Une journée à tourner en ville à la recherche d'un emploi, être jetée de boutique en boutique avec ses lunettes de soleil aux nez, Octavia n'était pas prête de pouvoir louer un appartement ni un studio au passage. Ses économies mourantes comme des papillons, elle essayait de garder espoir. Cette communauté, l'Avventura, avait laissé des rumeurs de bonté des individus, d'une force d'envie de vivre librement, dans les plus grandes cités qu'elle avait pu visiter. Malgré les malheurs que cette ville subissait, le Cercle avait toujours réussi à y garder un calme apparent. Pourtant, Octavia avait bien l'impression d'être entouré de suspicieux... Les rumeurs devaient être celle de vacanciers de passage dans le coin. Ou bien était-ce elle qui avait imaginé pouvoir enfin se poser dans un lieu de paix ? C'était surement le cas...
Malgré les refus pesant, Octavia avait décidé de se faire rêver. Rendez-vous 18:30 pour visiter un appartement à passer de toute urgence. Certes, elle n'aurait de toute manière pas les moyens et le culot de poser son dossier, mais elle allait se donner une idée. Vêtue de son jeans le plus propre, d'un t'shirt blanc en U, puis de sa fameuse jacket taillée homme légèrement trop large, Octavia frissonnait avec les températures qui descendaient aussi vite que les poils de ses bras montaient. Frottant les paumes, Octavia se tenait devant l'immeuble. De jeunes garnements étaient encore dehors à jouer avec un ballon d'une couleur suspecte. L'un deux ne se priva pas de faire savoir à Octavia, qui les fixait avec un sourire béa, la substance qui couvraient leur balle. Joutant le ballon en montrant du doigt Ô, le garçon se mit à esclaffer de rire et à courir avec ses amis. Elle ne comprit rien avant le choc de la balle sur ton t-shirt blanc. Elle baissa la tête et une odeur forte de crotte lui attaqua les narines.
- Non mais putain je rêve !! Il ne manquait plus que ça. Fait chier... Elle ajouta en criant - Sale gosse ! Si je vous choppe, je vous étripe !
Je ne vais pas me présenter comme ça... je pue maintenant. J'en peux plus...
Octavia s'éloigna de la porte d'entrée de l'appartement et alla plus loin se laisser tomber sur un banc, la tête en arrière. Elle inspira, expira plusieurs fois et décida de jeter son t-shirt. Tant pis si le froid allait la tuer, elle n'allait pas garder un vêtement qui pue la merde de chien. Elle referma rapidement sa jacket et elle commença à faire une boule avec le haut. Un nœud par ici et par là, elle s'amusa à envoyer le tissus dans le poubelle un peu plus loin. A genou sur le banc, elle se ratait, mais n'abandonnait pas. Elle faisait des allées et retour dans le but d'arriver à faire un panier. Comme une enfant, elle s'amusait et en oubliait ses nerfs froissés.
Le temps s'écoula et Octavia n'avait toujours pas réussi à viser correctement la poubelle. 22:19 -Octavia frissonna, laissa tomber ses lunettes de soleil, se leva et avança vers la première personne qu'il eut dans sa ligne de mir. 22:20 - Des hurlements dans plusieurs coins de la ville résonnaient jusqu'aux appartements. Octavia n'entendait plus rien. Une haine sans fin l'envahissait. Des images de tortures, de meurtres, de bain de sang défilaient devant ses yeux. Un sourire s'élargit sur son visage quand elle arriva à côté d'une femme. Elle lui attrapa les cheveux et commença à hurler comme si elle était possédée. Elle essayait de lui arracher la tête, telle était l'envie qui la traversait actuellement. Elle n'arriverait jamais à tuer avec ses maigres bras. Elle devait simplement faire mal et peur à cette femme.
Octavia ne se contrôlait plus. Des créatures apparurent des coins sombres et attrapèrent les premières personnes à l'extérieur, les décapitant et envoyant valdinguer les têtes.. Plus elles étaient proche d'elle, plus les expressions sur le visage d'Octavia se tordaient d'une rage infinie.
