Avventura
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Message par Invité Lun 15 Oct - 21:40

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Nouvelle naissance, nouveau départ, nouveau retour en ville, cette fois la tête haute et ses jambes le tenant fermement. Il marchait à travers la forêt et les arbres passaient sous ses yeux aussi silencieux que lui l'avait été pendant ces quelques mois de méditation, à quelques moments particuliers près. Il avait désormais compris comment se maîtriser, comment contrôler ses capacités, comment entrer en contact avec la Nature pour quémander son aide, il savait désormais ce que c'était d'être un élémentaire, d'être un et unique, d'être ce qu'il était tout simplement. D'autres existaient certainement, étaient-ils tous nés comme lui?

Il traversait à présent les chemins de campagne en regardant devant lui les toits de la ville qui se profilaient à l'horizon, acquérant une taille de plus en plus élevée à mesure qu'il approchait. Le ciel qui était quelques heures plus tôt illuminé par le soleil du matin était maintenant couvert de nuages gris et à l'humidité lourde qui régnait dans l'air on pouvait deviner que la pluie se lâcherait gaiement sur les courageux sans accessoires quelconques pour se protéger. Oui, l'air était lourd et s'il avait pu parler, sans doute aurait-il chuchoté à l'oreille de ceux qui voulaient bien entendre ses secrets qu'il attendait avec impatience de se faire plus léger et plus frais, que les mois d'été étaient finalement passés et qu'il en était bien aise, fatigué qu'il était de se cacher bien haut pour ne distribuer ses courants d'air qu'aux oiseaux et aux lourdes armures des avions.

Les pensées se firent plus nombreuses et sans s'en rendre compte, l'élémentaire posait pour la seconde fois ses pieds à l'entrée de la ville. Ses yeux se baladèrent dans tous les sens alors qu'il s'avançait plus en profondeur dans les méandres d'une ville où les gens s'agitaient comme des fourmis, courant dans tous les sens. Les rues dans lesquelles il se trouvait à présent étaient bondées et les magasins en activité. Beaucoup sortaient en hâte, les épaules courbées par le poids de sacs parfois remplis à ras bord de trésors en tout genre que les vivants semblaient aimer plus que tout, du moins c'était l'impression qui se dégageait quand leurs regards béats croisaient celui d'un être qui lui remarquait plus l'absence de verdure dans la ville que les vitrines des boutiques.

Sentant que les gouttes entamaient leur descente, il accéléra le pas tout en rabattant la vieille casquette blanche qu'il avait trouvée dans cette étrange cabane dans la forêt, ainsi que d'autres vêtements et un peu d'argent. Si le destin semblait pour l'instant aimable avec lui il se demandait quand même s'il y avait un prix à payer plus tard en compensation de sa chance. Il plongea ses mains dans les poches arrières de son jean pour en extraire une de ces cartes de la ville proposées sur quelques stands à l'abandon, encore quelques rues et il retrouverait l'hôpital. L'impatience le gagnait alors qu'il pensait qu'il pourrait enfin revoir Eleonor Doherty. Alors qu'il marchait, comme il l'avait prévu plus tôt, les perles d'eau commencèrent leur joyeuse attaque. Alors que l'eau tombait par rafales et qu'il s'éclaboussait dans les flaques qui se formaient déjà dans les creux de la route, la légèreté de son humeur restait constante. Il regardait autour de lui en se demandant pour quelle raison les gens tentaient d'éviter le déluge, après tout ce n'était que de l'eau. Les vivants avaient de bien drôles d'habitudes.

Après quelques minutes de marche qui n'épargnèrent pas son T-shirt, lui aussi blanc, et ses basquettes noires, il arriva devant un bâtiment d'où plusieurs lumières et sons sortaient. C'était un magasin plus grand que les autres et qui vendait des articles divers et variés dont l'élémentaire ne devinait pas l'utilité. Il posa sa casquette sur un banc adjacent en pensant la reprendre plus tard pour se diriger, curieux, vers l'étrange endroit, ce qu'il ne savait pas c'est que l'Homme aimait ramasser ce qu'il trouvait pour le garder, ainsi quelques secondes plus tard un mendiant passait pour dérober le couvre-chef. Il tourna la tête pour voir le voleur s'enfuir puis entra tout de même tranquillement, peut-être l'étranger lui rapporterait l'objet plus tard, qu'importe si ce n'était pas le cas. Il pouvait maintenant s'accorder quelques minutes de repos pour observer les humains dans leurs activités quotidiennes. Sous l'effet de ses vieilles chaussures trempées et du sol glissant de l'entrée il perdit un instant l'équilibre et, incapable de stopper sa chute, s'étala de son plein sur une jeune femme qui elle se dirigeait vers la sortie.

Spoiler:

Message par Invité Mar 16 Oct - 20:54

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La journée de travail avait été épuisante. La matinée, qui avait bien commencé, avait ensuite été marquée par une suite de drames: le videur avait fait un malaise et avait été transporté à l'hôpital à cause des potenciels rapports avec une maladie grâve, un des serveurs avait pris un coup de couteau par un mec qui n'avait pas fini de cuver et on avait également du le conduire à l'hosto, un pervers m'avait collé la main aux fesses et je lui en avais retourné une ( ce qui ne fut pas pour plaire au patron..)

L'après-midi s'annonçait catastrophique, et là encore, ça ne rata pas: un bande d'ivrognes c'étaient lancé des paris sur le nombre de buts que les deux équipes marqueraient au babyfoot, mais les perdants avaient mal encaissé leur défaite, et tout le monde s'était jeté pêle-mêle dans une baston, qui n'avait réussi qu'à me faire virer tout le monde. Ce fut ensuite une partie de poker qui dégénéra, et un bourré qui essayait de faire la conversation sans trop savoir ce qu'il disait qui me gerba dessus.

J'aime autant vous dire que j'étais contente que cette putain de journée se termine ! Je m'étais alors changé, et j'avais enfilé un jean slim noir, une paire de baskets rouges et un t-shirt à manches longues noir également. J'avais pris mon sac, mis dedans les fringues de boulot qui puaient le vomis, et me mis en tête de rentrer chez moi. Mais bien évidement, le sort en avait décidé autrement. Je me rappellais alors qu'il fallait que je passe dans un magasin de bric-à-brac, pour trouver je ne sais plus trop quoi.

Je me disais qu'une fois dans le magasin, je me souviendrais peut-être de ce qu'il fallait que j'achète. J'avais donc descendu la rue commerçante, jusqu'à arriver au fameux magasin, où je m'engageais. Je tournais dans les allées une bonne demie-heure, et quand je vis que je ne trouverais finalement pas ce que je cherchais, je pris mes jambes et m'en servis pour marcher jusqu'à la porte. Là encore, rien ne se passa simplement !

Alors que j'allais saisir la poignée pour quitter la boutique, un jeune homme, fraichement arrivé en ville semblait-il, glissa sur le sol mouillé et me tomba dessus de tout son poids, m'entraînant joyauesement dans sa chute ! Heureusement que mon slim était noir, et pas blanc... Dans tous les cas, il était aussi sale. Je me relevais, essayais d'essuyer mes fesses au mieux, et tandis la main au blondinet pour l'aider à se relever. Il semblait confus, et surtout égaré. Peut-être qu'après tout, bien que maladroit, il pouvait être sympa. Autrement dit: faire une bonne victime.

Il y avait certaines personnes sur qui mes illusions marchaient très bien, en principe, c'étaient les gens bons. J'avais du mal avec les autres créatures de la nuit. J'y arrivais, mais il me fallait plusieurs initives et plusieurs vagues d'images pour les faire tomber. Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais que ce gars avait un bon fond. Je décidais de faire le premier pas:

-Excusez-moi pour ma curiosité peut-être déplacée, mais vous semblez nouveau en ville, je me trompe ?

Message par Invité Jeu 18 Oct - 21:39

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Étalé sur le dos il regardait les néons du plafond qui clignotaient faiblement, dehors la pluie se faisait plus forte et, qui sait, peut-être l'orage lui aussi viendrait s'inviter. Il sentait l'eau du sol qui, lentement, remontait dans ses vêtements qui eux s'imprégnaient donc en retour de celle-ci, pour tout le déplaisir du jeune élémentaire qui frissonna légèrement. Alors qu'il se remontait pour se mettre sur ses fesses il aperçu une main tendue en sa direction, celle de la jeune femme qui était tombée avec lui. Il accepta la prise puis se releva en se dépoussiérant et en remettant ses vêtements en place, pour ensuite regarder la jeune femme.

"Je..suis désolé, j'ai glissé.."fit-il hésitant.

Eleonor lui avait mentionné que les vivants avaient pour coutume de s'excuser quand ils faisaient quelque chose de ce genre: bousculer les gens, être maladroit en causant du tort à l'autre et d'autres phénomènes encore plus détaillés les uns que les autres dans lesquels les règles de politesse étaient de mise.

"Excusez-moi pour ma curiosité peut-être déplacée, mais vous semblez nouveau en ville, je me trompe?"

Pendant qu'elle posait sa question lui était déjà à genoux pour ramasser les différents articles qui étaient tombés avec lui et la jeune femme, lors de sa chute il avait d'un côté écrasé celle-ci et de l'autre attrapé la première chose qui lui était tombée sous la main: la petite étagère remplie de babioles diverses et variées qui trônait à côté de la caisse, que Vegeo regardait étrangement en se demandant quel était donc cet outil qui faisait bouger les marchandises du quotidien que les gens troquaient contre de l'argent. Toujours à terre il leva la tête pour répondre à la jeune femme, une boîte d’agrafes à la main gauche et un slinky dans l'autre.

"Oui je suis nouveau. Enfin non..si, je..en fait je suis déjà venu ici il y a plusieurs mois et je viens de revenir."

Il venait de ranger la boîte et resta interloqué au moment de ranger le slinky, ce fameux jouet pour enfant que tout le monde avait eu entre les mains une fois dans sa vie, sauf lui bien évidemment qui était né au début de l'été..de cette année. En se relevant il commençait à faire remuer l'étrange artefact en faisant varier son poids de gauche à droite, un petit sourire discret éclaira son visage.

*Vraiment, ce n'est que le début et pourtant je sens que les vivants ne vont pas cesser de me surprendre.*

Il rangea le petit accessoire dans un coin puis reporta son attention vers la jeune femme, son manège avait duré moins de cinq secondes. La caissière le regardait, avec un peu de peur dans les yeux. Non pas parce qu'il dégageait quelque chose de dangereux, mais il n'était pas comme tous les clients habituels, le jeune homme faisait tâche au milieu de la clientèle de tous les jours. Autour d'eux, les vieillards et les jeunes voleurs qui étaient venus à la recherche de bonbons les ignoraient. Seules quelques personnes s'étaient dirigées vers eux pour les aider, pour finalement s'éclipser en douceur une fois sûres que personne ne risquait rien et qu'aucune tête n'avait été malmenée pendant la chute. Lui, ignare des regards bizarres qui le visaient et des chuchotements des enfants qui trouvaient que c'était un individu bien curieux, s'adressait à la jeune femme en continuant la conversation.

"Au fait j'espère que vous allez bien? vous n'avez pas mal quelque part? rien de cassé? vous n'êtes pas abîmée?"

Message par Invité Ven 19 Oct - 20:31

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La pluie battait son plein dehors et je n'avais, force des choses, pas de parapluie. Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais même l'impression que ça allait virer à l'orage, mais démon comme j'étais, j'adorais ces mauvais temps. En attendant, ce type était toujours étalé sur le dos, les yeux fixés sur le faible clignotement des néons. Ce jeune homme semblait d'une ignorance à toute épreuve, et se passionnait pour un rien.

Le seul fait de voir ces humains dans leur quotidient paraîssait l'impressionner. Pourtant, c'était d'un banal ! Il accepta ma main, et se releva, puis épousseta ses vêtements, vraiment mouillés.

-Ce n'est rien, ça arrive à tout le monde. Vous ne semblez pas... Habitué au mode de vie de tous ces gens. Me tromperais-je en avançant que vous n'êtes pas... Humain ?

Ces excuses ne semblaient pas naturelles, mais pourtant elles semblaient sincères. Curieux mélange...Ce gars ne semblait vraiment pas faire partie de ce monde. Même moi, j'avais réussi à m'habituer, la seule différence, c'est que j'avais été humaine, mais passons. Le garçon, a genoux, ramassait les objets tombés de l'étagère, qu'il avait entraînée avec lui dans sa chute, en même temps que moi.

