nouveau souffle. Comme une renaissance. Un nouveau repère. Mais au fond d'elle, Eléanore savait qu'il ne partagerait peut-être pas son avis. Il se pourrait qu'il prenne mal leur retrouvailles. Qu'il pense qu'il allait devoir la supporter. Elle savait que non. Le simple fait de le revoir lui était suffisant. S'il ne voulait donner suite à cette chance de pouvoir se parler de nouveau, elle n'en ne serait pas le moins du monde blessée. Le fait qu'il soit vivant lui suffisait amplement. Après tout, ils n'étaient pas mariés. Elle n'avait pas à se préoccuper de sa vie actuelle. Et puis il avait trop changé. Elle ne pensait pas pouvoir comprendre ce changement, ou du moins contenir cette rage brûlant dans ses yeux en permanence. Elle se contenta donc de sourire, bêtement pouvait il penser. Doucement, la vampire se releva, la douleur à la cuisse l'empêchait d'être relativement souple, elle était plus petite que lui, mais soutint son regard avec la même intensité. Ce n'est pas parce qu'ils se reconnaissaient que cela allait effacer ce qui venait de se passer. Nous ne sommes pas dans un roman à l'eau de rose Pardieu ! pensa la jeune femme. Égouttant le sang de ses manches et de son jupon, elle répondit d'une voix qu'elle voulait calme.

« Tu as bien changé.. Disons que l'immortalité m'a bien aidé.. et toi.. comment ? »


Elle porta sa main à sa bouche pour lécher les dernières gouttes de sang de ses doigts. Le sang était répugnant. Elle ne savait pourquoi, mais il avait un goût amer. Une moue de dégoût apparu sur son visage quelques instants. Puis, essuyant sa main sur un mouchoir, son intention se reporta sur le jeune homme. Eléanore attendait sa réponse avec une certaine impatience, voulant savoir si le combat allait continuer ou si la conversation continuerait vers des sujets plus légers. Sa cuisse lui faisait horriblement mal, elle décida donc de se poser sur un morceau de maison, survivant des trois jours sombres. Elle essayait de faire comme si c'était elle qui avait eu envie de se poser sur ce muret, et non sa blessure qui l'avait décidé. Mais un long filet de sang coulait sur toute la longueur de sa jambe, trahissant la douleur. Elle arracha un bout d'un de ses jupons, releva sa jupe et attacha en serrant fort le bandage de fortune. Relevant la tête elle vit que Jilan fixait bizarrement l'endroit où sa blessure prenait place. La jeune femme ne comprit pas pourquoi.

Message par Invité Ven 6 Déc - 20:45

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Dire qu'ils se retrouvaient après plus de 300 sans s'être vus. Si la jeune femme n'avait pas changé, hormis une lueur moins enfantine dans son regard aux reflets sanglants, certainement en raison du poids des siècles passés, Jilan avait pris quelques années juste après sa transformation. Lui-même  ne savait en quoi c'était dû, seules des hypothèses pour expliquer ce qui s'était réellement passé cette fois là. Sans cette succession de flash-back qui leur avait permis de se souvenir l'un de l'autre, jamais Eléanor n'aurait pu le reconnaître. Certes, les caractéristiques physiques du Lightness étaient suffisamment particulières pour semer le doute dans l'esprit de son interlocutrice mais cela s'arrêtait là. Il lui aurait suffit de mentir un peu et le tour était joué ! Sortant de ses pensées, le jeune professeur reporta son attention sur le visage de la vampire. Un étonnant sourire s'étirait à présent sur ses lèvres. Elle n'avait pas changé depuis cette soirée dans le parc familial des Ridell. Pourquoi se faire cette réflexion ? Et bien... Curieusement, il réalisa être le seul des deux à avoir vraiment changé. Tant d'un point de vue physique que mental. Jilan ne pouvait pas prétendre qu'il était resté cet adolescent soumis aux pressions familiales. Comment la jeune femme allait réagir face à tous ces changements ? Rien que lorsqu'ils s'étaient retrouvés face-à-face, avant même se reconnaître, ils avaient agi comme de parfaits étrangers et le Lightness savait que son comportement pourrait provoquer des interrogations. Puisqu'Eléanor avait une image de lui qui ne se reflétait plus aujourd'hui, risquait-elle de devenir une danger pour lui ? Peut-être qu'il se prenait trop la tête et qu'elle chercherait simplement à évoquer le passé en sa compagnie, sans rien attendre en retour ? Bien qu'ayant été fiancés, le mariage arrangé par leurs parents respectifs n'avait rien donné. Le jeune professeur se retint de sourire, amusé, en se souvenant alors de ce qu'avait été la suite de cette première et brève rencontre avec celle qui aurait dû devenir sa femme. Quand on les avait retrouvé dans ce bras, la blessure du garçon avait fait parlé d'elle. Mais on s'était également étonné qu'Eléanor n'avait pas eu le réflexe d'alerter les convives après avoir retrouvé le fugitif de la soirée. Au final, ils avaient subi de sévères remontrances, chacun de leur côté. Ce qui, dans le fond, les avait encore plus rapprochés. Pourtant, l'intriguant intérêt de la jeune fille pour son liquide vital, avait profondément marqué l'adolescent, qui avait alors émis plusieurs théories sur elle. Bien entendu, il était difficile de concevoir à cette époque, que des créatures surnaturelles, dont l'existence se limitait aux livres et aux contes, puissent cohabiter avec les humains, sans que ces derniers ne s'en rendent compte. C'était ce qui avait dissuadé Jilan d'en parler autour de lui, y compris à sa jeune sœur. Lorsqu'il avait été confronté à cette réalité, en devenant lui-même, l'une de ces créatures, le Lightness n'avait malheureusement pas été en mesure de revoir la jeune fille. Il faut dire qu'il avait eu d'autres préoccupations, une fois revenu d'entre les morts. Et l'incident qui suivit avec sa famille, n'avait pas arrangé les choses. S'il regrettait, à présent, de n'avoir pas cherché à revoir Eléanor ? Difficile à dire, puisque le destin leur avait facilité les choses ! C'est alors que les lèvres de la prétendue vampire, se mirent à remuer, contraignant le jeune professeur à prêter davantage attention à ce qu'elle lui disait. Et cette fois-ci, il ne put retenir un sourire. Maintenant que son interlocutrice confirmait d'elle-même ses soupçons quant à sa possible nature vampirique, Jilan sentit comme un poids s'envoler de son cœur. Il avait donc vu juste et ce, depuis le début... Pour quelqu'un qui s'était toujours intéressé à ces créatures de la nuit, c'était le comble ! Malheureusement, son sourire disparut aussi vite qu'il était apparu. Eléanor venait, sans le savoir, d'aborder un sujet que le Lightness préférait éviter. Non pas qu'il avait honte de ce qu'il était devenu. Mais il se souvenait vaguement de l'ambiance qui régnait dans la demeure familiale ce soir là, les bons rapports échangés entre les deux familles qui s'apprêtaient à s'unir par le biais du mariage de leurs enfants... Comment pouvait-il raconter à son interlocutrice, ce qui s'était réellement passé peu de temps après ? Le rituel étrange, les yeux exorbités de son père comme possédé, l'éclat luisant du poignard, le néant puis cette douce chaleur. Un sorte de répit qui n'avait été que très bref, puisqu'il avait ensuite appris le suicide de sa petite sœur, la veille de son propre mariage. Quand à la suite des événements... Jilan ne pouvait pas croire une seule seconde, que le vampire accepterait cette vérité, le vrai visage des membres de la famille Ridell et de quelle manière, leur cadet avait mis fin à toute une lignée... C'était inconcevable, même pour lui. Il suffisait de voir les expressions qui s'étaient succédées sur le visage de la jeune femme, alors même qu'il se montrait odieux vis-à-vis d'elle. Eléanor n'aurait pas besoin de beaucoup pour se méfier de lui. Il avait plutôt intérêt à rattraper le coup...

 « C'est à dire que... »

Un applaudissement sonore et au rythme expressément lent, le coupa, l'empêchant d'aller jusqu'au bout de sa phrase. Sur le moment, le Lightness remercia intérieurement le nouveau venu pour son intervention, certes déplacée, mais qui lui permettait d'éviter l'épineux problème concernant les révélations qu'il devait à son interlocutrice. Passée cette émotion qu'il avait peu eu l'habitude d'expérimenter au cours de sa longue existence, Jilan se tourna alors vers l'inconnu, fronçant les sourcils. A quoi rimait cette attitude ? Les observait-il depuis longtemps ? Et pourquoi indiquer sa présence de la sorte ? Le nouveau venu se détacha de l'ombre étirée d'un tas de ruines plus haut que les autres. A première vue, il s'agissait d'un homme. Rien qu'à sa démarche, le jeune professeur comprit qu'il avait l'assurance requise pour interrompre ainsi leurs retrouvailles. Mais à y regarder de plus près, il ne connaissait pas ce visage au regard noir comme le jais. Le Lightness eut beau sonder sa mémoire, pour tenter de mettre un nom sur ce visage, peine perdue. Le regard hétérochrome s'attarda un peu plus longuement sur la tenue de l'individu. Malgré une veste noir, permettant aisément de se dissimuler dans les ténèbres environnantes et qui recouvrait une bonne partie de ses vêtements, Jilan put constater que ceux-ci ne suivaient pas tellement la mode de l'Avventura. Pour un peu, il se serait cru revenu en arrière, à cette époque où s'habiller élégamment prenait du temps et en incommodait bon nombre. A cette idée, il pesta silencieusement contre lui-même. Cet homme ne pouvait pas venir d'un autre temps, on était au XXIème siècle ! Était-ce ses retrouvailles imprévues avec Eléanor qui le perturbait autant, plus qu'il ne voudrait jamais l'admettre ? Tandis que le nouveau venu se rapprochait d'eux, sans cesser de frapper l'une contre l'autre, ses deux paumes, le jeune professeur put remarquer le balancement d'une tignasse noire sur son épaule, de la même teinte que les iris de l'inconnu. Le tout attaché par un simple ruban, certainement pour éviter d'être incommodé par la moindre brise nocturne. A l'approche de cet homme, Jilan sentit de nouveau la tension envahir son corps entier. Avec la mort de son complice, s'il lui fallait se battre, ce serait seul. Et de nuit en plus ! Cela n'arrangeait pas ses affaires, d'autant plus qu'il ignorait tout des intentions, ainsi que la race du nouveau venu. Comment savoir s'il s'agissait d'un allié ou d'un ennemi ? Etait-ce l'individu qui devait être présent à leur rendez-vous ? Même en admettant que cela fut le cas, comment réagirait-il en apercevant le corps sans vie de son contact au sein de l'organisation criminelle ? Penserait-il avoir été trompé ? Et déciderait-il de s'en prendre au Lightness, qu'il tiendrait pour responsable de la mort de son collègue ? C'était le pire scénario envisageable et le jeune professeur réfléchit à toute vitesse pour trouver un compromis, si jamais, cela devait se passer ainsi. Cependant, il remarqua bien vite que l'inconnu ne semblait porter aucun intérêt au corps de l'hybride loup. Ses yeux noirs passèrent de Jilan à la vampire, pour rapidement revenir sur ce dernier.  Ce que le Lighntess pouvait regretter de n'être pas télépathe dans certaines situations... ! Heureusement -ou malheureusement pour lui-, l'homme prit alors la parole :

 « Ravi de voir que vous avez accepté mon invitation my Lady. A en juger par votre expression dans cette bibliothèque, pendant un instant, j'ai eu peur que vous refusiez. »

Quoi ? Ils se connaissaient ? Pire encore, c'était l'individu qu'Eléanor devait retrouver ici même ? Dans l'un des quartiers dévastés au cours des Trois Jours Sombres ? Fronçant les sourcils une fois la surprise passée, le regard hétérochrome se posa sur la jeune femme non loin de lui. Ainsi, elle avait ce genre de fréquentation ? Cela le surprenait, pour ne pas dire que cela...l'inquiétait ? Chassant ce genre de pensées qui ne lui ressemblait pas, Jilan essaya de se représenter la situation. Le quartier dévasté n'était décidément pas un lieu où l'on se donnait rendez-vous. Sauf si l'on avait des choses à cacher. Dans tous les sens du terme. Et puis, la vampire n'avait jamais fait mention d'un quelconque rendez-vous, ce qui aurait pu, dans un sens, lui sauver la mise lorsqu'elle se trouvait encore entre les deux rebelles. Alors quoi ? Pourquoi l'expression de la jeune femme ne faisait que confirmer sa théorie, comme quoi les deux interlocuteurs ne se connaissaient pas comme l'inconnu semblait le prétendre ? Pourtant, pour qu'Eléanor se trouva ici... Il lui fallait bien une raison non ? Et cet homme venait de leur en donner une... Se retenant de soupirer, le Lightness décida que la plaisanterie avait suffisamment duré comme cela. Les meilleures blagues sont les plus courtes n'est-ce pas ?

 « Et peut-on savoir à qui nous avons affaire ?... » demanda t-il soudain, sa voix n'ayant rien d'agréable, comme la plupart du temps d'ailleurs.

L'espace d'un instant, il avait hésité pour remplacer le « qui » par un « quoi », n'étant pas certain que l'individu soit humain, ou alors suicidaire pour se balader en pleine nuit, sans la moindre protection sur lui. Une protection... La tension redoubla d'un cran du côté du jeune professeur. Et si l'autre était armé ? Cela pourrait expliquer son assurance presque hautaine vis-à-vis d'eux. Dans ce cas là, pourquoi n'avoir pas directement sorti son arme pour les mettre en joue ? Cherchait-il autre chose ? Se pourrait-il qu'ils soient tous alliés en fin de compte ? C'était trop beau, tellement que Jilan n'y crut pas un seul instant. Mais devant la froideur et l'antipathie évident que contenaient les propos du Lightness, l'inconnu répondit tout d'abord par un large sourire. Sourire qui déplaisait grandement au jeune professeur. La raison ? En s'étirant de la sorte, ses lèvres laissaient apparaître des dents bien trop blanches et imposantes pour que cela fut une mâchoire humaine...

« J'allais y venir mon ami. En réalité, c'est pour vous que je me trouve ici. Cela fait un bon moment que je vous observe et ce qui s'est passé ici, me fournit une preuve supplémentaire que vous  faites probablement parti de ces rebelles. Votre tête doit valoir une petite fortune à elle seule. » Il marqua alors une pause pour reprendre, non sans jeter un regard en biais à Eléanor. « Quant à cette demoiselle, j'ai pensé que la présence d'un appât afin que vous vous trahissiez, serait la meilleure chose à faire avant de vous traîner jusqu'aux cellules du Cercle... »

Diverses émotions s'emparèrent du Lightness au fur et à mesure que son interlocuteur dévoilait ses véritables intentions. D'abord l'agacement, la surprise puis une réelle irritation, doublée d'une légère tension. Non il ne voulait pas s'admettre inquiet. Malgré son assurance, l'autre n'avait aucune preuve tangible de ce qu'il était réellement au sein du groupe armé. Hormis son témoignage évasif quant aux événements qui s'étaient produit dans le quartier dévasté quelques instants plus tôt, l'homme ne possédait rien pour convaincre les forces de l'ordre, et les représentants du Cercle, à plus forte raison. A moins qu'il ne dise vrai concernant son espionnage intempestif sur les moindres allées-venues du jeune professeur ? Même si ce dernier avait déjà tué, à plusieurs reprises, y compris dans les rues de l'Avventura, il n'était pas idiot au point de laisser des témoins de ces incidents en vie ! Et lorsqu'il s'était rendu dans la Grotte, Jilan préférait s'assurer qu'il n'était pas suivi ! Alors mensonge ou vérité ? Devait-il accorder du crédit aux paroles de cet inconnu, au point de tenter une action contre lui pour le tuer ? Ou ne ferait-il que jouer le jeu de son interlocuteur en réagissant de la sorte ? Et Eléanor dans tout ceci ? Qu'allait-elle penser ? Accorderait-elle de la valeur aux accusations  du nouveau venu, surtout après l'agression dont elle avait été victime ?

Spoiler:

Message par Invité Sam 21 Déc - 22:29

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Une odeur de sang flottait encore dans l'air. Le doux parfum lui chatouillait les narines. Une envie folle de tenter de goûter de nouveau l'essence même du loup à ses pieds lui tenaillait le ventre. La salive lui montait. Mais il fallait qu'elle résiste. L'amertume du breuvage lui revînt quelque secondes en bouche. Lui coupant sa soif. Mais pas son appétit. Il fallait qu'elle mange. Enfin, plutôt qu'elle ingurgite du sang. Ses yeux se tournèrent naturellement vers Jilan, la douceur de son sang refit surface dans sa mémoire. Oui, si elle lui coupait quelques veines, elle pourrait se régaler. Son regard devînt plus intense sous la faim. Elle se voyait déjà lui sauter dessus, lui coupant la carotide. Le flot de sang se déverserait tout seul dans sa bouche et elle pourrait boire goulûment. Eléanore frémit à cette pensée. Autant de plaisir que d'horreur. La faim lui taraudait le ventre plus que jamais. Et l'idée de se remplir l'estomac avec son fiancé d'antan n'était pas si déplaisant. Mais d'un côté, elle se rendait compte de ce qu'elle était en train de penser. Et se reprit. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été face à ce genre de situation. Elle avait du mal à se contenir. La jeune femme essaya de penser aux pochettes de sang qui l'attendaient chez elle, dans le frigo. Mais cela n'avait plus rien d'excitant. La tinte des os brisés sous les coups, le dernier cri d'agonie. Cela faisait parti de sa vraie nature. Elle se secoua la tête. Il fallait qu'elle arrête toutes pensées de ce genre. Cela faisait parti de son ancienne vie maintenant. Elle arrivait à se contrôler maintenant, ce n'était pas aujourd'hui que tout allait finir. Reprends tes esprits, s'ordonna la jeune femme mentalement. Ce n'était vraiment pas le moment. Il fallait qu'elle trouve une façon de les éloigner tous les deux du cadavre, gisant à leurs pieds. La voix du jeune homme lui fit relever la tête. Son ton avait changé, il n'était plus aussi sec et froid qu'au début de la rencontre. Elle allait sourire quand un son étranger les dérangea dans la conversation. Elle se tourna vers la source de ce bruit. Puis écarquilla les yeux. Elle ne s'attendait vraiment pas à le voir aussi vite. Son souhait avait été exaucé. Celui qui lui avait donné rendez-vous se trouvait devant eux. Comme seule parure un sourire sadique. Ses yeux pétillaient d'une joie malsaine. Le bruit de ses mains, résonnant dans contre les vieux murs du quartier avait quelque chose d'oppressant. Comme s'il diffusait sa folie à travers ces saccades, revenants toujours à nous, renvoyées par les maisons croulantes. A chaque résonance, un frisson parcourait l'échine de la jeune femme. Elle jeta un coup d’œil vers son partenaire, celui-ci n'avait pas bougé, toujours impassible, toujours à cacher le moindre de ses sentiments, pourtant quand l'inconnu lui adressa la parole, son visage fermé jusqu'à présent, révéla la surprise du jeune homme.

 « Ravi de voir que vous avez accepté mon invitation my Lady. A en juger par votre expression dans cette bibliothèque, pendant un instant, j'ai eu peur que vous refusiez. »

Eléanore ne lui rendit aucun sourire, aucun signe de sympathie. Il était malsain. Il empestait le sang. Elle scruta ses vêtements un instant. C'était discret, mais des tâches étaient laissées ci et là. Un costume de scène ? Non. Ils avaient affaire à une tueur professionnel. Son air serein, son plan soigneusement préparé pour les attirer, cela n'était pas le fruit d'un petit baratineur. De plus, comment savait-il pour leur passé ? Cela datait de trois siècle leur rencontre. Comment pouvait-il savoir alors qu'eux même avaient oublié cette partie de leur histoire ? Avait-il lui aussi surmonté les siècles ? Alors ils devaient obligatoirement le connaître. Un serviteur ? Un Duc qui avait eu affaire à sa mère adoptive ? Elle se sentait perdue. Et l'odeur du sang n'arrangeait rien du tout. De plus elle était fatiguée par le combat et sa blessure qui ne cessait de saigner. Un coup d’œil lui apprit cependant que le flux rougeâtre se calmait. Tant mieux, pensa t'elle. Jilan interrompit un instant ses pensées quand il demanda à l'inconnu qui il était. Il n'était pas content de cette situation. Il semblait un peu tendu, et les paroles de nouveau venu le raidit un instant.

« J'allais y venir mon ami. En réalité, c'est pour vous que je me trouve ici. Cela fait un bon moment que je vous observe et ce qui s'est passé ici, me fournit une preuve supplémentaire que vous  faites probablement parti de ces rebelles. Votre tête doit valoir une petite fortune à elle seule. Quant à cette demoiselle, j'ai pensé que la présence d'un appât afin que vous vous trahissiez, serait la meilleure chose à faire avant de vous traîner jusqu'aux cellules du Cercle... »

Une colère sourde envahit de nouveau la jeune femme. Ainsi donc elle ne servait que d’appât ?  Ainsi donc elle avait conduit, sans le vouloir, certes, mais elle avait conduit son ancien ami dans un piège ? Et qu'allait-elle devenir ?  Serait-elle tuée, pour avoir seulement servie d'appât ? Ou moins que ça, serait-elle jugée comme non-dangereuse, et de ce fait, serait laissée en vie avec quelques blessures pour lui inciter à se taire ? Il était hors de question de finir par l'une ou l'autre possibilité. Il fallait faire un choix. S'unir à Jilan où au traqueur. La réponse s'imposa d'elle même. Jilan. Elle prenait peut-être un risque, mais pour le simple fait d'avoir était jugée comme une moins que rien et d'avoir servi d'appât, le choix était vite dit. Elle avait sa fierté. Pour qui se prenait il ? Elle sourit intérieurement. L'abruti ne savait sûrement pas. Elle avait encore une carte dans sa poche, et elle n'était pas misérable. Cela les aiderait à gagner le combat.
Eléanore regarda Jilan dans les yeux, confiante, lui faisant comprendre qu'elle était avec lui et qu'elle avait un plan. Celui-ci lui rendit son regard. Bien, au moins, il ne l'attaquera pas dans son dos. Elle prolongea son esprit jusqu'au sien, entrant dans sa tête. Jilan parut surpris pendant une demi-seconde, mais ce fut tout.

N'ai crainte, ce n'est que moi. Fais comme si tu ne m'entendait pas. Ne cherche pas à hocher la tête. Il pourrait comprendre. Bien. Je ne sais que penser, je ne sais pas s'il dit vrai ou non. Mais dans tous les cas, il me semble difficile de partir sans avoir à combattre. Il semble décidé à en découdre. Je pourrai t'aider durant le combat, t'indiquant s'il est derrière toi ou non. Je peux essayer de lire dans ses pensées, mais il me sera difficile de combattre durant ce lape de temps ou mon esprit sera dans le sien, à décrypter et deviner ses faiblesses. Alors si tu pouvais gagner du temps en lui posant des questions, ou le divertir avec une fausse négociation, cela me permettrai d'être plus utile par la suite. Je compte sur toi. Et si je t'aide, ce n'est que pour sauver ma peau, j'ai bien compris qu'une fois l'ennemi achevé, nous n'aurons plus rien à faire ensemble. Maintenant, bonne chance. Je te recontacterai pour t'aider ou pour délivrer des informations utiles.


Elle quitta son esprit, sans attendre la moindre question de sa part. Elle était sûre qu'il savait se battre. Et puis, elle ne lui demandait pas la lune, juste de quelques minutes. Le temps qu'elle puisse lire dans les pensées du félon. Elle respira un grand coup, même si elle paraissait confiante, elle redoutait plus que tout le moment ou elle libérerait les chaînes de la deuxième partie de son pouvoir. Cela faisait si longtemps qu'elle ne l'avait pas utilisé, pour ne pas dire presque jamais. Elle le maîtrisait très mal. Et le risque serait de se mélanger avec les pensées de Jilan et de lui donner de mauvaises informations. Tant pis, ce n'est pas comme s'ils avaient le choix. Elle était grièvement blessée à la jambe, et elle pariait gros sur les capacités de combat de son nouvel allié, de même pour leur alliance de dernière minute qui semblait bien fragile. La jeune femme regarda les étoiles un instant, pour se perdre sereinement dans la contemplation. Le ciel était magnifique. Si elle mourrait ce soir, elle aimerait pouvoir se réincarner dans l'une d'elle. Leur lumière réconfortante, guidant toujours les êtres, dans leur destinée ou dans leur destination. Oui, cela serait une bien belle fin. Reprenant pieds peu à peu, elle se rendit compte que Jilan avait commencé à questionner l'inconnu. Il avait donc bien compris le plan. Pas de temps à perdre. Elle s'adossa sur une murette et ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, ceux-ci avaient pris une couleur encore plus sanglante que la normale. Son don était enfin dans sa totalité. Ses traits s'affinèrent, son teint pâli plus qu'il ne l'était, bien que cela paraisse inconcevable. Sa véritable nature apparaissait enfin. Son vrai visage. A force d'essayer de vivre comme les humains, à ne plus tuer, mais préférant les poches de sang. Son visage avait changé, pour devenir presque aussi rond que ceux des Hommes. Cela était dommage, car les vampires avaient la réputation d'être des êtres magnifique, de beauté froide, certes, mais envoûtante. N'importe qui aurait pu confirmer ces dires en voyant Eléanore ce soir là.
Celle-ci entendait Jilan penser aux prochaines questions qu'il pourrait poser. Il ne voulait pas la tuer. Et semblait plutôt content. Mais elle ne s'attarda pas sur son cas, elle tourna la tête pour regarder l'ennemi dans les yeux. Elle lui fit un sourire sadique. Il allait payer pour son manque objectivité sur ses pouvoirs, et de n'avoir approfondi ses recherches sur elle.

Petite garce, ne me souris pas comme ça. Tu vas bientôt mourir sous mes coups, après m'être fait un petit plaisir avec toi. Le Cercle n'en saura rien, ils ne savent même pas que je l'ai utilisé. Et puis, la tête de Jilan n'est pas assez cher, il faut bien que je me récompense comme je peux. Tu me supplieras de te tuer. Alors profites de sourire pendant qu'il en ai encore temps.


