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Message par Invité Jeu 6 Aoû - 18:07

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« Aller encore une fois ! »
Je me leva, fit rouler ma tête et craquer mes épaules avant de raidir mes bras, les écartant légèrement, tournant les paumes de mes mains vers l'extérieur.
« Bon » Dis-je pour me rassurer.
Je souffla une dernière fois et pressa mon auriculaire gauche contre mon annulaire gauche. Cela eut pour effet d'émettre un fort son aigu provenant de mes gants. Mes yeux vacillaient mais en exécutant ce geste de la main droite, le son s'arrêta. Sans y réfléchir, j’arrachai de mes oreilles de petites plaques de métal et les jetais de nouveau sur mon établi. « Bordel de m..., fichu bruit sourd! »
J'essayais de mettre au point un dispositif anti-bruit mais le calibrage était mauvais : le son sourd faisait comprimé mon oreille, provoquant des vertiges, sans même annulé le bruit initial. A vrai dire, sur le papier c'était simple : pour chaque son produit par les gants, le son doit produire un son opposé. Simple. A part si on prend en compte l'écho, la distance et les formes séparant mes gants de mes oreilles.
Je m’écroulai, apitoyé, sur mon atelier. Cela faisait des heures que je travaillais dessus et des heures à se faire donner un mal de crâne, c'est très long. J'avais besoin d'air. Un peu de repos.
Toujours habillé de ma tenue jaune, je sortis de l'atelier, le fermant au passage, et alla me promener. La nuit est déjà tombé ?! Je malaxais légèrement ma tempe comme si cela allait faire disparaître la douleur.
A force de me balader, j'arrivais à des quartiers moins bien fréquentés. Enfin bon, ma tenue ne devait pas faire de moi une cible de choix : je ressemblais plus à un des habitants du quartier qu'à un homme aisé.
Je tourna le regard sur la droite et aperçu un bar. Voilà, j'avais trouvé ma nouvelle destination. Je rentra, fît un léger signe de la main pour saluer le gérant et m'assis à une table.
« Un café, sans sucre » dis-je au gérant en levant la main pour indiquer ma présence. Il hocha de la tête en signe de compréhension. Je m'affalais et laissa ma tête balancée en arrière, regardant le plafond. C'était un endroit confortable pour un tel quartier. On étais loin des banquettes de luxe mais j'avais connu bien pire. Après un léger regard, je vis qu'on étais 5 : un hybride-chien et 3 autres humains, à priori, dont le propriétaire me tenaient compagnie dans ce bar. Mon café fut servi que je but tranquillement. L'atmosphère était assez lourde, mais qu'un meurtre ai été commis dans les cuisines ne m'auraient pas plus étonné que ça.
6 ? On était 6 ?! Je l'avais vu du coin de l’œil alors que j'appréciais mon café, il y avait une sixième personne, tranquillement installée.
Je m'attardais sur cette personne installée au bar. De longs cheveux clairs. Le manque de lumière ne me permettait pas de cerner la couleur exacte. Elle semblait porter une belle robe, chose étrange si on se fie au client moyen de cet endroit. C'était dur à évaluer assis mais elle semblait être petite.
Intrigué, je décida d'assouvir ma curiosité. Je me leva, ramenant mon café au bar et m'assis à côté de l’intrigante femme.
« Un autre, s'il-vous-plaît, et donnez à cette dame ce qu'elle souhaite aussi. »
Je pouvais dorénavant la voir plus exactement. Un visage enfantin, pas de formes : elle était jeune, bien trop jeune pour traîner dans un bar comme celui-ci.
« Salut, moi c'est Tom. Un soucis ? » Je lui faisais mon plus agréable sourire.
Qu'est-ce qu'une gamine fait dans un bar ?

Message par Invité Ven 7 Aoû - 11:04

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Après sa croisière de luxe, Aline avait repris goût au confort et avait définitivement cessé de dormir dehors à la belle étoile. Non que cela lui coûte de vivre sans le sou et au jour le jour, il ne fallait pas se mentir et avouer qu’on était beaucoup mieux installée sur un matelas, aussi vieux et abîmé soit-il, qu’à même le sol comme une pauvresse. Depuis ce jour décisif, la demoiselle refusait de retourner à la rue et enchaînait les vols et les petits meurtres afin de subvenir à ses besoins. Après tout, chacun pour soi.

La jeune fille logeait maintenant dans un nouvel hôtel, un peu moins miteux que le précédent sans pour autant être digne de quelques étoiles. Elle s’était établie là, bien qu’elle détestât la patronne. C'était une grosse femme vulgaire maquillée comme un carré d’as qui fumait comme un pompier. Elle passait des heures à tousser ensuite, au grand désespoir d’Aline qui en venait à maudire dans ces moments là son ouïe trop fine. En pleine journée, elle essayait de trouver un peu le sommeil sans y parvenir toute fois vraiment bien, car les toussotements ininterrompus provenant du rez-de-chaussée la tenait éveillée des heures durant. Elle finissait toujours irrévocablement par enfouir sa tête sous son oreiller et le presser fortement contre ses oreilles en marmonnant dans sa barbe des injures à l’égard de cette femme. Chaque nuit, lorsqu’elle pouvait enfin sortir, elle s’arrangeait toujours pour faire un maximum de bruit lorsqu’elle descendait les escaliers comme pour se venger sournoisement. Car lorsque la demoiselle pouvait mettre un pied dehors, la plupart des clients et la gérante de l’hôtel somnolaient déjà.

Aline s’était finalement plutôt bien habituée à cette société et à son époque. Elle se comportait dorénavant comme une quelconque adolescente de quatorze ou quinze ans vivant depuis toujours en Occident. Elle avait découvert les joies du maquillage à bas prix, des vêtements de grande surface, du téléphone portable dont le fonctionnement paraissait étrangement très simple à Aline. Elle aurait pensé qu’à force de vivre recluse elle n’aurait guère réussit à s’adapter à cette nouvelle époque et à ses coutumes. Mais elle y parvenait quand même, et elle en venait à s’étonner elle-même de cette facilité d’adaptation qu’elle avait acquise.

Il faisait une chaleur caniculaire en ce jour de début août, et une moiteur étouffante flottait dans pièce aux rideaux tirés qu’occupait Aline. La jeune fille n’avait pas réussi à trouver un sommeil paisible durant toute la matinée, sans cesse perturbée par les bruits des clients qui claquaient les portes perpétuellement, et ça malgré les épaisses boules de papier mouchoir qu’elle s’était enfoncé dans les oreilles dans une tentative désespérée d’atténuer le bruit. Mais Bon Dieu, qu’est-ce qu’elles leur ont fait ces pauvres portes ?
Finalement, agacée, la vampire avait décidé de se lever alors qu’il n’était même pas encore midi. Ne pouvant sortir ni entrouvrir les rideaux, Aline avait passé le reste de la journée en pyjama et les cheveux tout ébouriffés devant un écran à jouer à des jeux vidéo comme n’importe quelle adolescente qui s’ennuie. La demoiselle s’était ennuyée ferme pendant plusieurs heures qui lui avaient semblées interminables. Lorsque le soleil commença enfin à décliner, la jeune fille se décida à lâcher son écran et à prendre une douche dont elle avait sérieusement besoin. Elle avait décidé d’aller faire un petit tour dans un endroit de la ville qu’elle ne connaissait pas encore et qu’elle voulait découvrir. Après un long dilemme passé plantée devant son armoire ouverte, l’adolescente finit par passer une robe estivale colorée par les motifs des milliers de papillons roses, jaunes et verts. Elle chaussa également une paire de sandales plates, avant de se donner un coup de brosse qui n’était pas de trop. Après plusieurs essais non satisfaisants de coiffures élaborées, Aline finit par laisser tomber, à bout de nerfs, et laissa ses cheveux onduler à leur guise sur ses épaules. Elle farfouilla dans un vieux portefeuille en cuir craquelé avant de mettre la main sur quelques billets froissés qu’elle fourra hâtivement dans son soutien-gorge. Fallait bien qu’il serve à quelque chose celui-là. Elle laissa volontairement son téléphone portable sur son oreiller, et si quelqu'un voudrait la joindre et bien il n’aura qu’à patienter. Sur ce, la demoiselle sortit de sa chambre et prit soin de bien claquer la porte à son tour, la claquant si fort que les murs en tremblèrent. Elle dévala délibérément les escaliers dans un bruit infernal. On aurait pu penser qu’une armée d’éléphants était descendue avec elle. Des coups redoublés dans le mur et une voix ensommeillée qui criait « C’est pas bientôt fini oui ! Y’en a qui voudrait dormir ici ! » la firent étrangement sourire.

Prenez vous ça dans les dents. Et attendez que je revienne, vous allez voir tout le bruit que je vais faire en remontant les escaliers !

Elle ouvrit la porte d’entrée d’un violent coup de pied, et la laissa claquer derrière elle. Puis elle s’élança dans la nuit, marchant d’un pas rapide et respirant l’air à pleins poumons. Avec le soir, l’air s’était légèrement rafraichit et une brise légère venait soulever doucement ses cheveux collés sur sa nuque. Savourant chaque coup de vent sur son visage, Aline s’enfonçait de plus en plus dans la nuit. Le bruit de ses pas résonnait dans le calme alentour, et la jeune fille se mit à fredonner doucement une vielle chanson de son enfance. Elle semblait heureuse pour le moment, et pas effrayée par la noirceur de la nuit. Ses pas la portèrent un peu partout, et la jeune fille en profita pour visiter un peu les endroits méconnus de sa personne.

Elle finit par atterrir dans un endroit plutôt glauque, qui ne lui inspirait pas tellement confiance. Mais bien sûr, elle continua quand même et fût finalement attirée par la lumière que dégageait un vieux bar encore ouvert. Poussée par sa curiosité, Aline fit céder la poignée de la porte et entra dans le bar. Visiblement il n’y avait pas vraiment foule, hormis trois pelés par ci par là qui cuvaient leur bière dans leur coin.

Quelle ambiance…  pensa ironiquement la demoiselle.

Apparemment, elle faisait tâche ici; elle n’était pas à sa place. Mais elle décida quand même d’y rester, car elle ne savait pas exactement où aller maintenant, et puis de toute manière elle n’avait jamais écouté la voix de la conscience qui lui soufflait maintenant:

Part d’ici ! Tu veux t’attirer des ennuis ou quoi ? Mais qu’est-ce que tu fais espèce de folle ? Ne me dit pas que tu vas commander quelque chose …  

« -J’vais m’gêner ! » murmura Aline à voix basse en guise de réponse à elle-même.

Elle se laissa choir sur une banquette miteuse et craquelée de partout, et posa ses coudes sur la table pour venir poser son menton entre ses mains en coupe. Le plus tranquillement du monde, elle se mit à détailler les gens, à les dévisager d’une façon qui frisait de près l’impolitesse. Ils commençaient d’ailleurs à être légèrement éméchés, au grand plaisir de la demoiselle qui ne demandait pas moins que se foutre de la fiole des gens bourrés. Certains commençaient à parler de plus en plus fort, et la conversation devenait de plus en plus virulente. Ce qui fascinait la demoiselle. Elle les regardait avec des yeux ronds, et un sourire aux lèvres attendant impatiemment le moment où ils en viendraient à se pamper la gueule.

Occupée à regarder les deux humains s’insulter, Aline ne prêta pas attention au type vêtu de jaune qui venait de faire son apparition. Elle ne leva les yeux vers lui qu’une fois qu’il l’eut abordé, étonnée que quelqu’un vienne lui parler. Elle le regarda s’assoir, intriguée, se demandant ce qu’il pouvait bien faire là celui-là. Mais bon, comme il lui proposait de lui payer quelque chose à boire, pourquoi dire non ? Elle se fichait royalement de ne pas le connaitre, tant que ça lui éviterait de dépenser le moindre sous. Elle les garderait pour payer son loyer à la place. Elle lui sourit légèrement, plus par habitude que par véritable gratitude.