Au milieu de sa salle de bain exigüe et d’un nuage de vapeur, Aline terminait d’essorer ses longs cheveux avec application. D’un geste vif de sa main, elle essuya la buée du miroir et examina son visage avec précaution. Elle avait maigri, c’était certain. Des joues plus creuses, de grands yeux inquiets et un front soucieux et pâle se reflétaient dans le miroir. Finalement, elle se détourna de son image, qu’elle jugeait trop disgracieuse et s’en alla dans sa chambre se vêtir. La soirée venait de débuter et elle s’apprêtait à sortir enfin. Elle n’avait encore qu’une jambe dans son jean quand elle entendit un hurlement de terreur au loin. Une seconde plus tard, un autre retentit. Et encore un autre. La jeune fille courut à la fenêtre, à moitié habillée. Collant son nez aux carreaux, elle fixait l’horizon et plissait les yeux pour apercevoir quelque chose. Soudainement, un grondement qui ressemblait cruellement à un tremblement de terre se fit sentir. Les murs tremblèrent, la lumière oscilla quelques instants avant de rendre de l’âme dans un grésillement ridicule. Des cris de panique montaient aux oreilles d’Aline, les placards s’ouvrirent et déversèrent à ses pieds toute la vaisselle qu’ils contenaient. Des éclats de porcelaine lui entaillèrent les chevilles. La demoiselle entendit la voisine du dessus dévaler les escaliers en courant, les pleurs d’un enfant lui parvenaient. Ça sentait le sang à plein nez et les cris de détresse étaient assourdissants. Si Aline avait déjà vu les atrocités, rien n’était comparable à ce qui se déroulait sous ses yeux. Les hommes tombaient les eux après les autres, succombaient dans d’horribles souffrances faces à des créatures qui semblaient complètement déchainées. C’était un carnage. Un véritable carnage.
Aline attrapa sa veste, qu’elle enfila à la hâte, et se rua pieds nus dans le corridor. Elle bouscula au passage un homme qui paraissait perdu et s’arrêta net devant le spectacle. Le hall d’entrée était jonché de cadavres et les créatures achevaient les derniers survivants. Retenant un haut-le-cœur, la jeune fille fit volte-face et s’élança en sens inverse. Elle atteignit la porte de derrière, celle qui donnait sur le parking et couru dans la rue. C’était la panique. On se marchait les uns sur les autres, des trainées de sang s’étalaient sur le bitume, et l’odeur de la mort enveloppait les hommes d’un voile funeste. Sans vraiment d’état d’âme pour les pauvres gens qu’elle bousculait, la demoiselle jouait des coudes pour se frayer un chemin. Une main agrippa son bras, et Aline, prise de panique, se retourna violemment et son poing fila droit dans la figure de l’inconnu. Une seconde après, la jeune fille réalisa qu’il s’agissait seulement d’un fuyard comme elle, qui devait sans doute demander de l’aide. Sans même s’excuser pour lui avoir brisé le nez, elle fit demi-tour et s’élança à nouveau. Elle marchait sur des cadavres, ou alors des agonisants. Elle trébucha plusieurs fois, égratignant son visage et ses mains. Des balles perdues fusaient autour d’elle, des griffes et des crocs entaillaient la chair des fuyards. Jamais Aline n’avait eu aussi peur. Mais que font les forces de l’ordre bon Dieu ?! Au beau milieu de la panique générale, la jeune fille ne savait même pas où aller. Cette fois, elle heurta de plein fouet une jeune humaine qui hurlait comme si elle était possédée par le diable. Le choc les fit tomber toutes les deux à la renverse. Sans aucune compassion pour la pauvre fille qu’elle était en train de piétiner, Aline tentait de se relever quand quelqu’un abatis son pied sur la petite main de la vampire. Un crac de mauvais augure se fit entendre bien avant que la douleur n’irradia tout son avant-bras.
C'était une nuit de janvier comme les autres, tout du moins c'est ce que je pensais alors. J'étais alors chez ma tante, et nous discutions un peu de tout et de rien. Depuis que j'avais été chassé de la ville, rares avaient été les moments où j'avais eu le temps et la tranquillité d'esprit nécessaire pour m'adonner à cette activité. Nous n'étions pas de grands bavards ma tante et moi, cependant notre "séparation" avait rendu ces moments plus fréquents qu'auparavant, et à la fois plus appréciés. Il était déjà tard, et je savais que ma tante n'allait pas tarder à se coucher. Mais je profitais un peu de ces derniers instants. Elle était, après tout, la dernière famille qui me restait. Mais alors qu'elle se levait pour trouver le confort de son lit, un étrange pressentiment me gagna. Pour une raison qui m'était alors inconnu, tous les signaux d'alarmes internes que j'avais se réveillèrent d'un coup, mettant tous mes sens en alerte. Consciente de ma soudaine raideur, ma tante s'immobilisa et me regarda, un air interrogatif sur le visage. Appelez ça l'instinct animal, mais à peine eus-je le temps de dire à celle qui avait poursuivi mon éducation que quelque chose d'étrange se produisait, que le mal se produisit. Un énorme tremblement de terre, et seulement quelques secondes après les premiers cris retentirent.