Eléanore grimaça en entendant cela. Un frisson lui parcouru toute la longueur du dos. Elle se concentra, et essaya de lire dans sa mémoire, déchiffrer ses faiblesses. A force de fouiller. Elle apprit qu'un nom de femme revenait tout le temps en tête du félon. Sa femme? Sa fille ? Sa sœur ? Elle ne savait pas, mais peut être que cela pourrait servir pour plus tard. Au moment ou sa tête lui faisait horriblement mal, elle vit qu'il avait une ancienne blessure à l'épaule gauche. Il l'avait eu lors d'un de ses premiers combats, et cela avait failli le tuer. Depuis, elle n'était jamais partie. Si on l'attaquait en se concentrant uniquement sur sa seule faiblesse, ils avaient une chance. Aussi infime soit elle. Elle coupa son don avant que sa tête n'explose. Juste à temps, quelques secondes de plus et elle n'aurait pu arrêter le flot de parole dans sa tête. Elle revînt à elle d'un seul coup. La jeune femme se rendit compte qu'elle haletait. Oui, il était vraiment temps, elle aura pu s'évanouir. Elle se releva doucement, s'appuyant de tout son poids contre la murette. Elle ne perdit pas un instant, le combat allait commencé d'une fraction de seconde à l'autre. Jilan lui jetait des regards, tendu. Elle lui sourit. Un instant plus tard, elle était dans sa tête.

Son point faible est son épaule gauche. Vieille blessure, jamais guérie. Quelques coups suffiront à la rouvrir. Sinon, si il arrive un moment ou il est sur toi, déstabilise le en lui faisant croire que Marie est en danger, ou laissée pour morte. Elle a l'air de compter pour lui. Je me pose deux minutes et je viens t'aider.

Il la regarda quelques secondes, une expression indéchiffrable sur son visage. Puis lui tourna le dos, reprenant le combat imminent en intérêt. Elle essayait de reprendre son souffle, ses mouvements étaient lents, quelques minutes sans corps, et la coordination de son cerveau était redevenue primaire. Il ne fallait pas qu'elle flanche. Sinon c'était la fin. Enfin, quand elle fut de nouveau tout à fait apte à combattre. Elle s'avança vers les deux hommes. Elle prit la dague dans le corps du loup et se rua sur l’adversaire. Celui-ci allait blesser Jilan. Elle para le coup, en lui empoignant le poignet. Le serrant et le tordant si fort que les os craquèrent. Puis, elle enfonça la lame dans l'épaule gauche. Pas assez profondément hélas. Le félon lui donna un coup sur sa tête. La sonnant quelques instants. Elle se baissa et fit comme si elle était sur le point de s'avouer vaincue, puis le fit trébucher en le balayant. Cependant, l'ignoble, n'avait rien perdu de la scène où elle s'était fait mordre par le loup. Il lui donna donc un coup de pied dans sa blessure. Eléanore hurla de douleur. Elle voyait rouge partout. La fatigue, sa blessure, son mal de tête, la douleur lui fit perdre ses esprits quelques secondes. Elle revînt à elle, allongée sur le sol. Jilan avait prit sa dague de l'épaule de l'homme. Ils étaient en train de se battre quand sa vue se brouilla de nouveau. Ce fut le noir. Elle ne voyait plus rien. Ne pensait à rien. Seule l'odeur du sang persistait. Seulement cette fois, c'était le sien.
Spoiler:

Message par Invité Jeu 26 Déc - 17:18

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Difficile d'admettre que la situation lui échappait lentement mais sûrement. Le jeune professeur gardait son attention rivée sur le visage de son interlocuteur, comme pour ne pas voir ce qu'il redoutait de découvrir dans les iris aux reflets sanglants d'Eléanor. Le Lightness avait un mauvais pressentiment à l'encontre de son ancienne fiancée. Même si les années pouvaient avoir altérer son jugement sur les autres, la jeune femme n'avait jamais été en faveur de la violence, chose étrange quand on connaissait sa véritable nature. Et si elle s'était rendue dans cette ville, parce qu'elle avait appris qu'on y reconnaissait et acceptait les créatures, dans le seul but de n'être plus obligée de se cacher aux yeux d'autrui ? Comment pourrait-elle réagir autrement qu'en le rejetant, une fois qu'elle aurait appris les intentions de Jilan ? C'était la conclusion à laquelle ce dernier était arrivé. Passée la surprise -et peut-être l'indignation de n'avoir joué que le rôle d'appât dans ces retrouvailles-, la vampire allait se retourner contre lui. Le jeune professeur doutait que les sentiments qu'ils avaient pu éprouver l'un pour l'autre plus de trois siècles auparavant, pourraient le sauver cette fois-ci. Déjà qu'il n'était pas certain de l'emporter face à cet inconnu dont il ignorait tout, contrairement à l'intéressé vis-à-vis de lui, alors tenir tête à deux adversaires en même temps, c'était chose impossible. La lumière se fit alors dans son esprit, ce qui rajouta un coup supplémentaire à son moral. Et Eléanor savait tout depuis le début ? Qu'elle s'était rendue ici sous les consignes de cet inquiétant individu, dans l'optique de le faire arrêter après avoir été mise au courant de ses agissements ? C'était amer comme constant mais envisageable tout de même. Le Lightness se sentait perdre pied. Que pourrait-il bien faire dans cette situation ? S'avouer vaincu ? Certainement pas ! Mais comment lutter dans ce cas ? Jouer la carte de la transparence ? Alors même qu'il avait tenté de tuer la vampire sous l’œil de son probable complice ? Il n'en fallait pas moins pour que celui-ci ne le soupçonne visiblement. Si seulement cette faussaire avait fait plus rapidement son travail pour lui fournir des faux papiers. Le jeune professeur aurait pu s'en tirer de cette manière, avec beaucoup de chance. Sentant la tension envahir ses membres un par un, le regard hétérochrome finit par se détacher de celui de l'inconnu pour aller se poser sur le visage de la jeune femme. Qu'allait-il lire dans les iris de cette dernière ? De la satisfaction ? De la peur ? Du dégoût ? Jilan s'était préparé à tout mais certainement pas à ce qu'il découvrit. Un calme étrange émanait de la vampire et elle le dévisageait avec une telle confiance qu'il mit du temps à comprendre comment elle pouvait agir de la sorte envers lui après les propos tenus par leur interlocuteur commun. Se moquait-elle de lui ? Et pourquoi est-ce qu'elle le regardait avec autant d'insistance tout d'un coup ? Est-ce que...

N'aie crainte, ce n'est que moi. Fais comme si tu ne m'entendais pas. Ne cherche pas à hocher la tête. Il pourrait comprendre. »

Trop surpris pour réagir sur le moment, le Lightness fit de son mieux pour que son corps ne le trahisse pas et essaya de s'habituer à cette étrange sensation que d'entendre une voix, autre que la sienne, résonner dans sa propre tête. C'était tout aussi étrange que de se rendre compte que la personne que l'on pensait connaître, nous avait dissimulé certaines de ses capacités... Il écouta donc ce que la jeune femme lui transmit, avec une attention particulière, ce qui l'étonna. Surtout quand cette dernière l'informa de sa décision. Eléanor voulait se battre contre cet individu ? En s'unissant à lui, qui aurait pu la tuer un peu plus tôt ? Est-ce que le regard hétérochrome trahissait son incompréhension ? Il espérait que non. De toutes façons, la vampire ne s'arrêta pas à ce détail et poursuivit son monologue, le renseignant sur son pouvoir et sur ce qu'elle projetait de faire pour qu'ils se sortent de cette situation. Cela convenait au jeune professeur. Il ne savait pas s'il pourrait tenir tête, physiquement parlant, à leur adversaire mais se lancer dans une joute verbale ne devait pas être insurmontable pour lui. Restait à savoir si l'autre ne passerait pas directement aux choses sérieuses, maintenant que le silence se prolongeait un peu trop longtemps pour être en sa faveur. Avait-il déjà remarqué leur petit manège ? Probablement pas, sinon il leur aurait sauté dessus. Cependant, le cœur de Jilan manqua un battement quand sa partenaire lui annonça son choix final. Ainsi donc, même s'ils mettaient leur adversaire en échec, ils ne se reverraient plus par la suite ? A cause de son attitude ou bien de son camp ? Peut être les deux en fait. Dire qu'il avait retrouvé quelqu'un de son passé qui n'était pas source de haine pour lui et cette personne lui tournait déjà le dos ? A cette pensée, le Lightness se retint de sourire. Cela n'était pas étonnant en fin de comptes. Il avait que trop changé pendant toutes ces années... Eléanor quitta soudain son esprit, aussi discrètement qu'elle ne l'avait occupé et le jeune professeur reporta son attention sur l'inconnu. Ce dernier n'avait pas bougé ou fait mine de les attaquer durant ce laps de temps. Ignorait-il vraiment tout de leur plan ? Ou bien, à défaut d'avoir une charmante complice, ne se méfiait-il pas de son appât ? Jilan resta silencieux pendant quelques minutes supplémentaires, histoire de réfléchir rapidement à ce qu'il pourrait dire. Provoquer l'autre n'était certainement pas la meilleure idée qui soit, surtout s'ils avaient besoin d'encore un peu de temps. Négocier son sort ? L'inciter à parler pour qu'il lâcha ce qui lui donnait autant d'assurance dans ses accusations ? Au risque que cela ne fasse qu'agir plus rapidement ? Le jeune professeur prit une profonde inspiration. C'était la première fois qu'il utilisait ses mots pour se sortir d'un réel pétrin.

 « Une preuve supplémentaire dites-vous ? Je ne vois pourtant qu'un simple petit dérapage entre connaissances et rien de plus. C'est à se demander si vous savez vraiment à qui vous avez affaire. Vous prétendez travailler pour le Cercle mais vous ignorez qui je suis ? »

Si le début de ses propos allait dans le sens d'une provocation à l'intention de l'homme, le reste se résuma à un pur coup de bluff ! Il n'avait jamais mis les pieds dans les locaux du Cercle, ni ne possédait de papiers prouvant qu'il faisait bien parti de forces spéciales directement sous les ordres du gouvernement en place. Le Lightness maudit une fois de plus cette faussaire et sa passion du détail. S'il se sortait de ce merdier, il lui ferait une remarque à ce sujet. Mais peut-être qu'il avait réussi son coup. En effet, une lueur d'hésitation passa brièvement dans le regard de son interlocuteur, bien vite remplacée par de la colère. Puisqu'il était toujours en mesure de les éliminer sans se soucier d'éventuels témoins gênants, pourquoi s'embarrasserait-il à démêler le vrai du faux dans ce qu'avait dit le jeune professeur, avant de présenter des excuses si cela devait arriver ? Les lèvres de l'individu se mirent alors à remuer mais l'attention de Jilan se portait sur autre chose. Du moment que l'autre ne réduisait pas la distance qui les séparait, il pouvait bien se vanter, l'insulter, le rabaisser et dire ce qu'il voulait, le jeune professeur s'en moquait. Il se souciait davantage de ce que faisait la vampire et il lui lançait de fréquents coups d’œil. Cette dernière avait l'air concentrée et grimaçait parfois. En raison du contre-coup de son pouvoir ? Peut-être. Alors qu'il reportait son regard sur l'homme, le Lightness nota que lui aussi fixait étrangement la jeune femme. Se pourrait-il qu'il ait enfin deviné leur collaboration secrète ? A cause des regards qu'ils se lançaient ? Jilan espérait que non et allait ouvrir la bouche pour attirer l'attention de leur adversaire sur lui quand la voix de sa partenaire envahit de nouveau sa tête. Il retint trois mots : épaule gauche et Marie. Même si ceux-ci n'avaient pas de lien direct entre eux, il allait s'en servir pour passer à l'action. Comptant sur l'aide de la jeune femme, il s'avança alors vers son interlocuteur, sa main allant chercher l'arme en argent qu'il possédait. Lycan ou pas, elle serait utile pour blesser l'homme. Ce dernier sembla surpris par ce mouvement dans sa direction mais rapidement, un sourire cruel étira ses lèvres. Il laissa approcher le  Lightness mais quand celui-ci sortit le couteau à cran d'arrêt pour viser la gorge, son adversaire lui attrapa prestement le poignet. Rapide. Et fort avec ça ! Jilan essaya de se dégager de la prise de l'autre. Peine perdue. L'inconnu partit d'un grand rire et lui tordit le poignet pour lui faire lâcher l'arme, qui alla se planter dans la terre molle sous leurs pieds. Le jeune professeur pesta silencieusement en serrant les dents. Comment espérait-il s'en sortir en étant désarmé ?! Il ne possédait pas la moitié de la force de son adversaire ! En parlant de lui, ce dernier ferma le poing jusqu'à blanchir ses jointures, prêt à lui envoyer dans les côtes. Emmener ses prisonniers en bon état jusqu'aux cellules du Cercle ne semblait pas être sa priorité visiblement. L'intervention de sa partenaire se fit in-extremis mais le Lightness n'eut pas le temps de la remercier, même mentalement, qu'un bruit d'os brisés résonna, suivi d'un grognement de douleur. La suite se passa alors très vite. Jilan vit que son agresseur s'en prenait à la vampire, à deux reprises, d'abord en la frappant à la tête mais comme cela ne suffisait pas, il s'en prit également à la blessure de la jeune femme, lui arrachant un cri de douleur. Une colère sourde s'empara de lui à cet instant. Profitant que cette succession d'actions lui permit d'arracher la dague de l'épaule de l'homme, il vint trancher la gorge de son adversaire sur toute la longueur, ignorant le jet écarlate qui les tâcha tous les deux. L'inconnu le lâcha alors, portant immédiatement une main à sa blessure, comme si cela pouvait retenir le sang qui s'échappait de la plaie grande ouverte. Pourtant, en dépit de sa situation, il conservait un sourire malsain et le Lightness crut apercevoir les bords de la blessure, commencer à se refermer. L'autre avait donc caché son jeu jusqu'au bout, n'étant pas humain tout comme eux ! Il allait donc l'achever une bonne fois pour toutes ! Mais alors que son adversaire s'apprêtait à parer son deuxième assaut, comme la première fois, les lèvres du jeune professeur remuèrent de manière imperceptibles, le contenu de ses propos allant tout de même jusqu'aux oreilles de son interlocuteur :

 « Pour Marie... »

Un sentiment qui n'avait encore jamais illuminé les yeux de son adversaire apparut alors. Ce fut le dernier éclat vivant dans le regard de ce dernier, juste avant qu'il ne s'écroule au sol, la dague enfoncée profondément dans le cœur. Jilan le toisa, impassible. Si cela le dérangeait d'avoir eu l'autre de la sorte ? Pas le moins du monde. Ici, c'était vaincre ou périr. Tous les moyens étaient bon pour garantir la première option. Il contempla le cadavre quelques minutes avant de se rappeler la présence de la vampire. Son cri surtout. Est-ce qu'elle allait bien ? Jetant des regards aux alentours, il repéra rapidement son corps, étendu un peu plus loin et accourut auprès d'elle. Son cœur battait à tout rompre. Elle ne pouvait pas être morte...non ? Le Lightness scrutait son visage avec attention et inquiétude, attendant le moindre signe de vie de la part de la concernée car il n'osait pas la toucher davantage. Comme elle ne réagissait pas, la panique le gagna et il s'exclama :

 « Eléanor ? Eléanor, est-ce que ça va ?? »

Sa peur se faisait entendre dans sa voix, ce qu'il trouvait lamentable pour quelqu'un comme lui. Mais l'espace d'un instant, il oublia tout en voyant les paupières d'Eléanor remuer puis se soulever difficilement pour lui rendre son regard. Cela ne dura pas. Elle essaya de lui dire quelque chose mais retomba inconsciente. En partie rassurée qu'elle ait réagi au son de sa voix, le jeune professeur baissa les yeux jusqu'à sa blessure. Les crocs avaient profondément entaillé la chair et elle avait perdu assez de sang. Sans compter qu'un peu du liquide écarlate coulait au niveau de sa tempe, probablement à cause du coup que l'inconnu lui avait porté un peu plus tôt. Ils ne pouvaient pas rester ici. Lui tout comme elle. Le Lightness n'eut pas à réfléchir pour prendre sa décision et il glissa doucement ses bras sous le corps frêle de la jeune femme pour la soulever, délicatement. Il prenait des risques en agissant de la sorte. D'une part, il s'encombrait d'un poids mort, ce qui le gênerait si l'odeur du sang attirait d'autres prédateurs alors qu'ils seraient sur le chemin menant à son appartement. D'autre part, si jamais Eléanor reprenait subitement connaissance dans ses bras, le besoin de sang l'inciterait à plonger ses crocs dans la gorge sans protection du jeune professeur. Étrangement, Jilan ne redoutait pas de tomber sur une patrouille, en dépit du sang qui tâchait ses vêtements et de l'état de la vampire. Avec ce qui s'était passé, on pourrait difficilement le prendre pour un meurtrier. Au pire, il ferait passer cela pour de la légitime défense, ce qui n'était pas totalement faux dans un sens. Sans prononcer un mot, le Lightness prit donc la direction du quartier résidentiel. C'était la première idée qui lui était venue à l'esprit et se rendre à l'hôpital ne ferait que leur attirer des ennuis. Par chance, la jeune femme ne se réveilla pas pendant le trajet mais cela ne fit qu'accroître l'inquiétude de Jilan. Elle ne pouvait pas mourir ! Pas après qu'ils se soient revus dans de pareilles circonstances ! Il ne croisa personne sur le chemin, ni même en montant les marches de l'unique escalier de l'immeuble où il habitait. Mieux encore, il semblait que Leann n'était pas chez lui ce soir car personne n’accourra quand il pénétra à l'intérieur, malgré l'odeur du sang omniprésente sur eux deux. La chance était de son côté ou quoi ? Sans prendre la peine d'y réfléchir ou de remercier quelqu'un pour cela, il alla déposa la vampire sur le canapé mais finit par opter pour son lit. Plus grand et confortable. Et tant pis pour le sang ! Une fois cela fait, le jeune professeur alla chercher des serviettes, qu'il humidifia, afin de nettoyer les blessures d'Eléanor, toujours inconsciente. Si elle ne se réveillait pas rapidement... Il serait contraint d'appeler les urgences. Quand il eut fini et que l'eau de la bassine réquisitionnée pour l'occasion, fut teinte en rouge, le Lightness laissa la vampire seule quelques instants. Dire qu'il ne s'était même pas changé entre temps ! Cela ne lui ressemblait pas de faire passer quelqu'un d'autre avant lui. Pas du tout même. Était-ce... ? Parce qu'il s'agissait d'Eléanor ? Peut-être. Mais cela restait difficile à admettre. Pour éviter d'avoir ce genre de pensées à l'esprit, Jilan attrapa son téléphone portable et composa rapidement un numéro. Il devait savoir qui était ce type. Et ce qu'il leur voulait.

 « C'est moi. Je veux que vous fassiez des recherches. Les journaux relateront demain la découverte de deux corps au quartier dévasté. L'un d'entre eux était des nôtres, je veux savoir qui était le second. J'ignore qui il est mais il se peut qu'il ait des informations sur le groupe. Éliminez ses sources et vite. Oui. Entendu. »

Décollant l'appareil de son oreille, le jeune professeur raccrocha aussitôt. Même mort, l'inconnu le préoccupait toujours. Peut-être n'avait-il pas suffisamment assuré ses arrières tout compte fait ? Y compris ceux de Kyarra ? Il allait devoir lui en toucher un mot, sans avoir à résumer l'intégralité de l'incident. Mais la mort de l'un des leurs ne passerait pas inaperçue bien longtemps, autant ne pas faire de cachotteries entre eux. Le Lightness perçut du mouvement en provenance de sa chambre, par l’entre-ouverture de la porte et rangea alors le téléphone portable, avant de revenir sur ses pas. La vampire était réveillée mais sa peau conservait une pâleur inquiétante. Comment se sentait-elle ? Qu'avait-elle entendu de sa conversation ? Doucement, Jilan prit la parole :

 « Comment te sens-tu ? »

Et si elle décidait de ne pas lui répondre, pour partir sans un mot ? Malheureusement, il savait qu'il ne pourrait pas la retenir contre son gré. Même s'il regrettait que son regard puisse avoir changé sur lui et la personne qu'il avait été plus jeune.

Message par Invité Sam 28 Déc - 10:48

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« Eléanore? ..Eléanore, est-ce que ça va ?? »

La voix de son ancien amant la sorti de l'état comateux dans lequel elle se laissait bercer depuis quelques minutes. Son corps était si lourd.. C'est tout juste si elle parvînt à ouvrir les yeux. Elle voulait le rassurer, lui montrer qu'elle n'allait pas mourir, pas encore du moins. Le son de sa voix trahissait son inquiétude. Finalement, elle avait raison, il était toujours le même, le masque était enfin tombé. Il avait tout de même fallu qu'elle soit aux portes de la Mort. Elle voulut sourire, mais n'y parvînt pas. La jeune femme voulait lui dire à quel point il était idiot, oui, idiot d'avoir été dévoré peu à peu par son rôle. Sans grande méchanceté toutefois, une sorte de pique innocente. Pour égayer quelque peu l'ambiance, mortelle. Aucun son ne sortit de ses lèvres. Elle s'affaissa de nouveau sur le sol. L'inconscience prit alors le dessus sur le réel. Des images défilaient. Des souvenirs, décrivant, encore et toujours leur rencontre. Cette fois ils s'étaient retrouvés près de ce qui semblait être un étang. L'air était chaud, mais un vent frais venant du point d'eau suffisait à maintenir une température idéale. Elle avait oublié à quel point il avait compté pour elle à l'époque. Comme si son subconscient avait in-délibérément appuyé sur le bouton d'effacement de souvenirs. Et aujourd'hui, comme dans une salle de cinéma, elle voyait ceux-ci refaire surface.

Je trempais mes pieds dans l'eau claire. Mes souliers avaient été abandonnés quelques mètres plus loin, dans l'herbe. J'étais assise sur un rocher. Jilan, quant à lui devait me rejoindre bientôt. C'était la dernière fois que l'on se verrait, du moins avant trois siècles, mais ça, on ne pouvait encore le savoir. Je chantonnais quelques vers issu de ma propre plume, regardant la lune. J'avais toujours, et j'étais toujours passionnée par le ciel. Quelque chose d'intouchable, d'éternel, qui pourtant veilla là, dans chaque étoile. Soudain ce fut le noir. Mais je savais pourquoi, il était arrivé, je l'avais senti, mais feint de ne m'être aperçu de rien. Cependant, je ne m'attendais pas à ce qu'il me bande les yeux, qui plus est, avec un de mes propres flots. Petit clin d’œil à notre première rencontre peut-être. Je souris. Mais ne dis rien pour autant. Je sentie qu'il s'installa près de moi, et plongea ses chevilles dans l'eau lui aussi. Nous récitâmes notre phrase, celle que nous avions inventé, en tant que poètes en herbe.

« Les mots ne sont que paroles dont nul ne peut voir..


-..Ils flottent dans le ciel et nourrissent le silence. »


La vision s'estompa doucement. Laissant peu à peu le noir s'installer. Le froid gagna la jeune femme peu à peu. Non. Il fallait qu'elle résiste. Et c'est en se battant intérieurement qu'elle sentie vaguement qu'on s'occupa d'elle. Et puis, peu à peu, son esprit réintégra son corps. Ne faisant plus qu'un. Ses mains palpèrent les draps. Un lit. Elle était donc chez quelqu'un. Était-ce chez Jilan ? Ou bien l'avait-il déposé chez quelqu'un ? A cette pensée, un poids pesa dans son ventre. Elle lui avait fait comprendre qu'après le combat, ils n'auraient plus rien à faire ensemble. Avait-il suivi ce qu'elle avait dit ? Devraient-ils encore attendre quelques siècles avant de se revoir ? Non, elle ne voulait pas. Les sentiments qu'elle avait eu pour lui à l'époque et dans sa vision s'installaient de nouveau doucement. Paniquée à l'idée de ne plus le voir, pas même pour le remercier de l'avoir sauver, elle tenta de se relever. Les forces lui manquèrent, et ses bras cédèrent sous le poids, pourtant pas bien pesant, de son corps. En retombant sur l'oreiller, elle eut mal à la tête. Portant sa main à son front, la canidé constata que son corps se battait pour lui redonner une santé, la fièvre le prouvait. Encore fatiguée, elle se contenta donc d'observer la pièce dans laquelle elle était. Une chambre. Les couleurs n'étaient pas très tape-à-l’œil, toute dans le même ton, sobre. L'inspection fut interrompue par Jilan, apparaissant par l'encadrure de la porte. Une joie envahit la jeune femme. Ainsi donc, il ne l'avait pas confié. Mais peut-être allait-il lui demander de s'en aller, voyant que son état s'était quelque peu amélioré. Elle l'observa, il ne s'était pas changé, beaucoup de sang tâchait ses vêtements. Elle fut soulagée en ne reconnaissant pas l'odeur de celui-ci, ce n'était pas le sien.

« Comment te sens-tu ? 

Son visage reflétait l'inquiétude qu'il avait eu pour elle. Elle en fut quelque peu rassurée. Il se rapprocha du lit pour s’asseoir à côté d'elle. Eléanore lui adressa un faible sourire, essayant de le rassurer. Pourtant l'odeur du sang sur ses vêtements lui donnait faim. Il fallait qu'il se change, sinon, elle ne pourrait résister longtemps. La soif venait peu à peu et ses yeux reprirent une couleur d'intensité rougeâtre. La jeune femme tenta de nouveau de se relever un peu, pour s'adosser contre le mur. Elle se sentait mieux. Au moins, elle était à sa hauteur, et non pas installée comme une mourante.

-Ne me regarde pas avec ses yeux là. Je ne suis pas sur le point de mourir..du moins plus maintenant. Je te remercie de ne pas m'avoir..laissée et..et de m'avoir bandé.


L'odeur du sang était insupportable. Elle essaya d'abord de se cacher inutilement le nez. Étant donné que son odorat était très développé, cela ne servit strictement à rien. Puis, elle prit son courage, et coupant Jilan qui semblait sur le point de parler, lui demandant d'aller se changer. Il paru surpris, mais  comprit la raison de cette demande en baissant les yeux sur ses vêtements. Il acquiesça, prit de vêtements propres et sortit. Une demi-seconde après, il réapparu, prit de nouveau une tenue, mais celle-ci, il lui jeta dans les mains avant de sortir. Elle resta quelques instants les habits dans les mains, béate. Elle ne s'attendait pas à se qu'il lui donne des vêtements propres, encore moins les siens ! Mais c'est vrai qu'elle aussi empestait l'essence humaine. Elle jeta un coup d’œil vers l'entrée de la pièce. Non, il n'était pas dans celle d'à côté. La centenaire grimaça en soulevant sa jambe. Il allait falloir qu'elle aille se faire suturer sa plaie. Mais pas tout de suite, maintenant, elle voulait discuter avec Jilan, de ce changement. Elle ne comprenait pas pourquoi il devait être aussi froid avec les autres. Quel était ce changement radicale ? Si elle n'avait pas prononcé son nom, à l'heure qu'il est, elle serait déjà.. Non, il ne fallait plus y penser, elle était vivante. Et encore pour longtemps. Il ne servait à rien de ressasser ce qui était fait. Pour l'heure, elle devait ce changer. Une chose à la fois. Son attention se reporta sur les vêtements jetés. Une chemise bleue claire et un pantalon noir cassant. Rien de ce qu'elle  portait habituellement. Elle enleva sa robe en jetant de fréquents coups d’œil vers la porte. La pire des choses serait de se faire surprendre dans cette tenue, à moitié nue. La jeune femme s'activa donc pour se rhabiller, bien que la douleur la faisait grimacer. En découvrant le résultat, elle sourit. Ils étaient un peu trop grands. Elle avait l'air d'une petite fille ayant prit les vêtements de son grand frère pour lui faire une surprise.
On toqua à la porte. Eléanore se releva, et claudiqua jusqu'à celle-ci pour l'ouvrir, un pâle sourire aux lèvres. Il portait lui aussi une chemise propre, mais sa couleur était noire, faisant ressortir ses cheveux de sang. Sa vue se brouilla un instant. Elle était encore faible. Elle s'appuya de ton son poids sur la porte, essayant de cacher son vertige. Une fois qu'il fut entré, elle boitilla jusqu'au lit, en s'asseyant, elle s'écroula presque. Elle regarda Jilan pour voir s'il avait remarqué son malaise. Il l'a dévisageait. Elle ne savait pas si c'était dû à sa façon peu gracieuse de s’asseoir, ou  parce qu'elle avait changé durant ces trois siècles.

