Le week-end, enfin ! Finit les cours et les obligations universitaires, Astelan pouvait enfin se consacrer pleinement à la découverte du monde. Chaque ville, pays, continents ... tous ce qui existait et ce qui était habité par l'homme. Du nord au sud, du matin au soir, du récent au dévasté. Il devait voir, observer, analyser, comprendre dans le seul et unique but de découvrir comment sauver Mère-Nature. Mais il n'était qu'un élémentaire, et même si sa condition le propulsait au delà de bien des gens vivants depuis longtemps, il était limité par le respect de son anonymat. En effet, il désirait éviter toute sorte de problèmes, passer pour un simple humain doué en architecture qui visitait les bâtiments anciens et nouveaux pour perfectionner son art, parlait aux populaces locales pour en apprendre toujours plus. C'est pourquoi, aujourd'hui, il avait besoin d'une personne précise, qui lui permettrait ces visites à travers le monde, en toute quiétude. Il n'avait encore jamais fait affaires avec une personne des "bas-fonds" d'Avventura, et ne savait pas trop à quoi s'attendre, mais il était sur que si l'argent était présent, il pourrait obtenir ce qu'il désirait.
Il était totalement méconnu des receleurs, voleurs, assassins et tout ce qui pouvait composer les rebelles, ou du moins ceux qui n'éprouvaient aucun respect pour les lois en vigueur. C'était donc son majordome, habitant d'Avventura depuis sa naissance, qui s'était occupé de planifier le rendez-vous avec un professionnel. Astelan s'était contenté de lui laisser carte blanche pour le recrutement du meilleur, lui faisant confiance.
C'était donc samedi matin, aux alentours de 11h que la rencontre allait se dérouler, dans le bureau du jeune élémentaire, lieu totalement insonorisé et sécurisé qui empêcherait les deux personnes d'être dérangés. Il y avait en son centre un immense bureau de bois avec un ordinateur dernier cri pour la modélisation de maquettes et le calcul des forces physiques appliquées, sur trois écrans différents, mais aussi de nombreux livres de modélisme, des feuilles d'esquisses. Bref, un gros foutoir qui laissait néanmoins encore assez de place pour la discussion entre les deux personnes. L'immense pièce était placée dans l'aile droit du premier étage, et donnait sur la bibliothèque personnelle d'Astelan, et ses appartements.
Le majordome attendait dans le hall d'entrée pour accueillir et mener le professionnel vers le bureau, et se contenterait de servir des boissons au début, pour disparaître et les laisser tranquille. Il ne restait plus qu'à l'invité de se présenter.
Séréna se présenta au manoir de son nouveau client. Robe d’été blanche et noir, sandale noir attaché par des rubans, son regard caché derrière des lunettes fumées, sac noir à l’épaule, la jeune femme d’affaire semblait plus prête à une balade qu’à une rencontre d’affaire avec son look décontracté. Rapidement, elle reconnue l’homme qui c’était renseigné à la recherche d’un faussaire, quand il ouvrit la porte pour l’accueillir. S’il espérait avoir contacté une escorte son maître serait pas déçu de la vue, mais du service. Elle lui jeta sourire amusé à ses propres pensées, son regard toujours caché derrière ses lunettes opaques.
Le majordome de la maison avait recherché ce qui avait de mieux, à ce qu’elle avait entendu. Bien sûr c’était à son père qu’il devait avoir pensé connu dans ce milieu, depuis tant d’année et encore plus dans le milieu, malgré qu’il ne faisait que rarement affaire avec des gens riches et ou célèbre. Malheureusement pour lui, il ne restait qu’elle depuis la mort de son père. À l’homme qui l’avait contacté en demandant la plus grande discrétion, elle ne prononça pas un seul mot, de toute façon vu l’attitude, il avait très bien compris que ce n’était pas une visite de courtoisie ou pour vendre des aspirateurs.
Séréna refusa à boire et à manger. La méfiance était la clef d’ordre de la jeune femme. Elle s’écrasa dans un fauteuil sans même lever la tête vers l’équipement haute technologique de l’homme, tout comme elle n’avait pas levé les yeux lors de la mini visite jusqu’à cette pièce centrale. En gros, elle sembla n’en avoir rien à faire de la richesse mobilière de sa rencontre d’affaire. Sortant son téléphone de son soutien-gorge noir sous sa robe blanche, elle finit par faire apparaître son regard turquoise au-dessus de ses lunettes noires. Elle observa ce qu’elle comprit comme être son client et sembla s’en amusé un petit sourire trahissant légèrement ses pensées. Malgré cela, Séréna ne porta aucune remarque.