Je sommai ma tante de rester dans l'appartement tandis que je descendais voir ce qui se passait. Et je ne vous dis pas ma surprise lorsque j'aperçus une horde de démon déferler sur la ville, mettant à feu et à sang la ville qui m'avait vu naître. Je retournai chercher ma tante pour la mettre en lieu sûr, et repris rapidement le chemin du centre-ville. Cependant, sur le chemin, parmi les odeurs de cadavres et de sang, de terreur et de haine, je flairai deux parfums qui ne m'étaient pas inconnu non loin de là. M'arrêtant soudainement, je bifurquai dans la direction que m'indiquait mon odorat et me mis à courir aussi vite que je le pouvais. Des humains se faisaient massacrer à la pelle, et malheureusement pour eux, je ne pouvais faire grand chose pour les aider. Les démons étaient bien trop nombreux, et si il leur venait la merveilleuse idée de s'en prendre à moi, je ne donnais pas cher de ma peau. Cependant, j'étais bien décidé à venir en aide aux deux personnes que je connaissais. Aline et Octavia...La première était une vampire que j'avais rencontré il y avait bien longtemps, et malgré nos divergences d'idées nous étions devenus amis. J'avais rencontré la seconde il y a peu alors qu'elle cherchait un travail au centre commercial, et bien qu'elle m'avait paru loufoque elle était fort sympathique.
Dans ma course folle, je croisai de nombreuses personnes qui couraient dans le sens opposé au mien, semblant fuir une catastrophe. Mais ne savaient-ils pas que toute la ville était assaillie ? Ne prêtant guère attention à ce qui se passait aux alentours, je me concentrai afin de repérer mes deux amies. Et cela ne tarda pas. Aline se trouvait au sol, submergée par une foule de personne qui tentait de sortir d'un immeuble d'habitation. Tandis qu'Octavia s'en prenait méchamment à une autre demoiselle. Ce n'était pas vraiment le moment pour les crêpages de chignons, et je me précipitai donc vers les demoiselles sans plus tarder. Faisant usage de ma force et de ma vitesse surnaturelle, je libérai de la place autour de la vampirette blonde en poussant sans ménagement les gens qui se trouvaient autour, envoyant certains faire un vol plané. Sans plus se préoccuper de qui leur avait fait cela, les malheureux reprenaient leur course sans demander leurs restes. Alors d'un bras, j'aidai Aline à se redresser et se mettre sur pied.
-Aline ! C'est moi, Bran, fis-je au cas où elle serait sonnée ou un peu perdue. Ça va ? m'inquiétais-je en prenant soin de la regarder.
A peine eus-je le temps d'entendre sa réponse que je me portai au secours d'Octavia. Ou plutôt au secours de la victime d'Octavia. Maîtrisant cette dernière, je l'arrachai de la chevelure de sa meilleure amie et tentai de la calmer. Mais je reconnaissais à peine son visage qui était déformée par une haine sans nom. La même que l'odeur âcre et omniprésente que dégageait ces démons. Merde ! Cherchant autour de moi, je repérai quelqu'un qui avait des lunettes, je l'arrêtai et les lui subtilisai sans ménagement. L'homme en question marqua un temps d'arrêt, surpris et horrifié, mais reprit d'emblée sa course. Et sans perdre de temps, maîtrisant du mieux que je pouvais Octavia, je lui fis enfiler les lunettes.
-Octavia ! Octavia c'est Bran, reprends toi ! Ne te laisse pas submerger !
C'était la panique, et cela pouvait se comprendre. Ce n'était pas tous les jours qu'on avait à subir un envahissement par des forces démoniaques. Mes yeux, sans que je m'en rende compte, avaient viré au doré. La couleur du loup. Sous toute cette pression et cette menace constante qui pesait sur nous, mon loup était à fleur de peau. Je rassemblai mes deux amis et les rapprochai. Elles ne semblaient pas vraiment comprendre ce qui se passait.
-La ville est attaquée par une horde de démon, leur expliquai-je. Il faut trouver un abri !
Où était le Cercle ? C'étaient les forces de l'ordre, et la population qu'ils disaient protéger avait besoin d'eux. Alors pourquoi n'étaient-ils pas encore là ? C'était ironique, mais pour la première fois de ma vie je me reposais sur le Cercle pour venir nous aider. Car en effet la situation était quelque peu désespérée. Sortant d'un coin de rue, un démon se dirigea droit vers nous. Sans perdre la moindre seconde, je m'engageai en dépassant les jeunes filles et sautai sur le démon avec un grondement loin d'être humain. Après plusieurs secondes d'un combat acharné, je réussis enfin à prendre le dessus, mais non sans conséquences. Mon haut était maculé de sang et déchiré par endroit, laissant entre-apercevoir les éraflures que les griffes du monstres m'avaient laissé. Elles ne tarderaient pas à se refermer, mais en attendant cela faisait un mal de chien ! C'est que ces bêtes étaient monstrueusement fortes et rapides !