Les babioles qui étaient dessus et que les humains achetaient semblaient le fasciner. Il jouait d'ailleurs avec un drôle de truc, qui devait être pour enfant au vu de sa simplicité extrême. Malgré tout, ce brave gars n'avait pas l'air de connaître. Je me baissais pour l'aider à ramasser ce qu'il avait fait chuter, et si un vendeur venait à nous poser des problèmes, je m'en chargerai. Surtout que le jeune homme ne semblait pas très habile avec les mots, et même trop peu à l'aise pour négocier.

-Ecoutez, vous ne semblez pas vraiment savoir où vous êtes. Vous ne paraissez pas non plus accoutumé au comportement de ces êtres. Ne prenez pas peur, je vous expliquerai, mais pas maintenant, et pas ici.

Le jeune garçon, avec mon aide, avait fini de remettre en place tout ce qu'il avait fait dégringoler par mégarde. Il avait finit de jouer avec l'engin qu'il avait trouvé, et avait replacé une boite d'agrafes à sa place. Je pris alors le jouet, dis au jeune homme de m'attendre là, payais le bidule à la caisse et revins vers le nouveau venu, en lui tendant le jouet. C'était peut-être ridicule, mais il fallait que je fasse bonne impression et que je gagne la confiance de mes victimes, l'effet n'en était que plus convainquant.

-Bienvenue en ville.

J'avais complètement ignoré la caissière qui regardait le garçon, un drôle d'air sur le visage. J'avais aussi zappé les quelques personnes qui avaient aidé le jeune homme, avant de s'éclipser discrétement. Ils s'étaient pourtant inquiétés de savoir s'il n'y avait pas de blessé. Je les avais tout simplement snobés, ayant trop l'habitude des ces personnes qui vous posent une question mais qui se fichent éperduement de la réponse. Les quelques vieux et voleurs continuaient bien sagement leur petit existance misérable.

-Non, je vais bien, merci. Mais quand on demande à quelqu'un s'il va bien après une chute, on lui demande s'il n'est pas "blessé", pas "abîmé". On dira plutôt le second d'un objet. Et vous ?

J'entraînais alors doucement le garçon vers la porte, en lui conseillant de faire attention à ne pas glisser de nouveau, et sortis sous la pluie, suivie du jeune homme. Je sentais dans le magasin une tension qui aurait été insoutenable pour n'importe qui, mais j'aurais été seule, j'en aurais profité pour semer le chaos à la peur chez le moindre clampain présent dans cette fichue boutique.

Message par Invité Sam 20 Oct - 13:45

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"Ce n'est rien, ça arrive à tout le monde. Vous ne semblez pas...habitué au mode de vie de tous ces gens. Me tromperais-je en avançant que vous n'êtes pas... Humain?"

L'élémentaire la regarda, étonné de voir pour la première fois quelqu'un le prendre pour quelque chose d'autre qu'un humain. Il jeta un coup d'œil autour de lui en repensant aux conseils de la vampire concernant le fait de rester discret sur la nature de ses pouvoirs, à cause du nombre encore limité d'élémentaires dans la ville d'Avventura. Même si cet avertissement était avisé, Vegeo ne voyait pas réellement les autres comme des dangers potentiels, sa naïveté continuait de le pousser vers un chemin peu sûr. Il répondit à la jeune femme avec les informations dont il disposait sur lui-même depuis qu'il était venu au monde, quelques temps plus tôt.

"Non en effet je ne suis pas humain."

Les regards de certains clients se tournèrent vers lui, curieux de savoir quelle était la race de l'étrange personnage, mais il ne continua pas la phrase en se contentant donc de simplement répondre à la question de l'inconnue sans trop en divulguer dès le premier coup. Les souffles retenus des personnes en plein suspens se relâchèrent déçus par l'interruption de la phrase. La jeune femme, après avoir tenté de le rassurer se dirigea vers une des caisses avec le jouet qu'il avait observé curieux quelques instants plus tôt. Alors qu'elle sortait l'argent pour payer, l'élémentaire se surprenait du comportement de cette étrangère à son égard. Sa première interrogation concernait sa phrase: pourquoi donc aurait-il eu peur des humains qui l'entouraient? donnait-il à ce point l'impression d'être perdu et désarçonné par l'environnement? il se posait aussi des questions concernant le caractère avenant de celle qui maintenant revenait vers lui le jouet en main pour lui tendre.

"Bienvenue en ville."

Incertain, il regarda la jeune femme en se demandant si les vivants se comportaient tous de cette façon avec les êtres qui ne semblaient pas humains puis accepta le jouet qu'elle lui offrait. C'est à ce moment là qu'il posa sa question, si ce comportement était si inhabituel c'était peut-être que la jeune femme avait pris un coup sur la tête. Elle répondit sans ciller.

"Non, je vais bien, merci. Mais quand on demande à quelqu'un s'il va bien après une chute, on lui demande s'il n'est pas "blessé", pas "abîmé". On dira plutôt le second d'un objet. Et vous ?"

Il haussa les sourcils face à la leçon de cette mystérieuse personne. Lors de sa naissance certains concepts devaient ne pas s'être imprégnés dans sa mémoire pour qu'il fasse une erreur si grossière. Il garderait cette information en mémoire à l'avenir. Savoir communiquer avec les vivants était primordial pour une bonne intégration.

*Blessé pour les vivants, abîmé pour les objets, c'est noté.*

Il informa celle-ci de son état à son tour, lui disant que tout allait bien et qu'il ne s'était rien fait lors de la chute. Elle le poussa ensuite doucement vers la sortie. Un peu désarçonné par les initiatives de la jeune femme il se laissa faire sans piper mot. Pendant qu'il ouvrait la porte sous son impulsion, il se posa la question du caractère si unique de la personne qu'il venait de rencontrer, c'était bien la première fois qu'il faisait la connaissance de quelqu'un qui ne voulait pas le tuer, qui ne devait pas s'occuper de le soigner, ou tout simplement qui se montrait si direct avec lui. Alors qu'ils sortaient, les clients eux aussi semblaient étonnés de l'aspect original de la scène qui se présentait à eux. Dehors, une rafale de vent les attendait pour leur souhaiter elle aussi la bienvenue dans les rues de l'Avventura où les passants couraient encore pour aller s'abriter sous les porches des magasins pour se cacher de la pluie. Comme un seau d'eau l'averse tomba sur eux les trempant entièrement en seulement quelques secondes. Oubliant presque pour quelle raison il était venu en ville, il attendait désormais les initiatives de la jeune femme qui avait précisé qu'elle allait lui expliquer plusieurs choses.

Message par Invité Dim 21 Oct - 12:39

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Le garçon semblait étonné de voir quelqu'un s'interesser autant à lui, dans le bon sens du therme. Malheureusement pour lui, sous mes airs de bonne samaritaine, mes intentions n'étaient pas si honorables que celà. En effet, si je cherchais à avoir sa confiance, c'était pour mieux lui faire peur, et le torturer. Ce qui m'étonnait, c'est qu'il n'hésita pas une seconde à m'avouer qu'il n'était pas humain. En général, les créatures, à part les êtres du mal, se faisaient plutôt discrètes quand à leur nature, jusqu'au moment de frapper.

C'était en effet mon cas. Sinon, mes attaques étaient moins efficaces. Mais lui ne semblait pas vraiment se méfier des autres, et du danger qu'ils pouvaient représenter pour lui. A trop vite se confier, ce petit gars allait se retrouver dans la fosse avant l'heure. Malgré tout, il restait vague. Il n'était pas humain, mais je ne savais pas non plus ce qu'il était exactement. Au moins une chose que l'on avait en commum, si on mettait à part le fait qu'on n'avait ni l'un ni l'autre peur d'être mouillés.

Nous marchions côté à côté dans la rue, désertée des passant, qui s'étaient précipités sous les devantures des magasins pour s'abriter de la pluie torentielle qui s'abattait sur la ville, tandis que le ciel devenait noir à faire frémir les âmes sensibles. Les regards de certaines personnes s'étaient retournés vers le jeune homme, à l'annonce de sa nature, et les souffles étaient retenus. Ils se relâchèrent quand les gens se rendirent compte qu'il n'en dirait pas plus. En tout cas, le jeune maladroit semblait plus détendu et un peu moins surpris de son environnement que dans le magasin.

Je continuais à penser qu'un truc clochait dans son comportement. Je le voyais mieux dans une forêt avec la végétation que dans un cadre bétonné et parsemé d'immeubles... Il avait accepté le jouet que je lui avais tendu, mais avec une certaine réserve au début. Mon comportement lui avait peut-être même laissé penser que j'avais pris un coup sur la tête dans ma chute pour être aussi attentionnée envers un parfait inconnu. De toute évidence, lui n'était pas plus blessé que moi.

Je marchais à côté de lui, les cheveux complètement trempés, tout autant que mes vêtements, qui me collaient à la peau. De l'eau ruisselait avec force le long de la peau nue de mes bras. Un pendentif se balançait doucement à mon cou. J'étais seule à en connaître la véritable utilité. Je pris une ruelle adjacente, m'éloignant de la rue principale et des boutiques, là où il y avait moins de monde. Je vérifiais d'un regard que nous étions bien seuls, et dis presque en murmurant à l'homme:

-Je ne sais pas si c'est pour vous rassurer, mais je ne suis pas si humaine que j'en ai l'air... Il semblerait que nous nous ressemblions plus que nous ressemblons à ces humains. Ces êtres, à l'attitude qui a tant semblé vous étonner sont si loin de la magie qui trône dans leur monde.... Certains sont si innocents...

Sans que je m'en rende compte, une très forte bourrasque de vent accueillimes propos, donnant un certain air lugubre à la scène. Il fallait que je retarde encore ma mutation et mon rituel. Je ne connaissais pas encore assez bien ma cible, et je n'avais pas encore suffisemment de sa confiance. Mais j'espèrais que le fait que je ne sois pas humaine ne l'effrayerait pas subitement, sinin j'allais avoir du mal à faire pénétrer mes images dans sa petite caboche..

-Au fait, je m'appelle Saphira. Et vous ?

Message par Invité Mar 23 Oct - 17:59

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Le ciel était teint de gris et les nuages, empilés les uns sur les autres, donnaient l'impression qu'une ombre énorme planait sur la ville et était prête à s'abattre à tout moment sur ses habitants. Alors que quelques éclairs zébraient l'atmosphère, les flaques d'eau s'étalaient sur la route sous le poids des véhicules et sur les trottoirs sous les pas lourds des quelques passants qui encore n'étaient pas réfugiés. La pluie vigoureuse battait contre les vitres des immeubles, ruisselant avec énergie et offrant probablement le spectacle agréable d'une sorte de cascade aux gens qui étaient derrière les fenêtres.

En contrebas, proches des magasins, on voyait différentes sortes de promeneurs. On trouvait ainsi des hommes et des femmes, respectivement en costards et tailleurs, qui tapaient du pied sur le sol parce qu'ils arriveraient probablement en retard à leurs rendez-vous, on voyait les vivants les plus vieux qui discutaient entre eux de leurs folles escapades sous des nuages tout aussi gris quand ils étaient plus jeunes, on trouvait sous un arrêt de bus deux personnes amoureuses qui s'entrelaçaient, un peu plus loin des familles où les parents réprimandaient les enfants pour les empêcher d'aller jouer sous les trombes de pluie qui se laissaient tomber. Et au milieu de tout ça, l'élémentaire et la jeune inconnue marchaient. Sans doute aurait-il été plus vraisemblable de dire que celui-ci suivait la jeune femme sans trop savoir ni comment il s'était retrouvé dans cette situation ni pourquoi elle l'entraînait dans son sillage. Elle avait promis de lui expliquer des choses alors quoi de plus naturel pour l'amant de la Nature, curieux que de la suivre? au contraire, c'était une de ces rares fois où une de ses rencontres ne finissait pas en confrontation, autant en profiter.

Logée à la même enseigne que lui, la jeune femme aussi était trempée. Leurs vêtements collaient à leurs corps comme s'ils voulaient ne jamais s'en détacher. Alors que l'eau commençait à envahir chaque parcelle de son corps, l'élémentaire passa sa main dans ses cheveux blonds qui, farceurs, retombaient en plusieurs mèches sur son front, s'amusant à masquer sa vue. Ses poches vides remerciaient quant à elle de ne pas être pleines de papiers ou de ne pas avoir été fournies en argent. Étant donné leur état les matériaux n'auraient de toute façon pas eu une vie bien longue.