-Je vais bien, je t'assure. Toi, tu n'as pas été blessé ? A moins que tu ne veuilles que je te vouvoie.. Auquel cas je reposerai ma question..

-Non.

Son manque d'interaction la mettait mal à l'aise. Elle perdit le fil de ses paroles, et se tut, ayant oublié ce qu'elle avait à dire. Non. Comment ça 'Non' ? Non, il n'avait pas été blessé ? Non, il voulait qu'elle le vouvoie ? Qu'elle ne le vouvoie pas?Comment savoir avec lui ? Il avait tellement changé..elle ne savait plus comment s'y prendre avec lui. Même s'il lui avait administré les premiers soins, il ne voulait peut-être pas continuer à la voir. Il s’inquiétait peut-être juste de sa santé, une fois rétablie, il la laisserait sans aucune nouvelle. Pire encore, étant membre des Rebelles et elle du Cercle, il se montrait peut-être gentil pour ne pas qu'elle divulgue d'informations. Pourtant, Eléanore n'avait jamais prit part aux querelles des deux clans, elle n'avait pas même voulue participer aux Trois Jours Sombres, s'en étant allé à l'autre bout du monde, au Brésil. En arrivant à l'Avventura, elle avait intégré le premier clan venu pour être tranquille. M ais réellement, elle n'appartenait à aucun des deux partis. Jilan ne pouvait le savoir, seule elle-même était au courant. Mais en attendant, il devait se demander si elle avait entendu sa conversation téléphonique ou non. Si elle allait rapporter l'emplacement de cet appartement. Si seulement il savait comme elle s'en fichait de leur gué-guerre. Tant qu'elle pouvait vivre sans être traité de sorcière, être harcelée, ou être pourchassée. Elle s'en fichait. Mais ça, encore une fois, cela restait à l'état de simple pensées. Peut-être la retiendra t'il prisonnière. Non. Mais qu'est-ce que cette réponse ? Elle ne pouvait pas supporter qu'il puisse penser ça d'elle. Même s'il avait changé, même s'il faisait parti des Rebelles, même s'il avait ordonné de tuer les sources du traqueur, elle n'en avait que faire. Ce monde lui était inconnu pour elle, le sien se résumait aux voyages à travers le monde et à ses bibliothèques, rien de plus, rien de moins. Le silence, pesant encore, elle prit la parole en le regardant sincèrement.

-Je ne divulguerai aucune information au Cercle si le problème est celui-ci. Je ne participe jamais à la vie de mon "clan" si on peut dire. Cela fait trois siècles que je me cultive en voyageant et en lisant. C'est tout. Si tu..vous voulez que je partes, je partirai. Dès maintenant si tu..vous le souhaitez..Même si cela me peine. Saches, non, sachez cependant que je suis heureuse de t..vous voir vivant et dans de bonnes conditions de vie. Je n'aimais guère ce que..vous faisait endurer ces, pardonnez-moi, ces ordures.

Elle arrêta de parler, une boule dans la gorge. Elle avait soudainement envie de pleurer, sans en savoir réellement la cause. La fièvre devait amplifier au plus haut point chaque ressentis. Non, il fallait se l'avouer, elle ne voulait pas partir après avoir retrouvé un être cher à ses yeux. Cela faisait presque deux siècles qu'elle n'avait pas autant parlé à quelqu'un. Quitter la seule personne avec qui elle pourrait échanger ne la réjouissait pas le moins du monde. Et puis, cela était bien dur de le vouvoyer après la relation qu'ils avaient eu trois siècles plus tôt. Même si le temps était passé. Elle réalisa alors une chose. Comment avait-elle pu parler du sujet tabou, de ses parents, de sa famille ? Il allait se renfrogner, la jeter dehors, et au pire des cas, la tuer. Mais qu'est-ce qui lui avait prit ? Il allait penser à sa sœur, évidemment, et elle n'avait dû survivre au temps, elle..
Elle releva la tête d'un seul coup, tendant un bras vers lui, les yeux pleins de larmes. Elle lui effleura la joues doucement.

-Je te pris de bien vouloir m'excuser..je ne voulais pas parler d'eux.. Je suis sincèrement désolée, je comprendrai très bien si tu m'ordonnes de quitter les lieux.. J'ai tout gâché. J'ai, je vais m'en aller, tu..oui, tu n'auras plus à te souvenir de moi..pardon.

La jeune femme retira sa main de la joue de son ancien amant. Sa vue se brouillait. Les larmes sûrement. Elle se releva trop vite, ses jambes flanchèrent et elle atterrit de nouveau sur le lit. S'appuyant de ses bras, elle se redressa un peu. Jilan était près d'elle. Allait-elle mourir pour avoir osé parler du sujet interdit, elle n'en savait rien. Il leva la main vers elle, la canidé tourna la tête légèrement se préparant à recevoir une gifle.

Message par Invité Sam 11 Jan - 21:02

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La réponse de la jeune femme ne se fit pas attendre mais elle ne débuta pas avec ce que Jilan s'était attendu à entendre. Sa remarque concernant sa manière de la regarder, le fit froncer les sourcils. Qu'est-ce qu'ils avaient ses yeux ? Le Lightness réalisa seulement à cet instant, qu'il ne se comportait pas avec elle, comme il le ferait avec n'importe qui, Leann y compris. Parce qu'il la connaissait depuis très longtemps ? Ou tout simplement parce que la proximité qu'ils avaient entretenue lui permettait ce genre d'attentions à son égard ? Jugeant, à juste titre ou non, qu'il se prenait certainement la tête pour un rien, le jeune professeur prit note de la réflexion de son interlocutrice et changea un peu sa façon d'être. Bien qu'il ne sache pas exactement quelle attitude adopter pour le coup. Devait-il redevenir froid et distant avec elle, comme il l'avait été, dès l'instant où ils s'étaient retrouvés mais pas reconnus ? Ou bien pouvait-il agir naturellement en sa compagnie, comme lorsqu'ils n'étaient encore que des adolescents innocents ? Chassant ces pensées de sa tête, puisqu'elles ne le menaient visiblement nulle part, Jilan vint prendre place sur le lit. Il ne craignait pas une morsure de la part de la jeune femme mais il savait que cette dernière devrait se nourrir prochainement pour aider à la guérison de sa plaie. Celle des vampires étaient réputée extraordinaire rapide, encore fallait-il qu'ils s'alimentent suffisamment ! Cependant, l'intéressée lui fit comprendre, non sans grimaces et plusieurs regards insistants que le liquide écarlate présent sur ses vêtements, la dérangeait. Étouffant un soupir, le Lightness consentit à aller se changer. Avait-elle seulement une vague idée de pourquoi il avait gardé les mêmes habits ? Pour s'occuper d'elle pardi ! Il n'était pas idiot pour croire que l'odeur de sang ne lui chatouillerait pas les narines ! Mais tandis qu'il se trouvait dans la salle de bain en train de s'exécuter, il se demanda si la vampire ne souhaiterait pas en faire de même ? Après tout, elle était tout aussi tâchée de sang que lui... Chose qui ne passerait pas inaperçue, en plus de l'importuner. C'est pourquoi il lui lança de quoi se changer en ressortant de la salle d'eau et s'amusa en apercevant le regard sceptique de la jeune femme. Elle comprendrait son intention mais son initiative l'avait surprise. De son côté, il attendit patiemment qu'elle puisse troquer ses vêtements contre ceux qu'il lui avait prêtés. Et si elle refusait ? Peut-être qu'elle était gênée de le déranger en étant chez lui ? Sauf qu'elle n'était pas en mesure de repartir toute seule, immédiatement. Pas sans avoir pris du sang. Jilan avait déjà pris sa décision à ce sujet : il lui donnerait un peu de son liquide vital, même si cela signifiait mettre sa propre vie en danger. Car un vampire pouvait ne pas réussir à se contrôler... Ne sachant pas quoi faire pour tuer le temps de l'autre côté de la porte, l'envie de faire mine d'ouvrir la porte pour la faire paniquer, le tenailla. Lui s'était plutôt bien adapté à ces trois siècles d'évolution, concernant les mœurs des humains mais et elle ? Était-elle toujours aussi prude et romantique comme l'étaient toutes les jeunes filles plusieurs siècles auparavant ? Devait-il la rassurer en lui annonçant carrément que la liste des femmes qu'il avait eu le loisir de contempler nues, ne cessait de s'allonger avec le temps ? Qu'elle n'avait pas à redouter de l'embarrasser en se dévoilant en tenue d'Eve ? Rien que d'imaginer ce que serait l'expression de l'intéressée à ce moment... Ce devait être délicieux à voir ! Enfin... Juste avant qu'il ne regrette ses propos, compte tenu de la relation qu'il avait eue auprès de la vampire lorsqu'ils étaient plus jeunes. Cela lui rappela qu'il ignorait la vision qu'elle avait de lui. Bonne ou mauvaise ? Il était prêt à la tuer tout de même... Songeant qu'elle devait en avoir fini pour enfiler un tee-shirt et un pantalon, le Lightness frappa doucement à la porte, comme pour annoncer son entrée. Mais alors qu'il s'attendait à une autorisation orale de la part de son invitée, ce fut cette dernière qui vint lui ouvrir, le prenant par surprise. Passée celle-ci, le jeune professeur fut rassuré de constater que la vampire pouvait se lever mais son soulagement se dissipa bien vite quand il nota qu'elle boitait toujours. Pour avoir lui-même jeté un coup d'oeil à la blessure, il savait qu'elle était sévère.

 « Tu aurais mieux fais de rester allongée, ta blessure n'est pas encore guérie. On le sait tous les deux. »

Sa voix n'avait rien d'autoritaire puisqu'il tenait simplement à lui faire part de son avis, quitte à y glisser un soupçon de mécontentement en la voyant s'activer dans son état. Pourtant, Eléanore s'évertua à le rassurer sur son état. Peut-être pour chasser toute trace d'inquiétude dans son regard hétérochrome ? Ou simplement par politesse... Oui, le Lightness ne pouvait pas admettre que son interlocutrice avait déjà récupéré de ses blessures ! C'est alors que la jeune femme lui demanda à son tour, s'il allait bien ou s'il avait été blessé au cours de l'affrontement. Ce à quoi il répondit un peu trop rapidement -et sèchement- avec un simple  « Non. » alors que son interlocutrice enchaînait déjà avec une seconde question. Du coup, un silence gêné s'installa entre eux. La vampire devait ne pas savoir à quelle question s'appliquait ce simple mot. Et lui, de son côté, s'amusait presque de l'embarras visible sur le visage d'Eléanore. Quant à la question si elle devait le vouvoyer ou non... Dans le siècle actuel, cela se faisait uniquement lorsqu'on ne connaissait pas suffisamment la personne en face de soi. Du point de vue du jeune professeur, la vampire était en droit de le tutoyer car, à défaut de connaître le genre de personne qu'il était devenu, elle était l'une des rares à avoir connu celui qu'il avait été auparavant. Ce qui n'était pas rien quand on savait que ceux de sa race vivaient éternellement... Son silence dut la déranger plus qu'il ne l'aurait cru puisque son interlocutrice reprit la parole, peu de temps après lui. L'idée de l'interrompre pour couper court à ses doutes et craintes, ne lui effleura même pas l'esprit. Non par sadisme pur mais parce qu'il voulait entendre ce qu'elle avait à lui dire. Et quelle ne fut pas sa surprise quand son invitée évoqua le Cercle. Ce n'était pas un sujet tabou entre eux, plutôt particulièrement délicat à aborder. Jilan ne sut quoi penser des propos de la jeune femme. Il appréciait qu'elle ne chercha pas à le dénoncer auprès du pouvoir en place. Où était passé son discours précédent, celui qui disait qu'ils n'auraient plus rien à faire ensemble, une fois tirés d'affaire ? Pourrait-elle réellement accepter ce qu'il était devenu ? Ou plutôt, jusqu'à quel point il avait changé pendant toutes ses années ? Même si du point de vue de l'intéressé, ces changements s'étaient effectués après la mort de sa sœur. Dans lesquels, le temps n'avait tenu aucun rôle... Les mots d'Eléanore provoquèrent des sentiments chez lui, que l'intéressé pensait sincèrement avoir enfoui très -ou trop- profondément en lui. Pourquoi il revoyait ses moments passées en sa compagnie ? Et pourquoi ceux-ci suscitaient-ils autant de nostalgie en lui ? La gorge du Lightness se serra sur la fin de la longue réplique de la jeune femme. Elle était heureuse de le savoir en bonne santé ? Pourquoi diable cette simple réflexion le rendait-elle heureux à son tour ? Retrouver quelqu'un de son passé, qui n'était pas sources de mauvais souvenirs, le comblait et encore plus d'apprendre que c'était un sentiment partagé. Cependant, quand la vampire se mit à évoquer sa famille, une sombre lueur passa brièvement dans les yeux aux couleurs différentes. Si seulement elle n'avait pas abordé ce sujet... Le jeune professeur les haïssait toujours, même après s'être assuré d'anéantir toute leur lignée -et la sienne !- personnellement. Jamais il ne pourrait leur pardonner la mort de Lily. Ce qu'ils lui avaient fait subir importait peu, à vrai dire, l'intéressé ne leur en tenait même plus rigueur. Non, sa haine s'était fixée sur autre chose. Et elle n'était pas prête de disparaître avec les années, voir les siècles. Est-ce que la jeune femme aperçut le changement qui s'était opéré dans son regard ? Probablement car sa propre attitude changea elle aussi. Jilan se raidit involontairement en sentant la caresse sur sa joue. Non pas à cause de ce contact en lui-même mais parce que ses pensées étaient toujours dirigées vers sa famille. Pourtant, il regretta aussitôt cette réaction instinctive quand il vit clairement les yeux plein de larmes d'Eléanore. S'en voulait-elle d'en avoir trop dit ? Il eut bientôt la réponse à cette question et se retint de s'emporter contre elle lorsque la vampire lui dit qu'elle était prête à quitter l'appartement sur le champs s'il lui demandait. Comme s'il pouvait la mettre dehors !

 « Eléanore... »

Ce simple prénom fit couler quelques larmes, malgré le ton devenu plus doux, du Lightness. Il ne lui en voulait pas. Après tout, ils partageaient le même avis sur les membres de la famille Ridell et même si elle était parvenu à lui rappeler Lily, jamais le jeune professeur ne pourrait lui reprocher ses paroles précédentes. La vampire s'était sincèrement inquiété pour lui et cela le touchait. Trop à son goût. Lentement, il porta à son tour, une main au visage de son interlocutrice, caressant une joue tandis que ses doigts s'activaient à essuyer les larmes qui ne cessaient de couler. Le regard hétérochrome se perdit un instant dans celui, aux éclats sanglants, de son invitée puis, doucement, Jilan posa son front contre le sien. Il était brûlant. Elle avait de la fière ? Cette pensée ne le rassura pas le moins du monde. Mais avant de lui en toucher un mot, il devait déjà la rassurer sur quelques points...

 « Tu n'as pas à t'excuser... Je ne t'en veux pas d'avoir parlé d'eux... Alors sèche moi tes larmes. Tu n'as rien gâché du tout, au contraire, je suis heureux de t'avoir retrouvée... Et j'aimerai que tu restes encore un peu ici... Que l'on rattrape ces moments que nous avions laissé en suspens depuis tout ce temps... »

Pour une fois, il s'étonnait de se montrer aussi sincère dans ses propos. Il n'était pas question de manipulation pour parvenir à ses fins. Ou de mensonges pour dissimuler ses véritables intentions. Il voulait réellement qu'elle resta en sa compagnie plus longtemps. Non seulement parce qu'il l'appréciait, sa personne et ses propos mais également parce qu'il ne comptait pas la laisser rentrer sans être assurer qu'elle était en état de le faire. La jeune femme avait beau être une créature de la nuit, crainte des humains pour son goût prononcé pour leur précieux liquide vital ainsi que pour ses capacités décuplées, elle n'en resterait pas moins vulnérable contre n'importe quel adversaire, si elle sortait, blessée comme elle l'était. Le Lightness se savait en position de faiblesse une fois  la nuit tombée, ce qui n'était pas le cas des vampires. Eléanore ignorerait-elle sa situation pour ressortir ? Même si cela devait l'exposer à de nouveaux prédateurs, que l'odeur du sang aura attirés ? Il ne pouvait pas croire qu'elle serait aussi inconsciente ou au contraire, trop sûre d'elle et de sa condition raciale, pour braver le danger et risquer sa vie. Jilan se demanda alors si leur soudaine proximité, embarrasserait son interlocutrice. Ce n'était pas un problème pour lui, c'était même plutôt rare qu'il se montre si prévenant avec quelqu'un mais elle ? Comment avait-elle vécu toutes ses années ? Si on se limitait à ses quelques informations, les voyages en solitaire autour du monde et les longues journées passées dans sa bibliothèque... Peut-être que la jeune femme n'avait pas le même rapport que lui vis-à-vis du rapport charnel ? A cette idée, il se retint de soupirer et ferma les yeux, espérant moins l'impressionner.

 « Je me suis occupé de ta blessure alors que tu étais encore inconsciente. Inutile de me mentir, je sais qu'elle est considérable et que tu auras besoin de sang pour qu'elle cicatrise plus vite, au risque d'augmenter ta soif jusqu'à la rendre incontrôlable. »

Loin de lui, l'envie d'étaler l'étendue de ses connaissances sur les vampires cette fois. Par ces propos, le Lightness voulait surtout que son interlocutrice prenne conscience de sa situation et qu'elle n'essaye pas de lui cacher la vérité. La manière dont elle s'était appuyée sur la porte pour venir lui ouvrir ou comment la vampire avait boité, même légèrement, pour atteindre son lit... Eléanore aurait beau dire ce qu'elle voulait, le jeune professeur savait ce qu'il en était réellement. Laissant le temps à cette dernière de méditer sur ses paroles, il s'écarta alors lentement d'elle, lâchant sa joue humide au passage pour ensuite entreprendre d'ouvrir les premiers boutons de sa chemise. Une étrange lueur passa dans le regard de son invitée et Jilan devina, non sans amusement, ce à quoi elle était en train de penser. Finalement, elle avait plus d'imagination qu'il ne le croyait ! Et il ne put réprimer un sourire en ajoutant :

 « Tu as besoin de sang alors prends le mien. Et ce n'est pas discutable. »

Message par Invité Mer 15 Jan - 17:25

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« Eléanore..

Le ton avait changé, cependant elle n'osa pas relever les yeux, et au contraire les ferma, faisant couler des larmes. Elle s'en voulait terriblement, elle voulait remonter le temps de quelques secondes, pouvoir effacer ces derniers mots. Contrairement à ce qu'elle pensait, il lui caressant sa joue humide, essayant de stopper les quelques perles qui tentaient de s'échapper encore. Il était doux, bien plus doux qu'elle ne l'aurait cru capable d'être. Elle ne voulait pas qu'il finisse sa phrase, son simple nom lui suffisait. Elle aurait souhaité que son monde reste suspendu à ce contact. Ce dernier écarta le dernier brouillard qui s'était déposé sur ses souvenirs. Faisant ressurgir pleinement les sentiments qu'elle avait eu pour lui, se muant en bouffée de chaleur, réchauffant son corps éternellement froid. Une autre fièvre prit la place de celle qui lui oppressait le crâne quelques minutes plus tôt. Ne stoppant pas pour autant le flot de larmes qui s'écoulait de ses yeux rougeoyant. Elle ne pouvait plus s'arrêter, peut être par peur de la tournure que pourrait prendre la suite des événements, elle ne voulait plus partir, pas maintenant qu'il avait posé son front contre le sien, la regardant gentiment de ses yeux hétérochromes.

- Tu n'as pas à t'excuser.. Je ne t'en veux pas d'avoir parlé d'eux.. Alors sèche moi tes larmes. Tu n'as rien gâché du tout, au contraire, je suis heureux de t'avoir retrouvée.. Et j'aimerai que tu restes encore un peu ici.. Que l'on rattrape ces moments que nous avions laissé en suspens depuis tout ce temps...

Eléanore fut surprise par la douceur de ses paroles. Quant à la sincérité que l'écho lui apportait, elle en fut abasourdie. Ce contraste qui avait opéré en lui en quelques heures était fulgurant. Mais elle n'en était que plus heureuse de savoir qu'il partageait les même sentiments qu'elle à son égare, ou du moins elle l'espérait, mais elle en était presque sûre, rien qu'à l'éclat de ses yeux, elle pouvait assurer qu'il était sincère. Cela la toucha, car elle savait qu'il n'aimait guère s'étaler ou montrer ce qu'il ressentait. Un sourire doux vint s'installer sur ses lèvres, pour ne plus les lâcher. Les perles salées cessèrent de couler le long de ses joues rosies. Elle vit Jilan fermer les yeux. Son sourire s'agrandit sans qu'il puisse le savoir. Elle ne comprenait pas tellement pourquoi il avait choisit de cacher sa vue, mais cela lui permit d'examiner son visage fin. Il n'avait rien perdu, et même gagné en maturité, ses traits étaient plus durs qu'il y a maintenant trois siècles. C'est normal pensa t'elle, le temps laisses ses marques, à chacun, on a beau essayer de les cacher, de les dissimuler, un regard attentif les délogera de leur cachette. Les cheveux du jeune homme lui chatouillaient le bout du nez. Ceux-ci était presque aussi rouges que ses propres yeux. Il ne devait pas passer inaperçu parmi les filles, car il fallait se l'avouer, Jilan était un être qui rayonnait malgré son air continuellement hautain, méprisant toute personne osant le défier d'un simple regard. Des traits doux et fin mêlés à d'autres, plus sévères les uns des autres. Il avait l'air d'un être débarquant d'une autre planète, et ce n'était pas tout à fait faux, le monde avait tellement évolué.. Elle chassa ses idées à coups de battements de cils, revenant à l'instant présent. Instant qui lui semblait hors du temps. Elle avait encore du mal à croire que c'était réellement Jilan, le Jilan d'antan qui était ainsi, si proche d'elle. Comment avait-il fait pour survivre sous le poids du temps ? Était-il lui aussi un vampire ? Ou peut-être un de ces être dont elle avait entendu parlé. Les Darkness ? Ou encore un Lightness ? Que s'était-il passé pour qu'il résiste à la mort ? Il coupa court à ses pensées en reprenant la parole.

- Je me suis occupé de ta blessure alors que tu étais inconsciente. Inutile de me mentir, je sais qu'elle est considérable et que tu auras besoin de sang pour qu'elle cicatrise plus vite, au risque d'augmenter ta soif jusqu'à la rendre incontrôlable.

Elle se redressa de quelques millimètres, quelque peu surprise par sa connaissance des vampire. Dans ce cas, il en serait il un lui aussi.. ? Non, impossible, durant le combat, il n'en menait pas vraiment large, sa force n'égalait pas celle de son adversaire, alors que pour Eléanore, si elle avait été en pleine forme, elle aurait pu sans aucun soucis l'écraser comme on écraserait un moucheron. Donc, il restait trois possibilités. La première était qu'il ait acquérit le savoir de sa famille, si on pouvait appeler ça une famille, et qu'il soit aidé par la magie noire. La deuxième était que cela soit dû à une expérience que son père avait encore pratiqué sur lui, et que le fruit serait son immortalité. La troisième se résumait aux Darkness ou aux Lightness. Il se détacha d'elle lentement, retirant sa main de sa joue encore mouillée par les larmes. Il retira les premiers boutons de sa chemise sous le regard incrédule de la jeune femme. Elle ne comprit pas tout de suite la raison exacte de cette exhibition soudaine, mais Jilan se justifia avec un sourire moqueur. Le rouge lui monta aux joues. Quelle idiote elle faisait. Pour penser à autre chose et essayer de retirer le rose de ses joues habituellement aussi blanche que la porcelaine, elle retint son attention sur le cou dévoilé du jeune homme. Son ventre gargouilla discrètement. Il était vrai qu'elle avait faim et que sa blessure risquait de ne pas guérir correctement si elle n'ingérait pas du sang bientôt, mais elle ne voulait pas affaiblir Jilan, au risque qu'il ne puisse pas lui dire d'arrêter. Si elle ne se nourrissait que de pochettes de sang, ce n'était pas pour rien. C'était bien parce qu'elle ne voulait d'abord pas faire de mal à un humain, mais ensuite, parce qu'elle ne savait pas comment s'arrêter étant donné qu'elle avait juste appris à se retenir de commencer le repas carnassier, pas à gérer son appétit. Elle posa sa main glacée sur l'épaule de son ami. Le contact dû être assez désagréable ou surprenant, car il tressailla sous la froideur de ses doigts.

- Je.. je risque de ne pouvoir m'arrêter Jilan.. Je crains que tu ne réalise pas tellement la monstruosité de mon appétit..  Si je n'arrive pas à m'arrêter je vais te.. tuer.