« -Un Coca, s’vous plait. » dit-elle en s’adressant directement au gérant qui venait prendre la commande.

Ce dernier se mit à rire d’un rire gras et d’une voix forte peu distinguée, secouant son énorme ventre et son imposante cage thoracique. Il en rirait tellement, qu’il en avait les larmes aux yeux. Aline en venait à se demander s’il ne se foutait pas un peu de sa gueule. Ses réflexions se révélèrent justes lorsque cette espèce de gros tas s’adressa aux autres clients.

« - Et vous autres vous l’entendez la petite ? Désolé fillette, mais ici on vend de l’alcool, pas du Coca. »

Entendant ces mots, tout le bar éclata de rire à l’exception de l’homme qui avait abordé Aline. Le bar s’emplit soudainement de rires gras d’hommes ivres guère raffinés. Les joues de la jeune fille virèrent au rouge pivoine, consciente du fait qu’elle venait de se montrer ridicule. Visiblement vexée, elle les fusilla d’un regard haineux avant de dire d’une voix hautaine :

« - Et bien donnez-moi une bière alors ! »

Puisqu’il semblait que ce bar était spécialement conçu pour les poivrots, autant essayer de bien s’intégrer.
Toujours secouer de rires incontrôlables, le gérant fit demi-tour pour aller chercher la bière en question, suivit par le regard mauvais de la vampire.

« -Vieux con ! » laissa-t-elle échapper.

Aline n’aimait pas qu’on la tourne en ridicule, et encore moins devant tout le monde. Lorsqu’il revient poser la bière devant elle, ainsi que le café pour l’homme à côté d’elle, la demoiselle semblait prête à lui arracher ses gros yeux riants. Rien que pour faire semblant d’être bien à son aise, elle s’empara du verre et avala une gorgée dans un geste de défi. Le liquide lui brûla l’œsophage, répandant son goût amer dans la bouche de la demoiselle. Cette dernière ne put réprimer à temps une grimace de dégoût, ce qui ne fit qu’augmenter l’hilarité générale. Essayant d’ignorer cette bande de gros lourds, Aline tourna son visage qui gardait encore des traces rosées sur ses joues vers son interlocuteur. Sans même un merci, ni un sourire elle le dévisagea avant de répondre :

« - Moi c’est Aline. Qu’est-ce que vous m’voulez ? »

Elle le regarda pendant quelques secondes, persuadée qu’il allait se mettre à rire lui aussi. En fin de compte, elle commençait à se demander si elle n’aurait pas mieux fait d’écouter sa conscience et de déguerpir de ce trou plus vite que ça…

Message par Invité Ven 7 Aoû - 15:19

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Ce bar ne sert même pas de coca ?
En y réfléchissant, c'était logique qu'un bar de ces quartiers ne soit pas un tournant touristique, ceux venant ici devait probablement juste se soûler.
Cette demande eut l'air d'attirer l'attention générale sur la petite. Quelle bande d'abrutis... Fallait-il que j'intervienne ? L'idée de transformer cet endroit un tant soit peu agréable en déchetterie ne me rejouait pas. De plus, bien que je ne doutais pas de mes capacités, qui sait quels pouvoirs avaient les autres occupants.
« - Et bien donnez-moi une bière alors ! » 
Je fus surpris à ces mots. Il faut croire qu'elle avait un peu de répartie, la petite. En temps normal, je me serais d'abord inquiété quant au fait qu'une enfant boive de l'alcool mais j'avais bien compris que c'était pour faire taire les moqueries et j'approuvais ce choix bien plus réfléchi que le mien.
« -Vieux con ! » murmura-t-elle.
Je ne pus réprimer un doux ricanement. Je n'en pensais pas moins en tout cas.
Le café fut servi, que j’avalai rapidement. Je n'aimais pas faire durer les choses qui ne me plaisaient pas et ce café en faisait partit. De plus, toute mon attention était dirigée vers la jeune fille, bière à la main.
Elle prit une gorgée. Probablement sa première fois. Elle manqua de s'étouffer. Les rires reprirent. Elle se tourna alors vers moi, les joues légèrement rosées, à cause de l'alcool ou de la honte, qui sait ?
« - Moi c’est Aline. Qu’est-ce que vous m’voulez ? » 
Les rires couvraient légèrement la discussion.
« Bien, Aline, je veux juste aider. » dis-je rapidement avant de demander son plus fort alcool au gérant. Il me servit une grande choppe de je-ne-sais quelle substance. J’hésitai une demi-seconde avant de boire cul-sec, manquant bruyamment de m'étouffer.
Oh mon Dieu, c'est pire que dans mes souvenirs !
Je m'étais à moitié effondré, plus par soucis de comédie que par réelle douleur bien que je me jurais de ne plus jamais boire de nouveau de cette boisson.
Les rires reprirent de plus belle et je souriais légèrement. Continuant la comédie, je pris peine à me rasseoir.
« C'est infect, n'est-ce pas ? » lui dis-je amusé.
J'écoutais d'une oreille distraite les discussions à mon égard provenant des autres clients. Au moins, ça a marché.
« Désolé de t'avoir mis dans l’embarras, je ne savais pas qu'il ne servait que des alcools. Donc, ma petite, que fais-tu ici, seule à une heure pareille ? » Je marqua une courte pose.
« Je pense qu'il faudrait que je t'accompagne au commissariat : traverser ce quartier de nuit n'est pas sûr pour une enfant. »
Comment était-elle arrivée jusqu'ici ? L'un de ces hommes ? Non, il était peu probable que l'un de ceux-là fut son père. Un père ne se moquerait pas ainsi de sa fille et même s'il était si peu respectable, sa fille aurait été moins distinguée. L'option la plus logique serait que ses parents furent ici dans la soirée et qu'elle se soit assoupis sur une banquette à l'écart. Ils l'auraient oublié et ne tarderaient pas à revenir la chercher. Bien que, ainsi, ils eurent l'air tête-en-l'air, je préférais ce scénario à celui où il fut arrivé malheur aux parents d'une telle fillette.
Que devais-je faire alors ? J'avais peut-être parlé trop vite. Si ses parents comptaient revenir, il serait mieux de les attendre ici. Ou bien je pouvais dire au barman de les renvoyer au commissariat. Il y avait toujours deux problèmes : j'étais venu à pied et le gérant me semblait peu digne de confiance.
Bah, je trouverais bien un truc.
Je me repris et la regarda dans les yeux, cherchant un signe de départ.

Message par Invité Sam 8 Aoû - 14:42

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Mais qu’est-ce qu’ils avaient tous à la prendre pour une gamine ? Chaque personne qu’elle croisait se sentait toujours l’obligation de la protéger comme si elle n’était âgée que de cinq ans. Mais enfin, Aline n’était plus une enfant. Elle avait atteint sa majorité étant encore humaine et comme cadeau elle s’était transformée en vampire, jouissant pour toujours de sa jeunesse. Elle allait bientôt fêter ses deux cents ans, et ce n’était pas rien.
Elle en savait des choses, elle avait eu le temps de les apprendre. Enfin pour la plupart, parce qu’autre chose s’était également figé en même temps que son apparence juvénile : son esprit d’enfant. Elle réfléchissait encore comme une enfant, et réfléchirait comme ceci pour toujours très certainement. Mais elle savait faire plus de choses qu’une vulgaire adolescente. Elle savait se débrouiller seule dans la forêt, elle savait se procurer elle-même de quoi manger, elle savait comment parvenir à payer son loyer en temps voulu; elle était une personne autonome, n’ayant besoin de personne pour s’occuper d’elle. Bien que son physique puéril laissât penser le contraire.
Mais le plus important dans ceci, était qu’Aline était bien plus à même de se défendre que n’importe qui. Elle saurait faire face à un humain aussi grand et baraqué soit-il.
Et cela la faisait toujours beaucoup rire de voir les gens se plier en quatre et se démener pour essayer de la protéger alors qu’elle serait capable de broyer tous les os de ces personnes-ci. Les gens devant une enfant, se sentaient toujours en position de supériorité. Alors que dans certains cas ils feraient mieux de se méfier.

Aline commençait en avoir par-dessus la tête de tous ces gens qui la prenaient de haut, en pensant qu’elle n’était rien d’autre qu’une petite fille. Elle avait envie de leur prouver sa supériorité à eux, en les réduisant en mille miettes. Quelques fois elle cédait à ces pulsions meurtrières et faisait ensuite un repas de fête. Mais parfois ce n’était ni le lieu ni le moment de faire un carnage, ainsi donc la vampire se retenait comme elle pouvait. Elle savait parfaitement que cet homme qui lui proposait son aide n’avait rien de condescendant et ne lui voulait aucun mal, du moins d’après ce qu’il laissait en apercevoir. Mais Aline ne put s’empêcher de le toiser d’un regard hautain, un sourcil arrogant levé et une mimique méprisante au coin de ses lèvres pâles. Ainsi elle ressemblait à une adolescente prétentieuse en pleine crise qui descendait tout le monde dans le simple but de faire chier. C’était assez drôle à voir tout de même.
Aline avait toujours eu un peu de mal à se rendre compte de l’impression qu’elle donnait.

Rien en elle ne laissait sous-entendre son caractère dur et froid ni même son agressivité dangereuse. Elle semblait inoffensive, douce et attachante. Dans ses grands yeux luisait perpétuellement une lueur candide sans qu’elle ne s’en rendît compte. L’expression douce de son visage laissait penser qu’elle n’attendait que la protection d’une personne bien-pensante mais cela était faux. Les apparences étaient bien souvent trompeuses et comme on avait coutume de dire « L’habit ne fait pas le moine ». Ce n’était pas parce qu’Aline était une adorable poupée blonde vêtue de rose et mignonne à croquer qu’elle était également une gentille petite fille. Et il aurait était excessivement dangereux de lui accorder ne serait-ce qu’une once de confiance.

Aline soutint le regard de ce Tom, décidée à ne certainement pas détourner le regard la première. Elle savait parfaitement que si quelqu’un avait envie de venir lui chercher des noises sur le chemin du retour, elle le liquiderait sans remord. Et puis, ainsi elle prendrait son petit déjeuner en avance.

D’ailleurs la faim commençait à se faire sentir, et la demoiselle se rappela qu’elle n’avait rien avalé depuis la veille. De plus que sa marche nocturne lui avait formidablement ouvert l’appétit. Elle songea un instant à aller trucider le gérant de ce satané bar, mais se retint juste à temps, se souvenant qu’il y avait des témoins et que même si elle réussissait à les tuer tous -ce dont nous ne doutons pas un seul instant- elle ne saurait pas quoi faire des cadavres. Si elle les laissait là, les flics les découvriront sûrement et elle se doutait bien qu’ils devaient être habitués à ce genre de meurtres et parviendraient sans difficulté à mettre la main sur elle. Si elle provoquait un incendie, ces mêmes flics viendront à se demander comment le feu avait-il pu s’allumer. Et elle ne comptait pas trainer les cadavres un par un jusqu’au lac le plus proche pour pouvoir s’en débarrasser. Sans compter qu’elle portait une nouvelle robe qu’il serait dommage de la salir maintenant alors qu’elle ne l’avait encore porté qu’une seule fois. Les tâches de sang faisaient parties des plus difficiles à nettoyer… Surtout quand on ne pouvait pas tellement les envoyer se faire nettoyer au pressing...

Toute à ses réflexions, Aline en avait oublié la présence de l’homme à côté d’elle. Son ventre gargouillait bruyamment et le simple fait de songer à planter ses crocs dans le cou d’un de ces ivrognes avait fait apparaitre ses deux canines aiguisés.

« -C'est infect, n'est-ce pas ? »

Hein ? Il est encore là celui-là ?!

