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Message par Invité Lun 24 Juin - 4:25

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Il n'y avait rien à faire, elle était sortie trop tôt. Le soleil avait tout juste commencé sa descente vers l'horizon que déjà notre vampire s'était précipité dehors. Elle en ressentait maintenant les conséquences. En plus de s'être fait brûlé à quelques reprises, elle ne pouvait pas aller ou bon lui semblait, puisque les rayons meurtriers dardaient un côté de la rue et laissait l'autre dans l'ombre. C'était évidemment du deuxième côté qu'elle marchait. La raison d'une sortie si hâtive n'avait rien de bien compliqué : elle n'avait plus de shampooing. Et oui, cela faisait partie des aléas de la vie, et il fallait en racheter. Se rendant jusqu'au magasin désiré, elle était restée plantée du mauvais côté de la rue, attendant que le soleil baisse en intensité pour pouvoir traverser. La vampire jetait des regards un peu las autour d'elle, cherchant peut-être un commerce qui vendrait le produit désiré, et qui se trouvrait du même côté qu'elle. Elle se trouvait en fait devant un restaurant dont elle avait déjà entendu parler, et puisqu'elle n'avait rien d'autre à faire, s'était lancé dans la lecture des heures d'ouverture et du menu…la galère… D'un coup ses yeux tombèrent sur un écriteau sur lequel il était écrit que l'établissement recherchait du personnel. Eleonor, pour passer le temps, s'était mise à considérer l'emploi. Depuis son embauche au Cercle, elle s'était retrouvée avec plus de temps libre qu'elle ne s'y serait attendue, et, bien sûr, avec moins d'argent qu'elle n'en gagnait avant. Ceci l'avait porté à penser qu'elle pourrait bien se trouver un autre travail. Un petit quelque chose qui la garderait occupée et arrondirait ses fins de mois. En voyant l'enseigne, elle s'était rappelé avoir déjà été serveuse, et dans le pire des cas elle ferait bien la plonge. L'idée de faire ce genre de travail avait fini par prendre sa place dans son esprit, elle ne s'en trouvait plus aussi dégoutée qu'il y avait quelques mois, et puis l'endroit avait bonne réputation. Elle était donc entrée dans l'établissement luxueux avec en tête peu d'espoir d'être engagé, mais aussi avec la volonté d’essayer. Après avoir précisé qu'elle était ici pour faire une demande d'embauche, Eleonor s'était fait conduire à la cuisine par une des serveuses. Elle s'attendait plutôt à ce qu’on la conduise jusqu’au bureau du propriétaire, et observait autour d'elle avec attention. L'ambiance était pour le moins animée. Il devait y avoir une dizaine de personnes qui cuisinaient toutes en même temps, et se parlaient très vite, en disant peu de mots. Leur mains étaient rapides et efficaces et, bien que l'endroit fut petit pour une si grande quantité de monde, personne ne se marchait sur les pieds, tout semblait fonctionner rondement comme les engrenages d'une horloge méticuleuse, en suivant un ordre bien précis. Chaque personne savait ce qu'elle avait à faire, et les assiettes sortaient en salle nickel.

- Bonjour bonjour mam'zelle! Alors comme ça vous venez pour le poste de commis?, avait lancé le chef de cuisine.

Eleonor avait affiché un air surpris tout en rendant la poignée de main de cet homme qui lui avait donné une petite tape sur l'épaule, chaleureux. Il s'agissait d'un humain plutôt grand et corpulent dans la mi-cinquantaine, aux cheveux gris avec un nez aussi rouge que s'il était atteint de rosacée. En plus d'avoir l’air vif, l'homme dégageait beaucoup de charisme, on se sentait obligé de l'écouter lorsqu'il parlait. Ainsi Eleonor fut obnubilée un instant par ce personnage intimidant et n'eut pas le temps de répondre avant qu'il n'enchaîne.

- Eh bien je...

- Allez, suivez-moi, il n'y a pas de temps à perdre parce que, comme vous le voyez, c'est le coup de feu.

Si Eleonor avait pris la peine de lire toute l'enseigne un peu plus tôt, elle aurait vu qu'il était spécifié toute en bas, en petits caractères, qu'en effet l'établissement cherchait quelqu'un pour combler un poste de commis uniquement. Ceci expliquait pourquoi le chef de cuisine, qui semblait aussi être le propriétaire, ne lui avait même pas demandé quel poste elle convoitait. L'homme s'était retrouvé en une fraction de seconde près d'un comptoir qui n'était pas utilisé, et y avait posé quelques ingrédients: tomates, caviar, endives, avocats, ail, huile d'olive, bouillon de poulet, canard confit. Durant ce temps, la vampire l'avait rejoint et écouté sans oser dire quoi que ce soit.