Cependant, sous le regard toujours insistant de son ancien amant, et les bruits de son estomac de plus en plus bruyants, ce n'est pas comme si elle avait le choix. Elle s'approcha de sa gorge, et, sous un « Excuse moi.. » , planta ses crocs dans sa cou. Elle n'avait pas prit une artère, de sorte que si sa faim prenait le dessus, Jilan puisse la repousser sans être trop affaibli. Le sang se déversa doucement dans sa bouche, excitant ses papilles. Son sang était de loin meilleur que celui du loup de tout à l'heure. Elle s'en abreuva avec délectation, profitant de chaque gorgée. Le sang frais était tellement bon comparé à celui qu'elle buvait chez elle. Le goût du plastique mêlé à celui du sang n'était pas un mélange très appétissant, pourtant elle devait s'en contenter chaque soir et chaque matin. Ce qu'elle avait pressentit arriva, elle n'avait plus la force de s'arrêter. Sa véritable nature avait prit le dessus. Ne prenant même plus en compte les sentiments, un vrai vampire n'a pas de sentiments, il est aussi froid que son corps, c'est tout. Eléanore continuait de pomper le sang de Jilan, avec de plus en plus d'avidité. S'accrochant avec force à ses épaules. Aspirant de plus en plus le liquide vital. Elle ne pensait plus, seul le sang comptait, seule sa faim était présente. Jilan finit par se débattre un peu, elle n'en pris pas garde, et continua son repas. Pourtant des larmes perlèrent de nouveaux sur ses joues. Pourquoi pleurait-elle ? Elle était faible. Elle se détestait. Il fallait qu'elle mange, c'était la dure loi de la jungle. Pas de regrets, pas de sentiments. Juste la faim. Le reste, elle n'en avait que faire. Ce misérable petit humain ne représentait rien pour elle. Une larve parmi tant d'autres. Un de moins, un de plus, qui verrait la différence, sincèrement ? Personne. Alors pourquoi ces larmes. Elles donnaient un goût salé au repas. Pas bon. La larve était coriace tout de même, elle la repoussa un peu. A quoi s'attendait-il cet idiot ? A ce qu'elle le lâche ? Quel morveux il faisait, sa seule qualité était son sang, il devait s'estimer heureux d'aussi bien nourrir une vampire. Qui était-il déjà ? Elle se retira, vaincu par la curiosité, un sourire carnassier aux lèvres sanglantes, les larmes toujours aux yeux. Ah oui, il s'appelait Jilan. « Jilan.. » Son sourire ce décomposa instantanément. Jilan ? Elle réalisa alors enfin la situation. Les larmes tombèrent de plus belle. Non, comment avait-elle pu penser tout ça, comment avait-elle pu se laisser submerger ainsi par la faim ? Elle le regarda, très inquiète. Il n'était pas bien, pas bien du tout même, il semblait sur le point de tourner de l’œil. Elle s'affola, le posant délicatement sur le lit, appuyé par les oreillers, le couvrant de la couverture. Elle lui donna de petites tapes sur les joues pour le réveiller.  Il lui prit la main, comme pour lui demander d'arrêter, elle la lui serra.

- Je suis sincèrement désolée.. Je ne voulais pas de ça.. Tu n'es qu'un idiot Jilan.. Je pouvais très bien patienter encore, rentrer chez moi et boire mes poches de sang tranquillement.. Et voilà.. Je pleure de nouveau comme une morveuse. Je vais te chercher de quoi te revigorer un peu.. Ne bouge surtout pas.

Elle sortit de la pièce en claudiquant, non sans un regard vers le jeune homme pour s'assurer qu'il était toujours conscient. Elle boita jusqu'à la cuisine, fouillant un peu, elle trouva un paquet de thé, oublié au fond d'un placard, elle s'activa, fit chauffer de l'eau, et prit deux pommes. Puis, allant dans la salle de bain, chercha de quoi soigner la plaie de ses crocs pour ne pas que la blessure ne s'infecte. Trouvant enfin ce qu'elle cherchait, elle retourna dans la cuisine, prit la tasse brûlante de thé, les deux pommes et les pansements. Elle arriva enfin dans la chambre, posa les affaires sur une chaise, elle s'assit près de lui, inquiète. Il avait les yeux fermés mais respirait normalement, cela la rassura quelque peu. Elle le réveilla doucement lui effleurant la joue du dos de sa main.

- Hé.. Il ne faut pas dormir, sinon tu risque de t'évanouir.. Je n'ai pas trop osée fouiller.. Bois un peu et croque là dedans, ça ira un peu mieux après.. Je vais empêcher le sang de continuer de couler. Tourne toi un peu.. »

Message par Invité Mer 15 Jan - 20:57

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La voir ainsi rougir ne fit qu'élargir son propre sourire, déjà présent sur les lèvres du Lightness depuis plusieurs minutes. A l'instant même où il avait croisé le regard interrogateur de la jeune femme pour être exact. Non pas qu'il veuille se moquer d'elle et de son embarras concernant des choses qui, pour lui, n'avaient plus rien de gênant. Bien au contraire. Jilan la trouvait charmante avec sa pudeur. Dire qu'il osait la comparer à toutes les étudiantes qu'il avait auparavant allongé dans ce même lit. La réaction était la même, à quelques détails près selon les tempéraments des intéressées. Alors pourquoi n'avait-elle pas le même effet sur lui ? Parce qu'il s'agissait d'Eléanore ? Cette réponse seule aurait pu suffire, encore fallait-il que le jeune professeur l'admette... Cependant, le rouge sur les joues de son interlocutrice disparut aussi vite qu'il était apparu. L'interrogation dans ses prunelles aux reflets sanglants fut remplacé par un autre sentiment, moins connu dans les yeux de la vampire : l'hésitation. Le Lightness ne détourna pas le regard dans celui de son interlocutrice se planta dans le sien. Il ne changerait pas d'avis. Il savait peu de choses sur elle, c'était vrai. Sous ses airs de gentille vampire, peut-être n'était-elle qu'en réalité, qu'une tueuse sanguinaire et sans la moindre pitié pour ses proies ? Étrangement, le jeune professeur doutait de la véracité de cette théorie. Le comportement d'Eléanore jusqu'à présent ne collait pas avec cette image. Si elle était véritablement cruelle derrière les apparences, elle n'aurait certainement pas choisi de s'allier avec lui face à leur ennemi dans le quartier dévasté, en prenant le risque de s'attirer des ennuis par la suite. L'homme n'était probablement pas honnête et encore moins fréquentable à long terme mais s'il disait vrai pour ce qui était de travailler sous les ordres du Cercle, son meurtre ne passera pas inaperçu aux yeux des forces de l'ordre. Et puis, la vampire aurait pu sauver sa peau en le vendant au traqueur non ? A moins qu'elle n'ait pesé le pour et le contre en étant en face de lui. Pour que l'optique de s'en sortir avec l'aide du Lightness l'emporte ? Réalisant qu'il s'était perdu un peu loin dans ses réflexions, Jilan se retint de justesse de secouer la tête pour revenir au moment présent. La paume glacée de son interlocutrice s'en chargea pour lui et il ne put retenir un frisson à ce contact. Pourquoi diable son front semblait-il aussi brûlant comparé au reste de son corps ? Il savait grâce à ses quelques connaissances, que ces créatures de la nuit étaient connues pour n'abriter que très peu de chaleur en elle. Cette affirmation se vérifiait mais les doutes avaient envahi l'esprit du jeune professeur tandis que leurs fronts se touchaient. C'est alors qu'il vit les lèvres d'Eléanore remuer avant que le sens de ses paroles ne lui parvint. Elle le mettait en garde ? Encore une preuve supplémentaire qu'il pouvait lui faire confiance ! Et ce, en dépit de ce qu'elle lui disait. En effet, il ne réalisait pas vraiment l'ampleur de sa décision, compte tenu du fait qu'il ne s'était jamais fais mordre auparavant. Même au cours de ses trois siècles d'existence ! Un comble pour lui qui demeurait fasciné pour les créatures de la nuit et l'objet de leur convoitise, à savoir, le sang humain. Mais s'il lui en faisait part, ne risquait-elle pas de refuser catégoriquement son offre ? Certes, il ignorait bon nombre de choses sur les vampires, pour ne pas en être un lui-même, à son grand désespoir. Toutefois, le Lightness se savait être dans le vrai pour ce qui était des propos qu'il avait tenus plus tôt. En plus de risquer d'aggraver l'état de sa jambe, son interlocutrice s'exposait à la folie qui guettait tout vampire qui refusait de s'alimenter. Il ne voulait pas la laisser prendre ce risque ! Qu'importe celui qu'il encourait en lui proposant son sang ! Et cela, la jeune femme dut le comprendre dans son regard hétérochrome puisqu'elle approcha lentement ses crocs de son cou.

 « N'oublies pas que tu as déjà goûté à mon sang, sans jamais me mettre en danger... » eut-il le temps d'ajouter avant que la sensation des crocs de la vampire s'enfonçant dans sa gorge ne l'empêche de poursuivre.

Son excuse lui fit froid dans le dos, sans qu'il ne comprenne pourquoi. C'était naturel pour les représentants de son espèce que de se nourrir de la sorte non ? Et ce n'était pas comme si elle s'apprêtait à lui prélever son liquide vital de force... Jilan aurait voulu la rassurer, lui dire qu'elle n'avait pas à s'en faire et qu'il avait confiance en elle. Pourquoi ? Et bien... Parce qu'il n'était pas le genre de personne à se mettre inutilement en danger, pour qui que ce soit d'ailleurs. Cette sensation sur son cou lui était familière, lui rappelant davantage de souvenirs. Pas uniquement ceux au cours desquels son interlocutrice avait eu le loisir de goûter à son sang. Le jeune professeur ferma les yeux pour mieux visualiser ces moments passés en sa compagnie, les détails de chacune de leurs rencontres. Même si le temps passé ensemble n'avait été qu'une fraction de secondes en comparaison avec celui de leur existence, il n'en restait pas moins important. Peut-être plus que ni l'un, ni l'autre ne voudrait jamais l'admettre devant son interlocuteur. Mais rapidement, le Lightness se sentit faiblir. Il n'avait pas la moindre idée de la quantité de sang dont aurait besoin Eléanore pour aller mieux, en revanche, il connaissait le nombre de litres du précieux liquide présent dans son organisme et la limite à ne pas dépasser. En tant que professeur de sciences, c'était le minimum non ? Depuis combien de secondes ou même de minutes, la vampire lui prélevait-elle du sang ? La tête lui tournait et malgré ses efforts pour tenter de se dégager de son étreinte, les mains de la jeune femme le maintenait fermement par les épaules. L'instinct aurait-il repris le dessus sur sa conscience ? Jilan se surprit à espérer que non. Car dans le cas contraire... Au bout d'un court moment de lutte -lequel parut durer une éternité du point de vue du Lightness, tandis que ses mouvements se faisaient de plus en plus lents et faibles-, il finit par baisser les bras, vaincu. Il n'était pas résigné, loin de là. Satisfait ? Pourquoi cette idée le travaillait autant ? Il n'avait pas vécu aussi longtemps, écrasant les plus faibles que lui pour mourir aussi bêtement non ? Encore moins sous les crocs de son ancienne fiancée ! Et pourtant... S'il devait vraiment mourir ici... Peut-être était-ce le fait d'avoir revu celle qui avait autant compté pour lui à l'époque... La seconde femme de sa vie et qui, jusqu'à preuve du contraire, n'avait pas eu à subir les conséquences de ses actes... C'était certainement très égoïste de sa part que de se laisser aller vers le néant. Le jeune professeur en avait conscience. Ses lèvres remuèrent d'elles-mêmes, sans qu'aucun son n'en sorte. Il aurait voulu s'excuser pour l'avoir blessée et encore plus pour lui infliger ce spectacle qu'allait être son corps sans vie entre ses bras. Jilan sentit alors quelque chose d'humide couler contre son cou. Non sans mal, il réussit à tourner légèrement la tête pour apercevoir le visage de la vampire. Et son cœur manqua un battement quand il vit qu'elle pleurait. Il s'en voulait de la faire souffrir à ce point. N'aurait-il pas dû lui proposer son sang ? Même en ne sachant pas ce qui allait arriver ? S'insultant mentalement de ne pas être capable d'articuler un seul mot, son interlocutrice se recula alors pour le dévisager. Aurait-elle pénétré son esprit, même l'espace de quelques secondes pour y lire ce qu'il ne pouvait dire ? Le Lightness comprit qu'il ne le saurait probablement jamais mais le sourire d'Eléanore lui arracha un nouveau frisson. Il aurait pu avoir peur. Il aurait dû. Ou alors la trouver magnifique, tout comme il avait apprécié la petite démonstration de force de la lycanne, lors de leur première rencontre. Au lieu de cela... Pour la première fois, le jeune professeur ne savait pas quoi penser. Son esprit s'arrêta de fonctionner pendant une fraction de secondes, juste le temps qu'il fallut à la vampire pour perdre son rictus.

« Jilan.. »

Ce simple prénom fit son chemin dans son esprit, alors que celui-ci reprenait lentement ses droits sur le corps de son propriétaire. Jilan aurait voulu lui sourire pour lui prouver qu'il allait bien, surtout en voyant l'expression qui prenait peu à peu possession du visage de son interlocutrice. Cependant, la tête lui tournait de plus belle. Il ne pouvait songer à faire ou dire quoique ce soit. Cette sensation de faiblesse dans son corps était tellement déplaisante ! Comme s'il ne se savait pas suffisamment faible en temps normal contre les autres créatures présentes en ville ! C'était malheureusement le prix à payer pour s'assurer de la bonne santé de la jeune femme, tout en goûtant à la morsure de l'une de ces créatures de la nuit. Voir de nouvelles larmes rouler sur les joues d'Eléanore lui serra le cœur. Mais quelle pleurnicheuse ! Il n'était pas -encore- mort ! Trop faible pour se mouvoir, il lui fut néanmoins reconnaissant qu'elle prenne la liberté de l'allonger sur le lit. Seul, le Lightness se serait écroulé sur les draps, sans même se glisser en dessous ou s'installer confortablement sur les oreilles à sa disposition. Mais dans cette position, ces paupières lui semblaient encore plus lourdes qu'avant, si c'était possible et l'envie de se laisser aller à cette somnolence mortelle le prit. Le jeune professeur grimaça quand il sentit les multiples tapes de la vampire sur ses joues. Qu'elle arrête de faire l'enfant ! Pour lui témoigner son agacement, il attrapa l'une de ses mains. Le geste seul suffisait à faire passer le message mais elle put également le lire dans ses yeux. Et aussitôt qu'elle fut rassuré de voir qu'il gardait les yeux ouverts, un flot de paroles s'échappa d'entre ses lèvres. Luttant pour ne pas perdre conscience, Jilan en entendit à peine la moitié mais il saisit le sens global de ses propos. Eléanore s'en voulait. Pour n'avoir pas su s'arrêter à temps et très certainement pour l'avoir mis dans cet état. Pourtant... Il était toujours en vie, alors pourquoi pleurait-elle ? Pas en très bon état certes mais son cœur battait toujours. N'était-ce pas là l'essentiel ? Alors que la vampire lui intimait l'ordre de ne pas bouger, le temps qu'elle s'affaire dans la pièce d'à côté, le Lightness se retint de lever les yeux au plafond. Où pensait-elle qu'il puisse aller dans cet état ? C'était à peine s'il pouvait se tenir assis seul, alors de là, à se lever et se rendre dans le salon... Elle lui fit de la peine en s'éloignant en boitant toujours un peu. Ce n'était pas le rôle de son interlocutrice de le veiller mais le sien ! En constatant que leurs rôles respectifs s'inversaient quelque peu, le jeune professeur ne put réprimer un faible sourire. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas pu -et dû !- se reposer sur quelqu'un... Peut-être que l'occasion se serait présentée avec Leann, puisqu'elle vivait chez lui et que cela collait plutôt bien avec son tempérament calme et prévenant. Et puisque l'on parlait d'elle, Jilan se demandait ce qu'il pourrait trouver comme excuses si la louve avait décidé de rentrer à ce moment précis. Découvrir une inconnue dans l'appartement qui était presque le sien et son propriétaire légitime à moitié mort dans son lit, il y avait de quoi rester plus que sceptique ! Las de réfléchir, son cerveau lui intima de profiter de ces quelques minutes de solitude pour se reposer. Et étrangement, le Lightness ne résista pas à l'appel de ses paupières, les laissant closes. Dans le silence qui régnait dans l'appartement, il pourrait aisément entendre Eléanore revenir auprès de lui. D'ailleurs, il percevait déjà les sons provoquées par cette dernière, tandis qu'elle s'affairait dans la cuisine. Ce qui renforça son sourire. Charmante en effet. Mais avec tout le sang qu'elle lui avait pris, mieux valait pour lui qu'il mange ou boive quelque chose. Sinon, cela risquait très vite de devenir dangereux dans sa situation actuelle. La notion de durée lui échappa complètement. Il ignorait depuis combien de temps il gisait ainsi sur le lit, sans même être capable de se redresser en position assise. Il sentit du mouvement près de lui et l'instant d'après, la jeune femme lui caressait doucement la joue.

 « Hé.. Il ne faut pas dormir, sinon tu risques de t'évanouir.. »

 « Difficile de dormir avec tout le boucan que tu fais... » réussit-il à articuler dans une sorte de râle.

Sa voix lui déplaisait car elle trahissait encore un peu plus, l'état de faiblesse dans lequel il se trouvait en face de la vampire. Pour lui qui ne voulait pas l'inquiéter davantage qu'elle ne l'était déjà, c'était probablement raté. Son regard se posa sur les deux pommes ainsi que la tasse fumante, posées toutes trois sur une chaise près du lit après que son interlocutrice l'ait enjoint à se nourrir de quelques façons que ce soit. Ne se sentant pas le courage de croquer dans l'un des fruits, Jilan attrapa prudemment la tasse pour l'approcher de ses lèvres. Malheureusement, le contenu de celle-ci était encore trop chaud pour lui et il se résolut à la reposer sur la chaise en bois. Mais quand il vit du coin de l’œil que la jeune femme s'affairait à sortir de coin nettoyer sa plaie, un soupir réussit à franchir ses lèvres. Sans un avertissement, il l'attrapa par le bras et l'attira contre lui, l'enveloppant de ses bras pour la dissuader de se redresser. A sa question silencieuse, il répondit aussitôt :

 « Ne t'en fais pas pour la plaie, je n'en mourrais pas... »

Et il le pensait ! Eléanore devait le savoir, pour l'avoir rencontré alors qu'il se blessait volontairement. A cette époque, il n'était pas question de désinfectant et de pansements pour éviter que des maladies comme la gangrène n'apparaissent. S'il avait survécu 300 ans auparavant à de pareilles blessures, le Lightness estimait pouvoir s'en tirer sans encombre avec une morsure de ce type. De toutes manières, on racontait que ceux de son espèce n'étaient pas sensibles aux maladies, quel qu'elles soient. Bon, cela ne l'avait pas empêché, une fois, d'attraper un rhume mais rien de bien grave en soi. Le jeune professeur se mit alors à caresser les cheveux de la vampire. Aurait-il dû trouver cette position étrange et ambiguë ? Peut-être. Cependant, il n'avait pas envie de la laisser se reculer de lui. Comme si la sentir contre lui, frêle et pourtant dangereuse quand on avait connaissance de sa nature vampirique, lui tranquillisait l'esprit. En parlant de cela... Jilan consentit soudain à desserrer un peu son étreinte, pour permettre à son interlocutrice de se redresser suffisamment et ainsi croiser son regard hétérochrome. On ne lisait plus aucune cruauté dans les iris de couleurs différentes. Il prit le temps de maîtriser le timbre de sa voix avant de reprendre la parole. Il ne voulait plus passer pour faible, même si c'était bel et bien ce qu'il était à cet instant.

 « Tu vois que tu as su t'arrêter idiote... J'avais confiance en toi. Ne pleures donc plus, sauf si tu regrettes que je sois toujours en vie... »

Si le début de sa réplique prit une intonation faussement réprobatrice à l'encontre d'Eléanore, la fin se mua en un humour quelque peu amer aux oreilles du jeune professeur. Il ne voulait pas la faire culpabiliser, pour avoir été l'unique responsable de ce qui lui était arrivé, puisque sa décision en avait été la cause. Peut-être que sa question, à défaut de rendre le sourire à la vampire, lui permettrait-elle d'en apprendre davantage au sujet des sentiments de cette dernière ? Lesquels avaient bien évolués au cours de leurs retrouvailles. Qu'est-ce que la suite leur réservait ?

Message par Invité Dim 19 Jan - 11:17

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« Difficile de dormir avec tout le boucan que tu fais..

Sa réplique lui arracha un sourire. Mais sa voix était rauque et bien trop faible au goût de la centenaire. Il avait probablement voulue la rassurer en répondant ainsi, pourtant, le timbre de voix qu'il avait ne faisait que d'avantage l'inquiéter. Pour ne rien laisser paraître de cette inquiétude, elle se concentra alors sur la blessure dans son cou pendant que Jilan attrapait la tasse encore brûlante. La plaie était propre, un faible sourire s'afficha sur son visage, elle avait tout de même bien fait son travail, malgré la profondeur de ses crocs, elle avait été rapide et précise. Il guérira vite. Pas plus d'un bon mois avant que cela ne semble qu'un mauvais souvenir. Et encore. Elle porta de nouveau du coton au deux trous dans son cou, espérant arrêter quelque temps le saignement, de sorte qu'il coagule un peu et cicatrise plus vite. Jilan lui attrapa le bras et l'attira à lui, non sans lever les yeux au ciel. Bien qu'ils soit faible, il lui restait encore assez de force pour lui faire comprendre qu'il ne voulait pas qu'elle bouge pour s'occuper de sa plaie. Elle se retint de pouffer, il avait beau être un homme d'une plus grande stature qu'elle, il n'en restait pas moins un humain. Sa force de vampire était nettement supérieure à la sienne, quelque soit sa nature. Ses bras l'enveloppèrent, elle entendait son cœur battre tranquillement, cela la calma un peu, et, fermant les yeux, elle écouta ce qu'il lui dit. Non, il ne mourra pas. Il n'avait pas intérêt de toute façon. Sinon elle ne pourrait s'en remettre d'être la cause de sa mort. Une vie n'est pas fait pour s'arrêter brutalement, une vie doit être pleine d'images, d'odeurs, de sons, de rencontres, de bonheur. De plus si il mourrait, elle replongerait dans la sorte de folie qui l'avait bercée quelques temps après la mort de sa mère adoptive. Ironie du sort, elle ne pourrait même pas mettre fin à ses jours sous la culpabilité de son acte. Son cadenas lui en empêcherait. Elle chassa ses pensées, non il était vivant, tout allait bien. Ses poumons s'emplissaient régulièrement d'air, les battements de son cœur rythmaient le mécanisme de son corps. Elle se sentait si bien, ainsi, blottie contre lui. Bien que la position ne soit pas vraiment confortable par le fait qu'elle n'avait eu le choix, mais ce n'était qu'un détail. Maintenant qu'elle se souvenait, maintenant qu'elle aimait, maintenant qu'ils s'étaient retrouvés, le reste lui importait peu. Elle n'était plus toute seule. Elle retint un sourire moqueur. Qu'est-ce qui lui prenait de penser ça ? Elle était encore pire qu'une fille fleur bleue en pleine crise d'adolescence.  Certes, la fièvre, la fatigue, et le goût du sang retrouvé devaient y être beaucoup, mais tout de même. Enfin, cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi bien, il valait peut-être mieux se laisser porter par cette vague de trop pleins. La canidé se laissa donc portée, nichée au creux de ses bras. Ceux-ci, d'ailleurs, relâchèrent quelque peu leur étreinte. Elle en profita pour s'installer plus confortablement puis, relevant la tête, planta son regard dans les pupilles hétérochromes de son ancien amant. La sévérité qui y logeait en permanence avait disparue. Ses yeux reflétant uniquement de la douceur troublèrent étrangement Eléanore. Pourtant elle ne pouvait se détacher de ces derniers. Elle s'y noyait littéralement, engluée par ce qu'ils dégageaient. Heureusement, elle fut sauvée de cette sorte d’emprisonnement par les paroles du jeune homme.

- Tu vois que tu as su t'arrêter idiote... J'avais confiance en toi. Ne pleure donc plus, sauf si tu regrettes que je sois toujours en vie..

Si elle regrettait qu'il... ? Mais comment pouvait-il dire une chose pareil ? Une mer de perles salées se mit de nouveau à brouiller sa vue. Non mais quel idiot, franchement ! N'a t'on jamais vu un abrutit pareil ? Si elle avait pleuré comme une idiote, comme elle le faisait maintenant d'ailleurs, si elle était allé chercher de quoi le remettre un peu de sa blessure, si elle avait prit soin de sa blessure, et si tout simplement elle était restée avec lui au lieu de simplement le remercier et rentrer chez elle, c'était pour quoi à son avis ? Pour lui. Si elle l'avait aidé durant le combat, si elle avait prit les coups à sa place, si elle avait usé de son pouvoir alors qu'elle savait pertinemment qu'elle pouvait en mourir ou en devenir folle si elle n'arrivait pas à s'arrêter, c'était pour quoi ? Pour lui encore et toujours. Que voulait-il de plus ? L'amour qu'elle lui avait portée autrefois berçait de nouveau son ventre, lui faisant l'effet de milliers de papillons lui vrillant le ventre à chaque fois qu'ils se tenaient un peu proches. Mais ça, elle ne parvint pas à le dire, bégayant sans cesse des choses incompréhensibles. Jilan ne se moqua pas, essayant même de stopper sa crise de larmes doucement. Elle finit par se calmer un peu sous les tentatives de Jilan pour la faire cesser de pleurer.

- Tu.. Tu n'es qu'un sombre idiot Jilan.. Comment pourrai-je regretter ta vie.. ? Dis moi sincèrement ! Si c'est pour dire des choses pareilles, tu  ferais mieux d'économiser ton souffle en te taisant. ...Abrutit va.. !


Elle murmura ses derniers mots. Se penchant vers lui, elle l'embrassa. D’abord doucement puis de plus en plus intensément. Elle s'attendait à ce qu'il la repousse brutalement, mais bizarrement il n'en fut rien. Jilan partageait-il les mêmes sentiments qu'elle avait de nouveau à son égard ? Ou était-ce juste 'comme ça' ? Elle se retira de ses lèvres lentement, non sans regrets. Elle le regarda fiévreusement. S'il lui demandait de partir, elle ne pourrait s'en remettre. La vampire détourna les yeux, troublée, le rouge aux joues, et surprise par le culot qu'elle avait eue. Qu'est ce qui lui avait pris.. ? Elle n'osait plus regarder Jilan dans les yeux, ni le regarder tout court d'ailleurs. Il devait penser qu'elle était folle, à peine retrouvée et déjà elle l'embrassait. C'est vrai que c'était un peu le bordel dans la tête de la jeune femme. Elle ne savait plus si elle devait avoir mal à la cuisse ou non, si elle devait être heureuse ou triste, partir ou non.. La main de Jilan lui redressant le menton pour l'embrasser mit fin à ses doutes. Elle passa sa main sous sa chemise, lui caressant le dos doucement. L'instant était hors du temps. Comme si le temps n'avait jamais eu d'emprise sur eux. Comme s'ils s'étaient vu la veille. Difficile à croire que quelque heures plus tôt, l'un des deux était prêt à tuer l'autre. Difficile à croire qu'ils ne se souvenaient même plus l'un de l'autre, ayant même oublié le visage et le nom de la personne. Tout comme les souvenirs qui englobaient le personnage. On pourrait croire à une pièce de théâtre. Les enchaînements d'actions semblaient aller beaucoup trop vite, c'était surréaliste. Mais ce qui se passait était surréaliste pour Eléanore. A un tel point qu'elle se demandait si tout cela était vraiment réel. Et si ce n'était qu'un simple rêve, elle aurait souhaité ne jamais se réveiller. D'ailleurs, en parlant de se réveiller. La porte d'entrée de l'appartement s'ouvra doucement. C'eût eu l'effet d'une décharge électrique dans le corps de la jeune femme. Elle se retira brutalement de l'étreinte du jeune homme. Des clefs tintèrent. Tout ses sens étaient en affût. L'incompréhension se lisait sur son visage, tout comme le petit éclat de peur qui brillait au fond de ses yeux sanglants. La lumière s'alluma, et des pas s'entendaient sur le plancher. Augmentant un peu plus à chaque foulée le sentiment d'être prise au piège pour la vampire. Ça en était insupportable. Elle regarda Jilan. Celui-ci n'était pas le moins du monde inquiet. Il soupira d'exaspération, laissant sa tête retomber sur l'oreiller. Elle comprenait de moins en moins, et n'avait qu'une envie, partir. Si elle n'avait pas eu sa blessure, elle aurait été moins sur ses gardes, mais étant donné son état, cela ne lui permettait pas un affrontement, qu'il soit verbal ou physique. Elle s'assit sur le bord du lit, tournant le dos a son amant. Réajusta un peu sa robe.

