| par Invité Mar 17 Déc - 23:14
| Je m'étais levée tôt ce matin, pour avoir le temps de prendre une douche et de m'habiller convenablement avant d'aller suivre mes cours d'histoire approfondie des civilisations latines. Le soleil n'était pas encore levé, et la nuit régnait encore sur le monde. Alors que j'ouvrais les volets de la fenêtre de ma chambre, je constatais que le ciel était d'un bleu foncé plutôt réconfortant et signe d'une belle journée. Alors que je m'apprêtais à quitter ma chambre pour rejoindre la salle de bain de l'aile sud de la grande villa blanche, je m'aperçus que Smoothie, mon petit chiot, n'était plus couché sur mon lit. Je me demandais un instant où il pouvait encore bien être passé. Il ne pouvait pas avoir été bien loin, puisque la porte de la pièce restait close toutes les nuits. Peut-être que ma sœur l'avait emmené avec elle ? Ce serait curieux: il ne me quittait jamais. Je balayais la pièce du regard, et je me baissais pour regarder sur le canapé, qui longeait le mur opposé à la fenêtre. J'y trouvais alors ma petite boule de poils, paisiblement endormie sur une épaisse couverture rouge. Il avait l'air serein, couché en rond et la tête légèrement inclinée sur l'accoudoir. Décidant de ne pas le réveiller, je franchissais silencieusement la porte, et je refermais le battant derrière moi.
J'étais très simplement vêtue d'une chemise de nuit en satin blanc, et je marchais pieds nus sur le carrelage strié de gris du couloir. Mes cheveux mauves étaient retenus par une queue de cheval, mais je dus resserrer l'élastique, car il était en train de se faire la malle. Ils m'arrivaient au milieu du dos, et comme je devais me préparer assez rapidement, je ne voulais pas être gênée. Je descendis les escaliers de marbre, me tenant machinalement à la rambarde alors que je n'en avais nullement besoin: j'étais parfaitement réveillée, et je ne risquais donc pas de glisser bêtement sur les marches. Tournant à gauche, je franchis une nouvelle porte qui s'ouvrit sur une magnifique salle de bain, subtile palette de bleus. Le lavabo était ornementé d'or, la baignoire ressemblant plus à un bassin miniature qu'à autre chose. Le fin lustre de cristal représentait un groupe d'oiseaux en plein envol. Il diffusa, quand j'appuyais sur l'interrupteur, une lumière saphir tamisée qui m'apaisait. Je fis couler l'eau dans la baignoire pendant que je me dévêtis ( ce qui me prit une seconde). Pénétrant dans l'eau brulante, je m'installais. Alors que l'eau gravissait la paroi, je chassais avec un gant de toilette de soie les dernières brumes laissées par le sommeil. Je détachais lentement mes cheveux, laissant cette longue cascade se déverser sur mes épaules. Je frottais vigoureusement cette dernière afin de la briller avant de me rincer. J'étais tellement bien là, de l'eau jusqu'au menton, de la mousse caressant mon corps, que j'en oubliais presque les aiguilles de l'horloge qui couraient sur le cadran. Quand j'y jetais un œil, je manquais presque de bondir en dehors du bain. Je me lavais les plumes à toute vitesse, tirais le bouchon du bassin pour en évacuer le contenu et chassais la mousse restante avec le pommeau posé devant moi.
Une fois correctement débarrassée du savon, je m'extirpais avec souplesse de la baignoire, attrapant promptement une serviette blanche, moelleuse et toute chaude sur le porte-serviettes entre le lavabo et là où j'étais. Ma mère avait encore fait des merveilles ! Je me frottais le corps avec application, ainsi que les ailes et les cheveux. Une fois sèche, j'enroulais la serviette sur ma peau, et saisis ma brosse dans un tiroir, pour démêler les longs fils pourpres pour de ma chevelure. Je dus serrer un peu les dents, car les nœuds qui s'y étaient formés faisaient de la résistance. Je me maquillais ensuite rapidement, pour remonter au plus vite dans ma chambre. Smoothie c'était réveillé, et il s'étirait sur le canapé, d'où il sauta aisément pour venir me saluer dans un bâillement comique. Déposant une rapide caresse sur sa tête, je me ruais vers ma penderie, où je pris une chemise à carreaux rouge et noire, ainsi qu'un jean noir également, et des sous-vêtements rouges. Je m'habillais en quatrième vitesse, enfilant mes habits avec dextérité ( je préfèrais appliquer la manœuvre inverse sur quelqu'un d'autre, mais ça sera pour plus tard!) Je pris sur mon grand bureau de fer blanc mon Iphone et les clefs de ma Porsch, le sac contenant mon ordinateur portable ( et par conséquent, mes cours), tandis que Smoothie s'y était malicieusement glissé ( quand je dis qu'il ne me quittait jamais, ce voyou!)