Octavia était hystérique. Une animosité dévastatrice traversait et détruisait chaque cellule de son aura. Elle se répandait à une vitesse sans égale. Son "être", son "elle" ne pouvait pas aller à l'encontre de celle des démons qui semblait d'une puissance infernale. Arrachant des touffes de chevelure de l'inconnu qui s'était trouvée être à la vue d'Ô au moment de l'arrivée de monstre dans la ville, elle aurait pu miraculeusement s'enfuir, si seulement elle en avait la présence d'esprit au moment opportun, quand une dame bouscula violemment Octavia, l'entrainant dans sa chute. Un gros coup à la tête, Ô eut un trou de quelque seconde où elle fut détachée des démons et de leurs convictions de destructions. Ce fut bien-sûr de court-terme. Dès qu'elle reprit connaissance, elle fut de nouveau emprisonnée, comme un pantin, après s'être débarrassée de la dame qui l'écrasa, elle sauta sur ses jambes en ne manquant pas la main du boulet et rattrapa violemment sa proie initiale. Lui flanquant un gros coup sur la gueule de son petit poing en lui tenant la tignasse, la peau de ses phalanges craquèrent déjà, laissant du sang perlé sur le minois de l'innocente dame. D'un hurlement de douleur et de haine, ses gestes se faisaient plus grotesque et inhumains.
C'est alors, qu'une personne la détacha de son acharnement. Octavia voulut s'en prendre à l'inconnu, plantant ses ongles dans la peau, tentant de lui arracher un morceau de chair, mais une voix qu'elle reconnut la fit hésiter et ses doigts commencèrent gentiment à se décrisper. Cet aura caressa la sienne, une angoisse commença à se répandre en elle. La panique la prit et quand il posa des lunettes sur son nez, elle comprit. Essoufflée par les émotions qui la traversaient, elle réussit à sortir un mot.
- Bran...
Octavia frissonna. Malgré les verres des lunettes, dont la correction était plutôt forte, elle voyait floue-ment les auras des monstres partout. Ils étaient partout. Ils étaient entourés, cernés. Jamais ils ne pourraient fuir... Octavia n'était qu'une humaine. Elle n'était pas spéciale. Elle ne savait pas se battre. Elle était morte d'avance et le savait. Bran semblait prêt à tout pour se mettre à l'abri malgré la panique qui se voyait en lui. Il approcha Octavia d'une demoiselle. Elle semblait très jeune, mais Octavia perçu rapidement un vécu lourd. Les auras des démons étaient tellement denses qu'elle ne percevait que finement celle des autres gens.
- C'est impossible de s'enfuir ! Ils sont partout ! Partout ! je les vois. Ils veulent... ils veulent...
Tremblante, Octavia essayait de s'exprimer, mais elle put finir sa phrase. Un d'eux était là. Il les voulait. Elle le savait. Bran réagit tout de suite alors qu'elle avait commencé à hurler et se recroqueviller sur elle-même. Entre grognement et sanglot, Octavia se battait intérieurement alors que Bran s'acharnait sur la bête. Dès qu'il réussit à l'exterminer, revenant vers elles peinturluré de son propre sang, Octavia lui lança un regard de détresse.
Je dois partir... je ne tiendrai pas, mais je ne veux pas mourir... non.
En ricanant, Octavia prit la parole avec une assurance ne venant en tout cas pas d'elle.
- Vous allez mourir. Fuir ne vous sert à rien.
Les yeux virés sur la fille dont elle ne connaissait toujours pas le nom (il faut dire que ce n'était pas maintenant qu'elle allait faire de nouvelles rencontres amicales et prendre le temps de faire la causette), Octavia cligna des yeux en secouant la tête, puis ajouta en criant en la montrant du doigt. - Partez ! Il vient pour vous !
A peine Octavia finit sa phrase, qu'un démon arrivait à une vitesse hallucinante en direction de l'inconnu que Bran avait aidé auparavant à se relever.
La main et le poignet brisés, Aline tentait désespérément de se relever. Mais dans la panique générale, les gens la bousculaient, la piétinaient et l’empêchaient de trouver un appui pour se remettre sur pieds. Ses ongles griffaient le sol et le bitume rêche ensanglantait le bout de ses doigts. Elle manquait d’air, et Aline commençait à se dire qu’elle allait visiblement trépasser ici, à terre au beau milieu d’une foule en panique. Combien de fois n’avait-elle pas entendu parler de ces personnes décédés dans un concert, ou un spectacle parce qu’elles avaient été écrasées par une horde de gens devenus fous ? La jeune fille suffoquait de plus en plus quand une vigoureuse poigne s’empara de son bras et la remit fermement debout. Perdue, elle chancela et s’agrippa de plus belle à l’inconnu qui n’en été pas un. Bran. Il avait le chic pour débarquer toujours au moment où on l’attendait le moins.