Alors qu'ils marchaient la jeune femme changea de trajectoire pour s'aventurer dans une petite ruelle, adjacente à l'avenue principale dans laquelle ils se trouvaient. Suspicieux, il la regarda s'enfoncer dans les profondeurs de la zone. Certes, il était naïf, mais son comportement se faisait tout de même assez étrange, même en supposant qu'elle était une personne sympathique avec les nouveaux arrivés. Il regarda autour de lui, comme pour chercher les regards des passants, qui pourraient l'aider à se faire un avis sur la question de la suivre ou pas, d'une façon ou d'une autre. Personne ne le remarqua bien évidemment, tous étaient absorbés dans des conversations plus ou moins importantes, même parfois plus futiles qu'autre chose d'après ce qu'il entendait. Ceux-ci parlaient de scores de parties, les autres discutaient des choix des dirigeants du monde. Vegeo n'y comprenait pas grand chose mais d'après ce qui se dégageait des sujets abordés, rien ne semblait réellement intéressant. Même en ayant quelques doutes, il décida de se plonger lui aussi dans la ruelle, après tout concrètement parlant personne n'avait vraiment tenté de le tuer jusqu'à présent, mis à part Elisabeth peut-être?

Alors qu'il arrivait dans un endroit confirmé vide de tout présence vivante exceptée la leur, d'après un bref coup d'œil de l'élémentaire en tout cas, la jeune femme s'approcha lentement de lui. Intrigué par la proximité du contact, Vegeo s'étonna quelque peu pendant que l'inconnue lui susurrait quelques mots à l'oreille. Loin d'être accablé d'une personnalité très pudique, le fait que les deux corps soient si proches l'un de l'autre le laissait tout de même perplexe, c'était la première fois que quelqu'un se rapprochait autant de lui après ces derniers mois d'isolement, tous les vivants se comportaient-ils ainsi entre eux?

"Au fait, je m'appelle Saphira. Et vous ?"

L'élémentaire plongea ses yeux dans ceux de Saphira, notant que ces derniers étaient animés d'une lueur assez étrange comparée aux autres regards des personnes croisées jusqu'à présent. Le sien était d'une intensité unique et le vert de ses iris avait quelque chose de mystérieux qui relançait les questionnements posés quelques instants plus tôt. Il décida néanmoins de garder des réserves et de s'abstenir de tout jugement, après tout il ne savait rien ni d'elle ni des vivants pour juger si oui ou non sa façon d'agir était si étrange que ça. Il repensa au fait que celle-ci avait avoué ne pas être "si humaine qu'elle en avait l'air" et se conforta dans l'idée que cette proximité avec les gens auxquels elle parlait était peut-être explicable par son appartenance à une race plus sociale que les autres. Là encore il ne disposait pas de données suffisantes pour pouvoir confirmer ses propos.

"Je me nomme Vegeo."

Il marqua une pause pour la questionner ensuite sur les propos tenus dans le magasin.

"Vous disiez avoir des choses à m'expliquer tout à l'heure? de quoi parliez-vous exactement? et pourquoi devoir en parler dans un endroit si discret?"

Message par Invité Ven 26 Oct - 15:42

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Par réflexe, je suivais l'évolution du temps, alors que la plus baignait toujours mon visage. C'était une bonne chose que le temps soit aussi nuageux, car le soleil directe affaiblissait encore d'avantage mes pouvoirs. Heureusement, le ciel ne semblait pas vouloir se dégager. Ca paraissait même être le contraire. De lourds nuages gris encombraient la Voûte Céleste, s'entassant les uns sur les autres. Des éclaires vinrent même se joindre à la partie, et des trombes d'eau jaillissaient sur les trottoirs sous le poids des camions qui passaient par là.

Vue des fenêtres des immeubles, la rue devait paraître vide, à moins qu'on ne puisse même plus la voir. Et pour cause: les vitres, battues avec vigueur par les torrants ne devaient plus laisser une grande visibilité aux quelques froissards qui restaient bien au sec chez eux. Je voyais passer, sous les chutes d'eau dues aux toiles tirées au dessus des vitrines des magasins, des hommes et des femmes en tenues de bureaucrates. Je plaignais alors les pauvres femmes quise baladaient en chaussures à talons ouvertes par ce temps...

Ce ne fut que quand je bougeais les pieds dansmes baskets que je me rendis compte qu'elles étaient complètement inondées. Mes cheveux, trempés à l'extrême, me collaient au visage, alors que ma mèche était fixée à mon front. Je tentais veinement de l'en détâcher d'un revers de main. C'est là que je me félicitais de ne pas m'être maquillée avant de partir ! Mon téléphone, qui dormait dans la poche intérieure de mon blouson, devait tirer une drôle de tête, à la vue de la pluie qui avait complètement gagné ma veste. Mis à part ça, mes poches étaient vides: miracle !

Plus loin se trouvaient quelques vieux, un couple éperdu sopus l'arrêt de bus, accompagné des quelques familles qui retenaient difficilement leurs enfants, qui mourraient visiblement d'envie d'aller se jeter sous la pluie et de sauter dans les énormes flaques qui avaient envahi la route. Quels voitures s'arrêtèrent d'ailleurs de rouler, la visibilité étant devenue nulle, pour venir se garer sur le bord des trottoirs. Je me reconcentrai sur le jeune garçon qui m'avait suivie, malgré un certain cas de conscience, dans cette petite ruelle mal éclairée. J'adorais les coins sombres ! C'étaitlà que se rêvélait ma véritable nature !

En effet, je n'avais pas l'intention de jouer toutle temps à la bonne samaritaine qui protégeait le pauvre garçonnet égaré ! Visiblement, le fait que je me sois tant rapprochée de lui le mettait un peu mal à l'aise. Fin bien, on rentrait dans l'ambiance ! Dans mes yeux dansait à présent une flamme meurtière, qui n'échappa pas au regard du jeune homme, qui avait les prunelles fixées dans les miennes. Mes yeux étaient en effet une des premières caractéristiques qui montraient que je n'étais pas comme tous ces ploucs. Ils avaient quelque chose de.... Magique ! Je les fis devenir d'un noir profond, alors que deux magistrales ailes de plumes noires me poussaient dans le dos. Je répondis au petit nouveau:

-Enchantée, Végéo. Je n'apprécie guère d'être toujours au grand publique, surtout sous cette forme, vous comprendrez pourquoi. Les mortels n'aiment pas beaucoup les gens de ma race. En général, ils sont pris d'une certaine... Peur. Ca tombe bien, vous commencez à en ressentir... Et je m'en nourris. Je vais vous montrer un petit aperçu.

Je me tenais devant Végéo, l'empêchant de fuir à toutes jambes. Il ne partirait pas sans quelques illusions bien térrifiantes. Alors que j'achevais mamutation en démon, une épée à la lame de rubis apparut dans ma main. D'un geste souple, je lui ouvrais une plaie fine sur la joue. Concentrant mon esprit alors que la lame entrait en contact avec sa peau, j'imaginais des scènes d'attaques de vampires vues plus tôt, ou même de mes propres attaques, pour en faire un flash très rapide. Le garçon fut pris d'un soubresaut. Je comptais bien faire naître sa peur en prenant mon temps. Il n'y avait rien de mieux pour un prédateur tel que moi de voir sa proie mourir littérallement de peur devant lui.

Message par Invité Ven 26 Oct - 23:42

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Autour d'eux les choses devenaient floues peu à peu. Le brouillard, mêlé à la pluie, rendait le gris qui s'installait dans les rues plus dense et l'humidité plus lourde et plus désagréable. Dans le ciel les éclairs jouaient et se croisaient entre eux pour faire tonner, quelques instants plus tard, le bruit de l'impact de la foudre à plusieurs kilomètres de l'endroit où ils se trouvaient. Le niveau de l'eau montait légèrement et si des gens avaient été assez courageux pour passer dans la ruelle et les apercevoir, ils auraient probablement pensé que ces deux jeunes isolés dans un coin avaient perdu la raison.

Les deux regards se faisaient encore face sous la pluie battante, d'un côté se trouvaient les yeux d'un être en attente d'une réponse, innocent, quelque peu désorienté et de l'autre ceux d'une jeune femme qui, voilés de mystère, ne laissaient transparaître aucun indice quant à ses pensées ou ses projets. En tenant de comprendre celle qui se tenait devant lui, en regardant ses yeux verts, l'élémentaire pensait percevoir quelque chose qu'il avait déjà connu avant, une sensation déjà ressentie par le passé, une chose profonde, cachée dans l'esprit de celle qui le fixait et sur laquelle il ne parvenait pas à mettre de mots. Que se passait-il donc? que faisait-il ici, dans une allée sombre, en compagnie d'une personne inconnue et au comportement étrange?

Les questions, bien que rapides dans son esprit, n'eurent pas le temps de s'enchaîner bien longtemps. Avant même qu'une réponse fut fournie à son interrogation, les yeux de Saphira virèrent du vert au noir et son dos se vit surplombé de deux grandes ailes sombres. Quelque peu désarçonné, l'élémentaire recula un peu, ne montrant aucun signe de perte de contrôle de ses émotions. Il n'avait reculé que d'un pas, pour apprécier à sa juste valeur celle qui se tenait devant lui, l'ayant entièrement à présent dans son champ de vision.

Le regard malsain, la jeune femme répondit à sa question. Dans ses pupilles semblaient se dessiner de sombres projets concernant le jeune homme. Même si au départ le comportement de l'élémentaire se voulait normal, pas forcément soumis à la peur mais surtout curieux de celle qui se tenait devant lui, l'image de Saphira réveilla en lui des souvenirs auparavant refoulés au fond de la partie humaine de son âme. L'espace d'une seconde et son corps fut légèrement parcouru de frissons, alors qu'il se remémorait le dernier épisode de la vie de Calions. Dans le ciel, un regard de démon, les ailes d'un ange des Enfers, un regard perçant l'âme en profondeur et découpant tout son être, la Darkness des trois jours sombres. Ces courts instants suffirent à faire naître en lui le sentiment de peur, mélangé à de l'admiration que l'humain avait éprouvé à l'époque, juste avant de mourir broyé sous le poids d'un immeuble. Et Saphira profita de la faille.

Il ne la vit pas venir, d'ailleurs il n'avait pas eu le temps de remarquer qu'une lame était apparue, par contre il put ressentir la légère douleur au niveau de sa joue. Soudain le noir de ses yeux se contracta, sous l'effet d'une vision dont il ne savait pas encore qu'elle en était une. Il recula effrayé, pour se sauver, et glissa sur le sol, se retrouvant sur les fesses. Quelques secondes plus tard, elles reprirent leur taille normale, et il se retrouvait ainsi à voir tout ce qui l'entourait: la pluie, le brouillard, les plumes de jais des ailes de la jeune femme. Il inspira lentement, tentant de comprendre ce qu'il s'était passé. Ces images, les créatures qui venaient de l'assaillir, cette sensation. Il put se calmer, cette impression, il la connaissait. Ces choses n'étaient pas réelles, elles venaient de quelque part, d'ailleurs, du fond de son esprit. Ses longues séances de méditation pouvaient peut-être lui servir à mieux contrôler son état si jamais celles-ci venaient à apparaître à nouveau.

Il se releva lentement puis enleva la boue - ou plutôt l'amas de poussière trempé - qui se trouvait sur l'arrière de son pantalon, puis respira calmement, préparant son âme à accueillir de nouvelles hallucinations, au cas où. Il regarda ensuite sereinement celle qui se tenait en face de lui pour s'adresser à elle calmement.

"Écoutez, je ne vois pas vraiment pourquoi nous devrions en arriver là. On pourrait peut-être éviter cette situation de conflit?"

Message par Invité Dim 28 Oct - 12:39

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Le temps, qui se déchaînait de plus en plus autour de nous, rendait la scène encore plus cauchemardesque. Tant mieux, j'en tirerai encore plus de forces ! Le brouillard et la pluie devenaient encore plus intenses, et l'humidité rendait l'air lourd. Après les flashs lumineux des éclairs, des détonations sonores se faisaient entendre, peu de temps après. Ces conditions météorologiques apocalyptiques, j'adorais ça ! Etre dehors par ce temps nous aurait vallu de nous faire traîter de fous, si tenté que les rues ne se soient pas totalement vidée de ses passants.

Le silence de plomb qui s'était installé n'était rompu que par le tonerre. Je me régalai devant Vegeo, qui ne comprenait pas totalement ce qui lui arrivait, alors qu'il était pris de vertiges. L'être innocent allait bientôt être sous ma coupe et me nourir avidement de sa peur ! Mes yeux, toujours dans les siens, étaient devenus encore plus démoniaques, alors que je sentais refluer en moi la puissance que me donnait la crainte de ce petit être pur, presque chérif. S'il espèrait trouver quelque chose d'humain qui lui prouverait qu'il n'avait pas de raison de flipper dans mes yeux, il pouvait chercher longtemps !

