| par Invité Jeu 26 Mar - 15:45
| Bien que le loup que je m’étais mis en tête de suivre pour acheter de la lingerie ne s’était pas retourné pour vérifier si je le suivais ou non, je savais qu’il avait conscience de ma présence. Quelque chose me disait que ce loup-ci l’était depuis un certain temps, et même si je pensais qu’il avait été mordu –principalement à cause de sa pudicité, ce qui pouvait paraître stupide comme raisonnement-, j’avais l’impression qu’il se servait plutôt bien de ses capacités lycanthrope. Lorsque j’arrivai enfin à son niveau, je pus apercevoir un sourire flottant sur ses lèvres. Souriait-il parce qu’il était content que je l’avais suivi ? Fort probable. J’en déduisis, par son aptitude protectrice et bienveillante, qu’il devait faire parti de ces loups dominants qui prenaient soins des membres de leur race, et qu’il s’était mis en tête que j’étais en partie sous sa protection. Etant moi-même de ceux qu’on pouvait qualifier de dominant, cela ne me plaisait pas particulièrement, cependant j’appréciais sa gentillesse et passai outre ce désagrément qui était indépendant de la volonté de mon bienfaiteur. Mais alors que je continuais à assouvir ma curiosité, posant de plus en plus de questions au jeune homme, la bonne humeur de ce dernier sembla rapidement se détériorer et il se départit de son sourire. Lorsque je prononçai le mot « travesti » mon interlocuteur pila net. Heureusement, grâce à mes sens un peu plus développé que la moyenne, mon regard perçut le pivot du loup sur sa jambe droite qu’il utilisa comme moteur pour lancer son pied dans mes côtes. Si j’avais été humain, non seulement j’aurais pris le coup de pied sans avoir le temps de réagir, mais en plus mes côtes n’auraient pas tenu le choc. Etant un lycan né avec les capacités qui étaient les miennes, j’anticipai le mouvement et eus le temps de mettre mes bras en opposition à sa jambe. Mais je n’étais pas non plus sonic, et le loup n’était pas lent. De ce fait, bien que j’avais pu me protéger avec mes bras, j’étais toujours en train de marcher et l’un de mes pieds n’étaient pas poser sur le sol. Sous la violence et la puissance du coup, je fus soulevé du sol et propulsé dans les buissons qui amortirent légèrement mon choc.
La puissance et la rapidité de ce loup n’étaient pas celles d’un loup mordu. Je m’étais déjà battu contre des Mordus, et je savais en théorie comme en pratique que ceux-ci étaient moins puissants physiquement que les Nés. Mais ce n’était clairement pas le cas de ce loup dont je ne connaissais toujours pas le nom. Restant assis un instant après m’être redressé, m’habituant au poids nouveau qui pesait sur ma poitrine et qui m’avait déstabilisé lorsque je m’étais relevé, j’entendis la voix froide et agacée du loup. Mes yeux virèrent au doré en une fraction de seconde et je bandai mes muscles, prêt à bondir sur le jeune, un léger grondement s’échappant de ma poitrine à son intention. Mais je me ravisai, fermant les yeux tout en me calmant un peu, percevant l’odeur de celui qui m’avait déjà frappé à deux reprises se rapprocher, de même que ses pas, sans pour autant lever les yeux pour le voir. Il aurait été impoli d’agresser et de se battre avec celui qui s’apprêtait à me dépanner en cette journée étrange. Au lieu de cela, j’époussetai mes membres afin d’enlever les quelques herbes qui s’étaient accrochées à ma peau, faisant preuve d’une patience qui commençait peu à peu à me faire défaut alors que je recevais des coups sans riposter. Le loup à l’intérieur, quant à lui, il était furieux. Ne prêtant pas des masses attention à mon interlocuteur, je ne réagis pas premièrement lorsque celui-ci tendit sa main vers moi. Cependant lorsqu’il attrapa mon col pour me soulever tout en marmonnant quelque chose sur mon manque d’éducation, mes yeux virèrent à nouveau au doré et un grognement menaçant et animal s’échappa de ma gorge. Je virai d’une tape sans ménagement sa main sur mon col –qui avait par ailleurs tiré sur mon t-shirt, le faisant monter un peu plus et dévoilant une partie du bas de ma poitrine-, avec plus de force qu’il n’aurait été nécessaire.
-Je ne suis pas un louveteau, grondai-je. Puis remettant mon t-shirt à sa place, je poursuivis. Ce n’est pas très malin de critiquer mon absence de pudeur et ensuite de mettre mes seins à l’air. Et la prochaine fois que tu me frappes, ne t’attends pas à ce que je reste aussi docile.