La demoiselle venait de brusquement revenir sur terre, et de reprendre conscience de ce qui l’entourait. Consciente du fait que son interlocuteur la dévisageait et attendait sûrement une réponse de sa part, Aline hocha la tête de haut en bas, d’une façon affirmative, se demandant bien de quoi il était en train de parler. Elle en profita également pour faire rerentrer ses crocs, visibles par tout le monde désormais, en rougissant légèrement. Le gérant les avait aperçu lui aussi, de même que ses clients, et étrangement les rires s’étaient atténués jusqu’à devenir inaudibles. Bizarrement, ils ne semblaient pas vraiment enthousiasmes à l’idée de continuer à se moquer d’elle… Et c’était mieux comme ça.

« -Désolé de t'avoir mis dans l’embarras, je ne savais pas qu'il ne servait que des alcools. Donc, ma petite, que fais-tu ici, seule à une heure pareille ? Je pense qu'il faudrait que je t'accompagne au commissariat : traverser ce quartier de nuit n'est pas sûr pour une enfant. »

Aline éclata d’un grand rire franc. Son rire tinta dans le bar devenu silencieux comme une série de clochettes. Elle riait de bon cœur, et cela éclairait son visage enfantin. L’absence de maquillage et cette façon de se gausser la faisait paraitre encore plus jeune. Ses joues avaient rosit et ses cheveux sautillaient gaiment sur ses épaules au rythme de son rire. Ainsi, elle ressemblait parfaitement à une enfant joyeuse, et elle n'en était que d’autant plus adorable.

« -Mais vous pensez que j’ai quel âge ? Dix ans ? » parvint-elle à articuler entre deux éclats de rire.

Qu’est-ce qu’ils pouvaient être drôle les humains parfois ! Ils pensaient toujours tout savoir, et se pensaient toujours les plus forts. Aline avait surtout remarqué cette manie chez les hommes. Il fallait préciser que l’histoire d’Aline avec la gent masculine avait été quelque peu houleuse. Être une jeune fille dans les années 1830, n’était pas une mince affaire. Les femmes étaient restées sous l’autorité des hommes pendant des siècles entiers. Et pourtant, on ne pouvait pas dire que les femmes étaient tout de même plus faibles. Aline avait été heureuse de voir la société changer, et de voir des femmes formidables abattre une besogne d’homme.
Comme l’avait si bien écrit Margaret Mitchell, autrefois « Le monde était fait pour l’homme et elle en acceptait l’ordonnance. L’homme était maître du domaine, la femme l’administrait. L’homme s’attribuait tout le mérite d’une bonne gestion, la femme louait l’habilité qu’il avait déployé. L’homme rugissait comme un taureau quand il s’était enfoncé une écharde dans le doigt, la femme étouffait les plaintes de l’enfantement de peur de le déranger. Les hommes étaient grossiers et s’enivraient souvent. Les femmes ignoraient les écarts de langage et mettaient les ivrognes au lit sans un mot de reproche. Les hommes étaient brutaux et ne cachaient pas leurs sentiments, les femmes étaient toujours aimantes, gracieuses et miséricordieuses ».
C’était dans cette idée de la supériorité des hommes sur les femmes qu’Aline avait été élevée. Mais elle n'y avait jamais cru.
Aline se rappellerait toujours de sa joie lorsqu’elle avait découvert que le formidable auteur Ellis Bell, n’était d’autre qu’une femme : Emily Brontë. Comme quoi, une femme valait parfois beaucoup mieux qu’un homme. Les femmes étaient tout aussi intelligentes et capable de se débrouiller seules sans l'aide de quelqu'un qu'un homme.

Féministe presque fanatique, Aline détestait les hommes. Elle les trouvait grossiers et vaniteux. Le souvenir de son fiancé dans les bras d’une autre jeune femme à peine quelques mois après la mort présumée d’Aline, ne faisait qu’alimenter cette haine. Sans compter celui du vampire qui l’avait abandonné, sans aucun remord. Habitée perpétuellement par un esprit de vengeance, la demoiselle avait fermement décidé de leur faire payer la souffrance qu’avait engendrée ce double abandon. La jeune fille ne savait pas pardonner, et elle se fichait éperdument de ce que pouvaient dire les gens là dessus. Même si selon Mahatma Gandhi, le pardon est l’apanage du fort, Aline n’en avait rien à faire.
Ainsi donc, que ce pauvre humain puisse penser qu’il était capable de la protéger la faisait énormément rire. D’ailleurs elle voulait se débarrasser de lui le plus vite possible.

Grouille Aline ! Il te regarde dans les yeux, une occasion comme ça ne se représentera pas de sitôt !

Aline rassembla toute sa concentration et toute son énergie, braquant son regard froid au fond des pupilles de son interlocuteur. Celles d’Aline entamèrent alors une drôle de danse: elles se rétrécirent et se dilatèrent à l’infini, lui demandant une formidable énergie qu’elle n’allait pas tarder à ne plus pouvoir fournir. Cela faisait à peine quelques secondes que l’hypnose avait commencé et la demoiselle sentait déjà ses forces la quitter peu à peu.

« -Allez faire un petit tour dehors et laissez-moi tranquille. » ordonna-t-elle.

Elle savait parfaitement qu’elle ne pouvait rien demander de plus, car cela devenait trop épuisant pour elle. De plus qu’elle n’était même pas certaine que cette hypnose fonctionnerait, étant donné qu’elle n’utilisait pratiquement jamais sa capacité. Elle avait tellement peur des potentiels effets secondaires qu'elle préférait ne pas jouer avec le feu. Mais l’occasion de tenter une nouvelle fois une hypnose venait de se présenter et le dénouement de celle-ci apporterait une réponse cruciale à Aline.

Message par Invité Sam 8 Aoû - 22:40

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Elle n'avait donc pas 10 ans ?
Je me questionna sur cette remarque. Que voulait-elle dire par là, qu'elle n'était plus une gamine mais une adulte responsable ? Probablement. Néanmoins, c'était une attitude connue de tous les enfants de son âge : « Je n'ai pas 10 ans, j'ai 10 ans et demi » certains disaient, pour n'utiliser qu'un exemple commun. Comme si ces quelques mois changeaient la personnalité profonde d'une personne. Comme si l'enfance était une chose dont on se débarrassais en se réveillant, une belle matinée de printemps.
Enfin, c'était des pensées de leurs âges, après tout.
Elle me regardait de nouveau dans les yeux.

Il commençait à se faire tard, le sommeil commençait à se faire ressentir. Je ferais bien de vite en finir et rentrer. J'avais eu une journée exténuante et ne désirait plus que me reposer.
« -Allez faire un petit tour dehors et laissez-moi tranquille. »
Je ferais bien de vite rentrer et dormir. Après tout, ses parents allaient revenir, je n'avais aucune raison de m'inquiéter. Elle n'avait pas tord, c'était une grande fille après tout.
Je hocha la tête. Me leva, en direction de la porte. Mes muscles étaient endoloris à cause de la fatigue et je me permis de me relâcher. Tout doucement. Je commençais à mettre mes bras le long de mon corps, je relâchais mes épaules et laissa mes doigts glisser.

Un puissant son aiguë se dégagea.

Inconsciemment, je montais mes mains à mes oreilles pour me protéger de ce son inconnu ce qui eut pour seul effet de me faire ressentir une effroyable douleur dans mes oreilles. Je tomba à genou et reprit connaissance. J'éteignis le son provenant de mes gants.
J'avais passé ma journée à travailler sur mes gants et, énervé, je n'avais pas pris mes précautions habituelles. Autrement dit, le son était le même. Les doigts ,ayant repris leurs positions naturelles se touchèrent et le signal étaient partit de ma main gauche.
C'était ses yeux ! Que s'était-il passé ?
Je me retourna et saisit cette Aline par le cou avant de violemment la projeter contre le mur. Je m'approcha à nouveau et m'assura de ne pas la regarder dans les yeux. Je plaqua mes deux mains sur ses oreilles.
« Le moindre mouvement et je te fais sauter. » dis-je clairement.
Que s'était-il passé ? Avait-elle un pouvoir qui influençait sur le corps de quiconque la regardant dans les yeux ? Non, je ne ressentais plus la moindre once de fatigue. C'était peut-être que temporaire. Non plus, elle m'avait demandé de partir et je m’exécutais, elle n'a donc pas besoin d'une interaction constante. Une induction peut-être ? C'était envisageable.
Bon sang, comment une gamine peut-elle faire une telle chose ?
Elle ne se débattait pas. Peut-être avait-elle juste peur ? Non, ces muscles n'étaient pas raides, elle était tout simplement détendu. Mon coup l'avait assommé ? Cela était étonnant mais possible. J’enlevai ma main droite lentement afin d'atteindre ma poche et en sortir un torchon.
Bon, il n'était probablement pas des plus propres : je m'en servais quand je travaillais mais il avait au moins la vertu d'empêcher le regard de cette personne croisé celui d'une autre. Je lui banda donc précautionneusement les yeux avant de la relâcher.
Les autres personnes dans le bar n'avaient pas bougé mais regardaient étonné la situation. De leur point de vue, ils avaient sûrement vu une petite fille se faire agresser et ils ne réagissaient pas ?! Je leur dédia mon regard le plus froid et menaçant. Ils semblaient malheureusement ne pas avoir compris le message et reculaient légèrement. Pitoyable ...
Je me racla légèrement la gorge.
« Shi Fu Mi » lançais-je avant d'avancer ma main sous la forme « papier »
« Ce n'est probablement pas la meilleure idée, que de jouer à « pierre feuille ciseaux » avec une personne qui a les yeux bandés. » Je marqua une pause.
« Il y a donc deux options : soit tu coopère et on se rend compte que c'est un malheureux malentendu, soit tu fais ne serait-ce un geste brusque et je dormirais mal cette nuit. »
Je repris un large sourire.
« Bon … moi c'est Tom. Qui es-tu ? Plus précisément : Qu'es-tu ? » pris-je le soin d'articuler.
Je me rendis compte que je n'avais pas mangé de la journée, il serait de bon goût que tout ceci ne s'éternise pas. Qui sait ce que ces imbéciles seraient capable de faire ?

Message par Invité Mer 12 Aoû - 21:11

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Aline fixa le regard de ce Tom durant des secondes qui lui semblèrent des heures. L’hypnose était sur le point de fonctionner, elle se sentait. Toute son énergie se concentra dans ces prunelles qui elles, continuèrent leur drôle de danse. Ses yeux étaient immobiles et rivés sur ceux de son interlocuteur.
Elle s’était raidie, avait inconsciemment serré les poings, si fort que ses ongles entaillèrent sa peau d’albâtre. Un léger filet de sang dégoulina de sa main fermée, quelques gouttes s’écrasèrent sur la table sans qu’elle ne s’en rendît vraiment compte. De toute façon, la blessure entamait déjà son processus de cicatrisation. Elle semblait impassible, seule la légère ride empreinte entre ses deux sourcils froncés laissait deviner sa concentration. Un exercice difficile, cette hypnose. La demoiselle ne l’utilisait que très rarement. La dernière fois qu’elle l’avait utilisé, cela avait échoué. Elle l’avait testé sur un Darkness, et elle n’avait réussi qu’à se mettre dans un pétrin pas possible. Mais là, elle était certaine de la nature de son interlocuteur. Elle le sentait à son odeur, et l’entendait à son cœur qui battait sous sa chemise jaune. Il fallait que ça fonctionne, il le fallait. Et si cela échouait ? Vers qui s’adresser ? Qui serait apte à l’aider et à lui faire comprendre les risques qu’elle encourait en utilisant ce don à mauvais escient ? Aline s’était toujours arrangée pour cacher cette étrange capacité aux autres personnes, persuadée que cela ne lui attirerait que des ennuis en plus si elle le répéter sur tous les toits. Et elle avait en partie raison.

Ses forces s’évaporaient à une vitesse fulgurante. Tout d’un coup, elle se demandait comment elle allait pouvoir rentrer chez elle, car elle doutait fortement d’avoir encore la force et le courage de se tenir debout. Bizarrement, elle n’aspirait maintenant qu’à s’allonger sur cette banquette crasseuse, à poser sa tête contre son bras replié et à dormir. Dormir pour récupérer. Mais elle n’abandonna pas. Poussée par une détermination sans faille, elle continua à puiser dans les quelques ressources qu’il lui restait afin de terminer l’hypnose.