- Je pense qu'il est temps pour moi de rentrer. Au son de ses talons, ça ne doit pas être un homme. Bonne nuit, Jilan.

Elle avait dit cela d'une voix étrangement calme par rapport à l'agacement qui montait en elle. Oui agacée d'avoir été prise pour une idiote une fois encore. Elle avait eu sa dose de sentiments pour toute une semaine. Elle avait dit cela sans le regarder, en continuant de lui tourner le dos. Sa seule espérance pour le moment était qu'il comprenne à quel point elle était énervée. Plus jamais elle ne s'y reprendrait. Non mais qu'elle idiote vraiment. Alors les premières impressions étaient donc toujours les bonnes. Elles s'en souviendrait la prochaine fois. Plus jamais elle ne s'y reprendrait. Plus jamais elle ne reviendrait, ne reparlerait ni même regarderait Jilan. Pourquoi avait-il fait tout ça alors qu'il vivait avec quelqu'un ? Elle plaignait grandement cette personne, quelle qu'elle soit. Parce que après tout, ce n'était pas elle la plus à plaindre, mais bien la nouvelle arrivante.

Message par Invité Dim 19 Jan - 16:58

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    Assise en tailleur sur le canapé, Leann regarda du coin de l’œil son amant se préparer. Elle avait apprit aux fils des semaines passées en sa compagnie quel genre de sortie il allait faire rien qu’en croisant ses yeux et le mouvement de son corps. Les premiers plus neutres qu’à leur habitude et le second plus raide. Même si ce n’était rien de très flagrant. Mais la jeune femme se félicitait d’être capable de voir cette faible différence. Elle faisait désormais plus confiance à ses sens lupins, même sous forme humaine et ce sentiment était plus que plaisant. Au point de les utilisés presqu’en permanence maintenant. Donc ce soir, c’était probablement quelque chose d’important. En tout cas, pas un cours du soir. Mais comme elle ne lui posait jamais de question là dessus, ce n’était que des spéculations. Elle avait pensé une ou deux fois à le suivre mais la jeune femme avait vite abandonné l’idée. Premièrement, parce que cela ne se faisait pas. Deuxièmement, parce qu’il s’agissait de Jilan et qu’elle n’avait pas à se mêler de certains côtés de sa vie s’il ne désirait pas lui en parler. Elle avait parfois l’impression de revoir Danaliel dans son comportement. Ce qui l’exaspérait intérieurement. Bon, ce dernier avait toutes les raisons du monde de la voir comme une louve faible, puisqu’elle lui avait clairement avoué être une soumise. Mais dans le cas de son nouvel amant, elle avait quand même évolué et qu’il ne le remarque pas -ou du moins qu’il ne montre pas qu’il l’ait remarqué- était un peu vexant. La louve griffonna le morceau de papier sur lequel étaient inscrit le nom, l’adresse et l’heure de ses deux clients du soir, sous l’œil de Jilan. Pour toute explication, elle haussa les épaules et il quitta l’appartement alors qu’elle lui demandait de faire attention à lui. Chose qui avait le don de lui faire lever les yeux au plafond. Non, elle n’avait pas fait exprès d’agir ainsi... Quoi que peut-être un peu. Mais dans le fond, elle pensait ce qu’elle disait ! Elle se leva à son tour pour prendre la direction de la salle de bain. Elle devait se préparée pour être prête à l’heure. Son premier client habitant dans les résidences huppées de la ville, elle avait un petit bout de chemin à faire. Le plus long, était évidement de s’occuper de ses cheveux. Lavés, séchés et enfin les coiffés. Pour ce soir, ça serait deux couettes hautes. Demande de Mr Hortfman, ça lui donnait des aires de lycéenne mais puisqu’il avait ce genre de penchant et qu’il payait en conséquence ! Elle n’allait pas faire la fine bouche. S’il prenait son pied rien qu’en la voyant ainsi, libre à lui. Leann se maquilla légèrement, de quoi faire ressortir ses yeux couleur absinthe et le tour était joué. Côté vestimentaire... Elle sorti nue de la salle de bain pour se dirigé vers un coin de l’armoire que Jilan lui avait gentiment cédé. Sous-vêtements : couleur rouge sang frais. Cette pensée la fit sourire, surtout parce qu’elle avait senti sa louve intérieure répondre d’un feulement approbateur. Depuis qu’elle avait commencé à chasser, elle avait remarqué qu’elle avait plus souvent ce genre de rapprochement à la chair ou au sang. Cela avait été assez perturbant au début mais elle s’y était faite et maintenant, elle s’en amusait. Surtout en sachant qu’elle n’était pas la seule dans ce cas. Le reste de ses habits : bottes en cuir avec porte-jarretelles assorti à ses dessous, jupe moulante noire qui lui remontait à demi-cuisse et chemisier bleu roi. Elle pensait que cette couleur contrasterait avec ce qui se trouvait en dessous. Le tout accompagné d’un manteau qui lui descendait plus bas que les genoux. Elle n’avait aucune envie d’arriver en retard parce qu’on l’aurait interpellé en chemin. Chose qui lui était déjà arrivé à plusieurs reprises avant qu’elle n’investisse dans ce manteau. Dernier qui était parfaitement inutile si certaines personnes de la population pouvaient garder leurs hormones sous contrôle. Elle sortie donc une fois prête, elle était dans les temps, comme d’habitude. La jeune femme prit un petit sac, pour pouvoir y glisser ses clés, ses papiers et son portable. Parce que les glisser dans ses bottes alors qu’elle allait les retirer, ce n’était pas le bon plan. Inspirant une bonne fois, elle ferma la porte à clé et prit la direction de son premier client en espérant qu’il n’allait pas être en retard de son côté.

    Arrivée à domicile, à l’heure prévue, elle retient un soupir en voyant qu’il avait -encore- préparer du champagne à son intention. Qu’il pouvait être lourd quand il le voulait ! Mais une bonne professionnelle qu’elle était, Leann déclina la proposition d’un sourire charmeur bien que parfaitement faux. Mais puisque cela fonctionnait depuis le début avec cet homme et qu’il n’avait toujours pas fait la différence entre ses vrais sourires et ceux faits pour faire bonne figure... Une fois dans le bureau de Mr Hortfman, elle retira son manteau et leva les yeux au plafond en entendant la musique qu’il avait choisi pour ce soir. Ce n’était pas du tout son style et elle aurait encore préféré ne pas en avoir. Tant pis, elle ferait avec, le sourire aux lèvres et sa bienséance naturelle. Tout ce passa plutôt bien. La lycanthrope se déhanchant et se dénudant au rythme de la musique alors que le client avait les yeux rivés sur elle, avec toujours cette même lueur qui brillait à l’intérieur. Si elle n’avait pas prit autant confiance en elle, jamais Leann n’aurait décidé de changer légèrement sa façon de travailler. Mais puisque ce n’était plus trop un problème maintenant, elle passait outre ce qu’elle avait devant les yeux. Le temps que le liquide lui était versé avant et après la dance, cela lui allait. Malheureusement, au bout de quelques minutes supplémentaires, le vieux commença à avoir des gestes déplacés. Alors qu’elle avait dit et répété les règles de son métier ! Elle le rappela quelque fois à l’ordre et quand il sauta de son fauteuil pour se retrouver sur elle, sur le tapis, Leann laissa échapper un soupir.

    « Vous n’allez donc jamais apprendre à écouter ce qu’on vous dit ? »


    Détournant la tête pour éviter le baiser qui lui était destiné, la louve dégagea une main de sous le corps de l’homme pour venir lui attraper la gorge et l’éloigner d’elle. Elle sentie sa bête s’agiter et elle dû se faire violence pour ne pas lui céder. Elle éloigna l’homme d’elle -merci force lupine- pour ensuite se relever. En voyant son expression elle comprit que malgré ses efforts, la couleur de ses yeux avait changé. Probablement plus proche de celle qu’elle revêtissait sous forme animale. Tant pis, elle allait perdre un bon client. Sans un mot, elle le lâcha et entreprit de se rhabiller. Il avait dépassé les bornes de ce qui lui était permit, elle ne resterait pas une seconde de plus dans cette maison. Du moins, c’était ce qui était prévu avant qu’il ne s’approche d’elle avec un coupe-papier. L’exaspération de la jeune femme se lisait sur ses traits mais elle se fit surprendre par son mouvement et l’objet improvisé vient érafler sa peau. Une sensation de brulure se fit immédiatement sentir. Ce vieux pervers venait de se servir d’argent ! D’un commun accord avec sa bête, elle laissa tomber ôta le chemisier qu’elle était en train de reboutonné et se retourna vers l’homme. Il avait dépassé les bornes et pas seulement professionnelles. Ses insultes ne l’aidaient pas non plus. Traiter quelqu’un de supérieur à soi -au moins au niveau de la force physique- de « monstre », « d’erreur de la nature » n’avait jamais été une idée judicieuse. Et puisqu’elle n’était pas d’humeur à contredire sa bête, elles allaient donc apprendre à cet homme ce que signifiait le respect des règles. Un sourire en coin de dessina sur ses lèvres alors que les paroles de Jean Dame lui revenait en tête. Se battre pour se défendre. C’était ce qu’elle était en train de faire non ? Elle plaqua alors l’homme sous elle, sa peau suintait de tous les pores de sa peau, ne faisant qu’exciter davantage la louve. Elle vient alors l’embrasser, la peur fut remplacée pendant quelques secondes par la surprise et l’envie. Malheureusement, lorsqu’elle lui arracha la langue, la douleur fit également son apparition. Merci Mr Hortfman de ne pas avoir de voisins proches. Ses cris ne se feront donc pas entendre. Elle avala le morceau de chair, imprégné du goût du champagne, mais tant pis. Leann finit par perdre totalement le contrôle et prit son apparence de louve. Ce qui s’en suivit n’était pas difficile à imaginer : elle réduit à l’état de chair sanguinolente ce vieux. Elle s’en nourrit, sa bête n’ayant aucune envie de passer devant ce repas gratuit et unique. C’était la première fois qu’elle se nourrissait d’un être humain ! Serait-ce le point de non-retour ? Maintenant, on pourrait probablement l’appeler « monstre » qu’elle ne pourrait pas dire le contraire. Mais pourquoi ne ressentait-elle pas plus de culpabilité que cela ? Parce qu’il avait commencé ? Peut-être. Une vingtaine de minutes plus tard, il ne restait plus que la carcasse et le tapis qui avait absorbé la marre de sang. En reprenant forme humaine, elle se découvrit couverte de sang. Heureusement qu’elle n’était pas vêtue ! Leann ramassa ses sous-vêtements en lambeaux et les fourra dans la poche de son manteau et alla se nettoyer le visage et le cou. Au moins, ce qui se voyait, pour le reste, elle verrait cela une fois rentrer. La jeune femme remit jupe et chemisier, elle allait tacher ses vêtements avec ce sang pas encore totalement séché mais tant pis. Quant à ses cheveux... Elle fouilla pour trouver bonnet dans les affaires du vieux. Cela avait été une vraie galère à les cacher mais au moins, elle attirait surement moins l’attention sur elle. Elle regarda si elle n’avait rien oublié de personnel dans la demeure et sorti. Encore une fois, elle le remercia d’avoir habité dans un endroit un peu isolé.

    L’air frais lui permit de remettre un peu d’ordre dans ses pensées. Tout cela s’était passé trop vite pour qu’elle se rende vraiment compte de ce qu’elle faisait, bien qu’elle avait réellement eu envie de déchiqueté l’homme. Le goût de sa chair était encore dans sa bouche et elle s’étonna une fois de plus de ne pas ressentir de honte pour ce qu’elle venait de faire. Ce qui lui faisait le plus peur, c’était de voir l’expression de Jilan lorsqu’il la verrait couverte de sang. Il lui avait déjà dit qu’il ne la considérait pas comme un monstre et dans un sens, elle l’avait écouté : elle avait laissé parler ses pulsions, mais maintenant qu’elle était vraiment passé à l’action. Est-ce qu’il allait revenir sur ses mots ? Elle réprima un cri de frustration sous toutes ces questions et continua de prendre la direction des HLM. Avec un peu de chance, il ne serait pas rentré ? Mais même en se disant cela, la louve savait qu’elle aurait besoin de lui en parler. Au moins pour être fixée sur ce qu’il pensait maintenant d’elle. Levant les yeux pour regarder les étoiles alors que ses pieds la menaient vers l’appartement, elle s’amusa de constater que malgré la certaine indépendance qu’elle avait acquise depuis qu’elle habitait avec lui, elle ne pouvait pas s’empêcher de ramener certaines choses à lui. D’avoir encore besoin de son avis. Elle était toujours soumise dans un certain point de vue. Mais ce n’était pas pour la déranger, puisqu’il s’agissait de son amant. Un peu plus rassurée, elle passa par les escaliers. Elle sorti ses clés mais la porte était déjà ouverte. Il était donc déjà là. Ce n’était pas très étonnant. Une fois la porte refermée, elle se figea. Malgré l’odeur qu’elle conservait sur son corps, son flair était assez aiguisé pour qu’elle capte le parfum de sang présent dans l’appartement. Il y avait également une autre odeur. Leann sentie un grognement monter le long de sa gorge et mourir entre ses lèvres. Elle laissa tomber clés, manteau et sac et se dirigea vers l’épicentre de ce qu’elle sentait. Son cœur battait plus vite, elle avait l’impression de le sentir dans ses tempes et pas seulement à cause de l’odeur qui éveillait de nouveau ses pulsions. La porte n’avait pas été forcée, sinon elle l’aurait vu. Alors Jilan était là. Ses pas la menaient vers la chambre. Elle aurait pu s’arrêter mais il avait accepté qu’elle habite ici, cela faisait donc de cet appartement, un peu son chez-elle aussi. Plus elle se rapprochait, plus elle sentait l’odeur devenir forte. Avec ce qu’elle avait fait dans cette maison plusieurs dizaines de minutes auparavant, sa bête était encore trop proche de la surface pour qu’elle soit totalement calme. Elle n’avait pas besoin de croiser son reflet dans un miroir pour savoir que ses yeux avaient encore changé. La lycanthrope poussa alors la porte, retenant presque son souffle, craignant presque de découvrir ce qui se trouvait derrière. Et quand la scène se dévoila à ses yeux, sa réaction ne se fit pas attendre. Elle ne chercha même pas d’explication. Jilan était dans son lit, le teint trop blanc pour aller bien et à l’odeur ce n’était surement pas une humaine qui était à ses côtés. Leann se rua vers l’inconnue, aussi vite que lui permettait sa race et envoya bouler la jeune femme. Elle crut voir une grimace de douleur passer sur son visage mais elle ne s’y attarda pas et vient la plaquer contre le mur derrière elle, un bras sous le menton de la vampire et l’autre restant libre. Cette fois, un grognement sourd franchit ses lèvres et tel l’animal qu’elle pouvait être, elle fit claquer ses mâchoires proches du visage de sa proie. L’envie de lui arracher un morceau de joue se fit sentir. Et si la voix de Jilan ne s’était pas fait entendre derrière elle, c’est probablement ce qu’elle aurait fait.

Message par Invité Lun 20 Jan - 16:40

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Une foule d'émotions se succédèrent dans le regard aux reflets sanglants de la jeune femme. Avant même que cette dernière n'ouvre la bouche pour essayer de lui répondre quelque chose, Jilan avait compris qu'elle n'approuvait pas ce qu'il venait de lui dire. Pour être tout à fait honnête, le Lightness ne le pensait pas non plus, qu'elle ait été capable d'aller aussi loin pour se servir de lui, mettant également sa propre vie en danger face à leur adversaire dans le quartier dévasté. De son point de vue, ces paroles étaient plus une gentille boutade à l'encontre de la vampire qu'une réelle question des plus sérieuses. Alors pourquoi Eléanore semblait-elle les prendre pour elle ? Elle était décidément trop à fleur de peau depuis qu'ils étaient rentrés à l'appartement. Voir de nouvelles larmes couler sur les joues déjà humides de son interlocutrice lui fit instantanément regretter le choix de ses mots et alors alors qu'il songeait à s'excuser auprès d'elle, voilà que la jeune femme lui bégayait quelque chose. Ces tentatives l'empêchèrent de prendre la parole à son tour, plus parce qu'il ne souhaitait pas l'interrompre alors que la vampire paraissait se battre avec elle-même pour être en mesure d'aligner des mots les uns à côté des autres. Et tout ce que le Lightness put faire à cet instant, fut de lever péniblement une main jusqu'au visage de son interlocutrice, pour venir essuyer avec son pouce, les quelques rivières qui s'étaient formées sur les joues de l'intéressée. Ne pouvait-il pas lui parler sans la blesser et la faire pleurer ? Avait-il changé à ce point ? Son cynisme naturel aurait-il pris le pas sur ce qu'il avait été avant de devenir cet être immortel rongé par la vengeance et la haine ? Ces pensées lui serrèrent la gorge, retenant de plus belle les mots dans sa gorge. Ce qu'il aurait donné à ce moment précis pour être capable de les prononcer ! Et quand, enfin, le sens des paroles d'Eléanore lui parvint, le jeune professeur ne put que lui adresser un pauvre sourire. Lui ? Un sombre idiot ? De quel droit osait-elle lui parler de la sorte ? Elle qui n'avait pas connaissance de ce qu'il avait vécu à partir de ce jour là. Sa propre mort. Puis celle de sa tendre petite sœur. Le massacre au manoir familiale. Sa fuite en avant pour ne jamais se retourner. Fuite qui avait lentement dessiné de sombres desseins dans son cœur. Non, son interlocutrice ne savait pas tout ceci. Et c'était à se demander si elle l'apprendrait un jour... Après tout, si cela avait été quelqu'un d'autre en face de lui, Jilan lui aurait très certainement fait ravalé ses propos. Question de principe. D'un autre côté, la vampire ignorait parfaitement qu'elle entretenait une proximité des plus intimes avec le chef de ceux qu'on nommait rebelles. C'était peut-être ce qui l'amusait dans le fond. L'ignorance et l'innocence de la jeune femme contrastait tellement avec ce qu'il était, lui. Lorsque cette dernière lui rappela son état, le Lightness ne put réprimer un soupir. Elle le prenait pour quoi sérieusement ? Il n'était pas aux portes de la mort non plus ! C'est ce qu'il aurait voulu lui dire si les lèvres de son interlocutrice ne s'étaient pas posées sur les siennes.

La surprise se peint sur le visage du jeune professeur, même s'il doutait qu'Eléanore l'eut remarqué. C'était quoi ce baiser ? Non... Il savait ce que c'était et pourquoi cela survenait mais... Se pourrait-il qu'elle ait conservé les mêmes sentiments à son égard, pendant toutes ces années, et ce, malgré leur séparation ? N'avait-elle jamais éprouvé autre chose pour un homme quelconque ? Alors que lui, n'avait fait que collectionner les femmes parce que oui, il n'existait pas de terme plus équivoque pour décrire son attitude. Avait-il seulement le droit de lui rendre ce baiser compte tenu de ce qu'il avait fait pendant ces trois siècles d'errance parmi les humains ? Jilan n'en savait rien. Une partie de lui hurlait qu'il ne méritait pas les sentiments de la vampire mais une autre, qu'il croyait enfouie en lui à jamais, se réveillait doucement. Celle de l'adolescent qu'il avait été ? Peut-être... Sans même réfléchir, il vint se saisir du menton de la jeune femme pour l'attirer de nouveau vers lui et l'embrasser à son tour. S'il faisait une erreur à ce moment là, il préférait ne pas y penser du tout. L'instant était réel et c'était très bien ainsi ! Du moins, jusqu'à ce que du bruit et de la lumière ne fassent leur apparition dans le reste de l'appartement, jusque là sans vie. Leann ? Probablement. Avant d'avoir le temps d'y réfléchir, son interlocutrice s'échappait de ses bras pour se reculer vivement. Elle avait également entendu l'approche de la nouvelle venue. Et le Lightness n'était pas idiot au point de ne pas comprendre que cette situation allait complètement lui échapper. Comment expliquer à Eléanore que la louve était une colocataire partageant son lit mais une colocataire tout de même ! Et l'intéressée de son côté ? Comment lui expliquer que la vampire était sa fiancée 300 ans auparavant ? Alors même qu'elle devait probablement ignorer sa race ? Le jeune professeur pesta mentalement et se laissa retomber sur ses oreillers. Le comble dans tout ceci, c'est qu'il avait à peine la force de se lever, alors hausser le ton pour leur faire entendre raison... Les mots de son interlocutrice sonnèrent de manière glaciale à son encontre. Il avait merdé donc ? Alors même que cette dernière avait été la première à l'embrasser... ?

 « Eléanore, attends, il s'agit de... » commença t-il.

La porte de la chambre s'ouvrit à cet instant, l'interrompant net dans le début de ses explications. Tous les regards se portèrent naturellement en direction de la jeune femme qui venait d'apparaître dans l'encadrement et les yeux de cette dernière firent manquer un battement au cœur du Lightness. La louve n'était pas tout à fait dans son état normal. Elle lui avait pourtant dis qu'elle n'effectuerait qu'une sortie habituelle, à savoir, rendre visite à des clients. Se pourrait-il que l'une d'entre elles se soit mal terminée ?... Tout se passa ensuite très vite, trop aux yeux de Jilan, qui ne put qu'assister aux événements. La lycanne se rua sur Eléanore pour l'éloigner brutalement du lit en la bousculant sans ménagements puis vint la bloquer contre le mur derrière elles. Depuis quand Leann agissait-elle avec autant de violence ? Était-ce l'odeur du sang présente dans la chambre qui avait éveillé son instinct ? Le jeune professeur ne sut quoi penser de la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il n'aimait pas voir sa fiancée malmenée de la sorte mais contempler la louve dans un tel état d'esprit était plus que plaisant. Même faible comme il était, il pouvait sentir les pulsions meurtrières qui émanaient d'elle. Mais s'il n'agissait pas rapidement, elle...

 « Leann, cela suffit. »

Avait-il du mérite de conserver un ton aussi neutre dans une situation pareille ? Allez savoir... Cela pourrait être très mal interprété, faisant croire que l'intéressé se moquait éperdument du déroulement des hostilités entre les deux femmes. Mais en réalité, le Lightness ne voulait pas que la panique ou sa mauvaise humeur naissante ne s'entende dans sa voix. Et puisqu'il avait parlé avant de tenter de se redresser sur les coudes, tous ses efforts s'étaient concentrés sur sa capacité à se mouvoir, non celle de parler plus fort pour faire entendre raison à la lycanne. Cependant, il eut bien du mal à y parvenir et lorsque ce fut finalement le cas, il constata, non sans horreur, que Leann n'avait pas lâché la vampire, au contraire, la lueur malsaine dans son regard demeurait toujours présente. N'avait-elle pas remarqué que sa cible était blessée elle aussi ? Que l'odeur de sang s'imprégnait aussi bien sur lui que sur l'inconnue ? Pire encore, le pensait-elle faible au point d'inviter une personne dangereuse chez lui ? Alors qu'il avait bien recueilli une femme recelant un monstre avide de chair et de sang tapi au fond d'elle-même, mais tellement proche de la surface dans le même temps ? Les pensées se bousculaient dans la tête de Jilan. Et si la louve tuait Eléanore ? Il ne pourrait pas se le pardonner ! La colère commença doucement à s'emparer de lui, mêlée à la peur qui lui nouait l'estomac. Prenant cette fois appui sur ses coudes, il fixa froidement la jeune femme et reprit de plus belle, avec force et autorité.

 « Leann ! Lâche la ! »

Malgré tout, il ne pouvait pas chasser aussi facilement de lui ses craintes. Et l'optique que sa colocataire ne lui obéisse pas lui taraudait l'esprit. Si cela devait arriver... Devrait-il assister, impuissant, à ses actes ? Allait-il devoir se reprocher la mort de la vampire ? Tout comme celle de sa jeune sœur Lily ? Et vivre l'éternité avec cela sur la conscience, à défaut d'avoir le courage et la volonté de s'ôter la vie ? Il ne pouvait se le permettre ! Et si Leann ne la lâchait pas rapidement, il... !

Spoiler:

Message par Invité Mar 21 Jan - 9:05

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« Eléanore, attends, il s'agit de..