- Il y en a qui posent des questions ou qui regardent les CVs. Pour moi, ça ne dit rien du tout. Voilà pourquoi vous allez cuisiner quelque chose avec au moins un de ces ingrédients, et que c'est là-dessus que je me baserais pour votre embauche. Vous pouvez préparer ce que vous voulez.… Ne restez pas planté là! Bougez-vous! Allez allez! Et s'il vous faut autre chose, le réfrigérateur est juste là.

- C'est que je ne crois pas que je saurais…

- Allons! Essayez quelque chose!

Ravalant sa salive, Eleonor ne bougeait plus. Pourquoi ne disait-elle rien? Elle n'avait qu'à spécifier qu'elle s'était trompée et qu'elle était là pour être serveuse. ''Je suis beaucoup trop vieille pour faire ce genre d'idiotie'', pensa-t-elle. Et pourtant, elle était en train de se laver les mains. Elle s'était mise à couper un avocat maladroitement sous le regard suspicieux du vieux chef, sans même savoir ce qu'elle allait réaliser comme plat. Au fond si elle se plantait, et c'était certainement ce qui allait arriver, alors elle se ferait mettre dehors et point barre. Tant pis, de toute façon l'impétueux homme ne lui laissait pas dire un mot, alors c'était sa faute. Elle avait découpé le pourtour, séparé le fruit en deux morceaux, puis avait tenté de retirer le noyau de l'une des deux moitiés en tirant dessus avec ses doigts. Inutile de dire que, le noyau étant recouvert du fruit glissant, elle n'en fut pas capable même après plusieurs tentatives. Sentant la pression monter, Eleonor, sous l'oeil accusateur du vieil homme, avait soupiré, puis affronté son regard. Il l'observait minutieusement sans dire un mot. Lui qui s'était montré si imposant et ne lui avait laissé que très peu d'espace pour placer ses mots se montrait maintenant silencieux.

- Votre tête me dit quelque chose… Vous seriez pas actrice?

- Actrice? Euh…non. Non, pas du tout, dit-elle en haussant les sourcils, surprise.

- Vous vous appelez comment?

- Eleonor Doherty.

- Doherty? C'est vraiment votre nom?

- Oui pourquoi?

Ça y était. Le cuistot s'était rendu compte de qui elle était: la chirurgienne qui avait déshonoré sa profession et s'était fait virer. Elle reportait son regard sur son ouvrage, se demandant comment elle s'était retrouvée dans cette situation alors qu'elle était seulement sortie acheter du shampooing. L'homme lui avait alors retiré le couteau et le demi-avocat des mains, puis il avait planté la lame dans le noyau et avait tiré d'un mouvement habile. Le fruit avait été dénoyauté dans un geste fluide et expert. Eleonor le constatait ébahi.

- C'est donc comme ça qu'il faut s'y prendre…

- Réessaie.

Reprenant courage, elle s'était exécutée. Au fond ce n'était pas une tâche très difficile, il fallait seulement avoir la bonne méthode, ainsi elle réussit à dénoyauter le fruit par elle-même au premier essai. Tandis qu'il l'observait, toujours dans ses pensées, un éclair était passé dans le regard de son interlocuteur, signifiant qu'il venait peut-être de comprendre quelque chose.

- Tu connais la pâtisserie?

- Écoutez, il faut que je sois honnête avec vous… En fait, je venais pour être embauchée comme serveuse et je ne connais presque rien à la cuisine… Désolé de ne pas vous l'avoir dit plus tôt. Je crois que je ferais mieux de m'en aller.

Il y eut alors un silence de quelques secondes durant lequel Eleonor avait marché en direction de la sortie.

- Ça va, tu es engagé. Commis pâtissière. Arrive demain à 11h, on va commencer ta formation. Et t'avises pas d'être en retard. Maladroite comme tu es, si en plus tu n'es pas ponctuelle!

Puis l'homme avait rejoint son équipe et continuait de s'affairer avec toujours autant de verve. Cet entretien étrange, qui laissa la vampire bouche bée, n'avait pas duré plus de dix minutes, et elle quitta le restaurant sans tout de suite réaliser ce qui venait de se passer. Pourquoi l'avait-il engagé? Ça n'avait aucun sens! Il faudrait qu'elle y réfléchisse un peu. Une fois dehors elle put constater que le soleil n'avait quasiment pas progressé dans sa course, et se tenait toujours plantée du mauvais côté de la rue, à attendre la nuit.
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