Ça marche ! Il se lève ! Ca a fonctionné ! Je suis trop trop trop forte !

L’homme venait de se lever, il se dirigeait maintenant vers la sortie. Le cœur d’Aline fit un bond dans sa poitrine, débordant de joie et de fierté. Elle avait réussi, son hypnose avait fonctionné. Elle était capable d’hypnotiser quelqu’un.

Mais le bonheur fut de courte durée, l’hypnotisé tomba brusquement à genoux, les mains crispées de chaque côté de son crâne. Le lien qui unissait la jeune fille avec cet homme, ce lien créé par l’hypnose et qu’Aline ressentait tant que l’hypnose était toujours active, venait de se briser. La demoiselle l’avait senti se rompre au moment même où Tom était tombé à genoux. Elle ignorait ce qui avait interrompu l’hypnose; la moindre chose aurait pu le faire. Un souvenir, une sonnerie de téléphone, une douleur, un objet auquel on pourrait se cogner... Tant de choses qui rappelaient constamment à Aline la fragilité de ce don hors-norme. Cette capacité ne tenait qu’à un fil et semblait à tout moment sur le point de se retourner contre celle qui l’utilisait.
D’ailleurs, la vampire était considérablement affectée par cette interruption brutale. Cela l’avait cassée dans son élan. Cela venait de faire voler en miettes tout ce sur quoi elle s’accrochait maintenant. En l'espace de quelques secondes, elle avait misé gros sur cette hypnose. Elle l’avait continué en sachant pertinemment que même sa puissante constitution vampirique ne parviendrait pas à lui fournir l’énergie nécessaire à ce type d’exercice. Et que l’hypnose s’interrompît aussi soudainement lui procurait une drôle de sensation. Elle se sentait désormais prête à s’écrouler, car la violence de cet instant l’avait littéralement vidée de toute force physique et morale.

Elle n’eut même pas le temps de réagir lorsque l’humain l’empoigna par le cou et l’envoya se fracasser contre la tapisserie. La fatigue se lisait très facilement sur ses traits, et ses yeux hagards venaient compléter cette figure de jeune fille épuisée. Pas plus qu’elle ne réagit quand ce drôle de type plaqua ses mains sur ses oreilles en proférant quelque menace. Il n’osait même plus la regarder droit dans les yeux  Au moins il avait compris le truc. Il n’était pas si idiot que ça finalement. Il avait au moins le mérite d’avoir légèrement réfléchit à comment se défendre. Même si, étant donné l’état actuelle de notre Aline, il n’est pas vraiment grand chose à craindre.

«-Le moindre mouvement et je te fais sauter. »

De toute façon, Aline ne comptait pas bouger. Le moindre mouvement lui demandait une énergie considérable qu’elle n’était plus apte à fournir. Elle le fixa un instant, les yeux légèrement absents, avant de baisser les yeux.
Ça avait échoué.
Un échec humiliant.
Son orgueil venait d’en prendre un bon coup. Se laisser faire prendre le dessus par un humain… La honte pour une vampire telle qu’Aline.

Il lui banda les yeux, sans rencontrer de résistance de la part de la demoiselle. Après tout, il se protégeait comme il pouvait.
Pourtant Aline était tout de même persuadée qu’il n’allait pas lui faire plus de mal que lui bander les yeux. Elle avait l’apparence d’une enfant et la plupart des gens répugnait à maltraiter une enfant. Enfin pour la plupart…

«-Il y a donc deux options : soit tu coopère et on se rend compte que c'est un malheureux malentendu, soit tu fais ne serait-ce un geste brusque et je dormirais mal cette nuit. »

Aline haussa les épaules, penaude. Elle était dégoutée d’avoir échoué aussi pitoyablement. Lamentable, c’était lamentable.

Tu es vraiment une incapable ! Tu n’es même pas foutue de réussir une pauvre petite hypnose sur un misérable humain…

La demoiselle baissa la tête d’un air affligé et ses épaules retombèrent lourdement comme si brusquement elles portaient un énorme fardeau. La blondinette tordit nerveusement ses mains blanches, les lèvres tremblantes. Elle se détestait, et se méprisait.
Aline était quelqu’un de très sévère avec les gens mais encore plus avec elle-même. Elle voulait tout réussir, gagner à tout prix, et pour cela elle était prête à tout. Humaine, son principal but était d’être la jeune fille la plus adulée, la plus jalousée et la plus enviée. Elle voulait être la première dans le cœur de ses parents, et surtout dans le cœur de ses soupirants. Elle voulait tout et tout de suite. Elle voulait qu’on l’aime, qu’on l’admire. Elle voulait plaire, séduire et envouter. Elle voulait tous les jeunes hommes de la région à ses pieds quitte à faire des coups bas dans le dos des autres jeunes filles. Elle n’avait aucun scrupule vis-à-vis des autres demoiselles. Elle avait un but, et elle ne lâchait rien tant qu’il n’était pas atteint.
Et elle avait réussi. Les jeunes hommes se disputaient le privilège de danser avec elle, et Aline s’amusait beaucoup avec cela, en étant avare de ses valses et de ses gestes d’affections. Les petites filles la regardaient toujours avec des yeux ronds et se chamaillaient pour pouvoir lui prendre la main.
En revanche, Aline était le principal sujet de conversation des autres demoiselles de son âge. Les filles sont bien connues pour être jalouses et les petites camarades d’Aline n’échappaient pas à la règle. Dès qu’elles avaient un moment, elles se réunissaient et causaient à voix basses pendant des heures tout en cassant du sucre sur le dos de notre vampire. Cela, Aline le savait, mais elle n’en avait cure. Tant que les hommes étaient aux petits soins avec elle, que son père se pliait en quatre pour lui faire plaisir et faisait d'elle une enfant pourrie gâtée à force de robes et de bijoux étincelants, elle se fichait de ce que pouvait bien penser les gens. La chambre d’Aline était remplie de bouquets de fleur offerts par ses soupirants car sa mère lui avait toujours répéter « N’accepte que des fleurs ou des bonbons ma chérie. Rien de plus. » Aline avait compris plus tard que si elle acceptait plus, les soupirants en question se permettraient quelque liberté qui n’étaient pas convenables pour l’époque.

Enfin, Aline était quelqu’un de bien déterminé à atteindre ses buts. Et elle s’en demandait toujours légèrement plus qu’elle n’en était capable. Elle avait pour habitude de surestimer ses capacités, et cela était en quelque sorte plutôt handicapant. Ainsi lorsqu’elle échouait sur une chose aussi banale fût-elle, elle en venait à se détester.

« -Bon … moi c'est Tom. Qui es-tu ? Plus précisément : Qu'es-tu ? »

Que pouvait-elle lui dire ? Qu’elle était une vampire ? Mais ne l’avait-t-il pas remarqué ? Après tout, c’était compréhensible. Les humains n’avaient pas un odorat aussi développé que les créatures surnaturelles, et leurs sens étaient beaucoup moins performants. Mais quand même, quand on vivait à l’Avventura, on devrait savoir reconnaitre ce genre de personnes… Surtout pour un humain… Ce n’était guère une attitude prudente que d’ignorer comment reconnaitre un vampire. Les vampires pouvaient briser la nuque d’un humain aussi facilement qu’un enfant brise une brindille…

« -Alors vous n’avez toujours pas remarqué ? Vous êtes long à la détente dis donc ! »

Elle marqua une pause, cherchant ses mots avec une lenteur exaspérante. Cette hypnose l’avait vraisemblablement achevée…

« -Mais enfin voyons… Je suis une vampire ! Ça ne se voit pas ? »

Puis, péniblement, elle porta sa main à ses yeux et fit lentement glisser le bandeau de fortune qui cachait son regard alangui aux yeux de son interlocuteur. Ses yeux exprimaient maintenant plus qu’une détresse affligeante et un épuisement formidable.

« -Inutile de vous inquiéter, ça ne fonctionnera pas deux fois… »

Elle lui lança un autre regard de détresse, visiblement prête à le faire craquer.

Message par Invité Ven 14 Aoû - 18:38

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« Alors vous n’avez toujours pas remarqué ? Vous êtes long à la détente dis donc ! »  répondit-elle.
Je grimaça légèrement. Malgré la situation plus que désavantageuse d'Aline, elle semblait toujours vouloir dominer la conversation. Qui oserait provoquer celui qui a le droit de vie ou de mort ? Elle on dirait.
« Mais enfin voyons… Je suis une vampire ! Ça ne se voit pas ? »  
Une vampire ? Comme Cathie ?!
Pendant que je me perdais dans mes pensées, elle enleva délicatement le bandeau de fortune de ses yeux. J’aperçus une nouvelle fois son regard avant de rapidement détourner les yeux plus bas. Elle semblait triste. N'importe quel regard même le plus haineux aurait convenu alors pourquoi celui-là ?!
« Inutile de vous inquiéter, ça ne fonctionnera pas deux fois… »
Cela aurait put être un mensonge mais pour je ne sais quelle raison, je voulais y croire et plongea encore une fois mon regard dans le sien. Ce regard innocent ne pouvait pas me laisser de marbre.
Mon amour des femmes me tuera.
« Une vampire, hein ? J'en connais une. Une amie de longue date. »
Je me leva pour aller payer les consommations. Le gérant devait être habitué au grabuge car il ne fit pas une seule remarque. Je revins face à la vampire, toujours épuisée. Était-ce mon coup qui avait eu raison d'elle ? Je ne connaissais que peu de vampire mais on m'avait pourtant vanté leurs rapidités et leurs forces mais celle-ci me semblait désespéramment faible.
« Soif, pas vrai ? » Cela arrivait à Cathie. Tard dans la nuit, elle commençait à avoir étrangement soif mais cela disparaissait au réveil, la plupart du temps. Le cas échéant, nous avions dut voler quelques pochettes à l'hôpital. Je n'en étais pas fier mais il fallait voir son état pour comprendre ! Néanmoins, dans cette ville, les choses étaient plus simples : un ravitaillement avait lieu. Un problème se posait : la seule maintenance que je connaissais n'ouvrait que le jour, un comble pour un service au vampire, n'est-ce pas ?
« Venez chez moi » lâchais-je.
« Demain, je pourrais vous venir en aide. En attendant, je ne peux pas vous laisser ainsi.»  Bien sûr que si je le pouvais ! Pourquoi aiderais-je une personne qui m'a attaqué ? Je regardais une nouvelle fois ce regard et crut voir Cathie. Pour ça, probablement. Soupirais-je.

Sans écouter son avis, je la saisit par le bras pour l'aider à se lever.
Elle devra se débrouiller pour me suivre, je ne vais pas  ralentir pour elle non plus !
Je la regarda.
Peut-être devrais-je la porter ?
Je secoua frénétiquement la tête.
Il ne manquerait plus que ça !
Finalement, je l'aidais à supporter son propre poids et marchais lentement. Les femmes ...
Le trajet fut assez silencieux. Une fois arrivé, je lui indiqua de la main la chambre.
« J'ai du travail donc n'hésite pas à te reposer dans la chambre. Fouille pas dans les affaires ! »
Il était compliqué de garder un semblant d'autorité quand le danger prenait les traits de celle qu'on aime. Je me posa dans le salon et commença à rédiger ma lettre.

« Tomhas ? Tomhas. Tomhaaaaaas.
-Hein ? Oui ?
-J'ai soif Tomhas, pourquoi ne me laisse-tu pas boire ?
-Il ne faut pas, c'est toi q..
-Ma gorge me brûle, je vais mourir Tom… »
Je me réveilla en sursaut. Je m'étais assoupi ? Depuis combien de temps ? Je jetai un œil sur la pendule. Une demi-heure.