« Bran, je n’ai jamais été aussi heureuse de te voir … » articula-t-elle, toujours cramponnée à lui.
Mais, il se détacha de son emprise pour voler au secours d’une toute autre demoiselle. La même qui semblait possédée par le diable. Il parvint d’ailleurs à la calmer, mais bien qu’il semblât la connaître et l’apprécier, Aline demeurait méfiante à son égard. Cette fille ne lui inspirait aucune confiance, à vrai dire. Une horde de démons ? C’était ça qui avait déclenché la panique ? Il s’agissait donc d’un massacre de masse ? Mais pourquoi s’en prendre à eux ? Pourquoi ici ? La vampirette était totalement paumée, la peur glaçait ses veines, tous ses sens lui hurlaient de fuir mais elle ne pouvait pas. Elle demeurait tétanisée sur place alors que Bran se battait seul face à un démon. Autour d’elle, la foule en furie se pressait, la bousculait sans ménagement. A ses pieds, des gens tombaient. Elle chercha le regard de Bran et une voix qui n’avait rien de rassurant la sorti de sa torpeur. Elle provenait de cette fille étrange. Cette fois, c’était certain : elle était réellement habitée par le diable ! Mourir ?! Ici ?! Comme de vulgaires choses impuissantes ?! Non, non et non, Aline refusait d’y croire. Son visage se déforma sous l’effet de la terreur et la dernière phrase de l’inconnue lui fit faire volte-face juste à temps pour apercevoir un démon la prendre pour cible. Elle recula d’un pas et heurta plusieurs personnes. Sa bouche s’ouvrit pour laisser échapper un véritable hurlement de terreur et, levant ses bras pour protéger son visage, elle attendit l’impact. Les griffes du démon lacérèrent ses poignets et sa poitrine et elle tomba en arrière. Aline tenta de se défendre mais il était trop puissant pour elle, alors elle essaya d’échapper à son emprise. Elle parvint difficilement à se redresser et lorsqu’elle entama sa course, la main du démon se referma sur sa cheville et la tira violement en arrière. Entraînée dans la chute, la jeune fille tomba à plat ventre. Son menton frappa sauvagement le sol, faisant douloureusement claquer sa mâchoire et se déchirer sa peau blanche. Une de ses dents se cassa net et tirée en arrière, la demoiselle racla le sol goudronneux. Ses mains ensanglantées cherchaient une quelconque prise et finalement Aline hurla le nom de Bran de toutes ses forces.
Il semblait que j'étais arrivé juste au bon moment pour les deux demoiselles. Malgré tout, Aline semblait avoir particulièrement souffert de la terreur qui avait subitement agité la foule et qui l'avait très certainement surprise. Lorsque je l'avais trouvé, elle était en train de se faire marcher littéralement dessus. J'avais violemment repoussé tous ceux qui étaient susceptible de continuer à la piétiner, et ces derniers, pris d'une telle panique, n'avaient rien remarqué. Lorsque j'avais écarté les quelques humains qui étaient sur mon chemin, j'avais relevé la vampirette blonde qui s'était alors accrochée à moi. Et ce n'est qu'alors, après quelques secondes, qu'elle finit par me reconnaître. Tout en s'agrippant à moi comme si sa vie en dépendait, elle me regarda avec ce qui semblait être un profond soulagement. Et ses paroles ne tardèrent pas à venir confirmer ce que je voyais dans ses yeux. Elle avait cru y passer jusqu'à ce que j'arrive. Mais qu'il y avait-il de plus normal que de venir en aide à une amie ? Mais je n'avais pas le temps de m'attarder sur cela, une autre amie était en danger - ou plutôt mettait des gens en danger. Je souris chaleureusement à Aline et partis du côté d'Octavia pour tenter de ramener les choses au calme.
Octavia prit elle aussi quelques secondes avant de me reconnaître, me griffant au passage. Ce n'était pas bien grave car je guérirais très rapidement. Cependant si nous restions là, je ne donnais pas chère de notre peau. Par dessus l'odeur de la mort qui prenait petit à petit un peu plus de consistance, la puanteur des démons se faisait elle aussi plus pressante. Après avoir difficilement tué l'un de ces démons, j'étais revenu auprès des demoiselles. Il était évident qu'Aline se méfiait d'Octavia, et après ce qu'elle avait vu cela pouvait se comprendre. Mais je savais qu'Octavia n'avait réagi ainsi que sous l'influence de l'aura des démons. Maintenant qu'elle avait ses lunettes qui étaient censé la prémunir de ce genre de mésaventures, cela devrait aller un peu mieux. Mais les deux jeunes demoiselles étaient tétanisées et l'odeur de la peur, du sang et de la mort saturaient l'air d'une telle force qu'il en devenait presque difficile de respirer. Et alors que je croyais Octavia hors de portée de leur aura, celle-ci ricana une nouvelle fois et, avec une voix qui n'était pas de ce monde, prophétisa notre mort à tous. Comme si j'allais laisser cela arriver ! M'approchant d'Aline, je posai une main sur sa petite tête blonde en lui souriant, puis je souris à Octavia.