La suite de sa phrase ne lui parvint pas. La porte s'ouvrit à la volée, découvrant une jeune femme magnifique. Elle eut un pauvre sourire, vaincue. Ainsi donc elle avait raison, et par la rage qui se dégageait de la nouvelle arrivante, il s'agissait bel et bien de l'amante de Jilan. Officielle du moins, pas comme elle. Évidement, comment avait-elle pu espérer compter, ne serait-ce qu'un instant, dans la vie de Jilan.. ? L'agacement qui l'avait envahie s'évapora d'un seul coup. Elle était prête à s'expliquer avec, et même quitter les lieux si elle le désirait. Après tout c'était la seule en faute. C'était elle qui avait embrassé Jilan. Elle l'avait cherché, les conséquences lui retombaient dessus. Elle aurait dû s'en douter. Pendant ces trois siècles, il n'avait pas vécu comme elle, il n'avait sûrement pas voyagé, ni vécu en marge de la société. Elle avait pitié d'elle même tant elle se trouvait ridicule. Elle aurait simplement due partir pendant que Jilan n'était pas en mesure de la retenir, le sang qu'elle avait ingéré avait déjà fait l'effet d'une bonne semaine et demi de guérison. Demain cela sera comme si elle n'avait jamais combattue contre ce loup.. Comme elle maudissait sa phobie. A cause d'elle, elle n'avait personne vers qui se tourner après cet affront. Oh et puis elle s'en fichait, dans quelques siècles, quand elle aura de nouveau tout oublié, elle continuera sa vie d'ermite.
Toutes ces pensées défilèrent dans sa tête vitesse éclair. Elle reporta son attention sur le moment présent. La jeune femme l'avait déjà empoignée violemment pour la plaquer contre le mur avec la même délicatesse dont elle avait usé pour ouvrir la porte. Sa blessure était peut-être guérit bien plus rapidement qu'un simple humain, elle n'en restait pas moins une très mauvaise plaie. Tant et si bien que lorsqu'elle rebondit contre le mur sous la violence de son adversaire, une douleur fulgurante la foudroya. Elle ferma les yeux sous la douleur, se retenant de crier pour ne pas donner un malin plaisir à la sauvageonne et l'incitant ainsi à continuer. Celle-ci n'avait plus rien d'humain. Elle fit claquer sa mâchoire à quelques millimètres de son visage. Une lueur de sadisme dansait dans ses yeux. Alors elle avait décidé de jouer ? Elle ne voulait de problème à personne, mais elle sentait bien que cette sorte de 'louve' la laisserait gentiment s'en aller, sans, du moins, une profonde cicatrice en modeste souvenir. Quelque chose éveilla soudain les sens de la vampire.. Quelque chose qu'elle n'avait pas sentie jusqu'à présent. L'odeur du sang. Elle baissa les yeux. Un sourire mauvais apparu sur ses lèvres. Du sang partout sur ses vêtements. Sa vraie nature qui avait pris le dessus tout à l'heure réapparue soudain. Elle laissa échapper une rire cruel. Son ancien amant ordonna deux fois à l'inconnue de la lâcher. Très bien. Cette petite peste n'allait pas continuer de l'étouffer bien longtemps. Elle prit le bras qui lui bloquait la respiration et tira. La jeune femme semblait quelque peu surprise pas la force d’Éléanore. La surprise, c'est bien la surprise. Ça permet de faire plein de chose en profitant de l'hésitation. Elle se pencha à son oreille.

-Et bien ? Tu n'obéis pas à ton maître quand il t'ordonne de te calmer ? Tu n'es pas toute seule à avoir une nature exceptionnelle ici, une démonstration de force ne nous est d'aucune utilité. Et puis, celle qui semble en faute, c'est toi il me semble.. D'où vient tout ce sang ? De ta dernière victime je suppose. J'espère pour toi que Jilan est au courant. Oh.. à cette soudaine raideur, je vois qu'il n'en ai rien. Ce serait amusant de voir comment il réagirai, non ?

Eléanore se mit à rire cruellement.  Comment cela allait finir ? Pas en bain de sang elle espérait. Tout comme elle espérait ne pas avoir trop énervée Jilan. A cette pensée elle tourna la tête, celui-ci lui lançait une expression bizarre. Elle lui fit un sourire et reprit sa petite discution avec la jeune femme. Toujours clouée au mur cependant. Elle soupira, un peu calmée.

-Lâche moi immédiatement. Avant que je m'énerve vraiment. Et ce n'est vraiment pas une bonne idée de réveiller mes instincts de chasseuse. Tu ne me connais pas. Tu ne sais pas même qui je suis pour Jilan, et tu m'attaque sans avoir conscience de ce que tu fais. Tu es ridicule. Je le connaissais bien avant que tu naisses, bien avant qu'il ne change, alors je te prierai de bien vouloir me reposer au sol, et dans les plus brefs délais. Qu'on puisse s'expliquer entre adultes responsables.

Eléanore appuya sur ses deux derniers mots. Elle en avait marre. Cette soirée et cette nuit avaient été plus éprouvantes qu'une année habituelle pour la jeune femme. Elle avait eu sa dose. Que ce soit pour l'adrénaline, le stresse, l'amour, le sang, ou autre. Jilan était resté silencieux. Évidemment, il était trop faible pour se relever. A cause d'elle. Mais à cause de lui, elle était depuis maintenant deux minutes suspendue, plaquée contre le mur, étouffant à moitié. Il aurait pu prévenir tout de même ! Qu'il ne l'embrasse pas alors qu'il avait une compagne. Compagne qui avait plus de force qu'un vampire. Il s'était bien joué d'elle. Ou même de cette jeune inconnue prénommée Leann. Si elle repartait chez elle sans une autre blessure, elle se promettait qu'elle ne parlerait pas de ci-tôt à celui-ci. S'il voudrais lui parler ensuite, il n'aura qu'à venir la chercher. Ce ne sera certainement pas à elle de revenir vers lui. Il y avait des limites à ne pas dépasser. Enfin, peut-être qu'elle se trompait, mais pour cela, il faudrait qu'il s'explique. Et il n'était pas vraiment en état. Vraiment dommage. Encore une fois, on s'était bien fichu d'elle. Elle soupira une nouvelle fois, levant la tête vers Leann, entrant du même coup dans sa tête.

-Bon, tu vas me poser cette fois, j'en ai plus qu'assez d'être suspendu comme une cancre. Casses toi ! Laisse moi partir.  Qu'est-ce que tu ne comprends pas, hein ? T'es vraiment une attardée. Dégages !

-Quant à toi Jilan, si tu ne t'explique pas dans les quelques secondes qui suivent, je vais faire un meurtre. Qu'elle me lâche ! Comme ça je ne te dérangerai plus, toi et ton chien-chien. J'ai compris, j'aurais dû me contenter que de ton sang, et pas m'aventurer sur tes lèvres. Ne me regarde pas comme ça, je n'entends pas tes pensées, ça ne sert à rien d'essayer de penser plus fort pour que je t'entendes. Dès qu'elle me lâche, je rentre chez moi, et je ne donnerai plus de nouvelles, ça t'éviteras d'avoir à gérer deux femmes, où à 'choisir' même s'il n'y a pas lieu de choisir.

Spoiler:

Message par Invité Dim 26 Jan - 18:00

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    Ca suffisait ? C’était bien cela qu’il était en train de lui dire ? Alors même qu’elle n’avait rien fait d’autre que l’éloigner de lui ? Un autre grognement monta et s’échappa des lèvres de la lycanthrope. Qu’il ne lui dise pas de laisser libre cours à ses pulsions si c’était pour ensuite lui demander de se calmer ! Cette pensée agita sa bête, pourquoi devrait-elle l’écouter de toute manière ? Lui qui n’était même pas loup, qui ne pouvait comprendre ce qui se déroulait en elle à cet instant. Quand il l’appela par son prénom, ce ne fut pas ces mots qui firent tourner la tête à la jeune femme, mais plutôt ce qu’elle pouvait sentir sous la surface. Ainsi, son amant avait peur ? Pour cette vampire ? Cette hypothèse ne lui plu guère. Jalouse ? Qu’il ressente ce genre d’émotions pour une autre ? Très certainement, même si elle ne voudrait probablement pas l’avoir à haute voix. Sa bête s’agita encore davantage en sentant cette douce odeur de peur, bien que tapis en lui, flotter dans l’air. N’avait-il donc pas conscience que ça ne ferait que l’exciter davantage ? Que pour pouvoir la sentir encore plus, elle n’avait qu’une envie : celle de mordre cette inconnue ? Leann garda ses yeux fixés dans ceux de Jilan pour lui laisser tout le loisir de comprendre ce qu’elle ressentait. Pour un peu et malgré sa propre peur intérieure -étouffée par les pulsions de sa bête-, elle voulait arracher la gorge de cette femme. Qu’elle lui montre qu’elle avait changé. Qu’elle n’était plus cette louve soumise en tous points. Qu’elle suivait ses conseils et laissait donc parler ses pulsions animales. N’était-ce pas ce qu’il voulait ? Depuis qu’il avait accepté de l’aider à devenir plus forte ? N’était-ce pas ça, la force ? La possibilité de choisir la vie ou la mort d’un individu ? Pour le moment, elle ne se souciait pas des conséquences, aussi, Leann dû se faire violence pour ne pas mordre la femme. Si elle commençait, elle savait qu’elle ne pourrait s’arrêter et contrairement à son client, elle n’était pas totalement sûre de vouloir la tuer. Cette pensée aurait pu la calmer, ou du moins, calmer un temps soit peu sa bête. Malheureusement, l’inconnue, probablement parce qu’elle se sentait laissé de côté, se mit à tirer violemment sur son bras. Ce qui la surprit plus que ça ne la fit bouger ou mal. Pour qui elle se permettait ? N’avait-elle pas comprit qu’elle n’avait pas son mot à dire là dedans ? Qu’elle n’avait juste qu’à attendre que la situation se tasse ? La louve se rendit compte qu’elle n’avait même pas prit en compte son rire. Si elle voulait virer folle au moment de sa mort, libre à elle ! Le fait qu’elle s’approche d’elle ne lui plu pas. Si elle faisait mine de lui planter ses crocs dans sa chair, elle lui arracherait le cœur sans somation ! Leann espérait que la vampire avait cette hypothèse en tête. Elle écouta cependant ces paroles, peut-être qu’elle allait s’expliquer ? Pour lui donner une raison sur sa présence ici ? Sur l’odeur de sang omniprésente dans l’appartement ? Peut-être qu’elle parviendrait à la calmer ainsi ? Malheureusement, soit cette vampire était sotte, soit elle voulait mourir. Avait-elle conscience que ses paroles, loin de la calmer, l’énervait que plus ? Son maître ? Ordonner ? Pour qui elle se prenait pour la traiter de chienne ? Parce que c’était bien là son sous-entendu ! La louve fit claquer de nouveau sa mâchoire près de la vampire pour lui signifier qu’elle devrait faire attention à ses propos. Mais loin de la faire taire, elle reprit. Elle ? En faute ? Pourquoi donc ? Elle était en partie chez elle ici et elle n’avait fait que réagir -peut-être vivement- à ce qu’elle pensait être une situation dangereuse pour son amant. Rien d’alarmant en soi donc ! Sauf que l’inconnue vient au bout de ses pensées et quand elle parla du sang qu’elle avait sur elle, Leann senti son corps se raidir. Sa peur commença doucement à refaire surface à ses paroles et la lycanthrope tourna légèrement la tête du côté de son amant pour le dévisager. Comment il allait réagir ? Oui, c’était la question qu’elle se posait aussi. Craignant cruellement la réponse. Mais de quel droit cette fille se permettait de lui en faire la remarque ?! Pour qui elle se prenait au juste ?! C’était entre Jilan et elle ! Elle n’avait rien à faire dans cette histoire ! Ce flot de pensée lui permit de se reprendre et de chasser la peur pour faire revenir sa colère. Pour le moment, c’était surement le meilleur des sentiments qu’elle pouvait avoir. Quoi que, qu’est-ce qui était le plus dangereux ? Une louve apeurée ou haineuse ? Laquelle serait la plus imprévisible et difficile à contrôler ?

    La voix de la vampire se fit de nouveau entendre. Ne pouvait-elle pas se taire !? Elle n’avait pas encore comprit qu’à chaque fois qu’elle parlait, elle réduisait encore un peu plus sa durée de vie ? Alors même que la louve avait été encline vers le milieu à la laisser partir ? Cette fois, ce fut à Leann de rire légèrement. Des instincts de chasseuse ? Dans cette position, la striptease doutait fortement qu’elle puisse arriver à quelque chose. Elle pourrait bien sur utiliser sa propre force pour essayer de se libérer de sa prise mais la louve avait pu sentir le sang presque frais sur le corps de sa proie. Elle avait donc été blessée et quoi qu’on puisse dire. Un animal récemment blessé ne faisait pas le poids face à un autre, en pleine possession de ses moyens. Elle était presque tentée de voir ce qu’elle pourrait donner. Peut-être qu’un combat contre elle pourrait être aussi enrichissant que ceux avec Bran ? Malheureusement, cette idée s’envola rapidement quand l’étrangère fit référence à sa relation avec Jilan. Elle le connaissait depuis plus longtemps qu’elle ? Avant qu’il ne change ? Leann fronça les sourcils devant cet amas d’informations nouvelles à propos de son amant. Cependant, elle ne s’en formalisa pas. Elle aurait pu, si elle lui avait posé des questions sur son passé, son histoire et qu’il ne lui ait pas répondu. Or, jamais elle n’avait voulut lui demander ce genre de chose. Pensant que s’il voulait lui en parler, il le ferait de lui-même. Ou même pas du tout. Et ça, elle l’avait accepté. Bien qu’elle soit des fois curieuse. La fin de la phrase de la vampire fut vaguement écouté. Adultes responsables ? Cette formulation la fit grandement sourire. Si elle avait réellement voulu agir ainsi, elle ne lui aurait pas sauté dessus, non ? Bon d’accord, sa partie lupine ne l’avait pas aidé à rester calme. Cependant, alors qu’elle avait finit de parler, Leann s’approcha à son tour de l’oreille de la vampire. De l’autre côté de sa personne pour que Jilan ne la voit pas se mettre à lui lécher le cou. Elle avait un goût étrange et elle se félicita de ne pas l’avoir croqué. Elle murmura à son tour, mais peut-être quand même pas assez bas pour empêcher Jilan d’entendre.

    « Non je ne sais pas qui tu es... Qui il a été... Et ça n’a pas d’importance, puisqu’apparemment, il ne l’est plus... Mais et toi ? Peux-tu te vanter de connaitre sa façon d’être le soir en rentrant de son boulot ? Ce qu’il aime faire pour se détendre ? Sa façon de dormir quand il pense qu’il n’est pas regardé ? Sa façon de faire l’amour ? La façon de le satisfaire ? »

    Oui. Ca ne ressemblait peut-être pas à Leann de parler ainsi et pourtant, elle pensait toutes ses paroles. Oui, elle ne le connaissait que depuis quelques mois, et d’après son interlocutrice ça faisait plus longtemps entre eux, mais elle avait tout de même apprit beaucoup de choses sur lui. Quelles soient importantes ou non, elle connaissait une partie de sa vie. Elle laissa ses paroles faire leur chemin dans l’esprit de la vampire. Est-ce que ça la blessait ? De savoir qu’une autre femme partageait le lit du jeune professeur ? Pour un peu, on pourrait prendre les deux femmes pour des collégiennes se crêpant le chignon pour un même garçon. Ca avait de quoi paraitre ridicule sur certains points. Pourtant, la louve ne voulait pas laisser sa place. Elle s’était attachée à Jilan et elle n’accepterait probablement pas d’être rejetée ainsi. Perdu dans ses pensées, elle fit d’autant plus surprise d’entendre de nouveau la voix de la vampire. Mais qu’elle se taise ! C’était bien une femme ça ! Incapable de faire face au silence environnant ! La louve était contente de ne pas faire partie de ces femmes comme ça ! Mais quelque chose avait changé, les lèvres de son interlocutrice ne bougeaient pas. Elle fronça les sourcils devant cette incompréhension. Mais ça lui importait peu dans le fond. « Attardée » ? Un grognement sourd monta dans la gorge de la Leann. C’était l’un des mots que son père utilisait pour les qualifier. Elle et son frère. Et ce n’était pas une très bonne chose de la faire se souvenir de son frère perdu. Cette fois, les dents de la jeune femme -légèrement plus longues que la normales- pénétrèrent dans la chair de l’épaule de la vampire. Elle aurait pu viser le cou, mais elle ne le fit pas. Elle ne voulait pas la tuer, étrangement, mais lui faire mal. Ca oui. Pour lui apprendre à ne pas parler sans réfléchir. Bien que l’inconnue était dans l’impossibilité de savoir que certains mots n’étaient pas à prononcer. Elle serra la mâchoire pour aller jusqu’à sentir les os de son épaule et faire pression dessus. Fissurer ? C’était tout ce qu’elle voulait.

    Leann se recula alors vivement de la vampire. Allait-elle tomber sur le sol à cause de l’absence soudaine de sa prise ? Se serait peut-être aussi bien. Elle se rendit alors compte qu’elle n’avait même pas fait attention aux bruits environnants lorsque ses dents étaient dans la chair de la femme. Si Jilan lui avait crié quelque chose, peut-être pour qu’elle arrête, elle ne l’avait pas entendu. Si l’étrangère avait crié de douleur ou même geint, elle ne l’avait pas entendu non plus. Mais est-ce que cela faisait vraiment une différence ? Rétractant le semblant de crocs qui était apparut dans sa bouche, la louve sentie sa bête ne pas être satisfaite de la situation. Cette femme l’avait traité de chienne, d’attardée, avait essayé de la faire souffrir en parlant ainsi de sa situation avec Jilan. Et elle allait s’en tirer comme ça ? Non ! La bête n’était pas d’accord ! Sa partie humaine se laissait encore marcher dessus ! Elle devait se montrer plus forte que ça ! Sans s’en rende compte, Leann empoigna la chevelure -plutôt douce- de la vampire pour l’obliger à la relever et l’entraina rapidement hors de la chambre à coucher. Elle crut entendre la voix de Jilan derrière elle mais elle n’en avait cure. Elle finit par lâcher la jeune femme après lui avoir donné un violent coup au niveau de son apparente blessure.

    « Maintenant tu peux te casser. C’est ce que tu voulais non ? Casse-toi ! »

Message par Invité Mar 28 Jan - 23:36

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La tension était palpable dans la chambre et ne cessait de croître de secondes en secondes. Le jeune professeur espérait encore que Leann, ou ce qu'il restait d'elle étant donné sa brutale réaction -il supposait en effet que sa partie lupine dictait une bonne partie de ses actes en ce moment même- l'écouterait. Pourquoi redoutait-il soudain qu'elle ne lâche pas la vampire ? La louve lui obéirait non ? N'était-elle pas restée à ses côtés pour devenir plus forte, même si cela supposait qu'elle allait devoir suivre la moindre de ses directives, qu'elle soit en accord ou non avec ? Mais, et si l'instinct du prédateur, combiné à la jalousie -parce que c'était bien cela qu'il sentait faiblement émaner de la jeune femme à la chevelure violette, en plus d'une sauvage colère- se montrait plus fort que la soumission que Leann avait manifesté envers lui jusqu'à présent ? Allait-il s'en mordre les doigts pour n'avoir pas vu venir cette indépendance soudaine ? D'autant plus qu'il n'était pas en mesure de faire quoique ce soit pour l'en empêcher si jamais la louve se décidait à planter ses crocs dans la gorge d'Eléanore... C'était probablement cet état de faiblesse, du fait de sa bonne volonté, qui le faisait rager le plus. Si seulement il était en pleine possession de ses moyens... Si seulement il avait pu se lever pour séparer les deux femmes... Bon, quoique dans le fond, ce n'était pas forcément la meilleure idée que de s'interposer entre deux créatures à la force ou à la rapidité qui surpassaient vos propres sens. L'indifférence de la louve quant à ses deux ordres lui fit ouvrit la bouche pour lui intimer de lâcher sa victime. Cependant, ce fut cette dernière qui le devança, en reprenant la parole. Ses propos firent écarquiller les yeux au Lightness. Son maître ? Elle comparait la louve à une vulgaire chienne ? Non pas que l'habile insinuation d'Eléanore le choquait. Mais à quoi jouait-elle au juste ? Etait-elle vraiment en position de jeter de l'huile sur le feu en s'adressant à Leann de la sorte ? Et après, c'était elle qui parlait de discuter entre adultes responsables ?! Laquelle des deux était la plus mature dans cette situation ? Sa tête recommençait à lui tourner. Se redresser aussi vivement pour élever la voix n'avait rien arrangé à son état. Peut-être aurait-il dû prendre le temps de croquer dans l'une de ces deux pommes, si toutefois, on lui avait donné l'opportunité. Ce qu'il pouvait maudire la lycanne d'être rentrée pile à ce moment là ! C'est alors que son cerveau détecta une autre origine à son mal de tête. Laquelle lui avait échappé jusqu'à présent, nul ne sait comment, l'adrénaline peut-être. Il y avait cette odeur de sang omniprésente dans la chambre. Depuis quand était-elle là ? Est-ce que par hasard... Leann ? Paniqué, Jilan reporta son attention sur la louve, plus spécialement son visage, même s'il n'en discernait pas grand chose, compte tenu de leurs positions respectives. Sa bouche n'avait pas comblé la distance qui la séparait encore de la gorge de sa victime et le jeune professeur se surprit à pousser un discret soupir de soulagement. Mais en laissant son regard dériver sur la personne de la lycanne, il fut surpris d'y découvrir des traces sanglantes. Ses vêtements semblaient épargnés en grande partie mais le sang demeurait visible sur les bras de l'intéressée. Et les propos de la vampire ne firent qu'exacerber sa perplexité. Qu'est-ce qui justifiait l'état de Leann ? Aurait-elle finalement commencer à chasser ? Autre chose que des animaux entendons-nous bien... Pour un peu, il en aurait presque été fier d'elle mais les circonstances ne s'y prêtaient pas vraiment...

La voix de la vampire résonna alors dans sa tête. C'était plus douloureux que l'autre fois, dans le quartier dévasté. Peut-être que le ton exaspéré, un tantinet colérique de la jeune femme, doublé à ses maux de tête croissants, ne se mariaient pas bien ? Une grimace de douleur étira ses lèvres du Lightness mais malheureusement pour lui, il restait trop faible pour s'essayer à porter une main à sa tempe, mimant physiquement la douleur qu'il ressentait. Non pas qu'il en aurait été véritablement incapable mais il doutait qu'un seul bras suffirait pour lui permettre de rester redressé, en position presque assise, comme il l'était depuis l'intrusion de Leann. Le fait qu'Eléanore mette en avant leur relation, ultérieure à celle entre la louve et lui, lui serra la gorge. Il ne faisait aucune doute que la vampire ne lui pardonnerait pas de s'être fait traitée de la sorte. Pas après ce qu'ils avait vécu et traversé plus récemment face à ce sombre individu. Jilan ne pouvait pas oublier qu'il lui devait la vie dans un sens. Et bien plus encore après les moments qu'ils avaient passé en tête-à-tête dans le parc familial, à l'abri des regards et oreilles indiscrètes. L'envie de se saisir de l'une des pommes pour la lancer sur la lycanne lui traversa rapidement l'esprit mais il l'oublia bien vite, son sang se glaçant en voyant les crocs de cette dernière se rapprocher dangereusement de sa victime. Mais ce fut les paroles de Leann qui le marquèrent plus que son comportement. Elle l'avait regardé dormir ? Alors même qu'elle avait conscience que, dès le départ, les choses avaient été très claires entre eux ? Que même si elle éprouvait des sentiments pour lui, le jeune professeur ne s'engageait à rien de son côté ? A moins qu'elle ne finisse par le convaincre ? Dans la mesure du possible où il y avait quelqu'un à convaincre... Les mots que le Lightness s'apprêtait à prononcer restèrent coincés dans sa gorge. Que pouvait-il répondre de toutes façons ? Il savait avoir changé depuis ces instants privilégiés avec celle qu'il ne connaissait pas encore en tant que vampire... Et si cette dernière n'acceptait pas ce qu'il était devenu, Jilan ne pouvait pas le lui reprocher. Pas plus qu'il ne pourrait faire marche arrière. Peut-être aurait-il aimé avoir le temps de s'expliquer, de raconter en détails ce qu'avait été son existence depuis ce fameux jour... Partager tout ceci avec une personne comme Eléanore... Une personne qui avait compté pour lui et qui comptait toujours... Il se maudit soudain de ne pas lui avoir répondu tandis qu'ils se trouvaient seuls dans le quartier dévasté, le corps de son complice gisant à leurs pieds. Il aurait été plus agréable de converser du temps laissé derrière soi autour d'une tasse de thé, bien au chaud plutôt que fouettés par le vent glacial dans un champs de ruines. Mais le temps jouait encore contre eux à ce moment là et était-il vraiment préférable de commencer une histoire pour finalement la laisser en suspens, sans répondre à toutes les questions de son interlocutrice ?

Alors que les questions se bousculaient dans sa tête, bien décidées à la faire éclater semble t-il, la lycanne décida de prendre les choses en main. Un faible mais audible craquement se fit entendre dans la pièce. Il faut dire qu'avec le silence pesant présent dans celle-ci, le moindre son faisait office de véritable raffut. Le Lightness blêmit en découvrant l'expression de la vampire. Et ce regard qu'elle lui jetait... Pourquoi sa gorge refusait-elle de se dénouer à la fin ?! Etait-il redevenu cet adolescent silencieux devant les brimades de ses parents ?! Voir Leann attraper -sans douceur- la chevelure de sa victime pour commencer à la trainer hors de la chambre, finit par lui rendre la parole. Il appela, ordonna, hurla, jura pour que la louve arrête. Peine perdue. En voyant disparaître Eléanore au coin de la porte, le jeune professeur se fit violence pour se lever. Son entreprise manqua de lui faire perdre l'équilibre mais il se rattrapa sur la chaise en bois que la vampire avait rapproché du lit, afin d'y disposer ses pommes et la tasse de thé fumante. Le regard hétérochrome s'arrêta un instant sur ce semblant de nature morte mais envoya voler la tasse d'un mouvement brutal. Qui était-elle pour se soucier de lui ? Alors même qu'il était incapable d'être celui qu'il avait été lorsqu'ils s'étaient rencontrés ? Il savait au fond de lui qu'Eléanore s'attachait encore à des chimères pour ce qui les concernait. Une vampire du Cercle et un Lightness des rebelles ? Qui allait croire à une histoire pareille ? Rien que les astres eux-mêmes les séparaient ! La nuit l'appelait à elle alors qu'il ne vivait que pour les rayons du soleil... La voix de Leann le tira de ses pensées et il redoubla d'efforts pour se remettre debout. C'est sans surprise qu'il constata que ses jambes le soutenaient à peine, tremblantes mais Jilan ne renonçait pas pour autant. Prenant appui sur le mur qui le conduirait jusqu'à la porte de la chambre, il pouvait entendre la conversation qui s'installait en dehors de la pièce en elle-même. Elles faisaient comme s'il n'existait pas ou quoi ? Il était encore le propriétaire de cet appartement et quoiqu'en dise la louve, elle restait sa colocataire sur ce point ! Elle n'avait aucun droit de mettre à la porte l'une de ses vieilles connaissances. Une des rares de surcroit. La colère refit lentement surface en lui. Tant mieux. Cela l'aidait à avancer sans faiblir davantage. Il fallait absolument qu'il atteigne le salon avant que la porte d'entrée ne se soit refermée sur la vampire. Dans le meilleur des cas... Le temps qu'il mit à rejoindre la porte lui parut être une éternité. Une éternité dans laquelle se jouait la vie d'Eléanore ! Car il doutait de moins en moins sur la capacité de la lycanne à le faire. Elle ne partageait pas son corps avec une bête pour rien... A peine eut-il dépassé l'encadrement de la porte de la chambre pour faire quelques pas dans le salon, que le Lightness dut marquer une pause. Il fallait qu'il se reprenne ! Et mordre ses lèvres jusqu'au sang pour éviter de s'évanouir mettait trop de temps à fonctionner ! Son apparition dans la vaste pièce provoqua un silence de mort. A moins que ses oreilles ne lui jouent un tour et que les deux femmes poursuivaient leur conversation comme si de rien n'était ? C'est ce que le jeune professeur pensa l'espace d'un instant mais lorsqu'il releva finalement la tête pour jeter un regard sur la scène, il put constater que ses deux interlocutrices s'étaient tournées vers lui. Des choses différentes et similaires à la fois, agiter leurs regards respectifs mais il en avait que faire. Jilan les dévisagea à tour de rôle, mal en point, avant de planter ses yeux dans ceux de la lycanne.