Cette fichue vampire, cela faisait longtemps que je n'avais pas fait un tel cauchemar. Pourquoi me rappelait-elle tant Cathie ? Après tout, elles ne se ressemblaient pas !
Une vampire … j'avais espéré avoir un meilleur premier contact depuis le temps que j'en cherchais.
« Je serais vous, je me méfierais du prochain vampire que je croiserai » avait-il dit. Cet agent Varko avait du flaire. Je veux dire, même pour un lycan, il avait beaucoup de flaire.
Je me dirigea vers la chambre et toqua.
« Tu ne dors pas encore, n'est-ce pas ? Je rentre. »
Elle ne semblait pas aller mieux, si ce n'était pire. Je m'assis au bord du lit et enleva mon haut.
« Bois, c'est un ordre. » dis-je sur un ton autoritaire.
« Mes ambitions seraient ruinées si on apprenait qu'une vampire enfantine avait été séquestrée ici et en serait morte. Et à vrai dire, il n'y a pas de lacs dans les environs. » Continuais-je en souriant, rigolant à moitié à ma propre bêtise.
Je la laissa s'approcher puis posa mes mains gantées sur les oreilles de la vampire.
« Tu connais la chanson, ne soit pas trop gourmande... »
Je me mordis légèrement la lèvre. A qui aurais-je put faire croire ça ? J'avais volontairement baissé la puissance sonore pour ne pas la blesser. Pourquoi ? Le cas échéant, il vaudrait mieux un mort que deux. Non ?
Pourquoi diable cette fille devait tant me la rappeler ?
Je pencha légèrement la tête sur le côté droit. Après tout, elle ne va pas mordre le titane.

Message par Invité Lun 17 Aoû - 18:29

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Aline avait toujours eu une sorte de don pour attendrir les gens : un simple regard et ils se pliaient à ses désirs. Depuis toute petite, la demoiselle avait très bien comprit que cet atout avait quelque chose de précieux et qu’il pourrait lui servir toute sa vie. Enfant, elle arrivait à faire céder toutes les personnes du domaine. Elle se souvenait de la fois, où âgée d’à peine huit ans, elle avait réussi à amadouer la cuisinière pour que cette dernière lui donne une tartine de confiture, puis deux, puis trois si bien qu'à la fin le pot fût entièrement vide.
Du plus loin qu’elle s’en souvienne, amadouer les gens avait toujours été une partie de plaisir pour elle. Il lui suffisait de verser quelques larmes pour que son père se pliât en quatre pour la consoler, et essayât de lui faire retrouver le sourire grâce à des cadeaux inutiles tous plus coûteux les uns que les autres. Manipuler les gens était définitivement d’une simplicité enfantine, et elle le savait parfaitement.

Ainsi donc, elle était persuadée que ce Tom ne ferait pas exception et qu’il se démènerait pour lui venir en aide.
Et elle avait raison.
Il ne résista pas à son regard désespéré, et il osa de nouveau la regarder dans les yeux. Aline possédait un tempérament de feu, elle était tout particulièrement hargneuse, mais la fatigue avait fait s’inscrire sur son visage blafard une expression encore plus juvénile. Comment pouvait-on se résoudre à abandonner à son triste sort une enfant aussi adorable, qui en plus de ça vous dévorait de ses grands yeux clairs et brillants.

« Une vampire, hein ? J'en connais une. Une amie de longue date. »

Ah, il en connaissait une. Très bien, comme ça il devait maintenant se douter qu’il ferait mieux de faire gaffe à sa peau. S’il connaissait une autre vampire, il devait savoir qu’il ferait mieux de laisser Aline ici se débrouiller toute seule, s’il n’a pas la folle envie de lui servir de dîner.
Mais non…

« Soif, pas vrai ? »

Aline le fixa un instant, avant d’hocher la tête affirmativement d’un air puéril. Et bien, puisque désormais il savait qu’elle avait juste envie de le vider de son sang, il ferait mieux de prendre ses jambes à son cou.
Mais toujours non...

« Venez chez moi. Demain, je pourrais vous venir en aide. En attendant, je ne peux pas vous laisser ainsi.»

Les yeux de la vampire s’écarquillèrent de surprise. Elle s’attendait à ce qu’il cède, mais pas aussi facilement. Elle pensait qu’il lui donnerait juste quelque chose à manger, lui pincerait légèrement la joue, et partirait se mettre à l’abri. Mais pas à ce qu’il lui offrît l’asile chez lui ! Non mais il était suicidaire ou quoi ? Emmener une vampire chez soi… Quand on savait ce dont ils étaient capables de faire lorsqu’ils étaient en proie à leur instinct… Quand on savait ce dont ils se nourrissaient… Et surtout quand on était un humain ! Un pauvre humain sans défense ! Bon OK, c’était un homme et il semblait faire plusieurs têtes de plus qu’Aline, mais il n’imaginait même la puissance que cette dernière pouvait avoir ! S’il croyait qu’elle allait le remercier en le graciant, il se fourrait le doigt dans l’œil. Non mais qu'est-ce qu’il ne fallait pas inventer…

La jeune fille se laissa guider, sans dire un mot. De toute façon elle n’en avait pas tellement l’intention. Elle était trop fatiguée pour engager la conversation sur la météo et autre sujet tout aussi futile.

« J'ai du travail donc n'hésite pas à te reposer dans la chambre. Fouille pas dans les affaires ! »

Elle haussa les épaules, avant de se diriger vers la chambre en question.

« Je ne suis pas une voleuse non plus… » murmura-t-elle dans sa barbe.

Elle traina les pieds durant les quelques mètres qui la séparait de la porte, en faisant un bruit tout particulièrement irritant. Elle poussa la porte, découvrant une chambre à coucher masculine. Nullement préoccupée du fait qu’elle se trouvât dans une maison inconnue, avec un homme inconnu et qu’elle ne serait même pas en état de se défendre convenablement, elle se laissa choir comme un poids mort sur le lit, à plat ventre. Comme si elle était chez elle, elle ôta ses chaussures d’un coup de talon et les envoya valdinguer à l’autre bout de la pièce. Se blottissant contre le premier oreiller qui lui tomba sous la main, elle se mit en chien de fusil et tâchant de gagner le sommeil.

Mais elle continua à ruminer son échec inconsciemment, se tordant le cerveau dans tous les sens en essayant de trouver une solution à ce petit problème. Elle avait beau se dire que ça ne lui était pas existentiel que d’hypnotiser les gens comme il se doit, qu’elle avait très bien vécu sans pendant des années, que ça ne l’empêcherait pas de vivre, ni de tuer des humains, ni rien d’autre de tout cela, qu’après tout cela n’avait même aucune importance puisqu’elle ne l’utilisait jamais et que cela la mettait toujours dans un sale état ensuite, elle n’arrivait pas à se faire à cette idée.
Aline détestait perdre. Elle était même prête à tricher à une partie de Scrabble pour finir première, comme quoi elle détestait vraiment perdre. Et elle considérait la vie comme un jeu. C’était un jeu. Soit on était veinard et on sortait gagnant à la loterie de la vie. On était beau, riche, avec une famille aimante, intelligent, avec un bon métier comme ingénieur ou médecin et on pouvait se vanter d’avoir réussi sa vie. Soit on était malchanceux et notre existence ne serait rien d’autre qu’une suite d'échecs tous plus affligeants les uns que les autres.
C’était noir ou blanc. Jamais gris.
On ne pouvait être heureux qu’avec de l’argent, la beauté et tout ce dont on peut rêver. Elle pensait aussi que pour déjouer ce que la vie nous avait offert, il ne lui restait qu’à tricher et à manipuler les gens pour parvenir à ses fins. Puisque la vie ne lui avait pas donné ce qu’elle désirait, elle l’atteindrait par elle-même: en manipulant les autres.
Mais rien de ce qu’elle réussissait à avoir ne lui suffisait. Ce n’était jamais assez bien pour elle, elle voulait toujours plus. Elle trouvait toujours quelqu’un en envier, à jalouser et s’arrangeait toujours pour prendre ce que cette personne avait et qu’Aline convoitait. Tout était pour elle, et les autres n’avait qu’à prendre ce qui restait.
Les autres, elle s’en foutait royalement.
Elle voulait également qu’on lui serve tout sur un plateau d’argent, ce à quoi elle avait été habituée durant son enfance. Capricieuse, jalouse, manipulatrice, Aline avait tout de l’enfant-roi. Et pourtant elle était née à une époque où l’enfant n’était pas roi. Enfin, dans les familles modestes. Et, habituée à vivre dans le confort, la richesse à profusion, le clinquant, elle trouvait normal qu’on la traite comme une princesse.
Elle avait pour coutume de tout réussir à la perfection. Plus grâce à sa capacité à amadouer les gens qu’à la sueur de son front. Pourquoi se salir les mains quand une autre personne est là pour le faire à notre place ?

Quoiqu’il en soit, elle l’avait en travers de la gorge, et elle ne semblait pas vouloir le digérer. Blessée dans son orgueil, elle aurait préféré disparaître à six pieds sous terre plutôt que de rester là avec ce Tom qui l’avait vu se ridiculiser. Intérieurement, elle se jura que lorsqu’elle retrouvera toutes ses forces, elle retournera sur les lieux où elle avait échoué aussi pitoyablement, et elle ferait passer de vie à trépas tous les témoins de cette scène. De plus qu’ils avaient osé se moquer d’elle lorsqu’elle avait passé sa commande, ils allaient le payer.

Sans penser une seule seconde que cette réaction avait peut-être un petit quelque chose d’excessif, Aline avait commencé à fermer les paupières, bientôt prête à s’endormir.

« Tu ne dors pas encore, n'est-ce pas ? Je rentre. »

Cette voix la fît sursauter, et elle se redressa légèrement afin de voir d’où elle venait. Quand elle vit surgir ce Tom, elle se laissa à nouveau retomber sur les cousins, ses cheveux blonds formants comme un halo doré autour de sa tête. Elle le regarda s’approcher, et s’assoir à côté d’elle d’un œil méfiant.

« Bois, c'est un ordre. »

Un ordre ? Pas besoin de lui ordonner, elle n’allait pas se faire prier ! Attendez, on lui offrait un repas gratuit, elle n’allait quand même pas cracher dessus ! Même si cet homme faisait surement ça pour lui sauver la vie et qu’il ne comptait certainement pas finir raide mort parce qu’il avait eu le cœur trop généreux.

« Mes ambitions seraient ruinées si on apprenait qu'une vampire enfantine avait été séquestrée ici et en serait morte. Et à vrai dire, il n'y a pas de lacs dans les environs. »

Mais elle ne l’écoutait déjà plus, elle songeait juste au fait qu’elle allait retrouver ses forces vampiriques et qu’elle allait pouvoir rentrer chez elle. Elle s’approcha doucement, prête à le vider entièrement de son sang.

« Tu connais la chanson, ne soit pas trop gourmande... »

Elle ne comprenait toujours pas ce que ces gants avaient de si spécial, et ce qu’ils pourraient bien lui faire si jamais elle refusait de s’arrêter à temps. Mais après tout, il n’était pas vraiment conseillé de jouer avec le feu et de faire la forte tête quand on était en position d’infériorité -même si elle n'avait respecté ce conseil.
Il n’empêche qu’elle en venait vraiment à se demander si cet homme n’avait pas comme des envies de suicide… Non mais franchement, si les rôles auraient été inversés, elle l’aurait laissé crever sans le moindre regret…

Elle posa sa main gauche sur la joue de ce Tom et sa main droite sur son épaule. Rien qu’à l’idée qu’elle allait bientôt être rassasiée, elle se sentait déjà mieux. Elle approcha doucement ses lèvres du cou de cet homme et y planta brusquement ses crocs sans douceur.
La délicatesse n’était pas le second nom d’Aline.
Plus elle absorbait la vie de l’humain, plus elle se sentait à nouveau elle-même vivante.

