| par Invité Mer 29 Oct - 18:23
| Les babines de la bête se retroussèrent en constatant la peur de sa proie, dévoilant une rangée de dents plus acérées les unes que les autres. Malgré cette forme animale, on pouvait presque imaginer le rictus mauvais qu'une personne aurait affiché si la louve avait été sous une forme humaine. Les loups normaux n'avaient pas d'expressions semblables à celle qui ornait à présent la gueule de Calypso. L'envie de lui arracher la gorge, sentir sa chair céder sous la force de ses crocs et goûter au sang de la malheureuse qui avait osé la provoquer dans cette boutique, envahit doucement la bête. Un long frisson d'excitation lui parcourut la colonne vertébrale, rajoutant un peu plus à son irrésistible envie de chasse. Et lorsque sa proie partit en courant dans la direction inverse de la sienne -le contraire aurait été étonnant-, Calypso n'y tint plus. L'animal se lança à sa poursuite, grognant de plus belle, comme pour effrayer davantage sa victime. Ses yeux dorés ne lâchaient plus sa cible du regard, même quand cette dernière disparut soudainement au coin d'une rue. Dans cette partie de la ville, les grandes artères laissaient la place à de petits dédales de ruelles, le tout ressemblant parfois à un véritable labyrinthe mais cela ne fit qu'augmenter l'excitation de la louve. Elle donna une puissante impulsion à l'aide de ses pattes avant pour accélérer le rythme et ne pas laisser une plus grande distance entre elle et sa proie. Calypso déboula alors au coin de la rue, prête à retrouver la trace d'une jeune bipède imprégnée de l'odeur si caractéristique qu'était la peur mais fut surprise en découvrant une boule de poils noires devant elle. Passée l'incompréhension de voir sa cible changer de nature de manière aussi brutale, la bête reprit sa partie de chasse, plus déterminée que jamais à sentir cette masse chaude se débattre entre ses crocs pendant que la vie s'échapperait doucement d'elle. Alors que la distance se réduisait de plus en plus entre elles, la louve pensait pouvoir terminer ce petit jeu morbide entre prédatrice et proie mais celle-ci quitta brusquement -une fois de plus- son champ de vision. Oubliant la vue pour se focaliser sur son odorat, plus développé -et utile dans ce genre de situation-, l'animal pilla net dès l'instant où il perdit la trace visuel de sa victime. Tout en reniflant les alentours, la bête ne tarda pas à relever doucement la tête pour se rendre compte que la chatte n'avait fait que sauter, hors de sa portée si toutefois, elle restait à quatre pattes. Un grondement sourde franchit les babines de la louve tandis qu'elle se rapprochait du mur de la maison. Comme c'était frustrant de ne pas pouvoir croquer cette boule de poils ! Calypso pesa le pour et le contre dans la situation qui s'offrait à elle. Devait-elle renoncer à cette première proie et se rendre dans la forêt comme sa conscience humaine l'exigeait d'elle ? La bête grogna de plus belle et secoua la tête. Oui, elle n'aimait pas l'odeur de cette ville, horrible à percevoir tant les bipèdes qui la peuplaient étaient puants et sales mais elle ne voulait pas non plus faire une croix sur sa victime !