Mes yeux, verts quelques instants plus tôt, étaient devenus d'un noir de jais à la profondeur abyssale, sous le coup de la mutation. L'épée toujours en main, j'ouvris une seconde plaie, cette fois-ci au poignet du jeune homme. Concentrée, je lui envoyais une autre série d'images, cette fois-ci plus longue, avec des images encore plus effroyables que les précédentes. J'attendais le frisson qui n'allair pas tarder à parcourir Vegeo, posséder son corps, signe que le rituel en cours fonctionnait bien.

Le jeune garçon essaya de reculer, mais il ne pu faire qu'un pas, se retrouvant bloqué entre le mur de la ruelle et moi. A la distance à laquelle il se trouvait, il devait me voir dans mon ensemble, mes ailes y compris. Il sembla étreint d'une faiblesse l'espace d'un court instant, ce qui suffit à ce que je m'engouffre en lui, entraînant avec moi les images de crimes et de massacres créés un peu plus tôt. J'attendis alors qu'il plie sous le poids de tout celà, continuant à faire défiler les flashs. Le jeune homme n'allait plus voir alors dans mes yeux que des pupilles dilatées, alors que l'iris étaient petit à petit en train de disparaître alors que l'avancée du rituel se faisait.

Plus il essayerait de lutter contre les images, plus il s'empétrerait dedans. C'était là toute la beauté de la chose ! S'il résistait, il serait entraîné encore plus vite et sombrerait encore plus rapidement. Une bonne chose, vu qu'il n'avait pas l'air de se laisser faire. Il était crispé, essait sans doute de se préparer à la prochaine salve de flashs, mais il n'arriverait pas à les prévoir pour s'en défaire. Pas au rythme où elles se succèdaient. Il s'était relevé une première fois, étourdi, mais la seconde attaque n'allait pas lui laisser autant de chance que la première.

-Mon pauvre petit, je suis un démon ! Tu crois que je suis venue dans cette petite ville pour quoi ? Pour jouer les bonnes samaritaines ? Quelle innocence et quelle bêtise ! Tu as fait l'erreur qui va te coûter la vie !



Message par Invité Dim 28 Oct - 22:40

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Une seconde entaille, au poignet cette fois-ci, le fit reculer contre le mur. Saphira ne semblait pas vouloir stopper ses attaques et trouver un chemin paisible, éviter l'affrontement. Il ferma les yeux, retenant son souffle et tentant de calmer les battements de son cœur. Ces mois passés à tenter de contrôler ses pouvoirs et son âme, ils ne devaient pas servir à rien.

*Ce ne sont..que des visions..*

Il frissonna légèrement. Les images étaient passées mais restaient empreintes dans son esprit, le déstabilisant. Peur, était-ce ce qu'il ressentait? il fit le point sur la situation. Il ne craignait pas celle qui se tenait devant lui, elle était maléfique, c'était vrai, mais elle ne dégageait pas la même aura malsaine qu'Elisabeth..pas encore. La Darkness rencontrée dans la forêt, de par ce qu'elle avait fait à Vegeo, semblait beaucoup plus diabolique. Quand il ouvrit les yeux pour la regarder à nouveau, ses yeux noirs lui firent prendre en compte le fait que si la jeune femme n'était pas nécessairement aussi démoniaque, elle n'en était pas moins plus meurtrière. Encore plus sombre que quelques instants auparavant, son regard semblait hurler sa soif de meurtre alors que de fines gouttelettes de sang perlaient du bout de la lame aux couleurs rubis. Les choses n'allaient pas en s'arrangeant, plus elle prenait du terrain, plus ses pulsions - ou tout du moins ses désirs de tuer - grandissaient. Désormais dos au mur, après avoir reculé de plus en plus sous l'impact des visions, il ne voyait pas comment la situation pouvait s'améliorer. Si les mauvais évènements continuaient à s'enchaîner avec autant de rapidité, il serait bientôt soit aux portes de la mort, soit à celles de la folie.

"Mon pauvre petit, je suis un démon ! Tu crois que je suis venue dans cette petite ville pour quoi ? Pour jouer les bonnes samaritaines ? Quelle innocence et quelle bêtise ! Tu as fait l'erreur qui va te coûter la vie !"

L'affirmation se voulait définitive et sans appel, elle ne reviendrait pas sur ses projets, elle allait le tuer et en finir avec lui. Soudain, il envisagea la mort sous un autre angle. Il ne voulait pas mourir. Il n'était pas terrifié à l'idée de quitter ce monde - c'était après tout ce qu'il ferait un jour où l'autre maintenant qu'il était sous forme humaine - mais il n'avait pas eu le temps de faire ce pour quoi il était ici. Non, il ne pouvait mourir, ce n'était pas envisageable dans l'état actuel des choses. Peut-être plus tard, sans doute plus tard, mais pas maintenant. Il regarda la fille, scrutant au fond de son âme noire, pour lui signifier qu'il ne comptait pas se rendre, que si elle voulait sa mort elle devrait venir la reprendre plus tard. Il regarda autour de lui, comment pouvait-il se défendre? il ne pouvait pas utiliser ses pouvoirs car aucune plante n'était dans les environs et il ne voulait pas l'attaquer. Il tenait trop à la vie des gens pour oser leur faire du mal, pour se faire leur bourreau. Il fallait trouver une solution et vite. À sa droite se trouvait un container d'assez grande dimension, à sa gauche une rangée de cartons prenait toute la place, au centre se tenait Saphira, ses grandes ailes bloquaient tout le passage, aucune échappatoire.

Il observait calmement la Darkness, les images s'étaient estompées. Il n'avait pas peur..enfin..il n'était pas horrifié en tout cas, c'était la seule chose dont il était certain. Il fit craquer doucement son cou en passant sa main dessus. Il était dans une mauvaise posture, dans une très mauvaise posture.

"HÉ ! !"

L'élémentaire regarda derrière la Darkness. Dans le brouillard se tenait une silhouette. Vêtue d'un long imperméable bleu foncé et d'une capuche elle pointait une lampe torche dans leur direction, dissipant le brouillard. C'était un homme, probablement vers les trente-cinq ans, même dans la brume on pouvait apercevoir qu'une barbe assez fournie habitait son visage et qu'il était un peu plus grand que l'élémentaire, probablement vers les 1m90. Au dessus de la lampe, l'individu tenait une arme à feu de courte portée. Si l'élémentaire avait su quelque chose des armes, il aurait reconnu un Beretta 92, une des armes les plus utilisées au monde.

"Police ! ! baissez cette.." fit-il en regardant l'épée et en détaillant un peu plus celle qui se tenait devant lui "b...baissez cette arme !"

La Darkness s'était retournée pour faire face à l'étranger. S'il ne faisait rien un drame risquait de survenir. Alors que l'attention de la meurtrière était détournée, il prit de l'élan puis la poussa assez fort pour la faire tomber par terre puis saisit le bras de l'inconnu en le tirant, plongeant ses yeux dans les siens le temps d'un instant, alors qu'il l’entrainait dans sa course.

"Courez."

Les deux se mirent à courir dans le brouillard des rues, les gens sous les devantures regardaient la scène sans trop comprendre ce qu'il se passait. L'inconnu s'arrêta et retint le bras de l'élémentaire pour s'adresser à lui en ces termes:

"Je dois rester ici, elle ne doit pas s'en prendre aux habitants, échappez-vous je vais servir de proie" fit le policier.

L'élémentaire regarda celui qui se tenait en face de lui le plus sérieusement du monde. C'était donc ça de s'acquitter d'un devoir? tout faire, même risquer sa propre vie, pour mener à bien sa mission?

"Merci."

Alors qu'il s'échappait, le policier pointait son arme vers la ruelle où se tenait la Darkness. Il visait avec précision, était l'un des meilleurs officiers tireurs de sa promotion. L'œil plissé, il ferait n'importe quoi pour l'empêcher de sortir et de blesser qui que ce soit, c'était son devoir que de protéger les citoyens de l'Avventura.

"Aller..sors d'ici..oses lever ton épée et tu prendras une balle en pleine poire l'emplumée.." susurra-t-il pour lui-même.

Il courait à travers la rue aux magasins. L'eau ruisselait sur son visage. Il savait qu'il courait pour sa vie, il savait qu'un homme qu'il n'avait jamais rencontré risquait la sienne pour sauver ce à quoi il tenait, devait-il retourner en arrière pour sauver l'inconnu? il s'arrêta un instant, baissant la tête. Regardant son propre reflet dans l'eau il pensa à ce qu'il avait dit, il voulait servir de proie.

*Non..il ne doit pas mourir, personne ne doit mourir..*

Il rebroussa chemin, il devait arriver à temps pour aider l'agent dans sa quête.

Message par Invité Lun 29 Oct - 8:48

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Vegeo était arrivé au point où il ne pouvait plus reculer. Il était acculé contre le mur au maximum et devait même sentir dans son dos la froideur de la pierre. Un rire démoniaque franchit mes lèvres, alors qu'une goutte de sang glissait sur ma lame, pour finir sa course sur le sol de la rue. Une fois encore, il essaya de se maîtriser, mais les visions allaient continuer à se graver dans son âme. Une mort lente, douloureuse. La folie avant, puis la lumière qui s'éteint.

Visiblement, il ne me craignait pas à proprement dit. Pas encore... Il ne semblait pas avoir peur de la mort. Mais je n'en étais pas encore arrivée au maximum de ma cruauté. Les images que je lui avais pour l'instant envoyées étaient plutôt gentillettes ! Voyant que le garçon n'utilisait pas de pouvoirs magiques, je me demandais s'il n'était pas humain, finalement. Mais ça ne pouvait pas être un vampire... Fu serait celui qui s'aventurerait dehors en plein jour, même sous ce temps ! Un sorcier se serait défendu depuis bien longtemps, et un lycan aurait muté. Idem pour un hybride.... Alors qu'était ce curieux personnage ?

Je l'ignorais encore, mais sa faiblesse était tout ce qui m'importait ! Il n'avait vraissemblablement que quelques défenses mentales, qui finiraient par céder, et aucune autre défense. J'allais le faire mourir à petit feu ! Et s'il essayait de défier la fin ultime, le processus serait encore plus douloureux ! Essayant de trouver un moyen de fuir, le garçonnet fit un rapide inventaire de ce qui se trouvait dans la rue, mais rien ne pourrait lui servir, et je bloquais l'issue vers la rue principale. D'autant que la ruelle finissait en cul de sac.

Les images semblaient s'estomper doucement dans l'esprit de Vegeo, mais ça n'allait pas durer. Je m'apprêtais à lui faire une nouvelle plaie quand on m'interpella. Je me retournais pour apperçevoir un abruti avec un Beretta 92 entre les mains. Il pointait son flingue sur moi, ce qui me fit éclater d'un nouveau rire diabolique. En plus de tout ce cinéma, il espèrait que j'allai poser mon arme ! Quel crétin ! S'il pensait que son long menteau et sa capuche allaient l'aider à s'en sortir ! En effet, c'était un homme de grande taille, caché derrière une barbe hirsute et bien fournie. Au dessus de la lampe qu'il braquait sur nous logeait son arme.

La lumière qu'il m'envoyait dans les yeux m'empêcha de voir à temps Vegeo foncer sur moi et m'envoyer au sol, avant de tirer l'homme par le bras en commençant à s'éloigner. S'ils savaient comme c'était drôle de voir deux proies cavaler devant les griffes d'un lion affamé ! Je me relevai, defroissai mes ailes et courait jusqu'au bout de la rue. Dans un bond, je pris mon envol. L'épée à la main, je localisais les deux hommes, malgré le brouillard qui avait envahit la rue. Créature de la nuit, vision nocturne aiguisée ! Je vis alors le policier s'arrêter au milieu de la rue, et Vegeo continuer à courir.

Je pris alors de la hauteur, me fondant au brouillard plus dense, devant invisible a l'homme qui me croyait toujours dans la ruelle. En piqué, je lui tombais sur le dos. Il s'écrasa au sol, lâchant son arme qui glissa sur le pavé. Je l'attrapais alors par le col de sa veste, le soulevant su sol. Je le tenais dos à moi, la lame sous la gorge, vers Vegeo qui revenait en courant.

-Tu ne peux rien pour lui, il est mort !


L'homme, déjà mort de peur, n'osait pas bouger, de peur de se faire trancher la tête. Trop tard... Dans mouvement souple du poignet, je fis passer la lame dans son cou, dans une déferlante d'images de crimes des plus sanglants. C'est alors que l'homme s'éffrondra sur le sol, gigotant comme un ver en poussant des hurlements. Du bout de la lame, je lui gravais une croix sur la joue, alors qu'il s'éteignait subitement, les yeux révulsés. Je me tournai alors vers Vegeo. Posée au sol, les ailes toujours déployées, j'avançais vers lui.