Arrête toi maintenant, sinon tu vas le tuer

Mais difficile de s’arrêter maintenant. Laisser un humain prêt à donner un peu de son sang face à une vampire c’était comme planter un gosse devant un bocal de bonbons en lui disant qu’il n’aurait le droit qu’à en prendre un seul. Comme si le gamin allait écouter les ordres… Comme si Aline allait avoir des scrupules… Fallait pas rêver non plus…

Message par Invité Jeu 20 Aoû - 20:41

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Bon, on inspire profondément...
Elle planta ses crocs dans mon cou. Ah bordel, ça fait un mal de chien !
Je me raidis tout à coup et passa mon bras gauche autour de la tête de la vampire pour consoler ma douleur. Peut-être le geste manquait légèrement de délicatesse mais j'avoue volontiers ne pas y avoir pensé, à ce moment là. Je fermais les yeux et releva ma tête pour me détendre. Se concentrer, se concentrer sur quelque chose … Je sentais mon sang s'échapper de mon cou. C'était une sensation exceptionnelle et inédite. Après tout, Cathie avait à peine eu le temps de planter ses dents.
Sois pas trop jalouse, Cathie. Pensais-je en souriant. Comme pour me répondre, une vive mais brève douleur se fit sentir sous la fine couche de titane. Par reflex nerveux, je repoussa la petite de mon cou. Je passa ma main sur la plaque comme pour sentir la blessure en-dessous mais ne sentis rien d'inhabituel, peut-être ais-je rêvé ?  

« Tu as assez but, non ? » inventais-je en enfilant mon haut. Je cherchais encore une excuse sans réellement savoir pourquoi. Peut-être pour faire semblant de dominer la situation.
Était-elle déçu d'avoir été ainsi interrompu pendant son repas ? Après tout, je ne vais pas la laisser tranquillement me vider de mon sang ! Je profita de me trouver ici pour vérifier les environs. Dis ainsi, on pouvait assimiler cette attitude à du voyeurisme mais il me suffisait juste de vérifier brièvement si la porte de mon atelier de peinture n'avait pas été ouverte. C'était un vieux réflexe. Je n'avais rien à cacher mais je n'aimais pas non plus le montrer.

Trêve de pensées inutiles ! Me convainquais-je malgré la vérification « indispensable ».
Après lui avoir lancé un « Appel moi si tu as besoin de quoi que ce soit. » Je m'absenta et, après avoir fermé la porte, respectant mon rituel habituel, soupira. Pourquoi n'avais-je pas simplement dit un « A demain » glacial, comme je l'avais prévu. Cette jeune vampire me causera du soucis … J'en étais convaincu. A vrai dire, cela était inévitable à la lumière des circonstances : Une vampire rencontrée dans un bar peu recommandable, qui a utilisé ses pouvoirs sur moi, invitée chez moi le temps d'une nuit et en plus de cela, je la nourris. Je suis un imbécile !
Enfin, c'était dans ma nature, après tout. De plus, je me rassurais en me disant qu'elle n'avait probablement pas récupéré ses forces.
Est-ce que cette marque va rester, elle aussi ?! Après tout, Cathie m'avait laissé une marque intemporelle, peut-être que cet effet venait de moi. J'étais peut-être « allergique » aux marques des vampires, qui sait ? Je m'imaginais mal avec une seconde plaque en titane, pour couvrir cette marque aussi. Il faudrait que je demande à Nina . Je me passais la main au cou.
Je n'avais pas mangé de la journée. Enfin, j'avais bus un café et une horrible liqueur. Une omelette plus tard, je me préparais à me coucher sur le canapé avant de me rappeler une nouvelle fois que j’abritais sous mon toit cette fille. Je ne savais pas si c'était par crainte ou par délicatesse mais je pris une résolution. Il serait de mauvais goût de dormir, cette nuit. Je me dirigea alors naturellement dans mon atelier principal : j'avais quelques maintenances à exécuter, après tout.
Perceuse en main, il était l'heure de « la maintenance ». Il était étonnant qu'aucun voisin n'est encore porté plainte contre le tapage nocturne. Peut-être que les murs étaient bien insonorisé ou peut-être aimaient-ils entendre le doux son d'une usine résonner dans la rue.
Une vampire ? Que mange un vampire ? De tout, probablement.
C'était le genre d'interrogations que je me posais tous les jours. C'était stupide avec du recul. Se poser de telles questions alors qu'on a passé la majorité de sa vie avec la concernée, plus que stupide, c'est ridicule.

Pendant les maintenances, c'était le moment où je décompressais le plus. En effet, quoi de plus relaxant que choyer ses bébés ? C'était une tâche essentielle, peu gratifiante par moments mais le côté monotone développait une certaine intimité indescriptible.
Cela faisait peut-être trop longtemps que je n'avais pas vu Cathie, peut-être. Pensais-je en éclatant de rire. Je mettais d'autant plus de cœur dans ma routine au point que j'oubliai mon invité. Le fracas résonnait dans l'atelier et probablement pas que dans cette salle.

hrp:

Message par Invité Sam 22 Aoû - 14:41

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Peu à peu, Aline sentait ses forces revenir doucement. Plus elle se nourrissait, mieux elle se sentait. Malgré la petite voix qui lui ordonnait d’arrêter d’aspirer la vie de cet homme, la demoiselle continua de se remplir l’estomac sans le moindre scrupule. Jusqu’à ce que l’humain en question la repoussât.
Ce n’était pas vraiment indélicat, mais la jeune fille n’apprécia pas tellement qu’on lui enlevât le pain de la bouche. C’était comme prendre l’assiette de quelqu’un quand celui-ci était en train de manger. Bon, okay c’était vrai, Tom n’était pas une assiette et Aline était une vampire meurtrière. Le repas qu’elle consommait en ce moment, était tout de même le sang de son hôte et il était tout à fait compréhensible que ce dernier n’ait pas la furieuse envie de mourir aujourd’hui.
Mais ça, Aline n’en avait cure. Elle avait encore faim et elle aurait donné beaucoup pour manger encore un peu. Bien que le peu de sang qu’elle ait ingurgité la maintiendrait en vie et l’empêcherait de défaillir, elle ne se sentait pas non plus au top de sa forme. A cet instant, elle aurait voulu rentrer chez elle, dans sa petite chambre toute vilaine dont les murs étaient rongés d’humidité. Elle aurait voulu se retrouver parmi ses affaires, ces petits objets qui lui étaient familiers pour pouvoir se dire que finalement elle ne s’en n’était pas trop mal sortie. Et surtout pour récupérer ses forces plus rapidement. Car il était vrai que le meilleur endroit quand on était malade ou quand on n’allait pas bien restait tout de même notre lit. La jeune fille ne se sentait pas ici chez elle: elle se sentait comme une étrangère et assez mal-à-l’aise, bien qu'elle ne doutât pas une seule seconde de l'hospitalité de son hôte. Maintenant qu’elle était capable de mettre un peu d’ordre dans ses idées, Aline ressentait l’envie de partir d’ici. Mais elle ne pouvait pas, et elle se savait. Elle ne serait pas capable de marcher jusqu’à son hôtel : elle s’écroulerait à mi-chemin. Car bien qu’elle ait retrouvé quelques forces, elle savait qu’elle n’était guère plus puissante qu’un humain malade. La quantité de sang qu’elle avait absorbé lui permettait tout juste de vivre jusqu’à demain matin, et il faudrait impérativement que le lendemain elle puisse se nourrir. Convenablement cette fois.

« Tu as assez but, non ? »

La jeune fille émit un geste de protestation mais ce Tom réagit plus vite qu’elle et se leva, se mettant ainsi hors de portée de la vampire. Elle le regarda s’en aller, avec des yeux suppliants qui cette fois ne l’amadouèrent pas, et se laissa retomber sur les cousins lorsqu’il eût fermé la porte et lancé :

« Appel moi si tu as besoin de quoi que ce soit. »

Aline poussa un long soupir plaintif, et s’essuya la bouche d’un revers de manche qui fît bientôt maculé de tâches écarlates. Elle ne se sentait pas bien, avait les muscles engourdis et comme une envie de vomir, ce dont elle se retint. Une affreuse migraine lui irradia la moitié droite de la tête et qui la força à se recroqueviller sur elle-même, les deux mains de chaque côté de sa tignasse blonde. Elle se sentait fiévreuse, comme si elle était vraiment malade. Peut-être avait-elle un peu trop surestimé  ses capacités. C’était la première fois qu’elle forçait autant pour réussir une hypnose. Et c’était la première fois qu’elle faisait cela le ventre vide.
Et c’était sûrement la dernière.
De plus que les quelques fois où elle avait hypnotisé un humain, elle avait fait un vrai repas ensuite. Et avait pu, par conséquent, retrouver la totalité de ses forces vampiriques.
Mais là non.
Et peut-être qu’elle goûtait désormais aux « effets secondaires ». Elle se doutait bien qu’il y en aurait, mais elle ne savait pas lesquels. Et maintenant, elle s’en voulait d’avoir été si sûre d’elle-même. Si elle était restée tranquillement chez elle, rien de tout cela ne serait arrivé. Si elle avait seulement dit à ce bonhomme de dégager le plancher plutôt que d’essayer de l’y contraindre comme elle l'avait fait, elle ne se serait jamais retrouvée dans cette maison inconnue, en compagnie d’un homme qui visiblement adorait utiliser sa perceuse la nuit. Comme si les oreilles de la demoiselle ne sifflaient déjà pas assez, il fallait en plus que ce type fasse un tapage pareil !

« Rooooh ! Mais il ne peut donc pas faire tout son trafic demain ?! » gémit doucement la demoiselle.

Aline aurait volontiers dormit quelques heures, si ce Tom n’avait pas décidé de bricoler on-ne-sait-quoi à deux heures du matin passées. Entre les autres qui claquaient les portes et lui qui avait la lubie de faire fonctionner ses outils de bricolage la nuit, on n’était pas aidé…

Avec un grognement d’animal malade, la blondinette décida de se lever et d’aller voir ce qu’il pouvait bien trafiquer. Bien que la tête lui tournât durant les premières minutes où elle s’assit sur le lit, la jeune fille mit quand même pied à terre et tâcha de retrouver son équilibre. Elle frissonna et regretta amèrement de n’avoir pas pris de veste avant de partir.

Une veste ? Mais normalement tu n’as pas froid !

Ah oui… D’ordinaire, elle n’avait pas froid puisque son corps n’avait aucune chaleur et demeurait aussi glacé qu’un iceberg. Mais alors, pourquoi grelottait-elle comme une pauvre humaine souffreteuse ? Peut-être cela faisait aussi parti des effets secondaires, ou alors c’était simplement une sorte d’hallucination, qui sait ? Toutes fois, la jeune fille s’empara d’une veste qui trainait sur une chaise et la jeta par-dessus ses épaules, tout en espérant que cela ne le dérangerait pas qu’elle lui emprunte un vêtement.

Et puis à petits pas furtifs et se cramponnant aux murs, Aline se rendit jusqu’à l’endroit où il lui semblait venir le bruit.
Après plusieurs efforts pour se trainer jusque-là, la jeune vampire poussa légèrement la porte, qui était restée entrouverte, de ce qui semblait être un atelier, découvrant l’humain qui l’avait recueilli avec bien une perceuse à la main. Ne sachant pas s’il ne l’avait pas entendu arriver ou s’il l’ignorait simplement, la jeune fille se risqua à élever la voix pour couvrir le bruit :

« Ça vous dérangerait de remettre ça à plus tard ? C’est que ça fait un bruit phénoménal et c’est insoutenable. »

Quand il se décida enfin à lever la tête, la jeune fille ajouta :

« Et puis qu’est-ce que vous faîtes à deux heures du matin à bricoler ? Ce n’est pas à cette heure-ci que les humains dorment généralement ? »

Elle se tenait dans l’encadrement de la porte, pieds nus sur le sol froid avec une veste masculine négligemment posée sur ses épaules graciles et secouée de tremblements. Même lorsqu’elle passait sa vie dans la forêt, elle n’avait jamais été moins présentable qu’en ce moment même. Ses yeux étaient injectés de sang comme si elle n’avait pas dormi depuis plusieurs jours et bordés de gros cernes violacés. Son regard froid semblait désormais seulement brillant d’une rude fièvre et son teint encore plus pâle que d’ordinaire, bien qu’il fût difficile de rendre encore plus blafard un visage de vampire. Le sien avait un aspect cadavérique repoussant, et on aurait mieux cru à l’apparition d’un fantôme plutôt qu’à un être vivant. Seuls l’éclat maladif de ses yeux et le faible son qui s’échappait de ses lèvres blanches lorsqu’elle parlait continuaient en entretenir la croyance qu’elle était toujours vivante. Cette fois elle était vraiment souffrante, et il lui faudrait plusieurs jours avant de se remettre.
Et elle doutait fortement pouvoir rester là, debout sur un sol gelé, encore longtemps.