« Tu la touches encore une fois, une seule et je te tue. »

Bien que basse, sa voix n'en demeurait pas moins déterminée. Le Lightness avait pesé chacun de ses mots, de sorte qu'il ne marqua pas une hésitation entre deux d'entre eux et son regard traduisait le reste de sa pensée. Oui, il avait beau avoir proposé son aider à la louve dans le but de la rendre plus forte et moins soumise envers quiconque, il ne tolérait pas qu'elle malmène Eléanore. Et même si son état actuel avait de quoi amuser l'intéressée et faire perdre toute crédibilité à sa menace, peut-être que Leann ne serait pas sotte au point de ne pas voir à quel point il était sérieux quant à celle-ci. Le silence se prolongea dans le salon mais cela lui coûtait de demeurer debout avec tout le sang que la vampire lui avait prélevé. Il ne devait pas encore flancher ! Il avait des explications et des excuses à donner ! Jilan respira un bon coup, plus histoire d'aérer son cerveau que pour gagner du temps tout en se donnant du courage et poursuivit, toujours à l'intention de la louve, puisque ce qui suivit, Eléanore le connaissait déjà.

« La personne que tu viens d'agresser et que tu étais prête à mettre à la porte... Nous avons été fiancés... » commença t-il avant de marquer une pause.

Quelque chose de différent passa dans le regard de Leann mais le Lightness ne fit pas mine de s'y attarder. Il n'était plus en position d'analyser quoique ce soit sur les visages ou dans les regards de ses interlocutrices. Toutes ses forces convergeaient vers ses lèvres afin qu'il soit en mesure de s'expliquer. Chose qu'il aurait dû faire depuis le début pour éviter que cette situation ne se transforme en crêpage de chignon sanglant. Le jeune professeur remercia mentalement la lycanne de ne pas reprendre la parole à son tour pour qu'il puisse poursuivre.

« Les choses ont fait que... Nous avons été séparés... Je la pensais perdue à jamais... Et le hasard a bien voulu nous réunir... »

Le hasard hein ? Sans l'intervention de ce type plus que louche, soit disant aux ordres du Cercle et sa bande de débiles, il était fort probable que jamais ils ne se revoient avant que l'un d'entre eux ne quitte la ville pour d'autres horizons. Si ce n'était pas la mort qui venait le prendre avant... Dire que les pauses se multipliaient entre ses phrases. Ce n'était pas pour lui plaire, preuve qu'il s'affaiblissait de plus en plus. Tant pis. Il avait choisi de donner son sang, pire encore, de laisser les choses s'envenimer entre les deux femmes. Il fallait bien qu'il assume à présent.

« Elle ne mentait pas quand elle disait me connaître depuis bien longtemps... Plus que toi... Mais je ne peux pas t'en vouloir puisque je ne t'ai jamais dis qui j'étais vraiment... Cependant... » Jilan ferma les yeux un instant pour éviter que sa vision trouble ne lui donne des vertiges et reprit. « Elle demeure l'une des rares personnes de mon passé, à qui je tiens encore... Alors... Ne t'avise plus de la traiter comme tu viens de le faire... »

Sur sa dernière phrase, son ton s'était légèrement refroidi. Plus que lorsqu'il évoquait la connaissance que représentait la vampire à ses yeux. Et même si Leann avait clairement senti la   nuance, il s'en moquait. Le Lightness se savait être parfaitement en droit d'être en colère après elle, que cela lui plaise ou non ! Et si elle n'était pas contente avec sa décision, il ne la retiendrait pas de prendre la parole à la place d'Eléanore ! Même si une partie de lui se doutait que la vampire ne serait pas longue à emboiter le pas à la louve si ce scénario devait se produire... En parlant d'elle... Le jeune professeur détacha enfin son regard de celui de la lycanne pour poser les yeux sur sa seconde interlocutrice. Pouvait-elle lire dans ses yeux à quel point il était désolé ? Désolé de tant de choses... De l'avoir cru perdue... De ne lui avoir rien dis... D'avoir été impuissant... Sa gorge se serra à nouveau -à croire qu'il allait finir par mourir d'asphyxie !- mais il se secoua pour faire entendre sa voix de plus belle.

« Tu dois déjà savoir... Compte tenu de ce que j'ai dis plus tôt... Que je ne pensais pas te revoir un jour... Tout comme toi je suppose... De là à ce qu'on s'oublie l'un et l'autre... J'aurai aimé parler avec toi de tout ce temps perdu... Mais j'aurai préféré le faire dans d'autres circonstances... Et je comprendrai que tu ne veuilles plus me revoir... Alors... Sache que je ne regrette pas de t'avoir offert mon sang... »

Parce que c'était bien ce qui s'était passé, avant que Leann ne l'interprète à sa manière ! Elle qui n'avait pas cherché une seule seconde à comprendre la situation pour s'en prendre directement à  la vampire. Est-ce qu'elle allait changer d'attitude suite à cette information ? Le croirait-elle seulement ? A moins que sa menace de mort n'ait déjà fait effet sur elle et sa partie lupine ? Le Lightness n'avait plus rien à ajouter et se tut enfin, se disant qu'il finirait par avoir les réponses à ses propres questions silencieuses... Sauf s'il s'écroulait, inconscient, sur le sol de l'appartement, avant que l'une ou l'autre des deux femmes n'aient repris la parole à leur tour...

Message par Invité Dim 2 Fév - 17:50

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Non. La réponse était honnête. Elle ne savait rien de tout ça. Elle appartenait à son passé, peut-être qu'elle n'avait finalement plus lieu d'être dans son présent. Peut-être qu'elle avait raison. Peut-être qu'ils n'auraient jamais dû se retrouver. Il fallait se rendre à l'évidence, malgré l'amour qu'elle lui avait porté et qu'elle avait redécouvert en cette nuitée, les siècles étaient passés, l'eau avait coulé sous les ponts. Elle vivait la nuit, elle, pas lui, enfin, il n'était pas vampire, et d'après les dires de Leann, il avait l'air d'un humain on ne peut plus normal.. Du moins un humain ayant survécu pendant plus de trois siècles. Tout les séparait, leurs façons de vivre , leurs façons de vivre, leurs façons de se nourrir, et leurs caractères. Le jour et la nuit. Et pour une fois ce n'était pas qu'une façon de parler. A cette pensée, elle eu un pauvre sourire. Elle s'était comportée comme une gamine. Après tout, il était vrai qu'elle ne connaissait plus rien à la vie de son ancien amant. Quelle idiote elle avait été. Cette jeune femme était amoureuse de lui, et elle, avec ses gros sabots, venait briser leur quotidien, ses rêves, son histoire avec lui. La colère retomba. Non, elle ne savait définitivement plus rien de lui, et certainement pas sa façon de faire l'amour. Cela faisait mal à entendre, à admettre, mais elle devait se résigner et repartir avec ses sentiments. Elle n'avait pas le droit de tout casser sous prétexte qu'elle le connaissait auparavant. Alors oui, ils s'étaient fiancés bien avant la naissance de cette jeune femme, certes, ils avaient flirté ensemble, mais il y a quelques heures de cela, elle ne se souvenait même plus de lui. Jilan non plus d'ailleurs. Alors à quoi lui servait de ce battre pour des sentiments à peine retrouvés ? Ce genre de chose n'arrive que dans les contes de fées, jamais dans la réalité. Il valait peut-être mieux abandonner, laisser reprendre la poussière à ces sentiments, néfastes pour cette petite furieuse. Ce n'était pas à elle, la vraie jeune femme d'en souffrir, mais bien à Eléanore. La vampire pouvait se reconstruire un nouvelle vie en une vingtaine d'années, à peine, tandis qu'elle.. Elle ne possédait pas l'immortalité. C'était elle l'adulte. Enfin, ce mot n'a pas vraiment de sens, car adulte ne signifie pas plus mature pour autant. Oui, mature convenait.

Les crocs la ramenèrent à la réalité. Un seau d'eau froide aurait eu le même effet. La douleur la transperça. Son corps s'engourdit sous la force de la mâchoire de la demoiselle. Quand elle eu atteins son os, elle cru qu'elle tournerait de l’œil, telle la douleur était grande. Une sorte de craquement se fit entendre, mais pas un son ne sortit de la bouche de la vampire, non, elle ne pouvait se résigner à plus pitoyable qu'elle ne l'était déjà. Son visage grimaçant était déjà assez détestable à regarder, si en plus on ajoutait la bande-son.. La centenaire eut un regard pour Jilan, il avait l'air horrifié par la tournure des événements, mais ne faisant pas semblant d'être mal, il pouvait rien faire. L'impuissance devait l'accabler. Elle n'eut pas le temps de plus le détailler, la demoiselle en furie la lâcha sans crier gare. Puis sans grande délicatesse, s'empara de ses cheveux, la tirant hors de la pièce. N'ayant d'autre choix que de la suive, la canidé essayait d'aller aussi vite que son interlocutrice pour ne pas avoir à subir une douleur supplémentaire. Elle ne l'épargnait vraiment pas. Un coup dans sa cuisse lui arracha un gémissement. Sa plaie se mit de nouveau à saigner. Tachant de nouveau les habits de Jilan. Elle soupira, elle en avait tellement assez de tout ça, d'avoir mal, physiquement et mentalement, d'avoir cette impression pesante de ne posséder aucune force, de ne pouvoir riposter, de sentir le sang, à présent omniprésent.

« Sincèrement, tu étais vraiment obligée de me blesser, de me traîner, et de me traiter comme une catin ? Si pour toi c'est une fierté de savoir tout de Jilan, de lui faire l'amour, soit, restes avec ces pensées. Mais j'en ai assez. Je l'ai aidé à ne pas être emmené par un traqueur travaillant pour le Cercle, j'ai prit tous les coups qui lui étaient destinés, et une fois relevée de ma blessure, tu m'en inflige d'autres sans aucunes raisons valables. La prochaine fois, contrôle toi et demande des explications avant de te ruer sur les gens. Je vais partir, pas besoin d'être aussi marginale.


Eléanore avait dit cela en soutenant le regard haineux de la jeune femme. Elle ne baissera pas les yeux, il en était hors de question. C'était Leann qui était en faute, pas elle. Depuis le début, elle n'avait rien fait de mal, depuis le début on la frappait pour des quiproquos. Cela suffisait.

-Tu la touches encore une fois, une seule, et je te tue.

Sa tête se tourna vers Jilan. Elle ne l'avait pas encore remarqué. Sa pâleur l'inquiéta au plus haut point. Il haletait, semblant fournir un effort énorme à chaque mot.  Ce qu'il dit par la suite la laissa muette.

-La personne que tu viens d'agresser et que tu étais prête à mettre à la porte.. Nous avons été fiancé.. Les choses ont fait que.. Nous avons été séparés.. Je la pensais perdue à jamais.. Et le "hasard a bien voulu nous réunir.. Elle ne mentait pas quand elle disait me connaître depuis bien longtemps.. Plus que toi.. Mais je ne peux pas t'en vouloir puisque je ne t'ai jamais dis qui j'étais vraiment.. Cependant.. Elle demeure l'une des rares personnes de mon passé, à qui je tiens encore.. Alors.. Ne t'avise plus de la traiter comme tu viens de le faire.

Tu dois déjà savoir.. Compte tenu de ce que j'ai dis plus tôt.. Que je ne pensais pas te revoir un jour.. Tout comme toi je suppose.. De là à ce qu'on s'oublie l'un et l'autre.. J'aurai aimé parler avec toi de tout ce temps perdu.. Mais j'aurai préféré le faire dans d'autres circonstances.. Et je comprendrai que tu ne veuilles plus me revoir.. Alors.. Saches que je ne regrettes pas de t'avoir offert mon sang..


Elle ne s'attendait pas à se qu'il lui porte tant d'attention. Toutes ses émotions retombèrent d'un coup. Qu'il prenne sa défense alors qu'il avait du vivre énormément de choses avec la jeune femme en furie prouvait qu'il tenait à elle. De plus, bien avant qu'ils soient séparés par les siècles, elle avait déjà remarqué qu'il n'avait jamais vraiment aimé montrer aux autres ses sentiments. Le fait qu'il le fasse aujourd'hui pour elle la toucha. Elle ne s'y attendait pas. Pensant plutôt qu'il lui incomberait de sortir dans les plus brefs délais. Quand son regard se posa sur la vampire, celle-ci avait le cœur qui battait la chamade. Et elle eut une certitude, maintenant qu'elle l'avait retrouvé, elle ne voulait plus le quitter. Quelque soit le prix à payer, elle l'aimait, et ferait tout pour qu'il l'aime en retour. Même s'il avait changé, s'ils s'étaient aimés auparavant, pourquoi ils ne pourraient plus s'aimer aujourd'hui ? Quand il eu fini de parler, elle crû qu'il allait s'évanouir, ne supportant plus le poids de son propre corps. De ce fait, n'attendant pas la réaction de Leann pour s'activer, elle se leva péniblement, et alla chercher la chaise dans la chambre. Empochant les deux pommes et l'infusion du même coup. En revenant, elle obligea Jilan à s'asseoir. Puis, se sentant tourner elle aussi, s'assit à même le sol. Elle n'était plus en colère, ce qu'avait dit Jilan l'avait repris. Aussi, cette fois, elle décida de rester calme et posée pour parler.

-Ménage toi imbécile..

Je.. Je te dois des excuses Leann, je n'aurais pas dû t'insulter comme je l'ai fait. Cela n'a fait qu’envenimer les choses, et j'en suis désolée car j'en suis la première à en payer les frais. On s'est comportée comme deux belles idiotes tu ne crois pas.. ? ..Passons.

Jilan.. il en est de même pour moi, j'aimerai savoir ce qu'il s'est passé, et surtout..comment tu as pu survivre pendant tout ce temps.. Enfin, ce n'est ni le temps, ni le bon moment pour en parler. ..Tu as changé mon bon ami.. Les siècles ont fait leur travail.. Tu n'es pas le seul d'ailleurs. Tu remarqueras peut-être que je ne suis plus que l'ombre de moi même.

..Leann, si tu veux d'autres explications.. je te les fournirai.. du mieux que je le pourrai.. Mais tout d'abord.. j'aimerai abuser.. Aurais-tu d'autres.. bandelettes.. ? Pour.. pour stopper mes saignements.. Sinon je ne risque pas de tenir bien longtemps..


Elle se leva, comme pour aider Leann. Malheureusement trop vite. Et elle tomba, encore une fois, dans l'inconscience.

Spoiler:

Message par Invité Dim 2 Fév - 21:57

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Les dents serrées, Leann ne quittait pas la vampire des yeux et elle devait lutter pour ne pas laisser l’envie de lui arracher la gorge prendre le dessus. Elle avait parfaitement conscience que ce désir devait se voir sur les traits de son visage, ou au moins dans ses yeux, mais elle s’en fichait. Elle n’avait pas assez de volonté pour résister en plus d’essayer de le cacher. Et puis, que l’inconnue ait peur d’elle était une bonne chose en soi, du moins, ça plaisait à sa bête. Si cela lui permettait de ne pas trop insister sur son envie de chair, c’était aussi bien. Pourquoi elle résistait ? A cause de l’homme qui se trouvait de l’autre côté de l’appartement. Ca lui aurait été tellement simple de prendre la trachée de la jeune femme entre ses crocs et l’arracher... Mais les plaintes -parce que c’était plus de ça qu’il s’agissait que de réels ordres- lui revenaient en tête. Est-ce qu’il serait réellement blessé si elle tuait cette vampire ? Une partie de la lycanthrope -on ne nommera pas laquelle- voulait passer à l’action pour avoir la réponse, mais une autre -celle qui s’était, malgré elle, attaché à cet homme- s’y refusait. C’était un véritable combat entre les deux parties de ce corps et Leann savait que si elle cédait, ne serait-ce qu’un peu, c’en serait terminé pour son interlocutrice. Non pas qu’elle veuille à tout prix la garder en vie, après tout, elle ne représentait rien pour elle -hormis une gêne notable- mais Jilan lui revenait toujours à l’esprit. Elle senti sa bête grogner face à ces pensées, elle ne supportait toujours pas la soumission qu’elle lui avait voué et ce presque depuis le début. La voix de la vampire la fit sortir de ses songes et la louve ne savait pas vraiment si c’était une bonne chose. Lui rappeler sa présence près d’elle alors qu’elle essayait de ne pas lui sauter dessus... Ce n’était pas la meilleure idée du siècle. Mais il fallait dire que la jeune femme n’avait pas eu beaucoup d’idées lumineuses depuis qu’elle avait été plaquée contre le mur. Peut-être qu’elle avait un déficient mental ? Leann écouta rapidement ses paroles. Est-ce qu’elle avait été obligée de la frapper ? Bien sûr que non, mais ça faisait du bien, quoi qu’on puisse dire. La traité de catin ? Cette question lui fit lever les yeux au plafond. Cette fille se plaignait d’avoir été traité comme une pute ? Avait-elle seulement conscience de ce qu’était réellement la vie de ces filles là ? Pour en être une ancienne, la lycanne ne pouvait s’empêcher de trouver son interlocutrice antipathique. Elle utilisait des termes dont elle ne connaissait même pas la portée. Oui, ça l’énervait, peut-être davantage que le fait d’avoir été traitée de chienne plus tôt. Quant à la suite de ses propos, ils la laissèrent de glace. Qu’elle prenne des coups à la place de Jilan ? Elle voulait être plainte ou félicité ? Elle n’aurait ni l’un ni l’autre de la part de la louve. Si elle avait agit ainsi, c’était en connaissance de cause alors qu’elle ne vienne pas pleurer ensuite que ça faisait mal ! Un large sourire, mauvais, se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Elle lui conseillait de se contrôler ? N’avait-elle pas conscience que si elle ne le faisait pas -plus ou moins- depuis le moment où elle était entrée dans la chambre, elle ne serait pas là à se plaindre ? Franchement. Elle s’approcha alors de son oreille pour venir lui murmurer.

« Sache que si je ne me contrôlais effectivement pas, ton sang serait en ce moment répandu sur le mur de cette chambre. »

Elle n’eut pas le temps d’ajouter quoique ce soit que l’odeur de Jilan se fit plus présente. Il s’était donc levé ? Faible comme il était ? Comme c’était touchant. Elle se recula de la vampire avant qu’il n’apparaisse au niveau de la porte et ne baissa pas les yeux alors qu’il vint la fixer.

« Tu la touches encore une fois, une seule et je te tue. »


Il se prenait pour qui ? Avec son état déplorable et cet avertissement minable ? Leann senti de nouveau sa bête s’agiter et elle savait qu’une lueur de défis apparut dans ses yeux. Ce n’était à proprement parler pas la sienne mais elle doutait que Jilan puisse faire la différence et dans le fond, elle ne pensait pas que ça change quoi que ce soit. La jeune femme se souvient alors de certaines de ses pensées, la fois où elle avait rencontré Jean-Dame. Sa bête avait déjà émit le souhait de s’en prendre à son amant, ne le jugeant pas assez puissant pour prendre sous son aile son humaine et cette mise en garde ne faisait qu’exacerber cette envie. Mais encore une fois, ce fut la volonté de Leann qui empêcha son corps de bouger pour se saisir de cette femme pourtant si proche d’elle. Elle n’avait qu’à tendre le bras pour la saisir ! Elle sentait la frustration de sa bête et un grognement monta le long de sa gorge. A tous les coups, son petit combat intérieur se lisait également sur son visage. Tant pis, elle n’était pas encore experte en tant que louve, c’était bien pour cela qu’elle voyait Bran si souvent ! Le mutisme dont faisait preuve les deux jeunes femmes devait pousser Jilan à reprendre, même si ce n’était pas vraiment dans les intentions de Leann que de ne pas parler. Mais elle ne pouvait pas se permettre de perdre de l’énergie en bavardage inutile, surtout qu’elle ne voyait pas quoi répondre à sa menace, tout était déjà passé à travers ses iris. Quand la relation entre les deux personnes tomba, la vague sensation de jalousie qu’elle avait ressenti dans la chambre à couché refis surface. Comme si elle pouvait maintenant se permettre de l’être ! La colère de la jeune femme revient à son tour mais elle n’arrivait pas à savoir vers qui elle était dirigée. Vers la vampire ? Pour la simple raison d’exister ? Jilan ? Pour ne pas lui avoir fait part de cette partie de son passé alors qu’il couchait avec elle ? Ou elle-même pour avoir été assez conne pour s’attacher à lui ? Le temps que ses pensées essayent de se mettre en ordre, voila que l’homme reprenait la parole. Ils s’étaient donné le mot tous les deux ? Pour parler autant ? Lui qui était taciturne habituellement, voila que sa langue se déliait subitement. Et ce n’était surement pas pour le mieux ! Quand il poursuivit, pour accentuer l’un des côtés de leur relation, Leann eut envie de lui hurler qu’elle n’en avait rien à faire et qu’elle ne voulait pas en savoir davantage. Ca lui plaisait de lui raconter ça ? Parce qu’il avait entendu ce qu’elle avait dit dans l’autre pièce ? Elle serra les dents à cette pensée. Et qu’est-ce qu’il voulait qu’elle lui réponde au juste ? Qu’elle le plaigne également ? Qu’elle soit heureuse pour eux ? C’était probablement un peu trop lui demander. Elle était gentille, mais il y avait quelques petites limites à ne plus franchir. Et voila qu’il reprenait, pour enfoncer le couteau encore un peu plus dans la plaie. « Plus que toi... » D’accord ! Elle avait comprit ! Elle n’était pas assez débile pour ne pas avoir saisit plus tôt qu’ils avaient été proches ! « Fiancés » était un mot bien assez clair ! L’envie de tourner les talons sur le champ se fit sentir, mais son corps refusa de bouger. Qu’est-ce qu’elle foutait encore là de toute manière ? Elle n’avait plus sa place non ? L’autre allait la remplacer et venir s’installer ici et elle devrait quitter l’appartement, non ? Alors quoi ? Elle restait là parce qu’il ne lui avait pas dit clairement qu’elle devait quitter les lieux ? C’était vraiment ce qu’elle attendait ? Parce qu’elle voulait avoir le cœur net sur ce rejet pur et simple ? Qu’elle puisse tourner les talons sans aucun remord ? Elle n’écouta pas la fin de sa phrase, trop perdue dans ses pensées pour cela et ne s’en excusa pas pour autant. C’était de sa faute si elle ne l’écoutait plus, à lui et à ses paroles. Quand Jilan s’adresse à la vampire, elle n’écouta encore que la moitié de ses propos, surtout parce qu’elle ne voulait pas entendre encore des choses qui ne lui plairaient pas. Une information attira cependant son attention : il lui avait offert son sang ? Au point d’atterrir dans cet état ? Ca rendait tout de suite son intervention moins glorieuse mais elle s’en moquait. Leann restait fixée sur son point de vue : lui mal en point en présence d’une suceuse de sang. Comment elle aurait pu réagir autrement en le pensant en danger ? Qu’il lui en veuille pour ça l’importait peu et elle le referait sans hésitation. Encore une fois perdue dans ses pensées, elle vit la vampire bouger pour aller chercher une chaise au professeur. Parce qu’il ne pouvait pas tout simplement s’asseoir sur le sol ? Ca entacherait sa position de dominant dans cette situation ? Leann dû se faire violence pour garder museler sa bête, c’était un véritable enfer à vivre. En plus des paroles précédemment dites. Et puis cette odeur de sang qui revenait toujours ! A croire que tout était fait pour qu’elle perde le contrôle !

L
a jeune femme sortie de ses pensées lorsque l’autre s’adressa à elle. Elle s’excusait ? Pourquoi cela ne la touchait pas plus que ça ? Parce qu’elle savait que son interlocutrice pensait toutes les paroles qui avaient été prononcées dans la chambre ? Et que même si ce n’était pas le cas, ça ne changeait rien au fait qu’elle les ait dites ? Oui, pour une fois, Leann se montrait rancunière. Probablement à cause de tout ce qui venait de se passer. Dans cet appartement mais aussi chez son client. Un peu trop d’émotions et de changements pour elle en une seule fois. Bien qu’elle ne parla toujours pas, son regard pouvait nettement laisser voir le fond de ses pensées et la réponse à la question. « Non, je ne crois pas. » La suite, concernant Jilan, la fit lever les yeux au plafond. S’ils voulaient qu’elle parte, qu’ils le disent une bonne fois pour toute, à la fin ! La louve sursauta légèrement en entendant la vampire l’appeler. Des explications ? Qu’est-ce qu’elle voulait qu’elle en fasse au juste ? La situation était claire non ? Ils s’étaient retrouvés dans de sales draps, elle avait prit des coups pour lui et parce qu’il se sentait responsable, il lui avait donné son sang. C’était plus ou moins, ce qui s’était passé non ? Du point de vue de la louve, il n’y avait aucun doute là dessus. A sa demande, elle leva de nouveau les yeux au plafond. Sérieusement ? Elle croyait qu’elles allaient devenir copines parce qu’elles tenaient toutes deux au même homme ? Elle ouvrit la bouche pour lui répondre mais en la voyant tomber sur le sol, un soupire s’échappa de ses lèvres.

« Ne bouge pas. T’as assez donné de ta personne comme ça, tu crois pas ? »


Oui, elle donna un ordre à Jilan au moment où elle le vit se pencher légèrement pour venir à la rencontre de la vampire. Elle l’avait également tutoyé, alors qu’elle ne l’avait encore jamais fait. Les émotions jouaient-ils un rôle là dedans ? Il pouvait néanmoins entendre dans sa voix le reproche qu’elle lui faisait, à savoir avoir donné de son sang en assez grande quantité pour se retrouver dans cet état minable. Oui, elle lui en ferait surement la remarque. Pour l’heure, elle ôta son chemisier, de toute manière, il était foutu avec le sang qu’elle avait laissé sécher dessus, pour le déchirer et en faire des garrots pour la vampire. Elle en avait oublié qu’elle ne portait pas de soutien-gorge, étant donné qu’il était en lambeaux. Tant pis, ce n’était pas comme s’il ne l’avait jamais vu nue ou que ça ui faisait quelque chose.