-Alors, que comptes-tu faire, maintenant ?

Message par Invité Mer 31 Oct - 14:54

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Les flaques explosaient en dizaines de gouttes d'eau, forcées par le poids de l'élémentaire qui tentait de courir le plus vite possible. Même si la distance entre lui, l'inconnu et Saphira était réduite, le brouillard limitait la vue en n'offrant une image "nette" qu'à quelques mètres de distance. Alors qu'il courait les pensées défilaient dans son esprit. Les vivants étaient des êtres bien étranges mais il semblait avoir un point commun avec eux: celui de tout faire pour atteindre un but fixé, une mission donnée. Ses cheveux retombaient sur son front, ses vêtements n'étaient plus que des éponges trop pleines du cadeau des nuages gris et le poids de ses vêtements - même si légèrement seulement - le ralentissait tout de même.

Il avançait, encore et encore, et pendant que lui se dirigeait d'un côté des cris résonnaient de l'autre et les habitants de l'Avventura couraient, comme pour fuir quelque chose. Les hommes et les femmes dans leurs tenues de travail, les vieillards et les amoureux passionnés de quelques instants plus tôt fuyaient à présent, tentant de sauver leur vie ou tout simplement de fuir l'horreur qui s'était imposée à eux, quelques mètres plus loin. L'un d'eux le bloqua par le bras, manquant de le déstabiliser, l'arrêtant dans sa course.

"Courez, fuyez, il ne faut pas aller là-bas, c'est.." fit-il en regardant craintif derrière lui "il y a une Darkness en pleine chasse, elle vient de tuer un homme. Si vous allez là-bas vous mourrez !"

Puis il s'échappa. Le regard du maître des plantes passa entre les fuyards et le brouillard, qui le séparait de sa destination d'encore quelques mètres. Il ne comprenait pas. Pourquoi les gens fuyaient-ils? c'était insensé ! un homme s'était dressé pour les sauver et eux, plutôt que d'intervenir, s'étaient mis en fuite. Les humains étaient-ils lâches à ce point? le nombre de personne qui courait en le dépassant semblait confirmer l'hypothèse. Il espérait trouver un contre-exemple. Il remit en place une mèche de cheveux qui l'empêchait de voir correctement et s'avança dans la brume pour découvrir l'horrible spectacle. Il était arrivé trop tard, elle le tenait en otage et semblait sur le point de commettre l'irréparable.

"Tu ne peux rien pour lui, il est mort !"

Quelques secondes plus tard, l'homme gisait, dans un premier temps secoué de spasmes pour ensuite passer vers l'autre berge de façon définitive et irrévocable, sous les yeux incrédules de l'élémentaire. Il était mort pour protéger des personnes qui ne s'étaient même pas préoccupées de son bien-être. Était-ce donc cela le monde des vivants? un univers dans lequel l'égoïsme et l'égocentrisme dirigeaient chaque action? il regarda tristement les quelques passants qui, derrière la Darkness, couraient encore pour échapper à la scène. Tout était tellement plus simple avant qu'il n'existe. Son côté humain lui aussi avait probablement vécu des atrocités de ce genre, il le sentait au fond de son être.

"Alors, que comptes-tu faire, maintenant ?"

Il reporta son regard vers Saphira en se demandant ce qui motivait ses actions. Ceux de sa race tuaient réellement et uniquement pour le plaisir? qu'apportait la mort aux Darkness? il ne comprenait pas comment on pouvait en arriver à ce point. Une larme se mêlait à la pluie sur son visage alors qu'il faisait un premier pas hésitant vers le corps. Que devait-il faire? que pouvait-il faire? autour de lui, dans la rue, de petits arbres se dressaient, mais il ne voulait pas utiliser ses capacités. Il ne voulait pas succomber à la violence des humains, même si au fond de lui quelque chose criait vengeance. Il repensa à la Darkness rencontrée dans la forêt. Celle qui se tenait devant lui était d'une autre classe, elle ne dégageait pas la souffrance d'une vie injuste, elle n'était que violence meurtrière, dans son plus simple état et sans origine particulière. Des gens comme ça existaient?

Il repensa à ces longues séances passées à entraîner ses pouvoirs. À quoi servaient-ils s'il ne pouvait protéger personne? à quoi servaient-ils s'ils ne pouvaient pas sauver Elisabeth, s'ils ne pouvaient pas sauver l'inconnu? à quoi servaient-ils s'il ne pouvait pas aider qui que ce soit? était-il vraiment réduit à devoir utiliser ses capacités pour simplement redonner vie à la végétation? sans pouvoir faire quoi que ce soit d'autre?

Il regarda une fois de plus le corps de l'inconnu. Il ne pouvait pas s'enfuir et le laisser là, il ne voulait pas non plus utiliser ses pouvoirs pour faire du mal. Il s'avança vers la Darkness puis..passa à côté d'elle, en l'ignorant, la tête basse, le cœur emprisonné et la rancune à la gorge d'être trop faible pour oser lever la main sur un vivant pour le punir. Après tout, ce n'était pas son rôle de punir les êtres de leurs actions, la Vie s'en chargeait. Oui, elle s'en chargeait, mais au fond de son être il voulait se faire paladin et punir à son tour. Pourtant il n'en fit rien, il continua à se diriger vers le corps puis se mit à genoux pour fermer ses paupières pour l'éternité.

"Reposes en paix" murmura-t-il doucement "tu ne seras pas mort en vain, ils sont vivants...ceux que tu voulais protéger."

Une fois les yeux clos, il le chargea sur son dos et s'éloigna lentement, faisant totalement passer au second plan Saphira et ses envies de meurtres. Si elle était assez lâche pour attaquer un être qui cherchait une sépulture pour un homme tombé au combat, qu'elle ne se gêne pas. Si elle voulait le plaquer au sol et l'assommer de visions pour se nourrir de ses peurs instantanées, qu'elle ne se gêne pas. Si elle voulait tout simplement s'acharner sur lui jusqu'à s'en lasser et lui laisser juste assez de forces pour s'échapper, pour le plaisir de voir une autre personne la fuir, qu'elle ne se gêne pas. Il ne répondrait pas à la violence par la violence, il ne commencerait pas un cycle d'attaques qui ne se terminerait jamais.

Message par Invité Jeu 1 Nov - 10:52

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La course effrénée de Vegeo fut stoppée nette par celle des passants, terrorissés par la scène, ce qui me renforçait encore d'avantage. Plus la crainte ressentie était forte, et plus il y en avait dans l'air, plus puissante je me faisais. Je marchais dans la rue, à présent, quittant peu à peu le corps de l'agent de police suicidaire. La lame dans la main, tenue vers le sol, je faisais éclater les flaques d'eau sous mes pas. Je ne pouvais pas être plus mouillée, c'était impossible. Le poids de mes vêtements me ralentissait un peu, mais ça ne m'empêchait pas de rejoindre le jeune garçon, qui me croisa presque sans me voir.

Il se dirigea comme un robot vers celui qui avait essayé, en vain, de le protéger de mes griffes. Il hésita à plusieurs reprises, avançant d'un seul pas à chaque fois, mais il finit par rejoindre le cadavre mutilé de l'agent. Je crus le voir murmurer quelques mots à l'oreille de son " protecteur", puis il le chargea sur son dos, s'éloignant lentement, encore ralenti par le poids du flic. Le trouvant à présent trop éloigné de moi, je pris mon envol après un court sprint. Je me posai dans son dos, et lui envoyais un coup de lame dans le genoux, déchirant son pantalon et ouvrant une fine plaie, d'où s'écoula un liquide poisseux. Je fis défiler dans son esprit la mort de l'agent en boucle, qui semblait l'avoir particulièrement affecté.

Il s'effondra sur le sol, le corps du flic roulant dans la flotte qui avait envahi les rues. De la pointe de mon épée, je relevais son visage. Le sang était parti, mais la marque de croix, elle, était bien restée? Satisfaite, j'ôtai la pointe de la lame rubis, et son visage retomba sur son menton. Je repoussai le corps d'un coup de botte, et aggrippai le jeune garçon par le col. Il était secoué de spasmes, mais moins violents que ceux qui avaient pris possession du policier peu de temps avant. Son visage avait été lavé du sang qui coulait de la plaie sur sa joue par l'eau tombée du ciel. Cette fois-ci, s'il voulait s'en sortir, il faudrait qu'il utilise ses pouvoirs, et s'il n'en avait pas, qu'il meure. Mais, bien décidée à le pousser à bout, je le fixai dans les yeux de mon regard obscur et lui murmurais:

-C'était courageux de sa part... Ou stupide, je ne sais pas... De s'interposer entre toi et une darkness en manque de peur... Il aurait eu mieux fait de me laisser prendre ta vie, ça lui aurait évité de perdre inutilement la sienne.... C'est ta faute, tout ça. Si tu n'avais pas été aussi naïf et que tu ne m'avais pas suivie, si tu avais fuit à temps, lui serait toujours vivant, et tu ne serais pas dans une si piètre position, Vegeo.... Ton innocence va te coûter cher, très cher...

Je n'aurais pas su distinguer les larmes de la pluie qui battait son visage. La souffrance, la peine, le gagnaient de plus en plus, alors qu'il fixai le corps d'un regard vide, comme éteint, alors qu'il était toujours vivant. C'était la preuve que mes images avaient fait leur effet. Son souffle était lent, et s'il ne réagissait pas suffisemment rapidement, il mourrait, comme son camarade, sans même s'être débattu. J'étais certaine qu'il avait des pouvoirs, sans savoir lesquels, mais il n'osait pas s'en servir. J'étais curieuse de savoir pourquoi. Tout ce qui était sûr, c'est que s'i s'y refusait trop longtemps, il suivrait la lumière au bout du tunnel plus vite qu'il ne l'aurait pensé...

Message par Invité Dim 4 Nov - 15:32

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Le regard fixé dans le vide, l'élémentaire avançait, sans se soucier du monde extérieur. L'impression d'évoluer dans un monde qui n'était pas réel était présente dans son esprit depuis qu'il avait vu l'inconnu tomber devant lui. Ça ne pouvait être qu'un mauvais rêve. Ce monde où des actions de ce genre existaient, ce monde où des gens braves tombaient, abandonnés par leur semblables, ce monde où la mort se faisait si banale et les vivants si insensibles. Oui, ça ne pouvait être qu'un mauvais rêve. Depuis la gorge tranchée de l'agent jusqu'à la chemise auparavant blanche et immaculée de Vegeo, le sang coulait à n'en plus finir, en imbibant et colorant d'un rouge sombre chaque parcelle de cette dernière. Tout était lourd, si lourd. L'atmosphère était pesante, la pluie qui déferlait à n'en plus finir était pesante, la brume dans laquelle il se trouvait l'était aussi, ses vêtements de même. Tout était lourd, tout était horriblement écrasant dans la scène qu'il vivait.

Il avançait, encore et encore, insouciant de tout, comme plongé dans une illusion de laquelle il n'arrivait pas à sortir. Si au début il se sentait peu impliqué dans la situation, il était à présent totalement interdit, abasourdi. Non, ce n'était pas possible. En état de choc, il ne parvenait plus à penser correctement, il n'était tout simplement plus là, dans cette rue, sous cette eau agressive et dans ce brouillard tortueux. Il était..ailleurs, entre le rien et le quelque chose, entre la vie et la mort, l'être et le non-être, il était dans un monde où rien n'existait que le vide le plus total.

Il entendit derrière lui comme un froissement d'ailes. Peu importait à présent, quelle était l'utilité de se retourner. Il se doutait des évènements qui allaient suivre. Une fine douleur le lança à l'arrière du genou pour ensuite lui faire perdre l'équilibre. Pendant que le corps de l'agent s'écrasait au sol, les visions de sa mort revinrent en boucle. Si quelques minutes plus tôt il avait trouvé le moyen de résister aux illusions, il ne l'employait plus. Son manque de volonté et son manque de présence en ce lieu même jouaient contre lui. Agité de spasmes il tomba au sol sans trop réagir. C'était un corps vide qui était désormais à terre. Lui était loin, très loin, replié au plus profond de lui-même, là où personne ne pouvait l'atteindre. Il était dans le déni le plus complet. Il poussa sur sa main droite pour tenter de se relever en dirigeant son autre main vers le corps de l'agent.

*Non..il ne doit pas mourir.* pensait-il sans se rendre compte que peu à peu il perdait l'esprit.