« J’ai encore soif. » dit-elle doucement, comme une enfant qui se lève la nuit et va déranger ses parents pour leur dire qu’elle voudrait un verre d’eau.

Sauf qu’Aline ne quémandait pas un verre d’eau, mais quelque chose de beaucoup plus consistant. Et elle savait que si jamais cet humain refusait de subvenir à sa requête elle n’aurait aucun moyen de le faire céder puisqu’elle se sentait aussi faible qu’un humain mal en point.

Message par Invité Dim 23 Aoû - 0:31

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« Ça vous dérangerait de remettre ça à plus tard ? C’est que ça fait un bruit phénoménal et c’est insoutenable. » 
Hein ? Je relevai la tête pour apercevoir une jeune femme vêtue d'une chemise trop grande. Cathie ? Pensais-je avant de secouer frénétiquement la tête. Non, ce n'est pas elle. Aline, c'est A-line.
Que faisait-elle là ? Pourquoi portait-elle mes vêtements ?! J'avais complètement oublié sa présence. C'était moi tout cracher ça ! Trop absorbé par mon Art.
« Et puis qu’est-ce que vous faîtes à deux heures du matin à bricoler ? Ce n’est pas à cette heure-ci que les humains dorment généralement ? »
« Certains doivent gagner leurs pains, eux. Et, à vrai dire, n'est-ce pas à cette heure-ci que les vampires vivent généralement ? » Je lança ces deux phrases sur un ton taquin, prenant bien soin de répéter sa formulation en guise de provocation. Répondre à des piques par des piques, quel gamin ! Mais c'est elle qui a commencé.
Sa tenue donnait un air assoupi à sa démarche et les mots qui suivirent affirmèrent ces traits.
« J’ai encore soif. »
Pourquoi lui ressemblait-elle tant ? Est-ce que tous les vampires étaient ainsi ?
En grimaçant, je lui répondis : « Bah tu attendras demain, ma grande. Je n'ai pas spécialement envie que tu me vide jusqu'à ma dernière goutte de sang et je n'ai pas plus envie que tu sois dans la capacité de le faire ! »
Non mais où allait-on ? N'avais-je pas déjà été assez généreux avec cette gamine ?
Pour appuyer mes propos, j'avais laissé en plan mes activités et m'étais approché d'elle.
Elle semble mal en point. Constatais-je après un rapide coup d’œil. Elle tremble ? « Tu as froid ? » Ma question était stupide, Aline grelottait et ses pieds nus sur le sol glacé de l'atelier ne devaient rien arrangé.
« Idiote ! Mets au moins des chaussons ! » la sermonnais-je en la serrant fermement dans mes bras pour tenter de la réchauffer. Je grimaça légèrement. Elle m'a encore eu, la garce !
« Bon, allons dans le salon, il y fera moins froid. De toutes façons, j'avais presque terminé. » mentais-je. Décidément, c'était une habitude avec cette invitée.
Une fois au salon, je lui indiqua d'un geste de la main l'emplacement du canapé et prit place dans le fauteuil.
« Tu sais, il ne serait pas à mon avantage de plus te nourrir. Cela pourrait même m'être dommageable. » Je marquai une pause. Je ne pouvais pas succomber ainsi à la moindre de ses demandes. Je jetai un coup d’œil aux alentours et tomba sur mon calepin. Ça fera une excuse.
Je ne savais pas pourquoi je voulais tant l'aider. Était-ce dans son caractère ou dans le mien ?
« Comme tu dois le savoir, rien n'est gratuit dans ce monde, n'est-ce pas ? » lui affirmais-je avec un léger sourire en coin. « Je t'impose donc deux conditions supplémentaires. » Mon sourire grandissait. « Tout d'abord, tu n'as que le droit de mordre le côté droit de mon cou. » Simple, n'est-ce pas ? On verra ça. La plaque de titane siégeait toujours à cet emplacement et, bien que je l'eut retiré plusieurs fois récemment, elle restait toujours solidement fixée. « Ensuite, vois-tu, je suis un artiste dans l'âme mais ne dessine presque qu'exclusivement des paysages. Vois-tu, il est difficile de trouver un sujet immobile. » Continuais-je en tirant légèrement la langue.
J'agitais, d'un air pas tout à fait innocent, le col de ma tenue comme pour la provoquer. « Alors ? »
Néanmoins, cette fois, j’augmentai légèrement le son de mes gants, de quoi l'étourdir probablement.

Message par Invité Sam 12 Sep - 21:25

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« Certains doivent gagner leurs pains, eux. Et, à vrai dire, n'est-ce pas à cette heure-ci que les vampires vivent généralement ? »

Aline encaissa la pique sans rien ajouter. D’ailleurs, c’était à se demander si elle l’avait comprise, tant son regard fatigué semblait vide. Rien n’allait ce soir, et la jeune fille se demandait si un jour ça irait mieux. Tomber malade quand on était un vampire relevait de l’exceptionnel. Cela était même quasi impossible. Les vampires n’étaient pas vraiment sujets aux virus, même les plus virulents qui attaquaient les humains et pouvaient par conséquent les tuer. Aline n’avait pas attrapé de virus, elle était juste totalement épuisée si bien que son corps ne semblait plus vraiment apte à se protéger des agressions extérieures. Et pourtant, il y avait tout de même une grande partie psychologique là-dedans. La demoiselle était tellement écœurée d’avoir échoué aussi lamentablement, qu’elle s’en rendait malade. Il était certain que lorsqu’elle accepterait enfin de faire des erreurs, elle ne se mettrait plus jamais dans ce genre d’état.
Ainsi donc, la jeune fille se croyait vraiment malade, et elle l’était tout de même. Mais, plus elle sentait son corps s’affaiblir, plus elle prenait peur et se faisait du mal inutile.

Humaine, elle était souvent sujette aux maladies, aux malaises et tous ces petits désagréments que les faibles constitutions connaissaient par cœur. Elle avait attrapé bon nombre de maladies, et avait souvent dû garder le lit des semaines durant. C'était en partie à cause de son faible poids, synonyme de beauté à l'époque, qu'elle s'évanouissait un peu trop souvent.
La mode exigeait une taille aussi fine que celle d'une guêpe et pour se faire, les femmes et les jeunes filles dès leur plus jeune âge, étaient corsetées durant toute la journée et parfois même pendant la nuit. Aline avait toujours refusé de porter son corset la nuit, car elle avait vu un jour une jeune fille qui n'était plus apte à tenir debout sans corset étant donné que ses muscles avaient fondus. Ils étaient tout le temps soutenus, et de fil en aiguille, ne devenaient plus fonctionnels. Aline avait pris peur et avait refusé de faire la même erreur que cette fille.

Aline avait porté son corset jusque dans les années 1920, années durant lesquelles elle avait fait partie de ces femmes révolutionnaires qui s'étaient coupées les cheveux d'un coup de ciseaux rageurs et avait abandonné cet instrument de torture qu'était le corset. Elle avait, pour ainsi dire, été quelque peu soulagée de voir que les femmes n'étaient plus obligée de porter ce carcan pour paraitre belles. Aline avait toujours voulu être considérée comme "jolie" et par conséquent avait toujours suivi la mode de trop près.
Lorsqu'elle était âgée d'à peine quatorze ans, elle s'était rendue malade à ne plus s'alimenter correctement. Ses parents ne s'étaient pas inquiétés, car leur fille était alors dotée de "bonnes manières". A cette époque, pour signaler qu'on était issue d'une très bonne famille, il fallait se nourrir en public comme un petit oiseau, ce qu'Aline réussissait parfaitement. Le seul bémol, était qu'elle faisait cela même lorsqu'elle se retrouvait seule. Ce qui arrivait très rarement, cela dit. Bien qu'elle ait réussi à se remplumer un petit peu, elle avait tout de même conservé sa maigreur excessive qui la faisait passer pour une enfant, malgré qu'elle ait atteint ses dix-huit ans lors de sa transformation.

En ce moment même, la demoiselle avait l'impression de redevenir une humaine, une faible jeune fille qui perdait souvent connaissance. A l'époque, les femmes étaient vues comme le sexe faible, et Aline incarnait à la perfection ce cliché. Il n'y avait pas un jour sans qu'elle défaillît en public et qu'elle donnât ainsi l'impression d'une très faible enfant.

Elle suivit d'un pas trainant son hôte, et se laissa à nouveau choir sur le canapé, épuisée de ses allée-venue dans la maison. Elle se blottit contre le dossier, ramenant sous elle ses jambes dans une tentative désespérée de se réchauffer un peu. Ses dents claquaient perpétuellement, et son regard brûlait de fièvre. Elle ne voulait rien d'autre que du sang humain, et ne pouvait penser qu’à cela.
Le mot "sang" clignotait en boucle dans sa tête, inscrit en lettres écarlates et ne la quittait plus d'une semelle. Une véritable obsession qu'elle savait être un instinct de survie. Elle ne voulait pas mourir comme cela, desséchée et abandonnée dans une maison qu'elle ne connaissait pas le moins du monde. Ce serait une fin trop stupide pour que cela se passe ainsi.
Mais elle savait que son hôte, ce Tom dont elle ne connaissait seulement le diminutif, ne la laisserait pas mourir chez lui. Elle l'avait deviné dès le moment où il avait proposé de l'aider. Il était généreux, et bien que la jeune fille soit dépourvue de toute reconnaissance, elle était heureuse d'être tombé sur quelqu'un comme lui.
Non, elle ne le tuerait pas. Pas parce qu'elle avait des scrupules à tuer un humain, mais bien parce qu'elle en venait à se dire qu'il ne méritait pas ça. Après tout, il n'avait pas été obligé de la recueillir chez lui, ni de lui donner un peu de son sang. Il aurait pu la laisser en plan, se débrouiller seule malgré les signaux de détresse qu'elle lui avait lancé. Elle n'éprouvait pas non plus pour lui une quelconque affection, mais elle savait qu'elle aurait tout de même un regain de regret si elle venait à l'achever. Et elle ne voulait pas à vivre à nouveau avec des regrets. Elle avait été leur cible favorite durant des années et l'était encore aujourd'hui, bien qu'ils se soient beaucoup atténués.

« Comme tu dois le savoir, rien n'est gratuit dans ce monde, n'est-ce pas ? Tout d'abord, tu n'as que le droit de mordre le côté droit de mon cou. Ensuite, vois-tu, je suis un artiste dans l'âme mais ne dessine presque qu'exclusivement des paysages. Vois-tu, il est difficile de trouver un sujet immobile. »

Elle le dévisagea pendant un court instant, se demandant s'il ne se fichait pas un peu d'elle. "Un sujet immobile" avait-il dit? Il sous-entendait par là qu'il voulait qu'elle pose pour lui. Puisqu'elle était capable de rester immobile pendant des heures, comme une statue de glace. Mais, avait-il vraiment prêté attention à sa tête cadavérique? Bien sûr, un soupçon de maquillage arrangerait le tout et ferait des merveilles. Mais il était fort peu possible que ce Tom ait de l’anti-cerne caché dans ses placards.

Elle se mit à rire doucement, la voix un peu rauque toute fois, mais le rire était sincère. Son éclat de rire éclaira un bref instant son visage fatigué, avant de disparaitre aussi vite qu’il était venu.

