| par Invité Mar 7 Mai - 19:54
| La situation était plutôt comique, quand on pensait un peu. J'étais un pleine lumière dans un bahut qui était sensé être fermé, à discuter paisiblement avec une pionne lightness... Et pourtant, comble de l'insensé, je trouvais ça très agréable. C'était une fille possédait un certain sens de la répartie, de l'ironie, et plus que tout, c'était un être BON. Une vraie expérience pour moi, qui n'ai jamais fait que le mal et côtoyé des êtres à la moralité douteuse. Il était peut-être irréel pour une personne comme moi, ou même tout simplement pour un vampire, dédevenir ami avec une créature du jour comme Nephtys. Peut-être bien que même Néro n'en reviendrait pas, et bien qu'il ait l'habitude d'être surpris par mon attitude, cette fois-ci il risquait de ne plus me reconnaître ! L'humour de la pensée élargit légèrement le sourire présent sur me lèvres. Que de temps, passé à fuir le simple fait d'avoir des amis, et du jour au lendemain, tout bouleverser pour sympathiser avec un être solaire ! Je dois avouer que même moi, j'avais du mal à me suivre parfois !
Me ré-appuyant contre le mur, les mains dans les poches, je regardais la jeune fille avec impassibilité. Elle avait des traits plutôt fins, des longs cheveux noirs et une claire, bien que toujours plus colorée que la mienne. Il fat dire aussi que j'avais renoncé à me maquille depuis quoi... Trente bonnes années ? Forcément, on se rendait assez vite compte que j'étais pas humaine, ou on s'imaginait que je venais du nord, possiblement du Canada ou de la Russie. Ce qui, en soi, me paraissait stupide, mais bon ! L'imagination ne tuait pas, il valait mieux faire preuve d'inventivité que de vivre dans un monde en nuances de gris, comme il l'était réellement. Ca égayait les journées de quelqu'un qui n'avait rien d'autre à faire que de s'imaginer en super héros ou en grand chanteur ou acteur. La déprime était pas marrante, surtout pour les vampires qui avaient à supporter les jérémiades de leurs victimes à longueur de nuits. Tuer quelqu'un qui n'avait plus d'espoir, ou même lui faire croire qu'il allait mourir et perdre ce qu'il avait de plus précieux au monde, ce n'était pas franchement ce qu'il y avait de plus marrant ! La réaction très, peut-être trop, enthousiaste de la lightness me fit éclater de rire:
- Ta joie reste communicative, quoi qu'il en soit ! je n'avais jamais vu quelqu'un, en dehors de mon fiancé peut-être, réclamer avec tant d'enthousiasme mon aide ou même ma présence. Ca me change !
Quand elle se rendit compte de son erreur elle se mordilla la lèvre, geste plutôt séduisant par ailleurs, et essaya de prendre un air sérieux en fronçant les sourcils, mais ce n'était pas très convaincant. Elle-même s'en rendit compte, car elle sourit légèrement, signe qu'elle n'était pas satisfaite de sa prestation. mais les plus grands champions n'étaient-ils pas tombé sept fois pour se relever huit fois avant de parvenir à leurs objectifs ? Les plus petits essais ou preuve de bonne volonté étaient déjà un pas, aussi maigre soit-il. Une lueur d'espoir était parfois mieux qu'un noir total ! Pourtant, Dieu seul sait que j'aime l'obscurité, faute de pouvoir vivre comme avant, à la lumière du jour. Je n'avais jamais été vraiment une nocturne, et les balades au soleil ou au couchant sur la plage de Toscane me manquaient. La douceur réconfortante de l'astre diurne n'était plus qu'un lointain souvenir, vide de son ardeur d'antan. Tout ça n'était plus qu'un nuage, presque flou, terne de la joie passée. Le sable sous mes pieds, les claquements réguliers des vagues contre les rochers, l'écume des flots s'écrasant sur le rivage.