*Il doit vivre, je vais..je vais l'aider maintenant..*

On ne pouvait pas encore la qualifier de folie mais l'état dans lequel il était plongé n'en était pas loin. Il perdait peu à peu ses repères dans la réalité et s'en éloignait lentement mais sûrement. Une main surgit du néant pour le saisir et le soulever légèrement et quelques secondes plus tard il se retrouva confronté à un de ces regards que les cauchemars les plus intenses n'oseraient même pas créer. Les spasmes s'étaient stoppés et il regardait Saphira comme s'il plongeait ses yeux dans le vide. Quelque chose en lui se brisa et il frissonna de terreur. Les mots résonnèrent implacables, révélant au grand jour l'horrible vérité qu'il ne voulait pas admettre depuis que l'inconnu était mort. Les paroles de la Darkness se répétaient en boucle au fond de lui, brisant chacune de ses défenses, réduisant sa psyché en morceaux.

"C'est ta faute, tout ça..C'est ta faute, tout ça..C'est ta faute, tout ça..C'est ta faute, tout ça..C'est ta faute, tout ça..C'est ta faute, tout ça.."

Les larmes coulèrent sur son visage alors que sa tête faisait des va-et-vient entre les iris noirs de Saphira et le corps sans vie de l'inconnu. Il était seul, tout seul, tout était de sa faute.

*Non..non..je ne voulais pas..je voulais l'aider..ce n'est pas..c'est..c'est..c'est ma faute.*

Les pleurs laissèrent place aux tremblements. Il était impuissant, il ne pouvait rien faire. Il avait tué cet homme. Lui qui respectait la vie plus que tout, il avait ôté la vie à un innocent. C'était sa faute, uniquement sa faute, il était responsable. S'il n'était pas venu au monde rien de tout ça ne se serait produit, l'esprit humain ne se serait pas sacrifié, Elisabeth n'aurait pas pu blesser Eleonor, il n'aurait pas risqué de tuer Jilan, il n'aurait pas provoqué la mort de l'étranger. Absolument tout était de sa faute, tout. Rongé par les remords, l'élémentaire ouvrit les portes de son esprit à Saphira. Qu'elle en finisse, qu'elle assassine la monstruosité qu'il était, le bâtard que la Nature avait inventé en cette nuit de Juin. Au diable la forêt, il ne pouvait qu'empirer son destin et celui des personnes autour de lui. Il ne méritait rien de ce qui lui avait été offert. La seule chose qu'il avait le droit de recevoir était la mort, de la main de la Darkness.

Message par Invité Lun 5 Nov - 21:02

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Je me retrouvais à présent devant un jeune homme ravagé, à genoux devant moi, presque prêt à recevoir la mort comme punition divine pour ne pas avoir su protéger cet humain, qui s'était sacrifié alors que rien ne l'y forçait. J'avais réussi à lui faire coire qu'il était la seule et unique cause du meurtre de ce flic.

Il se pensait responsable, et mes visions rendaient la chose encore plus vraisemblable, car il avait été trop lent pour m'empêcher de lui trancher la gorge. Il avait fuit, lâchement, tout simplement. La décision qu'il avait prise trop tardivement avait coûté la vie à cet imbécile d'humain.

La lame à la main, je m'agenouillais en face du jeune garçon, et le fixai dans les yeux. Ces derniers étaient vides, comme une abysse profonde et déserte.J'y voyais presque le reflet de mes propres prunelles, d'un noir d'ancre impénétrable. Aucun sentiment ne ressortait de son regard vide, alors qu'une avide cruauté perçait de mes propres yeux.

Il pleurait, les larmes se mêlant habilement et se camouflant parmis l'agressive pluie qui tombait d'un ciel toujours aussi gris. Je tournais la tête vers le ciel, exposant mon visage aux trombes d'eau. Un rire sardonnique et démoniaque franchit mes lèvres. Je me relevai, saisis ma lame à deux mains, m'apprêtant à l'enffoncer dans le coeur de Vegeo.

Il avait déjà la pointe de la lame sur la poitrine, et la peur qu'il éprouvait me donnait une force d'enfer. Mon sang battait à mes temps, j'avais l'impression que le temps s'était mis en suspend, comme à chaque fois qu'un rituel prenait fin, avec la mort de ma proie. Tout était devenu lourd: l'air, la pluie battant le pavé, le poids de mes vêtements....

J'allais l'achever quand un rayon de soleil perça les nuages, m'aveuglant au passage. La tête tourné vers le ciel, le visage marqué par l'incompréhension, je sentais mes forces me quitter. Mon bras libre tenu devant mes yeux, l'épée le long du corps, j'avais l'impression que la nature m'avait soudain abandonnée.

La pluie cessa aussi brutalement qu'elle avait commencé, et une fine brise allégea l'atmosphère, secouant faiblement mes cheveux trempés. Je tombai à genoux face à Vegeo, alors que, dans ses yeux, un souffle de vie semblait reprendre ses droits. Alors que je voyais mon travail partir en fumée, mon épée disparut, ainsi que mes ailes. J'étais redevenue humaine !

Et j'étais loin d'avoir decidé de mon changement d'apparence ! Ce revirement de situation laisser presque penser que la Dame Nature en personne avait décidé de protéger le jeune homme, et çe ne venait pas de son propre jugement, il était trop ébranlé, trop faible... D'autant qu'il semblait aussi ébahi que moi à l'approche de ce ciel bleu, et d'un arc-en-ciel qui se formait doucement, comme pour faire règner sa loi.

Je jetai un rapide coup d'oeil au cadavre de l'agent de police. Ce dernier, trempé et entouré d'une flaque de sang il y avait quelques minutes seulement, était allongé, toujours les bras en croix et la marque sur la joue, mais le sang avait disparu, et un bouquet de chysanthèmes blanches était placé entre ses mains. Anéantie, il n'y eu que ce mot qui s'échappa de ses lèvres, dans un murmure:

-Non...

(Hors rp: désolée, post peut-être un peu court...)

Message par Invité Sam 10 Nov - 13:09

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Il était là, impuissant, à genoux devant la Darkness. Les muscles de ses bras et de ses jambes étaient vidés de toute énergie, son regard absent, son souffle lent et presque imperceptible. Il attendait la fin d'un calvaire qui ne cessait de s'imposer à sa vie depuis qu'il était venu au monde et qui s'appliquait à presque chacune de ses rencontres. Finalement tout cela allait prendre fin, il pourrait retourner au néant. Mais pas en paix, il y retournerait l'esprit vierge de tout espoir et ravagé, il reposerait le pied dans la non-existence totalement détruit. Car cette rencontre, courte mais pourtant intense, avait bouleversé toute son existence et renversé chaque certitude de son univers.

Elle s'agenouilla, plantant son regard vers celui de l'élémentaire, qui baissa le sien vers le sol. Il regarda sa chemise, où tellement d'eau était tombée que sur la surface le sang de l'agent ne coulait plus. Tout ce qu'il restait était composé de tâches rouges et claires ancrées dans la matière de celle-ci. L'humain avait laissé une partie de lui sur le maître des plantes, il avait laissé une signature explicite des événements sur celui qui se considérait à présent comme son meurtrier. L'officier s'était sacrifié en vain, pour des vivants qui ne s'étaient même pas occupés de faire quoi que ce soit pour lui venir en aide, il avait risqué sa vie - et il l'avait perdue - pour le sauver, lui, qui avait été incapable de faire quelque chose pour changer le cours de la situation. Désemparé, son regard restait planté vers le bas, il ne restait plus qu'une chose à faire: attendre que la lame le transperce de part en part. Les doigts de Saphira coulissèrent délicatement sur le manche de la lame. Dans quelques secondes tout serait terminé. Il allait mourir comme il était né: seul et sans buts possibles à atteindre. Lui, le bâtard de la Nature, la farce existentielle. Il ferma les yeux alors que la lame entrait en contact avec son torse.

*Finalement..*

Et puis..rien. Il ne ressentit aucune douleur, pas la moindre sensation. Était-il mort? c'était ça de mourir? ne rien sentir? les yeux toujours fermés il fit appel à ses sens. Dans la rue le silence était Roi, on entendait rien, les boutiques étaient fermés et les commerçants étaient cachés derrière les étalages, bombardant le centre de police d'appels. Il y avait une meurtrière dans les rues, "Venez-vite" disaient-ils, "un autre va mourir !" ajoutaient-ils presque en murmurant. Les passants eux n'étaient plus là, pas un bruit de pas, pas un miaulement, on entendait simplement des voitures freiner brutalement pour faire demi-tour, face à la scène qui se présentait devant eux, composée du cadavre d'un agent de police et d'une jeune femme qui voulait achever un autre homme.

L'élémentaire frissonna. Il sentait le vent sur sa peau et..la pluie..elle avait cessé. Le silence provenait donc de l'absence de pluie. Lentement il ouvrit les yeux, pour se retrouver devant un spectacle qui redonna à ses yeux au moins une couleur: celle de la surprise. Dans l'obscurité des nuages, un rayon de soleil se faisait chemin, dirigeant tout d'abord sa lumière vers les deux individus pour ensuite s'étendre à la ruelle.

Les Darkness craignaient le soleil? sous les yeux incrédules de Vegeo, Saphira tomba à genoux sous sa forme humaine. Ils étaient maintenant l'un en face de l'autre. Sous l'effet des nuages pluvieux et des illuminations de l'astre solaire un arc en ciel se forma, posant sa voûte au dessus de cette partie de la ville. L'élémentaire regarda derrière la Darkness, où deux enfants étaient en train de courir pour s'éloigner de la scène, s’apprêtant à zigzaguer dans les ruelles pour ne jamais revenir ni être retrouvés. Sur les lèvres de l'un d'eux, il put lire une phrase.

"C'est vraiment parce que c'est lui, ça va pas la tête d'aller vers ces malades pour poser des fleurs?!?"

Ce à quoi l'autre semblait répondre.

"On lui doit bien ça, avec ce qu'il a fait pour nous. Même si c'était dangereux il le méritait, c'étaient ses fleurs préférées !" pour ensuite ajouter "oy on va tourner là, vite avant qu'ils ne nous voient !"

Puis ils disparurent dans les ruelles de l'Avventura. L'élémentaire reporta son attention sur Saphira, qui regardait interdite les fleurs sur le torse de l'officier. Les enfants étaient discrets et sans doute elle ne les avait pas vus. Il leva sa main un instant, comme pour prendre la Darkness dans ses bras. Avait-elle souffert elle aussi, comme Elisabeth? peut-être pouvait-il la sauver elle aussi?

*Non..*

Non, elle ne pouvait pas, elle ne voulait probablement pas de l'affection ou même de l'aide de quelqu'un. Elle l'avait dit elle-même: "quelle innocence et quelle bêtise". Il ne pouvait pas sauver tout le monde, après tout..tout le monde ne voulait pas être sauvé. Certains se complaisaient dans la solitude, dans le mal, dans l'obscurité. Il regarda le corps de l'agent une nouvelle fois. Il avait l'impression de l'avoir déjà croisé quelque part, qui était-il? il devait profiter de l'occasion, il devait apporter son corps dans un endroit sûr. Il poussa Saphira pour qu'elle tombe à terre et se jeta sur le corps de l'agent. Il allait le porter quelque part où il pourrait recevoir les honneurs pour son geste. Maintenant que le temps était à son avantage et qu'elle ne pouvait plus utiliser ses pouvoirs il allait en tirer avantage. Il ramassa le bouquet de chrysanthèmes et le dirigea vers elle, c'était la première fois qu'il tentait d'utiliser ses pouvoirs de la sorte. Il insuffla plus de vie dans la plante et la balança sur la Darkness, quand elle entra en contact avec celle-ci les tiges de la fleur se firent plus nombreuses et d'autres poussèrent. C'était une partie de son pouvoir: donner vie à la plante, en accélérer la croissance et faire pousser ses autres graines. Alors que les tiges commençaient à ligoter Saphira, la recouvrant de plusieurs dizaines de chrysanthèmes, il chargea une nouvelle fois le corps de l'agent sur son dos puis se mit à courir loin d'elle, tournant à la première ruelle. Il allait s'enfuir loin de tout ça.

Message par Invité Dim 11 Nov - 19:03

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Alors que Vegeo était impuissant quelques minutes plus tôt devant moi, c'est moi qui me retrouvait impuissante devant lui. Le revirement météorologique m'avait jetée à terre, plus humaine que jamais, sans même avoir eu le temps d'achever mon rituel. J'étais fatiguée, j'avais la tête qui tournait et ce putain de soleil dans les yeux ! Quelle poisse ! Je ne m'étais jamais faite autant avoir de toute ma vie, et surtout pas comme ça.