- Je fais rarement de visite à domicile, en fait jamais, j’espère que ma venue ne sera pas veine, je n’aime pas me déplacer pour rien.
Sa voix douce et remplie de malice brisa soudainement le silence, alors qu’elle retira enfin ses lunettes pour exposer son regard à son nouveau et jeune client riche et important. Le respect, la délicatesse et la politesse n’était pas sa marque de commerce, mais elle avait bien envie de mieux voir le jeune homme et accrocha ses lunettes à son décolleter. Téléphone d’une main, elle croisa les jambes.
- Le gars qui ressemble à un Alfred, m’a laissé entendre que tu avais des documents à faire qui était des « affaires d’ordres personnelles » nécessitant la venue d’une personne avec mes connaissances et de mon calibre directement à domicile. Sympa de sa part à ton domestique, servant ou je ne sais pas quoi d’autre…
Elle laissa échappée un petit rire s’écrasant légèrement plus dans le fauteuil faisant une brève moue sous le coup d’une pensée. Sûrement devait-elle se présenter. Elle ferma un bref moment les yeux tournant brièvement la tête.
- Séréna Mandor artiste de la contrefaçon.
Finit-elle par dire un sourire au coin des lèvres, très fière de son titre qu’elle s’était elle-même attribué. Le regard se reposant pour observer et attendre de savoir quel était la raison de sa venue dans ce petit château.
Les comportements humains étaient toujours admirables à observer, chacun ayant sa propre marque ou particularité qui le rendait unique. Certains jouaient les niais, d'autres les pitres, certains les hommes importants, esprits libérés, religieux, respectueux, ... tout un panel qu'il était impossible à définir entièrement tant leurs aspects étaient complexes. Mais face à Astelan se trouvait un spécimen qui était considéré comme très beau selon les critères mortels, voir très sexy. De ce qu'il avait compris des habitudes masculines depuis qu'il était arrivé, il devrait à présent être noyé dans ses yeux, et surtout dans son décolleté, à boire la moindre de ses paroles, puis faire ressortir ses avantages pour tenter de la séduire. Charme naturel, muscles, pitreries, argent, ... tout ce dont on pouvait imaginer pour conquérir une personne du sexe opposé. Mais il n'était pas intéressé par ça, seulement par l'étude du comportement, et son affaire.
Il s'amusa ainsi à l'observer faire ce qu'il appelait "une parade démonstrative", qui consistait à montrer son assurance, et sa confiance dans ses talents de faussaire. Au premiers abords, c'était vrai qu'il s'était plus attendu à un homme, mal habillé et quelque peu dérangé psychologiquement, aussi la vue de cette jeune femme bien habillée qui se disait la meilleure avait quelque chose de rassurant. Il la laissa s'installer sans dire le moindre mot, sans bouger la moindre partie de son corps, simplement en la fixant droit dans les yeux. Il l'écouta parler, se présenter, et préciser que ce qu'il allait lui demander était vraiment important pour qu'elle ait à se déplacer elle-même. Pour ce point là, il était sur qu'elle n'avait jamais eut une telle demande, ou du moins d'une aussi grosse importance.
Astelan laissa un petit moment de silence, plus par nécessité que par effet de style. Il réfléchissait à la façon de présenter le plus simplement possible ce dont il souhaitait, en donnant le plus de détails possible, tout en préservant une certaine part d'anonymat qui lui servait de protection. Il finit par poser ses coudes sur le bureau, et croiser ses doigts devant sa bouche.
-C'est un majordome. Et si il vous a demandé de venir ici c'est par ce que j'ai besoin de discrétion ... et de vos talents.
il balaya le dessus du bureau avec ses mains, comme pour montrer l'étendue de son travail qu'il faisait actuellement, et qu'il s'agissait d'une chose primordiale.
-Imaginez qu'un jour, je me retrouve dans un pays quelconque du monde, occupé à ... mes affaires ... et que les forces de l'ordre de ce même pays en viennent à me questionner. Et c'est à ce moment que vous entrez en scène. Il faut qu'avec un simple bout de papier confectionné par vos soins, je puisse continuer en toute quiétude mon travail. Je ne vous parle pas d'argent glissé dans les poches d'un policier, je veux qu'il croit que je suis présent dans son pays de manière tout-à-fait légale. Quelque soit ce pays.