Les magnifiques paysages de ma Florence natale, l'éclat presque sauvage de la villa sur cette colline surplombant l'immensité bleue, n'étaient plus qu'un tas de cendres:
-Moi aussi, je pensais me connaître avant de muter. Alors que j'aimais tant la lumière du soleil sur ma peau, il a fallut m'expliquer que je ne pourrais jamais plus y aller, sauf pour espérer mourir. Moi qui aimait tant le sable de l'Italie, je ne retourne sur la plage que durant la nuit, alors que je haïssais l'obscurité plus que tout. Moi, native de Florence, on m'a privée de mon pays, et forcée à l'exil. Moi qui avait une famille, il n'en reste plus que de vagues souvenirs. Alors oui. Je pensais me connaître. Tu vas devoir passer par là, bien que je te souhaite une transition plus facile. Devenir une autre chose, c'est d'abord adopter un autre mode de vie, qu'il te plaise ou pas. Cela dit, tu as la chance de pouvoir sortir et la nuit, et le jour. Profites-en, même si la noirceur t'affaiblit. Tu as d'autres moyens de te protéger que tes pouvoirs. J'ai appris à me battre, mes capacités me faisant défaut ou me mettant trop longtemps au tapis. Mais je ne pouvais pas expliquer ça à ceux qui n'espéraient qu'une chose: me détruire à jamais. Alors, j'ai trouvé une solution, une porte de sortie. Si la vengeance m'a donné des ailes, tu dis pouvoir trouver un but.
Me redressant, toujours les mains dans les poches, pour m'immobiliser de nouveau, droite devant Nephtys, je souris en coin aux paroles de cette dernière. Cela dit, il n'y avait ni prédation, ni animosité dans cet espèce de rictus un peu méprisant. Oui, je pouvais être dangereuse. Comme tous les vampires, non ? Dès qu'ils étaient hors de contrôle, pris au piège par leurs émotions, mes congénères et moi-même pouvions non montrer au moins aussi mortels, violents et ingérables que les lycans. Mais ne voulant pas donner raison à ceux que je considérais comme des bêtes, je tâchais de tenir en laisse ce côté de ma personnalité:
-Oui, je peux être un vrai danger. C'est vrai, je ne m'en cache pas. Mais j'ai de bonnes raisons pour m'empêcher d'être comme ça. Pas que j'en devienne inoffensive, je reste un vampire. Pourtant, je fais tout pour contrôler es émotions. C'est ce qui fait souvent perdre la boule à mes congénères. Vampire, on ressent tout beaucoup plus fort: le désir, l'amour, l'amitié... Mais aussi la soif de sang, de meurtre et de mort. Tout est une question de volonté, de contrôle. Même de très vieux vampires n'y parviennent pas, mais quand je veux quelque chose, je suis plutôt du genre... Obstinée ! Je ne lâche pas tant que je ne suis pas à destination. Je dois tenir ça de ma mère.
A l'évocation de ma mère, je serrais les poings de manière indiscernable. Un voile de tristesse me tomba dessus, mais je maintins mon bouclier en place, pour ne pas dévoiler mes émotions. Comment apprendre à quelqu'un à rester impassible et fermé, si je me mettais moi-même à fléchir sous le coup du manque, de la colère et de la soif de vengeance, alors que je prétendais chercher à devenir meilleure ?
-Il y a de fortes chances pour que ton sang ne soit pas à mon goût, en effet. Les créatures autres que les humains, même les vampires d'ailleurs, on un sang au goût très différent, parfois très désagréable. Je crois que l pire que je n'ai jamais gouté doit être celui des lycans. Il est infâme ! Mai bon, nous ne sommes pas là pour parler de ça. Bin que ton entraînement va aussi consister à récolter des infos sur toutes les espèces, pour mieux savoir t'en protéger. Alors si tu as des questions su les vampires n'hésite pas à me demander.
Je souris à mon tour:
-On a déjà commencé, non ? Mais on ferait peut-être bien de continuer dans un endroit plus... Chaleureux. Qu'est-ce que tu en penses ? |
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