Sauf que pendant que je me lamentais sur mon misérable sort, je n'avais pas vu les deux gosses qui avaient déposé le bouquet de fleurs sur le corps du policier, et j'étais loin de me doûter que le jeune homme en tirerait partie.... Je n'avais même plus la possibilité d'invoquer mon épée, et ma soudaine faiblesse me laissait penser que j'avais perdu tous mes pouvoirs. J'essayais en vain de déplier mes ailes.

Je me retrouvais aussi faible et vulnérable qu'une humaine ! Le monde est injuste... Mais passons, il était temps que je me relève, mais le contrecoup de ma transformation involontaire fit que je tanguais alors que je me remettais sur mes pieds. Le soleil commençait à faire sécher mes vêtements, ainsi que mes cheveux, qui me tombaient toujours devant les yeux. Soudain prise d'un malaise, je dus m'appuyer sur le mur de la ruelle pour ne pas me retrouver allongée par terrer.

Mais bon sang, que m'arrivait-il ? Je ne m'étais jamais retrouvée dans un état pareil, même après le plus éprouvant des rituels que j'avais accomplis jusque là ! Je tremblais, même. Pas de froid... D'impuissance. Une larme, oui, c'était bien une larme ! Roula sur ma joue. Désemparée, je fixai mon regard sur Vegeo. Lui aussi n'avait pas compris tout de suite ce qu'il venait de se passer. Alors que j'allais l'achever, l'anéantir, le tuer, il s'en était sorti en meilleur état que moi.... Mais il avait su en profiter.

Il s'était dirigé vers l'agent, avait chargé son corps sur ses épaules et m'avait envoyé les fleurs déposées sur l'homme. Incrédule, je me posa mille questions, dont la plus importante :" Pourquoi avait-il fait ça ?" Je le compris bien vite, quand je vis les fleurs croître, les bourgeons éclorent, et les tiges m'enserrer les poignets, puis les chevilles, jusqu'à ce que la peau de mes bras disparaisse sous les lianes. Je me débattais furieusement, essayant d'empêcher la progression des chrysenthèmes sur mon corps;..

Mais je finis par me rendre compte que plus je m'agitais, plus vite les fleurs progressaient et me tuaient à petit feu. Si je ne me libérais pas très vite de cette saloperie, j'allais mourir pour de bon ! Bientôt, la plante allait s'attaquer à ma gorge, m'asphyxier. Les tiges allaient me briser les os. Et peut-être encore d'autres choses plus horribles les unes que les autres. J'étais vraiment mal ! Alors que mon cerveau tournait à plein régime, tentant de trouver veinement une solution, j'approchais toujours un peu plus du bout du rouleau....

Alors que ma vision commençait à devenir trouble, je bandais mes muscles à l'unisson, pour essayer de rompre ma cage infernale. Mais rien à faire ! Cette plante était plus solide d'une prison de fer ! Alors que je commençais à manquer d'air et que mon cerveau ne marchait plus correctement, j'eus une idée: j'avais une lime à ongles dans la poche intérieure de ma veste, mais j'allais avoir du mal à l'atteindre, comme ça... Mais c'était la seule chance, si je ne voulais pas mourir dans un linceul horrible de fleurs au milieu de la rue.

Dans un effort surhumain, j'amenais mes poings liés à la hauteur de ma poitrine, et écartai le pan de ma veste. Un cortège de gouttes de sueur vinrent s'écraser sur mon front, puis glisser sur mes tempes. Les muscles tremblants sous l'effort, je passais deux doigs dans la petite poche qui ornait l'interrieur du blouson. Le bout de métal glissa à plusieures reprises de l'étreinte, alors que les lianes avaient presque eu ma peau. Je finis difficilement par la sortir du bout de tissus. Je la tournais lame vers le bas et attaquais le plus vigoureusement possible les lianes qui me tenaient les mains.

Elles étaient solides, et dures à rompre, mais après de fous efforts non retenus, elles finirent pas céder. Je m'attaquais alors aux chevilles, jusqu'à également réussir à les couper. Plus libre de mes mouvements mais très affaiblie, j'eus du mal à mettre fin à la vie de cette plante, et à me libérer totalement. Manquant trop d'énergie, je tombais face contre terre, alors que je voyais Vego s'éloigner en courant avec le corps de l'agent. Par effort de volonté, je me relevais et me mis à courir, de nouveau mouillée. Mais l'esprit embrouillé, les poumons en miettes et les muscles endoloris, je me tapais un mur de plein fouet, qui me renvoya bien vite au tapis.

Cette fois-ci, je tombais dans les pommes, et ce ne fut qu'un long instant après que je me réveillais. Vegeo devait être bien loin ! Amère, je me relevais, en me frottant le front, une une bosse de la taille d'un oeuf de poule avait poussé. Je marchais, traînant les pieds dans la rue. Alors que je croyais rêver, je vis le corps de l'agent de police au milieu d'une rue adjacente, et Vegeo, essouflé, peu loin de ce dernier. La course avait du être éprouvante, il était faible et l'agent devait faire son poids. Il avait fini par céder.

Message par Invité Mer 14 Nov - 14:02

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"Hfff..hfff.hfff..hfff.."

Les mains sur les genoux, les cheveux cachant ses yeux, des gouttes de sueur perlant de son visage, l'élémentaire tentait de reprendre son souffle. Les muscles douloureux et les poumons vidés se plaignaient déjà de l'effort minime dont il avait eu besoin pour rendre sa course plus vive, quelque chose qui venait de s'ancrer en lui l'empêchait d'avancer convenablement et semait sa route d'embûches. Il avait quelques doutes concernant la nature de ce quelque chose. Il s'en voulait toujours, il était encore sous le coup des idées noires qui l'agitaient depuis ces quelques sombres minutes qui s'étaient écoulées. Sa vie n'avait aucun sens s'il était incapable de tenir le coup face à des êtres comme Saphira, s'il ne pouvait protéger personne. Il avait provoqué la mort de quelqu'un et ne pouvait pas corriger son erreur. Si seulement..si seulement il avait été plus fort. Pourquoi les choses étaient si injustes? pourquoi les vivants se comportaient de la sorte? quel était donc le secret intérêt que les Darkness retiraient de la souffrance des autres?

En lui déjà les sentiments contradictoires des humains se mêlaient. D'une part il avait envie de se battre et de continuer à vivre pour tenter d'acquérir la force qui lui permettrait de protéger les vivants, d'autre part il voulait simplement que tout cesse, il voulait que quelqu'un mette fin à ses souffrances. Que devait-il faire, comment devait-il agir, les doutes habitaient son âme brisée en ces ténébreux instants où la seule lueur d'espoir semblait haute dans le ciel, cachée par le plus épais des nuages. Son souffle était revenu. Il baissa les yeux au sol quelques instants pour ensuite les porter vers le corps sans vie de..

*Toi..je suis sûr de t'avoir déjà vu quelque part..*

Cette personne ne lui était pas inconnue. Alors qu'il repensait à la scène qui s'était déroulée quelques instants plus tôt, il recommença à trembler légèrement et ses yeux devinrent à nouveau plus humides. Quelle horrible sensation que celle d'être impuissant. Où plutôt, quelle horrible sensation que celle de s’interdire de répondre au mal par le mal. Mais il ne pouvait pas se permettre de manifester ce genre de comportements, il savait parfaitement qu'à une action néfaste d'intensité x une autre action encore plus vengeresse d'intensité y s'imposerait. Les seules choses que les vivants répondaient à la douleur provoquée par une attaque était soit la soumission la plus totale soit une attaque encore plus violente à l'égard de l'interlocuteur. Il ne pouvait pas s'autoriser à tomber si bas. Il fallait comprendre la douleur, trouver la source des actions mauvaises de l'humanité et tenter de la changer. Et pourtant, en repensant à Saphira le regard triste de l'élémentaire devint plus sombre. Était-il capable de rendre des personnes comme elle plus saines si la seule chose qui les faisait vivre était le chagrin de l'esprit?

Il repensa à son manque de contrôle de lui-même, il espérait sincèrement que ses émotions négatives n'avaient pas dominé ses pouvoirs et que les plantes s'étaient contentées d'immobiliser la Darkness sans lui faire de mal. Il était incapable de contrôler ses capacités quand des émotions trop fortes étaient imprégnées dans son esprit, il avait presque tué une personne cette fois-là, dans la forêt. Ça ne devait pas se reproduire. En fin de compte, une seule solution se présentait à lui, une chose qu'il n'avait pas voulu faire lors de son entraînement dans les bois. Oui..la seule chose qu'il pouvait faire était de supprimer les émotions de sa vie. En devenant neutre il ne vivrait pas pleinement sa vie mais il contrôlerait ses capacités et pourrait sauver ce qui lui était cher. C'était là le seul acte qu'il pouvait réaliser, sacrifier cette particularité de sa partie humaine pour le profit général. Il passa sa main dans ses cheveux, avec aux yeux une nouvelle lueur, celle de vide qu'on pouvait s'imaginer des êtres sans âmes véritables. Sentant une autre présence que lui dans la rue il se retourna. C'était elle, encore elle. Il la regarda d'un autre œil.

*Ne rien...ressentir..ne rien..éprouver*

Alors qu'il allait prendre le corps de l'agent une troisième fois, ignorant à nouveau la Darkness qui était sans pouvoirs sous le ciel désormais plus bleu qu'avant mais cependant toujours parsemé de quelques nuages, un bruit assourdissant se fit entendre, détournant son attention de l'agent mort. C'était un bruit qu'il avait entendu quelques rares fois depuis son arrivée en ville, un bruit lointain qui semblait n'appartenir qu'à des rues éloignées où des choses semblaient se produire. Une voiture - un de ces étranges outils de transport des vivants - s'approchait, une lumière clignotait. C'était un gyrophare, c'était une voiture de police, et ils semblaient se diriger en toute hâte vers eux. Après quelques secondes elle arriva devant Vegeo, qui était s'était posté devant l'agent, pour empêcher quiconque de l'approcher, qui étaient ceux qui allaient descendre du véhicule?

Les deux portières s'ouvrirent violemment pour laisser place à deux individus qui endossaient eux aussi le même uniforme que le mort: de longs imperméables, des pantalons noirs, des armes de service. Celui qui était côté conducteur était de taille moyenne, aux cheveux assez fournis et sombres. Ses yeux, tout aussi noirs que le regard qu'il lançait au corps à terre, semblaient contrariés, alors qu'il s'approchait des deux victimes.

"Tss..tss" fit-il en secouant la tête "On dirait que ce bon vieux Buck s'est fait avoir.."

L'autre pointait déjà son arme - une carabine Ruger PC4 - sur Saphira, prêt à tirer. Il n'avait pas de cheveux (ce qui étonna Vegeo, c'était le premier chauve qu'il croisait de sa vie) et une barbe assez bien dessinée lui donnait une certaine allure. Sa taille était rendue encore plus impressionnante par sa carrure et il avait le regard de ces hommes peu patients qu'il ne vaut mieux pas agacer.

"Elle correspond à la description fournie par ceux qui ont passé un coup de fil au central..protèges les je vais m'occuper de la gamine" fit-il d'un signe de tête énervé à son collègue pour ensuite ajouter "Hey toi ! tu ferais mieux de te mettre face contre terre, je suis pas aussi pacifique et hésitant que ta victime !"

Alors que l'élémentaire soutenait le corps de Buck et que le conducteur l'accompagnait derrière la voiture, le tireur ajustait sa mire, préparant ses excuses pour la bavure qu'il allait commettre pour venger son camarade. Il devait faire vite s'il se décidait à tirer, d'une minute à l'autre plusieurs autres véhicules allaient arriver. Après tout pour des êtres comme les Darkness aucune pitié n'était à envisager depuis l'incident des trois jours sombres: c'était soit toute une escouade pour les maîtriser, soit un chargeur vidé.

Spoiler:

Message par Invité Mer 14 Nov - 21:07

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Si j'oubliais l'état misérable de Vegeo pour me consacrer un peu à mon propre état de santé, je constatais qu'il était semblable ! Sueur à outrance sur les tempes et le front, cheveux dans la figure, vêtements dans un état pitoyable... Sa course avait été erreintante, ça se voyait aisément à sa respiration saccadée. Il devait avoir les poumons en feu. Un peu comme moi... J'avais mal, comme si j'avais fait toute une journée de sport intensif non stop. Les muscles ruinés, vidés de toute énergie... J'avais la vue de plus en plus trouble, et ma respiration n'était plus continue. Mes vêtements étaient trempés, mais pas que par la pluie. J'avais transpiré et pas qu'un peu...