Montant dans ma voiture, je démarrais au quart de tour, et j'attrapais adroitement la télécommande qui ouvrait et fermait l'immense portail de fer forgé blanc qui barrait l'accès à ma demeure. Mes parents étaient encore à la maison ( leurs voitures respectives étaient dans le garage, visiblement). Ils ne devaient commencer à travailler que bien plus tard. Pendant que je me préparais, je Soleil s'était levé, et le ciel s'étaient peint de teintes pastels, allant du jaune, en passant par le orange, pour atteindre le rose pâle. Je pris dans ma boite à gants ma paire de lunettes Dolce & Gabanna. Quand j'arrivais devant le campus, je constatais qu'il n'y avait plus personne sur le parking. L'immanquable était arrivé : j'étais en retard, encore ! Et j'allais ENCORE me faire sermonner par mon prof... Surtout qu'il était spécialement autoritaire, et je commençais sérieusement à tirer sur la corde, avec mes absences à répétition... J'allais finir par me faire virer, à force de jouer sur le feu. Mais mes missions, données par les Rebelles, ne pouvaient pas attendre, et il m'arrivait donc de rater des cours pour partir sur le terrain. Je coupais le contact et attrapais le sac que j'avais laissé ouvert sur le siège passager pour que mon chiot puisse respirer sans problème. Quand il se referma au moment où je le passais à mon épaule, ça ne sembla d'ailleurs pas lui plaire beaucoup, mais il devrait faire avec ! Je courus vers ma salle de classe, qui était évidemment au dernière étage de l'établissement ! Je frappais à la porte, et la voix tonitruante du prof m'annonça qu'il savait déjà qui arrivait ( il devait être voyant, ou un truc dans le genre) et qu'il était furieux ( pour pas changer !) Je m'excusais poliment auprès de lui, puis je m'assis dans le fond de l'amphithéâtre, à l'ultime place manquante. Il reprit son cours comme si de rien n'était, et j'ouvris de nouveau mon sac pour en sortir ma trousse et mon PC. Smoothie montra même le bout de sa truffe, osant un regard timide par dessus la couture, ce qui me tira un discret sourire.
La journée se passa tranquillement, je pianotais sur le clavier de mon Macbook pendant que le prof débitait son monologue habituel, sans jamais être intérrompu par les élèves, qui étaient bien trop concentrés pour faire les zoivres. Quand la sonnerie tira tout le monde de son intense attention, ce fut un concert de sacs et de bruits de chaise, ainsi qu'un brouhaha annonçant que les 4 heures de cours venaient de prendre fin. Tous les camés du coin allaient aller prendre leur pause cigarette. Mon emploi du temps, quand à lui, n'indiquait plus rien pour l'après-midi, et je me ruais alors sur le parking, accompagnée d'une jeune femme qui parlait d'un peu tout et rien. A vrai dire, elle n'était pas spécialement intéressante, et je l'écoutais d'une oreille distraite. La saluant, je remontais dans ma voiture, et Smoothie sauta du sac pour s'allonger sur le siège. Démarrant, je savais déjà où j'allais aller : j'avais un besoin urgent de me dégourdir les ailes, et je comptais bien me tansformer dans la forêt, voler un moment et finir ma ballade quotidienne sur le lac qui bordait la ville. A la lisière du bois, je tirais un petit sac à sangles, que j'attachais au corps menu de Smoothie, qui me jappa au visage avec bonne humeur. Il savait trop bien que ce moment de liberté lui était offert, et qu'il pouvait alors vadrouiller comme il le voulait tant qu'il restait à proximité de ma zone de vol. Je descendis de la voiture, récupérais mes clefs que je mettais dans ma poche de jean, suivie par ma boule de poils. Me cachant derrière un arbre, je me dévêtis rapidement, fourrant mes affaires dans le sac à sanglais de Smoothie, lui confiant ainsi ces dernières le temps de ma mutation.
Fermant les yeux pour me concentrer, je me voyais mentalement me transformer, mon corps changeant de forme, et prenant celle d'un oiseau fin et élancé, bien qu'imposant et puissant. Un tiraillement un peu désagréable m'étira les muscles, et je serrais un peu les dents. La mutation, je ne la maîtrisais pas encore bien, et je dois bien admettre que c'était parfois douloureux. Certaines fois plus que d'autres, mais ça faisait un moment que je n'avais pas muté, et je le regrettais amérement. Je fermais les poings le temps que dura le changement, jusqu'à ce que ma physionomie ne me permette plus de le faire. J'étais sur deux pattes, à présent, et portais un long bec. Je déployais mes ailes, qui avaient prit de l'envergure. Cependant, je perdis un peu l'équilibre : mes sens avaient changé, et il me fallut un petit instant pour me réhabituer à ces derniers. Sans compter que ma perception de mon propre corps n'était plus du tout la même. Je réussis cependant à m'élever sans trop de problème, et je me laissais emporter par les courants ascendants. Je planais pendant une bonne heure, jetant de temps en temps un œil à Smoothie, qui courait en bas comme un fou à travers les arbres. Seulement, j'eus le malheur de perdre l'espace d'une seconde le contrôle de mon vol, et je perdis violemment de l'altitude, pour venir percuter avec force la surface cristalline du lac. La force de l'impact me rendit ma forme humaine, et j'étais tellement secouée par le choc que je n'aperçus pas la jeune femme qui se tenait non loin de moi. Je ne m'étais encore jamais crashée, et je peux vous dire que je n'étais pas prête de recommencer l'expérience ! Des lumières blanches et bleues me flottaient devant les yeux, mes membres étaient engourdis. Je sentais à peine l'eau froide sur ma peau, qui enveloppait mon corps à présent nu, et je ne m'aperçus pas non plus que Smoothie se tenait sur la berge, et qui laissait échapper un petit cri inquiet. Seulement, j'étais trop sonnée pour l'apaiser, et je restais là à flotter en silence. |
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