Mon ton s’était fait acerbe, mais continuant à marcher, je me calmai rapidement. Lorsque je posai la question de notre destination, mon interlocuteur se pinça l’arrête du nez après avoir arqué un sourcil, comme si ma question était stupide. En effet elle m’avait déjà dit qu’elle m’emmenait dans un magasin de lingerie, cependant si je savais où se trouvait ces magasins, je n’aurais pas renouvelé la question. Soupirant, je préférai me taire. C’était déjà assez étrange que je me promène sans sous-vêtements, si en plus j’avouais à cet homme que je n’avais jamais mis les pieds dans un magasin de lingerie féminine alors que j’avais l’apparence d’une femme, c’était la cerise sur le couscous. Trop d’incohérence dans une même matinée. Je me contentai donc de suivre le jeune homme à travers les rues, sentant au loin l’odeur du pain frais et des viennoiseries. Je fus tenté de continuer mon chemin jusqu’à l’une de ces boulangeries au lieu de suivre le loup à l’intérieur de la boutique qui sentait nettement moins bon que l’odeur de la nourriture. Je n’avais rien contre l’odeur de soie et autres composés de lingerie, cependant mon ventre commençait à se réveiller. Mais je suivis malgré tout mon « bienfaiteur ». Il y avait toujours l’odeur persistante des produits nettoyants qui m’irrita un peu le nez le temps que je m’y habitue, et une rangée d’objets de lingerie fine. Et curieusement, avec ma condition de femme, je m’attendais à ce que l’excitation du shopping me gagne, histoire d’avoir enfin connaissance de ce sentiment que je n’avais jamais compris chez la gente féminine. Mais c’était toujours la même flemme qui m’habitait face à cette immensité, le même sentiment de vouloir en finir avec cela au plus vite. Un petit rire m’échappa lorsque je perçus la voix de mon interlocuteur, et je la remerciai tout en la rassurant. Mais alors que je choisissais au hasard des sous-vêtements qui étaient susceptibles de m’aller, la porte du magasin s’ouvrit et un courant d’air m’apporta l’odeur d’un groupe d’individus masculins que je connaissais bien. C’était une partie d’une des bandes de racailles de mon lycée, à qui j’avais déjà mis une raclée à plusieurs reprises. J’aurais du savoir que les ennuis me suivraient, même sous cette forme.
Le petit groupe d’individus au nombre de six se répandit dans le magasin en se dispersant comme une traînée de poudre vicieuse. Ils puaient l’excitation et la « chasse », me confirmant le fait que ce petit groupe n’était pas venu acheter de la lingerie. Peut-être l’unique serveuse qui se trouvait ici avait inconsciemment conscience de leurs émotions dépravées, mais alors même qu’elle se tenait à l’écart, je pus percevoir l’odeur de sa peur et les battements de son cœur accélérer. Sachant même qu’il n’y avait aucun moyen pour que ces abrutis ne me reconnaissent, je savais qu’ils étaient venus pour moi. Et comme dit comme fait, la traînée de poudre se rassembla autour de moi, m’encerclant plus ou moins dans le rayon que j’avais choisi. Le petit chef du groupe, un blond massif en année de terminale, s’approcha de moi un sourire vicieux aux lèvres. Soupirant, je tentai tant bien que mal de cacher mon amusement et le sourire qui commençait à naître sur mes lèvres.
-Alors comme ça on se promène sans sous-vêtements et le ventre à l’air ? Dis-moi ma jolie, on doit te payer combien pour que tu nous fasses des gâteries ?
Tout en prononçant ses paroles, il avait avancé sa main en direction de ma poitrine. D’un mouvement vif et précis, je saisis son poignet et le tordit sans pour autant le lâcher, arrachant un glapissement de douleur au petit chef blond. Une vague de protestation s’éleva parmi les rangs de la racaille. Souriant sans pour autant lâcher la main du lycéen, je commençai à marcher vers la sortie, obligeant le petit groupe à me suivre.
-Réglons ça dehors, bande de chiens galleux. Je vous montrerai comment je vous ferai des gâteries.
« Bande de chien galleux » était l’insulte que moi/masculin proférait à l’encontre de cette bande à chaque fois que celle-ci tentait de lui chercher des noises, et j’étais le seul à oser les appeler ainsi. Et je vis à la surprise générale qu’ils ne manquèrent pas de reconnaître ce surnom. Un soupçon d’étonnement et crainte se répandit à travers le petit groupe tandis que nous parvenions à l’air libre.
-Tu crois vraiment que tu peux tous nous battre, sale chienne ?! proféra l’un des adolescents.
Tournant un regard féroce vers ce dernier, je montrai les dents.
-Ne t’avise pas de m’appeler chienne encore, petite merde, où tu le regretteras.
C’était aussi une phrase que le moi/masculin prononçait lorsqu’on le traitait de chien. Une nouvelle vague de surprise mêlée de confusion parcourue la bande, tentant de comprendre ce qui se passait. Ils étaient dans l’incompréhension totale, semblant me reconnaître, et pourtant déroutés par le fait que j’étais une fille. Finalement l’un d’eux prit la parole, avec un ton venimeux et moqueur.
-Tu ne serais pas de la famille de Bran Marok par hasard, la prostituée ?
-Imbécile, Bran n’a pas de sœurs, ni de frères d’ailleurs ! fit remarquer le blond.
-Alors c’est qui cette pute ? s’énerva le premier.
Sans prononcer un mot, je ne fis que sourire de cette manière arrogante qui me réussissait si bien, leur laissant à leur confusion, jouant avec leurs nerfs. Finalement, l’un d’eux craqua et se décida à m’attaquer, suivi ensuite par les autres. Et en trente secondes ce fut fini. Evitant avec une facilité déconcertante leur coup, je leur mis une fois de plus une raclée et les forçai à partir. Puis une fois fini, je réarrangeai mes vêtements et pénétrai dans la boutique à nouveau. La petite altercation n’avait même pas durée une dizaine de minute, mais je m’excusai auprès de la vendeuse pour les désagréments, et je finis par choisir quelques sous-vêtements qui, je trouvais, m’allaient bien, faisant comme si de rien n’était. J’espérais que le loup qui m’accompagnait n’avait pas trop prêté attention à mon échange avec la racaille. Puis me rapprochant de lui pour lui présenter les sous-vêtements que j’avais choisi, je les présentait à mon interlocuteur.
-Ceux-là conviennent ? Puis après une courte pause. D’ailleurs, je n’ai jamais pensé à te demander à toi qui t’apprêtes à m’acheter de la lingerie fine ; comment t’appelles-tu ? C’est rare de rencontrer des loups de naissance ici, à l’Avventura.
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