Queue basse, la louve tourna au pied de la fenêtre, comme un prédateur attend que sa proie commette l'erreur de se mettre à découvert. Bien entendu, elle n'espérait pas non plus que la chatte saute d'elle-même dans la ruelle, pour se retrouver à portée des crocs de son agresseur. Un simple animal en aurait été capable mais pas une hybride comme sa proie semblait l'être. Des grondements continuaient de s'échapper de la gueule de la bête, laquelle sentait la frustration l'envahir de plus en plus à l'idée de devoir se résigner à abandonner la partie. Soudain, une brusque montée de fureur la prit et elle se rua en direction de la fenêtre. Prenant appui avec ses pattes avant comme arrière, la louve bondit sur le mur pour tenter de combler la petite distance qui maintenait la chatte hors de sa portée. La gueule ouverte du monstre se rapprocha dangereusement de sa cible tétanisée mais les crocs finirent par claquer dans le vide. Le rebord de la fenêtre était encore trop haut et la bête retomba lourdement sur le sol, emportée par son élan et son désir de tuer. C'était une évidence à présent, elle ne pourrait pas obtenir ce qu'elle voulait cette nuit là. Et le pire, était que si elle continuait de s'obstiner, elle risquait bien d'alerter les personnes résidant à proximité ! Alors qu'elle pesait le pour et le contre, Calypso entendit alors des bruits de pas dans leur direction. Aussitôt, la louve se tourna pour faire face au nouvel arrivant. Ami ou ennemi ? Seules les prochaines secondes allaient lui fournir la réponse. Peut-être qu'elle avait été trop ambitieuse en attendant au pied de cette fenêtre, l'espoir vain de voir la chatte faire le grand saut... Quelqu'un avait déjà dû alerter la police au sujet de la présence d'un loup dans les rues... A cette idée, la bête gronda de plus belle mais s'interrompit soudain, humant l'air une fois de plus. Cette odeur... Elle la connaissait... Avant qu'elle n'ait le temps de mettre un nom sur la personne qui s'avançait vers elle, la silhouette de Lily apparut dans son champ de vision. Cessant tout comportement agressive à l'encontre de la nouvelle venue, la louve se sentit soudain mal. Elle ne voulait pas causer du tort à son amie, plus qu'à quiconque, tout comme Enes...
Entendre la voix de la jeune femme prononcer son surnom, tout comme voir cette expression de surprise mêlée de peur sur son visage, déplut à Calypso, augmentant par là son regret. Comment était-elle supposée réagir à ce face-à-face ? Devait-elle se comporter en amie vis-à-vis de sa collègue darkness ? Ou au contraire, devait-elle cacher sa véritable identité, d'une part pour ne pas que sa proie ne la retrouve, d'autre part, pour ne pas attirer d'ennuis au Cercle par la suite ? L'animal ne bougeait plus à présent, l'esprit envahi par une multitude de questions et d'interrogations. Sauf qu'en voyant Lily se rapprocher d'elle, la louve recula, à défaut de grogner ouvertement contre la jeune femme. Non, il valait mieux pour elle deux que son amie ne s'approche pas trop et l'animal lui faisait comprendre à travers son mouvement de recul. Cependant, elle chercha le doux regard de la darkness, pour planter ses iris dorés dedans, histoire de lui faire passer un message. Son message. Ne pouvant pas s'exprimer de vive voix sous sa forme actuelle, Calypso n'avait pas d'autres choix que celui du silence. Et elle espérait que la jeune femme comprendrait ce qu'elle cherchait à lui dire. La louve s'excusait de cette situation, de son comportement inapproprié et souhaitait que Lily prenne la relève à sa place. Elle voulait qu'elle s'occupe de cette gamine, aussi insupportable était-elle, puisqu'elle, représentante des lycans, elle n'avait pas su le faire... Quelque chose dans l'expression de la darkness lui fit savoir que cette dernière avait compris le message et sitôt que Calypso en eut pris note, cette dernière détala dans la nuit noire. A présent, elle n'avait plus qu'une destination : la forêt. Tout son être se focalisait sur celle-ci et rien, ni personne, n'aurait pu la détourner de son but à cet instant. Sa course dura moins longtemps que prévu, peut-être parce que l'animal s'était donné à fond pour rejoindre son territoire de chasse au plus vite. Une fois sur place, il prit toutefois le temps de se calmer et de respirer l'odeur humide et forte que dégageaient les environs. La bête prit le temps d'humer l'air et lorsqu'elle repéra la trace d'un animal sauvage non loin, elle se lança à sa poursuite. La dernière pensée de sa conscience humaine fut qu'elle projetait de rendre une petite visite à Lily une fois sa véritable partie de chasse achevée et que la louve serait satisfaite en tant que prédatrice. Histoire de rentrer chez elle avec quelques vêtements sur elle, pour éviter de se promener nue dans les rues presque désertes de l'Avventura... |
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