-On s'en sortira. Vivant. Ce n'est pas une option mesdemoiselles.
Mon coeur battait vite, et l'adrénaline parcourait mes veines à une vitesse inouïe. Je n'étais pas insensible à la peur qu'elles ressentaient, et que moi-même j'éprouvais, mais je n'allais rien laisser nous arriver. Mais alors que je disais cela, Octavia pointa du doigt un démon qui se dirigeait droit vers la blondinette. Je poussai un juron et tentai de m'interposer, faisant un rempart de mon corps. Un rempart qui ne dura qu'un dixième de seconde alors que le démon, plus hideux et visiblement plus fort que le précédent, m'envoya valdinguer contre un grillage d'un revers de patte. Eh merde ! Légèrement sonné, j'entendis les cris de la vampire qui tentait de se défendre contre son assaillant, et je me forçai de sortir de ma torpeur. Aline tentait vainement de se défendre contre le monstre, et alors qu'elle avait saisi une opportunité de s'enfuir, la bête venue des enfers lui attrapa la cheville et la fit trébucher. Vint s'ajouter aux nombreuses blessures d'Aline une ouverture de son menton. Poussant un grognement purement bestial, j'arrachai un des barreaux du grillage sur lequel j'avais atterri et me dirigeai à toute vitesse vers eux. Tenant la barre du grillage comme une batte de baseball, je frappai le démon avec au visage pour l'éloigner de mon ami, ce qui eu l'effet escompté. Ce fut à son tour d'être sonné quelques secondes, durant lesquels je profitai pour parler à Aline.
-Aline ! Trouve un cadavre et nourris-toi ! Tu as besoin de guérir et de reprendre des forces, parce que ce n'est pas fini.
Pas le temps de niaiser. Je repartis en direction du démon, et après quelques secondes, je réussis à lui enfonçai la barre dans la poitrine et à le planter contre un mur. Mais cela ne semblait pas vraiment lui faire de mal, et au contraire il semblait encore plus furieux que précédemment. Prenant la barre à deux mains, il commença à l'extraire du mur et de sa poitrine. Eh double merde ! C'était une blague ou quoi ?! C'étaient quoi ces bestioles de mes deux ?! Il était immobilisé maintenant, mais avec sa force monstrueuse il ne tarderait pas à se libérer. De mon côté j'allais commencé à rapidement m'épuiser si je continuais à me battre ainsi contre ces absurdités venues d'un autre monde. Je repartis alors dans l'autre sens, récupérai les deux demoiselles, et les incitai de manière pressante à me suivre.
-Il faut qu'on se barre. Et vite !
Je pris rapidement une petite ruelle et m'y glissai. Je connaissais la ville et ses alentours par coeur. Partout l'odeur des démons m'assaillaient. Octavia avait raison, on ne pouvait pas fuir. Je pénétrai alors dans un immeuble, j'y coupai le courant sans ménagement, et attrapant la main d'Octavia je me servis de ma vision nocturne pour nous conduire à travers le bâtiment. L'immeuble était absolument vide, pas le moindre battement de coeur, pas le moindre souffle. Nous y étions seuls...pour le moment. Il fallait qu'on trouve un coin où se cacher et attendre que ces fous furieux délaissent le coin. J'aurais aimé venir en aide aux autres personnes qui étaient dehors, mais cela aurait été inutile. Je me serais fait purement et simplement tué. Les démons étaient trop nombreux, et il était déjà extrêmement difficile d'en venir au bout d'un seul. Et je craignais ne pas être tombé sur le plus robuste, comme m'avait montré mon deuxième adversaire. Alors le reste ? C'était peine perdue. Me retournant vers les deux filles, je pris le temps de respirer avant de m'adresser à elles.
-Comment vous sentez-vous ? Pour les présentations, c'est un peu tard, mais Aline, je te présente Octavia. Et Octavia je te présente Aline.