« Sérieusement ? Des bandelettes ? C’est marqué hôpital ici ? »

D’accord, ça lui avait échappé alors qu’elle était en train de s’occuper de la femme. Et pourquoi elle le faisait d’abord ? Ne pouvait-elle pas la laisser tout simplement se vider de son sang devant un Jilan impuissant ? C’était ça aussi la force non ? Elle soupira de nouveau, ne prêtant aucune attention au regard de son amant -si toutefois, elle pouvait encore l’appeler comme ça- sur elle ou la femme. Est-ce qu’il lui ferait une réflexion sur ce qu’elle était en train de faire ? Sur les nombreuses et importantes traces de sang sur son torse ? Qu’il essaye tient. Lorsqu’elle eut terminé, Leann prit la vampire dans ses bras et vient la déposer sur le canapé. Mais qu’est-ce qu’elle était en train de fiche au juste ? Ne pouvait-elle pas tout simplement la balancer par une fenêtre ? A cette pensée, elle se retourna vers Jilan et croisa son regard et n’attendit pas qu’il prenne la parole pour le devancer, tout en s’approchant de lui.

« D’abord, sache que je ne regrette pas mon comportement. Que ton don de sang ait été volontaire ou non, que ce soit ta fiancée ou non, le résultat reste le même : tu étais en danger de mon point de vue et j’ai réagis en conséquence. »


Elle s’arrêta devant lui, lui attrapa un bras d’une main pour le passer derrière son cou et mit son autre main derrière son dos pour le soulever et l’aider à marcher.

« Aucun commentaire, tu dois aller te reposer. »


C’était étrange même pour elle de s’entendre parler de la sorte, surtout avec Jilan mais, d’une : il n’était pas en position de lui résister -physiquement parlant- et de deux : c’était pour son bien. Elle le ramera donc dans son lit et le toisa quelques secondes avant de soupirer et de promettre.

« Je ne lui ferais rien, d’accord ? Alors dors... »

Sur ces paroles, elle se dirigea vers la salle de bain mais en laissant la parole ouverte, pour pouvoir entendre plus facilement le moindre bruit. Elle se déshabilla et mit ses vêtements dans un coin avant de se glisser sous l’eau brulante. Cela lui fit un bien fou, en plus de décoller le sang séché un peu plus facilement. Elle resta de longues minutes sous l’eau sans bouger, les mains contre le mur et la tête baissée à regarder le fond du bac. Qu’est-ce qu’elle allait maintenant devenir ? Il était plus que certain de Jilan voudrait rester avec cette fille et qu’elle n’aurait donc plus sa place dans cet appartement. Leann savait qu’elle n’aurait pas dû s’accrocher à lui plus que nécessaire, si elle se souvenait bien des termes de leur contrat, il n’avait jamais été question de sentiments. Au bout de plusieurs minutes supplémentaires, elle se laissa tout simplement tomber dans la douche, l’eau coulant sur elle. Tant pis pour la facture d’eau, elle en paierait une plus grosse partie. Mais pour le moment, c’était ce dont elle avait besoin, à défaut de bras pour l’étreindre...

Message par Invité Mer 5 Fév - 23:57

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Les contours des objets, qui constituaient pourtant le décor qu'il voyait au quotidien, lui paraissaient de plus en plus flous. Ses yeux lui jouaient un tour ? Jilan se mordit les lèvres pour essayer de faire passer ce trouble visuel, conscient que l'attention des deux jeunes femmes demeurait rivée sur lui, il ne pouvait se permettre de secouer la tête de manière trop voyante. Comportement qui aurait semblé étrange venant de sa part et qui aurait probablement aggravé les choses de son côté au final. La tête lui tournait de plus en plus. La vision de la tasse de thé fumante et des pommes, posées toutes les trois bien en évidence sur cette chaise, près du lit, lui rappela qu'il aurait au moins dû faire l'effort de croquer dans l'une des deux dernières citées. A présent, il regrettait son choix. Tant pis s'il devait s'écrouler, le Lightness savait qu'il avait dû faire cet effort pour rejoindre ses interlocutrices et exposer enfin son point de vue, jusque là ignoré des deux intéressées en question. Ce qu'il avait pu apercevoir dans le regard de la louve ne lui avait pas plu. Cela ne le surprenait pas qu'elle ne considère pas sa menace -pourtant bien réelle de son avis- sérieusement, étant donné son état actuel. D'autant plus que la race de la jeune femme changeait la donne. Il serait fou de penser qu'il pourrait avoir aisément l'avantage sur une lycanne. Ce que Jilan détestait se trouver dans cette situation. Si parler ne lui coûtait pas autant, il aurait rétorqué quelque chose d'autre à l'attention de Leann. Mais alors que le regard hétérochrome soutenait difficilement celui de la louve, une silhouette familière vint s'introduire dans son champs de vision. Eléanore. Que faisait-elle avec cette chaise ? Minute. Quand avait-elle été la chercher au juste ? Le jeune professeur n'eut pas le temps d'aller au bout de ses réflexions silencieuses que la vampire le fit asseoir de force. Mais en la voyant faire de même -ou plutôt, en se laissant s'écrouler à même le sol-, le Lightness aurait bien protesté. Qu'elle prenne cette chaise pour être allée la chercher quoi ! Vu leurs états respectifs, difficile de savoir avec précisions, lequel des deux était le plus amoché dans cette histoire. Et par simple galanterie, Jilan ne pouvait pas la laisser assise sur le sol. Les paroles de son interlocutrice l'empêchèrent de protester. Lui ? Se ménager ? Alors qu'il était resté allongé pendant tout le temps de leur petit face-à-face explosif ? Allons bon ! Sans doute du fait de sa propre faiblesse occasionnelle et après tout ce qui s'était passé, la tirade de la jeune femme fut un peu difficile à suivre. En effet, elle passa d'un interlocuteur à un autre. Toutefois, ce qu'elle déclara concernant les révélations que le Lightness se devait de lui faire, ce dernier fut rassuré que sa fiancée de l'époque accepta d'écouter sa version des faits. Cela lui ôtait véritablement un poids de la poitrine. S'il avouerait un jour avoir eu peur qu'elle se refusa à entendre la moindre explication à ce sujet ? Jamais ! Malheureusement, à peine sa dernière phrase prononcée, que la vampire perdit soudain connaissance. Et malgré sa tête qui lui tournait toujours, le jeune professeur commença machinalement à se pencher dans sa direction, inquiet. Est-ce que ses blessures s'étaient réveillées à cause des coups de la louve ? Si c'était le cas, elle ne perdait rien pour attendre...

 « Ne bouge pas. T’as assez donné de ta personne comme ça, tu crois pas ? »

Ce fut la surprise qui le stoppa net dans son entreprise, non l'ordre en lui-même. Depuis quand elle s'adressait à lui de la sorte ? Fronçant les sourcils -mauvaise idée, cela ne fit qu'augmenter son mal de crâne naissant-, Jilan releva le regard dans la direction de la lycanne, laquelle s'était rapprochée d'eux après l'évanouissement de la vampire.

 « Parce que tu crois que tu n'en as pas fais assez de ton côté peut-être ? » répliqua t-il froidement.

Rien de ce que pourrait dire Leann, ne pourrait l'excuser aux yeux du jeune professeur. Ce dernier gardait dans la gorge, des images de la scène à laquelle il avait assisté un peu plus tôt, tandis qu'il gisait impuissant sur le lit. De quel droit la louve avait-elle agi de la sorte ? Il lui avait demandé de s'affirmer, pas de jouer les intruses dans sa vie. Elle vivait chez lui et ils couchaient ensemble. Est-ce que cela faisait d'eux un couple ? Du point de vue de l'intéressée, peut-être bien. Du moins, cela expliquerait cette réaction brutale à l'encontre d'Eléanore. Mais dès le départ, le Lightness s'était montré très clair à ce sujet. Il n'avait pas l'intention de s'engager vis-à-vis d'elle et même s'il reconnaissait n'avoir pas couché à droite ou à gauche après l'arrivée de la lycanne dans son appartement -et sa vie, qu'il le veuille ou non-, Jilan ne la voyait pas de la sorte. En comparaison avec la vampire, où les choses étaient bien différentes. Est-ce qu'il se refusait à considérer Leann comme son amante à présent que le passé l'avait rattrapé sous la forme de sa fiancée d'il y a 300 ans ? Non, le problème était certainement plus profond que cela. Et malheureusement, le jeune professeur savait qu'Eléanore avait probablement vu juste en appuyant sur le fait qu'il avait bien changé depuis tout ce temps. C'était le cas mais avant, il en tirait un certain égo, doublé d'une suffisance sans pareil. Et maintenant ? Regrettait-il ? Regrettait-il de s'être à ce point enfermé dans la haine qu'il vouait à sa famille, laquelle s'était étendue à la race humaine toute entière ? Le Lightness n'avait pas la réponse. Parce qu'il n'avait jamais envisagé sa vie différemment... Jusqu'à présent. La louve ne prêta pas attention à sa remarque cinglante, s'occupant plutôt de la jeune femme inconsciente à ses pieds. Jilan fut surpris qu'elle décida soudain de venir en aide à cette personne qu'elle ne connaissait pas, pire, qu'elle avait projeté de tuer un peu plus tôt. Pourquoi retourner sa veste à ce point ? Enfin, façon de parler puisque la lycanne était désormais nue devant lui. Une chance qu'Eléanore soit toujours évanouie ? Et comment ! Mais ce n'était pas l'intention du Lightness que d'en profiter pour se rincer l’œil. Il voulait d'abord s'assurer que la vampire soit bien traitée. Ce qui était parfaitement légitime quand on connaissait les traitements que Leann lui avait infligés peu de temps auparavant. En la voyant la soulever -presque délicatement- pour aller ensuite la déposer sur le canapé, le jeune professeur étouffa un soupir rassuré. C'était définitivement moins confortable que son lit mais c'était toujours mieux que le sol. Et il s'imaginait mal demander à la louve de la porter jusque dans son lit de toutes façons. La patience de cette dernière semblait plus que limitée ce soir. Lorsqu'elle croisa de nouveau son regard, sans essayer d'éviter celui-ci, Jilan le soutint. Ce qu'il pensait d'elle à cet instant précis ? Difficile à dire. Une partie de lui avait cruellement envie de lui dire de prendre ses cliques et ses claques pour quitter son appartement illico presto. Quant à l'autre... La voix de son interlocutrice le coupa dans ses pensées. Elle ne regrettait rien donc ? Avoir du culot serait sans doute la dernière chose qu'elle posséderait au cours de sa misérable existence si elle continuait sur sa lancée. Avant qu'elle ne lui laisse le temps de répondre quoique ce soit, la lycanne l'avait déjà remis debout, sans le moindre effort -ce qui était normal compte tenu de sa race- et l'explication tranchante qu'elle lui donna pour se justifier, lui parut convaincante, aussi ne protestait-il pas. Du moment qu'Eléanore en faisait de même. Toutefois...

 « Ne crois pas que cette conversation soit terminée. »

Nul besoin de longs discours pour résumer le fond de sa pensée en ce moment même. Bien que le ton employé et le choix des mots laissaient supposer une nouvelle menace de sa part, le Lightness voulait simplement souligner que sa colocataire ne s'en tirerait pas de la sorte. Pas après avoir agi ainsi. Ils allaient devoir s'expliquer. Une conversation qui promettait de ne pas être agréable, loin de là, pour l'un, comme pour l'autre cela dit. Et de cette mise au point, leur relation dépendra. De cela, Jilan en était certain. Une fois revenu à sa position initiale, à savoir, allongé sur le dos dans son lit, entendre la promesse franchir les lèvres de la louve, acheva de le convaincre de suivre son conseil. Il avait suivi celui de la vampire, pourquoi pas celui de Leann à présent ? La réponse paraissait évidente mais le jeune professeur se fit violence pour chasser de pareilles pensées. S'il voulait se reposer et espérer dormir un peu avec tout ce qui venait de passer, et surtout, en gardant à l'esprit les conséquences de cette soirée sur le trio des acteurs, il valait mieux qu'il arrête de réfléchir tout court... Le Lightness suivit le corps entièrement nu de la lycanne du regard mais lorsque la porte de la salle de bain se referma sur cette dernière, il laissa ses yeux se perdre dans la contemplation du plafond, sans le voir. Ce ne fut qu'après de longues minutes, passées à écouter le bruit de l'eau résonnant sur le carrelage dans la pièce d'à côté, que Jilan finit par s'endormir pour de bon. A vrai dire, il ne sentit même pas ses paupières se fermer. Combien de temps dormit-il ainsi ? Il n'en sut rien. Et lorsqu'il émergea doucement, la bouche pâteuse mais les vertiges disparus en grande partie, il fut surpris par l'absence de lumière et de sons dans l'appartement. A croire qu'il était tout seul ici... Cette pensée l'inquiéta soudain. Leann lui avait fais une promesse juste avant de le quitter, l'avait-elle seulement tenue ? Plus aucun bruit ne provenait de la salle de bain. Est-ce que la louve se trouvait encore dans l'appartement ? Était-elle sortie ? Et Eléanore alors ? Était-elle restée sur ce canapé pour se reposer ou bien... ? Se poser tant de questions sans en avoir les réponses, lui était insupportable. Prudemment et péniblement à la fois, le Lightness se redressa lentement, pour être certain que ses mouvements ne provoqueraient pas de nouveaux malaises. Avec tout le sang qui lui avait été prélevé, une sieste seule ne lui suffirait pas. S'il voulait retrouver des forces, il lui fallait manger quelque chose. C'était la base lorsqu'on était amené à donner son sang. Dans le cas contraire, on risquait parfois gros. Le jeune professeur s'assit donc sur le rebord du lit, s'assurant par là, être capable de se mettre debout pour rejoindre la cuisine, quand il sentit une présence dans la pièce. Cette pensée le rassura plus qu'elle ne l'inquiéta en réalité. Pour être habitué à vivre avec quelqu'un, ce genre de sensation ne le perturbait pas le moins du monde. Cela lui ôtait même des doutes quant à la sincérité de la lycanne ou tout simplement, l'état actuel de la vampire. Car oui, Jilan sut instinctivement qu'il s'agissait de la louve. Pourquoi ? Un intuition. Vivre à ses côtés pendant tout ce temps lui permettait ce genre de choses... Le Lightness ne prononça pas un mot. C'est à peine s'il lui jeta un regard par-dessus son épaule, comme pour vérifier ce qu'elle faisait réellement -l'intuition ne faisait pas tout !- et finit par se lever pour sortir de la pièce, silencieusement. Peut-être que cela donnerait une indication supplémentaire à l'intéressée de ce que devait être son humeur à cet instant précis.

Même si une conversation des plus sérieuses se profilait entre eux dans les heures à venir, le jeune professeur pensait sincèrement qu'il vaudrait mieux attendre le départ d'Eléanore avant. A supposer que cette dernière ne soit pas déjà partie pendant sa sieste. Avait-il dormi longtemps ? Aucune lumière ne filtrait à travers les rideaux de la chambre. Cela voulait dire que la nuit était plutôt bien entamée mais pas suffisamment pour que l'aube ne pointe le bout de son nez. Une chance qu'il n'avait pas cours le lendemain, sinon bonjour la tête dans le cul ! En pénétrant dans le salon, le regard hétérochrome se dirigea instinctivement vers le canapé. La silhouette allongée et assoupie de la vampire s'y trouvait toujours. Jilan l'observa se reposer l'espace de quelques minutes. Dormait-elle seulement ? Peut-être qu'elle faisait semblant en l'ayant entendu approcher ? Le Lightness se laissa le bénéfice du doute et prit la direction du coin réservé à la cuisine. Le souvenir du breuvage que lui avait préparé l'intéressée, lui revenait en mémoire. Dire qu'il avait complètement oublié qu'il possédait encore un sachet de thé traînant dans un coin de ses placards... Lequel demeurait à présent bien en évidence sur le meuble contenant l'évier et où reposait la cafetière. Eléanore l'avait probablement laissé en plan dans la précipitation. Un sourire comme on en voyait pas souvent, se forma sur les lèvres du jeune professeur. C'était tout elle... Il entreprit donc de faire chauffer de l'eau et de sortir trois tasses -oui il incluait la lycanne dans le lot !- car partir à la rechercher de sa précédente tasse l'épuisait avant même d'essayer. Une chance que le nombre de tasses dans ses placards avait dû se voir augmenter considérablement avec la présence de Leann dans l'appartement. C'était surtout un prétexte supplémentaire pour justifier les nombreuses tasses traînant ci-et-là dans l'appartement, lorsque le Lightness les emportait avec lui sans les ramener dans l'évier. Tandis que les premiers frémissements apparurent à la surface de l'eau, Jilan se remémorait les événements de la veille. Ses retrouvailles avec la vampire, l'apparition de cet individu aux desseins plus que malsains, le combat qui en avait suivi, son rapprochement avec Eléanore et enfin, le retour de la louve dans l'appartement, lequel avait accéléré les choses sans qu'il ne puisse plus rien contrôler. Cela lui faisait encore bizarre de se revoir à cette place, impuissant devant les faits et gestes de sa colocataire. Pour quelqu'un qui aimait s'assurer une certaine stabilité dans chacune des situations qu'il était amené à rencontrer, le jeune professeur tombait de haut ! Le regard hétérochrome se perdit dans la contemplation des bulles qui se formaient et éclataient successivement à la surface de l'eau qui commençait à bouillir. S'il continuait à rêvasser de la sorte, tout le contenu de la casserole allait réellement finir par s'évaporer, ce qui réduirait sa démarche à néant. Tout en gardant cette pensée à l'esprit, le Lightness entendit alors du bruit derrière lui.

Message par Invité Dim 9 Mar - 20:53

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C'était étrange l'état dans lequel son cerveau l'avait plongée. Elle ne voyait plus rien, n'était plus maître de son corps, mais pourtant, le moindre son lui parvenait. La discussion entre Leann et Jilan lui parvenait clairement. Elle fut surprise d'apprendre que Leann la bandait. Même si elle lui avait demandé des bandages, elle ne s'attendait pas à ce qu'elle veuille faire quelque chose pour elle. Naturellement puisqu'elle était l'étrangère dans cette affaire. Le quotidien des deux colocataires avaient été chamboulé par sa simple présence. Elle se dit que dès qu'elle serait revenu à elle, elle partirait. Bien qu'elle voulait continuer à voir Jilan, le moment était opportun pour s'éclipser. Elle en avait déjà assez fait. Et puis elle avait de la peine pour Leann. Elle n'avait pas mal agi dans le fond. Enfin, ce qui avait été fait ne pouvait être changé. Et elle non plus ne regrettait pas son comportement, si ce n'est d'avoir embrassé Jilan. Oui elle l'aimait, d'un amour doux, qui n'avait pas été oublié, seulement recouvert par d'autres sentiments bien plus sombres. Et elle regrettait de l'avoir enseveli sous la haine. Bienheureusement, aujourd'hui, la colère noire avait disparue. Mais elle se trouvait trop adoucie. Il allait falloir changer, si elle ne voulait pas se faire dévorer par ces mêmes sentiments, elle allait devoir de nouveau se construire une carapace de froideur. Eléanore ne pouvait connaître la suite, ne pouvait connaître le futur, ni si elle allait perdre de nouveau le peu d'amour qu'elle avait, mais elle avait une simple certitude, elle allait essayer de sortir de ses habitudes de rat de bibliothèque, les retrouvailles avec Jilan lui avait permis d'établir une chose, la vie est bien plus passionnante en compagnie qu'à croupir dans la poussière de ses parchemins. De plus, elle les connaissait par cœur, alors qu'elle utilité de les relire une vingtième fois ? Aucune. Et il était temps pour elle de changer, de s'ouvrir, et de vivre pleinement, elle avait assez donné dans sa quête de trouver la clef pour son cadenas, aujourd'hui, il fallait qu'elle se fasse une raison, cette clef n'avait jamais existé, et Madame n'avait fait ça que pour qu'elle puisse vivre, et non pas qu'elle mette fin bêtement à son existence pour la suivre. Cela la faisait sourire, non elle ne lui en voulait pas, elle aurait voulue la remercier d'ailleurs, grâce à elle, elle avait retrouvé son ancien amant, celui qui avait un des rares à compter pour elle. Et elle espérait que cela soit réciproque. Peu lui importait qu'il ait changé, elle avait changé elle aussi, mais d'une autre façon, elle, elle s'était renfermée sur elle-même. Comme une idiote. Mais enfin, c'était fini. Les faits du passé ne peuvent être changés. Et c'est pourquoi elle comptait ne plus vivre, si on pouvait appeler ça vivre, comme auparavant.
Elle sentit ses doigts bouger quelque peu. Elle revenait à elle. L'engourdissement dans lequel elle était plongée depuis quelques dizaines de minutes s’estompait. Et apparemment, elle n'était pas la seule, à s'être remise, elle entendit quelqu'un se lever. Ce n'était pas Leann, sinon, elle aurait entendu l'eau du bain bouger, ce qui n'était pas le cas. Il y avait bien de temps en temps un remous, mais elle aurait su distinguer la différence si elle était sorti de sa douche. Elle en conclu donc que c'était Jilan. Elle aurait voulue s'éclipser discrètement, sans que ni l'un ni l'autre ne s'en rende compte tout de suite, mais après tout, si seul Jilan était lever, cela allait. Elle ne l'entendait d'ailleurs plus bouger. Mais ne pouvant rien faire d'autre qu'écouter, elle dû prendre son mal en patience. C'était tout de même assez bizarre d'être conscient, de comprendre clairement tout ce qu'il se passait, mais de ne pouvoir bouger son corps, ni même ouvrir les yeux. Comme un micro-coma en somme. C'était le summum de l'impuissance. Et elle détestait être impuissante. Surtout quand elle ne savait pas ce qu'il se passait. Au bout de quelques minutes, elle entendit l'eau bouillir. Il était temps pour elle de partir. Enfin, dès qu'elle aura repris pleinement possession de son corps. Et elle dû encore attendre quelques minutes avant de pouvoir se relever. Enfin. Se levant, elle alla chercher sa robe encore humide de sang dans la chambre. Quand elle entendit le souffle somnolant de quelqu'un provenant du lit, elle se redressa d'un seul coup, les sens aux aguets, la robes entre ses doigts. Leann. Elle avait tout de même dû s'assoupir pour ne pas l'avoir entendu sortir de la salle de bain. Et elle espérait ne pas l'avoir réveillée. La vampire sortit silencieusement de la pièce, non sans une certaine précipitation perceptible seulement par elle-même. Non pas qu'elle avait peur de la lycan, loin de là, mais si elle pouvait éviter un nouveau conflit, cela ne serait pas mal. La perspective de tenir tête à la jeune femme têtue ne lui tenait guère à cœur.
Elle allait se diriger vers la porte d'entrée, mais retint ses pas. Elle ne pouvait partir comme une voleuse. Même si l'envie ne lui manquait pas, cela ne se faisait pas. Pivotant, Eléanore s'arrêta à l'encadrure de la cuisine. Jilan releva la tête, il semblait qu'elle le sortait d'une réflexion ou de ses pensées. Elle sourit doucement en le voyant, et failli oublier qu'il lui fallait partir, mais si elle ne s'activait pas, le jour aurait raison d'elle.

« Je m'en vais. Je ne veux pas abuser plus longtemps, j'en ai assez fait pour cette nuit. Je suis désolée que celle-ci se soit succédé de catastrophes. Renouer avec le passé est bien plus épuisant que je ne l'aurai imaginé. Cela m'a fait plaisir de te revoir, mais je ne sais pas si je pourrai revenir te voir, étant donné les circonstances avec Leann. De sorte, j'ai noté mon adresse et l'ai déposé sur ton lit. Au moins, elle n'aura pas à me supporter, ni même à apercevoir ma silhouette. Enfin, si tu veux me rendre visite bien entendu, rien ne t'y oblige. Bon.. je parle, je parle, mais dois te laisser, vous laisser. Je vais essayer de rentrer avant que le jour ne se lève. Ah ! Et j'essayerai de te rendre tes vêtements avant la semaine prochaine.. Si le sang ne part pas, je t'en achèterai d'autres.. Bien que je ne sache pas du tout comment tu aime t'habiller.. Enfin bon, je verrai !


Elle s'approcha de lui et, l'embrassant de ses bras, resta quelques secondes immobiles et lui souffla ses derniers mots.

-Prends soin de toi surtout, que le destin ne nous sépare pas de nouveau par une fin tragique, ce serait bien bête, et j'en serai bien attristée. Merci.. Merci d'avoir prit ma défense, tu n'étais pas obligé de le faire, et pourtant, tu l'as fait. Tu n'as pas tellement changé au fond, tu es toujours quelqu'un de bien, ne doute pas là dessus. ..Je.. Non.. Repose toi mon très cher ami, et ne me propose plus jamais de ton sang, sinon je t’assomme. Est-ce bien clair ? Haha, bonne nuit mon tendre. »


Elle lui déposa un baiser dans le creux de son cou, s'éloigna et tourna les talons. Elle aperçu Leann du coin de l’œil, habillée d'une simple serviette, mais elle n'en prit guère gare. Elle s'en allait, elle n'avait plus aucune raison de lui en vouloir, c'était ce qu'elle souhaitait depuis le début. Elle sentait qu'on la suivait du regard et cela la mettait mal à l'aise, de plus le claquement de ses talons sur le sol lui paraissaient bien plus amplifiés qu'habituellement, ce qui avait le don d'augmenter encore plus sa nervosité. Elle avait vraiment en horreur de sentir le regard des autres sur elle. De plus, la façon dont elle avait amorcé son départ de l'appartement était des plus dignes romans ou séries télévisées. Elle en était d'ailleurs un peu honteuse, bien qu'elle ne souhaitait pas que cela y ressemble. Et puis, à quoi bon ? Elle n'allait pas non plus calculer tout ce qu'elle faisait, ça deviendrait vite invivable. Elle sorti du bâtiment, et prit le temps de respirer l'air frais de la nuit. Nuit qui d'ailleurs, n'allait pas tarder à laisser place au soleil. La jeune femme pressa le pas, il était encore trop tôt pour prendre les transports en commun, et pourtant trop tard pour prendre le temps. Tant et si bien qu'elle se mit à trottiner sans vraiment s'en rendre compte. Mes ses pas se stoppèrent net quand un timbre de voix lui parvint. Jilan cria son nom pour l'appeler. Elle se retourna, surprise. Leann le suivait de très près. Elle avait troqué sa serviette de bain par une robe noire toute simple, sans la moindre fantaisie, mis à par le flot à l'une de ses bretelles. Courte, certes, mais décente. Alors, Eléanore s'arrêta, et les attendit avec un sourire doux. La nuit était loin d'être terminée.

Spoiler:

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