Alors que je ratais le trottoir et que je m'étalais sur celui-là face la première, je sentis mes blessures se réveiller et m'envoyer des milliers de messages de douleur. Je n'avais pas vu ma peau, mais je m'imaginais très aisément de longues marques bleutées venant des tiges qui m'avaient enserré la peau. Je devais avoir sur le visage une fatigue laissant penser à une très longue série de nuits blanches. Pourtant, il ne s'était passé qu'une journée.... J'eus du mal à me relever, tanguant une fois de plus et manquant de peu de retomber, mais cette fois-ci sur la route. Je voyais passer quelques voitures de temps en temps, mais cette grande avenue était étrangement déserte.

Je ne fus que plus surprise quand j'entendis des sirènes un peu trop caractéristiques à mon goût. La Police ! Se furent ensuite les gyrophares bleu qui vinrent à ma vue, alors qu'elles se répercutaient sur les murs de la rue. Je n'étais pas en état pour affronter les flics ! Et depuis les trois jours sombres, on n'envoiyait pas moins d'un escadron complet quand un Darkness était en cause... Je vis effectivement deux hommes descendre d'une première voiture, mais l'assourdissant chant annonçait que d'autres véhicules étaient en marche. Les mains bouchant au mieux mes oreilles, j'observais un premier poulet, qui observait son pote mort laissé au milieu de la chaussée. Le second épaula une carabine, marcha vers moi et me cria un certain nombre d'ordres, que je n'avais pas l'intention d'écouter à la manière d'un chiot bien docile.

Je comptais bien leur vendre ma peau très chère, et si je m'attendais à devoir lâcher prise et finir au minimum derrière des barreaux, je me battrais. Pas question d'aller vers se mec pour lui tendre mes poignets et le suivre " sans opposer de résistance", comme ils disaient si bien. Le trouble toujours maître de mon esprit n'allait pas me faciliter la tâche. Je sortais de mon dos deux grandes ailes de plumes noires ( le fait que j'ai réussi du premier coup me surpris) et j'envoyais un coup à la figure du policier, qui vola plus loin en me laissant très gentiment son flingue aux pieds. Je ramassai l'arme, et marchais vers le corps du premier policier que j'avais rencontré, tout en tenant son camarade en joue. Je lui dis, d'une voix magnétique:

-Qu'est-ce qu'il était mignon, en fait... Il n'aurait pas du mourir si tôt... Dommage qu'il aie pris le risque de s'interposer entre ma victime et moi...

J'épaulais alors habilement la carabine et tirais une seule balle entre les deux yeux de l'uniforme bleu que j'avais face à moi. J'achevais ensuite celui qui n'avait pas réussi à se relever ( l'épaule probablement brisée sous l'atterrissage) et qui était resté campé près de la voiture. Je marchais ensuite difficilement vers Vegeo, terré le long d'un mur délimitant l'avenue. Je me penchai sur lui pour lui murmure:

-Dis-toi bien que tous les morts qu'il y aura à partir de maintenant viendront te hanter du plus profond de l'enfer. Car le décés est tout bonnement ta faute. Si je vais en prison, je tuerai mes geôliers, je libérerai des meurtriers, je tuerai en plus quelques innocents et je viendrais pour te tuer aussi.

Je n'eus pas le temps de dérouler d'avantage mon histoire, car un nouveau véhicule s'apprêtait à se garer à côté du premier. Je tirais dans le capot, faisant exploser le véhicule, brûlant et tuant les policiers qui étaient à l'intérieur. Ma vue, trouble toujours, était légérement améliorée par l'adréaline. Mais dès que cette dernière serait retombée, je chuterais de nouveau... Me servant de la lunette dont était équipée le fusil, je visais le chauffeur du camion blindée qui s'approchait déjà pour délivrer les derniers soldtats. La camionnette stoppa alors brutalement sa marche, et les agents des forces spéciales descendirent. Alors que j'en buttais deux, le troisième fit feu, et je n'eus que le temps de me jeter par terre. Malgré tous mes efforts, une balle m'ouvrit le flanc.

La carabine toujours épaulée, je me relevais avec beaucoup de mal, tandis que mon adversaire rechargeait. Voyant qu'il n'aurait pas le temps d'achever son approvisionnement, il courrut vers moi, sortant de je ne sais où un couteau de combat très bien aiguisé. Alors qu'il projetait sa lame dans le but de me décapiter, je me baissais, loupant de peu de me déséquilibrer et de prendre le second coup visant mon ventre, d'où s'écoulait déjà un abondant flot d'un liquide rouge et poisseux appellé sang. D'un coup de crosse, je frappais le flic au visage de toutes mes forces, l'envoyant au sol. Me servant de mes bottes plutôt que du fusil vide que je laissais par terre, je brisais nette la nuque de l'agent. Boitillante, une main sur ma plaie, je m'approchais de nouveau de Vegeo, alors que la rue était parsemée de cadavres, noyés dans leur propre sang.

-Ta faute... Uniquement ta faute.

Je rangeais mes ailes et me traînais misérablemement vers le bout de la rue, où je disparu, laissant seul le jeune homme, en tête à tête avec sa conscience. Il fallait que je rentre au plus vite, pour me soigner. Car je n'avais pas le système de guerrison rapide des vampires ou des lycans, et je n'étais donc pas à l'abris de me vider de mon hémoglobine sur le pavé de la ville...

Message par Invité Dim 18 Nov - 23:36

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*Ne rien..penser..ne rien..ressentir..ne rien..éprouver..ne rien...ne...rien...*

Il était là, à terre, adossé contre la partie arrière de la voiture, aussi inerte qu'une statue. La tête portée vers le bas, les yeux plongés dans des pensées incertaines et des émotions toujours plus discrètes. Il ne fallait pas penser, il ne fallait pas ressentir, vivre, c'était trop risqué. Il devait refouler les sentiments fournis par ce qui était jadis la partie humaine de son âme - et qui faisait à présent totalement partie de son être - il devait renoncer à tout ça pour mener à bien ses objectifs.

Le corps de Buck gisait à ses côtés, raide, les yeux clos. L'agent qui l'avait accompagné, lui, regardait son collège qui tenait en joue la meurtrière. Un air inquiet pouvait se lire sur son visage alors qu'il portait lui aussi la main au ceinturon. Peut-être qu'il allait devoir intervenir, peut-être que pour une fois ils devraient mettre la justice de côté pour se concentrer sur la simple idée, sur la simple décision de tuer la jeune femme. La dernière fois, quand les forces de police avaient échoué..la dernière fois, quand elles avaient refusé d'attaquer tout de suite une Darkness en tentant de dialoguer avec elle..la dernière fois..c'était un groupe entier de survivants qui avait perdu la vie. Leur réputation était en jeu, et la vie des citoyens aussi.

"Att..!!" cria-t-il à son partenaire sans avoir le temps de terminer.

Blasé, le jeune maître des plantes vit le corps du premier agent partir en arrière, sous le regard du second officier qui, lui, affichait l'air d'une personne prise au dépourvu. Il regarda en face de lui et recula d'un pas alors que la voix de la Darkness résonnait dans la rue déserte. Tout cela semblait loin, si loin dans son esprit. C'était comme un rêve, un mauvais rêve. Mais plus rien n'importait maintenant, plus rien. Ni la vie, ni la mort, la seule chose qui comptait c'était son but. Devait-il aussi tenter de sauver des vies? devait-il fuir à son tour pour simplement accomplir ce pour quoi il était né ou aussi tenter de rendre la vie des humains plus agréable? il ne savait pas, il ne savait plus. Plus rien n'avait de sens, de début ni de fin. Il devait partir. Il se releva puis se dirigea vers une rue sans regarder derrière lui..plus rien..plus rien..personne. Deux bruits sourds se firent entendre, deux bruits qui avec ceux qui suivraient feraient tout le nécessaire pour s'effacer à tout jamais de sa mémoire. Alors que le son des deux corps attirés par la gravité injuste du noyau terrestre parvenait aux oreilles de l'élémentaire, il se retourna pour voir les deux agents au sol. Il posa son dos contre le mur et s'affaissa sur lui-même pendant que Saphira se dirigeait vers lui en le piquant de ses cuisantes remarques une fois de plus.

*Plus rien..plus rien..* répétait-il les yeux vitreux dans son esprit, à moitié concentré sur les propos de cette dernière.

Les évènements qui suivirent, il y assista sans trop les vivre. Le souffle chaud et violent d'un véhicule dont les morceaux se répandaient, les cris d'inconnus qui lentement se consumaient sous la chaleur impitoyable des flammes. Le feu..encore le feu..toujours le feu..il lui enlevait toujours ce à quoi il tenait..la Nature était si sévère envers ses enfants naturels, elle semblait vouloir parfois les monter les uns contre les autres, comme pour s'attirer leur grâce, comme pour créer une course à laquelle tous devaient participer pour s'attirer ses faveurs. Ensuite le bruit d'une vitre qui se brise, les éclats de verre qui volaient dans tous les sens, des tirs..encore des tirs..des cris...encore et toujours le même schéma: le feu, la souffrance, les hurlements..encore et toujours la même chose qui se répétait inlassablement en imposant son rythme malsain à la vie de l'élémentaire.

Elle passa à côté de lui, alors qu'il était toujours prostré contre le mur, l'ignorant à moitié, l'affligeant d'une nouvelle sentence, puis s'en alla, le laissant là, seul, les yeux plongés dans le néant.

*Ma faute..uniquement ma faute..ma faute..ma faute..*

Machinalement, il se dirigea vers le cadavre du premier agent rencontré. Oui..c'était lui..l'agent du parc..celui qui lui avait prodigué paternellement quelques conseils pour qu'il vive mieux sa vie d'être doté de pouvoirs. Il le prit par les bras et le traîna vers le centre de la rue, laissant derrière lui une traînée de sang. Il jeta un coup d'œil autour de lui..ils étaient là..tous morts..tombés au combat. Il se dirigea vers un second agent, puis vers un troisième et ainsi de suite. Au bout de quelques minutes, au centre d'une marre de sang, entouré des cadavres d'une dizaine de personne, l'élémentaire se tenait, à genoux..ses cheveux retombant sur son visage et masquant son regard. Ses lèvres étaient pincées et chacun de ses vêtements couvert du rouge horrible qui s'était éparpillé un peu partout. Les paumes plongées dans le liquide qui était au sol, il dessinait des formes que lui seul pouvait comprendre tout en se passant sans trop y penser les mains sur le visage de temps en temps.

"Hmm..mmh..dans la forêt d'où je viens" soupira-t-il doucement sur un air peu mélodieux, la voix brisée "..viennent parfois des humains..ils sont étranges, si étranges..leurs vies se brisent..ça me dérange.." grinça-t-il entre ses dents, la tête baissée, s'enserrant lui-même dans ses propres bras.

"Ils viennent..ils partent..je m'écarte sans rien faire..c'est si étrange la Terre..n'est-ce pas Mère?..pourquoi..pourquoi..ne s'aim..ent..ils pas?" fit-il dans un murmure alors que de minces coulées d'eau couraient sur ses joues "j'ai été méchant..c'est ça?.." ajouta-t-il en s'empoignant la tête et en se balançant d'avant en arrière.

*Une dernière fois..* pensa-t-il..*juste..une dernière fois...*

Il porta les mains sur son visage pour se cacher les yeux alors que les larmes se multipliaient et tombaient au sol, se mêlant au sang des victimes du massacre.

"Kss..gnn..no..on...non..NOOOON....ah..aaaah..."

Il plongea sa tête contre le sol, les mains ensanglantées tentant de saisir le liquide alors que ses larmes n'en finissaient plus de couler.

"Non..gnn.gnn..grr...Aaaaaaaaaah !!"

Quelques minutes plus tard de nouveaux véhicules de police surgirent dans la ruelle, les agents qui en descendirent trouvèrent au milieu du carnage un jeune homme brisé qui hurlait face contre terre qu'il était désolé, qui criait à la ville entière son désespoir. Il fut emmené au poste le plus proche et interrogé sans relâche pendant le reste de la journée, secoué par les interrogateurs qui tentaient d'en retirer des aveux. Lui ne disait rien..après être arrivé il s'était enfermé dans un silence pesant. Le questionnement continua jusqu'au moment où des commerçants se présentèrent avec des images filmées par les caméra extérieures de leur magasins, des images qui innocentaient le jeune élémentaire. On le laissa se laver puis on l'autorisa à sortir..à contrecœur..l'individu n'avait pas de casier, pas de papiers..rien..aucun test n'était parvenu à l'identifier et il semblait sortir de nulle part et n'avoir aucune identité..aucun passé mis à part celui qui venait de s'ancrer à tout jamais dans son esprit. Un passé qui le hanterait à lui en faire perdre la raison et qui allait le forcer à supprimer définitivement tout sentiment de son existence pour se protéger de la folie du monde des vivants.

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