« Vous voulez faire un portrait de moi ? Mais vous avez vu la tête de déterrée que j’ai ? » articula-t-elle.

On avait peint des portraits d’Aline bien souvent, autrefois. Sa famille étant riche, ils avaient les moyens de payer un peintre pour peindre les portraits de la famille. Lors de ces séances de pose, auxquelles Aline et ses sœurs se livraient à cœur joie, les jeunes filles Vigu étaient parées de leurs plus beaux atouts. Aline se souvenait parfaitement des sublimes robes qu’elle portait, et des fleurs qu’on glissait dans son corsage ou dans ses mains. Ses poses étaient soigneusement étudiées, car le portrait devait refléter la richesse de la personne peinte. Ensuite, les tableaux étaient exposés dans la maison, si bien que lorsqu’on entrait dans le hall on se trouvait nez à nez avec le visage enfantin d’une des filles Vigu. On se retrouvait épié par le regard curieux de Béatrice, couvé de celui bienveillant de Madeleine ou au contraire toisé par celui hautain d'Aline. Toutes les trois étaient si semblables et si différentes à la fois. Leurs trois visages candides agrémentés de cheveux blonds soigneusement frisés, étaient présents dans presque chacune des pièces de la maison, exposés côte à côte comme si les trois sœurs étaient inséparables.

Aline soupira mélancoliquement, avant de se reconcentrer sur le visage de son interlocuteur.

« Alors ? »

Encore une fois, la jeune fille mordit à l’hameçon. Après tout, le compromis ne l’embêtait pas vraiment. Si ce Tom voulait dessiner un portrait, pourquoi lui refuser ? De plus que si elle acceptait, elle pourrait à nouveau boire son sang. C’était bien ça qu’il lui avait promis, non ?

« D’accord. Si ce n’est que ça. » dit-elle doucement.

Elle se redressa légèrement contre le dossier, rejeta ses cheveux en arrière et presque instinctivement demeura immobile.

« Après ça, j’aurais de nouveau droit de boire votre sang c’est ça ? » demanda-t-elle, visiblement en train de douter des paroles de son hôte.

Message par Invité Lun 14 Sep - 23:17

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« D’accord. Si ce n’est que ça. »  Accepta-t-elle faiblement.
Elle s'était réajustée et avait jetée ses cheveux en arrière. Cela ne semblait pas sa première fois en tant que sujet. Généralement, les personnes ont plutôt tendance à se recroqueviller, attendant timidement les instructions mais ce n'était, à première vue, pas son cas.
« Après ça, j’aurais de nouveau droit de boire votre sang c’est ça ? »
Je rigolai légèrement. S'inquiéter ainsi, cela m'étais bien amusant. C'était une vampire mais là je ne voyais que l'attitude incertaine d'un enfant. Cela m'aurait presque éprouver des regrets quant à ma petite surprise.
« Je te laisserais me mordre, comme convenue. » Répondis-je, contournant légèrement la question.
Bien. Désormais, c'était entre moi, mon crayon et le sujet. Je cherchai une nouvelle page vierge dans mon calepin avant de commencer. Puis j’esquissai tout d'abord le buste avant de m'occuper des différents membres. Elle était plutôt chétive, cette vampire.
Arrivèrent les doigts. Fameux ennemis de tous, il fallait être le plus fidèle possible tout en les faisant paraître naturels. Facile dîtes-vous ? Malheureusement non, ironiquement, même les vrais semblent des faux donc il faut imaginer, imaginer une allure parfaite. Après quelques essais infructueux, j'arrivai finalement à un résultat convenable : fin et droit. C'est probablement la forme la plus convenable mais, généralement, elle ne convient pas aux modèles. Quelle chance, une noble. Pensais-je en retenant un rire. Je dessinai rapidement la forme de sa tête sans me préoccuper du visage puis passa à une seconde page.
Tout d'abord, la forme de la tête puis les proportions bouche-nez-yeux. C'était mécanique. Après tout, on pouvait reconnaître une personne qu'à la distance entre ses yeux. Il était donc naturellement inimaginable de ne pas commencer par là. Elle avait les yeux fatigués. Maintenant que j'examinais son visage, je remarquai à quel point elle semblait faible. Teint blafard, cernes, traits tombants, autant de traits que je n'avais jamais eu l'occasion de dessiner. En effet, il est mal vu dans les hôpitaux de s'attarder à peindre les patients. Comment le savais-je ? Règle de bienséance.
Bon d'accord, j'avoue, non sans honte, m'être déjà installé dans une chambre d'hôpital à Amsterdam pour peindre un patient. Malheureusement, au bout de quelques minutes, un infirmier sous-entendu très subtilement qu'il était inconvenable de se tenir ainsi en me jetant dehors. Ma foi, j'avais essayé au moins.
Je profitai donc de cette situation pour annoter quelques indications pour reproduire artificiellement cet état. Après tout, la peinture ne se limitait pas à simplement reproduire ce que l'on avait sous les yeux mais aussi à le mettre en scène. Bien que, pour le moment, je ne voyais pas comment faire reprendre des couleurs à mon invitée.
Si, il y avait bien un moyen mais il ne passait pas par l'art. Je jeta de nouveau un coup d’œil à mon invitée. Mal en point. En même temps, il serait plutôt inquiétant qu'elle eut put guérir en si peu de temps.
J'arrivai inéluctablement à la fin de mon croquis et je remarquai avec effroi que je m'étais bien trop pris à mon propre jeu. Cela devait initialement n'être qu'une excuse mais j'avais finit par faire un véritable dessin plutôt qu'un léger croquis. On ne peut rétreindre l'art, dira-t-on. Néanmoins, et avec du recul je n'y avais pas vraiment perdu au change : j'avais acquis un nouveau modèle que je pourrais réutiliser au travers de ses feuilles ainsi que des instructions pour de nouveau portrait. Je ne comptais pas me lancer dans l'horreur mais c'est vrai qu'un portrait malade pouvait embellir une scène. Un patient dans un hôpital peut-être ? Non, la pureté de l'arrière plan contrasterait trop violemment avec un visage dépité. A moins peut-être qu'on en garde que quelques traits élégants … Je secoua la tête pour me sortir de mes idées. Après tout, j'aurais le temps d'y penser un autre jour.

Deux heures quarante à l'horloge, je m'étais décidément bien trop impliqué dans ce dessin. « Oh ! Tiens, tu as vu l'heure ? Il serait grand temps d'aller se coucher ! »
Je m'étais levé et avais déjà rangé le calepin, comme si j'étais sur le départ puis, en lançant un bref regard sur mon invitée, je ne pus réprimer un franc rire. Elle avait attendu tout ce temps et je feintais avoir oublié.
« C'est une blague, j'avoue que je suis un peu taquin. » dis-je avec un air désolé mais souriant.
Quand il le faut, ...
J’attrapai un tabouret et vint m'installer devant la petite vampire. Je remarquai alors que le buffet lui était hors d'atteinte. Bien que j'eusse envie de la laisser se débrouiller, cela aurait été comique, j'enlevai le tabouret et m'assis au sol, me redressant pour être le plus accessible et inclinant ma tête vers la gauche.
Je laissai échapper un long soupire avant d'enlever moi-même la plaque. Après tout, j'avais déjà été assez taquin. Je passa un doigt sur le long de mon épaule, comme pour vérifier si les vieilles marques de dents de Cathie n'avaient pas disparut. J'étais partagé entre le soulagement et l'inquiétude quand je notifiai leurs présences.
Épaule à nue, je laissai donc la vampire s'approcher avant de lâcher faiblement un « Va s'y doucement. ». La douleur, après tout, n'avait jamais réellement disparut.

Message par Invité Mar 5 Jan - 21:41

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Aline avait l’impression d’avoir passé des heures dans cette position, la tête haute et complètement immobile. Bizarrement, elle semblait avoir perdu l’habitude de poser ainsi. Autrefois, c’était un de ses passe-temps favoris. A croire qu’avec le temps tout change. Elle jeta un coup d’œil au calepin. Au moins, cela était fidèle au modèle. Visage maladif, teint pâle et traits tirés.

« Oh ! Tiens, tu as vu l'heure ? Il serait grand temps d'aller se coucher ! »

Elle le regarda les yeux plissés, scrutant son visage comme pour s’assurer qu’il était bien en train de blaguer.

« C'est une blague, j'avoue que je suis un peu taquin. »

M’ouais. Cela ne faisait pas vraiment rire la vampirette. Elle souhaitait uniquement deux choses : manger et aller dormir. Finalement, ce Tom se décida et la jeune fille eut ainsi la promesse de pouvoir se remettre sur pieds.

« Va s'y doucement. »

Elle n’écoutait même plus. Aline n’écoutait jamais les recommandations. Elle se fichait éperdument de ce que les gens pouvaient bien lui conseiller, ou encore lui ordonner.

Aline se demandait ce que pouvait bien cacher cette drôle de plaque, et ne fût pas vraiment déçue. Alors comme ceci, un vampire était déjà passé par là. Il avait dit plus tôt qu’il connaissait une autre vampire, peut-être était-ce la même personne qui était l’auteur de ses marques ? Elle n’en savait rien et ne voulait pas le questionner. Bien que la curiosité la rongeât, elle craignait que si elle lui posait la question il ne revînt sur sa décision et ne la laissât pas boire son sang. Ainsi, elle préféra s’abstenir. Peut-être aurait-elle l’occasion de le revoir. Un jour. Et puis, cette ville était si petite, que les chances de se recroiser n’étaient pas inexistantes.

La jeune fille se pencha à nouveau vers le cou de ce Tom, et y planta ses crocs sans plus de douceur que la première. Elle voulait juste se nourrir, et se fichait complètement du reste. Comme par magie, elle reprenait au fur et à mesure des forces. C’était si agréable de retrouver son énergie, bien qu’elle ne fût pas à son maximum. Aline en venait à se demander vraiment pour quelle raison cet homme bizarre l’avait hébergée chez lui. Elle avait tenté d’en faire une poupée de chiffon, avait manqué de le tuer un première fois et peut-être même une seconde. Plus elle sentait son estomac se remplir, plus elle en redemandait. C’était comme une sorte de drogue. Une sensation de ne plus pouvoir s’arrêter. Mais, elle s’était faite une promesse, lui semblait-il. Elle s’était dit quelques instants plus tôt qu’elle ne le tuerait pas. Pourquoi ? Parce qu’il avait été gentil et compréhensif avec elle. Cela pouvait paraître nias dit comme ça, mais cela était largement suffisant pour stopper net la vampire dans son élan. Il en était temps. Le généreux hôte s’écroula au sol, inanimé. Peut-être aurait-elle dû s’arrêter plus tôt ? Il était encore vivant au moins ?

Aline plaqua vivement sa main sur sa bouche, comme une petite fille qui venait d’accomplir une bêtise et qui se disait maintenant qu’elle n’aurait peut-être pas dû faire ça. Elle s’approcha doucement, comme si elle pouvait le réveiller et se pencha pour prendre son pouls.

Oh Dieu merci, il est vivant. se dit-elle avec un véritable soulagement.

Mais la jeune vampire se sentait légèrement coupable, comme si elle regrettait ce qui venait de se produire. Elle resta pendant quelques instants immobile, à envisager toutes les alternatives qui s’offraient à elle. Et puis, brusquement, elle s’élança vers la chambre pour récupérer ses affaires. Elle enfila ses chaussures à la hâte et ne prit même pas la peine de vérifier qu’elle n’ait rien oublié. Elle enjamba le corps étendu sur le tapis du salon et prit la direction de la sortie. L’adrénaline lui avait comme donné l’énergie suffisante pour se rendre le plus vite possible chez elle. Les rues étaient désertes et tant mieux. Comme ça, personne ne pouvait la ralentir. Elle ne sut jamais par quel hasard elle parvint à destination sans se perdre. Elle ouvrit la porte de l’hôtel à la volée, réveillant tout le bâtiment, grimpa les marches quatre à quatre et s’enferma dans sa chambre à double tour.

Rp Clos.  

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