Octavia n'était qu'une spectatrice du massacre ou une future victime... Elle n'avait aucune force lui permettant de combattre les créatures maléfiques présentes. Malgré sa détresse, elle ne lâchait pas une seconde la demoiselle se faisant emporter par un monstre. Elle ressentait chaque envie du monstre. Elle savait ce qu'il avait l'intention de faire, par quel morceau il allait commencer afin de la garder en vie suffisamment longtemps pour l'entendre crier et agoniser. Ces bêtes semblaient se nourrir de la peur. C'était leur source d'excitation, et plus on fuyait, plus ils atteignaient l'orgasme. Par contre, les monstres détestaient les rebelles. Une fois que la demoiselle hurla le nom de Bran et que celui-ci réagit, il abandonna facilement sa proie pour faucher le loup. Octavia était fascinée par la forte volonté de Bran à sauvegarder ses amis, ses connaissances face à l'adversité. Il était prêt à mourir, à être écrasé pour épargner quelque seconde de la vie d'un autre... Un instant, Octavia ressentit du courage, une envie de combattivité. Elle fit même un pas en direction de Bran, mais la peur reprit vite le dessus quand elle remarqua que quoi que fasse Bran, la bête semblait apprécier la souffrance qu'il lui infligeait et que ça l'enrageait encore plus, lui donnait de la force.
Bran emporta les deux filles en détresse avec lui. Octavia le suivit aveuglément, les larmes affluant sur son visage, elle ne savait ni où il se dirigeait ni ne voyait autour d'elle le chaos.
Le souffle d'Octavia se faisait saccadé. Voilà des années qu'elle n'avait pas fait de jogging. C'est ridicule de reprendre dans ces circonstances le sport. En tout cas, elle arrivait à regretter les années précédentes à glander sur un siège de caissière au lieu de s'activer et de s'éveiller au monde, puis à elle-même. Sa gorge était sèche et la brulait à chaque inspiration/expiration. Comment on respire par le nez déjà ? Elle toussotait de temps à autre pour essayer de garder le rythme et retrouver de l'air.
Alors qu'Octava espérait ralentir et laissait les deux autres la distancer, Bran lui prit la main pour la guider dans l'obscurité. Elle n'en pouvait plus, elle préférait se coucher et s'endormir pour enfin se réveiller du cauchemar de cette nuit interminable. Les pas ralentir pour finir par s'arrêter. Enfin, Octavia tentait de reprendre son souffle. Toussant, elle se laissa tomber sur le sol glacé et mouillé... Elle se releva d'un coup. Elle tenta de ne pas imaginer sur quoi elle venait de se poser. Frissonnant, son corps se refroidissant, Octavia commençait à avoir froid.
Bran fit une rapide présentation de la dénommé Aline qui paraissait bien mal-en-point. Entre Octavia qui lui avait écrasé la main, le démon qui l'avait trainé par terre comme une vulgaire poupée, Aline devait tenir à peine sur ses jambes. En tout cas, si c'était une humaine... Chose qui ne devait pas être le cas, car au milieu du chaos, Bran avait parlé de boire du sang... Boire du sang ! Un vampire ! Ô n'aurait jamais remarqué physiquement qu'elle était une vampire, mais plutôt une jeune femme, très jeune.
- Enchanté Aline... navré pour votre main..., dit-elle en baissant la tête en recherchant à savoir sur quoi elle s'était assise il y a quelque minute, puis aussi pour éviter son regard si elle avait les yeux rivés sur elle, chose qu'elle ne pouvait pas savoir, elle ne voyait pas dans le noir.
Octavia ne savait pas quoi répondre à Bran. Comment pouvions nous nous sentir ? au milieu de l'enfer, pouvant mourir d'une seconde à l'autre, ne pas pouvoir se défendre, juste être une souris au milieu de chaton affamé. D'abord, il joue, ensuite, il écarquille, puis pour terminer, il mange.
- Je ne suis pas une souris avec des dents acérés... Par contre, j'ai une antenne. Je peux les sentir. Leur aura sont tellement... mauvaises et puissantes, que je peux savoir plus au moins dans quelle direction ils vont, qui ils prennent pour cible, leur intention. Par contre, je ne sais pas me contrôler, mais je pourrai essayer d'être votre satellite pour que nous puissions nous en sortir...
Octavia eut l'idée d'être un GPS à problème. Certes, ses ressentis sont approximatifs, puis elle a de grands risques de devenir à nouveau folle de besoin de tuer, mais Bran venait de lui prouver par deux fois qu'il était prêt à tout pour survivre. Pourquoi Ô n'utiliserait pas sa capacité pour le sauver à son tour ? pour les sauver. Elle, Aline et Bran.
- Dès que je ressens la folie me prendre, il suffit de changer de direction, je suppose... car ça voudrait dire qu'une aura n'est pas loin.
Depuis quand Octavia était courageuse ? Surement depuis qu'elle savait que mourir était une fatalité ce soir.