Il en avait bien assez dit à son goût, même trop. Il voulait vraiment dévoiler le minimum de ses agissements pour laisser croire qu'il n'est qu'un humain, riche, qui voyageait pour un quelconque business. Il n'aimait pas dévoiler sa véritable nature d'élémentaire d'air autre qu'à ses frères et soeurs, car ses donc attireraient sans aucun doute la convoitise des Rebelles ou du Cercle, et ce dont il avait besoin, c'était de tranquillité.
Séréna toujours le regard posé sur son client, sans poser de question jusqu’au moment du vrai sujet et une petite lueur se mit à briller au fond de ses yeux turquoises. Au point où elle rangea lentement son téléphone dans son soutien-gorge pour regarder plus sérieusement le jeune client. Elle sembla prendre la demande de son client avec un énorme sérieux et semblait réfléchir. Son air ne sembla jamais se soucier de la froideur du mystérieux jeune homme, ni le regard détaché de celui-ci.
- Rien à foutre du titre d’Albert, je ne suis pas là pour ça. Pour ce qui est de mes talents, vu ta demande je comprends parfaitement vouloir du talent… C’est faisable, mais c’est un travail de très longue haleine et ce, sans parler du prix que tu ne sembles pas vraiment te soucier. Bien sûr, en plus d’avoir besoin d’un passeport, il faudra des visas et des documents de travail. En plus, je vais sans doute t’être déplaisante, mais un petit papier magique n’existe pas.
Elle prit un air sérieux et sortit de son sac son ordinateur et l’ouvrit. Elle se mit à tripoter rapidement le clavier sans relever les yeux vers le jeune client qui lui demandait un travail considérable et ce, avec très peu d’élément d’information. Séréna toujours l’oreille attentive à son client et de ce qui se passait autour continuant d’écrire et se tapoter le contrôle tactile.
- Tu es chanceux, car le mot impossible je ne le connais pas. Cependant, je connais le mot rêve et toi tu rêves en couleur. Il n’y a aucun document « passe-partout » sur cette planète. Chaque pays est différent, donc chaque papier qui fera taire la police l’est aussi, et ce, si tu ne tombes pas sur de la police corrompue, alors là je n’ai absolument rien pour toi, puisque qu’ils veulent toujours de l’argent « cash ».
Séréna releva le regard vers son client fermant son ordinateur pour le regarder droit dans les yeux. Son air avait changé, l’étincelle toujours dans ses yeux, mais le sourire de plus tôt avait laissé place un air sérieux tirant vers une expression qu’elle avait un idéaliste devant elle.
- Tu sembles être quelqu’un de discret, pour ne pas avoir pris la peine de te présenter, comme le ferait une personne, même aussi riche que tu sembles l’être par ta jolie maison de poupée. Le seul problème, c’est que tout est informatisé de nos jours. Alors faudra que tu sois beaucoup plus précis si tu veux qu’on fasse affaire. Ce que tu vas faire comme travaille, j’en ai rien à foutre, ça m’est autant égal qu’un rat crevé. Moi je veux savoir des choses beaucoup plus techniques. Je dois savoir quel sera l’étendu du travail qui m’attends, alors que toi tu dois savoir que tu devras me faire des demandes de papiers pour chaque pays que tu visiteras. En plus de concevoir que ces papiers t’assurons surtout l’entré dans le pays et moi sur la police qui adore avoir des pots-de-vin.
La jeune femme d’affaire son ordinateur toujours sur les cuisses croisa les bras semblant se parler à elle-même un bref instant pour tenter de retrouver son calme et releva lentement le menton tout en gardant son regard sur lui.
- En gros, j’attends de savoir si tu es prêt à devoir me dire à chaque fois que tu quittes le pays pour que je puisse modifier les registres internationaux en plus de te faire les papiers de travail et de visas pour le pays où tu iras. Car oui je ne peux pas faire ça une fois et que tu n’entendes plus parler de moi ensuite. C’est un travail important en plus si tu attends obtenir une identité qui se rattache avec ça. Faudra être un peu plus explicite.
Elle finit par fermer les yeux, faisant bouger légèrement son pied en réfléchissant. Séréna semblait se questionner sur ces possibilités qui étaient au final très mince. Puis, elle murmura avec un petit air amusé qui était revenu après avoir mis sur la table tout ce qu’elle avait à dire :
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par Invité Sam 3 Aoû - 16:41