Il n'y avait plus rien à faire. Les démons s'emparaient peu à peu de la ville, maisons, appartement, commerces et battisses. Ils étaient partout, certains ressemblaient à des êtres humains difformes. D'autres, plus robuste ressemblaient à des hybrides, humain, bouc, vaches. Qu'importe! Ils étaient là, déchirant la chaire de leurs proies, leurs victimes n'étaient qu’essentiellement des civils. Le sang coulait le long des trottoirs, déversé par les cadavres que les démons dévoraient dans le meilleurs des cas. Les murs craquelaient, les pavés s'élevaient, alors que la foule se faisait toujours plus abrute et danse. Aline pouvait effectivement ressentir la soif de sang, ainsi que son besoin de régénérer à travers le carnage auxquels les démons œuvraient. Octavia quant à elle, sentait de plus en plus la présence des monstres qui se déchaînaient autours d'elle. Ils gagnaient en puissance et adoraient autant qu'un chien courant après sa balle, déverser la violence et la destruction. Cris, lamentations, peine et larmes livraient un concert que la rue ne pouvait plus supporter. Les gens étant resté dans un premier temps chez eux se contentaient de regarder, voir même, d'ouvrir leurs portes quand l'occasion se présentait. Malheureusement, eux comme le reste des Avventuriens n'étaient pas capable d'échapper à la soif de sang des démons.
Bran récupérait encore de ses précédentes altercations et combats au milieu des deux femmes blessées, aussi bien physiquement que mentalement. Ses sens lupins lui hurlaient de s'en aller, la panique, le carnage ainsi que la force démentielle des démons attisaient son instinct de lycan. Lui rappelant désagréablement, qu'il n'était pas le seumeum de la chaîne alimentaire. Même si il pouvait s'en farcir encore une dizaine de faibles, certains démons restaient bien trop vif ou imposant pour qu'il puisse à la fois protéger et combattre. Sans parler de l'intelligence que démontraient certaines engeances, le lycan pouvait comprendre qu'il fallait partir loin d'ici. Ô pouvait pressentir l'arrivée de trois démons. L'un d'entre eux lézardait le long des murs, s'attachant à la surface des bâtiments avec une aisance incongrue. Les deux autres semblaient plus calme et neutre. L'odeur du sang que le menton d'Aline déversait les avait attiré à eux. Grognant avec ardeur et haine, les bêtes se rapprochaient lentement du trio, sortant griffes et armes préalablement. Ô pouvait affirmer qu'ils ne cherchaient pas à les dévorer, mais seulement tuer, massacrer, torturer. Ils devaient perpétuer le massacrer en les violentant.
Dans la même rue, à peine quelques mètres derrière eux, s'élançait un véhicule blindé des forces du Cercle. Un homme posté derrière une tourelle automatique, faisait feux sur les engeances, alors que le pilote se frayait un chemin à travers la foule. Restreint par la panique, klaxonné comme hurler dans les hauts parleurs en activant les sirène ne faisait qu’amplifier le chaos. Aucun des monstres ne restaient à terre indéfiniment après les salves de gatling. En revanche, d'autres agents et soldats débarquèrent armés maigrement derrière le véhicule. Tentant de reprendre le contrôle de la rue.
La lutte se faisait de plus en plus dur alors que les agents du Cercle se faisaient l'un après l'autre décimer sous les yeux de nos trois héros, alors que Ô pouvait ressentir une aura encore plus effrayante que les précédentes. ne pas succomber à la folie meurtrière qu'inspirait ce démon allait s'avérer périeux, mais heureusement les forces du Cercle pouvait encore faire diversion. Une créature de plus de deux mètre de haut marchait non loin d'eux, bien qu'en dehors de leurs champs de vison, sa démarche lourde et conséquente faisait résonner les pavés. Portant une tenue pourpre sans manche, il était clairement un guerrier, cicatrices et bouts de fers parsemaient son corps. Son visage ressemblai à celui d'un homme brun à la mâchoire carrée. Les cheveux en bataille, une balafre dessiné le long de sa joue droite, ses lèvres débordées par une rangée de crocs aiguisée et jaunes. Ô sans pouvoir le voir, ne pouvait s'empêcher d'avoir envie de courir et fuir en ressentant son aura oppressante. Bran et Aline grâce à leurs sens développés pouvaient t percevoir le danger arriver. Mais l'un comme l'autre, savaient qu'ils n'avaient encore jamais croisé d'adversaire semblable.
(HRP: petit post incruste d'admin, j'espère que ça vous aidera un minimum à poursuivre et vous motivera ^^' , utilisez bien les gents du Cercle comme vous l'entendez si je peux me permettre un conseil! =D)
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par Invité Dim 26 Fév - 16:30